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instants philosophie

Pourquoi serions-nous égarés dans un monde étranger ? (2)

29 Février 2020, 09:01am

Publié par pascal doyelle

Évidemment si l'on veut « la vraie vie », la vie vraiment vivante, cela paraît indiquer quelque variation dans le monde ou selon le corps qui comblerait de 'satisfaction'. Mais on le sait bien « la vraie vie est absente ». La constatation de Rimbaud fait écho à l'interrogation de Nietzsche, qui, lui, continue d'imaginer une véritablement vie, une grande vie dotée de la grande psychologie adéquate et supportant la réalité comme elle est, la vie comme elle va et décuplant tout selon des maximums.

Mais apparemment nous ne sommes pas faits pour le bonheur et la pleine réalisation.

Mais est-ce bien certain ?

Parce que somme toute ce qui gêne constamment c'est que l'on prend la partie pour le tout. On voudrait qu'en telle partie de la réalité (et la réalité n'est constituée que de parties), entre le tout,comme si par ailleurs c'était « le tout » qui était désirable ; mais que ferions-nous de quantité de parties du monde ? Rien.

Et puisque, évidemment, « le tout » ne sera pas en lui-même saisissable... et on dira bien plutôt que « le tout » n'est pas, nulle part ; comment se représenter que toutes les réalités, dans leur infinie oui indéfinie diversité, puissent s'agréger en un seul bloc qui existerait on ne sait où, ou alors qu'existerait un « résumé » de toutes les réalités. Il n'est que des réalités, et le tout est totalement absent, et aucune réalité, toujours partielle, ne supportera l’implication, l'investissement formel que l'on y attend, que l'on y ajoute.

Et donc notre être s'adresse à ce qui ne ressemble à aucune partie du monde, mais à la mise en forme du monde, et aussi du vécu et du corps.

Si nous nous adressons, si nous adressons notre attente, notre demande non pas à telle ou telle partie du monde, du vécu ou du corps, qui de toute manière ne supporteraient pas notre exigence, alors sommes-nous à ce point mal engagés pour la vraie et réelle satisfaction ?

Et on a nommé présent cette forme en laquelle apparaissent les réalités ; si on redésignait, encore, l'être comme un tel contenant (de toutes les réalités) on se retrouverait à nouveau avec un monde dans le monde, un résumé du donné, insituable ; mais la forme des réalités n'est pas elle-même un e réalité ; pareillement on ne peut pas désigner un double monde, que ferions-nous d'une « deuxième réalité » ? La forme est ainsi autre que ce dont elle est la forme ; mais cette altérité du réel par rapport aux réalités ne peut pas être ailleurs que dans le monde, sauf le Bord.

Le bord du monde est la forme des réalités ; à savoir non pas un bord éloigné et distant, mais ici même, en tant qu'il est le présent.

 

 

C'est à la forme des réalités, soit donc au réel, au Bord, que nous nous adressons, que nous signifions ; qui soit donc la forme plus grande que n'importe quel être, et qui ne peut pas consister de la même manière que le monde, les réalités ou les choses ; qui soit, finalement, de même nature ; tout comme le présent est un mouvement, de même une conscience, une attention, une intentionnalité est un mouvement et on ne peut jamais rien saisir, sinon, à condition de s'y conformer, de saisir le mouvement même.

C'est donc, mine de rien, dans la constitution (au sens constitutionnel aussi bien) du mouvement lui-même que l'on pénètre via dieu, l'être et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel. Ni plus ni moins, saisir le mouvement dans son caractère mouvementé lui-même.

Ce qui peut paraître idiot compte tenu que l'on croit habituellement que l'être, dieu, le sujet, etc, manifestent seulement notre « fixité » notre réconciliation, une unité idéale, idéelle. Mais qui ne voit pas que dieu pousse au mouvement et que l'être ouvre la totalité des divers système de pensée, et que l christique initie le sujet individuel ? Et que la révolution engage une nouvelle historicité.

 

C'est au contraire au nom de prétendument nouvelles idées fixes que l'on a renié dieu, l'être, le suejt et le réel ; autant ces quatre là sont des investissements, des configurations (des stratégies), autant les maîtres du doute (Nietzsche, Marx, Freud), les diverses théories, les matérialismes, et les réalismes, les naturalismes tendent à nous enfermer dans des tactiques, des objectivités, des figurations, toutes réalisations très bonnes mais limitées et qui surtout affirment clore l'horizon, l'encadrer et le plus souvent penser à votre place ; la tactique est le plus souvent celle d'une extériorité, d'une objectivité, d'une autre conscience qui ne vous reconduit pas à vous-même mais vous enregistre dans son cercle, clos. N'est-il pas évident que l'on n'accède à la pensée (grecque) que si l'on pense, soi-même ? Ou que l'on n'advient individuellement, citoyen par exemple, que si on le décide ? Ou que l'on instancie sa propre existence que si on y insiste ? Qu'une œuvre, quelle qu'elle soit, serait-elle éthique ou politique, esthétique ou poétique, ne vient pas «toute seule » mais selon l'effort auquel on s'y emploie ?

Que notre être, qui n'est pas un être ni ne concerne aucune partie du monde (qui n'est constitué que de parties) soit un effort, une potentialité, un mouvement et que ce mouvement soit précisément ce qui est exploré comme tel, mouvement, et ce depuis, au moins, le dieu unique (mais on pourrait remonter bien antérieurement).

 

C'est qui a commencé de se déplier, à savoir la structure même du mouvement, et qui contenait l’ensemble de toutes les réalités et de toutes les réalisations humaines qui sont actualisées toujours dans le champ immédiat de la perception et réclame notre réel investissement,

soit comme jadis en tant que communauté,

soit ensuite comme individu sujet, ce que commence d'élaborer le christique, individu qui doit porter l'ensemble de l'intentionnalité de telle sorte qu'à la complexité d'une société humaine dite communautaire, mais dès lors ajournée,

s'ajoute celle de l'individualisation mais aussi du monde que cette individualité ouvre, à savoir le monde, par ex, de la raison grecque qui désigne le donné tel que là et non plus un ordre, monde donné là qui requiert toutes les perceptions et non plus seulement le champ perçu collectivement et organisé selon le groupe.

Et individualisation que lance évidemment le christique (sur le mode ; le un-tout-seul cloué sur la croix en tant qu'il est « ce-corps », et donc le mien de corps, le corps de chaque un) et qui re-lance par le Saint-Esprit dont on sait bien qu'il veut créer la communauté des croyants, mais en esprit... et jamais sans la médiation du un-tout-seul, sans la médiation du corps du un-tout-seul, et de chaque corps, un par un. On ne cesse pas d'être tout-seul, le désespoir, le mépris, la souffrance et la mort ne cessent pas, c'est dit en toute lettre. Mais ça n'est pas ça.

Ça ne sera jamais ça. Le désespoir, le mépris, la souffrance et la mort ça n'est pas ce qui vient, ni l'interruption qui soudainement a écarté toute logique du monde par la logique instantanée de l'intention, du sujet et ce non plus au-delà ou avant le monde, mais au cœur du monde, dans un corps, en tout corps et peut-être tout corps vivant et même renouvelant la création, au cœur de toute réalité (puisque le christ est le verbe, l’intention en tant que manifestée par laquelle tout fut créé, distingué).

Que l'intention vienne à s'incarner est absolument fondamental ; que cela puisse se transmettre par et en un corps, vivant, est absolument ce qui « sauve », cad ouvre la réalité comme telle et intention christique qui vient seconder et même bien plutôt originer la pensée, grecque, universelle du monde unique ; un corps unique pour un monde unique. Que l'on puisse interpréter ceci comme une « subjectivisation » est tout à fait absurde ; il s'agit de la structure, en dur, de ce qui est réel (que l'on y croit ou non, historiquement cela s'est imposé). En cela la logique du réel initiée par le christique est bien plus étendue que l'universel, puisque pour entrer dans l’universel il faut se décentrer soi pour passer dans la généralité ; le christique impose un approfondissement bien autrement intransigeant et qui sera en mesure de soulever quantité de sujets. L'incarnation (indépendamment de toute croyance et admis comme Fait Historique fondamental, originel, qui se crée dans le champ et revient vers chaque conscience sous condition que chacune s'y investit, s'y instancie) signifie qu'il est un réel encore plus « pensable » sous condition que l'on augmente, intensifie, accélère et au final et en vérité d'abord on admette que le réel est un Pli et que ce Pli qui prend en l’occurrence le signe du « christ » et qui deviendra la question de chacun ; qu'est-ce que je veux vraiment ? Ce qui lance dans l’historicité l’ensemble de toutes les existences ; comme dit selon le christique ; ce qui signifie que le sens du message christique est effectivement cela même qui s'est réalisé (ou a commencé de se réaliser ; la structure, d'entrer dans le champ de perception donné, a été réalisée ; c'est bien pour cette raison que le fait christique est absolument hors norme ; le rapport qu'expose le christique est ré-enroulé par chacun et la structure elle-même fait appel à l'unité, formelle, de chaque individu.

 

Et elle est formelle on l'a dit parce qu'elle manifeste le réel comme intention et l'intention d'un corps et l'intention en tant que l'on ne peut pas la juger, qu'elle n'est pas assignable à la Loi (juive ou communautaire, de quelque groupe que ce soit) et qu'on ne peut l'épingler selon le monde ; et vous ne serez pas jugés mais pardonnés, et si jugés vous l'êtes, c'est par vous même, un par un, puisque chacun est-à-soi-même son intention, et singulièrement le rapport à son intention, l'intention de l'intention, l'intention (que l'on a) envers l'intention que l'on est ; et si on l'a, c'est qu'on ne l'est pas, c'est donc qu'elle ex-siste. Il est évident que ça ne pourra en aucune manière être un « amour de soi », parce qu’alors le soi serait définissable. Or ça n'est pas « ça », ça n'est jamais « ça ». Donc nous voici renvoyé à la perfection même ; à savoir ça n'est ni ceci ni cela parce que c'est en cours.

« Je suis cela qui sera », « je suis celui en cours d'exister ». Lorsque vous entrez en une poétique ça n'est pas votre moi qui change, c'est le champ de votre perception ; dans la mesure où vous avez commencé de percevoir à partir du point caché, en retrait, autre, hors, sur le Bord du monde, du vécu, du corps, de tout champ de signes. Que ce soit Hugo ou Rimbaud. Si votre moi vient interférer vous manquez la porte, non par rejet du moi mais parce que le moi doit se situer dans le champ lui-même... c'est avec le moi, votre personnalisation que vous accédez (à quoi que ce soit de quelque champ que ce soit), mais le poème vous déporte hors de la restriction et vous bascule sur le Bord.

Qu'il faut pratiquer. Le bord est un réel qui doit être expérimenté, et de plus en plus précisément et de telle manière qu'il se crée des extensions et des réseaux (soit donc le sujet et le saint esprit, cad le relationnel valant en et par lui-même et non seulement parce qu'il place votre moi, votre ego). Dans le fond le saint esprit dit seulement manifestement ce qui existe absolument, cad formellement ; que vous n'existez pas en tant que moi sans l'humanisation ; que si la révolution a effectué son opération en et par l'universalité de ses principes, c'est pour cette raison qu'il y a des personnalisations ; la personnalisation a suivi l’humanisation mais la personnalisation ne tient évidemment pas sans l’humanisation (et la personnalisation est le contenu réel de l'universalisme de humanisation, sinon on n'obtient qu'un universel abstrait, le communisme, ou à l'inverse une sauvagerie, la liberté égocentrique, les fausses finalités, qui se présentent sous le miroitement du monde, du vécu et du corps mais ne signifient rien). Or donc ni l’humanisation ni la personnalisation en valent encore en eux-mêmes si le sujet n’apparaît pas comme étant la véritable finalité de structure ; cad selon le rien, l’absence, le vide : le possible pur et brut : l'antériorité qui n'a encore rien décidé, rien désiré, rien atteint, ne possède rien, aucune qualification ni qualité. Uniquement le tressaillement structurelle du champ initial. Selon le champ du Bord infiniment retiré hors de tout champ.

C'est ce que signifie, historiquement, le christique ; qui est « celui qui n'est pas là ». Qui est parti. Qui regarde non tant par lui-même que par votre regard lui-même. C'est ce que Paul avance ; qu'il devient en et par le christique ; ce qui, encore une fois, est stupéfiant, parce que littéralement ça n'a aucun sens, sauf que c'est le réel. On perçoit à partir du Bord infiniment retiré.

C'est comme cela, il faut accepter les faits indiscutables de l’énonciation qui a eu lieu il y a 2000 ans.de sorte que l'on peut, ici, tenter une explication, mais parce que les faits eurent effectivement lieu et que sans eux on n'en obtiendrez pas même l'idée. Le champ ouvert il y a 2000 ans (bien plus puissamment que les grecs, bien qu'énoncé en langue grecque, les évangiles sont écrits en grec) est le champ premier de tous les champs de perceptions qui suivront. Le champ originel.

On ne peut pas avancer dans le retrait formel et y atteindre quoi que ce soit ; il faut s'y incorporer, ce qui veut dire substituer à ce corps donné, un autre corps ; celui-là même que l'on accepte lorsque l'on aborde un champ de perception dimensionnel, ce pour quoi sont faites les œuvres (éthiques, esthétiques, poétiques, politiques, idéelles, etc). Un autre corps veut dire « cela même qui vous arrive déjà » ; contrairement à ce que l'on propage habituellement, le christique n’impose nullement une norme supplémentaire, critiquée comme idéaliste par ex, mais révèle et manifeste la structure active et fonctionnelle, la mise en forme réelle qui a lieu ; aussi l'autre-corps est l'autre-surface du corps, telle que la mise en forme culturelle qui suivra durant 20 siècles nous en offrira les multiples concrétisations, le nombre indéfini de personnalisations, le déploiement de tous les signes, ceux qui s'inscrivent sur l'autre-surface du corps ; de là notre soif de littératures, de couleurs et de musiques, d'éthiques et de politiques, cette expansion que réclame la structure ouverte et qu'elle génère de partout ; elle épuisera les possibles parce qu'elle existe antérieurement à tous.

Et ceci parce que capable de se tenir elle-même, de ne pas requérir à une norme extérieure - tout est en dehors et exposé, manifesté, et elle est antérieure à la manifestation - et d'être à elle-même la règle de cette forme de structure qui étant un rapport existe indépendamment de tout.

Raison pour laquelle vous ne serez pas jugez, sauf par vous-même.

La machine absolue est intacte et ne peut pas être atteinte par la vie ou le monde ; c'est votre intention qui compte. C'est cette intention qu’elle enregistre, elle est, la machine, toute entière fourmillante d'intentionnalisations, de rapports recherchant et créant la perfection, la perfection multi-active. En elle-même, comme on y reviendra, mais aussi parce qu'il ne s'agit pas de vouloir, de décider de but en blanc d'une conviction tellement assurée (puisque rien dans le vécu ni le monde ne s'assurent par eux-mêmes de quoi que ce soit ; seul le mouvement est le réel) mais de propager dans, au sein de l'intentionnalisation, éprouver l'intention et sa révélation d'horizon et en un corps.

Et si elle est à elle-même sa propre règle ça n'est pas au sens de connaître cette règle ; c'est précisément la règle qu'elle doit inventer, créer ; il faut et ça ne peut venir que de sa structure, du dépliement de celle-ci ; elle doit se rendre adéquate à la structure qu'elle est, étant entendu qu'elle est antérieure à tout et que se prenant en compte non seulement il faut préserver cette possibilité (ontologique) mais tout autant et c'est la même chose la perfection. Et ce qui est en jeu c'est la nature de la dite perfection. Et l'enjeu, puisque la perfection existe déjà, est d'avancer de plus en plus loin en cette perfection, dont on ignore jusqu'où elle est possible ; le possible est l'enjeu du possible. Il faut étendre la base de l'exister afin qu'encore plus d'exister soit possible.

 

Il est clair qu'il ne s'agit en aucune manière d'un possible du monde, du vécu ou du corps (ce sont seulement des effets, voire des effets très secondaires), mais de l'effarante Possibilité de structure. Ce dont on ne remerciera jamais suffisamment le christique de nous en imposer l'intransigeance, absolue, de ce qui sera, intervenant dans tout ce qui est.

Il est clair que l'on veut, ici, explorer l'intensité fondamentale du mouvement, de même que l'on déploie philosophiquement l’augmentation de l’intentionnalité grecque universelle, et ce via l'accélération cartésienne par laquelle nous sommes tenus, quoi que l'on fasse. C'est en et par l'intensité christique, l’augmentation grecque et l'accélération cartésienne que nous existons. Autrement dit la révolution (comme fait de structure qui gouverne toute l'historicité depuis que l'on a quitté les mondes particuliers formatés ; si on ne vit plus dans un monde qui veut se clore, cad s'organiser par son contenu, alors on existe dans un univers qui se meut, et le principe de ce mouvement est justement cela même qui est analysé, depuis le début).

Tous ceux-là eurent pour effets de transformer, à la racine, le réel même.

De où est-ce rendu possible que l'on puisse prendre ce qui est à la racine ?

N'est-ce pas le signe que la dimension prédomine (en laquelle secondement l'être, les réalités sont ; l'être est second par rapport à l'exister) ?

 

On a donc réellement et effectivement instancié ; les effets de cette structure déborde de partout, la structure non pas indifférente mais celle du Bord, réel, du monde, mais aussi du vécu (et relationnel), et du corps et des champs de perceptions possibles dans le donné et potentiels, qui ne sont pas mais que l'on crée, et donc qui sont réellement réels de par ce Créer lui-même.

Puisque rappelons que la structure de conscience n'est pas en elle-même, mais se crée dans le rapport (elle vient à exister dans son propre champ en se rendant réelle par la pensée grecque, le christique, le sujet, la révolution ; c'est ce positionnement dans le propre champ qui fait naître, selon ce paradoxe absolu, dans l'exister même, dans et par l'ontologie de l'exister, lequel est inaccessible à la pensée seule, à la pensée comprise comme universelle, cad comme universalisation ; l’universalisation est prise-dans plus grand qu'elle, à savoir le sujet ; la finalité n'est pas de concevoir un corpus déterminé, une connaissance, la finalité est de rendre à lui-même l’articulation la plus réelle possible d'un sujet ; parce que seul un sujet peut signifier, et que la signification seule peut manifester la finalité du réel ; à savoir la perfection agissante.

C'est ainsi dans le surgissement existentiel apparemment le plus singulier et le plus immédiat que se crée l'arc et la structure ; il faut qu'il existe un champ neutre, vide, formel, qui soit le « lieu » (espace et temps) des rencontres les plus adjacentes ou les plus éloignées ; parce que c'est dans le champ neutre (lieu des hasards et des rencontres) que peut s’élaborer, cad se créer, le réel. C'est le fait même du Réel « christique » qui impose le christique ; et de plus il faut que ce soit « dans un corps » ; il n'y a aucune contradiction entre le plus particulier (le plus petit) et le réel (le plus grand) ; le réel ne se voit (lui-même) que dans la détermination, qui est, telle quelle, champs de perceptions. Il faut que la perfection agissante puisse se-vouloir elle-même ; elle seule détient la clef du rapport, ce qui veut dire du rapport le plus grand et le plus potentiel. Mais ce rapport ne peut pas exister autrement que comme exposé. L'exposition est le fait même, massif, gigantesque, d'une « réalité ».

Il n'y a pas de perception « de par soi » par la structure ; elle est instantanément une « réalité », un champ brutal, sinon violent, et dispersé, multiplié, démultipliant, exubérant de toutes les possibilités (dont on ne perçoit qu'une minuscule part), et qui se crée là au-devant de son exposition, depuis la plus petite particule jusqu'au souffle général de tout le réel ; et pour nous-mêmes souffrant, existentiel, vécu, éprouvé : le réel, la structure ne peut pas ne pas s'exprimer, il est la perception de toutes les réalités et ne quitte jamais ces réalisations ; le mécanisme absolu, qui travaille ensemble de toutes les surfaces, trace sa propre tension et va chercher la plus haute, au fur et à mesure. Et sa véritable tension au sens propre ; l'exister est une tension, une accumulation et une récapitulation. Et il est ainsi d'une part dans son Expression, qui est Exposition, et existant sous ses propres yeux il est « celui qui re-vient constamment dans la réalité » et recrée le Créer. Afin qu'il puisse sans discontinuer élever la perfection au-delà de sa capacité.

Tout ce qui est, est une exposition, et une exposition parce qu’une articulation et une articulation afin que soit la toujours-plus-grande perfection (ce qui est la seule définition cohérente de la perfection).

Or il est certain que la dite perfection ne consiste pas en la réalité mais en ce qui apprait via la réalité ; il ne faut pas se remplir du monde, du vécu et du corps, parce que la structure ne cosniste pas en ce qui est du monde, du vécu et du corps. Ce qui veut dire, inversement, que l'on doit tenir la structure dans, par, au travers du monde, du vécu et du corps.

Et on a vu qu'il ne s'agissait pas d'imposer au monde, vécu et corps, une sorte de volonté monstrueuse, caricaturale, figée, mais une Intention. Et par cette idée d'intention cela devient véritablement intéressant.

C'est cette intention que privilégie le christique, que désignent Descartes ou Kant ou Hegel ou Husserl ou Sartre ou Lacan … excessivement souple et difficile à analyser, à peine situable dans la réalité, mais pourtant c'est par elle que l'on perçoit, qu'il existe, pour nous, un champ de perception dans lequel monde, vécu ou corps, choses et êtres apparaissent ; pour nous il y a une apparition en plus de exposition générale.Et ce champ, second si l’on veut, de l’apparition est ce à quoi aboutissent tous les effets de réalités ; que quelque réel, tel un sujet, se-perçoit. Et donc devienne, en plus et toujours plus haut. La difficulté de saisir le christique, Plotin, Descartes ou Sartre (tous ceux qui engagent la structure même) vient de que c'est une articulation qui est flashée, ré-exprimée selon différentes phases, une ré-exposition dans l'exposition ; mais c'est toujours évidemment la même qui re-vient (la structure est toujours absolument formellement Existante). Et que cette ré-expression rejaillit sur, dans, au cœur de la structure elle-même ; elle est vivante, nous disons ici Existante

(Sans doute cela est nommé « je suis le chemin, la vérité et la vie », mais situé au moment christique « la vie » est une manière de désigner l'activité du créer lui-même, soit donc le jaillissement, le souffle de cela qui devient et rappelons que toutes les parties du monde tombent mais que la structure demeure, le présent dont on ne sait dire comment il ex-siste).

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Pourquoi serions-nous égarés dans un monde étranger ? (1)

22 Février 2020, 08:22am

Publié par pascal doyelle

Il s'agit donc de dessiner la dimension, celle qui s'impose en et par le présent, en tant que le présent est l'origine de tout ce qui est, le présent est la finalité, le présent est la porte, il est la source et le terme. Ce qui veut dire que la finalité est ici même et interne à tout cet Externe monumental et probablement infini ; il y a une infinité de réalités, et un seul présent pour les entourer toutes.

Autre manière de dire que le présent est en lui-même La Dimension unique (et qui crée exclusivement de l'unicité, toujours constamment partout).

Et évidemment cette forme qui entoure toutes les réalités n'abandonne jamais celles-ci ; il n'est aucune réalité qui soit hors du présent ; le présent accompagne tout. Le présent est en lui-même la Dimension.

Autrement dit l'être est toute la détermination, les réalités, les univers, les mondes, tels que toutes ces réalités sont déroulées au fur et à mesure par, dans le présent ; le présent est le fait absolu, formel, invisible qui crée (si l'on peut dire) toutes les réalités ; le présent ou donc l'exister ; l'exister est plus grand que l'être, la forme Réel est plus grande que les réalités (toujours déterminés et limitées).

Dit encore autrement le réel est intégralement et de A à Z d'une positivité radicale. Tout est absolument d'une positivité parfaite, le réel (et les réalités qui en découlent) est parfait. La perfection du réel tient en ceci qu'elle est mouvement et qu'elle se veut et veut encore pluriellement afin de toujours se parfaire encore plus loin et de façon plus exacte et précise.

On a dit précédemment ; chacun a déjà éprouvé sa destination, la forme de son arc de conscience. Chacun l'a rencontré en une œuvre, un regard, une révolution, une éthique, une foi, une conversion, etc. De même que le présent accompagne et entoure toujours et immanquablement toute réalité, pareillement chaque arc de conscience est déjà l'arc qui cherchera et trouvera son architecture (et notamment comme architexture du corps, le corps en tant qu'il est créé comme une surface-autre qui supporte, porte les signes, les langages, les œuvres, éthiques, esthétiques, politiques, idéelles, philosophiques, etc).

Cela veut dire, aussi, que la dimension n'est nullement un « état » de repos, de réconciliation, de bonheur, etc ; mais la continuation, la continuité du mouvement. Toutes les réalités sont en mouvement, et ce en quoi elles sont (soit donc l'exister) est lui-même encore plus mouvementé. Si le réel est le présent (qui donc est l'exister, hors temps) alors il est mouvement, et il est ainsi recommandé, ici, dans le monde, dans le vécu, de perfectionner sa capacité de mouvement, de rapport.

Rappelons la finalité interne à tout ce réel (qui comme réel est intégralement externe, jeté dans l’externalité de son possible) est « le réel est plus grand que lui-même ». Ou donc le réel crée dans le réel les possibilités de sa plus grande, encore plus grande possibilité. Ainsi Platon ou le christique ou Descartes ou Lacan non seulement pensent le réel donné là (dans son organisation, sa cohérence, etc) mais aussi rendent-possible, rendent possible encore plus de possibilités ; tout texte (ou toute éthique ou politique ou esthétique ou idéel) qui ferme les réalités et/ou le réel abaisse le niveau de possibilité (jusqu'à l'annuler, l'enclore dans des immédiatetés, des parties de monde et non plus de parier pour la forme de toutes les réalités).

 

En somme il faut chercher dans sa propre vie le, les signes qui ont orienté, déjà, ce vécu ; et ceci ne se perçoit pas du tout aisément, mais il est un raccourci qui consiste à comprendre que tout moi, tout vécu est rendu possible par le sujet ; le sujet que l'on existe déjà sans l'être ; et que l'on ne sera, du verbe être, jamais ; le sujet n'est absolument pas destiné à « être » ; il est, le sujet, le point, le Bord à partir duquel on (se) perçoit. Cad le Bord à partir duquel on perçoit et à partir duquel on se perçoit (comme moi) et à partir duquel le sujet se perçoit ; ou donc pour cette dernière remarque le sujet doit percevoir le sujet mais comme il n'est pas du monde, du vécu ou du corps, c'est très difficile (tout le monde sait très bien qu'il est très difficile de vivre ou d'exister, inutile de se le cacher).

Ce que par ex le christique (qui initie qu'il y ait un « sujet », le christ crée votre intention lorsque vous croyez en son Intention, ou les juifs se savent lorsqu'ils se confient à dieu, ou les français se signifient lorsqu'ils révolutionnent, etc, ou Rimbaud devient « Rimbaud » lorsqu'il Voit-écrit La saison ou Les illuminations). Ceci pour prendre des exemples manifestes mais cela vaut pour et par chacun ; il n'y a pas que Rimbaud ou Jésus qui existent... c'est évident, mais il faut le dire ; tout arc de conscience est branché instantanément (de là, de cette instantanéité qu'il ait une destination qui se-sait), branché instantanément à cet autre arc absolument titanesque (cad infini) qu'est le présent. Aussi le présent contient-il les possibles (du monde et du vécu, de la réalité donc) et les possibilités (du réel et de la structure) ; soit donc les tactiques (relatives) et les stratégies (absolues, ce qui veut dire formelles).

Les stratégies absolues sont incomparablement difficiles... Les révolutionnaires français ne savent presque pas ce qu'ils font vraiment, mais ils le décident pourtant : « ça se décide ». Rimbaud ignore en terme de connaissance ce que pourtant il Sait. C'est pour cette raison que l'on introduit le se-savoir (de la structure, du sujet, du réel ou de dieu si l'on est croyant) ; tout à fait distinct de la connaissance. Mais bien sur le se-savoir emporte, charrie, embarque la, les connaissances ; Rimbaud connaissait la Poésie (des grecs aux contemporains). Le se-savoir est en-plus et toujours bizarre, et lorsqu'on l'aime cette bizarrerie est dite « étrange ». Si l'on ne comprend pas le christique il est bizarre, si on commence d'y avancer il devient absolument étrange ; on ne comprend plus du tout comment il se fait que tout cela s'instaure en si peu de temps et de et par cette cohérence (tellement imposante qu'elle crée toute la possibilité et tous les possibles historiques qui suivront). On ne peut pas comprendre (selon la connaissance) parce que tout ces faits majeurs inaugurent des possibilités et que c'est à partir de ces initiateurs, opérateurs que l'on comprendra, qu'il y aura connaissances ; les fait structurels monumentaux rendent possible la compréhension. Et ces opérateurs ne se situent pas dans le donné, même une fois signifiés, parce qu'ils sont de structure ils sont installés dans, sur le Bord (du monde, du vécu, des corps, de la réalité). On peut infiniment interpréter Kant ou 1789 ou mai 68, parce qu'ils sur-existent

cad en fait ils existent tout court et le reste est du monde, du monde des effets, des conséquences, des possibles, attendant non plus d'autres possibles mais d'autres possibilités qui permettront à leur tour de réinterpréter, en enroulement ; Hegel permet de comprendre Kant par ex, dans une certaine mesure et une mesure certaine, Lacan Sartre et tout le monde qui s'y emploie Rimbaud ou le christ ; en philosophie la réinterprétation, qui n'est pas une « interprétation » subjective, est relativement facilitée ; puisque la philosophie a pour finalité de penser, de manifester « ce qui est arrivé » à l’humain depuis la méditerranée ; pourquoi est-il possible de « penser » ? Ou depuis Descartes « pourquoi sommes-nous conscience-de ?

La réinterprétation doit se tenir non pas du subjectif ou de la création « sans raison » (genre nietzschéenne), mais doit autoriser de saisir au même degré. On ne peut comprendre le christique que de se placer au même niveau, et au même niveau ontologique ; cad relativement au degré de réel, absolu, formel ; autant dire que, visiblement, ça n'est pas vraiment possible ; le christique excède de toute part. Mais cela vaut structurellement pour toute avancée, plongée dans le point extrême d'existence ; par quoi il fallut à Rimbaud une époustouflante audace (au sens de Plotin) dont il fit les frais (et il devait n'être qu'un grand adolescent, afin que tout son corps puisse accepter, accéder, s'emplir de la vision, des innombrables visions qui foudroient toute l'écriture).

Et ce qui vaut pour les points extrêmes qui furent créés, vaut également pour le sujet dans le moi ; le sujet est de structure et n’apparaît pas et ne peut pas apparaître ; il n'est pas de l’ordre du monde ; il est le point que crée l'intentionnalité lorsqu'elle ouvre un champ de perception qu'elle balise par des signes (qui ne sont pas seulement ceux du langage).

Ce point extrême est peut-être juste un balisage et le présent un effet parmi d’autres. Mais l'hypothèse ici est que ce point et ce présent formule une dimension ; et que loin d'être effets, ils sont causes. Causes des effets, des réalités, du moi, des mondes humains. La technicité du point de conscience qui est situé dans le « là » du donné, dans le réel du monde, veut dire par ailleurs que le corps, le biologique, l'adn, la perception du vivant, etc, sont repris de fait dans et par l'intentionnalité, qui est un rapport et non un être ; de sorte qu'il n'est pas lieu du tout d’opposer l'esprit et la matière ou le donné, par exemple ; puisque l'esprit en l’occurrence n'est pas un être mais une structure ; et en tant que rapport il permet de ré-autoriser toute espèce de rapports qui existent déjà, qui entrent et sortent de la perception, il n'y a aucune contradiction entre la perception et l'intentionnalité, qui est faite pour, littéralement, reprendre tout ce qui vient (sinon à quoi servirait une technologie telle que « la perception » ; l'intentionnalité est perméable, la perception également, et elle n'est plus, pour nous, codée par l'adn mais par la mise en forme culturelle, selon tel ou tel groupe, et ensuite l’acculturation, qui ajoute et traverse le groupe et la culture, et ce par la ré-anthropologisation, grecque et christique, et autres, le droit romain, etc ; même un vivant est en partie, plus ou moins, capable d'accéder au donné tel que « là », au champ, neutre, formel, votre chien, votre chat perçoivent, tout court, même si leur adn retient et codifie, ils possèdent une auto-mémoire, qui est évidement sur-décuplée chez l'humain et réutilisée alors tout à fait autrement par la systématique intentionnelle, l'arc de conscience qui s'ajoute et s'instancie en plus, qui permet de produire une mémorisation actuelle, ce qui est contradictoire et effectif, qui est forcément en-plus puisque son propre est de créer une unité ouverte et actuelle).

Donc structurellement il s'agit de décrire la forme du Bord du monde, du donné, du vécu et du corps. Et donc l'hypothèse est de tenir que l'arc de conscience (qui est formel, cad est un rapport) et le présent (présenté ici comme étant un arc) existent en tant que dimension. Sinon on peut tout à fait n'admettre que le donné, la détermination et des sortes de « super effets » dans l’ensemble des effets et des causes, et avouer filialement que toute la réalité terminera dans le vide intersidéral, la glaciation de tous les soleils, le vide infini entre toutes les galaxies, etc, et que tout, en gros, est destiné au néant, l'oubli, à l'effacement. Au choix. Les 400 000 ans de l’espèce humaine comptent pour quasiment rien sur la ligne de milliards d'années de cette réalité et en ce cas tout ce que nous faisons voué à disparaître dans l'oubli, l'inexistence.

Parallèlement à l’hypothèse générale ici on considère réellement pourtant que supposer que l'arc de conscience et l'arc du présent ouvrent sur une compréhension et une mesure, une prise en compte de l’organisation du réel ; seule l'intentionnalité par exemple permet de distinguer le vivant et l'humain, et le pont, le passage entre les deux ; sans pour cela « tomber » dans l’explication dont on en peut pas sortir de supposer un « esprit » (ou quelque variantes) qui contredirait, qui opposerait deux sortes de « réalités » frontalement . Mais de même, et en avançant, si il est une dimension et si de plus on suppose que cette dimension s'étend, si l'on peut dire, alors il faut en déduire que cette continuité de la vie vers une Existence (plus précise et plus grande) ne reproduirait pas « un même monde », un « paradis », une version améliorée de ce monde-ci ; si la dimension est La Dimension alors elle continue « autrement » ; il n'existe ici et maintenant comme extrémités et extrémismes éprouvés ici bas, que les prémices de « ce qui sera ». au sens très bizarre ou très étrange que l'on trouve dans la bible que dieu est « celui qui sera » ou, mieux, « celui qui est en cours » (puisque l'hébreu, parait-il ne dispose du futur que selon le mode de « cela qui vient », ce qui est en cours de devenir).

Mais ce dernier point est tout à fait une encore plus hypothétique, sauf qu'il permet d'encore plus préciser et distinguer et expliciter, ou peut-être expliquer (dans la mesure délicate de notre activité oud e notre présence), expliciter donc ces étrangetés des accès soudains à la réalité via des « extrémismes », éthiques, théoriques, politiques, mystiques, poétiques, idéel ou philosophiques, etc. L'extrémisme est ici Pourquoi nous vient-il parfois des éclairs qui, une fois soupçonnés, semblent naître à un tel degré du possible, du « futur », recelant en quelques dizaines d'années pour le collectif, et quelques secondes pour l'individuel, une richesse qui se déploiera ensuite en sa conséquence, selon sa vision, et en conséquences, indéfiniment variées ; le propre du structurel est d'engendrer. De même que le présent, l'exister, engendrent.

Et donc la vérité n'est nullement en tel ceci ou cela, mais simplement dans la forme. La forme n'est pas un programme caché, mais une structure ; n'est pas un corpus, une seconde réalité, un concentré de déterminations, ça n'aurait aucun sens (que le monde donné soit doublé par une autre sorte de détermination) mais est, le programme, la forme même ; soit donc un rapport, un mouvement. On ne peut pourtant pas se satisfaire de seulement désigner « la forme » ; il faut s’introduire en elle ; et donc opérer des distinctions, marquées par des signes, dont on ne constate que ses effets dans le monde, le vécu ou le corps.

En ce sens la forme (qu'est le réel /des réalités) crée l’hypothèse de dieu, des idées, du sujet et du réel. Autrement dit l'intention, l'universel, le sujet et l'exister. L'exister dont la manifestation urgente fut celle de l'existentialisme en général ou si l'on préfère sa traduction mondaine et humaniste, l'a-humanité, l’inhumanité, la bizarrerie, la brutalité du réel, par exemple le déploiement totalement fou de la réalité comme univers infini ou indéfini ou tellement immense que c'est à en perdre la tête.

Parce qu'il est quand même tout à fait clair que l’immensité et la violence de la réalité, ce gaspillage insensé d'énergie, cette étendue inimaginable, paraît nous éjecter en plus de nous ignorer ; qu'est-ce qu'un être vaguement conscient de soi perdu au sein d'une telle masse de réalités diverses et hors de toute proportion ?

Il est ainsi postulé une dimension dont l'acte assume tout le développement, mais cet acte (sans évoquer quelque dimension que ce soit) est à lui-même son propre accès. Il faut admettre un principe, une logique : que nous sommes passés de l'irréalité à la réalité brute. Que par exemple les corps appartenaient au groupe et à la représentation collective, et qu'en bout de course chacun soit à lui-même son propre corps, et rien que. C'est pour cela que les mois meurent ; évidemment tout le monde est mort depuis toujours, mais les mois, eux, ils le savent. Parce que leur regard cherchant à organiser la perception et a supporter tous les champs nouveaux découverts se confie à l'être vivant qu'ils sont déjà et suit la satisfaction ; et ça n'est pas rien parce que c'est précisément cette bizarrerie de la « satisfaction » sur laquelle reviendra Lacan.

Rappelons que contrairement aux allemands (Nietzsche et Heidegger qui privilégient une résolution semi imaginée) les français Sartre et Lacan reprennent tel que là, ici et maintenant l'analyse de notre être ; à la suite de Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Maine de Biran, Bergson, etc. En réalité l'attention se dirige vers l’articulation qui nous tend les bras ; autrefois dieu, et depuis Descartes notre être (on a cru un temps que la raison pouvait faire office de moyen, médiatisation, ce qui est vrai mais non suffisant ; la constitution de la révolution ne définit pas chacun comme étant « en raison », mais en capacité de raison, ce qui signifie selon le jugement de chacun, l’exercice de sa liberté et non de sa pensée au sens universel, et c'est ce statut de citoyen, de sujet, qui est en jeu).

Et donc Lacan explore l’organisation d'un moi ; il interprète à tort que la «conscience » est le « conscient » (mais de son point de vue c'est absolument légitime) ; le moi croit relever du conscient, de son identité de moi-même ; bien sur il se trompe, le conscient est en bout de course et il est noyé dans l'imaginaire, lequel est juste une perception et perçu d'un point-autre ; le « moi » est jeté en pâture à l'autre (accessoirement dans on propre passé à tel ou tel autrui, peu importe parce que c'est l'altérité qui compte, que ce soit un point, un regard-autre ; et ce regard-autre, pour ceux qui suivent, est en tant qu'Autre des « signes » ; l’inconscient (de chacun) est structuré comme un langage ; « comme » et non pas en tant que langage ; c'est pour cette raison que chacun possède en quelque sorte « son » langage, et non pas seulement relatif au langage commun.

Or donc pour en revenir à la satisfaction et à l'intimation qui veut que tout moi se con-fie à son corps, le moi croit ou désire retrouver un bien-être ou une plénitude ; et cette imaginaire jouissance il va croire la retrouver un peu partout et constamment ; elle est incrusté dans le corps, le corps, en tant que vivant et en tant que vivant contrarié (par le langage, dans l’interprétation de Lacan, et pour nous par cet arc qui sort, littéralement, de la cervelle, vers le donné, oui, mais vers le donné « là », cad la position bizarre et insupportable 'qu'un réel il y a', qui brise le vivant et dont l'ombre portée est le langage, l'effet de cette cause qu'est l'arc est le langage) et revient continuellement. Et d'autre part se retrouve partout ; dès qu'il y a intentionnalité, « on » veut boucher le trou, qui est imbouchable (ce qui pousse à la névrose ou à la psychose, de l'objet a navigant un peu partout) et nous ouvre toujours hors de nous, et à propos, donc de tout et n'importe quoi ; ce qui revient aussi à dire que l'on ne sait pas « qui regarde » … on croit maîtriser l'intentionnalité, l'activité de conscience, mais en vérité « on est regardé » ou « regardé regardant », parce que l'on recherche comme disait Hegel la reconnaissance, ou Sartre d'être considéré comme sujet alors que l'on est perçu comme objet ou comme Lacan que si l'acte de conscience n'est pas, qu'il n'est que ses contenus, alors ces contenus sont posés tout extérieurement sous le regard d'un « autre » ; on ne sait pas « qui » regarde.

Lacan examine tout objectivement le déroulement des contenus et les contenus qui concernent le moi (qui se re-présente lui-même et croit en cette représentation) glissent d'un signe sous un autre signe et donc disparaissent du champ. Et ce, donc, répétons-le, dans le registre très intime ; qui est de ce fait extime, hors de soi, hors de nous-même ; on est-perçu, on a été perçu dirait Freud, Lacan resserre encore l’altérité du regard ; la causalité est toujours active puisque le langage transporte l’altérité qui dirige votre attention, et cela est (relativement) vrai ; dans l'intime du moi il est une impossibilité de détenir la conscience que l'on en est ; ce que l'on est, on ne l'a pas.

L'avoir est fondamental en ce cas ; parce que par ex on a un corps, on ne l'est pas ; on le perçoit de l'extérieur, on l'a marqué de signes et tenu à distance, sauf que le corps lui-même ou l'identité du moi ne sont pas et ne peuvent pas, ne peuvent plus passer dans la forme de l'objectivation ; il y aura toujours un point par lequel « vous êtes perçu » et pour comprendre cela il faut également prendre la contraposée ; à savoir que le sujet ne consiste pas du tout à résoudre le moi …

le sujet vient en plus pour assurer le réel et non pas résoudre la réalité ; c'est en ce sens que dieu ou le christique ou le sujet ou la révolution résolvent la réalité non pas seulement en régulant celle-ci mais en tenant la solidité de l'intentionnalité et ce envers et contre les doutes épouvantables du moi, les doutes … cad les angoisses absolument impitoyables qui détruisent le moi, l’identité psychique, psychologique, mentale, celle qui lie la satisfaction et le corps et la représentation de soi ; laquelle ne tient, véritablement, ne tient que si elle est toujours active, ce qui veut dire désirante … Sans c esse il faut réanimer l'intentionnalisation du moi (qui n'est que par là, il s’imagine « être » mais en réalité il se meut et ne se meut que dans le mouvement qu'il nomme désir, et s'angoisse, et ce sur un mode extrêmement profond et complexe sur lequel on en s'étendra pas maintenant).

 

Le sujet donc permet de stabiliser en quelque sorte l'intentionnalité qui sinon dérive à jamais en intentionnalisations à tout bout de champ ; d'un bonheur ou d'une satisfaction qui comblerait et qui n'arrivera jamais parce qu'elle est imaginée. Et le sujet vient nous dire ; ça n'est pas ça. Ça n'est pas cela que vous attendez ; vous n'attendez pas la résolution d'une équation posée imaginairement par le moi, parce qu'il y a une problématique en plus ; la philosophie comme dieu ou le christique ou la révolution ou le sujet permettent de supposer qu'il existe une compréhension qui n'est pas de l’ordre de l’imaginaire (imaginaire s'entend comme image-de-soi, et non comme fantaisies ou rêveries, mais bien comme rêves, rêves de l’inconscient, de celle dont Freud disait que lorsque vous vous réveillez d'un rêve ou d'un cauchemar, c'est à ce moment là, du réveil, que vous vous endormez... parce que le rêve était plus-réel, pour le moi, que la station diurne, éveillée, qui est un étouffement de votre vrai-désir et comme tel effroyablement angoissant). On ne supprimera pas l'angoisse (qui peut mener à la dépression mais aussi aux obsession ou à la folie, si l'angoisse remonte à loin dans le passé) mais le sujet permet de réorienter l'intentionnel et montrer au moi qu'il existe bien plus d’enjeux qu'il ne croit et que son être n'est pas le bout du bout, qu'il est, le moi-même, une petite partie de ce qui peut Exister.

C'est l'injonction du « bonheur », de la réussite, de notre être comme donné (et donc qui trouverait nécessairement sa satisfaction dans le monde, sinon c'est de votre faute, c'est votre échec) et d'un être qui serait adéquat à quelque partie du monde donné vécu, ce qui jette toute personnalisation dans un abîme de perplexité, ce qui veut dire d'angoisse. Puisque par ailleurs on sait que plus ou moins tout se passe très mal, au cours d'une vie, et que cela se termine tout à fait désagréablement. Il n'est pas seulement dans l’angoisse mais dans l’incompréhension la plus radicale, à la racine. Il ne peut s'empêcher de tendre vers la « perfection » à propos d'un monde, d'une réalité de déterminations, constitutivement limitées, limitatives, fragmentaires, morcelées, dispersées.

Rien ne lui indique plus que la perfection justement est tout à fait autre et bien autrement que « selon le monde, le vécu ou le corps ». Les héroïsmes déjà passés, érodés, fantasmatiques, de transgression et de prétendument « vérité » découverte par dessus les anciens totems, les maîtres du doute (Marx, Freud, Nietzsche et leurs épigones), les post-vérités et post-humanismes, participent tous de la même dissolution, dont on peut dire qu'elle est passée du spirituel et du sujet au mental et au développement personnel mais également s'est effondrée dans les obsessions et les perversions ; parce que tous ceux là s’ennuient. Ils s'ennuient tellement de ne plus croire en rien (cad de parier sur l'impossible, ne comprenant pas que la réalité qui est (du verbe « être ») existe (de l'exister et du présent son délégué) la réalité dans le réel est précisément la machinerie gigantesque qui rend possible l'impossible et requiert la foi, ni plus ni moins, tout le reste est faiblesses, quantité de sortes de faiblesses ; comme par exemple de dénigrer toutes les philosophies, excepté la sienne propre, comme Heidegger, ce qui est ridicule, le contraire consistant à valider l’ensemble des possibilités ouvertes par les systèmes, une par une, ou par le christique ou par la révolution, autant de structures en elles-mêmes inépuisables, littéralement, puisqu'elles existent antérieurement au monde, au donné, et aux effets ; et nos jolis transgresseurs, maîtres du doute et anti humanistes et anti sujets (on n'en finirait plus d'énumérer leur « anti » position qui couvre simplement leur ego) ne présentent au regard que des intentionnalités biaisées, tordues vers le bas, finalisées par telle ou telle partie du monde, ayant aboli qu'il y ait une structure universelle, dont les universalités de jadis tiraient leur légitimité mais surtout leur possibilité même. Retirant la structure universelle plus rien n'est possible dans le monde, le vécu ou le corps et tout s'offre à la dispersion, à la déperdition mentale, et par la souffrance abyssale des mois.

Lacan se trompe (en pointant la « conscience » comme si elle était le « conscient » soit donc un être déterminé). Enfin de son point de vue il ne se trompe pas, de même que Descartes ne se trompe pas. Parce que la réalité est dans une structure que l'on ne peut pas dire ni éprouver (elle outrepasse la diction et le corps d'un vivant, jusqu'à lui faire mal, le déchirer de haut en bas et de gauche à droite). On ne peut pas dire la structure mais la signifier ; ce qui veut dire que quelqu'un qui lirait extérieurement n'y comprendrait rien, tandis que quelqu'un qui s'y investit commence de comprendre ; ça s'adresse toujours, les signes, à vous-même comme intention et renvoie à votre jugement (personne ne peut vous juger extérieurement et vous ne devez votre accès au christique, à dieu, à l'universel ou au sujet ou à la révolution, comme structure historique, qu'à vous même et vous seul, de même qu'une psychanalyse n'existe qu'en tant qu'elle est la vôtre, par contre une psychologie ou une pharmacopée sont extérieures). Et si il n'y a que des signes, cela veut dire que la structure est inépuisable ; on ne peut pas faire le tour du christ, de Platon, de Nietzsche ou de Lacan. Inépuisable et inaccessible (extérieurement) sauf donc à vous transformer. Et à transformer non pas votre identité, votre moi, votre passé, héritage, etc, mais à modifier votre attention, votre intention, votre intentionnalité ; votre sujet, sa présence arcboutée au donné là réel, et aux réalités telles qu'elles apparaissent dans le champ de perception.

Lacan a tort de situer la conscience comme conscient ; le conscient se croit lui-même, il croit encore plus qu'il s'agit d’une solidité ou d'une consistance ou d'une universalité en soi ; cette croyance est une imagination (il croit en « l'être », et donc à son bonheur ou la satisfaction selon le corps). Tout l'enjeu consiste justement à « ne pas comprendre » ; mais à signifier. Rendre encore possible la signification ; contre tout ce qui veut vous définir, et en l'occurrence pour nous emplir votre imagination ; toute la médiatisation est un immense stroboscope qui dévore votre imagination, alors que le réel de notre « être » est hors monde, affecter de et par la structure qui n'est nulle part. En quoi donc le réel a déjà commencé ; à partir du moment du christique (ou des grecs et du décentrement universel ou de quelque position mystique, religieuse ou théorétique, les Védas par ex, ou du statut de citoyen de la révolution) vous basculez et irrémédiablement dans et par la structure.

Lacan a tort mais il a raison en ceci que ce qu'il observe, et analyse, c'est le moi qui croit à la représentation, sans voir que celle-ci est toujours limitée et entourée par les signes qui glissent les uns sous les autres et de la sorte que « l'on est perçu » plus que « l'on se perçoit ». Et jusque dans les options de raison ou de science ; on ne tient pas son « moi » de la science, et pas plus de la raison, sauf comme idéal (qui servira de justification en fait à des faiblesses quelconques ; la raison est très extérieure tandis que le moi, démonté en tous sens par Lacan, est le centre et donc tout le reste est justifications ou effets de ce cœur in-connu). C'est un horizon tout à fait pessimiste et « anti », anti-philosophique, anti-humaniste presque (en réalité c'est plus compliqué et beaucoup moins tranché, ce serait même un humanisme « délivré » du poids et de l’influence toute-puissante mais non de la problématique, qui est intrinsèque ; on ne peut être qu'un moi et le sujet est compris par Lacan comme un « conscient », une partie dans une partie, le tout (des parties) étant absent et seulement imaginé ; or on avance ceci que le moi se tient du sujet, potentiel, impossible, qui relève de la forme des réalités et non de celles-ci).

De prendre pour argent comptant l'évidence qui nourrit le moi (rappelons que le moi ne peut pas s'interroger sempiternellement, il doit se considérer lui-même comme « évident » et son bonheur comme promis ; il est, ce moi, un centre de gestion, et aussi un bricolage vite fait, et un moi ne peut être que tel, malgré qu'il croit ou aimerait que s’impose une logique, une destinée jadis, un idéal), d’admettre l'évidence naturaliste ou à tout le moins réaliste du moi amène à conclure que décidément on a tout oublié de la structure (dieu, christique, universel, sujet, révolution) sauf que Lacan aboutit au réel... et ne méconnaît ni la philosophie, ni le christianisme, ni Descartes, ni l'universel.

Il faut en conclure qu'il lui paraissait au-delà de notre capacité de réintroduire dans la réalité et donc dans le réel (sur lequel on bute) ce qui, par la structure, était envisagé, à savoir le réel visage de sujet, cela même que la mise en forme du moi, du moi-même, ne peut admettre, tant et si bien que c'est tout un siècle qui s'est précipité à fermer, boucher l'horizon, ce qui veut dire à prétendre « profiter » du monde, du vécu et du corps. Évidemment cette fermeture sur, vers, dans la réalité au détriment du réel, opération généralisée qui s'est concrétisée au 20éme et même dans la deuxième partie du 20éme (après guerre et années soixante) est aussi ce qui mit un terme à la dernière évocation du réel, à savoir la révolution (comme horizon dérangeant ou élevant ou transcendant la réalité, effort qui rendait accessible le formalisme, l'absolutisme de l'intention stratégique, au lieu de simples tactiques dispersées, à quoi se réduit le « libéralisme », qui ne peut tenir l’histoire seul ; c'est pour cela que la société et l’État français a bel et bien mené une méta-organisation potentielle, après guerre, reprenant toutes les lignes de forces de ses deux derniers siècles).

Et la limitation du moi ne mène pas bien loin. Ça mène juste à la mort, et auparavant à la dispersion effrénée et indéfinie, à « ce qui n'en finit pas de se désagréger » mentalement et physiquement. La baisse de la capacité intentionnelle, l'impossibilité de coordonner l’humanité, de rassembler les faisceaux d'intentions, le glissement dans toutes les diverses irréalités.

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La Possibilité de chacun

15 Février 2020, 09:54am

Publié par pascal doyelle

Si nous sommes dans et selon le Créé (que ce soit dieu ou le réel ou le donné, qui créent, cela importe peu sinon individuellement, selon sa croyance)
depuis 2500 ans ou 4000 ans (si l'on tient compte du judaïsme et il faut en tenir compte)
c'est cette structure du Créer qui est in vivo analysée.
Le réel se Crée ou Dieu se Crée (ce qui n'est pas contredit par le christianisme,  ni le monothéisme).
Le réel se Crée ou Dieu se Crée (ce qui n'est pas contredit par le christianisme).
Le « Créer » est la finalité même. « Créer » est l'ordre intimé partout et toujours.
Aucun point de réalité n'est identique à aucun autre. L'unicité, la distinctivité est la règle.
Et on ajoute, ici, que c'est un ordre, une intimation continuelle.
Et en un sens tout à fait spécifique. Comme on va (commencer de) le voir.
Le créer est absolument ce dont il est question dans un monde, un univers, une réalité en mouvement ; tout se meut et tout avance ; il arrive « quelque réel » dans cela qui devient.

Et l'idée, le principe, ici, est que cela que passe continuellement. Le mouvement ne cesse pas. C'est pour cela qu'ici et là apparaisse des mises à jour ; les Védas, le bouddha, dieu le père, jésus le christ, Descartes, la révolution, Rimbaud ou Nietzsche, Lacan. Qui l'on voudra.

Dans le procès in-fini la réalité se met à jour et ce afin d'instancier dans le donné (déjà là) encore un peu plus, toujours un peu plus ; qu'il y ait plus de réel à la fin qu'au début et qu'à partir de la fin, du terme, on instancie encore du possible dans la Possibilité et qu'il existe en somme toujours plus Possibilité. C'est le but, la finalité qu'un Réel il y a.

ou donc ; la perfection n'est pas la fixité, mais le mouvement, la capacité de devenir en plus. De sorte que le réel est plus grand que lui-même ; qu'il y a ait plus de possibilités à la fin qu'au début...

Aussi doit-on faire attention. Parce que depuis la révolution chacun est livré à lui-même et croit être en mesure de reposer à partir de soi, de ses seules forces (c’était déjà le reproche de St Paul ; quant à la la logique judaïque ; en se mesurant par la Loi, ils croient qu'ils doivent à leur seule volonté d'être justifiés, alors qu’uniquement la foi, l'intention, justifie et rend les œuvres bonnes, et même par la foi, les œuvres sont encore meilleures puisqu'orientées par une bonne intention ces œuvres emplissent l'univers et ce justement, par justice, et non par malignité ou orgueil). Et comme chacun prétend à sa propre puissance, chacun voudrait, par ex, imaginer un christ, une révolution, une pensée, un universel selon son goût et son indépendance ; depuis Descartes le sujet sait qu'il Ex-siste, mais cette liberté, absolue, cad formelle, ne signifie pas « n’importe quoi » … elle est à elle-même sa propre loi mais véritablement une loi et d'airain.

Il n'est qu'à s’apercevoir comme Nietzsche (qui porte l'auto-affirmation jusqu'au plus haut) s'entoure de mille précautions (non encore suffisantes cependant), afin de prendre bien soin que sa grande liberté ne soit pas une pauvreté sans réel. Ce qui n 'est pas même suffisant, parce que, répétons-le, il n'existe aucune parole qui puisse porter suffisamment loin la Possibilité, sinon celle invraisemblable et non compréhensible, du christique ; qu'une telle puissance de conception soit apparue toute entière et en une fois est absolument incroyable et donc objet de foi.

Sous peine de simplement obtenir le christ, le sujet, l'universel ou la révolution que l'on mérite... et non pas de confier sa confiance à plus grand que soi. Le moi n'est absolument le bout d'une vie, d'un vécu ; toute vie doit ou devrait devenir une Existence. Aucun moi ne se suffit et aucun ne peut fonder la vérité, la relation au Réel ; aussi tout moi naît de et par un Sujet, celui qu'il sera... par quoi l'intervention du réel dans la réalité vient en-plus et d'en-avant et par quoi tout moi reçoit soudainement sa Possibilité d'en-avant de lui-même, à charge de s'y produire, de s'y créer, de créer la possibilité qui est déjà Possibilité.

Lorsque l'on avance que le réel se produit en-avant de lui-même (et pour cela il existe un Présent), c'est littéralement. Le futur, le Possible intervient dans le réalisé. Tout est distinct, rien n'est séparé. On y reviendra.

Pour cette raison la causalité (dite objective) est partielle et partiale ; elle ne prend pas en compte la dimension du réel, mais seulement les morceaux de monde, les parties de réalité (ce qui est sa finalité propre, rien à redire, sauf d'extrapoler cette partialité sur l'ensemble ; l’ensemble ne peut être que signifié et non pas pensé objectivement et c'est le savoir et non la connaissance seulement de cette signification du réel qui est portée).

Et puisque le réel est mouvement (tout étant pris-dans le présent qui avance dans sa propre dimension, il est ce en quoi s'instancie tous les déroulements de mondes) le réel donc, le donné créent vraiment, puisque toute cette diversité aussi loin que nous percevons (par mille moyens) et encore au-delà de notre perception est un immense champ de réalisations, qui d'une part intègre une cohérence et d'autre part en cette cohérence l'inventivité. On ne pourrait pas obtenir une inventivité sans une cohérence ; une inventivité a besoin de bases, qui au fur et à mesure

ouvrent des domaines et ce sont des champs de perceptions sur lesquels encore un autre niveau pourra s'extraire, s'extrapoler ; ainsi la vie est charpentée sur l'inerte mais l'inerte est lui-même organisé en molécules, atomes, magnétisme, etc ; les atomes eux-mêmes sont une organisation sur une soupe qui se prolonge étrangement dans des séries d’indistinctions (qui ne sont pas tout à fait existantes ni tout à fait inexistantes, l'indistinction absolue apparemment n'existe pas puisque ce qui selon la détermination, la déterminité comme principe si l'on veut, ne peut pas exister « sans différenciations » ; l’ensemble apparaît donc tel un champ littéralement d'auto-perception, un atome d’hélium se distingue et crée son propre champ).

Et donc le vivant et ainsi existent quelques êtres qui au lieu d'être cela qu'ils sont, sont susceptibles de se mouvoir, de se repérer dans le donné, obtiennent une interface (leur peau, leur unité, sur laquelle unité se produisent des échanges) ;

mais en plus de cette unité, du vivant, intervient « soudain » la capacité d'être à soi-même son propre rapport ; on sait que l'on vit, que l'on existe ; et on le sait non sous la forme « je sais que j’existe » mais sous la forme « je me perçois à partir du monde », à partir de l'horizon ; je en suis pas une tautologie mais un effet de Bord ; et le Bord est abstrait, hors de. Un vivant se vit dans son milieu ; il ne sait pas qu'il existe un horizon ; tout horizon pour un vivant est déterminé, c'est son monde à lui, cad son milieu (déterminé, au sens qu'il lui en vient des perceptions, des échanges, des relations qui sont et ne sont que des perceptions, un échange chimique est une perception, qui se produit dans un champ extérieur et est « reconnu » ; c'est seulement par là qu'il y a une réalité).

L'être spécifique qui dispose d'un horizon, dispose de l'horizon lui-même ; puisque celui-ci n'est pas tel ou tel milieu, mais reste indéterminé ; il n'est qu'un rapport et ce qui s'initie c'est la capacité et la possibilité du rapport ; soit donc de signes.

Puisque l'on est jeté vers l'horizon, pour le ramener ici et maintenant dans telle situation il faut signifier. On n'entend pas par là que le langage fait tout le travail, mais qu'il y a un langage parce qu'il existe une articulation, qui naît de et par la cervelle, et tout le corps, afin qu'il puisse tisser des relations, des rapports et un signe est un rapport ; et donc tout signe ou tous les signes s’utilisent afin de signifier ce que l'on perçoit dans le champ du donné (pour communiquer entre soi ou transmettre, entre générations).

Le signe est ainsi le lien, la relation qui permet d'organiser (ou de faire surgir lorsque l'on sera libérer de tout groupe et monde donné limité particulier, humain, humanisation qui permit de créer la mise en forme culturelle, langage, représentation, échanges, champ limitatif de perception ; on ne peut pas dire n'importe quoi, il faut respecter la communication, sinon le groupe se dissout, et la transmission, entre générations, et ce le plus exactement possible, sinon on ne comprend plus que l'on dit, et on ne comprend plus ce que l'on dit du monde, des échanges, des saisons, de la géographie locale, etc), le signe donc organise l’horizon. Parce que si le milieu est déjà tout de suite reconnu (échanges chimiques ou comportementaux, on comprend tout de suite ce qui est signifié), par contre l'horizon est indéterminé ; c'est l'horizon sous lequel on peut signifier tout ce que l'on entend, ou tout ce que l'on veut.

On a vu que la méditerranée commence de saisir que l'on n'est pas attaché à tel monde déterminé, mais que l'on produit ces mondes  ; on en cherche l’explication et la meilleure façon de proposer de la réalité est celle dite rationnelle des grecs ; pierre après pierre on monte l'architecture, d'idée en idée, le système. Tout à coup surgit le christique qui prend à revers ; on existe antérieurement à toute construction, on est individuellement autre ; et il y eut un-autre, qui prit toute la mesure de cette possibilité et qui tente de pallier au gouffre effarant ; il y a un gouffre afin que chacun aide son prochain à traverser.

Parce que si l'on n'appartient plus à un-monde (quel qu'il soit, de quelque groupe que ce soit), alors voici chacun précipité du haut de la réalité dans le grand rien. Ce qui veut dire précipité vers l'horizon.

On perçoit à partir de l'horizon, mais l’horizon on ne le perçoit pas ; c'est un cadre absolument formel ; dieu, l'être/l'universel, le sujet, le réel. Aussi lorsque l'on quitte le monde, n'importe quel monde humain particulier, tout monde, alors on se dirige à partir de l'horizon, qui n’appartient à aucun, et par ailleurs qui n'est perçu que par les individus ; une « société » ne perçoit pas l'horizon. Et c'est pour cela que le christique organise le dit horizon, tandis que les grecs ne le peuvent pas ; parce que l'individu est une unité de structure, un rapport réel, tandis que pour philosopher il faut penser et croire que les « idées » et les « systèmes d'idées » sont réels, sont le réel même ; mais l’individu sait bien que non.

Que cependant l'individu puisse puissamment utiliser les systèmes pour aborder l'horizon, ça ne fait aucun doute, mais il en reste seul détenteur ; ça n'est jamais un système qui possède l’individualité, parce qu'alors cela reviendrait à supprimer l'horizon, cad à s'enfermer dans une détermination qui serait-elle universelle, ne peut pas, absolument pas se coltiner au réel même, qui consiste précisément en ce qu'il ne consiste pas.

Et donc pour accéder à l'horizon même, on ne peut pas autrement qu'en l'expérimentant ; c'est bien pour cela que outre la philosophie on a inventé les esthétiques, poétiques, récits, éthiques, politiques, et idéels ; parce que l’horizon permet d’atteindre tous les domaines (et y compris ceux que l'on ne connaît pas encore, et que l'on ne connaîtra pas, puisque nous ne survivrons probablement pas en tant qu'espèce).

L'expérimenter c'est supposer, préposer des signes ; des signes qui n’apparaissent jamais « objectivement » mais qui sont signifiés. On nomme signifiance la capacité de désigner l’horizon, ou donc le Bord du monde. Et au final on a reconnu que le dit Bord s’impose comme étant le Présent, ou dit autrement, ontologiquement, l'exister, l'exister comme plus grand que l'être qui est toujours déterminé et étant déterminé strictement limité ; l'exister n'est pas limité, il est la forme des réalités, ou donc il n'y a aucune réalité qui serait La-Réalité qui se superposerait aux réalités, l'idée même en est absurde ; il n'y a pas d’Être. L'être est exclusivement déterminé ; et donc peut entrer dans un procédé d’universalisation ; l’universel est uniquement un procédé, un processus ; tout à fait fonctionnel, puisqu’il s’agit de prendre des signes qui regroupent dans leurs rapports (et les signes sont des rapports puisqu'ils sont ourdis et utilisés par une intentionnelle conscience, qui est elle-même un rapport), qui regroupent donc des perceptions et toujours vont-percevoir plus de perceptions ; les grecs avaient bien raison d'affirmer que la pensée, les idées montrent le monde ; parce que c'est vrai (et parce qu'alors il n'existait pour percevoir que le groupe humain donné particulier, qui adoptait la réalité telle ou telle mais jamais la réalité en soi, le monde unique sous tous les mondes humains qui avaient déjà repeint celui-ci selon leur représentation).

NB ; les mathématiques exposent le rapport-à-soi qu'est n'importe quel objet ; un objet forme un « Un », si il n'est pas un, alors il faut commencer de calculer, par des rapports, jusqu’à ce que l'on comprenne pourquoi il est un et demi ou un demi-un.

Signifier est donc l'opération majeure, absolue, formelle et notre savoir consiste en cela. Depuis dieu, l’être et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel sont des moyens d'analyse du Bord. De où perçoit-on ? De où perçoit-on pour former des signes qui permettent de percevoir (cad de ne pas être un vivant mais un Existant et que l’existant est justement de partir du Bord ; celui qui sait qu'il Existe).

Il est très clair que simplement (puisqu’il s'agit de pointer, dans la réalité et le vécu, que l'on dépend d'une intention, d'un champ de perception créé intentionnellement, selon l’intentionnalité, qui formule des signes, pour un sujet, lequel est une structure, formelle, et non pas un « être « ) le christique désigne absolument le point tout à fait Autre à partir duquel chacun se voit vivre (et donc par quoi chacun devient un existant), et il perçoit « la vie » comme segment entre la naissance et la mort ; il est littéralement du dehors. Et la question se pose de comprendre en quoi consiste cet en-dehors.

Pareillement si l'on commence de penser, selon l'universel, selon la philosophie, il faut rendre compte aussi, également et même d'abord de ce fait qu'il y a une « pensée » ; de là qu'il fut supposer quantité d'unité, l'être, l'idée du Bien, la pensée de la pensée/le premier moteur, le Un, l'être au sens de logos/verbe, la théologie de l'idée (absolue) de dieu, etc.

or que l'on ne puisse pas distinguer ce qui se passe vraiment en usant de l'objectivité que crée le discours dit métaphysique (et la pensée crée réellement et impose qu'il y ait une objectivité, ici en tant que théorie pensée et plus tard selon l'expérience et les mathématiques et la mathématisation du monde) c'est justement qu'il existe une autre voie qui est emprunté par Descartes et tous ses suivants, et qui va créer, produire, élaborer un énorme retour qui permet de prendre conscience, d'installer dans le champ, dans la perception (de même que Platon nous faire-voir les réalités par des Idées, qui n'existaient pas dans le langage commun de son monde humain et sont relatifs à la perception individuée, sinon déjà individualisée), et amenant ce retour dans le champ, il le constitue ; en même temps.

Amener le retour (sur soi) et créer le re-tour, le nouveau tour c'est le même mouvement puisque si la réalité n'est pas résumable dans un discours (métaphysique) et donc si le réel n'est pas plat, étal, objet, extérieur, alors c'est que l'on s'est avancé dans l'épaisseur du trait, du trait de l'exister ; et que ce retour qui est un re-tour, un nouveau tour, c'est justement ce qui était attendu ; à savoir que le Bord du monde, du vécu et du corps, se situe très exactement ici-même ; de là que Descartes nous convoque au réel de son retournement sur soi, sur lui-même, sur son être, mais un être qui se découple de telle manière n'est pas un être. Et donc il est infini, au sens d'in-fini. Hors fini.

La localisation et la définition, accessible, de cet hors-fini, et qui est, ici, désigné comme « Bord », c'est tout l'enjeu de tout ce qui va suivre Descartes mais aussi de tout ce qui le précédait.

Et non seulement occidentalement, mais partout et constamment ; dès que naît une conscience, un arc, tendu, de conscience, vers l'horizon, vers le Bord, il est une tentative de réponse, de localisation et de définition du Bord ; c'est à partir de là que l'on perçoit (et que l'on fabrique des signes qui permettent de percevoir, de toujours plus percevoir, comme les idées de Platon, le sujet de Descartes, le non-sujet de Lacan).

L'occident(alisation) consiste à vouloir préciser le centre comme étant au-Bord et donc accessible seulement à une expérience non collective. Mais il ne faut pas voir ou entendre par là une distanciation subjective ; c'est à l'origine de la division subjectif-objectif que l'on atteint. Autrement dit on n'a jamais eu des collectifs que par les sujets. Et c'est le processus de déploiement qui pousse de plus en plus loin la reconnaissance que c'est ce sujet qui s’individualise de plus en plus ; jusqu'à attendre son propre bord. Et ce bord est le réel (Sartre, Lacan qui analysent l'arc de conscience là où il se situe et où il s'articule, à l'extériorité de Sartre, le monde, les autres, l’histoire, la matière gluante, etc, et à l’intériorité, démontée, de Lacan d'un arc de conscience-dans un corps, l’impossibilité pour un vivant de recevoir cette articulation). Et ce réel se désigne comme étant cette « subjectivité » hyper ou sur objective à laquelle est donné le nom de sujet ou de structure ou de Rapport.

Par sujet il faut entendre le rapport en tant que le rapport est cela même qui constitue le réel ; non pas que le rapport mette en relation quelques choses ici et là, mais bien qu'il n'est des choses que dans et par le rapport ; le rapport est absolument premier, dernier, continuel et constamment repris par lui-même. Raison pour laquelle il existe des révélations, universelles ou individuelles. Il y a des rapports, des choses, des êtres, par et pour le Rapport originel qui est aussi final. Parce que l'origine des réalités n'est aucune réalité mais la forme antérieure aux « réalités » et cette forme n'est pas une unité, monolithique, inerte, massive, concentrée mais est un rapport ; et si la forme qui origine les réalités est un rapport, cad un mouvement, alors le mouvement ne cesse pas ; le mouvement est la finalité même en tant que, parfait, il se veut toujours encore plus Réel, toujours encore plus Possible.

Cela veut dire que lorsque vous lisez Rimbaud (ou quiconque de suffisamment « consistant » pour ainsi dire) vous prenez le point de vue, le point Autre à partir duquel Rimbaud, écrit, repère les signes, rassemblent ou disassemblent les signes. Il ne sait pas plus que vous « où » il est, ni ce qu'il Voit, mais il s'est entraîne, d’entraînement à et de poussé jusqu'à atteindre ce point-Autre. Ça ne peut pas se redire sur le mode objectivisant (quelque objectivité que l'on prenne), ça ne peut se créer que dans et par chaque sujet. De même Platon ou Descartes, en quoi donc même la « pensée » qui est censée expliciter tout en transparence, ne peut pas exporter la structure du regard lui-même, par contre on peut l'instancier en soi-même. Les signes tracés, énoncés, balisent une position que l'on doit atteindre et cette accession est ontologique ; chaque point d'accès explore le donné, le vécu, mais aussi invente, crée les possibilités.

Il est clair (du moins en théorie) que beaucoup de positionnements (et de bassesses) partent et reviennent au monde, au vécu, aux finalités du corps, intra voire infra mondaines. Et que quelques-unes (mais elles se comptent par milliers) étendent leur vision puisque se situant au plus loin possible augurant de la plus grande manifestation possible. Mais ça n'est pas cet « élitisme » qui vaut exclusivement ; le fait structurel est qu'il ne s'agit pas seulement des esthétiques, des poétiques, des idéels ou de la philosophie, mais également d’éthique et de politique (ce qui veut dire de politique et de morale) ; et plus profondément, bien plus profondément cela consiste à élaborer votre Intention, votre propre Intention, telle qu'elle va venir dans la perception (œuvrée) et dans l'acte de conscience, qui n'est plus du moi (de là que l'on tende vers Rimbaud et d'autres, c'est à cette fin, modifier ce qui existe et faire paraître ce qui n'existe pas ; créer notre arc de conscience qui est toujours individué, parce que le réel est en forme de sujet) et qui vaut en et par elle-même ; indépendamment de toutes les œuvres, et même on peut le dire indépendamment de toute éthique ou politique, ce qui ne manque pas de nous scandaliser quelque part, or c'est pourtant ce qui est dit dans le christianisme ; votre intention est cela seul qui compte, et chaque intention vaut en et pour elle-même ; il est très difficile de comprendre une telle proposition ; ce que Kant désignait comme le recul indéfini de l'idéal, mais dont on ne peut pas se satisfaire, parce que c'est effectivement ce qui a lieu ; vous ne pouvez pas recréer votre corps, votre héritage, votre adn, vos souvenirs, mais votre structure oui et comme c'est elle qui perçoit et même qui permet que perception il y a, alors vous relancez vos champs de perceptions (et donc relancez le monde, le vécu et le corps lui-même, puisque tout est re-pris de bien-plus-loin, et ceci doit être vécu, éprouvé, investi, converti, accepté et accédé).

C'est ce que commencent de prévoir dieu et la nation et l'intention exclusive, l'universel grec et le monde unique, le christique et le royaume, le sujet et la révolution ; tirer les fils du possible, orienter à partir du futur, et des futurs possibles (puisque passer via le Bord de la réalité renvoie à l'antériorité et toutes les possibilités, les possibilités non pas imaginaires mais structurées, cohérentes ; l’imaginaire ne rend pas possible le possible, il le réalise comme ci ou comme ça ; le christique ou Platon ou Descartes ou Rimbaud rendent possible le possible, toute esthétique, poétique, roman sont des exclusivités, difficiles, qui travaillent la perception, le vécu et le corps, et ne sont pas du tout des facilités ; ce qu'elles sont pour la redondance lassante du moi).

Le passage par le « moi » vous décharge de votre responsabilité ; puisque vous êtes cette identité, telle quelle, et qu'au lieu de concevoir le moi comme un sujet on l'a interprété comme une chose ; et qu'alors votre intentionnalité, votre conscience est fonction d'une vérité (cette identité, non seulement celle héritée, et causée par votre biologie, votre adn, votre passé, mais aussi une sorte d'identité imaginaire survolant tout le vécu, cette identité idéelle que vous espérez réaliser, déverser dans le monde, parmi les autres, et reconnue, estimée, aimée, etc), c'est pour cela que le moi a « des émotions », « des désirs », des confirmations de son identité, en répétition, en boucle, jusqu'à la nausée et l'impuissance véritable, constamment, au lieu que tout sujet est extrêmement autre et développé par et dans le présent possible.

Tandis que structurellement c'est bien plutôt votre moi qui est fonction, centralisation synthétique, bricolage, raccourcis éthéré ou abstrait (malgré son apparence d'intériorité, de richesse ou de densité, toutes imaginées), qui est fonction de votre conscience qui doit, aurait du, aurait pu s'imposer comme seule réellement existante et le sujet ou l'arc de conscience devait permettre une élévation de ce moi fabriqué de bric et de broc...

C'est la structure de ce sujet, tel qu’inaccessible et si totalement autre mais qui seul, et lui seul, rend possible tout le reste ; parce qu'il y a un horizon existent des mondes humains et, lorsque s'organise la structure, des mois . Que l'on commence de percevoir ce point-autre est l'enjeu. De même que pour saisir l'universel il faut se décentrer, pareillement, et bien plus encore, pour le point-autre du sujet il est appelé d'atteindre une opération bien plus conséquente, qui désitue son moi pour pivoter vers la possibilité majeure du réel. Dont l'effet majeur est de ne plus subir les contenus de conscience, mais d'élaborer la stratégie de structure.

C'est ce que l'on reçoit, ce point, lorsque l'on abdique vers une œuvre, poétique, esthétique, idéelle, philosophique ; on tient tout dans la perception, et c'est pour cela qu'une œuvre est de fait une perception du monde, de tout le vécu, et engageant tout le corps (qui bascule de sa satisfaction vers autre chose qu'une satisfaction). Ou lorsque l'on veut la révolution ou la conversion ; ça engage entièrement et bien au-delà de nos capacités, mais permettant alors de tout mettre en œuvre. Il est clair que la puissance et la qualité de votre engagement joue.

Parce que toute l'animation du moi, le nerf de sa capacité, le sel de sa possibilité lui vient du sujet et non pas du moi. Bien que l'un se fasse passer pour l'autre et lui emprunte les habits. Et si il est impossible de vivre selon le sujet, c'est au moi de se prévoir comme sujet et de commencer de tirer les fils vers le sujet, vers le potentiel, vers le ciel si vous voulez (puisque c'est cela qui inaugure notre civilisation et par quoi ou par qui elle fut). Lequel sujet donc non seulement existe (sur et par le Bord sans lequel rien n'est possible) mais il est cela même qui Existe. Le reste, dont le moi, sont des effets.

À choisir donc si l'on se situe dans le monde et le partiel ou vers le Bord et le sujet. Ce qui ne se peut sans investissement décidé et lecture des signes (des esthétiques à la révolution, des mystiques à toute transformation d'une vie en existence). Se situer dans les effets ou, à choisir, selon la cause et sa perfection spécifique (de pur voire de brut et ardu mouvement, œuvré). On ne perçoit vraiment qu'en ouvrageant la perception (y compris le vécu et le corps qui font partie des champs de perception, que donc l'on n'est pas, dont l'être est, relatif, pris dans le mouvement, dans l'exister toujours distinct de lui-même) et la perception ne détient jamais le monde tel que déterminé mais se transmet selon la structure (et donc l'historicité ; où en sommes-nous de la structure-qui-avance?)

Nous ne sommes pas éloignés de la structure du réel, nous sommes absolument, formellement dedans, nous percevons (désirons, décidons, imaginons, réfléchissons) à partir de la structure toujours actuelle et toujours arcboutée au même présent agissant, qui décrit une large courbe par dessus nos têtes et nos mondes humains ; toute conversion, toute foi, toute décision sont actuelles et apportent l'urgence de l'actualité du réel ; dieu, l'universel, le sujet, la révolution, le réel sont de l'actualité pure et brute. La possibilité de choix (et d’invention) du sujet est de toute manière déjà engagée et étire chacun vers et par sa destination aperçue par-avance (chacun, intimement a déjà éprouvé le fil du possible et tisse celui-ci sa vie durant) ; chacun a déjà perçu son propre tissage, à l'occasion d'une décision, d'une imagination, d'une œuvre, d'une révolution, d'une foi, d'une conversion, d'une attirance impossible, impossible dans le monde, le vécu et le corps.

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Du christianisme réel

8 Février 2020, 08:57am

Publié par pascal doyelle

D'aucuns trouveront ici des arguments pour « déconstruire » le christianisme, et peu importe que l'on croit ou non ; ça n'est pas du tout le problème. Le problème est très simple ; nous ne sommes effectivement pas du monde (ni du vécu, ni du corps), puisque nous percevons et le monde et le vécu et le corps. Donc de « où », au minimum structurellement, sommes-nous ?

La plupart du temps la plupart des gens ne se demandent pas si ils veulent vivre ou non, de sorte qu'une grande quantité de comportements conduisent individuellement ou collectivement à la mort. Mort physique ou effacement mental ou souffrance psychique. Freud n'y contredira pas qui a distingué éros et thanatos, le retour (désiré) de toute vie à l’anéantissement. Et Nietzsche pourquoi repose-t-il la question de l'affirmation de la « vie »?

(Y répond-il adéquatement, c'est autre chose ; on soutient ici que sa résolution est imaginaire et non pas réelle, et on soutient également que la résolution du christique est, elle, absolument de structure, ce qui veut dire réelle, prise à partir d'un point de structure qui ré-articule comme on va voir et ré-arme en quelque sorte l'humain).

Et donc le christique, qui nous interroge sur « que vous voulez vraiment ? » est de cette dimension là, absolue d'accès à la vie elle-même. Et la « vie » est bien sûr le centre, le cœur tout à fait explicite de son attente et aussi de sa décision.

Répétons-le, l'accès à la « vie » ressort de la mise en évidence de et par l'exigence (la grâce) christique qui éclaire véritablement l'enjeu ; voulez-vous réellement vivre ou non ? La réponse n'est pas du tout claire et nette. En vérité c'est plutôt que l'immense majorité des individualités ne pense, secrètement, qu'à rejoindre le néant, mène une conduite d’effacement, et cette logique est constitutive, ce que signifiait le « péché » ou le poids du monde et de la vie elle-même ou le « vieil homme », opposé au nouvel Adam.

Alors ensuite on peut questionner les rigueurs et les paramètres efficaces de cette approbation de la vie, mais l'initiale question est ainsi posée.

Pourquoi ?

Parce que chacun est alors expatrié hors de tout monde humain : voici que chacun, autour de la méditerranée, à cette époque, est jeté à même le donné là, du monde, des duretés invraisemblables et dans la solitude, dans l'immense empire romain entre autres, dans la désagrégation des sociétés, lancées malgré elles dans l’histoire objective ; toute communauté est devenue seconde voire caduque et même effacée.  Et ainsi, dans les conditions de cette déréliction, de cette perte et de cet égarement, individuellement a-t-on encore envie de vivre ? Et cette solitude n’atteint-elle pas la fibre la plus intime de chacun qui ne parvient plus à naître de et dans une communauté humaine réceptrice ? Chacun est alors menacé de la plus profonde des dépressions. La cessation de toute intentionnalité, de toute intention, de toute perception, le manque de toute attention pour la vie justement.

Délaissée de toute communauté, c'est l'intentionnalité même, sa structure, (cad tout le possible), qui doit se prendre en charge. Et il apparaît par ailleurs que les désirs et les envies, qui semblent poursuivre la vraie vie, risquent fort de n'être que des annéantisations, des partialités rendant à terme l’humanisation impossible, ou notre propre individualité l'enfermant dans des cul-de-sac, hors d'atteinte lorsque chacun n’élabore plus, ne construit plus, n'élève plus son intentionnalité, et l'éteint dans la superficialité, qui paraît si vivante extérieurement, et que l'élévation que propose le christique consiste justement à vouloir plus et plus grand et d'aboutir à une complexité et de saisir le sujet non selon sa subjectivité (immédiate) mais de sa subjectivité plus-grande, articulée et instanciant en son organisation la capacité du plus lointain (ou donc d'autrui, dont on sait bien qu'il finalise la parole christique même, mais non pas n'importe comment...).

Le vrai sujet donc puisqu'après tout celui-ci assume n’importe quelle contrainte, autrefois sustenté par la communauté, très largement, et se rend capable de porter toute réalité, toute réalisation, même celle qui n'existe pas encore, et donc improgrammable en quelque contenu, tandis qu'une objectivité est limitée par définition à son objet ; le sujet est celui qui prévoit l’ensemble du mouvement, le mouvement d’ensemble, le mouvement comme Ensemble, organisé et tous via chacun, dans les deux sens ; étant entendu que dans l'effondrement des mondes humains autour de la méditerranée, il n'est plus ni communauté confortée, ni individualité « naturelle », mais tout à relancer, autrement ; c'est cet « autrement » qui compte précisément. Ce non-contenu, ce non-programme, cette souplesse telle qu'elle rend possible le possible, ne peut pas tenir, rétrécie, dans un corpus mais dans une structure, un rapport, agissant et toujours agissant (un rapport qui se termine n'est plus un rapport) ; c'est donc une unité, une forme active qui vient au-devant de la scène, remplaçant les mondes et les communautés « naturelles », de même que les juifs créent leur nation au sortir de l’Égypte, ou que les grecs créent la pensée au-delà du langage commun, ou que la révolution ouvre infiniment l’histoire humaine.

Ou donc ; que l'on soit libre (et que l'on ait pu éviter la dépression, l’anéantissement de l'intentionnalité par perte) ne veut pas dire que l'on puisse vouloir n'importe quoi n'importe comment.

On a justifié historiquement le "n’importe quoi n'importe comment" en prétendant que si le donné seul explique le donné, alors tout "désir" est "naturel" et donc viable et donc réalisable, assujettissant chacun à son sujet, c'est très clair (chacun est alors libre, et le bonheur une idée neuve en Europe, St Just) mais assujettissant aussi chacun à un tel bonheur comme circonvenant notre être ... outre qu'alors tout et n'importe quoi vint à emballer la machine humaine hors de toute proportion, ce qui veut dire à gaspiller outre mesure, et à s’enorgueillir de ce que finalement risque fort de terminer dans la poubelle du temps (la catastrophe à venir). En somme la pensée, grecque, le christique, ou le monothéisme, la révolution et le citoyen contenaient en eux-mêmes la capacité de se maîtriser, de se contrôler ... et de faire preuve d'intelligence...

Quels désirs ? Faut-il « désirer » ? Notre être est-il vraiment de l’ordre du « désir » ? Dont on remarque, ici, qu'il s'est installé comme le totem prétendument indiscutable de notre être … alors que l'on prétend que notre être n'est pas un être, n'est pas une partie de monde désirant des bouts de réalités ici et là, n'est pas un bricolage. Qu'est-ce que « vivre » ? Qu'est-ce que « la vraie vie » ?

c'est bien cela que met en cause le christique, et qu'on ne lui pardonne pas.

Et jusques et y compris dans cet « amour de soi » … dont il est probable qu'il se nourrit nocivement et même horriblement du pire abandon, voire de la déchéance, et en tous cas du colmatage ou du bricolage au mieux. Et le christique veut très clairement nous tirer de l'organisation intrinsèquement égarée, éberluée, tourmentée de notre vécu, déboussolée, désorientée, abîmée, au sens de jetée dans l'abîme et livrée à la sorte de volonté retournée qui recherche l'auto-destruction et qui se donne le change selon un miroitement, certes distrayant souvent, un faire-semblant.

Devant l’exigence christique nul doute que l'on ne s'y égale absolument pas ; or précisément si l'on passe de la Loi qui juge, du judaïsme, à l'Intention qui sauve, c'est que l'on ne vous demande pas réellement des « comptes » mais que l'on entend mener, au niveau civilisationnel, une Intention, magistrale, cad une maîtrise, qui si elle ne s'impose pas immédiatement (du fait de son impossibilité manifeste aux yeux de chacun), mais qui peu à peu étend le registre absolu, formel, des possibilités ; peut-être êtes-vous esclave et votre maître chrétien tout comme vous … qui peut penser une seconde que cela, l'esprit, ne change rien ? Puisque le christique se crée dans et par l'Intention (plus grande et précise que tout, tenant à la fois la capacité et le détail du monde, du vécu et du corps) l’esprit, ce qu'il nomme le Saint-Esprit, troisième personne de la trinité, créera lui-même à nouveau quantité de possibilités réelles.

En réalité inutile de « vouloir » à proprement parler, de vouloir imposer un code, il suffit de penser, d'y penser, non seulement de redresser le donné qui autrement s’effondre, mais pensée, esprit qui inventera les possibilités inattendues. Ce qui eut lieu. D'y penser puisque l'attachement ne s'effectue plus sur la dénomination de tel acte, mais sur l'intentionnalité qui réoriente le vivant, selon une perspective d'ensemble et non de détail.

Mais si nous ne sommes pas de l'ordre du donné, alors nulle part dans le monde (le vécu ou le corps) nous ne trouverons une réelle satisfaction, sinon « imaginée » et jamais effective. Mais alors de quelle dimension sommes-nous ?

C'est cette intégration difficilement compréhensible qui s'instaure à partir du christique ; pour commencer d'en saisir la portée, il faut par exemple situer le statut de « citoyen », dont on ne perçoit pas immédiatement, dans l'immédiateté (en quoi consiste tout vécu) l'effet fondamental, mais qui ne cesse de causer toutes possibilités. Pareillement le christique ouvre la capacité, de vivre, via une série de médiations (dont « autrui » est admis paradigmatiquement, puisque l’essentiel de la structure est de se-percevoir à partir du Bord du monde, du vécu, du corps et non selon le monde, le vécu ou le corps, et de se percevoir en et par l'altérité, le Un au-delà, le Un tout-autre ou le christ, le un-tout-seul, livré au mépris, à la souffrance et à la mort).

Ignorer cela c'est croire d'une croyance qui limite son champ de réalité à ce monde-ci, soumise au principe général « seul le donné explique le donné », et ne se rendant pas compte qu'elle tient déjà le rayon, l'étendue de son rayon d'action jugulée par une certaine expérience catégorisée ; remonter jusqu'au christique, qu'on le veuille ou non, c'est aborder la pointe avancée extrême qui exprime purement, et brutalement pour nos chastes oreilles, l'expérimentation de la structure telle quelle, sans rien d'autre ; il s'agit de fait d'une initialisation, l’initialisation d'un programme, sauf que le dit programme est la structure même (et non un corpus, comme la « raison » ou la « nature humaine », qui seraient d'une pesanteur considérable et sans grande possibilité ; il s'agit ici d'une structure, d'un rapport toujours-actif ; on a vu que seule une structure, qui est un rapport, possède la souplesse que requiert la possibilité du réel, la multiplicité des réalités, l'invention et la création de continuelles nouvelles catégories.

Admis comme historique majeur, fondamental, initial, que l'on croit ou non au « christ », la structure en mouvement qui se crée ou qui est créée (au choix) est de fait et précisément Créée, et entend nouer une autre sorte de Vie vécue. Et à partir de là le structurel n'est plus enfoui dans un contenu, de quelque monde humain que ce soit ou en quelque vie immédiate, livrée aux catégories du monde ou abandonnée à toutes ces petites immédiatetés ; l’individualité est littéralement élevée, selon de « super catégories », qui abolissent le monde antique, et dont le statut ne dépend de rien (puisque exclusivement du regard christique, de cette Intention qui vient en plus, ni homme, ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave, ni libre, etc). Et donc le mouvement d'approbation via le regard qui justifie votre Intention (et passe outre vos actes et va vous convaincre et non vous contraindre) est un mouvement d'appropriation et revient à chacun ; chaque un est considéré en et pour lui-même, non en tant qu'intention subjective mais en tant qu'intention hyper objective, en effet il faudra, pour que chacun parvienne à nouveau à se décider pour la vie, qu'il puise dans une dimension tout à fait nouvelle et inédite.

C'est cette dimension qu'initie le christique, historiquement ou en tant que révélation (comme on veut).

Après tout dieu-le-père est lui-même la pure intention, irreprésentable et dont « on ne sait pas ce qu'elle veut » et qui appelle néanmoins le peuple (élu) à transformer le monde, ce qui veut dire aussi continuer l'intention divine.

Mais ici le christique nous envoie re-Créer le monde, le vécu et le corps. L'intention jusqu'alors presqu'externe s'incarne, littéralement, dans la densité du vécu (et une vie humaine et individuée) et lance l'historicité même ; à partir de là ce sera l'historicité de chacun qui va marteler le monde, la mise en forme de ce qui n'en avait pas, l’individualité qui n'existait pas antiquement, et qui tout en se délimitant et se signifiant ne peut pas, comme individu, ne doit pas se fixer ou se figer en une détermination du monde ; c'est le registre, la dimension qui n'a jamais existé nulle part qui doit s'élaborer, sans se perdre (de là qu'il faille dès le début ne pas s'égarer hors du regard lui-même, de cette intention difficile, imprécise, initiatrice, manifestant la Possibilité ; ce qui s'est désigné comme étant la « foi », dont on a dit que par ailleurs elle était requise pour la conversion, grecque, à l'universel, qui décentre chacun acquérant la pensée, remarquée, elle aussi, par les grecs, comme « divine »).

Parce que chacun est hors-groupe, en dehors de tout monde humain, ça n'est plus de l'humanisation, plus de la mise en forme culturelle, ça dépasse le langage commun et la représentation transmise ; aussi va-t-on pousser immédiatement l’individualisation comme transmissions (arts, esthétiques, récits, romans, poétiques, éthiques en tous sens, politiques diverses, idéels et théories à foison, systèmes et quantité expériences individuelles qui piochent, creusent, retournent, sillonnent toutes les réalités, données, et les réalisations, inventées), comme transmissions et morale ; si le centre élévateur, pour ainsi dire, est l’individualité, alors il sera à même de tisser les nouveaux liens. La liberté, l'égalité, la fraternité, comme on sait.

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L'impossible coïncidence

1 Février 2020, 13:35pm

Publié par pascal doyelle

On ne trouvera nulle part dans le monde, le vécu ou selon le corps la satisfaction de notre être, puisque cet être n'est pas un être, mais une structure.

Rappelons que la dite structure est nommée intentionnelle ; elle n'est pas dans un état donné, figé, déterminé, mais de et par l'intentionnalité, qui consiste, en gros, à lancer un signe qui attrape dans le monde donné « là » ceci ou cela ; une couleur, une action, une direction, une émotion, etc. Ce qui en veut pas dire que cette énonciation de signes dépende du langage, bien que celui-ci forme évidemment système (sinon nous serions dans l'incapacité de le mémoriser, communiquer entre soi, transmettre d'une génération à l'autre, traduire d'un système en un autre, etc), et cette structure ne dépend pas du langage, donc, parce que le langage est justement (c'est son utilité) de situer toujours dans l’actualité des inattendus, des possibilités, des transmissions (qu'autrui de fait ne connaît pas d'avance nécessairement) et cent autres manières d’utilisation ; le langage (aussi systémique soit-il) est basculé toujours sur l’horizon du donné « là » et donc utilisé par chaque arc de conscience en son lieu, son acte, sa temporalité.

Et utilisé sur le devant, dans l'au-devant du monde, du donné, de la perception ; c'est bien parce que l'intentionnalité se déploie sur l’horizon du monde, selon le bord des réalités (monde, donné, vécu, corps, langage, cervelle ; il n'y a qu'un seul Bord) que tout peut apparaître à nos yeux ; si vous ne nommez pas votre corps il n'est pas le vôtre ; l'avoir est la plus certaine des certitudes, parce qu'elle implique une distance dans laquelle seule apparaissent les choses et les êtres (sinon vous êtes un vivant et rien que vivant qui vit en son milieu et non pas selon l'horizon ; seul un existant (qui se-sait) peut non pas percevoir l'horizon mais se percevoir selon l'horizon, cad l'être, dieu, le sujet ou le réel).

Donc notre être qui n'est pas un être est une structure, dite intentionnelle, qui rapporte perception et signes (le signe étant ce par quoi il apparaît des perceptions, telles que nous les éprouvons ; nous ne sommes pas codés par l'adn ou selon l'atomique uniquement mais par l'actualité des signes).

Ce qui veut dire que nous naissons dans et par l'actualité (à l'adolescence par exemple, lorsque nous cessons de nous prendre pour le tout, et que nous nous percevons, ce qui veut dire non pas que nous nous percevons nous-même, mais que nous nous percevons à partir du Bord, de l’horizon, d'un point-autre en dehors, à jamais hors de « nous-même » ; ce nous-même n'est pas, il croit seulement, il imagine qu'il est ;l'être est une supposition imaginée et non une idée ou plus exactement l'être est une internationalisation qui se compte comme consistante ce qu'elle n'est pas, elle est juste le mouvement de désigner « l'être », de même on ne peut pas chosifier dieu, il est forcément vivant, une Intention, et même l'Intention elle-même, celle qui, dans cette version là (révélée ou non) est antérieure à tout ; fixant l'être comme compté il croit pouvoir l'enregistrer dans un raisonnement ; ce qui est impossible ; il est impossible de compter l'être, sauf à l’imaginer, comme un ; qu'il soit le Un n'est pas le compter comme un ; et de toute manière cela se remarque immédiatement de ce que agglutiner dans une raison on perd structurellement sa possibilité...

et donc il faudra en rajouter qui ne sera déterminé que comme succédané. C'est pour cela que dieu, l'être (le Bien, la pensée de la pensée, le Un), le christique ou le sujet, le réel ou l'exister sont des mouvements ; c'est le mouvement entant qu'il est articulé qui se pense et la pensée en est prise dans et par le mouvement ; autrement dit la pensée sert à opérer encore-plus de distinctions dans le mouvement et pour le mouvement lui-même ; soit donc la perfection réelle (et non pas celle imaginaire et figée).

On remarquera qu'annoncé que l'être est la substance ou l'esprit ou la volonté c'est encore fixer l'indéfinissable (puisque la finalité n'est pas d'imposer ou d'instiller dans l'esprit d'autrui quelque réalité mais de rendre à chacun sa capacité, sa Capacité ; son jugement, sa décision, son intention, son intentionnalisation) ; certes à chaque fois selon la substance ou la volonté on admet un peu plus de possibilités par ci par là, mais pour l'annuler.

Dieu, l'être, le sujet et le réel seuls introduisent au mouvement pur et brut. Vides. Mouvementés. Ce qui veut dire qu'il faudra encore amener encore plus de distinctivité ; et ce jamais sans l'arc de conscience lui-même. Puisque de tout ce que l'on connaît dans ce monde, il existe effectivement des consciences, ce qui veut dire 'ce qui a rapport à soi ' mais à 'soi ' en tant que ce soi est le rapport lui-même et non une identité quelconque, identité toujours quelconque excepté qu'il y a un corps (un vivant, ayant une peau et une unité en elle-même, un auto-mouvement).

Évidemment on entend par dieu, l'être ou l'universel, le sujet ou le réel non pas telle ou telle version, (et encore moins telle institutionnalisation), mais les Positions que ces signes effectuent, rendent réelles, activent dans l'actualité de l'intention et de la conscience ; sous-entendu ni l'être, ni dieu, ni le sujet, ni le réel ne prendront place dans le monde donné là ou le vécu ou le corps (on rejoint par là Kant ; ça n'est pas du monde, du phénomène, et on ajoute ; cela signifie la forme qui entoure les réalités, et non ces réalités même. Ce faisant on entend se situer dans ces immenses mouvements, ces vagues structurelles que sont dieu, l'être, le sujet et le réel ; inutile donc de se croire ou s’imaginer en et par les effets que rendirent possibles ces causes structurelles.

On comprend bien que l'impatience puisse pousser à définir comme ci ou comme ça le structurel ; mais cette impatience couvre également des intérêts, des intérêts du monde, du vécu ou du corps. Et encore une fois il ne s'agit pas de nier ces intérêts mais de les réguler par plus grand qu'eux. Et il n'est de plus-grand que les formes de structure. Sauf que l'on ne peut pas investir (une quantité d’énergie) à la fois dans les intérêts du monde et dans la forme de structure …

c'est pour cela que l'on déteste ou ne saisit pas ou répudie dieu, l'être, le sujet ou le réel. Vouloir un but déterminé c'est le désirer (sinon on perd toute motivation) mais le désirer c'est mélanger la capacité structurelle et l'objet déterminé ; soit donc se finaliser vers la Chose (en soi, comme si elle pouvait paraître dans le monde ; ce que l'on sait, depuis Kant, impossible). La chose est, prétendument, en elle-même désirable. Or elle ne l'est plus si l'on connaît que dieu, l’universel (l'être), le sujet (ou la liberté), le réel (ou la structure autre, le Bord) sont incommensurablement plus réels que n'importe quelle chose (imaginée, rêvée, mélangée, attirante).

Donc nous voici coincé ; un créateur, un artiste ne produit pas une chose, mais une œuvre ; qui indique non pas elle-même mais d'une part le spectateur, le lecteur, et ce lecteur de plus supposé sur l’horizon réel du monde, du vécu ou du corps ou donc supposé par la perception de structure, c'est bien pour cela qu'elle est esthétique ou qu'elle est « pensée » ou posée là dans le monde, pour le dépasser en et par chacun.

Ce qui se réalise dans le cœur de chacun, c'est ce qui se réalise dans le cœur de chaque un. Chaque un en tant que séparé (par dieu, l’universel, le sujet ou le réel) mais re-lié plus loin, beaucoup plus loin (on en peut pas faire le tour de la ré-liaison, elle s'étend infiniment, au-delà, en plus, formellement, au contraire de toutes les choses données ou désirables). Tout désir croit qu'il va se réunir, s'unir à son objet, formant la Chose. C'est évidement totalement illusoire parce qu'impossible ; structurellement impossible.

Aussi est-il nécessaire de produire l’infrastructure, pour ainsi dire, structurelle (créant la « motivation » adéquate, à dieu, à l'universel, au sujet, au réel) mais également par ailleurs de comprendre que les causes de structure auront non seulement un mais des effets en quantité dans le monde (grec), le vécu (monothéisme) et le corps (christique). Cette adéquation emprunte le chemin de la significativité et non de la définissabilité ; mais de fait toute signifiance engendre une quantité astronomique de définitions possibles ; puisque tout l’ensemble est originellement structurel, cad antérieur, antérieur au sens de reprenant toute possibilité dans le monde jusqu'alors donné, tandis que l'on nous éveille en nous révélant qu'il est créé (dieu), pensé (universel), libre (le sujet) ou autre (réel). 

Ceci nous indique une logique absolument essentielle ; il n'est pas nécessaire de penser la totalité pour exister …

C'était sans doute l'idéal des grecs (encore que), mais si l'on attendait de connaître pour être libre par ex nous ne serions jamais libres (on peut se libérer de ceci ou cela par la connaissance mais on n'obtient de connaissance, quelle qu'elle soit, que parce qu'antérieurement déjà libre, c'est la différence entre Descartes et Spinoza-Leibniz par ex ; s'engageant dans la connaissance seule on s'égare en contradictions et impossibilités ; rien ne peut jamais débuter, or pourtant nous initialisons constamment et le monde invente continuellement, à son échelle). Or si ça ne passe pas nécessairement par la connaissance, pas forcément, c'est que ça se déroule partout et en tous les sens, toutes les directions possibles... y compris la connaissance. Esthétiques, éthiques, politiques, poétiques, récits (romans), idéels et philosophie et tout le reste ; tout le reste parce que l'introspection qu'initie le christique ; quelle est ma véritable intention et que veut-elle de dieu, et dieu que me/nous veut-il? Fondamentale interrogation judaïque. Que signifie l’universel ? Qu’est-ce que le sujet que Je suis ou que Je est ? Et ces questions commandent tout le reste ; le marxisme par ex est une version de l’universel, le moi libéral est une version du sujet, etc.

On saisit bien que la compréhension (au sens de structurel, cad de la position qui est enregistrée dans le champ de structure de la conscience dans l'exister ou l'existence) de ce qui existe structurellement (le sujet devient le moi, l'universel est soit le désir libéral, soit le besoin communiste) peut alors transparaître en toute augmentation, intensification, accélération ou concrétisation (de l'intentionnalisation ; les grecs par ex augmentent l'intentionnalisation commune en créant la philosophie ; plus de mots, plus de perceptions, qui autrement n’apparaîtraient pas ; de même en esthétique, plus de signes (une statue et toutes ses significations manifestes) et plus de mises en forme ; le christique multiplie quantité de signes et de signes potentiels, à venir, à partir du corps et du Corps du christ, cad de l'alpha et oméga du temps, Descartes insert le signe du Je et accélère, puisque l'on n'est plus dès lors un animal raisonnable (grec, aristotélicien), mais un sujet, dont la fortune sera immense ; le moi, et surtout depuis les années soixante, est le nouveau-sujet mais évidemment bien qu'il concrétise le dit sujet, manque cruellement d'assurance ; sa concrétisation tend à l'irréalité, et donc il fait-face soudainement au réel brut, existentiel « ça existe », « le réel est « là »).

or pourtant si la compréhension nous vient et même parfois un saisissement à propos d'une œuvre, une poésie, un mélodie, un signe séparé, il ne faut cependant pas rêver ; c'est toujours en et par une compréhension effective et très soutenue... Pourquoi croyez-vous que le christianisme (la suite du christique pur et brut, ce largage de vérité de structure balancé en une seule fois dans l'histoire humaine en transformant tout en historicité réelle et agissante), le christianisme donc pourquoi croyez-vous qu'il a immédiatement commencé de nous éduquer ? De reprendre, par ex, toute la philosophie grecque, et de se traduire du reste d'abord en langue grec ?

C'est seulement pour-nous, cad au 21éme ou au 20éme, que ces aptitudes semblent évidentes et « naturelles » (l'étaient-elles à ce point au 19éme, qui lutait encore pour la démocratie, la justice, ou plus exactement contre une injustice criante et une proximité de la hiérarchie injuste, qui ne manque pas de revenir actuellement, qui n'a jamais cessé ses assauts contre la structure révolutionnaire, ce qui veut dire sainte, justice signifiant « sainteté », justification, le juste est justifié-au yeux de dieu) ; pourquoi, croit-on, n'importe qui, n'importe quel être humain sur la planète n'admettrait-il pas la démocratie ou la liberté individuelle ?

Mais ça n'est absolument pas vrai ni réel … quantité d'êtres humains ne comprennent pas, parce qu'ils n'ont pas intégré cette démocratie ou cette individualité telle que nous l'entendons (ça ne veut pas dire qu'ils soient disqualifiés). Cela nous paraît donné d'avance parce que nous y sommes nés, en sommes nés ; les conditions même d'exercice formel (de la vie) nous sont acquis d'une part et partagées et agissantes dans nos relations réelles, parmi les autres ; concitoyens par ex ou encore dans les récits, dans la représentation de « soi » ; qu'il n'y ait en particulier pas de « facilité » ou immédiateté, mais que tout soit au travers d'images dans le miroir (d'une profusion de récits et de représentations, d’esthétiques et d'éthiques, etc, profusion en laquelle nous nous vivons) et d'images bifurquées de un ou deux ou plusieurs miroirs, de telle sorte que l'on saisisse bien comme c'est complexe et même retors, passant d'un point de vue à l'autre, à l'altérité (l'Autre) et cette divisibilité dans le roman lui-même, au sein du tableau, au cœur de la mélodie et de l'harmonie.

Et que dire de la sexualité … de la sexuation même ; il est extrêmement complexe pour un arc de conscience (qui n'est ni homme ni femme, et par ailleurs ni riche ni pauvre, ni esclave ni libre, St Paul, et qui a valeur ontologique absolue, cad formelle et s'étend bien au-delà de ces oppositions), extrêmement difficile de comprendre le « sexe », et d'un autre point de vue encore de comprendre ce que « désir » veut dire ; puisqu'en vérité il n'en est qu'un seul, celui pour dieu (ou le christ) mais on ne le sait pas et on ne sait pas l'inscrire dans le monde (bien que le christique soit venu à cette fin … mais seulement pour nous lancer sur la piste, sur le chemin, la vérité et la vie ; le reste, tout le reste du travail nous revenant, par la révolution par ex et évidemment le travail sur soi, l’attention soutenue et difficile sur « notre vraie intention », sachant que Dieu, le père, est pure Intention (envers les juifs et l'humanité et le monde, la création, et que le christ nous pousse à enquêter sur ce que nous désirons Vraiment, initiant tous les récits, complexes et retors, au sens logique, de logique réelle, existentielle, de miroir dans le miroir, du miroir qui cherche à 'se' voir, lui-même et celui d'autrui, de l'humanité et de dieu, et ce en orientant le miroir, que chacun existe, par des signes).

Bref.

Nous sommes de fait et structurellement complexes et difficiles et logico-existentiellement pliés, situés dans un Pli, et donc dans le Pli absolu, formel qu'est le Réel en tant qu'il est lui-même articulation (et non un « état donné là » bêtement) ; cette effarante et effrayante et invivable difficulté (surtout pour un être vivant, un corps n'est pas a priori destiné à recevoir cette Puissance, cette toute-puissance, ce pli qui l'auto-distingue, ce qui est aberrant et c'est pour cela que l'on retourne toujours dans la définition, dans la définissabilité ; ce qui structurellement veut dire dans l’imaginaire ; on imagine la « chose » complète, ou le moi parfaitement lui-même, ou sa propre vie ou la vie des autres ou leur être ou l'image publicitaire ou le cinéma comme parfaitement « là » ; mais rien n'est « là », il n'existe que le mouvement.

Cad dieu, l’universel, le sujet et le réel. Ce sont les structures du pli.

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