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instants philosophie

Philosophie, entendement et volonté

26 Juin 2011, 11:44am

Publié par zwardoz

Il n’y aurait pas de vérité ; la vérité serait hors de notre acquisition. La difficulté étant, dans cette histoire, que l’on ne sait pas très bien ce que par « vérité » il faut comprendre.

D’une manière générale, on a voulu tenir pour seul repère « ce que l’on dit », de telle sorte que l’on puisse se fier à cette parole et qu’en s’y référant, on puisse en toute compréhension s’orienter ou transformer les choses, le vécu ou le monde, de manière certaine, assurée. Ce qui est énoncé, est entièrement transparent et nous permet de bien saisir ce que l’on fait, les conséquences de ces actes, mais aussi de bien discerner les tenants et aboutissants de toute décision, et donc généralement de formuler une intention tout à fait correctement.

Autrement dit, il n’y aurait pas de finalité ; puisque tout serait a priori décelable, décelé, sorti de la réalité et décrypté. Les finalités seraient déjà connues et déjà appliquées. Ce qui peut sembler un idéal. Il suffirait de se réjouir en somme. On consommerait la vérité et la réalité de la même déglutition. Les oppositions et les antagonistes et les obstacles se réduiraient à mesure ; ils existeraient à peine.

Tant que cela demeure un idéal, ça fonctionne. Mais si cela se réalise effectivement, on ne voit pas bien ce qui en ressortirait, quel sorte de monde.

Est-ce que l’on serait heureux ? Peut-être à considérer que notre être désire la contemplation ou cette action régulée, déjà, qui confine à son propre déroulement.

Il n’est pas certain du tout que notre être désire la paix. Du reste qu’il se serve de l’idéal de vérité atteinte afin de conquérir devrait nous mettre la puce à l’oreille. Il serait alors « volonté » ; en quoi Nietzsche n’est pas délirant.

On aurait ainsi le choix, très cartésiennement, au fond, entre une vérité qui régule la volonté et la volonté pure qui joue de la vérité (n’importe laquelle).

Il se peut aussi que la volonté soit l’objet du savoir ; que la savoir soit l’enroulement de la volonté telle qu’elle non pas se veut elle-même, mais telle qu’elle produit, crée, invente, devient.

En fait il parait quand même déraisonnable de séparer volonté et vérité ; la volonté de toute manière pour même se vouloir elle-même (par jeu, jeu métaphysique ou super esthétique, etc), devrait pour juger de son avance ou de son retard, d’une grille d’interprétation et on ne voit pas comment de tels critères puissent s’élaborer en dehors de tout principe (le beau ou le magnifiquement expressif ou la réussite ou le pouvoir forment eux-mêmes des gilles discutables).

Mais par contre il est indéniable que la volonté ne peut pas seulement dans le savoir ou la « vérité » atteinte se satisfaire et encore moins se résoudre ; la volonté dépasse de toute manière n’importe quel entendement.

Serai-ce sagesse que de s’astreindre à limiter la volonté par l’entendement ? Peut-être mais à condition que l’on retrouve dans la vérité toute ou suffisamment de la réalité, ou alors accepter au nom de la vérité atteinte, close, de manquer tout le reste. Y a-t-il un reste ?

C’est donc là qu’est le problème ; la volonté voit bien, peut-être à tors, que du reste, il y a.

On peut admettre qu’elle s’illusionne ; ce serait un trouble majeur que de se perdre dans des désirs , des intentions, des décisions qui seraient illusoires, inventées, puisque ce qui est réel, c’est ce qui entre dans la vérité. Qu’il suffirait d’étendre la vérité pour qu’elle recouvre les réalités (illusoires sinon) et rejoigne la volonté (dans ses intuitions fulgurantes, peut-être vraies, peut-être fausses, le savoir, retenu, seul nous l’intégrerait).

Le fait est que les volontés ne parviennent pas, mais pas dut tout à admettre la vérité, close, comme seule réalité suffisante à leur être.

Or cependant, il faut aussi et avant tout reconnaitre que la majorité des volontés ont intégré la vérité, le savoir, l’universel, l’objectivité, le droit ou la culture, comme partie intégrante de leur existence. Il n’est pas très acceptable de considérer l’universel ou le droit comme des détériorations de l’ampleur de la volonté ; elle est fondée en l’universel, en la morale ou voir l’éthique, par la culture et en conséquence par la propagation et le partage.

La volonté qui se veut seule indépendamment de tout le reste est une absurdité. Elle prend sa forme, parfaitement une, pour tout ce qu’elle peut. Ce qui est tout à fait spontané et naturel et en un sens logique, mais sans effet.

Or on sait depuis Sartre que la volonté sans effet, la liberté sans monde n’existe pas même, ne parvient pas à exister ; le libre n’est que de dépasser un donné. Et Sartre ajoute ; elle n’est que dans le dépassement (elle n’a pas de réserve « intérieure », mais elle préserve par contre la pure unité formelle en tant que telle ; sinon on ne voit pas bien de où elle sortirait ses ambitions).

Cela ne comporte pas que la volonté, adhérente, se satisfasse de l’universle tel que déjà réalisé, mais plutôt qu’elle souhaite étendre l’universel, alors même qu’elle n’y voit goutte et ne perçoit pas du tout comment et par où l’universel puisse s’agrandir, ni même peut-être désespère de garantir le peu d’universel qui soit historiquement réalisé. L’universel étant constamment envahi par les volontés noyées d’immédiatetés, finalisées dans un quelconque monde humain particulier, mais aussi absorbé par des connaissances qui étouffent, objectivement ou religieusement ou moralement, l’universel lui-même.

C’est qu’il est deux versions de l’universel ; celle dans laquelle la volonté se reconnait et celle par laquelle elle se soumet. Et c’est d’autant plus dangereux et parfois indiscernable en ce que puisque c’est l’universel qui lui intime l’ordre, de se soumettre, elle n’y peut pas grand-chose opposer.

En ceci on voit donc qu’elle sera obligée de s’attacher à l’universel et le remodeler… de l’intérieur ; autrement dit, on ne peut pas faire l’impasse d’une intellection, d’une compréhension de l’universel et le reprendre de là où il est, (légitime en soi, illégitime pour une volonté bien née).

Par ailleurs, si la volonté excède l’entendement, la connaissance, la volonté philosophique ou esthétique ou politique ou éthique en eurent immédiatement la conscience. De révolte en recommencements. Lors même que pas un seul ne veuille réellement annuler la vérité, et alors même que dans la négation de la vérité et de l’universel, plus d’un s’égarèrent.

Du nietzschéisme au marxiste et toute idéologie qui nie le démocratique, ou toute attitude non seulement excessive, et il existe de nombreux avatars de la volonté qui peut se couler dans n’importe quel mouvement, désir, mystique, illusoire, mais aussi dans toute vérité partielle ; cad de ces vérités qui ignorent l’ampleur de la volonté et se satisfont de telle théorie, telle connaissance particulière, quand bien même seraient-elles universelles au sens d’objectives, ou de légales ou de morales ou culturellement élevées. En réalité il n’est que la philosophie qui non-identifie « ce que c’est que l’être » ; toute proposition philosophique qui semble si affirmative voir dogmatique, à tout le moins « énonce », et toute énonciation peut être remise en question de ce que simplement elle se justifie et peut donc être contredite, faisant appel à en tout point de vue, au moins conséquent.

Une philosophie qui s’imposerait dans la réalité, dans le vécu, cesserait d’exister en esprit … Et tout serait annulé de ce fait. Si la philosophie s’est imposée, (elle notablement, elle le fit), c’est de convaincre et du dedans de chaque volonté.

Aussi est-il aberrant de nier à l’universel son efficience ; c’est essentiellement ne pas s’apercevoir que toute autre option que la volonté ( que l’on engage contre l’entendement, vitalisme ou socio économisme, etc) est un simulacre de celle-ci, un avatar, une fixité. Et surtout ne pas comprendre ou ne pas admettre que l’entendement, le savoir, l’universel ne sont pas à se représenter comme « corpus clos et totalité inerte », (pas plus que l’universel n’est l’objectivité scientifique) mais sous l’égide du Un. L’universel se représentent comme réflexion de la volonté sur elle-même ; comme courbure.  L’universel est, non pas le concept, mais le statut de la volonté quant à sa technique d’être.

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L'inconscient et l'intentionnalité

22 Juin 2011, 23:59pm

Publié par zwardoz

Si notre être est l’intentionnalité, c’est la même chose que de dire qu’il est une série de réponses, dont il ignore les questions.

Il est apparemment de la nature de l’intentionnalité d’être essentiellement limitée ; l’intentionnel n’est pas le conscient. Du reste le conscient existe-t-il ? Existe-t-il tel qu’on le croit ? Une sorte de connaissance, ou même l’idéal de connaissance ; on se sait, soi, puisque l’on existe « soi ».

Mais le conscient est une reconstruction, par un observateur ou dans la définition de soi par soi. Dans la réalité, il n’existe que le passage des intentions les unes dans les autres ; et encore, puisqu’intentionnel, nous passons d’une intention vers une autre et visant, de plus, un objet. On est bien, donc, dans la présentation d’un conscient tourné vers le monde, extérieur, qui s’écrit comme une connaissance, mais qui se vit comme un passage d’une intention discontinuée, en une autre, qui se tiennent, elles-mêmes, d’objets extérieurs. En sorte que nous dépendons étroitement de tels objets…

Il est évident que de telle ou telle interrogations du monde, nous y reconnaissons les réponses ; mais ça n’est pas là que le problématique s’est installé. C’est dans la conception de soi ; on ne sait trop quoi répondre si l’on tente de se définir ; puisque l’on existe dans l’activité intentionnelle, qui contient elle-même toute définition de quoi que ce soit, et que cette activité ne se reporte pas sur un plan quelconque, pour qui tous les plans sont quelconques et inactifs, en comparaison de son bruyant activisme.

Si tout donné se posait comme conscient, effectivement exprimé à peu près clairement, on ne se dessouderait pas en deux parties ; les questions ignorées d’un côté et les réponses, ignorantes des questions, qui essaient de combler le questionnement, qui cherchent dans le monde, ou s’évitent dans le monde. Alors en somme notre conscient est immergé dans une galaxie d’interrogations, dont il est le strict système solaire limité ; et il tourne en rond.

Les questions sont donc posées dans l’in-conscient ; mais comme celui-ci n’est pas en lui-même un discours autonome, (il ne formule pas dans le conscient des réponses aux questions, ce qu’il formule dans le conscient ce sont des symptômes, la continuation des questions ou leurs évitements déniés, etc), alors le conscient est le repérage des questions déportées, et l’on peut ainsi avancer, oui, que le conscient est l’uni-bande limitée, et que notre être, notre être « total » l’embarque, ce conscient.

Or il n’est pas notre être, le conscient : notre être est l’intentionnel. Cela même qui pousse extérieurement aux objets, mais qui par ailleurs et pourtant aux objets ne s’arrête pas ; il leur survit.

Nous ne sommes donc pas l’in-conscient, mais pas plus le conscient, et notre être s’il est l’intentionnel, est le flux non pas, jamais, intégral (c’est une motion du conscient tel qu’il l’imagine être), mais intègre, au sens où il cible des objets, mais qui vise, au-delà des objets, à échapper à toutes forces à tout ce donné, ce pesant tas de trucs.

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Le sujet de philosophie, pur, et l'objet, étriqué, du moi-même

15 Juin 2011, 14:36pm

Publié par zwardoz

Il est, en somme, non pas deux positions de l’intentionnel, qui seraient immédiat ou réfléchi, mais subdivisions jusqu’à se perdre plusieurs fois. Comme l’intentionnel ne peut pas être interrogé en lui-même, (il existe peu, voir inexiste), on prend souvent ses objets, ses finalités, ses modes d’être dans un monde, comme étant son essence, sa seule représentation, son représentant sur terre.

Si l’intentionnalité s’épuisait ou s’affaissait dans un objet, il ne renaitrait pas si aisément à propos de tout objet, par toute stratégie, en tout miroir. On se demande quelle est l’identité d’un moi qui varie constamment, mais l’intentionnalité existe, elle, dans la renaissance continuelle ; quand bien même malgré toutes espèces d’interruptions, voir de cataclysmes.

Il est à peu près clair que l’on ne sait pas quoi en faire ; comment jouer de l’intentionnalité. Les morales bâtardes en sont pleines de ruses partielles et assujetties. Il est probable qu’une grande partie de notre énergie consiste à échapper à la structure d’intentionnalité pure ; à l’inscrire dans des finalités. Forcément réductrices, puisque l’intentionnel n’est pas de ce monde, ni d’aucun. Il est par ailleurs difficile de repérer que l’attention puisse être en elle-même l’objet d’une méthodologie. En réalité la seule méthodologie qui permette le plein emploi, autant qu’il est possible, de l’attention se nomme … philosophie.

Parce que, outre le traitement conceptuel de « ce qui est », il est chaque fois une mise en forme de « ce par quoi il faut agir » sur la pensée.

Et puisque la philosophie s’attache à cela-même qui permet de maitriser ce qui nous vient, elle essaime en toutes dimensions ; esthétiques ou éthiques ou connaissantes ou existentiellement vécues. Elle s’en prend à ce qui, en nous, se décide de soi ; se décide de soi. En un redoublement.

Aussi, alors même que le concept est en désordre, ou l’idéal ou l’idéel désenchante, l’universel en pagaille, peu importe, puisque le propre de la philosophie n’est pas exclusivement de penser, mais plus en amont de contrôler ou plus exactement d’orienter ou même de seulement réorienter l’intentionnalité, l’intention d’y être. De réorienter cela même qui nous donne l’accès à ceci ou cela. Il ne convient donc pas de laisser être-là, inerte, ce que nous sommes.

Or cela ne signifie pas un contrôle ardu, pesant et tout extérieur, mais une grande latitude. C’est que le contrôle ardu est requis lorsque l’objet est précis, précisément là, alors qu’en ceci l’objet de la volonté étant « tout ce qui vient par où cela nous arrive », cet objet global et incertain, il en est une volonté bien dégagée et aléatoire.

La mise en œuvre de l’intentionnel par lui-même se crée ses occasions propres ; les esthétiques, les éthiques, les contemplations ou les aventures du monde. Pour toute énorme entreprise il est exigé en somme une volonté de la volonté ; soit ; une motivation. Et puisque l’intentionnel n’est rien du tout, s’appliquant à lui-même, il renvoie ipso facto à « tout contenu » (cad tout donné, tout vécu, toute sorte de mondes). La volonté de la volonté est le perfectionnement de notre être qui, inexistant, passe, sans plus de mémoire, de tel contenu finalisant ou voir obsédant, monomaniaque, à l’ampleur qui lui sied. Parce qu’ainsi non seulement il laisse instamment remonter tout contenu possible, latent ou virtuel, et forcément réel, mais de plus il parvient à se rendre, quasi objectivement, ce qui sinon demeure dans la prédisposition aux objets délimités ; puisque dans le vécu on ne se fascine que des objets de l’attention et non pas de l’attention intentionnelle elle-même.

Pour le moi-même habituel, ce qui se veut en tant que vouloir, parait n’être que le vide ou la belle âme ou l’inaction ou l’image de soi incompréhensible, un narcissisme ou une vanité. La réalité est que la double volonté explose et expose les contenus dans leur quantité et indépendamment de leur qualité ; non un vide, mais un plein. L’exposition du remplissage : du remplissage de tout ce que l’on est (remplissage qui prélude à tout objet et qui passe à la trappe, puisque fasciné de tel objet), le déballage de tous les états de choses. Suractivité et non pas inertie.

Et ce sont donc les systèmes de représentations qui seront privilégiés ; le but de l’intention de volonté n’étant pas tel ou tel objet, mais la représentation de ses possibilités ; il se signifiera dans ces systèmes ultra rapides et notifiant tout mouvement de l’âme en épuisement du monde, de tous les mondes.

En comparaison de quoi, le moi-même ne se tenant que de quelques finalités, voir d’une seule, laisse dans l’inertie, l’inactivité, ce dont il se sert pour désirer ; l’intentionnel ne lui est que moyen, et se plonge de ce fait dans l’obscurité du non dicible, ne s’expose pas du tout et il lui semble seulement qu’ici et là un objet, famélique, le représente.  

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La Parole et la séparation généralisée

13 Juin 2011, 19:38pm

Publié par zwardoz

La Parole est l’idéal, ancien, qui instituait le langage et partagé par tous parlait le monde (autant qu’il l’organisait). L’ensemble entrait dans la transmission du groupe vers chacun et inversement ; les échanges ou tout geste ou tout signe s’engrenaient dans une unification exprimée constante, fondée en sa vérité dans les immédiatetés, les apparitions expérimentées du donné. Donné, vécu et monde s’existaient dans l’ensemble des différences parlées.

La pensée s’impose comme rupture ayant de par soi une unité qui rompt le monde et la vérité, la perception et l’expression mais donc s’installe en toute unité de « soi » et nous demande comme vérité de parler, certes, mais en notre nom propre. Séparé.

Le défaut de parole (partagée) renvoie d’une part à l’énonciation hachée et d’autre part au corps. L’individualité, séparée (de tout, puisque n’ayant plus la parole pour se soutenir dans le monde, ni pour achever le monde en tout instant), est refondue dans l’immédiateté ; mais il n’en est aucune ; sinon le destin de son corps, sa sexualité, son identité d’existant en tant que vivant.

Ça constitue tout son horizon en tant qu’immédiat ; ce en quoi il se réfugie, au sens où la séparation est telle qu’elle l’expulse dans l’abstrait si il ne se lie pas au donné vivant. Autrement dit, en tant que sujet il est perdu (pour tout : puisque le sujet n’appartient à rien, ni à personne, pas même à « soi »). En tant que moi il s’identifie au seul vivant qui soit à sa disposition ; vivant non seulement d’être un « corps », parce que le corps contient en lui-même son propre projet, bio-physique-chimique, (ce que l’on voudra), censé ne pas devoir s’interroger lui-même, ni se séparer ; et finalités qui confinent enfin au relationnel par le générique ; la poursuite de la vie par le vivant (en quoi l’individualité s’efface dans plus grand que soi, à condition de n’être que biologique, ou cette variante qu’est la psychologie ; du point de vue du sujet la psychologie est pareillement déterminée).

L’énonciation hachée consiste essentiellement en ce que lorsque l’on nous interroge, lorsque l’on pose une question, lorsque donc on communique, c’est en personne que l’on répond. C’est ce qui est demandé ; on est appelé par son nom. Le moi apparait comme l’interface obligée qui est quasi intégralement la réponse que les autres demandent, ou pire attendent (leur identité est appelée, ou non, ou plus ou moins, par votre manifestation).

Que l’on soit nommé par son nom, n’est qu’une part de l’investissement ; la seule magie, la seule synthèse immédiate à notre disposition est de formuler le corps, son identité et de lui soutirer le vivant en lui.

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Zemmour ... (de ce qu'il a toujours raison ...)

5 Juin 2011, 11:41am

Publié par zwardoz

Zemmour est toujours assuré d’avoir raison. Pourquoi ?

Non qu’il soit d’une intelligence si confondante, ou qu’il détienne la vérité définitive sur quoi que ce soit, mais parce qu’il se place constamment dans la perspective d’un hégélianisme global. Autrement dit dans la perspective d’une raison d’État laïque républicain .... et bien français ; et en partie avec pertinence. L’État français est presque l’incarnation sur terre de la pensée philosophique hégélienne.

Le prix à payer est immédiatement corrélatif ; un État est toujours celui d’un peuple particulier (que Zemmour considère comme plus que particulier ; comme étant l’Etat nait de l’esprit d’un peuple spécifique, élu si l’on veut, inspiré le cas échéant). Aussi croit-il dur comme fer que l’État, français, vient non seulement de la forme étatique parvenue à son essence, presque à son aboutissement historique,(du moins pour le moment), mais aussi de tout l’esprit qui lui donne naissance, qui l’impose dans l’histoire d’un peuple du fait de sa chrétienté, de son 18émisme, euh pardon de son 19émisme (puisque Zemmour privilégie Bonaparte plutôt que le siècle libertin et que l'éclairement des lumières lui sied bien peu), de son patriarcat ou on ne sait quoi encore qu'il puise allégrement dans son propre passé (ça lui fait chaud au coeur).

Aussi sous la forme de l’État universel des droits et devoirs, de la constitution, embarque-t-il un passéisme assez déraisonnable ; sa vieille France est celle qu’il légitime en tout de ce qu’elle incarnerait l’universel (en cela il est tout à fait raisonnable au sens fort, et donc ne peut être contredit, dans son idée en tout cas), mais ce faisant, il ne s’en aperçoit pas, mais il traine toutes casseroles possibles qui furent et sont encore les nôtres. Lesquelles casseroles cette fois, n’ont rien à faire avec l’universalité à proprement parler.

On peut donc dire que Zemmour n’est qu’à demi philosophe ou alors qu’il n’a pas bien compris de quoi, philosophiquement, il est question lorsque de l’État on prononce l’essence. Que l’État vienne à s’incarner dans un peuple, via son esprit, ne comporte pas que cet État soit indissociable de cet esprit ; puisqu’il est, quand même, de l’essence de l’universel d’imposer son indépendance bien réelle, bien structurelle ; l’universel en un État dépasse déjà son incarnation.
Il peut même, si il veut, enchâsser cet hégélianisme dans un biologisme de la plus belle espèce (les femmes, les gènes, et tout ça ; une soupe anthropologique).

Par exemple ; on peut tout à fait exiger d’un État qu’il subordonne sa lettre aux droits nouveaux pourvu que ces droits relèvent non pas de l’Etat mais de ce qui existe encore bien en-dessous de sa racine, ou bien au-delà de son possible propre ; qui relèvent ces droits, de la démocratie, qui, elle, est véritablement l’essence même de l’État, qui est, elle, profondément politique ; au sens où Politique définit l’État en tant que relatif à l’universel et non pas uniquement à l’esprit d’un peuple, quel qu’il soit. L'indépendance du droit vis-à-vis de l'esprit d'un peuple (particulier) est une difficulté essentielle ; il se réfère à une législation pesante, fondée "naturellement" (la famille, le libéralisme 19émiste, la patrie, etc). Et non pas en prise avec les difficultés du libre individuel.

L’enfermement dans l’esprit du peuple caractérise à la fois la validité, mais aussi la profonde fausseté ou plus exactement l’erreur de Zemmour. La confusion s’établissant de ce qu’il ne distingue pas la politique politicienne de la politique en son essence (ce qui aboutit au réalisme « zemmourien » ; la disjonction complète de la morale et du politique ; attitude qui est incomplète, inachevée, incompréhensible, absurde), puisqu’il ne distingue pas l’universel réalisé de l’universel en son essence philosophique et non pas idéologique ; par quoi se limite avec cohérence Zemmour : de philosophe du paf, il redevient idéologue, bien qu'il lutte contre, comme un forcené, ou , ce qui revient au même, revendique ce statut de "réactionaire" en le claironnant.

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Du libre pur (et pas simple du tout)

2 Juin 2011, 14:24pm

Publié par zwardoz

Il n’est pas de regard extérieur suffisamment intègre pour passer la barre de l’horizon vécu, donné, mondain. Toute objectivité est seconde et tout autant le parler-soi qui n’est jamais qu’un commentaire de seconde main sur l’être premier. Autrement dit, rien ne rend compte de ce qui se vit tel quel ; non au sens où ce qui se vit serait privé de quoi que ce soit, mais au sens où seul ce qui se vit est intégralement tout ce qu’il peut et tout ce qui peut être.

De sorte que le donné, le vécu, le mondain ne sont pas telle une boite noire ; cachée aux yeux ; le vécu est le sol même inabordable autrement que via l’immédiateté intégrale qu’il est. Ce sont les objectivités qui sont secondes ; parler-soi cela se donne comme transmissible au autres, mais la transmission même est effet dans, à l’intérieur du vécu et non pas un regard externe qui dirait le vrai sur (ce que l’on est). Ce que l’on est toujours repoussé sur, vers, dans le plan vécu, et est à soi seul « ce qui se passe », sans aucune externalité qui en rende compte tel qu’il est.  Ce que l’on est, n’existant pas par manque, est donc à soi-même structuré (et on ne peut l’affliger seulement d’un inconscient, d’un corps, d’un langage, de causalités sociologiques, etc) ; en sorte que cette structure se fonde sur la réflexion généralisante qu’est son activité propre. Le plan existant est le plus complet, le plus intégral et comporte toutes les réflexions que l’on voudra, de même que les simplicités incompressibles d’existence.

La difficulté, pour tout un chacun, est (entre autre) la coïncidence de ce que l’on dit de soi et de ce que l’on est (dont on est la « pensée sauvage », au sens radical plus que nietzschéenne et plus que lévi-straussienne, la pensée cartésienne qui englobe perception, imaginations, sentiment, douleur ou plaisir, et s’institue reflet constant de « ce qui arrive » dans un monde) ; non seulement dans le transmissible (qui fait office de filtre, imposant), mais de ce que l’on « se » dit, en aparté et parfois sans grande conscience, mais qui pourtant est bel et bien exprimé. Or tous ces discours sont seconds ; ils n’atteignent notre être-exactement-là ; ce sont des commentaires sur l’action, et notre être est activité intègre. Etant indépendante, même de ce qu’elle dit de soi, (elle ne s’atteint qu’ne seconde main), elle est indépendante tout court.

On dira ; de n’être pas conscient de ceci ou cela, ça ne libère pas. Mais c’est une fausse perspective ; c’est que l’on part alors de ceci ou cela que l’on connait rétrospectivement comme contraignant ; or d’être esclave n’empêche pas Spartacus de se révolter. Ou si l’on préfère ; d’être alchimiste, n’empêche pas Newton de pousser la physique. En ce sens que la libération sait toujours jouer au travers des contraintes. Où se situait la flèche de l’intention libératrice, inventive, réfléchie ?

Que la réflexion ne soit pas limitée au rationnel, revient à cela-même. Si la raison ou le sujet communément connu, ou la transmission qui me dit, à ou en l’autre, ou la pensée de soi exprimée plus ou moins, sont tous seconds, alors le vécu, donné et mondain, (dans, ajoutons nous, sa structure même), est le plus vrai, et le plus réel ; il acquiert son plan réel qui n’est pas dérivé et dont tout s’active. Il est la réserve interne de « ce qui est », et par lui « ce qui arrive, arrive » ; quand bien même nous donnons nous de décider ceci ou cela, et malgré que tout discours second vient dénicher des causalités, toutes regroupées extérieurement (ce qui n’anéantit pas la validité des connaissances, mais les replace, ce qui est tout différent), tout ce qui apparait (à nos yeux conscients) est issu de la réserve intentionnelle, de la virtualité et de la latence qu’est l’être intégral.

En cela, le sujet, le réel, n’est pas conscient, mais il n’est pas non plus inconscient ; qui sont des découpages externes, seconds. On y rejoint par là le bergsonisme ; sauf que ça n’a pas grand-chose à voir avec un spiritualisme ; c’est intégralement une structure.

Ni conscient, ni inconscient, ni causalités, ni regard externe complet : celui-là même en lequel naturellement nous nous enfermons psychologiquement ou relationnellement ; la vérité étant que « nous n’appartenons pas », à rien, ni personne, pas même à nous-même, puisque nous existons sur l’unique plan qui est unique point de vue ; nous appartenons à ce point de vue indécrottable qui n’est saisi de rien, non parce qu’il saisit tout, mais parce qu’il saisit possiblement tout, y compris le virtuel (ce qui en se réalise pas, ne se réalisera jamais, etc) et le latent (que celui-ci soit indéfiniment repoussé ou constamment récréé ou à jamais imaginaire).

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Philip K Dick et l'empathie

1 Juin 2011, 16:22pm

Publié par zwardoz

Je ne savais trop quoi faire de cette empathie qui, pour Ph. k. Dick, paraissait synthétiser positivement tout l'effondrement négatif des réalités ; emplies d'un esprit mauvais, de méchanceté et de cruauté, ou d'indifférence désespérante ; l'empathie ressemblait trop à de la bonne morale, moralisation américaine, et une espèce de foi qui s'aveugle elle-même, une naïveté bien facile.
En réalité l'empathie n'est pas identique à l'amour, chrétien, de tous pour tous les autres. Elle se révèle plus précisément comme la compréhension des autres points de vue, du point de vue des autres ; soit donc non pas seulement un attachement émotionnel, un sentimentalisme vague, mais la compréhension très active intellectuellement, la recomposition interne de ce qui arrive dans le monde pour ou par l'autre ; on comprend bien que cet écartèlement est un pari toujours difficile ; qui consiste à lire les signes (seuls témoignages de ce que l'autre veut, éprouve, expressions de son "monde") et que le romancier dépasse illégitimement (mais il ne peut et ne doit pas l'entreprendre autrement) en une sorte d'intuition magique ou spirituelle ou surnaturelle que le héros ressent envers l'autre. Lorsque la révélation du récit n’est pas elle-même ce saut hors de soi dans l’Autre monde.
Dick use de plus d'une voie pour reconstruire le point de vue de l'autre, il contourne les empêchements naturels ou antagonistes ou de divergence de classes sociales ou d'espèces terrestre ou non terrestre, ou plus fondamentalement les divergences d'esprit envers tout autre esprit, chacun son "monde" (et invasion d'un esprit sur un autre). Il ne recourt pas uniquement à l'agapè, souvent évoquée, loin de là ; l'enjeu serait même peut-être de remodeler l'agapè qui figurerait une simplification d'un processus bien plus complexe, pluriel.
Tout ceci parce que très souvent les œuvres semblent décousues, et malgré tout on ne peut s'empêcher d'y prévoir une unité inapparente, une présence invisible, un lien interne qui parvient à nous fasciner intérieurement.

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