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instants philosophie

L’histoire et la Porte du réel

31 Mars 2018, 09:56am

Publié par pascal doyelle

En supplément à Zemmour - Le suicide français

Zemmour est caractérisé comme réactionnaire, à juste titre et il le revendique. On suivra Badiou qui annonce que l’on peut se fier aux réactionnaires qui pointent très exactement le mouvement, le devenir, le possible ; le possible perçu du point de vue d’avant. D’avant la catastrophe que constitue, pour le réactionnaire, le réel.

L’hypothèse de Zemmour (il existe un esprit du temps, de l’histoire, et surtout d’un peuple ou d’une nation, ou d’un homme, son Bonaparte, qui crée la réalité humaine) l’incline à comprendre que l’ordre ancien (qu’il fixe sur De Gaulle et le PC d’après-guerre dans l’équilibre état-social, Etat-providence, mais qui remonte à Colbert-Louis XIV, etc) cet ordre ancien a été déchiqueté par une montée de divisions ; Mai 68 et l’individualisme qu’il caractérise comme hédoniste, égoïste, et donc d’une perte conséquente du collectif (soit le peuple, soit la nation), l’Europe et l’abandon de souveraineté, et plus largement le jeu des empires, et dessous encore, le capitalisme mondialisé, le libéralisme qui par la mondialisation retrouve la sauvagerie de celui du 19éme, que les Etats, les nations, les peuples essayaient tant bien que mal de maitriser. Zemmour interprète cet effondrement du collectif (nation et peuple) en identifiant individualisme et mondialisme ;  lâcheté des élites, délaissant les peuples, et détérioration des personnes (notamment des rôles, comme homme et femme, et plus généralement de la facilité des plaisirs, amollissement des volontés) allant de pair.

Ce faisant donc il mêle par une sorte de logique de synthèse (qu’il est toujours difficile de contrôler lorsque l’on théorise) les femmes, les Lgbt, les immigrés, les « jeunes » (devenus vieux évidemment), bref tout ce que sur les plateaux télé ou radio on lui reproche, sans jamais aborder le débat de fond ; que l’ultralibéralisme est effet fondamental et effet-cause fondamentale de tout cela, société séparée dans la société humaine générale, médiacratie et médiocratie, oligarchie et concentration et vol de la puissance par quelques-uns, envers et contre les gens, le peuple et contre la nation, l’esprit d’un peuple. Il croit que l’esprit du temps a rendu possible l’ultralibéralisme, mais il est presque clair que ce serait plutôt l’inverse ou plus exactement encore une troisième cause ; à savoir que l’universalisme précédent fut dépassé très sensément par la personnalisation adéquate mais une personnalisation inadéquate ; gaspilleuse et aveugle, qui plutôt que de nous libérer, et nous ayant effectivement délivré de quantité de nécessités, très désagréables, nous a dans la réalité enfonçés dans l’immédiateté … dont elle aurait du nous tirer…

Les femmes ou les immigrés ne sont pas vilipendées ; ils sont seulement pris, comme tout le monde, comme les égoïstes ou les ultralibéraux, dans les effets ou en tant qu’effets-de (le patronat fait appel aux immigrés pour réduire les coûts et faire reculer les revendications des ouvriers nationaux ; Zemmour est totalement marxiste, le PC ne disait un temps pas autre chose, sauf que pour Z  le prolétariat est comme une version rabougrie d’un être, d’un esprit plus profond, à l’inverse de Marx, à savoir le peuple français, les gens eux-mêmes) ; pris, tous, dans le déploiement sans précédent de puissances du monde, de causes réelles et sérieuses, et d’un empire libéral-mondialiste, qui se développe sans raison, sans prévision, sans ordre, sinon qu’il s’incarne dans des effets et que ces effets n’admettent plus la loi de l’universel, la loi de l’Etat, celle de l’humanisme (et commence de naitre des antihumanismes, des non humanismes). Il existait un ordre de prévoyance, la nation, lauqelle fut débordée dans tous les sens par toutes les parties de la réalité, sans que cet éparpillement parvienne à un quelconque sens ou régulation, sinon un rêve fumeux d’universalisme abstrait, lequel n’est rien que le cache-misère de la fureur des pouvoirs (égotistes et des intérêts particuliers).

Et on ne lui donnera pas tort … sauf ceci que débutèrent les lancées de l’individualité libre, ce que signifie mai 68, les années soixante, et conséquemment le règne du libéralisme tout crin, le déploiement ininterrompu de l’individualisme comme de l’égoïsme autant que des revendications justes singulières. Ce que tente de dénouer Zemmour et qui ne peut l’être, c’est ce mélange absolu du corrosif individuel, alien au sang acidulé, et de son exigence pourtant universelle ; corrosif qui pour toute finalité dans l’existence consomme la réalité, la dévore, et universalité qui n’obtint pour synthèse que les giga-entreprises privées et rien d’autre, que chacun vient à nourrir de sa substance même ;  mélange impossible et horriblement dispendieux, un gaspillage effarant, celui qui soumet le monde à une exploitation de plus en plus approfondie et un rapport excessivement tordu avec soi-même comme moi (et non comme sujet). Le manque d’un sujet est fondamental ; le cadre général n’est pas parvenu à créer une vision du sujet même et ce manque c’est transformer en néant dissolvant de toute réalité parce qu’il est l’absence de toute structure réelle ; il n’est que le cadre, la porte historique qui tienne structurellement, mais décomposée par tous les effets incontrôlés, sortis du rayon de la maitrise, que pourtant cette puissance du cadre général du monde réclamait.  

Qu’il puisse exister une structure antérieure, la domination même, telle que la suppose le marxisme, est une possibilité intéressante … mais visiblement il n’est de passage au travers de cette domination que via le cadre (dit abstrait dans le marxisme) de l’Etat et du droit de chacun. Hors cela ça ne peut pas - ne peut pas se résoudre.

L’autre voie qui aurait du être empruntée, eut été de non seulement assurer l’humanisation, l’humanisme et l’universel, mais aussi d’affirmer effectivement l‘individualité et la personnalisation, et enfin et surtout de transformer, plus ou moins, les mois (les langage-corps) en sujets. C’est cette sorte de sujet, au fond, qu’attendait Nietzsche ; ou Heidegger dans son genre ou Sartre de par son Exigence morale, éthique, ontologique autrement dit ; seul Lacan échappe, et voulût un sujet très-étrange, comme aurait dit Rimbaud). Le  surhomme nietzschéen est un tel sujet, imaginé, dont on voit bien que la maitrise est assurée par une torsion ni plus ni moins qu’ontologique. C’est ce sujet, dégagé, que voulurent quelque part les années soixante dans leurs visions plus ou moins célébrées vécues.

La question du sujet réel est la plus fondamentale qui soit, exception faite de celle de la nature du réel, de la compréhension de ce que « présent » est (et pour cause le présent n’est pas, il existe).

Ce mouvement général, à savoir le dépassement de l’humanisme et de l’universel par le personnalisme et le singulier, aurait dû tout autant s’instancier universellement, et non pas choir dans le royaume exclusif du libre pur, qui ne signifie rien livré à lui-même (Rimbaud est singulier parce qu’il est individué et universel, et ceci est quasiment un mystère dont il faudra pourtant s’approcher, transmettre l’équation impossible). Sans l’universel, le collectif, le réel, s’installe invinciblement le glissement dans les immédiatetés, les petits intérêts, et les grands intérêts des pouvoirs au mépris de l’universalité elle-même, et cette universalité n’a aucune autre désignation que celle de l’égalité (et donc, dans l’ignorance, s’additionnent alors les inégalités comme déconstructions du monde réel humain au profit des petites réalités en fragmentation et en concentration objectivement de purs pouvoirs brutaux). Et cela signifie pour chacun, individuellement, que son vécu tombe « dedans » le monde, et qu’il n’y a plus de rappel ; on tombe, indéfiniment, sans recours ni secours et on s’environne de néant, sous la forme de dissolution, de dissolution de la détermination des corps, qui se fractionnent indéfiniment (puisque la structure du monde est le réel et non la réalité et que se confier à la réalité c’est se perdre de vue parce que perdre la vue).

Autrement dit : une porte était ouverte, celle du dualisme liberté-égalité (et plus loin fraternité comme acquisition des deux autres), mais comme on a négligé cette ouverture historique, et créée par l’historicité même, nous nous sommes vautrés. On a rétrogradé historiquement, humainement, individuellement.

Répétons ; un cadre général qui seul autorisait un développement relativement correct de l’histoire humaine. Il n’y a pas de doute que si, dans l’historicité, il fut inventé ce cadre-là de l’Etat humaniste et individuel mais universel, de l’Etat-providence, c’est parce que ceci était la Porte.

Remarquons ; la seule contradiction envers cet Etat-providence consiste en ceci ; que la réalité exige que les choses soient rentables. Et elles ne le sont pas dans le libéralisme si l’on s’en tient à l’Etat-providence, parce que l’on trouvera moins cher ailleurs ; parce que l’on pourra toujours exploiter plus durement tel ou tel peuple et que ce déséquilibre annule que l’Etat-providence soit rentable ; il est clair qu’alors les dés sont tous immédiatement pipés. C’est uniquement par le vol et la rapine, envers toujours d’autres exploités, que les Etats furent écartés de l’organisation du monde réel au seul avantage des injustes.  

Ce que contredit apparemment le développement extraordinaire (de tout, technologies ou relations humaines, échanges ou  images) mais ce déploiement s’est  effectué et fut rendu possible à partir du cadre historique, et utilisant ce cadre on a constamment voulu le figer, en rapport des intérêts momentanés en place et relatifs au monde ; alors que si le cadre existe activement l’historicité, c’est le monde qui est, qui tend continuellement à tourner à son seul rythme de pesanteurs, et d’intérêts et d’immédiatetés, cercle rond que l‘historicité ouvre de temps à autre, pour se refermer aussitôt de sa mâchoire par les considérables pouvoirs horribles et malsains. Le monde dévore sans cesse l’historicité, jusqu’à ce que l’historicité puisse créer un nouveau cadre.  Le cadre du 18éme fut si réel et vrai qu’il permit toute cette richesse, mais cette richesse s’est retournée contre la structure, en l’exploitant au maximum et aveuglément. Et les pouvoirs se tiennent du monde, donné, toujours prégnants, tandis que l’historicité et le cadre universel et libre et d’égalité est d’exister sur le Bord du monde et au Bout de chaque corps, jamais évidents du tout.  

Le reste ce sont soit des dérives appauvrissantes, soit des égarements et des replis, des rétrogradations. Le communisme était un appauvrissement. Le nazisme était un délire effroyablement rétrograde. Le libéralisme est une petitesse, qui assure seulement un empire (anglais ou US), un empire qui profite de l’acquis du cadre universel (dans sa version anglo-saxonne) mais qui ne cherche pas du tout à étendre, perfectionner, rendre réel toute la potentialité structurelle du cadre général universel réel. Pour le dire au clair, l’Etat français était, libéral et social, celui qui s’approchait le plus intimement du sens absolu, formel et réel de l’historicité. Kant qui guettait les nouvelles de la révolution ne s’y est pas trompé, Hegel qui se comparait à Napoléon non plus (les allemands ragèrent que les français réalisèrent effectivement l’histoire, et pas eux).

C’était la Porte.

Comme elle ne fut pas retenue par l’immense majorité du monde, des nations, des peuples, et bien voilà, l’histoire va se refermer de plus en plus et agonir. Mais pourtant la forme Etat et droit fut fondamentalement copiée partout et par tous, elle est la forme même de l’historicité. Immanquable mais hypocritement dissimulée, recouverte, défigurée.

C’est exactement comme un logiciel, sauf que c’est le logiciel du réel. Pas de telle ou telle réalité (il est des tas de réalités, à chaque fois déterminées et localisées) mais du réel même. De même que le christique était le système, le méta système qui autorisait l’ouverture du possible ; pourquoi le christianisme a-t-il pu reprendre et poursuivre le système grec ? Croyez-vous que ce fut un hasard ?

Le réel comme les réalités, obéit à un système, un mécanisme, une machinerie ; il y a les lois physiques ou chimiques, et quantité de mini-systèmes déterminés, et il y a les lois des sociétés, dont on peut décrire toutes les causalités, mais il existe également le méta de l’humain comme tel ou plus exactement de « cela » qui rend possible que l’humain soit. La remontée hors du monde vers le Bord du monde, vers ce qui structure les réalités ; le cheminement entrepris par la méditerranée, via dieu, la pensée, le sujet et l’altérité, et donc la révolution comme historicité.   

Ce méta, cette forme, ce système qui permet que l’humain soit, que ce monde humain tel qu’actuel existe. Il faut qu’il y ait un méta puisque sinon on tombe dans le défini et que le défini est indéfiniment défini et ne peut pas être source de loi, de droit, de logique, de réel. L’indéterminé par contre permet seul que la structure de chaque arc de conscience soit renvoyée à elle-même et que ce qui prévaut en chacun soit non pas son identité mais son regard.

C’est bien en cela que les esthétiques, les poétiques, les récits furent créés ; instancier le regard de et par chaque’un. De même la philosophie qui suppose que l’autre se convertisse et cesse d’être seulement un tel, un particulier, et qu’il devienne non pas seulement universel (au sens où il existerait un regard uniforme) mais individuel (au sens où le singulier est son propre regard vide, ce qui veut dire formel).  Qu’il y ait une pluralité d’esthétiques et de poétiques veut dire que la structure du réel est non pas seulement universelle mais singulière et se sépare, se partitionne, se divise, se scinde à partir de là, à partir du un existentiel ; existentiel au sens de l’exister pur et brut, de l’immanente actualité du réel.

Rappelons que la transcendance est ce en quoi est l’immanence ; tout ce qui est, est immanent, dans l’acte de transcendance du réel, du présent, dont on ne sait pas « où » il va.  

Remarque : c’est bien pour cela qu’il ne suffit pas d’être intelligent, il faut également et surtout savoir s’orienter, réfléchir, décider et cela veut dire : ne pas tenir à ce qui est, mais décider de ce qui Existe (mais n’est pas). Et le truc est évidemment que tout en décidant (ce qui parait une motion subjective) en vérité on décide du réel ; parce qu’il n’y a nulle part où aller sinon dans le réel. Celui qui se psychanalyse voit bien qu’il est le rapport et que le rapport lui est antérieur et n’est rien de déterminé, mais une manière de déterminer. Percevoir et vouloir à partir du Bord qui n’est nulle part dans le monde, le vécu ou le corps. Percevoir à partir du cadre formel inventé historiquement comme révolution et Etat (et constitutionnalité et droit, et citoyen et liberté-égalité, et récit, esthétiques, éthiques, idéels, etc).

Zemmour est profondément amoureux de cet esprit, et abomine ceux qui croient que cet esprit soit seulement une formule vide qui fonctionne comme universalisme ; alors qu’il s’agit d’un corps réel qui est une civilisation intégrale ; la France du 18éme est dans la position d’Athènes au VI ou Véme siècle. En s’abstrayant le cadre  structurel créé s’est affaissé et tombé dans le monde. Dont on ajoute qu’il aurait dû créer des sujets et non des mois (on a dit ailleurs que la mass et micro médiatisation devait accoucher d’une mass et micro médiation, de soi par soi, des autres et des regards, des images-idées aux idées-images, de la réflection à la réflexion ; c’est pour cela qu’il y eut une telle profusion d’images, de perceptions).

On peut admettre qu’il n’y eut pas de nœud grec-christique … mais alors qu’est-ce qu’il y eut à la place ? Pourquoi le christianisme, comme l’avait tenté également l’islam, a-t-il repris intégralement toute la pensée grecque ? Qu’est-ce que l’on va considérer d’importance en lieu et place de ce qu’effectivement il se réalisât ? Il n’y a pas une nature humaine, et donc une composition de çi et de ça, dans les données du monde ; il existe une structure , de conscience intentionnelle (quelle que soit l’humanisation en cours) et un réel (quel que soit le monde), et entre les deux des constructions. Mais sitôt passé le moment de construire telle ou telle synthèse à laquelle on croit, on s’aperçoit qu’elles sont créées et donc pas la vérité, par contre qu’il y ait une telle structure qui crée n’importe quelle construction, est la vérité, le réel ;  et c’est cette structure qui est passée dans la réalité (alors qu’elle se tient dans et du réel) et qui s’est nommée le un tout-autre et dieu, la pensée (et l’être), le sujet et la révolution, et l’altérité et l’exister ; le sujet posé « là » dans l’altérité totale du monde, l’altérité de cet univers, de cette historicité violente, de ces nécessités et égarements.

Sauf qu’en plus d’être un sujet dans l’altérité, il se trouve que le sujet lui-même est absolument Autre ; autre que lui-même ; autrement dit il n’y a pas de « sujet » au sens de substantiel, mais notons bien que le dit sujet est déjà très exactement insituable dans les vrais systèmes (de sorte que l’on a affaire à une caricature des systèmes et non aux systèmes eux-mêmes) ; Kant ne dit rien d’autre que le sujet passe dessous la barre et est supposé seulement (ce qui veut dire en clair qu’il est comme structure ou donc qu’il n’est pas mais Existe, nouménal dit-il).

La remontée du monde vers la forme, antérieure au monde, du moi au sujet, du donné à l’exister (ou dans les présuppositions imaginées que furent la Volonté nietzschéenne ou l’Etre de H) est aussi la mise en cadre de la révolution en Etat et en un Etat humaniste ; lequel se paramètre selon la liberté et l’égalité.

La liberté n’est nullement le cadre « formel » au sens d’abstrait qui autoriserait quiconque à « faire ce qu’il veut » ; mais ça n’est pas non plus que chacun soit astreint à une identité rationnelle ou étatique ; ce qui se définit comme être-libre c’est précisément ce qui est recherché et augmenté et accéléré par l’acculturation généralisée qui se déroule depuis 25 ou 30 siècles ; comment un individu, un corps humain, un corps-langage peut-il se réaliser lorsque d’une communauté (qui lui conférait une essence) il n’est plus question ? Comment se comporte un sujet livré dans le monde ?

Si il ne s’agit pas d’une abstraction formelle du n’importe quoi, il n’est pas non plus question d’une abstraction qui cacherait l’aliénation, puisque cette aliénation elle-même ne peut être accessible, et accédée, que via et respectant le cadre de l’être-libre de chacun ; sinon ce serait remplacer la liberté de chacun par la définition de son être (une religion, un étatisme, un communisme, un nazisme, etc, avec toutes les gradations imaginables). Si donc la Possibilité même de dénouer l’aliénation est maitrisable c’est à partir et par ce cadre universel du singulier : aucun autre.

Ce en quoi voulut s’engouffrer le social-libéralisme ; mais en oubliant l’universel, absolument constitutif. Cela se résume à « si chacun doit être libre que chacun se débrouille », ce qui n’est rien de plus que le concurrentiel (par quoi le plus gros mange tous les autres). Et par quoi la liberté se facilite la vie en supprimant l’égalité. Tandis que s’éloigne la fameuse fraternité. L’impossibilité de revenir vers les autres s’étant engagé dans la liberté brute équivaut à l’impossibilité pour ces libertés de (se) concevoir. On se contente de profiter du monde et on ne conçoit plus et on ne prévoit plus ; au-delà du cercle restreint de sa conscience, lorsqu’elle retombe au niveau de ses immédiatetés ; le Bord du monde et du vécu et du corps rentre-dans le donné et le monde et le vécu, et y étouffe et évidemment on ne s’y retrouve plus du tout ; c’est jusque dans les corps eux-mêmes, et non seulement dans la perception, c’est physiquement que nous nous effaçons dans une infra-intentionnalité, de petites tactiques qui n’ont aucun goût de réelle stratégie.

On a vu déjà que la perception pour un être humain est l’autre-surface du corps et non pas seulement une fonction dispersée de désirs ou d’objets.  

N-B. On considère donc ici mais peut-être est-ce une illusion qu’il y eut au moins une nation qui s’est créée comme nation ; à savoir unité des volontés libres et égales ; et que cette nation fut française. Sa spécificité confine à l’incompréhensible : qu’il s’y incarnât les lois de l’équation, résumée par liberté-égalité, équation impossible, mais de fait dynamique (ce en quoi consiste le réel, en tant qu’exister, présent et donc mouvement brut). Il ne s’agit pas d’un dynamisme selon le monde ou le vécu, à quoi suffirait bien la liberté toute seule.    

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Zemmour - Le suicide français

31 Mars 2018, 08:08am

Publié par pascal doyelle

Zemmour a raison. Pas sur ses « solutions ». A vrai dire, il n’en propose pas, et le reconnait et ne dit même pas qu'il faut revenir à  ; en fait, dans le livre même, il constate le basculement d’un monde (ancien) vers un autre monde, qui s’est prétendu nouveau et utopique mais qui en réalité a été et est de plus en plus bordélique et bordélique pour les plus pauvres, les plus dépourvus, les plus fragiles ; soit donc pour lui le « peuple français », mais il ne limite pas sa réflexion ; en son sens sa description vaut globalement. 


Prenons la précaution d’abord ; il n’y a aucun racisme ou xénophobie là dedans. Est français celui qui parle, pense, vit sa vie en tant que français tel que créé par son histoire, et même son historicité (parce que la France est un projet, projet issu de 1789 mais qui remonte plus loin et antérieurement à la Grande Révolution). Sans doute aucun glisse-t-il vers une quasi-essence de la nation (on préfèrera ici qu'il y ait une structure de l'idée de nation et de peuple), mais que l’on soit noir ou blanc, juif ou musulman, homo ou pas homo, tout le monde s’en fout à partir du moment où l’on se sait ou se vit, tout  simplement, français ; ce qu’il reproche aux « allogènes » (de quelque confession ou esprit ou idéologie que ce soit) c’est qu’ils ne soient pas ou plus ou qu’ils trahissent l’esprit français ; les libéraux mondialistes et capitalistes ou européistes sont des anti-français et ce sont en fait sa cible absolue, prioritaire et cause de tout le reste (y compris l’immigration ou l’émigration, des entreprises ou des personnes ou des capitaux, et cause de l’Europe technocratique, qui impose technocratiquement une idéologie en se prétendant « objective », l’ultralibéralisme ; tout ça est très logique. Et tout cela est parfaitement décrit dans « Le suicide français », très déplié et circonstancié à chaque fois, avec les limites de la description logique qu’il adopte ; à savoir que parfois les faits sont pliés en fonction des présupposés. 
Ce bouquin n’évoque que sur un/vingtième peut-être l’immigration mais expose par contre très clairement l’empire ultralibéral mondialisé et son poids, sa puissance, l’écrasement, et en décrit tous les relais, historiques, politiques, économiques, sociaux, culturels (en gros il y a un paquet de pages qui ne parlent pas du tout de l’immigration, ni des femmes, etc, lesquels permettent des illustrations entre autres exemples).  Zemmour étend à quantité de domaines cet empire de Pouvoirs brutaux et violents, mais c’est peut-être là qu’il se laisse emporter dans sa démonstration ; il est vrai que le statut des femmes a profité au capitalisme galopant, pareil pour l‘immigration, mais il n’empêche que l’on ne comprend pas trop si il veut annuler cette nouvelle image des femmes ; à mon avis non ; il ne reviendrait pas sur l’égalité des hommes et des femmes mais peut-être sur l’IVG, ce qui est inacceptable ; il refuserait le mariage homosexuel, ce qui est indéfendable et à vrai dire qui concerne si peu de personnes, dont les droits se doivent d'être affirmés. De même l’immigration, il ne jette pas du tout l’opprobre sur les « étrangers », mais montre que leurs conditions sont elles-mêmes effets de l’économie dépliée hors et contre l’Etat et la nation au sens précis (qui n’est pas une « identité » ou essence mais une construction historique et surtout structurelle, comme on verra). Il n’a rien contre les musulmans, pourvu qu’ils soient français, mais refusent que le islamistes fassent sécession et développent une identité au sein de la Nation des volontés libres et égales, permettant de stipuler par ex comme « femmes » ces individualités qui sont en vérité des sujets d’abord et ensuite seulement, éventuellement, des femmes (évidemment il affirme que l'islam est en lui-même non intégrable dans une démocratie ; il revient aux musulmans de lui prouver le contraire, ce qui pour beaucoup est déjà de fait, mais les activistes sont toujours plus influents que les majorités). 
On s’aperçoit par là qu’il juge de ces quarante années comme destruction d’un monde ordonné, au profit d’un monde désordonné, un non-monde, un affaissement pas seulement de la France mais de l’esprit général du monde ; un monde sans esprit du tout ; et donc livré aux intérêts les plus fragmentés et destructeurs ; tel qu’il juge les revendications des femmes ou des homosexuels, ce qui n’est pas recevable, mais aussi fragmenté par les pouvoirs, les libéraux et les puissances mondialisées de l’argent et là il n’a pas tort du tout, évidemment ; c’est le lien entre les progrès du vécu, incontestables, et les empires malsains des pouvoirs qui détruisent le peuple et les nations, qui n’est pas, au fond, très clair et par quoi il glisse dans une idéologie, ce qu’il ne cache pas (mais on serait bien en peine de définir le monde qu'il visualise).


Pour le mouvement d'ensemble (que l'on retrouve chez Gauchet ou Lasch) il faudrait revenir à l’esprit du christianisme ; si vous ne voyez pas que le christ est le nouvel homme, vous resterez enfermés dans le vieil homme, celui qui est esclave du monde, du corps, des intérêts méprisables et de la petitesse des vies écrasées, de l'immédiateté et pris tout aussi bien dans la mort qui déréalise tout et annule votre possibilité même de concevoir, de percevoir en rédusiant votre regard aux choses et non plus aux structures. 


Le non-monde qui a remplacé l’ordre historique du monde (incarné pour nous ne l’occurrence par la nation créée par la révolution) le non-monde est global, tandis que l’ancien monde historique était lui non pas mondial mais national ; on a espéré étendre au monde l’équilibre qui s’était inventé dans le cadre national (et la France de manière inaugural, en 1789, et planifiée, avec De gaulle) ; et ce rêve, cette utopie (qui nourrît jadis les hippies ou mai 68, les années soixante mais aussi les révolutions, russe et autres, qui s’inspirèrent explicitement de 1789) ce rêve utopique est décrypté par Zemmour comme étant en soi un masque, une hypocrisie et une perte morale, ou sinon une illusion d’idiot utile, idiot utile de la décomposition de tout, idiots utiles du remplacement des individus (à tout point de vue, pas seulement par les immigrés, des pseudo-images de soi qui transgressent pour transgresser, pour s'affirmer d'une affirmation vide qui vient les remordre eux-mêmes et déchiqueter), protégés autrefois par leur Etat et nation et la Grande Culture de cette structure, remplacement de chacun par des individus totalement dispersés et d’une fragilité radicale et mortifère ; livrés en sommes, ces individus, au monde des intérêts, des petitesses, des bassesses, des pauvretés en tous les sens du terme. Tous. 
Rappelons ; il y a une identité française et cette identité est non pas d’essence mais d’histoire ; l’histoire nous a fait et surtout l’histoire est notre fait ; c'est comme ça, inutile de lever les bras au ciel ;  tout le monde, n’importe qui, universalisme rigoureux oblige, peut devenir ou être français ; c’est bien en ceci que l’on a proclamé la Révolution et bien plus mondialement que les révolutions US (de libération vis-à-vis d’une autre nation) et anglaise (de limitation des pouvoirs mais sans l’affirmation de l’égalité ; il y a l’égalité pour les anglais mais égalité des libertés, et non pas égalité ET liberté ; la liberté n’est pas sous tension de l’égalité ou réciproquement). Révolution de liberté et d’égalité, du singulier individu (et non des groupes et des communautés et des ethnies et des lobbies) et de l’universalisme (les français croient que tout le monde est français … mais il n’y a qu’eux qui le croient, et le plus joli est qu’ils n’ont pas tort du tout parce que tous devraient se savoir français, c'est cela qu'il est difficile de comprendre). 
Il n’y a pas une liberté qui vous permet de faire ce que vous voulez ; il y a une liberté qui vous rend responsable vis-à-vis des autres comme de vous-même et tous les autres sont les mêmes, les mêmes libertés, et c’est ainsi que l’on peut communiquer, partager, élaborer ; si il n’y a que des libertés, lâchés dans la nature, elles s’ignorent, il n’y a plus qu’une collection d’intérêts, et la logique de mort et d'agression du monde immédiat ; si il y a des libertés qui se replient sur une identité et qui prétendent que cette ethnicité est leur essence et prévaut sur leur individualité (on est femme avant d’être sujet, , ce qui se tenait des sociétés habituelles, et non pas sujet et puis femme éventuellement) ces identités dévorent et annulent tout le travail, et l’universalité et le partage, et donc amoindrissent l’expression et la possibilité, on ne partage que sur un socle universel et libre commun aux individus, pas aux groupes, qu’ils soient ultralibéraux ou islamistes ; c’est en ceci que l’idée de nation n’est pas une identité, mais l’unité des volontés (qui garantit seule qu’il y ait des volontés réelles et universelles et non des volontés particulières et toutes en concurrence ; que les anglo-saxons ait adopté les libertés particulières et aient dressé un empire concurrentiel sans fin n’est pas un hasard ; il ne s’agit pas d’infliger que cela soit faux, c’est juste court … ça produit une historicité qui profite du cadre général de structure, mais ne prévoit absolument rien et ne planifie rien et donc ne parle pas et donc ne partage pas et impose, sa culture, son monde, son Hollywood, ses images, et non sa pensée ; impose ses divisions sans unité aucune).


D’un livre, personne n’est obligé de tout prendre ou rejeter, ni n’annule son esprit critique en reconnaissant qu’au moins il place très précisément les débats, les questionnements et personne n’est dans l’obligation de souscrire à n’importe quel glissement (idéologique ou théorique tout simplement, suivant les présuppositions, qui sont par ailleurs affichées nettement et sans hypocrisie aucune, contrairement à des tas d’autres intervenants qui s’avancent sous couvert de). 
Et là est le problème Zemmour ; on lui fait grief de tas de positons, tout à fait caricaturales (qu’il ne défend pas du tout comme telles), et par-dessous en réalité on lui en veut de montrer très exactement notre situation, son esprit, sa logique ; la logique de négation de ce monde en décomposition, en comparaison d’une situation jugée idéale auparavant ; à savoir pour simplifier l’alliance de De Gaulle et du PC dans le rétablissement de la France après-guerre. L’Etat providence, ce qui veut dire organisateur et créateur ; parce que c’est cela que ça signifie ; un Etat humaniste. Qui fut par la suite dépiauté et donc les individus livrés aux pouvoirs inférieurs, littéralement diaboliques, de l’éparpillement sans lumière du tout, qu’est devenu ce monde ; l’Europe qui prétend à l’unité est une décomposition effarante ; le commerce international n’est plus du tout entre nations mais abomine les Etats et donc les peuples. Les français montrent, en gros, qu'il n'existe pas de peuple sans nation et pas de nation sans État, et que le réel est une volonté commune (liant et déliant liberté et égalité), le reste, les identités sont du folklore ou des opinions privées, mais plus jamais de l'ordre de la vérité de structure, du cadre général révolutionnaire (toute révolution qui nie cette position tombe historiquement). 
L’étatisme gaullien et son libéralisme social très équilibré et sa volonté d’une sorte de capitalisme national. Rappelons : il n’y a pas de capitalisme individuel en France qui investit dans l’économie, comme aux USA, et donc l’Etat doit se substituer à ce manque et planifier, un minimum, l’économie ; ce que rompt, détruit, abat l’Europe ; sans l’Etat la finance, le capitalisme dépècent les peuples, partout, toujours ; les corses livrés à eux-mêmes seraient la proie des mafias d’Italie et les russes ou de quiconque, parce que l’Etat ne les défendrait plus et que les individus sont sans aucun recours sans l’Etat, sur le mode français, tel que pensé et projeté en 1789 et repris avec clarté par De Gaulle. Capitalisme national (que l’on a caricaturé toujours comme nationaliste, ce qu’il n’est pas ; nation fait référence à concours des volontés à l’unité ; volontés égales l’une à l’autre et distinctes qui s’organisent ensemble, et donc libres ET universelles ; quadrature du cercle mais les français furent possédés par ces principes, ils n’y pouvaient rien, et devaient subir cette prouesse historique  ; c’était plus grand qu’eux parce que c’est plus grand que tout … plus grand que n’importe quelle société, y compris française (qui réalise pauvrement la richesse de ces intuitions organisationnelles prodigieuses).
Pour ce qui est des immigrés, seraient-ils polonais ou arabes ou musulmans ou financiarisés et capitalistes, la question est ; respectent-ils ou non l’esprit ? C’est la seule et unique question. L’Europe respecte-t-elle la France ou pas ? C’est le seul problème. Techniquement pour ainsi dire il n’y en a pas d’autre. 
Autrement dit vouloir limiter Zemmour (outre ses excès théoriques et donc idéologiques, ou idéologiques et théoriques si l’on veut) c’est ne pas admettre qu’effectivement nous sommes passés d’un monde ordonné à un non-monde (et un monde ordonné sans doute étouffant ; « la France s’ennuie » titrait le figaro, et du jour au lendemain Mai 68, mais sur toute la planète cela tînt lieu de renouvellement). Ou si l’on préfère ; dans les années soixante, soixante-dix on croyait changer le monde, et c’est le monde qui nous a changé, et ça n’est pas jojo. Nous en sommes défigurés au moins en partie, sans visage et non-reconnaissables (Zemmour prétendrait "changés en totalité" ou dans notre identité même, non pas identité « française » au sens du beauf de Charlie, mais identité de la création, de l’invention historique qu’est la France, celle universaliste et libre, Etat et humanisme). 
Qu’il y ait plus de libertés pour chacun, et qu’il y ait des richesses, humaines, ajoutées au monde, c’est certain, mais ne sont-ils pas de simples effets secondaires (dont chacun profite et certains plus que d’autres, et certains beaucoup plus que tous les autres) d’un désordre totalement irrécupérable et qui finalement se résume à ceci ; au lieu de conserver un ordre universel et libre (qui s’incarnait dans la nation des volontés égales, mais de fait limité) on aboutit à un monde déchiré cent mille fois par tous les intérêts particuliers (identitaires et ultralibéraux, narcissiques et éperdus ou perdus tout court, fanatiques, etc) et ce sans aucun recours idéel et régulateur en quelque pensée ou vision que ce soit ; un aveuglement, dont le concurrentiel est fondamentalement l’opérateur. 
Sans doute le concurrentiel est-il de tous temps, mais on avait trouvé une torsion historique afin d’équilibrer autant que faire se peut ; la mondialisation ne fut rien d ‘autre que le retour d’un capitalisme, d’un colonialisme tous azimuts, y compris mental, le retour de celui, sauvage, du 19éme qui se déployait en interne dans chaque nation.

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Vu du réel

24 Mars 2018, 12:52pm

Publié par pascal doyelle

Des mondes particuliers, un par un, séparés, ayant inventé le langage et la représentation, la parole et les échanges, et globalement la mise en forme culturelle du monde, territorialisé, mythologisé.

Mises en forme culturelles qui seront outrepassées par la méditerranée, et son acculturation, sa ré-anthropologisation. La structure qui crée et élabore les contenus. 

Découverte que nous produisons les représentations, nécessité de penser cette capacité de création de contenus ; délimitation de cette capacité par dieu, la pensée, le sujet et enfin l’altérité.

Dieu et la pensée confluent dans le sujet, soit donc le christique (qui reprend intégralement toute la pensée grecque) ; puisqu’il n’existe plus de monde particulier, chacun se retrouve tel un corps (le christique) à la surface du monde (les grecs). Il n’est plus de mondes différents, et donc il n’est plus qu’un seul monde unique universel. Le corps n’appartient plus à une communauté mais est « à lui-même », ni homme ni femme, ni libre ni esclave, ni riche ni pauvre ; cela abat la totalité des catégories qui organisaient totalement l’ensemble de toutes les sociétés humaines ; il n’est plus que des individus à la surface du monde, soit donc des sujets sur l’étendue du donné (le tout commençant d’être décrit par Descartes, qui se continuera par Kant, Hegel, Husserl, Sartre et Lacan, entre mille autres versions et approfondissements, dont aucune ne doit, peut être exclus ou ignorée).

Les mondes particuliers créaient des synthèses du donné (et inventaient le langage, la représentation et ses symbolismes et la parole, etc) supposant (tout à fait logiquement en somme) qu’il y ait une unité de la représentation et du monde (on est maya parce que l’on nait maya, sinon on n’y comprend rien, et on n’y comprend rien dans son corps même, son regard, sa perception, etc),

Par contre on s’aperçoit autour de la méditerranée qu’il y a production de représentations ; et donc il faut prendre en compte et non plus seulement décrire ou représenter ou synthétiser le monde, la communauté, son symbolisme, il faut prendre en compte « cela » qui crée. Dieu, pensée ou sujet (christique d’abord cartésien ensuite) sont les manières de commencer de définir « cela » qui crée. Notons bien qu’il se peut que cela soit dieu ou encore la pensée, le logos, on ne sait pas. Par contre on est certain qu’il s’agisse de toute manière du sujet ; parce que le sujet existe ici et c’est cela que signifie et que signe Descartes ; ça n’est pas, pour nous ici bas, ailleurs que cela se produit d’abord, c’est ici qu’il existe une articulation.

C’est ce qu’opère Descartes ; non pas la fondation d’une vérité, d’un système, mais le retour sur cet-être disposé là sur la surface du monde et conséquemment il dé-couvre l’étendue : que tout-est-là, excepté l’articulation même qu’il réserve à dieu, mais à dieu en tant que notre-être est, potentiellement, sa trace ici-bas, ici même, ici et maintenant, trace du temps cartésien ; et que donc cette logique, cette articulation est ici-même observable ; et si elle existe-ici c’est précisément de l’analyser qui comptera. C’est donc la réflexivité qui non pas réfléchit sur un système, mais qui fait-retour, réfléchit, sur cet-être ici-même. Qui fait retour-sur et re-tour, nouveau tour, amplification soudaine du rayon de l’attention.

Kant augmentera le rayon de la réflexivité ; il détourera tout le donné sur-pris dans la structure transcendantale et Hegel dressera tout le panorama des deux phénoménologies ; phénoménologie de l’historicité de la négativité, de la conscience active, et phénoménologie du savoir (comment toutes les idées, les intentionnalisations nous viennent, à partir du point unique de l’esprit, lequel est littéralement vide sinon, sauf qu’il est empli de toutes ses possibilités actualisées au fur et à mesure).

Tout est ainsi retiré ; il ne reste rien, tout est dit des intentionnalisations qui eurent lieu ; reste donc à observer et analyser cette structure (le sujet cartésien, le sujet transcendantal, la négativité hégélienne) et insister sur sa volition tout à fait spécifique ; à savoir que ce ne sont pas les contenus qui créent les arcs de conscience, mais c’est l‘intentionnalité de cette structure qui engendre les idées, les images, les systèmes, les perceptions, etc.

Sauf qu’il reviendra à Sartre de séparer tout à fait et structurellement cette structure ; non tant de définir cette séparation que de montrer comme elle existe séparément (on verra pourquoi) ; l’intentionnalité n’est pas attachée à des contenus (ce qui finissait par tomber dans l’idéalité, l’idéalisme, ou présupposait l'idéalisme ou la finalité sensée, significative, en somme l'unité des réalités ou l'unification à venir) mais cette structure est attachée au corps, à l'individuel vivant ; à la structure de ce drôle de sujet dans le monde, parmi les autres, dans l'histoire, et du moi tel que disposée lui-même dans le donné-là et non pas relevant d'une intériorité ; que l’intentionnalité puisse intentionnaliser tout, potentiellement, partout, constamment et n’importe comment. Qu’elle ne soit pas du tout assignée à la raison, au beau, à la justice ou morale ; ce contre quoi bataillaient Nietzsche et Heidegger, qui voyaient bien l’excès du réel sur les régulations habituelles classiques, sur la réalité elle-même et que l'unité était ailleurs que dans le donné. Élévations classiques qui s’utilisaient pour augmenter (grecs) ou accélérer (christique) l’intentionnalité, la motiver, la mobiliser et que l’on puisse élaborer des systèmes intentionnalisateurs, ou un sujet christique organisé  ; seul ce qui est ordonné, organisé peut correspondre à notre intentionnalité, qui sinon d’éléments décousus ne sait rien faire, elle se perd ; le système, la systématique fut utilisée afin que l’intentionnalisation devienne notre capacité même.

Hors morale et hors raison et hors tout, et qu’elle soit instanciée en et comme corps ; pour les français rien ne remplace les corps, il n’y a pas de puissance ou de vérité en plus des corps, individuels, un par un ; c’est moi que je peins (Montaigne), je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple (Rousseau) ; je est un autre ; le vécu est insensément éprouvé, mais ne tombe pas dans le mystique ou la grandiloquence.

Et c’est bien ce qui distinguera qu’il n’y ait pas d’affects absolus pour Sartre ou Lacan (tel l’Etre heideggérien) ou de surpuissance (Nietzsche), en sorte que l’intentionnalisation, ce processus, ce procédé (inventé par un corps mais qui est reçu par ce corps comme une externalité et qui créera sur ce corps donné une autre-surface du corps, recevant les signes, non seulement le langage mais tout l’ensemble de la signifiance) en sorte que l‘intentionnalisation ne cherche jamais à remplacer sa forme par quelque contenu que ce soit (qui de toute façon serait faux ; de même que les idéalistes allemands s’acharnèrent à dénouer le sujet, vide, cartésien et crurent possible de substituer à la structure, au vif et en acte chez Descartes qui se désigne mais ne se nomme pas, une sorte de super-idée, qui permettrait de réintroduire dans le discours (un super-discours ; seul Hegel y parviendra, on a vu comment ; en ne supposant rien de l’esprit, seulement la reconduction de tout ce qu’il avait intentionnalisé, c’est bien pour cela que Hegel « invente » la phénoménologie : le rien de l’esprit est structurel, la totalité est l’externe plein à partir de cet interne vide), les idéalistes tentèrent de réintroduire la structure comme si elle était un mot ou une idée ; or elle n’est pas une idée (et on ne réalise pas le logos mais « cela » qui crée la pensée ou plus tard la raison).   

L’acceptation que la structure existe avant tout et que ce soit évidemment elle qui prédomine après tout, ne peut s’effectuer que si on parvient à définir ce que l’acte institue et comme il s’agit de l’acte même du réel, ce qu’il instancie. Et cet acte est d’une part l’arc de conscience (qui dispose de toute intentionnalisation, quelle que soit ses contenus, perceptions, idées, images, etc) et d’autre part le présent ; l’exister de tout ce qui est, est structurel, formel. Et cette forme accompagne toujours n’importe quelle part de la réalité, et de fait cette forme précède toutes les réalités ; aucune n’existe sans le présent, l’exister pur.

Ce qui revient à dire que certes on se représente, on use du langage, on est informé par des échanges, on est soutenu ou écrasé d’un vécu, d’un passé, d’un imaginaire, mais là au-devant existe le monde, la réalité et l’accès à la réalité est tendu par le point-de-réel qui vous divise, qui vous décentre. C’est pour cela que l’on n’est jamais « soi-même », l’identité est toujours une dynamique et non un  être, bien que le désir s’alimente toujours d’une complétude, qui n’existe pas, qui croit qu’elle est ou peut être, alors que notre « identité » étant structurelle est mouvement et possibilité, et donc pas une identité du tout ; toute la technologie, mentale, grecque, christique, sujet, altérité (y compris Nietzsche et Heidegger, bien que l’on voit comme ces deux là tendent à s’illusionner) consiste à organiser le mouvement, structurer la forme arc-de-conscience qui est un arc ouvert, une boucle sur la surface du réel, qui lui-même est une telle boucle ou vague gigantesque.

de la non relativité

C’est bien une vision restrictive du moi, installée à la suite du 18éme, que de croire que son être demeurera tel quel, intouchable, intouché, alors qu’il n’est qu’une formation concrète, certes et absolument essentielle, mais relative et relative non pas à un splittage (genre marxiste, structuraliste, scientiste, objectiviste, voire étatiste, cad vu de l’extérieur, observé d’un entomologiste) mais relative au sujet, à la structure décrite par Descartes (qui décrit seulement un être spécifique, pas un « être » donc, et en partie donc accélère son élaboration mais ne le crée pas, comme si cette structure (en dur) était une « idée » (malléable et idéologique ; c’est un Réel cette structure, pas une image molle). Et ce sujet est l’aboutissement de la réflexivité grecque et christique ; la fondation qui se retourne vers elle-même et se considère (afin de reconnaitre et connaitre « cela » qui crée des contenus, des dieux, du langage, de l’échange, puis dieu, et ensuite le monde et le corps) ; tout ce qui suivra analysera la structure en mouvement.

Non seulement Husserl, Sartre, Lacan, mais aussi Nietzsche et Heidegger (en sublimant et sans doute imaginairement) mais aussi les interprétations de science et de tentatives d’objectivité (langage, symbolique et anthropologie, bio et technologie etc) ; l’objectivité selon le monde et les choses est elle-même une pensée de l’altérité ; elle trempe notre être dans ses conditionnements et ses causalités.

Ce qu’il faut nier c’est seulement que ces descriptions de compositions, de déterminations de notre être (qui sont efficaces, c’est évident) ne peuvent pas emplir tout le champ ; le champ dans lequel sont les choses et les causes, la réalité donc, est plus grand, ontologiquement, et ce champ se nomme le réel et réclame un savoir valant en lui-même et autonome et autogéré ; pour la raison que ce savoir renvoie à l’appréciation et l’intégration en-conscience de chaque’un (et on n’y vient pas sans se modifier, modifier l’acte même qui préside à tout ; l’attention-à ; la conversion, qui consiste à ne plus considérer comme « naturel » ou authentique notre être et entrer dans l’élaboration intentionnelle).  

Ça n’est pas la pensée qui veut réduire la science (ce serait absurde) c’est la pensée qui insiste et affirme que le domaine du réel est plus grand que les réalités qu’il contient, puisqu’il n’est que des réalités et non pas une seule, et que la philosophie voulut un temps réunir toutes les réalités en une seule, ce fut toujours sous le regard du réel (l’être, dieu, le sujet, telle altérité, la Volonté par ex) elle fut en vérité constamment le savoir de la structure du réel et non de tel ou telle connaissance en particulier (une connaissance est toujours de son objet, particulier). Dire que ce dépliement de réflexivité est un échec ce serait comme d’affirmer que la révolution ou les droits de l’homme ne se réalisèrent pas ; c’est absurde et la révolution (liberté-égalité) est le fondement même ce qui humainement existe (la révolution ne solutionne pas tout, mais sans la révolution rien ne l’est). Pareillement la philosophie ; c’est uniquement en rétrogradant sur une attitude seconde (moraliste, scientiste, idéologique, intuitionnelle et déterminée, etc) que l’on croit détenir quelque chose du monde ; on ne vient pas du monde, on existe sur le Bord du monde (qui est également le Bout du corps, le Bout du Bord ou le Bord du Bout comme on veut).

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Le mouvement du réel

17 Mars 2018, 09:37am

Publié par pascal doyelle

La liberté, et dix secondes

On a découvert qu’il existait un laps de temps entre la décision et la conscience de la décision ; de deux à dix secondes, le corps a déjà « décidé » de bouger le bras ou de prendre un café ou de tomber amoureux ou de faire la révolution. De là on prétend annuler quelque volonté et liberté que ce soit. Ce qui est tout à fait absurde.

Outre la valse de facilité qui ne définit nullement ce que par volonté ou liberté ou décision on entend dans cette expérience, il est très clair que liberté, décision et volonté ne se situent absolument pas au niveau d’un détail qui effectivement, personne ne songerait à le nier, est induit de la situation, des habitudes, des réflexes physiques mais aussi psychologiques et psychiques, et de tas de causalités en pagaille et dans tous les sens ; c’est évident.

La question n’est pas de « choisir » entre deux situations contraintes (dont l’une s’imposera plus que l’autre, il est quand même très rare que deux réalités soient parfaitement égales) et ça n’est pas ce en quoi se place et se déplace la liberté mais dans l’invention  de ne pas, justement, se retrouver coincer entre deux situations pesantes.

D’en modifier les conditions. D’en modifier ou plus généralement d’en inventer de nouvelles. Modifier les conditions cela revient aussi à prévoir une société humaine qui ne soit pas assujettie aux nécessités, externes ou internes et qui ne soit pas à elle-même sa propre ennemie. Modifier lorsque l'on s'ennuie dans un monde donné, c'est réinventer les signes de ce monde humain ; on a eu dieu, les prophètes et le Texte (qui a remplacé la Parole des tribus et groupes restreints) et texte qui proliférera comme Œuvres, signées, une par une et découplant sans cesse le regard et le signe, le signe et le corps, le corps et tout ce qui est. Pour modifier les conditions on ne peut pas se déployer dans une autre situation ressemblante, mais installer cette situation dans l’horizon, général, de toutes les situations, lointaines ou proches ou plus ou moins équivalentes ou peut-être sans rapport mais qui varieront la réalité ; ce qui ne se peut que si décisivement on possède qu’il y ait « un horizon » général et dépourvu de qualification ; bref un réel, unique, autre, indéterminé. On ne peut pas seulement se référer à un demi horizon ; soit on sait le plan, la surface  unique donnée là, le réel, qu'un réel, autre, il y a , soit on est déterminé (lorsque la perception est filtrée par des mobilités mémorisées, génétiques ou comportementales).

Autrement dit la liberté ça part d’en haut, du global, du général, de l’horizon, du réel ou de la perception. Et réclame des stratégies et des stratégies non seulement dans le monde, mais de maniement de cette liberté par elle-même ; soit cycliquement comme les sociétés traditionelles, soit dans l'idée qu'effectivement nous produisons nous-mêmes les contenus, et donc les grecs (contenus qui ne viennent plus du divin ou du sacré) soit dans la perspective que d'une vie naissance-mort comprise nous devons nous choisir (et donc le christique). Et c’est bien pour cela que l’on instancie un absolu ou dieu ou la pensée ou le sujet ou le mana ou le manu, tout ce que l’on voudra, et pour cela que l’on institue que chacun soit libre ; ayant devant soi la possibilité même de sa vie (ce en quoi le christique tenait chacun en le projetant d’un point-autre, hors naissance et mort de cette vie, et en quoi la pensée grecque permettait à chacun d’être plus grand que lui-même, cad universel, et le monde donné plus étendu, selon l’être). Pour occuper, par un signe, un  lieu non donné, non contraint, et qui re-vient vers nous et permet de re-situer les situations de toute sorte, toute sorte de langage, de perceptions, de possibilités, etc. On peut très bien supposer comme horizon le déterminisme généralisé, mais ça reste une décision. Ce qui veut dire une idéologie.

Or donc : pour être libre il faut penser, ce qui tombe très bien parce que l’on pense toujours. Qu’il y ait un horizon qui permette tous les horizons seconds, que toute la pensée vienne en une fois lorsque l’on s’aperçoit que l’on ne reçoit pas, passivement, un contenu mais que l’on produit, activement et cette fois volontairement, des contenus (des idées, des systèmes, qui sont des machineries intentionnalisatrices qui augmentent les distinctions en pensée qui sont des différenciations dans les choses), et que tout vienne en une fois du sujet lorsque surgit le christique qui place intensément toutes les articulations qui auront lieu durant les 20 siècles suivant. Mais si on institue une définition de notre être qui ne relève pas de ces structures, formelles, et que l’on  nomme Volonté ou Etre ou Raison ou matière ou ce que l’on voudra déterminé dans le donné ou matériellement, ou encore que l’on confie la forme christique par ex à une église et une institution humaine (ou la révolution à un parti défini), l’acte, la décision, la possibilité qu’est la forme même est perdue et enfoncée al tête sous l'eau, dans le monde et la détermination ; c’est en ceci, qu’à l’inverse, l’humain est outrepassé par le christique ou par la révolution ou par la liberté ; la révolution c’est beaucoup, beaucoup plus grand que tout ce que l’on réalisera (ce que Kant comprend très bien, comme idées régulatrices, ce qui signifie « pas des idées du tout », de la structure comme fait brut), c'est insoutenable par l'historicité même, pareillement la vérité comme principe (grec) ou la liberté. 

L’hypothèse, admise universellement par l’historicité même, de la liberté n’est pas idéologique mais factuelle. En ceci qu’étant tout à fait vide et formelle la liberté n’engage à rien, sauf à maintenir et partager et propager la liberté. Ensuite on peut dire que la société abstraite des droits  soit un cache misère de la domination, mais on ne pourra remettre en cause la domination que dans et par un système qui, au moins, au minimum, propose, ne serait-ce que théoriquement, la liberté. Tout autre positon est inconséquente et juste une fétichisation de ceci ou cela (d‘aucun diront que l’horizon est la matière énergie, l’économie, le grand marabout, les chenilles bleues ; la liberté ne signifie rien et c’est pour cela qu’elle est originelle et indépassable, formelle et stricte et toujours présupposée par quelque hypothétique corpus que ce soit ; que la science extrapole abusivement telle mécanisme local à la totalité, ou que l’on tienne arbitrairement à telle idéologie ; que la liberté soit posée, intacte, puisqu’ontologique, veut dire que c’est seulement par ce biais de structure que tout changement est possible et que supprimer la liberté originelle et structurelle c’est s’enfermer dans de la définition (qui n’étant pas du tout assurée scientifiquement et objectivement est toujours immédiatement idéologique) ; et l'abandon de la structure de la liberté rend impossible que quelque réalisation humaine change ; c’est essentiellement appliquer aux autres et à soi, mais surtout aux autres, qu’il n’y ait que cette version-ci du monde. Qu’il n’existe pas d’autre monde humain, politique, idéologique. La liberté, formelle, impose un maillage relatif et invisible à chaque point, chaque arc de conscience et donc rend possible que l’horizon du réel pénètre le monde humain, qu’il cesse de se refermer sur une représentation (société ouverte ou fermée de Bergson par ex). L'horizon du réel ne passe dans nos mondes que par le biais de celui qui pense (ou crée), qui se libère (par le christique ou Descartes ou Marx ou Nietzsche ou Lacan), par celui qui perçoit (scientifique ou poétique ou esthétique, etc).  

Mais la liberté est aussi finalité ; au sens d’être à elle-même sa propre finalité ; en ceci que si elle se produit, se crée, se fabrique c’est un par un et un pour tous ; et finalité donc mais finalité tout à fait incontrôlable puisque c’est elle qui doit contrôler et contrôler par le haut, et non selon tel ou tel geste plus ou moins mécanique. Ce qui rend raison de ces technologies structurelles que sont les esthétiques, poétiques, éthiques, politiques ; qui ne visent pas à réaliser une pseudo « nature humaine » mais à expérimenter ; expérimenter et dans tous les sens, expérimenter la structure dans les œuvres ; sans les œuvres on ne sait pas ce qui est possible ; sans l’esthétique jusqu’aux révolutions on ignore le possible et sans le moi que l’on est on ignore jusqu’où cela avance en un corps. Les oeuvrs viennent d'en haut. ou d'en-avant, dans le présent virtuel qui se presse sur nos yeux, qui impose sa formalité qui n'est pas mais ex-siste. imprévisible le christique ou Platon, imprévisible la révolution (qui a dépassé de bien haut les français eux-mêmes qui perdaient la boule). 

L’incompréhension c’est de penser vouloir saisir sous la forme du monde, de la détermination, ce qui se crée formellement à la surface du réel et par la perception par le statut des coprs par ex ; la surface du réel parce que le réel est une surface et que sur celle-ci les boucles non fermées de chaque arc structurel travaillent et œuvrent ;  la perception augmentée par les grecs et la perception intensifiée par le christique (par dieu auparavant et ensuite rendu concret par le sujet, cartésien).

Toute définition de détermination est déjà prise dans l’hypothèse de fait. Si on observe objectivement on réduit aux données échangées. Si on observe structurellement on part du principe que de fait il est un écart, celui-là même qui permet de penser, d’imaginer, de visualiser, de percevoir, et que percevoir selon un horizon n’est pas percevoir dans le monde. La technologie employée est celle de l’intentionnalité ; on intentionnalise, on place et déplace un signe, lequel est un rapport, capable évidemment d’entretenir, de produire et d’inventer des rapports (ce qui est rapport est déjà de toute façon système de systèmes et le système des systèmes n’est pas un autre système mais le réel, cad l’arc de conscience posé là sur l’horizon du vrai monde, du monde réel, via le corps ; ça n’est pas un « système » c’est une articulation structurelle) ; la liberté nait donc de la perception au sens de significativité, qui est immédiatement selon le donné et le corps et instantanément selon la structure, ce qui veut dire pas immédiatement du tout, mais stratégiquement toujours supposé (imagé, imaginé, signifié, joué).

On entre donc toujours déjà dans la fabrication des signes (il n'y a rien de "naturel") ; on fabrique des signes de signes et ce sont des phrases ; on peut bien produire ici et là des méta-systèmes mais ils sont toujours internes au système existant, cad au système formel ex-sistant, à l’articulation effective à la surface du réel. C’est que ça ne plaisante pas ; c’est ce à quoi s’attachent Sartre et Lacan : Sartre selon l’externe de l’activité de conscience et Lacan selon l’interne de cet externe ; cad selon le corps, selon l’arc de conscience qui se produit et affecte le corps. Insistons : l'interne de Lacan est dans l'externe de Sartre et du monde donné là, du corps ; toutes les intériorités pourraient être intégrées dans cet interne et externe, sauf que l'intention par ex cartésienne, ne se situe pas au même niveau ; Descartes élabore une stratégie surabondante (qui sera celle précisément à partir de laquelle on pourra envisager les déterminations, les causalités qui pèsent sur notre liberté ; c'est pour cela que le sujet, Descartes ou kant, etc, est le sujet en retrait et Descartes ne propose pas un définition de notre être mais expose une structure réelle qui Voit, qui parle, pense, imagine, a un corps, etc ; il décrit un Réel et non pas propose une "idée").

(depuis Descartes qui a exposé aux grand vent du réel le sujet même, sur l’étendue bien effective du monde, dans le micmac difficile du corps/conscience, on élabore littéralement les possibilités qui seront dites intentionnalisatrices, avec Husserl certes mais d’abord avec Hegel, qui manifeste les tours et les détours du nouveau tour qu’imprime Descartes à la structure dite du sujet ; le sujet est une élaboration technique et vécue, éprouvée et supposée (en bref pensée et activiste à la fois) ; Kant marque le point de rupture en marquant, délimitant le territoire du sujet, le sujet étant ce territoire même ; Hegel ne s’y trompera pas puisqu’alors tout est ici, même nouménal, c’est ici ; il reste en somme de comprendre que le nouménal est le pli, le pli non pas « du » réel mais que le réel est le pli lui-même et que tout ex-siste, se déploie dedans-le-pli ; c’est bien parce que le pli est ici (et qu’il est formellement tout le réel) que l’on y a accès même si c’est extrême et extrémiste ; le réel, qu’il y ait un « réel » est un extrémisme ; il est impossible de croire que le réel soit une facilité ou un donné-là, étal, inerte, serait-il complexe ; il est plus que complexe ; il est distordu, cad autre pour-lui-même)

C’est votre corps qui est atteint par le devant, en-avant de lui-même ; lequel se crée sur l’horizon, pas tel ou tel horizon mais l’horizon unique du monde donné « là », non accessible, sinon il rentrerait dans le donné et ne se tiendrait pas au bout. La structure de fait est celle-ci : il ex-siste toujours un signe en plus, qui chapeaute tous les autres (en réalité il existe toujours des tas de signes en plus, toute énonciation produit un en-plus, sinon on ne dirait rien, on répéterait le même, ce qui n’aurait aucun sens du tout, rendrait toute parole, pensée, échange impossibles ; de se signifier comme moi-je est le signe en plus ; on ne sait pas si c’est Je qui parle de Jean-Pierre ou Jean-Pierre qui parle de lui-même : « je suis Jean-Pierre », mais qui est ce « je » ?).

On dira qu’alors ce sont les signes qui commandent ; mais aucun signe ne se ballade tout seul, et si celui-ci signifie c’est de montrer là-dans le monde une chose ou un être ou une donnée ... ou un autre signe, qui après tout est d'abord une chose comme les autres, matériellement ; on voit avant de lire ; c’est pour cela qu’en définitive de tout il revient à un inconscient de signifier sur ce corps même le Bout du bout de tout (pour ce corps là, pour cette cervelle là, pour ce singulier là). De quoi on en déduit que l’on est toujours au Bord du bout, même si l’on s’efforce de faire semblant que non. Là-devant le gouffre, qui est un gouffre décisionnel absolu ; le prochain présent décide toujours de tout le reste, de tout le passé, de toute la mémorisation ; la moindre variation de signe modifie l'ensemble des signes et donc des corps et des choses ; c’est la mémoire du kaléidoscope ; la réinterprétation dépend de ce que l’on va non pas penser mais intentionnaliser, ce qui requiert, mobilise quantité de tout ce que l’on vu, imaginé, pensé, décidé.

On ne décide pas nécessairement de tel ceci ou tel cela, mouvement, image, représentation, langage ; on ajoute-à, à tout donné là ; en vérité l’arc de conscience est une machine extrêmement soft (sinon elle ne tiendrait pas dans la réalité des choses et des corps déterminés lourdement) à créer des points de réel, et pour qui les signes sont des réels et sur lesquels s’incarne toute sa puissance, au sens d’énergie, littéralement ; et ce sont ces circuits, puis ces réseaux, cette architecture qu’il faut élaborer (les esthétiques créent des réseaux de lecture qui embraient des stratégies à profusion) ; ce qui fut fabriqué à partir de dieu, de la pensée, du sujet et de l’altérité ; de même tout moi est déjà œuvré, il est déjà en plus ; il est autre que les signes de son vécu, de ses parents, héritage, acculturation et d’autant plus lorsque chacun est amené à se vouloir lui-même et non plus seulement humanisé selon l’universalité mais personnalisé !

Un rond-point, en-plus de ce qui est, et qui risque constamment de modifier ou bouleverser toute la précédence et qui modifie, module, renouvelle et recrée ; de même que les grecs retournent le monde, et que le christique renouvelle toute vie ; en ce sens que le présent est potentiellement, et structurellement et ce également dans le monde même, plus grand et autre que l’acquis, le réalisé, la détermination, en quoi existe, en plus de la détermination, le présent. Si le réel est plus grand que lui-même, c’est bien là son sens et sa signification, son orientation, sa direction ; qu’il faut prendre au pied de la lettre ; ce qui doit venir est plus grand, bien plus grand que ce qui fut. Ce à quoi chacun est confronté. Par exemple le tomber-amoureux du moi (qui est SA plus grande expérience possible, ce qui veut dire en clair que pour le sujet, qui est autre dans le moi, il est bien d’autres expériences ouvertes, ceci soit dit en passant) le tomber-amoureux est le point-autre qui désigne l’il-limite ; dira-t-on que cela n’apporte rien ? Évidemment non. Ce point-autre manifeste et invinciblement puisque l’on n’y est plus rien de déterminé sinon vu de ce point-autre et que l’on a atteint alors de fait le Bord ou plus exactement le Bout du corps possible.

Qu’il n’y ait aucune trace possible mais que néanmoins l’expérience du tomber-amoureux (ou toute autre expérience de structure) soit formellement universellement partagée et connue et éprouvée, veut bien dire que quelles que soient les rasions, les causes, les attirances, les vécus, il est une condition formelle absolue et d’autre part que l’on puisse éventuellement trouver mille et une causes déclenchant l’attirance pour telle personne (et non telle autre), n’implique en aucune manière que toute cette causalité soit explicative ; puisque ce qui est perçu, soudainement, c’est non ce qui est donné tel que là en cette personne, mais ce que potentiellement on en espère, attend et atteint ; la perception soudainement décentrée n’est impliquée nulle part, c’est elle qui recentre et qui fait-voir ce que selon le moi que l’on était on ne pressentait même pas ; on ne sera plus le même, en ceci que le noyau structurel, la structure sera bougée, modifiée, déplacée ; le noyau ce par quoi on perçoit tout le reste. C'est ce qui arrive incompréhensiblement aux adolescents, partout, toujours, formellement.  

Dieu, pensée, sujet, altérité

Pareillement de se convertir ou de penser ou de réfléchir le point que l’on est, sur la surface de l’étendue cartésienne du monde, ou l’évidence que l’altérité est à l’origine de tout ce qui est et que l’altérité, plus grande encore, est la finalité de tout ce qui est

(ce qu’entendent fort bien Nietzsche et Heidegger, et ils forcent le trait de son inhumanité ou surhumanité, quitte à n’en pas savoir définir le moindre commencement ; il vaudrait mieux se concentrer sur le sur-divin, qui nous emplit à foison depuis des siècles, constamment :  la précision grecque, le décentrement radical du christique ou la suspension cartésienne ou de l’inouï rimbaldien ou le cadre structurel de la révolution, ou encore l’altérité profonde de tout je dans le moi de chacun, sa dépression ou ses tours et détours, ou les persistances d’autrui ; en comparaison l’Etre et la Volonté paraissent très idéalistes, voire imaginaires, sauf qu’évidemment Nietzsche et Heidegger dé-couvrent des articulations par leur excentricité même qui n’est nullement fantasmagorique ; d’une part la Volonté comme étant la volonté, mais Autre… et d’autre part le « ce dans quoi les choses existent », à savoir l’Etre qui pour H est une forme vide, et même obscurément le néant, dans lequel apparemment « se produit » quelque dieu ; resterait à interpréter correctement ces intuitions, guidées elles-mêmes par l’altérité brutale du réel).

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L’Autre regarde

10 Mars 2018, 09:09am

Publié par pascal doyelle

Résumé. On a découvert la structure, autour de la méditerranée il y a 30 siècles ; qui prit différents noms ; dieu, la pensée, le christique, puis le sujet et enfin l’altérité (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan et par ailleurs la révolution et le monde donné considéré en soi, scientifiquement). On a pu de la sorte sortir du désordre généralisé ; celui de tous ces mondes humains distincts et séparés, et réunir l’intentionnalité autour des deux faits majeurs ; le monde (par les grecs) et le corps (par le christique). Et ainsi réorganiser la nouvelle anthropologisation.

Elle consiste à élaborer des stratégies, des architectures intentionnelles, sans tomber dans les immédiatetés du monde, du donné, du vécu, et du corps. Tout a fonctionné, bon an mal an (puisque l’on parvient difficilement à inscrire les structures de liberté et d’intentionnalité dans ces corps investis et ces perceptions immédiates ; on croit aux contenus de conscience mais on ne maintient que très difficilement l’architecture non plus des contenus mais de la forme qu’est cette conscience-de).

On a pu aboutir néanmoins aux révolutions, dont la française qui allie la liberté ET l’égalité (dans le faire-sens d’une supposée fraternité).

Rappelons, vite fait, que la dynamique liberté-égalité est absorbée dans les mondes qui entendent seulement profiter de la liberté ((anglo-saxons ; ce qui est très louable mais court, à court terme pour ainsi dire et qui considèrent donc que la liberté est donnée, par la nature ou par dieu, selon la nature humaine toute fixée et non pas en recherche de son être ; lequel être , par Sartre et Lacan, se révèle non un être mais une structure, externe sartrienne et alambiquée et interne, au corps, par Lacan et dans les deux cas : vide, cad formelle ; coupler la liberté et l'égalité c'est penser stabiliser toute conscience dans une dimension et non tenir chacun seul et un).

Mais sans cesse, de manière ininterrompue, le monde et les intérêts et les nécessités du monde, des enjeux, des habitudes, des investissements, qui ne cessent jamais, se remontent constamment, de sorte que la structure dite révolutionnaire effectivement énoncée et acquise (qui trouvait par ailleurs un équilibre dynamique dans l’équation liberté-égalité, mais basculant dans le déséquilibre dans les démocraties qui privilégient la liberté sur l’égalité, et celles qui écrasent la liberté par l’égalité, au moins théorique, communiste en général), la dite structure vraiment et réellement réalisée, rendue réelle (qui ne fait rien d‘autre en un sens qu’actualiser la vision christique « ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni homme libre » de Saint Paul), cette structure s’incorpore dans le monde, en créant trois remplacements ; dieu est remplacé par la naturalité, la pensée par la raison et le sujet par le moi (ou l’humain ; rappelons que l’humanisation, à fondement universaliste et humaniste, se continue et se poursuit par la personnalisation ; ce qui eut lieu pleinement dans les fameuses années soixante ; le déploiement effréné du moi de chacun, ce dont il serait stupide de se plaindre, sauf que).

Le tout revient à remplir la forme par des contenus ; raison, naturalité et moi et société civile, industrieuse, technologique assurent une détermination, ce qui s’oppose absolument à la formalité de structure (que maintenaient dieu, la pensée, le sujet et que voulut la révolution, la politique comme structure révolutionnaire mais qui stagnât de fait dans un encadrement supposé naturaliste et en fin de compte naturalisé ; tout doit se réaliser, tout le monde sera heureux, quitte à finir dans sa caricature, mais en même temps réalisant effectivement un tel monde et un tel bonheur).

Dans ce remplacement généralisé, ce qui est gagné c’est l’installation de la structure dans le monde, le donné, le vécu, installation de la stratégie suréminente (de dieu, de la pensée et du christique-sujet)  vers cette stratégie intégrée. Sauf que cette substitution ne permet plus du tout de mener une telle dimension stratégique ; et si la structure tient malgré tout (le cadre des démocraties par ex), c’est tout juste, à peine et avec un effondrement diversifié ; parce que dans l’installation de la naturalité, de la raison et du moi remontent avec une force incontrôlable les intérêts (des groupes) et les intéressements (subjectifs) et donc les nécessités et les pressions invincibles du monde, du donné, du vécu. De sorte que si le déploiement de notre puissance est évidemment bien venue (nous conférant une vie mille fois plus réalisée), elle pèche toujours par le bas et nous emporte dans le sans-fond du donné là, dans la démultiplication sans mesure de la détermination, de la petitesse, de l’irrésolution, dans l’absence de projet réel et dans l’impossibilité de stratégie de structure collective évidemment, et individuelle, qui ,jette les mois dans l'incompréhension formelle terrifiante.

Le remplacement se valide essentiellement par une seule idée force ; le bonheur. Puisque l’on n’est plus hors du monde et hors du corps (comme nous le soumettait dieu, la pensée et le christique sujet), et donc  tout est-là. Et très logiquement si tout est là alors à nos désirs, décisions, volontés, projets correspondent « spontanément » des objets, des réalisations et réussites, et des jouissances par principe immanquables. Il est, pour nous, incompréhensible que notre conscience ne se rende pas réelle dans le monde (or elle n'est nullement destinée à se rendre dans le monde) ; le donné explique le donné et il n’y a rien de trop. Ce qui est de fait absurde ; de ceci que d’obtenir simplement la conscience-de (de n’importe quel ceci ou cela) signifie que nous sommes de toute façon autre-que. Comme on a abandonné les structures stratégiques, on ne sait plus du tout expliquer et donc enrôler et déployer de tactiques adéquates. C’est un malheur infini que de n’être pas heureux, mais quoi que l’on fasse on ne sera pas « heureux » et cela nous jette dans l’incompréhension la plus complète et l’impuissance intentionnelle ; le réel ne se prend pas par le monde, et la traduction de cette impuissance dans ces êtres-jetés que sont les dépressions, névroses et autres, qui se traduisent dans et par le corps, de même que les stratégies politiques sont incapables de proposer une autre régulation et végètent sur l’ancien encadrement ; l’historicité est littéralement figée depuis deux  siècles tandis que le contenu de l’encadrement, la société civile et l’égo-libéralisme se déploient démesurément.

Qu’il y ait une problématique extrêmement difficile pour chacun selon ce corps donné là, montre bien que l’arc (de conscience) est plus grand que le conscient et qu’il ne s’agit pas tant de ce qui n’est pas intégré dans le conscient (qui requerrait d’en passer par une psy, psychologie ou psychanalyse, excepté Lacan qui se situe par devers le devant) que de ce qui ne se « voit » pas sur le "corps" ; c’est non pas un énoncé qui serait inadéquat (comme dans l’ordre de vérité universelle traditionnelle qui est encore celle de tout le monde en fait et sur lequel se fondait encore Freud) mais d’un mouvement qui ne se génère que de sa propre vision mais en tant qu’il ne se voit pas …  puisque pendant que l’on voit on ne se voit pas ; il n’est donc pas de positionnement possible, sinon d’être vu (sans se voir en train de voir) ; de même que dans le tomber-amoureux on y est vu et si ce regard nous quitte, nous annule, on ne se voit plus, on n’est plus vu, du tout (et c’est le drame, mais même réussissant ça ne sera pas un regard-autre, juste un autre-regard) ; c’est précisément ce Point, au dehors, qui entraine ou absente mais qui alors absente … tout.

Et ceci est le point de bascule : de tout. De toute intentionnalité. Que l’on est-perçu mais de personne ou de rien ou du formel ou du structurel, qui n’a aucune réalité dans le monde ; et c’est pour cela qu’il existe un arc intentionnel dans l’arc du présent et pour cela qu’il existe un présent.  Le réel est en boucle indéfinie et c'est le retour qui est un re-tour, un nouveau tour. 

L’autre-regard n’est nullement une sorte d’égocentrisme ; c’est tout l’inverse (qu’il y ait des éléments ou mouvements égocentriques évidemment comme en tout, puisqu’il faut bien ‘se’ positionner) ; ça n’est pas une disposition subjective, ni une disposition objective (puisque hors du conscient) mais hyper objective, qui vient, qui nous vient de la position inatteignable du dehors, de l’acte de perception réalisé hors-de-soi, à l’extrémité de soi ; sur le Bord et le Bout qui perçoit (et qui peut prendre toute sorte d’acte, divin ou libre ou structurel ou idéel ou politique ou esthétique, autrement dit de « ce par quoi tout commence  et vient vers nous ») ;

au sens où la structure de conscience n’est pas le subjectif (d’une objectivité à venir), mais au sens où la structure est cela même qui supporte et l’objectivité et la subjectivité ; en ce sens donc qu’elle est hyper objective. Et étant hyper elle n’est ni dans le champ conscient, ni dans le monde mais au Bord ou au Bout ; au Bout de notre réalité même, de notre vécu et de notre corps perçu de là-bas, l’autre du tomber-amoureux (la grande expérience de tout moi) est au Bout ; et c’est bien en ceci que l’on s’aperçoit que le réel est au-dehors et que l’arc de conscience c’est qu’il existe. C’est sa structure même de percevoir d’en-dehors ; dieu, la pensée, le christique, le sujet, l’altérité, le corps (et le tomber-amoureux) sont là-dehors. Et qu’il ne peut en être autrement qu’hyper objectivement ; si il était le corps même il n’y aurait pas de conscience du tout, et si il était conscient il reviendrait au monde et serait intégré en ce monde.

Autrement dit il faut qu’il existe un rapport qui soit inaccessible ; inaccessible pour le monde et inaccessible pour lui-même ; si il était accédé par lui-même ce serait sous la composition et la détermination ; la détermination « en esprit » est aussi déterminée que toute autre, sauf si elle sup-pose un Point Autre (l'être, dieu, le sujet, la Volonté, la structure, l'Ics). La possibilité qui échappe à toute détermination ne vient pas nier la détermination (ce serait absurde), c’est celle qui vient en plus, en plus des systèmes et des causalités, et c’est bien en cela qu’elle en crée, de la détermination et des systèmes ; en crée des quantités astronomiques ; puisque l’on est alors dans le signe et que les signes circulent infiniment plus vite et plus nombreux que toute autre détermination (des choses, du corps) ; le signe c’est ce en quoi la détermination étant contenue dans un rapport (qui le fabrique) est renvoyée d’un rapport à l’autre ; elle passe dans le méta systématique de la structure ; il s’agit d’une sur-détermination ; les mathématiques, les esthétiques, les éthiques et les politiques sont des méta-déterminations ; mais qui ne tiennent pas toutes seules ; qui permettent à chaque arc de s’élever, ce qui veut dire pour nous (élévation puis sublimation sont d’anciennes formulations), ce qui veut dire augmenter et accélérer l’arc de conscience.

L'augmentation de l'extensivité grecque (qui crée quantité de nouvelles distinctions, en Idées, qui deviennent ou sont des différenciations dans les choses) et accélération de l'intensité christique (qui intensifie infiniment l'acte de conscience de soi par soi via cet élément hyper objectif et suréminent, le christique qui crée votre regard, votre âme, en re-tournant votre corps, et vous permet de vous introduire dans votre propre intentionnalité, ce que l'on a pris à tort pour une "intention morale" ; ça n'a rien à voir originellement, mais secondement seulement).

C’est aussi ce que subissent tous les mois. Tous les mois sont assujettis à l’augmentation et l’accélération et non seulement selon les esthétiques et les éthiques, ou le mysticisme ou la religiosité ou la métaphysique, mais c’est devenu en et par un corps ; unique. Les années soixante sont une accélération et augmentation du corps ayant au préalable déjà un moi, et élabore un hyper-moi, pour ainsi dire et son glissement équivalent dans le fantasmatique, l'irréalité. Soit donc la capacité du corps à supporter cette émergence qui ne se règle que par elle-même, que par sa propre structure ; ce qui est rapport à soi comme rapport. Et les mois tentent désespérément de transcrire l’augmentation et l’accélération dans la seule voie qu’ils connaissent selon le monde, le vécu et le corps ; et cela ne peut pas fonctionner. Sauf de métaboliser le structurel selon sa strictement propre dimension il est impossible que les vécus et les corps supportent, admettent, et encore moins régulent la structure. Laquelle est pourtant originelle ; existant avant les mois, le corps et le ou les mondes.

Ou donc ; ne sont que des choses et des êtres qui sont déterminés et sont cela qu’ils sont. Sauf un être (au moins et autant que l’on puisse l’expérimenter, on ne voit pas au-delà de cet horizon ci) qui est le rapport qu’il est, et donc qui, en tant que rapport, n’est pas : il existe. Sur la base de ce rapport tout s’inverse (mais c’est seulement une expression figurée). Ça n’est plus le déterminé qui détermine mais l’indéterminé qui cependant n’est pas, n’est pas une « détermination » et qui étant pur rapport et vide, formule sans cesse une reconduction de la réalité qui se nomme signes, langage, images, mathématiques, idées, etc et signes sur le corps. Comme il n’est que rapport il est activité pure et parce qu’il est formel (une structure et non une essence ou un contenu ou une identité) il absorbe n’importe quelle source, data, perception, mémorisation, intégralement perméable et qui ne peut pas perdre sa forme dans tel ou tel contenu ; son activité est un activisme ; et qui doit s’élaborer en tant que stratégie.

Etant rapport il formule un point-autre, au-dehors et à partir de ce rapport se représente, tout ceci et tout cela ; toute représentation est prise dans le mouvement d’intentionnalisation ; de là qu’il manifeste toujours des élévations, des absolus, puisqu’il doit gouverner son intentionnalité, signes qui font retour et dans ce retour il instaure, instancie le réel, la position du réel, celle qui le coupe de l’irréalité, de la masse rêveuse de la cervelle (qui ignore que réel il y a, « là », en-dehors et autre) et qui le coupe de la réalité, du donné, du corps, des autres, en fait qui le coupe de tout, et inscrit la coupure, la séparation dans sa chair, ce par quoi non pas « il se voit » mais par quoi « il est vu » et il existe par cette hyper objectivité (ni subjective ni objective).

Si il se voyait il serait partie du monde, et donc il est-vu, du point-autre que le monde ; le bout du Bord (son corps). 

Dieu, christique, pensée, sujet, altérité formulent cette stratégie à son plus haut ou son point le plus reculé, dans l’inaccessible même comme structure du réel (puisque le présent est ce qui retire la réalité en l’étirant par le devant). Et naturalité, raison et humanisme et moi  déclinent l’adaptation des configurations au donné le plus immédiat en extensivité et dense en intensité ; ce qu'opère la révolution et en dépassant le mouvement même ; la révolution, ce Fait du réel historique, va plus loin que n'importe quelle pensée ou représentation ; elle extrait une articulation plus grande, absolument réelle et autre ; on est à la remorque d'un Fait de structure, tout comme la pensée ou le christique imposent beaucoup plus que tout ce que l'on en peut tirer, que l'on peine à interpréter, comprendredéduire. Pareillement Rimbaud est dépassé par le Fait de structure que pourtant il ex-siste absolument, cad formellement ; c'est le sur-divin que tout cela. 

Naturalité, raison, moi humain via la position unique du sujet mais rendu abstrait et qui va commencer de croire qu’il est sa propre perception ; évidemment sous les aspects du monde, du donné et du corps simplement « là ». Il ne se rejoindra jamais. Et il ne pourra plus se configurer via cette autre-perception sans corps, sans donné, sans monde, sans détermination que sont dieu, la pensée, le sujet ou l'altérité, nietzschéenne ou heideggérienne. Le sujet rendu abstrait c’est celui-là qui ne sait plus qu’il est-perçu. De cette autre-perception qui réfléchit, au propre, selon le corps, et au figuré, selon la pensée, et qui commencera donc de dériver, de tomber, de croire se voir elle-même, alors qu’elle est-vue (mais elle ignore par quoi ou par qui, si on ne revient pas dieu ou la pensée, si l’on n’est ni croyant ni hégélien ou équivalent ; notons que les sciences croient encore, en supposant que les lois, les corpus existent « en soi », qu’il est une « raison » éternelle que la vision est non seulement captée par la raison mais que le regard est causé par « l’information », ou que « conscience » se produit par le langage, etc ; ce qui est tout à fait une opération de magie) et  de se-croire  et donc de coaguler forme et contenu, n’offrant plus d’espace, ni de temps, pour que la forme-même, la structure se manifeste selon des signes.

L’Autre-regard qui nous crée, qui crée la surface-autre du corps ; celle que l’on reçoit en esthétiques, éthiques, politiques, idéels, philosophie  ; l’ensemble de toutes ces possibilités qui tournent leur regard, et par quoi le présent, l’altérité agissent ; et de ces immenses acculturations que furent les configurations ; dieu, pensée, sujet et enfin altérité, réintroduction de l’ontologie par Nietzsche, Heidegger, et de l’ontos, de l’os de notre être, comme structure par Sartre et Lacan ; par Sartre et Lacan notre être donné là est rendu à sa structure, très étrange et autre (de même que Nietzsche et H supposaient une altérité, Volonté ou Être en plus des étants) ; ce qui nous expose à une Existence absolument inhumaine et une logique non-compréhensible et plate mais relancée et articulée (par le présent comme acte par-dessus, en plus de totu ce qui seulement est).

C’est bien en ceci que Descartes (ou Kant et le nouménal ou Hegel et l’esprit-autre) impose dieu, l’autre-volonté, l’autre regard et sa structure hyper objective ; on est vu et cette perception n’appartient pas, à rien. On ne peut pas l’enrouler dans l’intentionnalité, et de ce fait elle rend possible cette intentionnalité. Et ça n’est pas le regard de l’autre qui y changera quoi que ce soit ; si l’autre détient une part de la vérité, il n’est pas la vérité, l’ontologique, l’ontos, le structurel formel et ça n’est pas de l’indifférence (que l’autre n’y suffise pas, comme ça n’était pas de l’égocentrisme), mais  qu’avant tout il faut que l’arc intentionnel, le structurel, se dresse et s’exécute en propre, formellement. C’est dans le pli qu’existent des dépliements, pas inversement ; et le pli a un prix ; si on part du monde ou de l’autre (et n'ayant pas accès à la structure de conscience de l’autre) on n’obtient que des contenus et non pas la forme de structure, qui n’est pas du monde ; pour commencer, à peine, de saisir autrui il faut instruire, in-former les signes et architecturer ces signes ; autrui commence de percer au travers de la signifiance, quitte à s’écrouler dans l’insignifiance, mais la signifiance est hors champ et pas dedans (sinon elle ne serait pas).

Il semblerait que par « perception » il faille entendre perception structurelle qui, pour nous, se prête comme intentionnalisation généralisée de la perception, comme structure (hyper) réelle qui à partir du réel a pris dans son faisceau le monde, le donné, le vécu et le corps. Et comme le faisceau est instancié dans le présent, ce qui nous prend vient d’en-avant.

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Distinction de l’être et de l’Exister

3 Mars 2018, 09:36am

Publié par pascal doyelle

Structure sur-divine du réel
C’est curieux cette obsession de ne pas trouver la vérité. Nous avons toutes les cartes en main, mais nous ne percevons pas leur agencement. Comme si nous attendions quelque « chose » alors que tout est déjà là, et que cela fut annoncé mille fois ; voilà, c’est ceci. 

Le plus simple. On a découvert que l’on ne recevait pas la vérité, mais que l’on produisait quantité de représentations, et que donc il existait une structure, un sujet, une forme qui fabriquait, construisait des représentations, idées, images, récits, œuvres de toute sorte (et on a commencé effectivement à créer des œuvres, des esthétiques, des éthiques, des politiques et ensuite avec le christique à « se raconter », se regarder comme autre et les autres comme soi-même, c’est dit mot à mot, aimez-vous, regardez-vous les uns les autres), qu’il existait une forme, structure, sujet qui produisait toutes ces expressions, inventions, et découvrant cette forme on n’ plus cessé ensuite d’effectivement constamment renouveler… tout. 

Il fallait donc élaborer la compréhension de cette structure ; on a nommé cela pensée ou christ ou sujet ou altérité (pour faire simple). A chaque fois un schéma ontologique qui d’une part dépliait la forme que l’on croyait être cause de tous ces effets, et d’autre part du fait de son activation volontaire, consciente, assumée, désirée une prolifération de systèmes (de toute sorte, esthétique ou idéels, etc). Ou si l’on préfère ; au lieu de croire en une Vérité (un langage, un monde humain particulier, les payas par ex, une identité, le christ annule le moi et le corps, qui serait homme ou femme, esclave ou libre, riche ou pauvre, annule et vers  pour un autre-moi et un autre-corps, le Même-Regard que chacun jette sur son vécu donné là), au lieu de croie en une vérité on se tient d’un Point tout à fait Autre et puisque la « vérité » s’est déplacée du contenu à la forme qui crée les contenus, alors il nous est possible de multiplier les vérités, sans perdre du tout la certitude, formelle, que c’est Je qui les crée et que si le systèmes sont divers, les œuvres, les mises en forme, par contre le Je est toujours absolument le Même. 
C’est bien pour cela que tout je est égal, absolument, à tout autre ; mais on voit bien que parfaitement identiques ils ne sont pas les mêmes ; non seulement parce qu’ils ne sont pas le même moi, le même corps, mais parce que chaque je se dit lui-même « je » et que, sans raison aucune, ils sont Autres, ils sont autres d'être des points qui ne se confondent et il n'existe aucune "idée" qui les réunisse ; ils sont Autres parce que le réel est l’altérité, c'est parce qu'instanciés dans l'altérité de l'exister qu'il y a des points qui sont "je" ; il n’y a rien qui soit identiquement identique existentiellement ; tout point est Autre que tout autre point, absolument. L’absolu est l’exister même. Indérivable et de quoi tout dérive. 


Pareillement il existe cette structure en arc de chacun, qui est la finalité ; la finalité est de travailler, torturer, extraire, analyser cette structure et elle agit ; elle n’est observée que dans et par son action ; on est purement et simplement dans l’expérimentation même et on est à soi-même cette expérimentation (de là que l’on doit philosopher pour philosopher ou être-devenir Rimbaud pour commencer de saisir le Point par lequel se tient Rimbaud, ou le Christ pour percevoir Autrement et être saisi du Renouvellement, de même que les grecs Retournent le monde ; retournement grec et renouvellement christique). Et cette structure est « là » ; elle n’est pas une idée que l’on pourrait démonter et analyser comme un objet ; elle est comme une chose, un en-soi, qui est-là et autour de laquelle on peut tourner mais que l’on n’est jamais ; nous sommes une structure qui se sait et s’active mais que l’on ne voit pas, elle est hors du champ du voir puisque c’est ce à partir et avec quoi l’on voit ; elle est le miroir qui se donne des images et ces images aucune ne remonte en tant que miroir ; il recule au fur et à mesure ; il est l’horizon sur lequel on dispose des objets et en qui apparaissent les choses mais l’horizon n’est jamais présenté au devant de lui-même (sinon faussement). On ne perçoit pas l’horizon sur lequel on présente tout le reste mais via ses effets on a commencé de le modifier ; par dieu, la pensée, le sujet (et le christique) et enfin par l’altérité (N H Sartre Lacan). 
On ne produit pas par là des contenus qui seraient la réalité, mais des rapports, nouveaux à chaque fois, qui permettent se moduler l’attention, l’intention, l’intentionnalité, la volonté (et le désir), le corps et la surface même qu’est non la réalité (la réalité est constituée de monde, cad de parties et de réalités déterminées forcément limitées, par déf) mais la surface qu’est le réel. Dieu, l’être, le sujet, l’altérité montrent le réel. Et dans ce mouvement on obtient une quantité invraisemblable de mouvement seconds ; politiques, esthétiques, sciences, révolutions, idéologies, mois, personnalisations, etc. mais ils sont seconds. Pas secondaires mais seconds, des effets, et des effets d'autant plus approfondissant de la surface que tel effet, telle oeuvre (esthétique ou de révolution politique) appelle la modification de la surface du réel.
On ne nie pas ce faisant que la pensée soit ou que dieu existe ou que le sujet soit un ou que l’altérité soit effectivement inhumaine ; mais au contraire ; il se peut que tout cela soit vrai et réel ; on n’en sait rien, on sait seulement qu’il existe un décalage (par lequel tout ce qui nous apparait, un corps, un monde, les autres, le langage, les œuvres, peut apparaitre) et que l’occidentalisation est l’analyse de cette capacité de « faire apparaitre » (la structure est ce sans quoi rien n’apparaitrait). 
L’hypothèse et le pari consistent en ceci que la structure antérieure à la pensée, dieu, le sujet et l’altérité est ce qui nait autour de la méditerranée, par dieu et la pensée, le christique puis le sujet, puis l'altérité (le tout comme positions ontologiques, y compris Nietzsche Heidegger, Sartre et Lacan) et position structurelle plus cohérente que tout cela (ce que Kant par le nouménal, faussement absurde, signifiait) ; et cette cohérence les supporte tous. Il existe une armature du réel (donnée) et  une architecture (humaine et créée, puisque le régime du réel est la création, l'en-plus, l'ajout, la possibilité inconnue) architecture qui en rend compte et ajoute ses élaborations sur la surface du présent et active en chacun l'architexture du corps-en-plus.

Comme le réel est « en personne », cad qu’il est Un, on n’y accède que de le signifier dans son attention, son intention et son intentionnalisation ; en tant que sujet ; et philosophie ou idéel (connaissance) ou esthétique ou politique, etc, ou donc personnalisation (le moi depuis la révolution) s’utilisent afin que chaque structure, individuelle, y accède. 
L’extraction de cette structure (qui courrait sous les monde humains et qui affleure seulement autour de la méditerranée même si de considérables pensées eurent lieu ailleurs et auparavant ; la méditerranée consiste à vouloir ici et maintenant le décalage qui jusqu’alors était supposé ou imaginé au-delà ; le dieu un tout-autre est instantanément investi dans et par l’historicité humaine et non extérieur et en supplément) l'extraction de la structure c’est ce que signifie qu’il y ait pensée et sur-intentionnalisation grecque par dessus le langage et le groupe, christique et intensité du nouveau-corps, sujet cartésien et instanciation d’un point-autre sur l’étendue du monde, approfondissement la structure transcendantale, kantienne, hégélienne, husserlienne, exposition roide dans l’altérité inhumaine de Nietzsche et Heidegger, analyse pointue hyper objective de la structure de Sartre et Lacan. 

Ou donc ; la philosophie qui se croit encore coincée dans l’universel, qui cherche somme toute une sorte de « conscience universelle » de l’être, dans laquelle conscience serait une connaissance, ce qu’elle n’est pas (la conscience comme structure est un savoir, mais n’est pas une connaissance ; ça n'est pas le connu qui crée la conscience) cette philosophie du connaitre sans conscience ne voit même pas que depuis au moins Descartes c’est tout autre chose qui compte et qui agit ; raison pour laquelle on obtient Nietzsche ou Sartre ou Lacan ou Heidegger (et quantité d’autres).

On ne peut pas déduire l’arc de conscience de ses contenus et la « connaissance », ou l’information ou on ne sait quelle identité ne « contiennent » pas l’acte de conscience ; c’est l’inverse ; l’arc produit des intentionnalisations et cet arc existe comme structure en lui-même. La philosophie est passée bel et bien du côté de la structure et non plus cantonnée à un Contenu (rappelons que le logos ou la pensée aboutissent eux-aussi à un retournement interne ; l’être en lui-même mais aussi en définitive le Un de Plotin, ce par quoi, puisque le discours est créé par une structure fine et autre, ce par quoi, alors dans le discours ayant pensé tout le reste, les idées et les essences, on retrouve le Un ; on n’est pas un regard vers, on est regardé par : point de bascule de l’intentionnalité). 
Ça ne sert pas à fabriquer un discours étal qui contiendrait les notions, organisées, objectivement, ni même déconstruites (selon une « objectivité » indistincte de ce fait, qui voudrait prendre appui sur d’autres, Heidegger, ou Nietzsche ou Marx au gré du petit bonheur) mais les textes consistent en eux-mêmes et ce qu’ils modifient c’est la structure antérieure à toute détermination ; ce à quoi on n’a aucun accès direct et qui se prend par le biais, qui, lorsqu’elle prononce « sujet » ne l’entend pas comme une substance mais comme une forme non pas indistincte mais indéterminée.

C’est en ceci que l’on a du dresser la pensée, dieu, le christique, le sujet ou l’altérité (comme Volonté ou Etre ou de supposer analytiquement notre structure sartrienne et lacanienne) ; on ne peut pas identifier notre être structurel en tel ou tel contenu ; dieu, la pensée, le sujet et l’altérité sont des versions de la structure qui ne passe jamais dans ces configurations (et encore moins dans les figurations que sont la naturalité, la raison et l’humanisme du moi) et en appelle toujours à votre propre jugement, regard, attention, corps, intentionnalité et au final stratégie, stratégie d'exister, et obligent à réactiver structurellement l’arc de chacun, et ces versions de la structure se tiennent de fait à l’écart des confusions puisque l’on n’y accède pas sans en passer par là. Sans en passer par non pas de saisir et contrôler comme si il s’agissait de contenus (on dirait d’idéologies ou pire encre de post idéologie) mais d’être saisi par ; on est saisi par dieu, le christique, la pensée, le sujet ou l’altérité ; comme ce moi soudainement emporté par l’existentialité Autre du réel, par l’infinie angoisse de Kierkegaard ou la Volonté comme Autre nietzschéenne ; c’est la même passation ontologique qui décentre intégralement, hors du monde et des items,  et permet de substituer à une conscience-de-contenu (qui se perd dans son objet) à une conscience formelle (qui se suppose sans se saisir mais étant saisie de son Point-Autre). 
Si la structuralité depuis la méditerranée (Moyen-Orient compris) est cela qui pense la décalage qu’est notre être, qui de ce fait n’est pas un être mais un exister, alors nous ne sommes pas du monde (de là que nous créons quantité de contenus et bien au-delà des langages et des groupes humains) et alors la question se pose ; de où sommes-nous ? De « où » existons-nous ?
Il faut lire la structuralité qui travaille depuis 30 siècles comme l’exploration de la fracture du réel et on dit ici que cette fracture du réel n’est pas « ce qui arrive » à ce qui est, on dit que ce qui est nait de et dans la fracture même ; l’essence du réel est un décalage et c’est la raison d’exister du présent (par quoi tout ce qui est passe) et présent qui conserve continuellement sa prééminence, puisqu'il est cela qui ex-siste et que tout le reste est, comme effets, dedans la fracture. Que donc si quelque réel se réalise et produit le monde, la réalité, la détermination, ça n’est pas le monde ou les réalités, mais la fracture elle-même ;   c’est le décalage interne qui se structure. 
Ce que l’on peut en comprendre, en attendre n’est en aucune manière évident ou inévident ; on ne connait pas ce qui constitue cette dimension qu’est le présent ; on ne sait pas ce qui s’ouvre constamment sous nos pas, on ignore totalement ce que cela comporte. On remarque seulement que depuis 30 siècles (et plus si l’on prend les hautes pensées de n’importe quelle civilisation)  l’occidentalisation méditerranéenne a voulu explorer l’anfractuosité même et ici et maintenant, pas au-delà, a voulu analyser et éprouver la structure du réel et de notre attention, et non une supposition positionnée ailleurs, de là que l’on ait éprouvé le réel même d’une part dans notre corps et expérimenté d’autre part les réalités, sciences comprises et argumentation philosophique comprise, esthétiques et éthiques et politiques étant également des expérimentations. 
On peut croire annuler dieu ou le christique, la pensée (de Platon au Un plotinien), le sujet et l’idéalisme, la structure intentionnelle. Et commencer de croire seulement à la naturalité, raison, humanisme et personnalisation, du 18éme et suivant, serait-elle psychologique (des langages et des corps, du donné expliquant seul le donné) mais ce faisant c’est ne retenir de Kant que sa critique métaphysique, se limiter ensuite au monde donné-là doté de ses mois, et ne pas comprendre qu’il voulut créer la nouvelle logique transcendantale qui permet de penser précisément l’en-soi, le nouménal ; Kant lance qu’effectivement que nouménal peut être approcher et que rien dans le monde ne peut le contredire mais que lui il Ex-siste (c’est ce que signifie ce manque du réel dans réalité ; il n’y a pas de réel dans la réalité parce que la réalité est dans le réel qui Existe). 
Mais on ne sait pas ce que l’anfractuosité ontologique signifie (qui occupe tout le champ du réel étant la source structurelle même de toutes les réalités) ; par contre on sait, si l’identification de cette structure s’est correctement effectuée – et on ne peut traiter Plotin, Descartes ou Kant ou Sartre d’ineptes, ce qui n’est guère sérieux ; pareillement les autres pensées des autres civilisations ; puisque nous ne tenons pas ou plus à une définition en terme de contenu qui les imposait tous en concurrence mais de structure qui se tient de fait hors champ du pensable, il n’est aucune raison d’expulser quelque pensée ou représentation que ce soit ; et si cette structure est hors champ ça n’est pas dans l’infra mais dans le supra, en ceci que c’est à partir de ce point-autre que ça pensée, perçoit, éprouve) – correctement effectuée et effectuée tout au long de la structuralité depuis 30 siècles, on sait que ce Réel qui se tient en-avant, comme présent, comme structure des réalités (Descartes, Hegel, Kant, Husserl, Sartre et Lacan, N et H pour leur part, explorent cette dimension de structure antérieure), on sait que ce Réel n’est nullement ce que l’on en pouvait imaginer ou penser ou soupçonner mais vraisemblablement intimement-Autre ; autrement dit dieu, la pensée, le sujet et l’altérité, aussi vraies soient ces approches, en sont seulement des approximations. Ou donc la structure est encore quelque réel Autre, dont on ne se forme encore aucune représentation mais dont la technique d’analyse, qui approfondit le décalage ontologique depuis 30 siècles, cherche à dessiner le tissage.
 

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