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instants philosophie

De la perfection du rapport unique,

31 Octobre 2020, 09:17am

Publié par pascal doyelle

le réel en son élévation.

Il s’agit donc de rendre le réel suffisamment bizarre pour qu’il paraisse étrange et que de cette étrangeté apparaisse le mystère. On ne saisira pas ce que l’on est ; on en sera saisi.

Lorsque Lacan renvoie la psychanalyse à l’éthique, c’est de la conduite du sujet par le moi ; ce pauvre, le moi chétif et bricolé, qui a fait ce qu’il a pu avec ce qu’il a reçu ou trouvé, des autres, du passé, de la vie, de son corps, de tout ce que l’on voudra, le moi étant une synthèse souvent hâtive, qui n’est pas au point, malhabile, au fond inefficace, non sous la contrainte « professionnelle » de son humanité, là on y essaie toujours de se soumettre (sans y parvenir comme Houellebecq) mais inefficace quant à sa destination (de même que le Voyage de Céline), et finalement son destin, dont on dit ici qu’elle est le sujet… l’inaccessible. Mais peu importe parce que le sujet est fondamentalement inaccédé. Sinon il serait du monde et donc pas un sujet.

Rappelons que l’on a décliné la structure selon le sujet, l’individu et l’individualité (soit le citoyen communiste et le citoyen libéral, le besoin et le désir), puis le moi (depuis les années 50-60). À chaque fois la réalisation se concrétisant mais, de cela, l’intentionnalité s’enclosant toujours plus dans ce concret (qui était tout à fait nécessaire et inévitable) mais également se perdant, s’enfonçant dans le détail, la vie, le donné, les images. S’enfonçant selon la jouissance du corps, alors que la structure ne promettait que l’insatisfaction et ne reconnaissait pas du tout que dans le monde le réel ou dieu ou le vrai ou l’universel ou donc le sujet puissent se matérialiser, sinon à s’imposer comme garde-fou ou comme transcendance nouménale du phénoménal, comme je sartrien du vécu.

Tout le moi se tient dans la disposition (selon le monde, le vécu, le relationnel ou le corps), tandis que le sujet supervise dans la pré/disposition ; l’appel, le recours, le secours, le virtuellement, la possibilité antérieure qui jamais ne paraît, mais pose tout dans le champ du donné, mais aussi du vécu et du relationnel, du moi et du corps ; tout est en suspend et de ce sus-pend absolument cartésien (c’est par là que tout re-commence en sortant le sujet de la seule pensée, de l’universel, puisque le sujet entretient une bine plus grande cohérence).

Rappelons que le le sujet n’est pas ; il se tient au bout du champ intentionnel sans jamais se montrer ; puisqu’il fait-voir les réalités par les signes qui se tiennent à partir de lui ; de même que l’horizon (qui recule indéfiniment) pose les choses au-devant de nous ; nous ne percevons pas seulement l’horizon, nous nous percevons à partir de l’horizon.

Tout empirisme se trompe lourdement ; on ne peut juger de l’intentionnalité (qui ouvre tous les champs à partir du possible, et donc de l’impossible tout autant) selon le donné ; sinon il deviendrait invraisemblable de parler de quelque intention que ce soit (de ce dont on ne peut parler il faut le taire, résultat on ne parle plus de rien)

L’horizon est tout aussi bien la suspension ; la suspension est l’arrêt intentionnel ; on sort du « désir » qui semble la marche à suivre depuis toujours, et on se rend compte que non. Il n’y a rien à désirer. Aussi, comme l’océan, le sujet, le je se retire du moi (existentialisme pour nous, ou dépression version douloureuse).

C’est qu’il est énormément plus de possibilités selon le je que selon le moi ; le moi et sa synthèse hâtive, qui rassemble tout ce qu’il a reçu, dans une finalité suffisamment absconse, parce que l’on ne peut pas découvrir une unité dans la multiplicité des réalités. Des universalisations oui, puisque l’intentionnalisation trame les perceptions dans des ensembles de signes et que le signe, qui est rapport, est immédiatement universalisation ; dès que l’on signifie on universalise. Mais une unité non. Ce que Sartre désignait par totalisation, et qui ne peut pas se produire ; il n’y a pas d’unité massive et concrète du donné, puisque le donné est tout entièrement détermination, cad découpage de champs, de réalités ou de perceptions. Il n’y a pas d’unité du divers ; l’unité vient de la forme et la forme des réalités ( de toutes les choses qui sont) est formelle, cad est l’exister (l’être est second par rapport à l’exister), ce que l’on prétend ici, ou, plus évidemment, unité intentionnelle, telle qu’elle se donne pour nous.

S’il existe un présent alors toute la diversité, la multiplicité, la détermination, l’ensemble de la matérialité ne possède structurellement aucune unification, excepté le présent lui-même ; reste à décider, chacun pour soi-même, si on l’entend fonctionnellement ou dimensionnellement (l’existe en ce cas existe comme dimension valant en et par elle-même). Ce que l’on perçoit quand même nettement c’est que l’univers, ce qui est nommé tel, ne peut pas se « résumer » à un noyau ou un être ; il n’y a pas de réalité de la réalité ; il y a la réalité, d’une part et puis le réel, le fait, qu’il soit fonctionnel (le présent a déroulé tout ce qui est), ou dimensionnel (le présent est en lui-même une, et donc La dimension, n’imaginant pas, alors, qu’il ne s’agisse pas de l’unique absolue dimension formelle, laquelle se situe en chaque instant ; en chaque instant nous sommes au Bord de tout ce qui est, et donc déjà dans et par l’Exister ; le Bord du monde, du vécu et du corps nous existons dessus, en équilibre et donc en déséquilibre, puisqu’il devient, pur et brut présent).

Or nous voici, depuis toute cette historicité, profondément marqué par la cohérence, par ex la rationalité, et ce afin que l’attention, l’intention, l’intentionnalité, la conscience puisse suivre mot à mot, signe à signe son déroulé et qu’ainsi elle ne se perde pas ; parce que si elle s’égare c’est que des éléments hétérogènes se glisseraient dans son procédé, dans son processus. On comprend bien qu’il est agréable de se laisser déborder, mais momentanément parce que si la sortie de rail nous déborde, alors c’est tout entièrement que l’on tourne en rond, ou s’effondre, même si la chute est imperceptible et lente, puisque cette attirance rêvée selon le monde et la vie pourra très bien effilocher l’ensemble des intentionnalités, étant entendu que notre être n’est pas un être mais un tissage et souvent déjà fort décousu si bien que tirer un fil paraît délivrer la pelote et on croit un temps que tel objet va résoudre, dénouer le désir, mais cette libération, imaginée, re/tombe dans le monde et s’y disperse légèrement et tristement ou lourdement et catastrophiquement, abattant au final le moi, et emprisonnant le sujet dans le moi.

Et si la rationalité peut paraître comme représentative particulièrement de la cohérence, en vérité la liberté et le sujet témoignent d’une bien plus grande possibilité, puisqu’il s’agira pour tout sujet de rassembler sous son unité les plus grandes capacités, et spécifiquement non plus seulement ses dispositions mais sa pré/disposition ; formelle, qu’il nommera comme il veut, qu’il découvrira comme signe, œuvre, révolution ou amour, et quantité d’autres possibles, le sujet est le lieu du possible même, de la Possibilité ; et c’est ce sujet qui tente de se montrer, de s’exposer, de se démontrer en philosophie mais c’est aussi cette élévation qui sous-tend la capacité religieuse et c’est elle aussi qui est supposée par toute Œuvre. Etc.

Dit autrement si la rationalité oppose brutalement la représentation explicite au monde, plus loin la liberté, le sujet est cette structure qui entend instancier, faire-exister, la cohérence dimensionnelle selon le réel de la réalité et donc de nouvelles réalités ; la raison prend peut-être son envol au crépuscule, mais la liberté est initiale ; de là que cette structure devra déployer, inventer, créer la continuité du réel, la continuation de la structure et rendre à chaque fois actuelle la cohérence même ; on ne se transforme en et par une œuvre qu’à son contact… de manière générale et parfaitement scandaleuse puisque l’on n’est pas en soi « quelque part » c’est dans l’actualité, le présent, la conversion (à dieu, l’universel, au christique, au sujet, à la révolution, selon les œuvres) que la structure s’active.

Ce qui peut très bien, comme d’habitude, se figurer par ; celui qui croit en moi sera sauvé… Pourquoi ? De où cette fulgurance frappe-t-elle ? Est-ce nominalement (jésus) en qui il faut croire, tel quel ou quiconque se conduit selon ma logique sera sauvé ? Mais dans les deux cas il faut, il est impératif, il est impérieux d’admettre la logique, ou Jésus, de la rendre réelle.

Qu’elle s’active veut dire qu’elle n’existe pas autrement que via la conversion. Il faut ici et maintenant en être saisi. En prendre conscience. Actualiser la plus grande part de votre être étant entendu qu’il ne s’agit pas d’un être (qui se situerait où ?) mais d’un exister, un rapport et un rapport est Actuel. Et que ce rapport est antérieur à tout monde, vécu ou corps, hors la vie (transformant la vie en existence).

C’est ce que signifie qu’il faille se convertir « de son vivant » parce qu’après il sera trop tard, pour ainsi dire. Non seulement donc que l’actualisation de la structure se déroule durant une vie (et transformant celle-ci en existence) mais que cette conversion se saisisse comme actualisation du réel ; de là qu’elle se tienne de plus grand que soi, que le sujet n’existe en vérité qu’à partir de plus grand que soi, plus grand que le moi ; aussi notre amour pour les œuvres est-il in-fini (et seraient-elles de ces œuvres adaptées au moi, au moi du 20éme, le rock ou la pop, qui ont attiré le moi hors du corps, puis de lui-même, le cinéma ou la pub).

Le sujet à la différence du moi ne croit pas que la réalité tourne autour de lui-même, de son moi-même, mais il sait qu’il est un rapport et ne tient que de ce dont il existe en ce rapport. Et un rapport (de par sa nature même de rapport qui ne tient ni dans le départ ni dans le terme mais « entre deux ») nous propulse instantanément dans le réel unique et formel et donc absolu. Aussi dieu ou l’universel ou la liberté ou l’œuvre sur/existent au sens de manifester ici même, ici-bas, ce à partir de quoi cet -ici- naît.

C’est pour cela qu’il y a conversion ou décentrement philosophique ou engouement révolutionnaire ou illumination. C’est, littéralement et dans tous les sens, la seule possibilité pour qu’il vous arrive quelque chose de réel. Le reste c’est tomber vers le bas, ou ça reviendra à cette chute. Tout arc de conscience cherche désespérément à se convertir (et on utilise « convertir » à dessein, afin de bien marquer le scandale que constitue la capacité d’actualiser la fonction ou la dimension de réel). Ce qui se montre par le tomber-amoureux du moi, signe d’une exaltation, qui ne prend que quelque fois puisque son élévation tente une synthèse selon le vécu et le corps, laquelle est si largement impossible puisqu’elle ne stabilise pas sa correspondance ; l’autre conscience, autrui, n’est pas en mesure d’actualiser le je.

Le je est auto-fonctionnel (comme on le verra à propos de Nietzsche, qui révèle ce que Descartes implique).

Car outre l’actualisation absolue, cad formelle, de la structure (qui ne naît que dans et par l’exister, dans un présent, qui se présente comme éternel ou a-temporel ; la vérité comme le christique, le sujet comme l’œuvre prétendent à cette hors-temporalité) il faut insister sur cet autre pan de la Fonction de réel ou la Dimension de réel que l’on ne peut pas passer par l’autre, par autrui, et que le je est seul et sans secours, sans recours. Il n’y a rien dans le monde, en l’humain ni même en son propre vécu qui puisse l’aider à élever sa possibilité ; seul existe véritablement en avant son Intention.

Remarquons ceci ; le christ paraît indiquer, du doigt, autrui, comme garant de ma salvation, mais il ne faut pas se tromper ; ce sera en passant par le je (le sujet et non le moi) ; en passant via le christ ; aimez-vous ‘comme’ je vous ai aimés. Il ne s’agit pas de se livrer aux autres… ou alors, oui, si l’on veut, mais à condition, sous la condition expresse et in/finie que l’on s’y élève, que l’un et l’autre soient élevés.

Une œuvre ou le christique ou Platon ou Rimbaud vous orientent le regard, tournent votre attention, mais ils ne peuvent rien si vous ne vous sauvez pas vous-même ; que la structure de chaque conscience soit un rapport dit parfaitement ce dont il est question, que ce rapport peut seul s’engager lui-même vers sa Possibilité. Si ce rapport dépend d’une relation quelconque, est une formulation irrecevable. Et si Rimbaud vous atteint ou Plotin ou Spinoza ou Bacon c’est que vous vous engagez dans l’adhésion et percevez selon leur intention, vous métamorphosez votre être, qui n’est plus un être, et qui se tient de la fine structure intentionnelle qui se meut via les signes ; parce que ce sont des signes, des rapports qui entrent en rapport.

Or le bouleversement est proportionnel à l’engagement ; et l’engagement est possiblement in/fini. C’est en ce sens que l’intention christique, la volonté cartésienne, le sujet libre kantien, celui de Sartre (ou l’idéal nietzschéen tout autant) indiquent « vers le haut » ou « plus loin », de manière indéterminée. Ce qui paraît designer le futur proche ou lointain, mais en fait non. Il s’agit du proche comme du lointain dans l’instantanéité de la structure, dit autrement dans la Possibilité pure et brute ; ce qui existe comme rapport est déjà-toujours-encore le rapport qu’il existe-tera-tait (sinon il ne serait pas). Lorsque l’on avance que l’on entre dans le rapport lui-même on nomme cela même qui arrive, qui nous arrive (depuis très longtemps et en différentes civilisations) depuis que le sacré, puis surtout, pour nous, le divin (dieu ou la pensée ou le christique), l’universel ou le sujet se sont introduits dans le champ lui-même, lorsque le champ s’est signifié lui-même en lui-même, afin qu’il prenne conscience de la conscience, de son activité en propre (c’est le dieu jaloux), qu’il actualise qu’il existe justement comme rapport ; qui crée des rapports ; c’est la seule version de l’infini que l’on reconnaisse et la seule qui soit compréhensible même si étant rapport il en manque toujours un des bouts...

De sorte que cet infini-là est parfaitement explicite et en même temps effectivement infini, on peut toujours ajouter des rapports aux rapports et au rapport unique ; le rapport unique qui est en lui-même un non-être, ce qui est non pas un néant (qui est « rien du tout ») mais un exister ; et si on pose, suppose un exister alors il est l’exister-même, étant formel il ne peut pas se composer et donc existe formellement ; tout ce qui existe, existe ; il ne peut pas exister deux formes, c’est aussi pour cela que la forme exister est originellement le Un ; le un n’est rien que le rapport qu’il est ; deux est le rapport doublé et ne désigne rien d’autre ; on peut donc tout à fait « compter », puisque toute réalité est déjà toujours le rapport à « soi », quel que soit ce « soi ». Il n’y a donc aucun mystère aux mathématiques ; qui substituent des rapports dans des rapports.

L’infini en tant que rapport est seul réellement infini (l’être, le bien ou le un ne se comprennent qu’ainsi, de même dieu, mais dieu annonce qu’il est cette Intention), puisqu’il suppose la perfectibilité de son ‘être’. Et ‘est cela qui nous fait sortir de tout contenu, autour duquel on se love habituellement, ou que ce soit le groupe ou la communauté, ou autrui ou le tomber-amoureux ou l’image idéale ou idéelle de soi ou de ceci ou cela. La vérité est que si le réel est le rapport, il ne rentre en aucun contenu : aucun.

Et se sauver soi-même, ça n’est pas maîtriser mais admettre la maîtrise en et par la forme pure et brute ; on ne peut la pré-voir, elle surgira intégralement telle quelle. Picasso est tout de go, ou Rembrandt ou Vermeer. Ça s’impose, ça se rend si immédiatement évident qu’il s’agit bien d’instantanéité, et étant un hyper-rapport (dans la visibilité du monde, du vécu ou de la perception) inépuisable en soi, de cette in-finité qui ré-adresse (au sens informatique, si l’on veut) constamment l’arc de conscience entraînant toute la réalité, donnée, et toute la réalisation, humaine ; et ce si vous admettez que l’Autre, le regard instancié sait, voit, comprend, instruit, informe au sens d’in-former (ou autrui dans le tomber-amoureux, c’est bien cet emportement qui est une expropriation de l’intentionnalité qui est jouée, mais autrui, ni vous-même, n’en assurent réellement la puissance, c’est certain) ; ce qui veut dire que le rapport contenu dans les signes (du tableau, du texte, de la Constitution) traverse la réalité et embraie dans votre attention, sous-entendu qu’elle soit libre, libérée.

Nul doute que l’illumination, si elle vous a atteint, rappelera le je, le sujet à lui-même (comme si il était éternellement actuel) ; puisque lors même serait-elle un abandon, elle ne parvient à percevoir que si elle élabore une construction intentionnelle en laquelle l’intentionnel se crée, et se crée à neuf ; étant Actualité.

On n’insistera jamais suffisamment sur le constructivisme Actuel ; c’est une décision, non pas selon le conscient mais selon l’intentionnel, qui crée dans l’instant le rapport ; on ne peut pas ne pas créer le rapport qui sans cela n’existe pas ; n’existe pas… on y retrouve la décision de la foi, de la conversion à l’universelle pensée, de la suspension du sujet (Descartes, Kant, Hegel, Sartre, et à sa manière surgissement du sujet-qui-se-voit lacanien), de la continuelle et continuée révolution ; liberté et égalité étant des règles ontologiques et non pas mondaine, lequel monde tombe, toujours, dans ses propres pièges, pseudo-résolutions, distorsions et satisfactions immédiates et non pas de médiation ; et bien que la fausse historicité veuille nous faire accroire en un état figé, gelé, inerte du cadre général qui puisse légitimer que chacun repose finalement en son corps d’individu, de sorte que via la ’nature humaine’ la jouissance demeure la finalité, immédiate, qui puisse tordre l’intentionnalité, subtilement ou lourdement mais invinciblement, et l’actualité de l’intentionnalité tombe vers le bas, inertie du donné, du vécu et du corps, l’en-soi sartrien, la matérialité de la Chose, désirable, désirée, usant de tout le corps pour fondre et confondre le champ intentionnel et le champ des désirs, des images, de la complétude rêvée, imaginée.

Seul l’articulation, langue-épée de feu, sépare, dans la douleur, certes, mais afin que nous soyons libérés.

Si rien ne vient relever le rapport, l’intentionnalité, le champ intentionnel (un point X, un point-autre), alors le monde qui se présente, partout, le vécu et autrui, le corps et toute perception toute-venue occupent le terrain du champ, viennent prendre la place vide (et formelle, cad absolue), et lors même que l’on part d’une très bonne intention, tout donné pèse de tout son poids et pousse dans la chute, l’abaissement, l’oubli de la possibilité ; c’était une démonstration d’orgueil que de se croire capable de tout relever pour et par le bien (Kant s’en aperçoit tellement qu’il prend soin de situer au-delà du champ, phénoménal et donc seulement vivant, le bien comme Idée régulatrice, et Descartes Dieu comme plus-grand, plus grand que n’importe quoi, puisque tout, la pensée y compris, est posé extérieur à sa Volonté).

Et sans doute aucun pourtant, malgré que je fasse le mal que je ne veux pas et ne fasse pas le bien que je veux (Saint Paul), c’est bien subtilement et avec quelque ruse ontologique que l’on a su, malgré tout, malgré la pesanteur du monde, du vécu, du relationnel, du corps, des désirs, des images, que l’on a su cependant étendre le champ compossible de la liberté et de l’égalitéou philosophiquement tenir le cap de l’arc de conscience du sujet (qu’il soit dieu, la pensée, l’être, le bien, le un, le christique ou le sujet, la possibilité et le réel),et, subtilité des subtilités, marier le réel (la structure) et les réalités (la vie, les vies, le corps et le champ de perception et d’expression de chacun) en une civilisation dite individuelle, qui s’élabore du seul bâti de ‘sujet’. Cela ne put se rendre réel que de tenir non pas à telle ou telle réalité (qui aurait été bien vite absorbée par le monde et le vécu) mais de se tenir du rapport seul ; de percevoir en somme que le rapport de l’autre est égal au mien et ce abstraitement, cad en l’occurrence structurellement, pour la révolution et de concevoir que le rapport à soi… n’est pas le rapport à soi-même… mais au sujet.

(en quoi la psychanalyse vient pointer et aplanir toute épreuve psychologique et psychique, puisqu’elle renvoie le moi au ‘sujet’, dont on a compris que l’on tenait celui de Lacan, le sujet de l’inconscient, comme strictement l’envers de celui de Sartre ; ils analysent absolument ce qu’il en est de vivre (Lacan, et de souffrir en tant que vivant pris dans le signe, ou donc dans l’arc de conscience) et ce qu’il en est d’exister, dans la décision sartrienne in-finie du sujet-qui-n’est-pas-un-moi).

Puisqu’il s’agit de rapport il n’est pas question d’abstraction, qui emploie des notions, des idées déterminées, mais de concevoir le rapport en et par lui-même, et ceci à partir de chacun, puisque ce rapport n’existe que là, en et par chaque arc de conscience et de plus tout uniment et tout unanimement, qu’il soit unanime, volonté du peuple ou uniment, volonté de chacun, tout fut de cette manière exprimé tel quel et parfaitement ; ce qui existe en tant que rapport atteint dans l’expression, aussi apparemment éthérée soit-elle, une effective, une pure perfection ; bien au-delà même des mathématiques, qui ne la possèdent qu’abstraitement justement).

Ce qui passe entre dieu qui s’adresse à une nation, la pensée qui actualise l’intentionnalisation en tant qu’idées et ce qui se perfectionne ensuite en laissant à chacun, christiquement, selon le sujet cartésien, kantien, selon le citoyen, c’est l’improvisation intentionnelle, étant entendu que certes on observera quantité d’intentionnalités diverses et variées qui pour la plupart tomberont dans le monde, mais la confiance supposée en et par la structure-seule reviendra continuellement replacer la barre au centre, à partir duquel recentrement à nouveau le même sujet (qui lorsqu’il se-sait admet que la perfection n’est pas de ce monde) ou d’autres sujets relanceront les possibles, jusqu’à obtenir la possibilité même.

La vérité ne se dépose pas du tout dans un contenu, une pensée, une œuvre, une Constitution, une mathématisation ; pourquoi et comment l’acte de conscience serait-il enclos dans une détermination, un tableau est un tas de couleurs ; elle réside exclusivement dans l’arc de conscience qui la perçoit.

Et si, lorsque le sujet se-sait, il admet que la perfection n’est pas de ce monde, alors c’est qu’il est entré et se situe dans la structure ; quand bien même l’ignorerait-il (ça n’est pas, comme la philosophie le pensait, du seul ordre de la connaissance ou du conscient) ; il y est entré et ce par quelque moyen, œuvre, illumination, expérience, religiosité, mysticisme, politique, éthique et donc est entré dans la nature même du rapport qu’il existe, et auquel rapport il ne peut pas ne pas avoir affaire (ne serait-ce pour le moi que celui du tomber-amoureux, ou si l’on veut de la « crise d’adolescence » ou de la dépression, etc) ; aucune conscience ne peut ignorer qu’elle existe, quelle que soit cette modalité, qui se dit multiplement puisque la structure n’indique pas le monde mais sa propre altérité formellement absolue (il n’est que le rapport de conscience, et le présent, qui existent formellement). Aussi la réalité n’est pas dans sa détermination parfaite, ni la perfection une sorte de monde amélioré, mais tout autrement « parfaite » et le monde effet de cette perfection au sens réel.

Le créateur ne va pas aimer son œuvre, bien plutôt il va passer à la suivante. Le spectateur tombera peut-être en extase, mais ça ne durera qu’un moment, puisque le foyer n’est pas dans la « chose » ; serait-elle idéalisée ou fétichisée ou objet d’adoration. Du christique il ne reste rien (et explicitement, il s’en va afin-que l’esprit saint entame sa propension) et le « je pense » n’est pas un argument rationnel, ou le noumène libre kantien n’est pas dans le discours qui le désigne, et encore que le sujet inconscient est hors du conscient et même hors de toute atteinte, puisque l’on « fera avec » peut-être, mais on ne le résoudra pas, il est la limite interne à partir de laquelle il y a un moi, qui lui-même ne se saisit que par son sujet inaccessible, qui est au-devant, dans l’activité psychanalytique du divan, il apparaît un instant, qui suffit à déciller, à se-voir et le pli est pris).

Or autre paralogisme absolu, cad description formelle, si le rapport existe et rien que le rapport, celui-ci s’étend sur toute l’existence ; il n’y aura jamais qu’un seul rapport unique selon l’exister. C’est ce rapport que chacun déploie tout au long du temps, ce rapport qui n’est pas selon le temps… Aucun rapport (de soi à (soi) ne peut être pris dans les choses, les vécus, autrui ou les signes ; sauf peut-être cette structure étrange de la jouissance (imaginaire et imaginée) selon qu’on y croit ou non… mais n’y croyant plus, abolissant la source du désir, des désirs, que reste-t-il ? L’affirmation. Et ce de type nietzschéenne ; Nietzsche maniait, on l’a dit, l’auto-affirmation, imposait et durcissait pour ainsi dire la volonté cartésienne comme source, origine, cause de la pensée, de toute intention, de toute représentation.

On verra que l’affirmation du je est-autre ; ce que dit bien Nietzsche, à savoir que la volonté est en moi non pas moi-même, mais cette altérité fondatrice absolument, il convoque l’altérité de la volonté-autre afin de manifester qu’il, le sujet, n’est pas le conscient ni la raison ou la représentation mais se tient antérieurement-à, et ce sur le mode imaginaire (de même que Heidegger, qui, lui, s’aperçoit que l’être est-autre que les étants, y compris autre que la pensée-raison), alors que ces deux modes imaginaires relèvent d’une structure, et peuvent et doivent être intégrés dans une structure plus grande ; à savoir au lieu de demeurer attachées à un seul Nom (Nietzsche) ou un seul peuple (Heidegger), elle est le rouage absolu d’un système formel, celui du réel pur et brut. Qui parle selon tous les peuples (et donc les nations) et tous les noms (chacun).

De sorte que y compris Nietzsche et Heidegger ne zigzaguent pas au hasard mais appartiennent, impérativement, à la structure et l’historicité de la structure. On ne peut pas ne pas être un arc de conscience, et de la sorte éprouver le réel-même, sous diverses formulations. 

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Spéculations risibles, ou pas

24 Octobre 2020, 08:38am

Publié par pascal doyelle

On nomme réflexion la capacité de notre être à revenir sur lui-même. Or ça n’est pas un être mais un rapport et donc il s’agit de la capacité de cet être, qui n’est pas un être, de connaître le rapport qu’il existe.

On a vu les quatre déploiements de ce rapport. Dieu en tant qu’Intention pure (ce qui inaugure la nation, le rassemblement des volontés). La pensée et l’universel grecs, an tant que développement de l’intentionnalisation, des intentionnalités, des idées et des systèmes d’idées. Le christique en tant qu’initiant le processus du sujet, ensuite Descartes et suivants (jusque Lacan). Enfin le réel en tant que tel (par quoi la réalité, toutes les réalités sont prises dans un-seul-mouvement de Présent qui déroule tout ce qui est possible, présent dont on a distingué deux interprétations ; fonctionnelle (le présent est cela qui fait fonctionner le déroulement des réalités) ou dimensionnel (le présent est la dimension éternelle de tout ce qui est) ; dans les deux cas en tant que ce qui est, l’être est pris-dans l’exister (soit fonctionnant, soit kaléidoscopique).

Et l’exister est pur et brut mouvement. Il n’y a que du mouvement d sorte que tout se meut, du moindre iota à l’ensemble de tout ce qui est (et que l’on nomme univers ou multi-univers, peu importe). Et ce mouvement est unique (ce qui existe en tant que rapport se divise en interne et ne peut pas être divisé lui-même n’étant pas composé, le mouvement est un rapport, le rapport est indéterminé (est l’exister ou pour nous ici le présent), et l’indéterminé est ce qui détermine et non pas qui est soi-même déterminé). C’est évidemment ce que l’on a nommé diversement, l’infini, l’éternité, le réel même, dont on ne décide pas du tout ici si il est dimensionnel ou fonctionnel et bien que la logique voudrait qu’il soit à lui-même le rapport de tous les champs possibles.

Champ, parce que la forme de notre être (qui n’est pas un être, qui est une structure qui s’intègre dans la structure du réel, soit le présent ou l’exister, fonctionnel ou dimensionnel, par ex si on croit en dieu, alors on est dans le dimensionnel, si on croit en Sartre ou Descartes on est, au minimum, dans le fonctionnel, etc) la forme de notre être donc est un champ intentionnel couvert par des signes, ce qui veut dire des rapports (intentionnels) qui ouvrent des perceptions ; les perceptions n’apparaissent pas sans les signes (Platon a raison de dire que les idées montrent les réalités). Le monde est sans-signes, excepté que l’on peut considérer, sinon admettre, que les choses elles-mêmes se présentent littéralement en tant que signes les unes pour les autres ; ce qui est déterminé est différencié, par définition.

L’historicité se déroule comme suit ; l’intention pure et qui n’est que telle, dieu, que l’on ne peut assigner à aucune détermination sinon sa volonté qui se tient en dehors de tout ce qui est (qui donc a créé le monde et les êtres). La pensée, universelle, comme développement de l’intentionnalité qui oblige à penser, soi, individuellement mais dont l’individualité n’apparaît pas dans son propre champ (qui est occupé intégralement par l’universelle intentionnalisation, comme processus et ce jusqu’au Un de Plotin). Le christique qui initie l’individuelle Intention ; dieu, cad l’intention, existe ici et non seulement parce qu’il existe en-un-corps (et il est, par ailleurs, le plus petit et le plus méprisé, le un-tout-seul, assumant l’ensemble de tout le malheur et de la relégation, de sorte que en quelque état de souffrance que vous vous trouviez, il est-déjà-là).

S’ensuivent la pensée de dieu par la théologie, mais soudainement l’intention trouve à s’instancier absolument ici même, ici et maintenant, vous indiquant par Descartes que chacun va admettre, intégrer en lui-même la suspension non pas du jugement, de l’idée, de la décision, de l’imagination, de la perception, mais va admettre la suspension de l’intentionnalité par elle-même en l’introduisant dans son propre champ ; ce que l’on nommera (après Descartes ) le sujet.

On a décidé de désigner la structure de base en tant que Réel selon la formule du rapport-sujet ; en ceci que la plus grande perfection n’est pas une identité inerte dont on ne comprend pas du tout ce qu’elle peut signifier, mais parce que la véritable perfection est la capacité de se modifier soi-même et donc le processus du réel comme tel paraît s’engager et s’envisager en tant que modification absolue de la forme même du réel.

Dit autrement il ne cesse de vouloir augmenter non pas ceci ou cela qu’il est (déjà ou en tant que perfection inerte) mais vouloir augmenter sa propre capacité, de se rendre propice à une plus grande, encore plus grande capacité, ce qui veut dire sa plus grande potentialité, possibilité. En quoi, donc, le réel est le possible de la possibilité. Dans le présent il vous viendra, vous est venu, vous vient des signes du passé et du futur, non pas du passé ou du futur du monde mais de la structure, du Bord du monde, du vécu et du relationnel et du corps.

On comprend bien qu’il ne s’agit pas d’augmenter le monde, mais la capacité qui prélude au monde. Ce que signifie, au plus haut, le sens, la signification christique (nous n’avons pas trouver ailleurs une élévation plus exceptionnelle). Ensuite seulement on aboutira, il en résultera des effets dans le monde. L’initiative est toujours dans l’intention ; la liberté existe depuis le début, mais il lui faut en appeler à sa dimension propre pour se manifester dans le monde, et cela se nomme « historicité ».

ou donc ; si le réel, au moins humain, est destiné à la volonté, à la volonté en tant que réfléchie, non pas réfléchie selon la vie, la pensée ou la réalité, mais réfléchie sur sa propre potentialité ; par exemple aimez vous les uns les autres, veut dire étendre la capacité de perception, représentation, le relationnel humain, et aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, veut dire étendre la conception, la conscience-de-soi au point d’être susceptible de s’ouvrir à une encore-plus grande intuition du Possible… pas de la réalité ou de sa propre vie seulement mais du possible brut ou du possible pur. De même Descartes, Kant ou Sartre ou Lacan ne nous introduisent que secondement aux effets de la structure ; en bouleversant la métaphysique et en créant l’ouverture de l’ontologie réelle, celle du sujet, en projetant les effets de structures sur le monde phénoménal et dans le relationnel universel (pour Kant la révolution française, comme Hegel et Napoléon).

Et ce développement de structure est le réel même qui se motive, qui se dit pour quoi et vers quoi il veut avancer. Ainsi la révolution est fondamentalement la signification et la signature ; tout comme dieu est l’intention initiale du judaïsme.

Fondamentalement donc il est une apriorité absolue, c’est celle qui permet d’augmenter la montée en charge du réel. Dans et selon l’antériorité. C’est l’entrée dans le champ du champ lui-même (lorsque l’on prend conscience que l’on n’habite pas le monde, maya, égyptien, mais qu’il est construit, artificiel, en plus, destiné à (se modifier ; dès qu’apparaît dieu, il confère au monde, créé, une destination).

Depuis 3500 ans (date approximative, depuis le dieu un tout-autre, la raison de ce repère historique est dans la dénomination même ; il est Un et tout-autre, il ne relève, comme dit ci-dessus, d’aucune partie du monde, qu’il tient tout à l’extérieur), depuis 3 500 ans donc la structure est venue ou passée (selon que l’on est croyant ou que l’on comprend) dans l’apparence, dans le champ, amenant à une distorsion du champ lui-même. Et à terme le sujet est la mention la plus précise possible de cette distorsion ; ne pas comprendre que le fondamental est cette distorsion (à avoir que rien dans le monde, le vécu, le relationnel ou le corps ne peut contenir le champ tel quel, que donc il ex-siste, quoi que l’on fasse, pense, imagine, désire, décide, qu’il ex-siste en-plus, désigné comme Bord, de tout) c’est inversement croire qu’il pourrait éventuellement se signifier comme monde, comme événement (ce qui ne se peut alors qu’en un monde, a-t-on bien compris cette ruse ? Nommer « événement » ce qui se déroulera comme magiquement dans le monde donné là… c’est la même rêverie que celle qui consiste à renommer la volonté en Volonté ou l’être en Être) comme événement donc ou comme réalisation, ou comme universalité se tenant toute seule sans support, comme désir et son objet mirifique, comme imagination grandiloquente ou comme simplement vie si parfaitement heureuse, comblée, sensible ou à défaut et bien évidemment hédoniste. Tout cela n’est pas, n’existera jamais, n’a rien à voir ni à faire d’avec la structure même de sujet, de conscience, ni ne se réalisera en quelque partie du monde, du vécu ou du corps que ce soit.

Et donc si effectivement il y eut au fur et à mesure un ou des bienfaits pour l’humanité (comme la loi, la raison, les sciences, le bonheur idée neuve en Europe, ou la vie hyper protégée de quantité d’individus depuis 75 ans) ce furent des effets. Prendre pour seuls réels et pour argent comptant les effets et se réduire à ce que l’on réalise effectivement dans son monde humain parce qu’humanisé, libre parce que libéré, c’est se prendre les pieds dans le tapis, c’est gloser sur un acquis en énormisant, décuplant, ré-imaginant « encore plus de bienfaits » ou une « encore plus grande performance de réalisation ». Mais ça n’est pas du tout se ré-instruire selon la structure de conscience ; la vraie historicité  tient en une phrase « mon royaume n’est pas de ce monde ».

Ce qui ne veut pas dire qu’il faille négliger le monde (qui se réalisera par effets et par surcroît) et ça ne fut jamais de négliger la vie et la réalité (contrairement aux jugements caricaturaux qui jetérent le bébé, jésus, avec l’eau du bain, les églises diverses), mais bien que quoi que l’on fasse on en passera par l’accumulation de charge du réel tel qu’elle est décrite par le christique, Platon, Plotin, Descartes et tous les sujets, l’universel et la pensée, la liberté et la révolution, toutes choses dont, à vrai dire, on n’a pas commencé de penser réellement les conséquences vraiment effectives, prenant bien soin de se lover dans tel ou tel coin, telle ou telle partie du monde, du vécu ou du corps mais niant qu’il puisse s’agir, véritablement, de notre âme ou de quelque structure encore plus fondamentale

Ce à quoi 3 500 ans de signes nous instruisent, introduisant la structure dans le champ lui-même. Causant la distorsion sus-nommée.

De ce point de vue (cad du point de vue de structure, et non selon les préservations et les possibilités que nous offre le monde) inutile donc de rechercher le monde ou selon le monde, le vécu ou le corps. Pareillement les œuvres ne se rendent pas réelles telles quelles dans le monde, mais en instruisant des sujets, qui les perçoivent ou les agissent (éthiques, morales, révolutions). La ressource, la source ne se situe que dans l’intentionnalité et spécifiquement, pour ce qui nous occupe ici, à l’intentionnalité dans sa potentialité, sa possibilité, le virtuel qui se maintient toujours en réserve et hors du monde et du vécu ; cette antériorité que l’on doit admettre et dont on doit être saisi. Et qui, donc, ne requiert pas exclusivement la connaissance (philosophique) mais bien la structure elle-même ; telle l’élévation christique, la liberté de Spartacus, même d’inspiration grecque, la moralité, la générosité, la vraie et libre disposition de soi de manière générale. En cela le structurel relève de l’attention, celle qui occupe et investit chaque personnalité, chaque personnalisation et dont on peut ne pas forcément connaître retrouver l’intuition dans telle ou telle cause ; mais de la libre disposition ou de la sorte prédisposition de soi, peut-être même d’inspiration divine (grecque ou divine ou christique ou selon le libre pur et brut de chacun).

Or donc loin de seulement nous retrouver bien dépourvu quant à cette intuition de soi, de notre propre capacité, de sa réflexion ou réflexion (se réfléchissant dans le miroir, le miroir lui-même se-sait, ce qui n’est pas se connaître), nous disposons de 3500 ans d’exploration. Et chacun peut se considérer comme parfaitement au fait de son possible. Que l’on en continue néanmoins de se comporter selon son moi, banal et pesant et emberlificoté, en appelle à cette possibilité dite absolue de Fait Majeur ; à savoir que l’on sait depuis la révolution que chacun n’avancera pas plus loin sans celle-ci, sans la révolution. Ce qui signifie la coordination de chacun et de tous, l’avancée à vue, la république, la démocratie ou ce que l’on veut dans cette logique.

Ce qui était encore supposé en et par le christique, c’est ce qui sera difficilement, et de manière complexe, réalisé historiquement comme support de chacun par chacun et de tous par tous (liberté et égalité et fraternité). Rappelons que le christique imposait l’égalité de tous (face à lui) mais impliquait clairement que c’est librement que l’on s’y décidait ; il restait à inscrire, écrire, dérouler dans le monde, le vécu, le relationnel et le corps (de chacun… ce qui n’est pas une mince affaire et ce pour quoi il y eut ces mass-médiatisations qui devaient se transformer en mass et micro médiations, ce par quoi chacun est médié en lui-même et aux autres, de façon intégrée, intégratrice), à inscrire l’égalité et la liberté dans non plus seulement le cadre de la société humaine mais dans l’épaisseur des corps… via les « images », au sens large, via les représentations (ce qui s’est décuplé durant les années soixante). Les images devaient «convaincre » les corps, la densité des corps concrets, et ceux-ci être saisi, moralement par ex (si l’on est kantien), et non plus percevoir abstraitement la vérité mais l’incorporer ; tout comme le christ incarnait dieu dans le monde et ce corps.

La raison et la finalité (de la mass et micro médiatisation, en vue qu’elle se modifie en mass et micro médiation de soi à soi-même, via en quelque sorte les autres, autrui, de sorte que chacun partage la même vision) en est celle-ci ; lorsqu’elle demeure abstraite la vérité est difficile et excessivement lente. Lorsqu’elle est incorporée, sa rapidité d’exécution lui rend possible d’avancer bien plus loin et bien plus souplement. De même Rimbaud n’a pas « pensé » son œuvre ; il l’a incorporé (raison pour laquelle il Devait être un adolescent, au corps neutre et disponible absolument) et c’est donc précipité sur la plus concentrée et fulgurante des révélations, des logiques révélatrices. Ou donc ; on ne peut pas décider abstraitement d’être ceci ou cela, il faut en mémoriser le trajet, la possibilité, de sorte que la potentialité surgisse à point nommé. C’est aussi ce que visait Nietzsche ; non pas une décision éthérée ou sans énergie mais la décision à même l’énergie brute et par elle-même. On reviendra sur la caractéristique ; à savoir que l’on ne décide pas selon le conscient mais selon l’intentionnalisation, et que cela implique non pas telle ou telle situation mais un comportement étiré sur toute l’existence, qui ici et là parvient à se dénuder, se livrer, se parfaire ou se rompre et se désorienter, tout n’est pas roseOr cependant sur ce point, toute négation ou décrochage ou effondrement ne peuvent pas entamer la structure (qui n’est pas ‘dans’ le monde ou le vécu), sauf en ce qu’on l’oublie et se délaisse dans l’écroulement, la noyade, l’immersion dans les ténèbres, ou si l’on préfère la dispersion (de l’intentionnalité qui dès lors s’effiloche effroyablement, plus ou moins) ou finalement dans la dépression, la chute de la pression, l’intentionnalité qui s’éteint à la source même, n’éprouve plus même de manque. Le manque du manque (Lacan, si je me souviens).

Il n’est pas étonnant que l’intentionnel succombe à lui-même ; puisqu’il imagine se saisir des objets de désirs ou absorber et devenir ses images ou accaparer, accumuler le regard des autres ; aimez-vous les uns les autres – comme – je vous ai aimés. C’est le ‘comme’ qui compte et l’interrogation ; mais comment nous a-t-il aimés ? Rencontrant somme toute une relation qui élève et non pas nous amoindrisse. On a dit déjà que l’on admettait le christique comme Fait majeur, ou fait supra-historique dont on ignore comment il a pu prendre forme, se formuler il y a 2 000 ans (laissant ouvert qu’il soit fonctionnel ou dimensionnel).

Bref, on verra.

On ne juge pas de ce monde, de cette historicité humaine selon la vue, superficielle toujours, d’un quelconque idéal ; de quelle sorte ? De quel autre monde parlerait-on ? Un schéma ? Une abstraction ? Une image de plus ? La Volonté nietzschéenne ? L’Être de H ? Le monde communiste idéal ? Puisque ce que l’on cherche c’est le creusement qui eut lieu, aura lieu, a lieu ici même. Et comment cette articulation (de l’arc de conscience dans l’arc du présent) peut encore plus se dimensionner. Aucune image ou abstraction ne peut se substituer à l’invincible complexité du réel. Ou de l’historicité.

Or donc tout cela est excessivement important parce que l’on passe littéralement par-dessus Kant, selon l’ambition même qui oriente la pensée depuis Descartes, explorer le sujet tel que là et qui ne se nomme plus « pensée » que par habitude, Kant le dit c’est de réflexivité, de retour sur cet être ici même dont il est question ; qui ne renvoie pas seulement l’autre-monde au-delà (du champ phénoménal donné), mais qui creuse ce monde et ouvre le gouffre de la structure ici-même ; ce que Descartes pointait ; au sens où l’ontologie n’est pas dans la pensée, ni dans la pensée-de-dieu telle que théologique, on a quitté tout cela à partir de Descartes ; et pour ce qui est de la rationalité croit-on que la conscience soit ‘générée’ par la pensée ? Si non alors la structure-sujet est une structure de cohérence, autre et antérieure, qui produit de la pensée, des œuvres, des objectivités, des mondes humains, etc.

Et la question s’est déplacée, dont, par exemple, que la société humaine à partir de la révolution n’est pas du tout la « cité grecque » idéalisée (celle idéelle), mais la société des sujets, problème qui émoustilla Kant tant et plus, sur la base, politique, du citoyen, comme origine du jugement ; lequel n’est pas la pensée, mais au final le sens de la vie, sous-entendu les myriades de significations qu’il faut, faudra lui inventer, ce qui arriva au cours des deux siècles suivants ; et au point que ce ne sera pas seulement la distinction du social et du politique (selon Hegel et la société civile relevant de son dynamisme propre), de la vie privée et de la vie publique (19éme et selon le politique) mais jusqu’au fin fond de la distinction de la réalité humaine et de sa représentation ; la représentation est (devenue) tout, la re/présentation du monde humain, par lui-même, est cela qui occupe tout le 20éme, dont le début d’apogée consiste bien sûr en ces années soixante.

L’ampleur de la re/présentation (de soi par l’espèce humaine sous sa condition la plus réelle, la plus concrète de l’individualité du moi, mais aussi de l’entreprise individuelle, de la satisfaction et presque de la mise en jeu de l jouissance, et du fantastique, de l’irréalité, de la débauche d’irréalisme structurel, cinéma, Bd, science-fiction, fantastique, qui intègrent l’ensemble des arts en une seule trame, du rock et de la pop, de la prolixité créatrice, puisque quantité de mois se lancent dans la re-formulation de la perception et du corps, et mille autres champs nouvellement ouverts) ; c’est le monde humain absolu de la re/présentation de tout. De même que l’agent central soit l’individualité, en tant que producteur et consommateur, celui qui décide de (ou donc qui désire). Tout cela appartient au même monde et le 20éme a produit, inventé, créé un monde (humain et humanisé et personnalisé et re/présenté) à sa mesure, laquelle est totale.

D’autant plus totale, que ses deux fondements (le monde universel grec et le sujet christique selon le corps de chacun) sont archi-universels ; ça ne veut pas dire qu’il s’agisse d’une sorte d’idéal abstrait mais tout l’inverse ; il n’y a rien de plus concret que le monde et la vie de chacun ; ce qui se réalise, historiquement, est la nature même de l’humain et ce sous la condition de la structure de conscience ; de là qu’il faille que tout soit absolument, formellement, individué. Il y a une révélation interne à cette historicité quant à la nature humaine et quant à ses possibilités et réalisations dans le monde, le vécu et le corps, dont tout fut inventé, puisque n’ayant jamais existé auparavant.

Rappel ; il n’y a pas une « nature humaine » mais l’élaboration des possibilités, dont un certain nombre furent, pour le moins, douteux. Aussi est-il requis, appelé une civilisation individualisante et individualisée, qui supporte et se supporte (cad s’aime) comme telle ; non dans ses abstractions seulement mais dans ses imaginaires et ses récits, inscrite, écrite en et par chacun des corps réels doté de signes innombrables et tous finement créés. C’est pour cela que les corps sont dotés d’une autre-surface (celle du christ, de la pensée, de la poétique, littérature, des esthétiques et des perceptions, du droit et de la constitutionnalité des sociétés, etc) ; autre-surface du corps en tant que porte-signes et dont chaque corps est en lui-même, corporellement, la Signature.

Ou si l’on préfère ; l’individualité d’une culture individualisante et non d’une communauté, d’une ethnie, d’une race, ni même d’un arbitraire du choix (ce qui veut dire que l’on peut choisir ce que l’on veut, sauf ce qui nie que l’individu ne soit pas). L’individualité est une structure pas une identité, mais cette structure existe en et par elle-même et existe absolument ; elle n’est absolument pas relativiste ; on peut choisir ou créer ce que l’on veut mais certes pas entrer en contradiction en annulant le champ originel (de même que, instanciant la liberté, on suppose immédiatement ou instantanément l’égalité, et leur mise en œuvre complexe) ; il n’est aucune identité qui puisse recouvrir cette structure. Elle est le rond-point de l’historicité (cad celle qui rend possible tous les possibles ; penser universellement ne veut pas dire que je nie mon individualité, mais bien que je pense lorsque je comprends ce que je dis, personnellement, on ne peut pas penser à ma place ; de même dieu ne s’adresse qu’à chacun un par un ; le christique encore plus, qui meurt pour chacun ; et la liberté que l’on sache on n’est pas libre à la place de quelqu’un d’autre).

Le porte-signes est celui-ci qui seul, dans son individualité, peut envisager de percevoir les significations. De même que le christique est le un tout-seul (vraiment tout-seul). Ou que Montaigne ou Rimbaud se transmette à qui l’entend, pourvu qu’on le veuille… ce qui n’est pas du tout évident et facile.

On dira donc qu’il s’agit de sauver véritablement son âme (ce qui veut dire actualiser la foi très réelle) ou de réaliser véritablement son être, ou « tout le possible possible » et ce avant le terme (étant entendu que lorsque ce sera terminé, ce sera terminé). Le problème étant (à quoi s’utilise toute l’historicité) ; qu’est-ce que le vraiment possible ? Puisque si on abolit l’hypothèse d’un deuxième monde, d’une substance de l’esprit (on ne sait pas du tout ce que l’on pourrait entendre par là), il perdure quand même une différence fondamentale entre notre être et le donné, la réalité. Soit donc, nommée, l’intentionnalité.

Mais, comble du perfectionnement, on a désigné comme « signes » ces étranges orientations qui au cours d’une vie transforment celle-ci en existence ; la perception des signes, venus on ne sait de où, est précisément l’expérience qui probablement est arrivée, s’est imposée à plus d’un. Et on dit bien ; au cours d’une vie … non pas de grands signes universels, mais à l’échelle et au cœur de l’existence la plus concrète de chacun. Au cours de la vie, modifiée en existence, des signes viennent. On suppose, ici, qu’ils viennent d’en-avant. C’est ce que l’on nomme le kaléidoscope. Il existe un champ, constitué de rapports et tout se meut en ces rapports afin que le champ premier se modifie ; cela vaut pour chacun, en tant qu’il s’agit là de l’actualité continuelle de chaque conscience, et cela vaut, peut-être, dimensionnellement, pour le réel ; dans le présent le réel se modifie constamment, il vient en avant de lui-même, raison pour laquelle il existe un présent. On suppose qu’ils viennent d’en-avant, et donc que le temps habituel ou naturel ou donné n’est pas le ‘temps’ réel vertical; le présent (qui déroule toutes les réalités) est l’exister (qui se dresse verticalement en plus de toute l’horizontalité donnée ou immanence).

Redoutable perfectionnement parce qu’il existe un réel afin qu’il soit plus grand que lui-même et est ainsi engagé intégralement (au sens où rien n’y échappe, pas un iota) et en intégrité de structure (requérant la pré/disponibilité) dans sa propre perfectibilité. C’est cette possibilité interne au réel (conçu comme splitté, articulé, ouvert en interne en son pli, sinon de réalité il n’existerait pas) qui réclame fondamentalement notre attention. C’est cela admettre en soi une plus grande possibilité (et non une plus étendue réalisation), une plus grande possibilité qui implique de se re/prendre antérieurement (le pardon dans le christique, la capacité toujours nouvelle de re-venir, avec un trémas puisque le re-venir est le venir lui-même) une plus grande possibilité que chacun recherche.

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Sartre et Lacan

17 Octobre 2020, 08:25am

Publié par pascal doyelle

Soit donc illustrativement.
Nous sommes livrés pieds et poings liés à la jouissance, qui cherche violemment partout à se réaliser.
Pour ne pas y succomber (comme on verra) nous nous distrayons par ces plaisirs, petits et grands.
Parfois telle occurrence de plaisir s’enflamme en passion, qui peut-être se
concrétisera en amour, affectif, Mais dont la puissance s’éteindra probablement.
E
t parfois le désir inclinera calmement en amour-raison
Et enfin quelque fois en amour et adoration au sens religieux de la foi (dieu, christ, pensée, universel ou œuvres, un engagement, une éthique, la révolution, etc).

​​​​​​​Les conditions brutes d’existence.

La jouissance, qui est originelle, n’est pas naturelle. C’est la jouissance hallucinée du corps empli, extatique et les signifiants pourront cadrer et découper cette jouissance, temporaliser, et rendre possible de désirer un objet, réel, dans le monde, parmi les autres, dans la société et le symbolique (l’objet a de Lacan) ; la folie est d’être (dés)intégré par la jouissance (qui ne peut plus être distinguée par les signifiants, la psychose ne sait plus communiquer ni repérer le réel) ou, autre fourvoiement, les signifiants nous contraignent à tourner en rond. Aucun être vivant n’est soumis à la jouissance impérative, toute puissante, délirante, hallucinée. Pour que s’impose la jouissance il faut un champ intentionnel qui non seulement désire ceci ou cela, mais imagine la jouissance surabondante qui comblera au-delà du donné, du naturel et du raisonnable, au-delà de la limite, la jouissance surabondante qui nous emplira, débordera. Aucun animal n’imagine une telle complétude. Tout être vivant est d’abord son unité, laquelle est constamment en danger, peu ou prou ; un être humain est soumis quant à lui à une unité transpercée, traversée, dépouillée d’elle-même. La menace consiste structurellement à prendre le contenu pour la structure et ne plus y introduire de distance ; le fou n’est pas seulement celui qui se prend pour le roi, mais le roi qui se prend pour le roi.

La jouissance imaginée n’apparaît que dans un champ intentionnel. Il ne s’agit pas de jouir naturellement, mais il est question du fantasme d’une jouissance qui comblerait l’articulation, cad le gouffre, qui s’est ouvert sous nos pieds ; et ce gouffre c’est le rapport intentionnalisateur qui crée, ouvre, élabore le champ qui place les choses, dont nous-mêmes, et nos objets de désir dans son champ, et ce par signe, ce qui veut dire par une distance. Et cette distance ne peut pas être comblée, au sens propre et figuré ; il n’y a pas d’objet, de chose, de corps, aucune autre conscience qui puissent emplir le vide du signe ; et donc aucun signe (figuré) ni aucune « substance corporelle » pour ainsi dire (sens propre) n’y suffirait ; il n’y a pas, n’y n’aura pas, il est impossible que l’on obtienne satisfaction.

Ça ne sera pas de l’ordre de la satisfaction. Nous comprenons cela ainsi ; la structure de conscience, larticulation, le rapport ne trouvera pas dans le monde (le vécu, le relationnel, le corps) son « objet » et donc il sera à lui-même sa « résolution ». c’est de sa propre auto-compréhension, pour ainsi dire, qu’il tirera sa possibilité ; cad qu’il continue d’exister plutôt que de s’effondrer dans son absurdité, son non-sens, sa non-satisfaction. Et évidemment outre ce préalable négatif, positivement cela veut dire que l’articulation est, en elle-même, la Puissance, la potentialité, le possible et la Possibilité même. Qu’il y ait articulation (en et par l’a conscience-de) veut dire que le réel est cette articulation (et non quelque quelconque objet ou complétude ou satisfaction, qui n’appartiennent, eux, qu’au monde, au vécu ou au corps).

Rappelons ; on ne considère pas que le réel soit absurde ou dépourvu de sens. On admet parfaitement, par contre, la brutalité, la violence, ontologique et physique, mortelle, si l’on veut au sens propre et figuré aussi, de ce réel. Ou donc ; le réel n’a pas pour finalité notre « satisfaction » (ce qui ne veut pas dire qu’il faille célébrer la brutalité ou les nécessités invivable, mais au contraire facilité notre vie afin que la véritable destination, le sens réel du réel puisse se développer ; à savoir que si le réel est à ce point brutal c’est qu’il suit la logique de la distinction ; si on distingue, on divise, on sépare, on découpe. Si la réalité ne se divisait pas … il n’y aurait pas de réalité. Ce qui se détermine, se détermine. Le système même de « réalité » est la détermination, soit donc la distinction de toute chose, être ; tout est à ce point distinct que l’espace temps se crée, de sorte qu’aucun point ne recouvre un autre.

Brutal, sans doute aucun, mais non pas insensé. C’est au contraire une structure d’une cohérence inouïe en ceci qu’elle rend possible une « réalité », ce qui veut dire ce type absolu de dispersion, de multiplicité, d’unicité partout, en chaque point. Cette cohérence formelle est cela qui est cherché.

Revenons. On a donc supprimé l’esprit et ce depuis Sartre. Et en remplaçant l’esprit par une performance absolument suréminente et multiforme, et peut-être infiniment formelle, nous avons à la fois simplifié et rendu plus incompréhensible le problème. Rappelons que l’on considère ici que le développement depuis (au moins) dieu et ensuite l’universel grec et ensuite encore le christique et le sujet, ce développement s’est effectué en droite ligne ; ni Descartes ni Kant ne présuppose la pensée, la pensée comme substantielle ; la raison, soit donc au mieux le moyen du sujet ou plus extrêmement les images dans le miroir du sujet, n’est pas la pensée. La pensée qui était conçue comme « pensée appartenant à dieu » dans toute la théologie. Pensée divine donc, aussi a-t-on pu reprendre Platon. Rappelons que l’on a sous la dénomination de pensée, idées, système, déployer quantité d’intentionnalisations du monde donné là, de telle sorte que l’on s’est échappé de fait de tout langue et de tout groupe ; si on ne comprend pas ceci ou cela de telle philosophie grecque c’est que c’est grec et non pas universel ; ce qui passe, d’une langue à l’autre, c’est l’universel.

C’est une mythomanie complète que de croire que l’être est une langue. De même mécomprendre Lacan que d’entendre « l’inconscient est structuré comme un langage » par « en tant que langage » ; « comme » un langage veut dire que chacun est instancié par des signifiants et non quelque mystérieuse qualité de la langue ; soit donc chacun use des signifiants et effectivement les signifiants ils sont systématisés (plus ou moins) dans l’usage d’une langue dans un collectif, mais en fait ils sont scindés et séparés et peuvent être réarrangés en tant que dans le corps, de chacun, ils marquent une signification et par métaphore et métonymie glisser et constituer l’inconscient ; un signifiant cache un signifiant qui cache un signifiant qui cache un état du corps, une jouissance, une jouissance imaginée ; ce qui veut dire ; qui n’existe pas, n’a jamais existé, fut halluciné, soupçonnée, désirée, fausse perception mélangée et sur laquelle, coupure (opérée par les signifiants). La vérité est que Lacan prend bien soin de la révélation sartrienne, que l’intentionnalité est un champ et qu’ensuite il s’individualise, et donc présente que le moi (qui est un identité imaginée, pas réelle, mais tenue dans une intentionnalisation, dans une image ou un conscient de soi) est originellement une bordure qui coupe le corps : par quoi le dit corps, vivant, n’est plus vivant mais devient Autre, il est affublé d’un signe et le signe est, pour l’intentionnalité, bien plus réel et puissant que le corps, plus impressionnant que le sentiment du corps, puisqu’un arc de conscience est fait pour cela, pour les signes et non pour le vivant.

Or que l’on existe selon les signes (qui nous découpent) veut dire aussi que ce signe est déjà une sorte de « conscience » ; tout signe n’est que par et pour une conscience ; et donc nous voici chaîné par le signe que nous appartenons à une autre-conscience (qui est tel ou tel autrui ou l’autre-conscience en général ; parce que toute conscience est déjà un rapport et donc est absolument, cad formellement, Le-Rapport ; sitôt que l’on prononce ou avance ou existe dans ‘tel rapport’ on existe selon Le-Rapport ; il n’y en a qu’un. Et donc par, via un signe, «on est perçu ».

Le moi croit qu’il s’agit de ‘sa’ conscience ; la conscience ‘de’ Pierre par ex. En vérité et dans le réel même, Pierre appartient à sa structure de conscience, ce qui ne s’entend que si la conscience en Pierre est plus grande que Pierre et que sa santé existentielle, structurelle revient à non pas croire en lui-même, Pierre (ce moi composé par son vécu, son héritage, génétique ou historique) mais à croire en ce sujet antérieur à Pierre ; à quoi servaient les religions... Les religions, les pensées, mais aussi les œuvres (Rimbaud qui devient ‘Rimbaud’, comme l’a bien vu Nietzsche qui dit, de Nietzsche, qu’il va couper l’histoire en deux … Nietzsche devient le héros, le sujet, de sa propre histoire afin que le sujet ‘Nietzsche’ soit plus grand que le Nietzsche vivant, qui n’était, comme tout le monde, qu’un petit bonhomme de rien du tout).

Lacan procède exactement à l’inverse ; il s’agit pour tout moi de percevoir ce moi du dehors ou d’un dehors sans doute très limité mais suffisant pour que naisse le sujet (de son existence) à partir du moi (de sa vie) ; que celui-ci qui non pas guérisse mais puisse continuer (au lieu de s’enfermer dans son moi névrosé). Que même si il n’est aucun sujet proposé (qu’il soit de religion, de pensée ou de liberté ou d’œuvre, etc), que même alors le moi soit perçu du dehors, d’un dehors qui desserre quelque peu la chaîne des signifiants. C’est pour cela que l’extraction du sujet hors du moi (dans lequel on tourne en rond) se produit in vivo, dans l’acte de psychanalyse ; il faut que le sujet Voit le moi.

Mais en vérité Lacan a compris que le champ de conscience est bien plus grand que telle découpe, Pierre ou Marguerite, la table ou le conscient. Sauf qu’il croit que ça glisse, ce champ, dans l’inconscient, puisqu’alors, hors de la position du pour-soi de Sartre, la conscience est réservée en tant que conscient ; explicite, objectif, ou subjectif mais imaginaire.

Lacan ne croit pas, apparemment (parce qu’il fut très discret sur sa lecture de Sartre … qui n’a pas pu ne pas l’influencer, d’autant que Lacan fréquentait les cours de Kojève et sa version « matérialiste  » de Hegel), en la vision sartrienne du je ; et pour cause si Sartre réintègre le moi dans le champ, le je est et n’est que ce champ ‘objectif’, direct de la conscience, ce pour-soi n’a d’effectivité que d’être justement un je. Un champ de choix, qui du reste trouvera tout naturellement dans le marxisme ou dans la logique pratique de Sartre un dialectique très difficile mais pour ainsi dire un débouché naturel ; c’est par ses effets de champ pris par un je sur lui-même, qui assume cette charge, qui assure et poursuit ses décisions, prises dans la plus grande extension de champ (en somme qui se hausse non tant au niveau de la raison, de la science et de l’objectivité mais de l’histoire humaine, de l’humanisme historique).

Sartre est un guerrier ; son « sujet » est conquérant ; il n’est pas dans la contemplation mais dans l’action. Une œuvre est un engagement tout comme la révolution et idéalement les deux, grande tradition somme toute, et une vie est un engagement, très difficile, très rigoureux, le contraire du moi souffrant de Lacan. Or pourtant il s’agit du même champ ; lorsque Lacan tire vers l’emplissage du champ selon les signifiants, les images, les pulsions du moi, Sartre pousse vers les possibilités aboutissant à des résultats de l’intentionnalité ; qui pour Lacan est divisée en elle-même ; ce qui est vrai, absolument vrai, mais c’est de l’intentionnalité dont il est question, et non d’un « être », et donc cette intentionnalité peut très bien être étendue de son engluement dans le moi vers la possibilité du je, le plus objectivement historique et humaniste possible. Le champ qui n’est pas un être, est élastique. C’est bien pour cela qu’il est d’une compréhension bien plus inclusive de toutes diversités et surtout parce qu’il est d’un maniement, d’une praticité formidable pour toute activité ; une conscience, cette structure, est faite pour cela.

Pour intégrer tout ce qui vient du corps, de la perception, créer des langages, utiliser ceux-ci sur un horizon et s’adapter à n’importe quelle situation, ce qui veut dire aussi inventer de nouvelles situations ; le reconditionnement qu’autorise l’utilisation du signe, la capacité de cibler l’horizon des horizons divers, de ramener ou d’étendre, de concentrer ou de desserrer l’attention est le fait utilitaire de l’arc de conscience. Le monde donné, la nature ou la réalité ont inventé un (non) mécanisme capable d’une hyper adaptabilité qui excède le vivant .

Et donc nous voici face à non pas une essence (dont on ne comprendrait pas du tout comment l’esprit pourrait absorber le monde donné là, en tant que deux ‘essences’ se heurteraient et l’une l’emporterait, par a priori ou préférence personnelle, l’une sur l’autre) mais devant une structure, vide, étant un rapport (capable de quantités de rapports). Or contrairement à l’interprétation de Sartre d’un champ « uniforme » et donc aboutissant à une universalité in fine, on suivrait plutôt l’hypothèse que ce rapport étant un rapport, il est un. Soit donc strictement individué.

Et dès lors est-il impératif de désigner ce rapport singulier comme précisément capable de toutes objectivités, subjectivités, perceptions, activités, communications et langages, sociétés et relationnels, d’être au final une structure-sujet absolument toute puissante et dotée d’une hyper cohérence.

les autres pensées ne comprennent pas que le procédé de conscience est distinct de toute pensée, toute représentation, tout langage ; il n’est que Sartre qui désengage l’arc de conscience de tout contenu. Ce qui veut dire qu’il l’individualise absolument. Individualise en tant que champ, antérieurement à tout moi.

Si la conscience que l’on a de soi est un rapport, alors il est à plusieurs niveaux, plusieurs niveaux réels. Et la conscience de soi n’est ni idéale, ni imaginaire, ou imaginale, ni idéelle et consciente. Elle réclame donc sa propre définition effective.

C’est ce que ciblaient Nietzsche et Heidegger ; une conscience immédiatement donnée là dans le monde, le vécu, le corps. Sauf qu’ils refusaient que ce soit une « conscience » qu’ils prenaient au sens classique si l’on peut dire, hérité de Husserl pour Heidegger ou de la tradition globalement, de conscience équivalente au conscient, voire pire de conscience « morale ».

Or on a vu que le tour de force de Sartre fut d’instancier la conscience dans l’ici même, comme point purement négatif mais réel qui donne à voir le monde ; c’est pour cela qu’il débute par l’imaginaire ; le registre qui semble le plus immédiat, tout comme l’émotion le plus spontané. Et il s’avère donc que tout l’ensemble des émotions et des imaginaires sont construits, artificiels, ce qui ne veut pas dire dépourvus de réalité ou de vérité, mais que celles-ci ne sont pas reliées à un donné naturel mais à un sujet ; le pour-soi, lequel est un champ qui parfois s’inscrit comme subjectif mais peut aussi bien penser les mathématiques ou fabriquer techniquement une turbine ou systématiser une législation de droit.

La création du champ est fondée sur l’arc de conscience qui crée au devant un champ de signes ; ces signes, ces rapports, font de fait et instantanément retour sur l’arc lui-même. De sorte qu’il ne s’agit plus du tout de l’ancien système conscient qui faisait valoir ou qui se suspendait à l’universel ; il s’agit de la structure sujet, celle qui, justement, prend pied dans un corps, une perception, un vivant mais étant formelle, cad vide, elle absorbe tout ce qui lui vient.

On sait bien que si l’on définit la conscience comme étant le conscient, ou donc résidant en un contenu conscient (qui acquerrait la conscience on ne sait comment) ceci s’oppose massivement aux perceptions venues du corps ; et si il s’agissait de choisir entre le corps et l’esprit, on n’en sortait pas et même on basculerait plutôt vers le corps et anéantissant l’esprit. L’esprit considéré et admis comme une chose éthérée peut-être mais déterminée ; entre la détermination éthérée et la détermination donnée et physique quel choix aurions-nous ?

Mais tel n’est pas le cas ; le seul qui ait franchi le pas, c’est Sartre. Pour Husserl l’intentionnalité est certes un processus ou un procédé, une technologie, une structure (qu’il décrit) mais relative à un contenu et un contenu encore et toujours idéel ; pour Sartre non. L’idéel fait partie des réalités qui s’agitent dans le champ du pour-soi. Comme tout le reste, cad littéralement « tout le reste ». Sartre ne va pas au bout ; parce que ce à quoi il se réfère c’est encore la détermination (et qu’il refuse l’esprit, à juste titre ; tout ce que l’on a pu tirer de l’esprit l’a été, et de toute manière depuis Descartes ça n’est plus de l’esprit dont on parle, malgré divers mic-macs, mais de la volonté, de l’intention ; le sujet kantien n’est plus situé réellement dans l’esprit, ni la raison, ni l’entendement, mais dans le sujet moral, selon son Intention précisément, l’esprit hégélien est et n’est que négativité qui ouvre des systèmes et le savoir absolu est la connaissance de ce que l’on a connu et n’est pas en lui-même autre que cette historicité, dialectisée). Etc.

Rappelons. Que l’arc de conscience se produit de la cervelle vers le réel et qu’il n’est pas déterminé ; sous entendu qu’il est toujours déterminé ; il n’existe pas d’arc de conscience qui ne signifie pas, toute conscience est conscience de quelque chose, mais elle passe d’un quelque chose à un autre … puisqu’elle est un rapport, qui requiert l’un et l’autre terme du rapport, mais il ne tient ni dans l’un ni dans l’autre, il va tisser des rapports ou des contenus qui sont eux-mêmes des rapports et l’ensemble de tous les rapports est indéfini, se poursuit indéfiniment comme une série infinie, et signifie dans son unité cette unité vide du flux ; ce qui veut dire que les rapports se rapportent à un seul, le je, qui n’est pas une identité mais ce par quoi le rapport se signifie lui-même en tant que rapport. Or le rapport ne peut pas se signifier ; il n’est que le mouvement lui-même, et donc il lui faut un moi, et ce moi est ce corps. C’est le corps même qui est barré, coupé par le signifiant (ce qui lui cause une douleur d’être infinie, puisque l’on n’est pas, on n’est pas « de l’être » et donc on ne sera jamais satisfait sous la forme d’une complétude, et ce corps vivant, ce vivant est fondamentalement brisé ; il lui faudra retrouver une autre sorte d’unité (celle spirituelle ou divine ou christique ou transcendantale ou existentielle, et donc pas une unité du tout mais l’élaboration de la division, de la possibilité comme telle.

Dieu, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution, le réel creusent le gouffre de structure. Non seulement en élaborant la Cause (en distinguant ses possibilités internes en tant que Cause) mais en démultipliant également les effets ; l’approfondissement de la cause en sa structure emplit le temps de possibles en produisant une multitude d’effets sur le monde, le vécu, le relationnel, le corps ; puisque le rapport initial est analysé, il se crée quantité de rapports seconds et puis secondaires.

Ce qui veut dire des rapports de plus en plus précis, détaillés, pointilleux, et à mesure que chacun s’empare du rapport et qu’il commence de le manier en tous les sens, les significations disponibles et puisque chacun sait qu’il existe réellement chacun créera quantité de rapports effectivement réels (de même que quantité de rapports fantasmatiques, irréels, arbitraires, etc) ; de là que non seulement il apparaisse d’innombrables rapports nouveaux, mais qui plus est des rapports réellement effectifs, qui portent à effets, en d’autres effets et encore plus de causes selon le monde, le vécu, le relationnel, le corps et la vie de chacun.

Comprenons que le rapport naturel consiste en l’intégration de la conscience de l’inférieur dans la conscience du supérieur hiérarchique, et que plus loin (ce qui veut dire antérieurement aux empires et aux royautés) l’intégration de toutes les consciences dans la conscience collective, dans la parole, la représentation partagée qui se donne comme monde immédiat. Que toute indépendance de conscience amenée ici et là dans l’historicité est une conquête et une difficulté. Qu’ayant collectivement parlé, représenté et pensé c’est afin d’opérer une activité de synthèse qui permettait à la fois l’ensemble des réponses au monde donné (dans la survie, à tout le moins) et la communauté de compréhension ; il n’existait pas de livres, et encore moins d’ordinateurs qui individualisent, ou inversement que l’individualisation rend possibles et surtout nécessaires, imposant qu’il y ait communication et transmissions individualisées (et non plus collectives).On suppose ici que le collectif est une variation de la structure individuelle, bien que le groupe paraisse évidemment primitivement ; croire que l’arc de conscience soit un effet du langage, de la communauté est, pour nous, illogique.

Puisqu’il est clair que l’on admet comme mystère absolu que le donné, la réalité, la détermination qui se déploie partout comme univers, monde, étendue, que ce donné invente tout à coup un être qui n’est pas déterminé et ruse suprême qui soit justement déterminé afin de surgir indéterminé ; la conscience qui est toujours conscience de quelque chose, au sens où elle se pare impérativement d’au moins un signe, consiste précisément en ce dépassement de tout signe limité par et dans d’autres signes, à la queue leu leu ; ce par quoi Lacan désignait la suite indéfinie des signifiants, laquelle indéfinitude parvenait à s’ancrer justement afin de ne pas tourner folle, et à s’ancrer en et par un corps… Rompant le charme mortel de la jouissance par la ponctitude des points de l’objet a, le petit a, toujours recommencé et renouvelé ; la suite des signifiants tourne éperdument et épuise mentalement ou aussi bien physiologiquement (dans parfois des cas extrêmes).

Comprenons que l’arc de conscience est une articulation et que notre finalité impérative, hors de laquelle nous tournons fous (ou insupportable ou ignobles ou dangereux individuellement ou collectivement), cette finalité impérative est d’instancier, dans cet arc, le réel. Le réel, soit donc en l’occurrence la distance, est la distinction qui existe entre moi et mon objet. Si mon objet n’est pas à distance il l’annihile, il le colle en une identification hallucinante (plus ou moins vigoureuse, rendant la vie plus ou moins impossible) : il déchaîne la confusion de la forme (de conscience) et du contenu (de conscience) ; dont on saisit immédiatement qu’ils doivent se distinguer. C’est pour cela qu’une œuvre, véritable, n’est jamais une facilité (un vrai film n’est pas « hollywoodien », ce qui veut dire que les pires films pourtant bien appréciés sont des hallucinations, des folies, des névroses ambulantes).

Ou donc, pour reprendre, que non pas le sujet apparaisse dans la séance de psychanalyse, mais que ce soit lui qui puisse percevoir et desserrer le moi de sa gangue, qu’il ne soit plus astreint aux contenus. Que le moi via son sujet affleurant (dans la réalité) advienne au réel (et non plus reste noyé dans les réalités, les objets, les désirs figés, ou comme dit Lacan que « ça continue de s’écrire » au lieu le moi demeurait bloqué, coincé dans son moi attaché).

Ce lent travail du moi qui soudain se perçoit, au bout de 3 séances ou trente ans, à partir du point de son sujet, c’est ce qu’impose, de but en blanc, Sartre comme extérieur absolu (l’en-soi, le réel, l’existence, le bloc massif du réel externe) et ce qu’il propose comme un Fait absolument d’une dureté rigoureuse (de la même rigueur que le sujet kantien ou du même réel suspendu selon le doute cartésien) ; ce sont diverses manières d’apprendre non plus le moi que l’on Est, mais le sujet que l’on Existe. De ceci qu’il sera le philosophe du regard de l’autre et que finalement l’altérité absolue de l’en-soi, de la chose massive et l’altérité de la conscience qui vient traumatiser le moi (qui dépend structurellement de ce champ de conscience) relèvent de la Même Altérité. Il décrit toujours à partir du point-autre absolu (le seul absolu qu’il reconnaisse).

Cette jouissance de Lacan (qui est donc non naturelle et n’a rien à voir avec un désir naturaliste, aucun vivant ne nourrit la monstruosité d’un tel Désir, il n’y a que nous) c’est l’engouement du pour-soi sartrien qui se voudrait pour-soi/en-soi (se saisir en conscience et vivant à la fois, ce qui est impossible). « L’enfer c’est les autres » ou « nous sommes au jeu de l’Autre » de Lacan, c’est la coupure que tout signifiant, tout signe opère sur le corps-vivant, physiologiquement pratiquement (et le signifiant nous rend malades et de toute manière souffrants).

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L’arrêt du bras violent et des ténèbres

10 Octobre 2020, 09:13am

Publié par pascal doyelle

On dira donc que lors des tribus nous inventions, jadis, la mise en forme culturelle, du langage, de la représentation, des échanges, des systèmes familiaux, des descriptions du monde donné là,

il s’en est suivi que l’on prit conscience que ces contenus (qui sont énormes et très complexes, ces cultures humaines) n’étaient pas reçus ou donnés tels quels (selon le sacré, le mythe ou la magie) mais que nous produisions les dits contenus, et que donc il fallait se demander, dès lors, pourquoi et comment il nous était possible de créer des mondes.

Mais de cette manière nous fûmes éjectés hors de tout monde, puisque tous se révélaient artificiels au sens de construits. Nous existons de, par cette artificialité, cette construction, et que nous aimerions admettre comme « sacrée ou naturelle ». Sacrée pour les anciens mondes mais tout aussi bien naturelle pour nous, depuis 2 siècles et la révolution de la raison, des lumières, du réalisme humaniste ; la « nature humaine » ou « le désir » ou le besoin. En comparaison pour les grecs le monde était aimable en lui-même et naturel mais empli de sacré.

Or il y eut un changement entre-temps, entre le temps du sacré d’autrefois et le temps du naturalisme, du réalisme de la « nature humaine » ; modification qui introduisit le divin. Intervention du dieu unique tout-autre, de la pensée universelle (toute autre également), du un tout-seul vraiment seul et intentionnel, de la suspension de l’intention personnelle, individuelle cartésienne. Si la conscience est une structure, elle est un rapport, l’intentionnalité est un rapport, aussi peut-on évaluer qu’au fur et à mesure l’articulation (qui passe de dieu à René) se resserrement, le resserrement en augmente, intensifie ou accélère la précision. La précision structurelle.

Le divin est tout à fait différent en lui-même ; en ceci, très simplement, que le sacré de jadis et évidemment le naturalisme moderne se mêlent, se mélangent au monde donné-là. Tandis que le divin tient le monde, le vécu et le relationnel, le corps et la vie de chacun à l’extérieur. Dieu a créé le monde et les êtres ; la pensée, les idées sont autres que les phénomènes, l’apparaître est exporté par l’idée. Le christique vous regarde, oserait-on, vous pointe de la désignation et appelle votre âme à ex-sister. Vous lisez « je pense, je suis » et voilà, c’est fait, vous avez basculé. Le divin ne consiste pas à s’enrouler dans le monde en tant que monde, vécu ou corps,  mais se tient extérieurement au monde et donc manifeste quant à lui-même et quant à lui seul sa propre dimension.

Et dès lors il faudra définir le divin comme tel, en lui-même et en plus du monde, du vécu, du donné, des mondes humains, des relations acquises, des corps. Le divin désigne une unité, une surface, un pointage séparément du monde et autre que quelque partie du monde, du vécu ou du corps.

C’est ce que l’on trouvera pas chez Heidegger. On y retrouve la notion d’un sacré en possibilité, mais non pas qu’il y ait un divin tout à fait autre et en plus qui puisse dominer la réalité. Et c’est cette décision initiale, de se passer du divin, qui le conduit à la fondation « critique », criticiste, de sa position première ; cette « critique », ce refus de l’a priori, de l’idée ou l’universel, de dieu et du christique et cette sorte de mécompréhension tout à fait sidérante de ce que fut toute cette historicité, cette tradition, la nôtre ; que par ailleurs il s’épuisera non pas à comprendre mais à dénier, dynamiter, détruire et réinterpréter, interminablement.

Si tous les mondes sont construits, le sacré se donne l’apparence d’une immédiate magie. Mais la constructibilité des mondes implique qu’il n’existe ainsi pas du tout « d’authenticité » ; la seule authenticité est l’activité de conscience, celle qui découpe, parce qu’elle produit ce qu’elle perçoit. Et, notons-le, elle produit effectivement, elle crée des « choses qui fonctionnent », que ce soit le tgv ou une œuvre ou un système de droit ; ça fonctionne ; ce qui veut dire que, ce faisant, elle perçoit réellement ce qu’elle perçoit ; étant structurelle elle est capable de toute objectivité, subjectivité, hyper objectivité ou nommez cela comme vous voulez et de tout ordre. Lorsque l’activité intentionnelle se lance, elle absorbe tout ce qu’elle peut et il lui est possible de millimètrer chaque attention jusqu’au plus proche du donné, des détails de ce qui paraît dans le monde ou de ce qu’elle peut recréer ou créer ou penser, etc. Il y a pensée, image, imaginaire, perception, sentiment, langages, parce qu’il y a intentionnalité (collage des signes et de signes, de signes et de percepts). Et l’intentionnalité peut et sera incroyablement précise.

Précisons qu’ici on ne refuse absolument rien de ce que tout ce qui a pu précéder, rien de ce qui y prétendait, espérait, attendait ou supposait, on ne refuse absolument aucune des hypothèses qui furent, quelles qu’elles soient, et ce telles qu’elles s’exposent et se signifient elles-mêmes. Platon a raison de saisir les idées en en étant saisi ; les chrétiens de croire en jésus et Descartes de prouver son ex-sistence de sujet.

Et ce puisque l’on ne considère pas du tout que la vérité soit restreinte à ‘un énoncé’ mais que tout énoncé se réfère à une structure qui évidemment ne « passe pas » en quelque proposition que ce soit, mais que toutes les propositions renvoient, de fait et strictement, à celui, ce sujet-structure qui les soumet et l’autre que les entend ; et que chacun est alors mis en position de décider, de décider et de trouver en lui le chemin de Platon, du christ ou de Descartes. Et bien sûr de Heidegger si il le veut (en qui ça se dira autrement mais se dira quand même, on ne peut pas ne pas dire le rapport dont tout, ce que nous sommes, est issu).

C’est important de comprendre que le jugement s’opère de chacun et de chacun seul, puisque de toute manière c’est ce qui arrivera. Seul. Qu’on le comprenne à tel ou tel moment ou occasion de la vie.

Il arrivera qu’au bout du compte, de tout compte, et quels que soient les arguments, que chaque Je juge et prend part selon ce qu’il s’octroie, selon ce qu’il lui est dû ou selon ce qui éternellement lui est destiné (dans le grand système de la fondamentale liberté formelle de tout ce qui ex-siste, soit donc par exemple dieu comme système des libertés tel qu’évoqué par Descartes). De toutes les pensées, systèmes, idées, sacrés ou absolus ou divins, chaque je s’y pourvoira de quelque manière que ce soit. De cela il n’est pas lieu de désespérer, sauf si on oublie. Parce qu’étant rapport il ne se peut pas que chaque je ne se soit pas positionné. C’est impossible.

Il reviendra à chacun, et rien ni personne ne peut se substituer à qui que ce soit. Et comme on l’a dit déjà, même par rapport à moi-même, à mon « moi-même », je suis déjà la décision que j’ai toujours-déjà prise. On explicitera, pour peu qu’on y voit clair, cette règle d’exister, une autre fois. Mais avançons un peu que je ne sais pas encore la décision qui la mienne bien qu’elle soit prise… autant dire que cette décision ne se jouera pas et se jouera, à la fois, durant cette vie, cette existence ; un peu comme le petit bonhomme de Platon ( le mythe d’Er, mais sans la transmigration, ou avec si l’on veut, peu importe, le but étant le kaléidoscpe des possibilités, les possibilités qui se meuvent sans cesse lorsque tourne la roue interne du je, ou du réel, selon le dimensionnel).

La résolution d’une semblable équation impossible (chacun est à soi-même une équation dont il est la résolution éventuelle, potentielle, virtuelle, très réelle et très-exacte, le tout à la fois), la résolution donc est celle-ci que la dite décision c’est celle que l’on met en jeu, pose sur la table depuis de début et jusqu’à la fin. Autrement dit ; la « vie » est un seul trait, un seul trajet nourri de cent mille tracés. Chacun est à la fois le trajet et les tracés du trajet, mais évidemment on ne perçoit, et encore pas très clairement, que les tracés. Or cependant on croit, ici, que l’on sait la ligne elle-même de tous les tracés formant un unique trajet ; ce qui revient à dire une Intention d’Exister. L’Intention d’Exister est la potentielle ou virtuelle ou effective ou réelle décision-résolution (comme Lacan désignait « l’insondable décision d’être », ce qui est curieux pour un anti-philosophe claironné et un psychanalyste de l’inconscient ; Lacan n’était pas sot, mais en son temps il avait traduit Heidegger, et Descartes et Hegel sont cités à profusion).

Quelque part la décision fut prise/sera prise qui alimente toute la ligne d’existence. Notamment non pas de ce que la vie ou les autres ou autrui en particulier ou nous-même ont fait de nous, mais de ce que nous-même, le je fera de ce que l’on a fait de nous, de ce bricolage informe, du monde im-monde (Lacan). La dernière décision, l’orientation ou la désorientation, la possibilité ou la dérive, légère ou brusque, subtile ou lourde et pesante, revient de toute façon toujours au je. Parce qu’il est là, parce qu’il y est, parce qu’il existe et que rien nulle part ni quiconque ne peut lui retirer qu’il existe.

C’est comme si chacun était déjà au bout, tout au bout, à la limite au-delà de laquelle il n’est plus rien du tout, qui puisse s’ajouter ou se retirer, et qu’il faille alors se décider ; chaque je est le terme ultime et se perçoit déjà du bout de l’existence, en a-temporalité extra/ordinaire ; on est déjà possédé, dépossédé de la décision que l’on prendra, a prise. Chaque je est au Bord du monde, du donné, du vécu et du corps et de sa propre temporalité ; ce que l’on nommait l’âme autrefois, lors même que l’on ignorait de quoi il s’agissait en vérité et structure (peu importe parce que si la forme, qui est un rapport, se donne, c’est entièrement) et la décision déjà prise ou qui sera, s’instanciera en structure et en vérité.

Vu la difficulté invraisemblable du problème, il n’est pas étonnant que le christ ne juge pas. Nous serons, dans cette logique, ce logos christique, jugés par nous-même. Il se contente de tendre la main. Et que vous la preniez ou non dépendra d’un espoir soudain peut-être, ou une grâce, toute du dieu-le-père, mais aussi de l’accumulation des tracés, de tous les petits tracés, non en ce que tellement ces actes pencheront d’un côté ou de l’autre, mais de qu’ils auront créé en vous l’orientation, la tendance, la tentation, l’intention accessible ou inaccessible à la possibilité divine, d’accepter ou non la main tendue. Le vrai méchant refusera la main et actera tous les petits tracés mauvais … par amour de lui-même.

Ceci en vue de croire ou non (cela regarde chacun) mais de marquer la grande complexité intentionnelle en laquelle on s’engage de fait en existant. Et que ces circonvolutions du possible et de la destinée, pourtant, furent envisagées par le christique ou par les grecs (Platon). Comment véritablement juger un rapport ? Et si on se demande pourquoi une telle complexité c’est que la notion même de rapport ne tient ni dans le terme de départ ou final, mais dans le rapport lui-même. Invisible.

Bref.

Heidegger. Et le sacré. Et toutes les manières diverses, parfois sombrement païennes, et de ces retours des hérésies et des a-humanismes, de la sorcellerie et de la magie, des paganismes. Si le sacré est dans, comme monde alors il est magique … soit donc soumis à une anti-volonté, une anti-intention. Heidegger croyait que le sens, de ce qui est, naissait dans les choses et les êtres donnés là, et non pas des hauteurs idéelles ou abstraites ou universelles ou encore moins de la structure des sujets. Ou donc ; le sens, de l’être, est déjà là dans le monde et ouvrir les yeux (abandonner les abstractions, les extériorités, les suréminences ontologiques des temps passés, dieu, Platon ou Descartes), détruire les concepts et les représentations traditionnelles permettait de percevoir ou de s’investir dans le monde donné là tel quel. Et il considérait que la réalité concrète de cette proposition se constituait du peuple, du langage, du destin, de la destination d’une historicité spécifique (à savoir l’Allemagne).

On a pu croire ou comprendre, un temps, et peut-être lui-même s’est-il intuitionné tel, que le concret qu’il recherchait par-dessous les abstractions et l’a priorité (de l’universel et de dieu, de la raison et du sujet), que le concret se découvrait du vivant de chacun dans sa propre vie (dans l’angoisse ou l’être-vers-pour-la-mort) ; mais cela n’y suffisait pas ; une vie individuelle particulière ne peut seule porter le poids de l’être (elle n’est qu’une pauvre petite chose, puisque le sujet n’existe pas pour H ; il est une synthèse abstraite, imposée du dehors). N’est à proprement parler que la possibilité de l’Être comme destin, du sens de l’être tel qu’il peut être levé (et non élevé par le divin) par un peuple dans un langage et dans sa propre vision du monde, aimantée par le sens du sacré. On ne sait pas du tout ce que cela signifie.

Alors a contrario, il avait l’esprit contradicteur, il en croit que c’est le temps, le déroulement du temps, mais au lieu d’affirmer et de bien placer qu’il s’agit effectivement du temps Entier, du temps Entièrement, il loge cela dans le futur. La possibilité de retrouver une authenticité. D’une part on a dit qu’il n’existait aucune « authenticité » et d’autre part ‘retrouver’ jette tous les autres dans un empire d’ignorance. Ils se sont tous trompés, mais ne vous en faites pas, je vais vous dénouer le cheminement. Bon … Pourquoi pas.

Alors il y a Heidegger qui, contre l’éternité, voit que le temps mène l’affaire mais en proie à ses a priori hérétiques ou enfin athées et se prenant, aussi, pour le grand prophète (d’une nouvelle époque de l’Etre), il envisage seulement le futur comme unique dimension du temps réel. Comme on me l’a rappelé dernièrement, le futur est seulement une des trois ex-stases du temps (passé, présent, futur).

Mais Heidegger ne se déploie pas selon le sujet ; il se développe par et pour l’histoire ; on a cru qu’il amenait à la vie concrète de chacun, une analytique existentiale ; existentiale pas existentielle (c’est nous qui au début du 20éme l’avons compris comme ‘existentiel’) ; mais il n’a juste qu’analyser le da-sein comme un pauvre être empli d’affects, douloureux ; pour lui la détermination n’aboutit pas à la vie de chacun ; c’est la manière que l’on a eu de percevoir Heidegger ; comme si il décrivait le sujet humaniste individualiste, face à sa mort par ex ou dans l’angoisse, mais non ; c’est la condition générique, angoissante qui absorbe toute individualité et qui signifie que la vie individuelle n’est rien et que seule compte le sens de l’Être.

On va dire ce qu’il en est vraiment, à notre idée évidemment. Heidegger a voulu remplacer dieu, Platon et les idées abstraites, le sujet et la liberté. Il n’existe que les étants, et le rassemblement étrange des étant dans le sens de l’être. Et non pas les constructions abstraites des étants, en particulier le Gros-étant que serait dieu.

La tradition traditionnelle (..) a cru qu’il existait un Grand-étant (dieu), des idées abstraites platoniciennes, des sujets cartésiens ou autres, mais ce sont des constructions. Tandis que l’Être des étants celui-là que perçoit, apparemment, Heidegger, mène vers le Sens de l’être ; seul effectivement concret ; le reste ce sont des constructions qui oubliaient le concret, le monde de la vie, l’orientation de la « vision du monde », qui relève du peuple et d’un langage et d’une mystérieuse destination supra-proto-méta historique, c’est un peu confus, bref la finalité qu’il y accorde ; puisque, on le rappelle, encore une fois, Heidegger ne pense et ne voit que l’historicité, il sacrifie tout, et sacrifierait évidemment tout sujet, à cette fin.

Ce que Nietzsche entendait à la hauteur de l’individualité, à savoir que la Vie individuelle seule concrète (ou la volonté comme autre) s’opposait à toutes les élaborations (du ressentiment, de la négation du vivant), Heidegger veut l’établir non plus selon l’individualité, par quoi Nietzsche se sauvait en quelque sorte (puisqu’il restait accessible à chacun, quand bien même s’agissait-il d’une élite, une élite esthète) mais pour Heidegger ce sera selon l’histoire, sous la caractérisation d’un peuple (de même que le peuple juif était élu, puisqu’il faut le dire ; après ceci on ne s’étonnera plus de rien).

Ce sens de l’historicité lui est venu, parait-il, de ses études et de sa considération du christianisme premier ; que Paul et Augustin avaient inventé ou vu le temps de la Fin, avec jésus et l’eschatologie christique, le rassemblement du temps, le rassemblement qui attirait l’ensemble du temps mais aussi des destinations individuelles. Et de même qu’il déniait dieu, tout abstrait en sa considération, de même il annihilait le christique. Dans la mesure où le présupposé de la vie concrète conduit toute sa pensée, il n’y a plus de distinction, de différenciation structurelle ; il n’y a plus d‘autre (dieu), plus de monde donné (raison ou science), plus de sujet (et plus de vie individuelle sinon chétive), et ce qui a pu paraître comme tout à fait profond (le retour au concret lui-même, de même que Husserl mais inversement de celui-ci, pour ainsi dire) peut se résumer à cette différenciation non plus des architectures (dieu, la raison, le sujet, etc) mais différenciations du donné tel que « là ». Ce qui a donné lieu à de considérables et intéressantes constructions sur la « multiplicité » comme telle, soit dit en passant, ou sur la différance, etc. Il paraissait libérer l’immédiateté et on a pu le lire en gardant comme présupposé de sauvegarde que cela s’adressait à l’individualité (occidentale individualiste et humaniste) alors que non.

Le problème qui en résulte est que l’on a tout, parvenu à ce point, mélangé, et que l’on a cru révolutionner la tradition, la nôtre, celle du dieu unique à Descartes (et suivants) en passant par Platon, mais en vérité on n’aboutit à la supposition d’un sacré qui n’est plus divin. Traduit ; qui n’a plus d’externe point de séparation (on imagine dans la confusion une immédiateté authentique et sacrée, ou multiple en soi, Badiou a eu bien du mal avec ça).

Mais, répétons-le, je peux me tromper, je ne vais pas le préciser à chaque fois et de toute manière chaque sujet dépend de sa propre décision. Rappelons que, ici, ça n’est pas du tout un relativisme… puisque le réel est le système des libertés, des sujets… c’est - en vérité - que vous jugerez, que vous avez déjà jugé, que vous jugerait de ce que vous déciderez formellement parlant. Il me semble donc que la mécompréhension de Heidegger fut toujours de croire qu’il parlait par, pour les sujets (interprétation humaniste ou individualiste) alors qu’il ne visait que le Sens de l’Être et selon l’historicité, soit donc la négation de tout sujet, de toute raison, de tout divin à proprement parler. Et qu’il s’agit réellement d’un monde, d’une vision ‘païenne’ de ce qui est, d’un sens supposé sacré et donc indistinct, alors même a contrario que l’on interprétait qu’il ouvrait sur la multiplicité des immédiatetés, lors même qu’il ne prétendrait qu’au seul peuple et langage aussi grand ou plus grand que les grecs : le peuple allemand.

Posons, en contradiction, les bases, les plus strictes et impératives en elles-mêmes.

On admet ici également que l’universel, la raison et l’humanisme sont pris-dans une fonction ou une dimension plus étendues ; mais si on abandonne, lâche l’universel, on retombera toujours dans le donné et dans le donné il n’y a que des données, en pagaille. Vous pouvez ensuite alimenter ce donné par un fantasme, une vision du monde, un Sens supposé (que l’on désigne comme imaginaire, de même que celui de Nietzsche), mais ce Sens sera du recousu.

On ne reconnaît ici que la déchirure et rien d’autre ; dieu, la pensée, le christique, le sujet, la révolution ou le réel sont La Déchirure elle-même. Et rien ne pourra, dans ce monde ou cette vie, recoudre la déchirure, il faut en être saisi comme tel, et chacun, comme dit, en sera, en a été, en est saisi.

Sinon on n’éprouve tout simplement pas la suréminence de ce qui existe… Mais entre dieu, la pensée, le sujet ou le réel, et donc les œuvres au sens large, éthiques, esthétiques, poétiques, politiques, on a le choix, ne serait-ce que le tomber-amoureux du moi ! Et donc chacun, chaque sujet va éprouver cette déchirure du réel brut … Et comme il était dit ; dieu ne nous impose jamais plus que nous ne pouvons supporter. Dit autrement il faut en revenir à cette destination qui vous viendra, vous est venue, vous vient actuellement ; le système pur et brut des libertés, des sujets.

Qu’il y ait un système-des-libertés est intensément contradictoire, de notre point de vue, du monde, du vécu ou du corps et du réalisme habituel. Descartes, on le répète, définit l’homme comme volonté, qui est admise comme sceau de dieu en nous ; ce qui est tétanisant.

On ne peut pas ne pas supposer l’infini, parce que sinon nous serions cela que nous sommes (et donc abominés en enfer ou emplis à jamais de déterminations, attendant la dispersion, la dissolution des compositions). Simplifié, puisque notre être n’est pas un être mais un rapport, il ne peut pas déchoir dans tel ou tel rapport déterminé, pas même dans le regard-d’autrui… Le christique ne dit pas d’aimer les uns les autres comme ça, pour rien ; mais pour lui, d’une part, et comme élévation d’autre part, pas comme soumission. Le christique est très clair quant à l’égalité (dans se Vue) mais très étrange dans la liberté (qui revient de fait à chaque un, et comment en serait-il autrement ? Sinon ça ne serait pas du tout la liberté du Je).

Le problème est celui-ci ; comme il est impossible de ne pas supposer l’infini (quelque représentation que l’on s’en donne et la question est alors ; laquelle représentation et non plus si l’infini existe), alors si on nie l’infini on le retrouvera plus tard, plus loin et surtout, cette fois (puisqu’il est nié) sous couverture. Sous une formulation qui ne dira pas son nom … qui se camouflera ; et qui, se dissimulant, remplacera le principe de la vérité par telle ou telle vérité ; rappelons que la philosophie n’affirme pas des vérités mais tient celle-ci sous le manteau du principe général « de vérité », de sorte qu’il existe effectivement quantité de systèmes. Tandis que nommer l’infini comme tel cela implique que l’on en prenne la mesure, qu’on l’assure et qu’on l’assume et que l’on en applique la mesure.

Dit autrement il y a bien une ou des nations mais pas de « peuple », la notion « peuple » si elle n’est pas politique, relatif à des sujets qui forment, eux, une nation (de volontés distinctes) est une race, une ethnie, une religion, une culture et un rituel, une vision-du-monde ou ce que l’on voudra, mais pas une nation. La détermination précéderait alors l’existence, or c’est l’inverse qui est vrai, qui est structurel ; ce que l’on fera, actuellement, de ce que l’on, le monde, les autres ont fait de nous (en l’occurrence d’être citoyen). Ou encore ; il existe et n’existe que des sujets, qui ensuite forment des regroupements, mais toute communauté qui s’imposerait aux sujets abandonnerait la liberté et donc redescendrait dans la complexité possible, la complexité des rapports possibles.

Je reprends ; la question n’est pas ‘l’infini ou pas l’infini’. L’infini existe et il est impératif que l’infini soit admis et dit comme tel. Mais la question est : comment est-il compris, assujetti dés lors à sa désignation explicite d’infini et comportant ces exigences en propre. Et ce que l’on fait de cet infini, compte tenu desdites exigences et de ses rigueurs impératives.

Pour le dire j’ai bien l’impression que Heidegger ou Nietzsche cherchent à toute force d’échapper à l’infini, afin de faire ce qui leur chante … comme des transgressifs qui prennent leur rébellion pour forcément « vraie » ou « plus vraie » ; la tradition se trompant forcément (ce qui est bien sûr absurde ; notre historicité est toujours et absolument réelle, il n’y a aucun en-dehors du réel, sinon le structurel qui est l’antériorité, de même que dieu est dieu pour sa création, à cette fin, afin qu’il, le divin, soit plus-parfait, ou plus exactement que sa perfection se double, se triple, se quadruple, la grande liberté absolue d’assumation, certes, mais aussi d’attirance).

Si l’infini est, alors il existe. On a vu que l’on considérait ici que l’infini, seul réellement infini, c’est celui qui est perfectible, et donc qui est sujet ; seul un sujet ne tient pas de l’être (il n’y a pas de sens de l’être, mais un sujet, une coupure existant comme telle), un sujet est un rapport, un mouvement, une structure. La constante du mouvement est impérative ; un mouvement qui tomberait en « repos », ça n’a aucun sens. C’est que concevoir l’être comme une grosse chose inerte est un substitut de satisfaction imaginée, une complétude, et pas du tout une vie. La perfectibilité est la perfection suprême. Or on a constaté que tout est excessivement mouvant ; il n’est aucun point fixe où que ce soit. Donc la transcendance est absolument présente partout et en tout ; il se tient de la transcendance qu’elle produise toutes les immanences, certes, mais surtout la transcendance crée des réels transcendants, des sujets. Et conséquence tout à fait précise quant à Heidegger, aucune immanence n’est accessible, hormis via une transcendance. Il n’est donc pas d’immédiateté, de vie concrète, qui restera toujours imaginée et donc terrifiante puisque n’admettant pas les coupures que sont dieu, la raison, le sujet, la révolution ou le réel. De même que le communisme pensait, littéralement pensait universellement, que le peuple s’identifiait au Parti ou que l’humain n’admettait que des besoins et non des désirs libéraux.

Si l’on suit seulement l’immédiateté on nourrit ce que l’on pourrait désigner comme synthèse hâtive. On suit la violence et les ténèbres du monde. Ces ténèbres que le paganisme, le sens du sacré croit découvrir dans sa vision, contrairement au divin qui est hors du monde et celui sans lequel tout choie dans les ténèbres (les tribus d’autrefois éprouvaient le sacré, elles ne le prévoyaient pas comme « sens de l’histoire », il n’existait pas d’histoire, mais un récit gigantesque) ; le divin (de dieu, de la pensée ou du sujet) ne tient qu’à cela, au regard, à l’intention qui attire par le devant, l’en-avant de l’exister, et intervient toujours (toujours) comme coupure, déchirure, arrêt du bras violent.

C’est en cela que dieu, la pensée ou raison, l’universel, le christique ou le sujet paraissent nous priver de nous-même et brisent notre égocentrisme, le cercle que l’on imagine former ; on ne peut pas former un tout de soi avec soi-même (nietzschéennement ) ni en tant que « peuple » (heideggerriennement).

C’est pour cela soit dit en passant que dieu a élu son peuple, il en voulait une nation… laquelle ne tient bien sûr pas en un territoire nécessairement. Soit donc une nation destinée aux nations. De même que tout français est partagé entre son individualisme libre universel (chacun est sujet) et son universalisme humaniste (tous, quel que soit le peuple, sont sujets ; les français croient que tous sont français, cad universels sujets et ceci puisque la liberté est liée à l’égalité ; à l’égalité christique on ajoute la liberté, la liberté étrange).

La vie concrète est seulement en elle-même et non pas supervisée par une structure (de conscience), une architecture (de médiations, dieu, l’universel), une ontologie de la déchirure, de la division, de la distinction, de la différence structurelle et non pas des différenciations indéfinies du monde, du donné, du vécu, du corps.

Depuis le tout début (de tout) l’humain semble hanté par, dit-on, le retour à l’unité, la réconciliation, la complétude. Or c’est l’inverse qui est vrai ; sous couvert d’exhibition de dieu, de la pensée, du un, du corps du christ, du sujet, de l’État, etc, c’est une active et hyper active division et séparation qui eut lieu. Mais une division qui manifestait l’étrange subsumation hégélienne ; que ce qui est ajoute conserve ce qui précédait. Et la raison est que précisément il ne s’agit pas du tout d’ajouter un contenu aux contenus ou un contenu qui se substituerait au rapport, mais d’ajouter, dans le rapport, un nouveau rapport, qui évidemment conserve le précédent en tant que rapport. La pensée ajoute à dieu qu’il pense (qu’il crée des rapports dans son rapport à lui). Et on voit par ceci qu’il n’existe pas trente mille variations (ce ne sont pas cent contenus qui produisent cent autres contenus). Et on a vu que les grands Rapports signifient réellement des réels ; l’intention non pas de dieu (en adoration figée) mais en tant que dieu est Intention, la pensée comme production d’idées, d’intentionnalisations, le christique comme rapport en ce corps réel, le sujet comme rapport à soi, et donc forcément ici même (sinon il serait où ?) mais si le rapport à soi est « ici » c’est qu’il est possible de décrire le réel tel que là (et le sujet dans ses possibilités) et donc d’agir.

Dit autrement le rapport qui préserve le rapport est un réel, et non un rapport abstrait ; une structure effectivement réelle en sa nature dont on a reconnu seulement deux instanciations ; l’exister et la conscience, l’arc du présent et l’arc de conscience, enchâssée dans cet arc du présent.

En bref la question n’est pas de nier cette division généralisée (et qui est allée s’accélérant d’abord depuis la méditerranée, il y a 3000 ans, dieu, et depuis Descartes et la révolution, par ex) mais de comprendre qu’elle est tout et qu’elle est cela même qu’il faut prendre en charge et non pas la nier ou prétendre la résoudre de quelque manière que ce soit ; on ne la résoudra pas, pas ici ; il faut par contre l’élaborer, élaborer la déchirure, la tisser et non la coudre, tout en sachant que l’on ne pourra pas l’abolir. Le communisme, Heidegger, le nazisme, la raison molle, le désir du libéralisme et sa vie heureuse et pleine, satisfaite, croient éteindre le feu.

Et c’est ce que dit le christique ; « je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » Matt 10:34. D’approfondir la division afin qu’elle devienne le réel et sa mesure, et il s’agit évidemment d’une divisibilité de significations (le glaive est la parole), d’une ré-intentionnalisation généralisée de tout ce qui est (puisque le christique crée nos âmes dans l’actualité de son regard et qu’il est celui par lequel tout a été créé, le Verbe, la parole, cad les significations qui distinguent les choses, les êtres, etc), et un surcroît d’intentionnalités puisque cette fois ça ne naît plus d’en haut, de dieu, de césar, mais de et par chaque arc de conscience, le un tout-seul (crucifié ou René ou Rimbaud ou qui l’on veut) devenu central, le centre même du réel.

Supprimer les articulations (qui déchirent la réalité et continuer d’étoffer, de tisser cette déchirure en tant que telle et non pour la rapiécer d’une pseudo unité) et croire en une immédiateté (un peuple, un langage qui seraient le Sens de l’Être), c’est la distinction entre le divin et le sacré. Il n’y a plus de sacré depuis le christique, sauf votre « âme » c’est-à-dire votre vraie intention, la décision qui est ‘vous-même’ et que vous ne connaissez qu’à peine, et le seul sacré réel est parti hors du monde, laissant un vide de sacré, et s’élevant dès lors, paradoxalement en apparence, s’élevant en divin pur et ne reste que votre Intention. Les ténèbres du monde (ce en quoi tout sombre enfoui dans les déterminations, et enfouis dans la dictature des autres, d’autrui, soumis à l’approbation généralisée ou la désapprobation généralisée des réseaux, par ex, le pouce bleu) se referme toujours et constamment, sauf de tenir dans et par et peut-être pour l’articulation.

Dans et par l’articulation cela indique la structure fonctionnelle (la réalité fonctionne selon le réel et en tant que structurelle et non comme simple monde donné là, peuple, langage, désir libéral ou besoin communiste, satisfaction et complétude). Le réel fonctionnel.

Pour l’articulation indique que la structure est dimensionnelle (par ex le christique croit que le réel existe hors et séparément et qu’il est la possibilité même et non pas seulement ce qui place fonctionnellement le monde, le vécu et le corps en jeu dans la réalité). Le réel dimensionnel.

Ce qui se répercute dans la critique que Heidegger et Nietzsche portent envers la tradition c’est qu’ils comprennent la pensée, le un, dieu ou le sujet comme constructions de l’esprit et comme des constructions abstraites. Or il ne s’agit pas du tout d’idées mais de positions, de positions sur et par la structure ; aussi ne prennent-ils jamais au sérieux ce qui fut architecturé par d’autres et emplissent de doute toute l’historicité, cherchant chaque fois de récupérer celle-ci sous les auspices d’une révélation, venue d’outre-espace.

Ou plutôt ils feignent de comprendre dieu ou le un ou le sujet comme abstraits, parce que ce qu’ils présupposent une unité ; l’unité de la volonté (qui ne peut plus être « la mienne » sinon elle se révélerait scindée, qui est donc la Grande Volonté Autre) ou l’unité d’un peuple et d’un langage, dans l’unité imaginaire du Sens de l’Être. Il est quand même très clair que l’on ne peut pas du tout saisir ce que par « concret » qui viendrait de lui-même » on peut entendre … sinon une supposée unité imaginaire.

Ou encore ; c’est la différence entre lire Platon ou les évangiles de l’extérieur, et attendant de les réduire (si l’on s’estime suffisamment pour se croire en mesure de juger Platon ou jésus)
et les lire en s’y investissant. En percevant cela même qu’ils montrent et ils ne montrent pas des choses ou ces choses inertes que seraient les idées ou une morale (chrétienne) mais ils montrent des sujets,

ou si l’on préfère des intentions ou des rapports. Et des rapports énormes. À ce point énormes que l’on en trouvera d’autres, sans doute aucun, mais tous seconds, dérivés, voire arbitraires. Il n’y a pas des idées mais une structure et il y a une structure et non pas trente-six ; c’est la-Même qui ex-siste depuis dieu jusque Lacan. Existe-t-il diverses manières d’avoir-conscience-de ? Non. Il n’existe qu’une seule structure de conscience, ce qui veut dire en et par chaque sujet, puisque « conscience » désigne un rapport, et peut-être, donc, le rapport-même ou une des formes du rapport-même, dont on ne sait aucun autre que celui-ci que nous sommes, on n’expérimente que la conscience/de - soi ; et cette dernière précision signifie le ‘pour’ l’articulation ; le dimensionnel.

Ce que l’on peut intégrer par contre dans notre tradition tout à fait réelle (et qui eut historiquement un nombre incalculable de réalisations, puisque se tenant dans la Cause des effets, la structure des rapports) c’est qu’il faut partir et demeurer dans l’articulation distincte, dans la déchirure elle-même et que cette scission qui permet de prendre distance, autorise que soient posés les médiations et les œuvres et les historicités dans leur pluralité même ; d’une structure-en-rapport il n’y aura jamais une seule approche mais elle en causera quantité, et historiquement il y en eu quantité ; il faut adapter et distinguer la surface vers laquelle, en nous, elle est adressée ; la nation selon dieu, le monde selon l’universel, le corps selon le christique, le sujet selon Descartes, la liberté et l’égalité selon la révolution, l’attention selon Sartre et la jouissance selon Lacan, la perception, élaborée, selon les esthétiques, en bref toute notre historicité - de plus désormais planétaire, au sens où par exemple toute nation devrait être en mesure d’élaborer sa formulation, ou encore que tout moi est déjà appelé à manifester son sujet … ce à quoi sert internet, essentiellement et si on interroge sa finalité réelle mondiale, au-delà des pouvoirs et des intérêts toujours contraignants ; c’est comme tout, ça n’est pas ce que cela est qui compte, mais ce que l’on en fait. De même pour le moi de chaque sujet. Et pour introduire ce mouvement interne, une articulation est requise, une articulation, une scission.

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La cathédrale engloutie

3 Octobre 2020, 08:52am

Publié par pascal doyelle

Les stratégies d’existence

Il n’y a pas de connaissance de l’être, puisque l’être est pris dans un plus grand que lui ; l’exister. C’est pour cela que nous sommes livrés au présent, le présent crée tout ce qu’il y a à créer.

Ce qu’il faut admettre c’est que sous prétexte de penser l’être, on a agité le mouvement ; on a accéléré le présent, le présent de notre attention, de notre intention, de notre intentionnalité ; les grecs ont pu vouloir, décider, percevoir, penser bien plus loin (leur dieux étaient déjà humanisés et réclamaient une logique des affects, de l’imagination, des motivations, les plus amples et les plus singulières mais aussi les plus inconscientes et les plus quotidiennes, communes). Or il fallait un autre dieu pour déployer encore-plus de précision, de délicatesse, de subtilité, qui ne soit plus assujettis à l’universel, mais au plus singulièrement individué ; le christique. Dès lors il était possible d’avancer plus loin encore dans l’invention de soi, de soi et non plus seulement, si l’on peut dire, de l’homme en général.

Or donc il y eut le Sujet. Celui qui est dans l’obligation d’examiner ses propres intentions, son intention en propre. Et il est arrivé ceci que distinguant le sujet, il a pu reprendre la totalité de toutes les réalisations grecques. L’universel, qui paraissait l’horizon, fut absorbé et extrapolé par le sujet christique.

Ainsi les sujets entrèrent en devenir. En devenir constant. Intégrant ensuite l’accélération cartésienne (Descartes ne crée pas cette accélération ; il en rend compte, et ce faisant il accélère l’accélération, jusqu’à ce que chacun soit désigné nommément comme sujet ; la révolution. C’est une histoire très française, comme on voit). Comme le christique lance le sujet dans l’historicité, la puissance, la potentialité du réel s’instancie en chacun et permettra donc une démultiplication des possibilités et une extension radicale de l’étendue des occurrences ; chacun étant en mesure d’étendre ce qui, par exemple, pour les grecs relevait de l’universel ; soit donc une mise en complexité bien plus conséquente. Ça n’est pas seulement que les centres d’intentionnalité se multiplient (chacun) mais c’est la nature même de ce qui est vu qui, de ce fait, change. De même que suite à la révolution il y eut des champs entiers de réalités, personnelles, réelles, objectives et subjectives qui soit s’ouvrirent soit purent s’étendre.

Et donc le sujet est lancé dans l’historicité. Il y a historicité et sujet, parce que sinon le temps reviendrait au groupe et le groupe tourne en rond. Il se parle à lui-même, couvre le monde donné là de signes et apprend ces signes par cœur et assure la communication (entre les membres) et la transmission (entre les générations). Si chacun est sujet la réalité ne se régulera plus selon le groupe seulement mais en et par l’investissement de chacun. On aboutira, tôt ou tard, à la révolution, celle qui s’est au final déployé (selon diverses variantes plus ou moins adéquates, cela va sans dire) sur toute la planète ; l’État et l’individualité.

Suite aux tentatives anglo-saxonnes fondés sur la liberté de chacun (tous les sujet sont égaux mais au début initialement, Shakespeare par exemple ou le non-sens anglais manifestent cette liberté sans régulation externe),

la variante la plus certaine étant celle française qui a tenté de lier les deux principes ; égalité (du christique) et liberté (de chacun) ; ce qui veut dire la continuité de l’égalité non seulement native mais dispensée le long de la vie. Là où la moralité de chacun est essentielle (anglosaxon) l’État est le rempart et la sûreté (française). Il en est d’autres qui suppriment quasiment la liberté… et prétendent conserver l’égalité, mais qui n’a plus de sens lorsque le sujet est supprimé.

Philosophiquement le sujet s’impose à partir de Descartes. On essaie bien auparavant d’aménager la pensée et dieu, par la théologie qui simule (et pousse à la perfection) la pensée de dieu en tant que celle-ci est, pour les temps d’alors, grecque. Mais on ne peut pas assujettir le sujet.

Et si le sujet est cela même qui existe (et le reste ce sont des effets), alors depuis quand même le 17éme la philosophie s’est effectivement remise en question, de fond en comble (bien qu’apparemment certains continuent de l’ignorer) et a commencé d’articuler le sujet et le réel. On aboutit donc immédiatement avec Descartes au sujet posé là sur le Bord du monde ; Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan (et des tas d’autres) exploreront cette structure très-étrange du sujet en tant, donc, qu’il est, lui, le sujet, la pierre angulaire de tout le reste

Inutile de croire le couvrir de significations diverses et variées qui l’absorberaient.

Tout signe ne fait sens que par et pour un sujet, parce que tout sujet est le rapport de base qui autorise qu’il y ait quantités de rapports seconds et secondaires, voire très secondaires ; en vérité on peut tout signifier, et de plus croire que ce qui est signifié, cela qui est désigné par le mot non seulement existe (selon le mouvement) mais qu’il « est », solidement arrimé, installé comme une chose consistante.

La consistance, la solidité des choses ne se rencontre pas seulement en philosophie mais c’est le fameux et très habituel aussi « objet de désir » ; et nos vies depuis l’événement de la facilité généralisée, en sont pleines, de ces objets qui sont supposés condenser toute la substance et désirables en eux-mêmes (alors que leur valeur est rêvée par notre désir et depuis l’industrie produits industriellement).

Et donc il court, le sujet, depuis le 17éme, et comme il est, le sujet, la structure de base, fondamentale, unique à chaque fois, c’est unique en tant qu’universel, ou plutôt universel parce qu’unique… ce qui revient à une formule très simple ; le sujet est un rapport. Il n’est pas Le rapport, sous-entendu universel, par lequel chacun serait subsumé sous l’universel, mais il est en tant qu’unicité la formulation même du réel, de cela qui existe.

Et donc on peut désigner Descartes comme proposant la vraie ontologie ; qui n’est plus la science de l’être en tant qu’être, mais bien le réel en tant que sujet ; ou comme disait Hegel par Descartes la pensée devient sujet, mais il l’entendait comme l’universel en acte, et ne parvenait à définir le dit sujet que comme négativité, ce dont on a eu du mal à se tirer, malgré Kierkegaard ou Nietzsche, mais enfin Sartre sort la tête de l’eau, du bouillon, et, enfin, situe le sujet, la conscience comme individualité, encore est-ce incomplet parce que sa conscience comme pour-soi n’est plus même un moi ; le moi étant pour Sartre dans le champ (comme n’importe quel objet, ce dont se souviendra Lacan, qui en sa manière poursuit la même logique ; sauf que le champ lacanien sera celui de l’inconscient et plus celui du pour-soi).

C’est que les deux français Sartre et Lacan ne supposant pas du tout de remplir le sujet par une nébulosité à l’allemande (les allemands veulent à tout prix nommer nommément le sujet, il faut qu’il soit quelque chose, quelque chose d’absolu ; un français ne se pose pas du tout la question ; le sujet est là tel quel, point, bien trop fringuant pour s’abaisser à une ressemblance avec quoi que ce soit (nous trouvons de manière générale que nous sommes très bien comme cela et qu’il n’est pas du tout nécessaire de tendre un miroir qui nous renvoie une quelconque image et une image qui restera toujours très quelconque en comparaison de notre beauté naturelle) ; ou ce qui revient au même, pour les français le pouvoir est vide, une place neutre, formelle, et donc perçue par chacun ; rien n’intervient dans votre conscience pour la dériver on ne sait où ; il n’y a pas de race, d’identité, d’image, de rêverie ; la france est une nation politique, votre identité est politique, il n’y a pas d’« ethnie » mais seulement votre consentement, cad votre volonté, votre décision et rien qui précède cette décision.

Bref

le christique lance le sujet (qu’il soit une auto annonciation, structurelle, ou une révélation venue d’en Haut, et alors de très, très haut… au point, déjà dit, que l’on ne comprend pas encore déjà pour le moment de « quoi » il s’agit, ce que cela nous demande, nous indique, nous montre). Et la philosophie s’en empare bien plus tard, lorsque la théologie est parvenue tout au bout de sa course folle d’arrimer la pensée de dieu. La poursuite du sujet paraît d‘abord comme une mise sous conditions ; typiquement celle kantienne mais la Méthode de Descartes précautionne de la même manière, sauf que c’est une apparence, cette propédeutique. En vérité elle dit tout ; elle place le sujet face-au. Face à la pensée (Descartes), face au monde (Kant), face au temps (Hegel).

Le retournement sera effectué par Sartre qui établit, et analyse, la conscience là où elle se trouve ; dans l’individualité.

Elle n’est plus inscrite comme pensée, comme champ intentionnel husserlien (à la recherche d’une typologie objective), n’est plus assignée à un « sens pré-existant » comme Heidegger, ou symbolisée par une « force » (la vie bergsonienne ou la volonté nietzschéenne), aussi via Sartre avance-t-on extrêmement rapidement et tout à fait dans le détail des intentionnalités effectives (chose donnée là, imaginaire, temporalité du projet, autrui, relationnels et ensuite dynamique de groupe, historicité, etc) et tout cela sans tomber dans la « prophétie », de type heideggerien et plus généralement allemand qui sous couvert de décrire l’acte de conscience glisse vers sa symbolisation puis son adsorption par quelque ‘grande entité’ maraboutée ; de même que Fichte et Schelling s’empressaient de remplir le sujet d’un « esprit absolu », sans être en mesure d’entrer dans le détail hégélien ; remarquons que Hegel accepte et adhère à tout ce qui, avant lui, fut énoncé, et le considère comme tout à fait exact et réel (en leur moment, leur rôle, leur vérité propre).

Nous sommes non seulement entrés dans l’intention originelle (dieu, qui manifeste le vide formel du réel de l’intention absolue, qui se présente comme antérieure à tout monde, les ayant créé et dieu comme seul exclusivement divin, rien d’autre n’y atteint, amenant donc à resserrer toute compréhension, analyse de ce qui est « intentionnel », plutôt que de l’instiguer dans le soleil, le léopard ou le fleuve, ou a contrario dans une notion abstraite d’absolu dont on ne peut qu’ignorer la nature ; ici admettant dieu et son intention même si elle nous est difficile elle est une intention qui en appelle, nommément de fait et par nature, par structure, en appelle à la nôtre, en tant qu’intention),

dans la mise en forme intentionnalisatrice des idées, qui distinguent et permettent seules de distinguer quantités de réalités (comme Platon le prétend ; sans les idées qui perçoivent, on ne perçoit rien, sinon des masses indistinctes, cad n’apparaissant pas), et ainsi dans et par l’universel.

Mais ça n’est pas l’universel qui compte ; c’est la réflexivité, cad le retour du champ intentionnel sur lui-même, la compréhension que non nous ne sommes pas pris dans tel contenu mais que nous les produisons et que donc il s’agira désormais de créer volontairement et de comprendre ce que cet accès, excès de volonté, d’intention veut dire, là où il conduit, ce que l’on peut en attendre.

On restait cependant fixé sur le contenu qui s’anime là si évidemment sous nos yeux ; il faut un effort conséquent pour remonter dans la critique, dans le criticisme (kantien), dans la suspension de conscience. Or de même que l’accès christique de l’intention non plus de dieu mais en et par chacun, chaque conscience (en un corps donc) a pu reprendre la totalité de l’universel grec (et gnostique et plotinien, hellénistique, de philosophie et de droit romain etc), pareillement isoler et analyser le sujet c’est également reprendre dieu, l’intention de chacun christique, l’universel grec et l’organisation étatique et le droit romains ; ce que l’on a détouré et que l’on pu placer dans le champ intentionnel, a permis de récupérer et accumuler les autres possibilités structurelles (dieu, l’universel, le christique, l’État et le droit et les éthiques et les esthétiques, etc).

La question se posant alors ; soit, l’intentionnalité absorbe les autres possibilités (qu’elle voudrait administrer comme domaines distincts) mais qui mesure l’intentionnalité ?

Ça n’est plus dieu, parce que quand bien même en admet-on l’existence, depuis Descartes on ne peut se se reposer sur ce qui a lieu ici et maintenant (le sujet se pré-suppose en tant qu’organisé par et pour lui-même, si il doit céder une part à dieu il se manque, il lui manque une capacité de se comprendre, qui est réservé à dieu seul, la tendance naturelle sera évidemment de réintégrer et de comprendre le sujet en sa structure réelle et effective ici et maintenant, à sinon clore mais baliser son champ complet).

Ce ne sont plus les suppositions tel l’esprit hégélien, depuis Kierkegaard on a bien compris que l’acte de conscience ‘subjective ‘ est plus grand ou autre que l’énoncé ; la raison de manière générale est devenue tout à fait abstraite, puisque tenue au-devant d’un sujet (lequel reste plus ou moins « vivant » et dans le rationalisme réaliste devient un simple regard abstrait vide sans possibilité).

On aboutit ainsi à un sujet originel, diversement décrit puisque son « être » n’étant pas composé on ne peut absolument pas parvenir à une caractérisation déterminée, ni encore moins circonscrire la totalité de ses réalités, aucune ne l’puisant lui et l’ensemble ne correspondant pas à l’unité formelle, qui est absolue possibilité ; c’est une forme pure et brute ; c’est un rapport dont on ne peut pas circonscrire la réalité n’étant pas lui-même « de la réalité ».

Non seulement plus aucun groupe (et représentation du groupe) ne vient s’interposer, mais qui plus est nous sommes sans contenu préalable qui viendrait temporiser notre conscience et le réel. De sorte qu’effectivement ce qui vient rompre ce qui se sait désormais comme pur et simple rapport, le couper et le court-circuiter c’est le réel. Le fait brut de l’existence telle que « là ».

Tant qu’il se situe autour du groupe, du contenu ou de la représentation, le rapport peut croire former un cercle et une unité d’avec lui-même, mais dieu, l’universel, le christique, le sujet, la révolution tout aussi bien, nous apprennent que le dit cercle est plutôt spiralé et qu’il ouvre incessamment des possibilités, et enfin si le rapport dans tous les cas peut bien au mieux vivre dans une heureuse totalité aimable ou dans une tribu adéquate, et au moins supposer qu’il formera un, par contre lorsqu’il n’est plus que rapport à (soi) alors il se heurte à cette évidence monstrueuse que le réel est Autre. Que le réel n’obéit pas du tout en sa nature même, ontologique, au cercle de ce rapport. Le rapport ne peut que se heurter au réel tel que là et si totalement autre.

De même que dieu, l’universel imposaient une autre loi et ordonnaient l’intention à un autre registre. Il est ainsi deux mouvements contradictoires ; d’une part le reflux sur et autour du contenu de l’intentionnalité, quel que soit ce contenu. D’autre part le déploiement de cette intentionnalité en tant que destinée vers l’altérité ; soit celle de dieu, de l’universel, du sujet ou du réel et dans ces quatre cas il s’agit pour l’intentionnalité de s’agrandir ou s’élever.

Livrée à elle-même l’intentionnalité tombe dans la conformité et la redite ; elle veut se ressembler, organiser son monde de représentation et reposer sur et dans cette organisation, tout comme le moi espère s’identifier à son image, ou vivre, réaliser, sentir la réalisation de son image de lui-même. Mais la structure, l’arc de conscience a pour point de repère le réel ; ce qui veut dire l’horizon et non pas ceci ou cela qui occupe l’horizon ; de même que l’architecture intentionnelle ne peut pas se passer de stratégie, sous peine de s’alourdir dans les contenus et sombrer dans la réalité sans plus tenir le réel et le possible, d’exclusivement se fondre, se coudre dans le donné, le corps, la satisfaction imaginée, la complétude refermée, de même que le moi rêve de se confondre avec son corps, son bienfait, sa plénitude et sa vie imaginée.

Mais le tour de force des grandes stratégies n’est pas de promettre cette complétude (contrairement aux critiques envers leur prétendu illusionnisme), n’est pas de rêver ce corps, mais de s’en servir peut-être, mais fondamentalement veut agrandir l’intention ; d’abord maintenir puis élever la possibilité ; dieu, le christique, l’universel, le sujet, le réel montrent en quel sens l’altérité pure et brute du réel est une apesanteur qui tourne le visage non vers le réalisé et la réalisation, le monde et le donné, le vécu et le corps, en quoi ils finiront par s’enrouler sur ces contenus (pouvoirs, richesses, extension du royaume, exploitation et violence)

mais vers et par la Possibilité,

(l’exploitation et la violence ramènent la possibilité aux possibles du monde, qui s’enclosent dans les nécessités)

Possibilité donc stratégique qui anime et qui meut la structure et non le structuré,

et bien évidemment la plus grande Possibilité, puisqu’ils sont les opérateurs de stratégie ; de stratégie que l’on ne peut pas visualiser dans le monde, le vécu et le corps, mais qui seules, ces stratégies, instancient le réel dans la réalité (et permettent de se tenir au-dessus du donné, d’organiser les consciences, les intentionnalités, de réinstancier le rapport en plus de n’importe quels rapports), ce sans quoi, sans lequel rapport unique et exécutif l’ensemble se déliterait et se perdrait dans ses contenus.

Que l’on comprenne que les royaumes et les empires disparaîtront, l’esprit ou ce que l’on a nommé autrefois comme tel, non. L’esprit est ce par quoi l’intentionnel s’est avancé comme siècles, et par qui il existe une historicité ; ‘esprit’ était un porte-nom ; l’intentionnel est tout à fait différent de « l’esprit » tel qu’habituel, mais l’intentionnel en constitue la nature même, la structure qui élaborait, prévoyait « l’esprit » présenté comme tel ; en tant que les signes permettent une rapidité, un mouvement, que les royaumes de ce monde, empêtrés dans leur densité, ne pouvaient atteindre.

Or seul l’esprit, ou l’intentionnalité, était en mesure d’ouvrir non pas la série mais les séries de rapports qui rendaient le monde, le donné, la matérialité, les réalités concrètes et les vécus, et le relationnel humain accessibles ; sans une liberté, une libération du rapport en lui-même aucune des possibilités n’auraient pu naître.

Contrairement à ce qui se lit ici et là, surtout par nos temps éperdus, nous n’avons pas promu la liberté parce qu’ayant découvert le pétrole, mais bien que nous avons découvert l’utilité du pétrole parce qu’ayant envisagé la liberté. Il faut un ensemble extrêmement compact et concerté et organisé de rapports pour que la liberté, l’intention, la pensée prennent corps d’une part et soient suffisamment partagés par un nombre suffisant de sujets ; potentiels ou effectifs, mais à ce niveau-là les sujets sont déjà toujours potentiels, dans la potentialité elle-même, attendant de rouler les rapports possibles et d’accrocher la réalité, le relationnel, le vécu, la perception.

Puisque le rapport comme structure logique, si l’on veut (il est en vérité et en fait une structure ontologique) s’instancie dans et en tant qu’historicité, alors les sujets apparaissent et donc tous les rapports des signes et des perceptions surgissent, se gérèrent, s’engendrent (de même que l’esthétique ritualisée peut se déployer en et par elle-même en esthétiques de plus en plus différentes).

La menace intérieure est que la prolifération des rapports enferment dans le monde, le donné, le vécu et le corps. Or ça ne fut jamais en tant qu’issus du monde et de l’immédiat que les sujets sont apparus ; les sujets naissent toujours par le haut. C’est seulement par révolte ou par tentation ou par erreur et faute intentionnelle qu’ils croient soudainement découvrir dans le monde et l’immédiat un « concret » que leur origine structurelle déconsidérait, apparemment. Si un sujet naissait du monde et de l’immédiat, il ne parviendrait plus à sortir du rapport envahi (de déterminations). Si il croit retrouver une immédiateté, une naturalité, une spontanéité ce sera une imagination, seconde à tout le moins, secondaire souvent ; il ne va pas renouer avec une immédiateté mais au contraire s’enrouler dans l’énervement de la structure en tant qu’elle croit illusoirement se lier à la supposée réalité du donné ; ce qui veut dire un fantasme, un substitut (imaginé) à une immédiateté (irréelle qui se fait passer pour concrète).

Dit autrement notre être, qui n’est pas un être, est une structure, ce qui signifie un rapport et n’est jamais immédiat. Il naît d’en haut, ou du Bord du monde, mais aussi du Bord du vécu et du Bord du corps ; de l’horizon et puis ensuite redescend et hiérarchise ses objets, subjectifs ou objectifs, perceptions ou signes, langages ou récits, esthétiques ou fantasmes. On ne peut organiser le monde, le donné, le vécu ou le corps que si on élabore le Bord. Nous sommes impérativement et structurellement splittés, divisés et la division est cela même qui doit être examiné, analysée, et tout autant décidée, voulue, intentionnalisée ; de là qu’il faille supporter l’insatisfaction puisque qu’il n’y aura pas de réunion de ce qui est désuni (sans cette désunion interne il n’y aurait aucune structure, aucun rapport et s’effaceraient tous les rapports seconds et secondaires ; le sens du réel est la division, le réel comme Pli ; rappelons que l’on admet ici qu’il y a « réalité » parce que le Pli est cela seul qui existe, dans le Pli surviennent les réalités comme pliures).

Si on stationne dans la satisfaction (qui n’est jamais qu’espérée ou imaginée), alors sinon on se contentera de désirer des tas d’objets, sympathiques peut-être mais s’effondrant ou s’étiolant ou disparaissant constamment ; c’est pour cela que Nietzsche (celui qui expose, manifeste, met en exergue absolu l’auto affirmation du sujet qui ne se tiendrait que de soi) que Nietzsche donc affirme que c’est en venant de la Cause même, attaché au plus près de la Cause (la Volonté) que l’on produira de nombreux ou d’exemplaires effets ; il n’y a pas d’œuvre afin de manifester des effets, mais pour Nietzsche il y a véritablement effets parce que venus du plus proche possible de la Cause telle qu’en elle-même, se produisant ‘pour rien’ par suprêmes effets de Cause, et non pour un but particulier, par pure affirmation et non pour ceci ou cela enfermé dans les effets d’effets.

De nombreux mois se tiendront encore et toujours dans le mirage des objets et de leurs désirs, dans les effets d’effets continuels (ils ne savent plus si ils existent de leurs désirs ou selon et dans la dépendance des objets) ; le capitalisme (qui n’apparaît pas pour rien) est l’acharnement envers l’objet, ce qui veut dire les contenus des rapports et non dans le rapport-même (qui se dresse extérieurement à tout) cet enroulement produit ou consommé (qui produit des mois industriellement, dès lors) ; ceci est l’envahissement de toute l’intentionnalité par ses contenus, ses vécus et ses corps, tenus pour concrets et donc réels, ce qui est fantasmatique, et c’est conséquemment l’abandon de la structure suréminente (telle qu’explorée en, pour et par elle-même) qui efface l’horizon (et anéantit les possibilités réelles tenues sous cet horizon de rapports). Cette structure envahie, engorgée par des contenus aveugles sans conscience, est la cathédrale engloutie.

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