Husserl, Heidegger, Sartre
La réalité vécue consiste à se fonder dans des contenus ; mais ces contenus ne se donnent pas comme « contenus », ils sont « là » ; ils sont si évidement désirables qu’ils forment le monde lui-même et ce monde si apparent n’est pas dut tout remis en question, mais uniquement immédiat.
La faculté intentionnelle procède inversement ; elle met en suspension le monde et considère que tout le perçu, vécu, connu, désiré, imaginé, etc, sont des contenus dont l’intentionnalité est la forme.
De deux choses l’une ; soit on considère que ces contenus sont reliés selon un sens, soit ils sont empruntés ; empruntés du monde lui-même, de nos activités et de nos perceptions.
Ensuite soit cet emprunt est relatif à un être si spécifique (l’intentionnel pur) qui contient lui-même son propre programme ; soit cet intentionnel est seulement fonctionnel et ne porte rien.
Enfin soit cet intentionnel est son propre programme, soit il se définit comme structure immergé dans un monde ; mais qu’il soit son propre programme risquerait de le réduire à une « essence » serait-elle de structure. Or il est strictement sans bagage ; c’est ce qu’il produit à partir d’un monde donné qui le pousse à élaborer ; non seulement alors il débroussaille le monde, mais fondamentalement il le produit ; sous une autre forme. Essentiellement en tant qu’universalité ; il n’est pas de vérité antérieurement à l’intention et celle-ci ne contient rien en elle-même. Le principe phénoménologique d’une série de vérités incluses dans l’intentionnalité-même explore sans doute les contenus, mais ces contenus ne renverront jamais qu’au monde lui-même.
Pour cette raison la position heideggérienne puis sartrienne se confrontent à cet idéalisme ; Heidegger en supposant un sens plus profond de la présence spécifique de l’intentionnel dans un monde ; et comme on est depuis Husserl hors des contenus, le sol sur lequel se déploie cet intentionnel porterait en lui-même une vérité dont tous les contenus mais aussi toutes les intentionnalités seraient issus.
Sartre vide intégralement l’intentionnel ; il n’est rien dans l’intentionnel ; et celui-ci se précise du jeu qu’il matérialise dans le monde ; jeu peut-être général, mais surtout constamment situé (puisqu’il n’est rien que dans l’intentionnel on puisse présupposer du sens global de son activisme).