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instants philosophie

Le Miroir et les images

30 Septembre 2017, 09:13am

Publié par pascal doyelle

L’exigence et l’altérité

Les juifs inventent donc le Miroir : dieu, le Un-tout-autre. Et mettent fin aux cycles des images. Dès lors il faudra commencer de comprendre ce qu’est ce miroir, de s’introduire dans sa structure (puisque le miroir ne fait pas partie du monde, n’est pas composé de parties de monde). De même les grecs inventent les idées, et des idées spéciales ; en ceci que pour inventer et manipuler ces idées-là (qui ne sont plus des images à proprement parler) il faut les positionner et les positionner cela s’effectue par le point de l’être ; l’être est ce qui permet de créer non plus des images mais des idées (on admet donc totalement qu’il y ait eu des « idées » avant les grecs mais non pas des idées ourdies par la position de l’être, c’est cette position qui transcende ce que depuis los on nomme « idées », cad rapports, ou intentionnalisations ou machines intentionnalisatrices ; les systèmes) et non plus de idées qui tourbillonnent mais des idées ancrées. L’être suppose, contrairement aux divers absolus au-delà, qu’il est, lui, l’être intégralement « là ». Il n’en manque pas un morceau. Et de toute manière lorsque l’on pense en cohérence selon l’être on ne peut pas faire l’impasse sur le moindre élément ; donc l’être signifie « ce-qui-est est totalement ici même ». Il devient possible d’aligner les intentionnalités sans perdre leur équivalence ; l’acte de penser pense exactement ce qui est pensé, ce qui est signifié.

Si l’on veut un repère actuel pour cette histoire de miroir, on dira que « je suis Jean-Pierre » ; on voit qui est Jean-Pierre, mais qui est «Je » ?

Ce je est insituable ; et c’est pourtant en ce je, ce miroir, brute surface réelle, que l’on existe ; le moi est, dans la détermination du monde, mais le je existe. On sera ce que l'on décidera, non seulement du monde et de la détermination, mais du miroir et des plis et déplis structurels ; que va-t-on parvenir à dresser, élaborer, architecturer dans la structure du présent durant cette existence qui soit au travers et en plus des images, au travers et en plus de ce corps ?

Ce je est un miroir, un mini-miroir certes mais de fait. Encore faut-il se poser la question ; si une image dans le miroir est divisible et elle-même agglutinée à d’autres images, par contre le miroir comme surface est tout un … il n’y a pas trente-six mille manières d’être miroir. Il existe donc universellement en chacun une surface totalement identique à toute autre qui sont toutes indéterminées, sans image.  Le je, le miroir forment l’horizon sur lequel se détachent les objets intentionnalisés.

La pensée, la représentation, la description de cet horizon est la finalité de la philosophie, depuis le début (que cet horizon soit dieu, l’être, le sujet ou l’altérité du réel). Dieu, le grand miroir ou l’être, rendent possible qu’il y ait des mini-miroirs, en nombre indéfini (la surface formelle peut indéfiniment se multiplier sans s'altérer, sans dépendre des compositions), et miroirs un par un, individués mais sans raison, sans détermination (le moi de chaque un n’est nullement son individué structurel mais juste un effet de cette individuation ; l’individualité et l’intériorité sont des moyens ; ainsi pour Sartre le « moi » est un objet dans le champ intentionnel, pas l’identité structurelle de chaque un). Si dieu et l’être rendent et appellent que chacun en vienne à son propre horizon et que chacun puisse et ait à élaborer des stratégies explicites, le sujet cartésien d’une part et l’altérité d’autre part (soit donc l’étendue cartésienne du monde donné là, l’être ramené à la vue de l’exister du sujet), ce sujet et cette altérité (absolument splittée) s’imposent ici même, dans l’ici et maintenant ; la structure n’a fait que progresser depuis 30 siècles.

Toute la philosophie consiste à s’introduire le plus loin possible dans le miroir, de tordre les images en idées ou de produire de telle idée des rapports intentionnels au réel (dieu, l’être de la pensée, le christique, le sujet cartésien qui dure jusque Lacan et avec lequel on n’en a pas fini, puisque c’est une structure réelle et non une « idée », les idées y amènent mais ne disent pas le sujet, et enfin des rapports intentionnels à l’altérité, nietzschéenne et heideggérienne, de même que via cette altérité suréminente de Sartre et Lacan qui dépouillent, dénudent les fils électriques de notre structure).

On ne trouvera aucune image qui manifeste le miroir ; mais on peut élaborer des images telles (y compris des récits, des poétiques, etc) qu’elles entrainent pour l’observateur une telle torsion de l’arc de conscience qu’il soit obligé de devenir structurel (sinon il n’y comprend rien du tout ; pour adhérer à quelque philosophie que ce soit il faut tordre l’intentionnalité, il faut s’y incarner, s’y convertir ; de même pour le christique ou dieu ou la pensée, il est une ascèse structurelle absolue impérative, sinon que l’on passe son chemin ; et Rimbaud ou Lynch ne sont guère "faciles"). Ces images élaborées relèvent cette fois non plus de l’immédiateté du corps et de sa satisfaction, simples images dans le miroir, mais d’une stratégie, et de l’élaboration de l’insatisfaction native, et du miroir même.

Auparavant on adorait les images, les images dans le miroir (on conférait la puissance du miroir aux images). Il s’agissait de parties de monde, mais de supposer un Miroir, un Grand Miroir, dieu, veut dire non plus qu’il soit séparément du monde ; parce que c’était ces parties de monde qui, de par leurs déterminations, se distinguaient et s’éloignaient du monde ; dieu par contre n’a d’autre possibilité que de donner dans/vers/par le monde, les nations, l’historicité, et son intervention dans la réalité comme point externe, qui ajoute et modifie la réalité (et non la justifie dans une opération cyclique qui relance sans cesse le-même-monde et le-même-groupe), dieu donne vers les êtres et les corps (de là que l’on ait pu caricaturer dieu ou le christique comme « moralité » ce qui est une réduction aberrante ; c’est bien, bien plus qu’une question de loi ou de moralité, c’est une transformation ontologique, cad radicale, à la racine ; dieu est en-plus, le christ est en-plus de dieu, le sujet cartésien est en-plus du christ, etc, c’est au-dedans de l’en-plus que réside le réel, dans le « ce qui n’est pas encore », dans l’exister, dans le présent, dans le miroir que l’on nomme ici « présent » ; on pourrait tout aussi bien dire que dieu est le présent, cad non pas seulement le temps mais ce qui est en deçà du temps, et de la spatialité).

On annule ainsi deux préjugés ; la pensée de l’être est instantanément totalement « là » (et non une idéalité qui se superposerait au monde, les idées ne sont pas un « deuxième monde », mais la phraséologie des intentionnalisations qui rendent possible de multiplement percevoir le monde donné là, c’est le groupe qui enfermé chacun dans une pseudo-vérité) ; et autre préjugé, dieu n’est pas un au-delà inaccessible, mais l’intervention ici même au cœur du monde (ce sont les autres mondes qui imaginaient un absolu défini dans sa séparation, puisque déterminé son être plaçait un autre plan, et non pas intégrait l’altérité ici même).

Ne pas comprendre que dieu et la pensée interrompent le monde, le vécu et le corps, ce sera toujours, toujours, remplacer la structure par une image, composée du monde, de parties de monde et donc morcelant l’arc de conscience ; les substituts n’équivaudront jamais à l’articulation de structure qui seule permet de créer des stratégies. C’est donc échappant ou croyant échapper à la Règle (de l’arc même) et s’imaginer être, non pas être mais imaginer que l'on est ; c'est l'intentionnalité qui confère le réel à une réalité quelconque. Mais le réel est formel et ne passe jamais dans l'être ; il le produit. Or donc on n’Est pas (en vérité rien n’Est, puisque seul le présent existe, les choses sont splittées par l’exister et même aucune chose ne serait si le splittage, le présent n’était pas premier), on n’Est pas : on imagine seulement l’Etre. Dieu et la pensée interrompent le monde en actant la séparation et la division au cœur du monde et non seulement comme une altérité qui interromprait l’être, mais en tant que l’être est relatif à la séparation ; c’est la division qui est première ; c’est l’exister qui produit l’être. De là à dire que l’exister produit l’être entre autres possibilités, peut-être faudra-t-il franchir le pas.

De ce que l’un et l’autre s’instancient ici même et interviennent radicalement, il s’en est suivi un décuplement farouche de la réalité et du réel ; la pensée et dieu diffractent le décalage à même le monde, grec, et dieu à même l’humanité ;  et le christique en s’inscrivant dans le corps (que l’on soit homme, femme, riche, pauvre, esclave, homme libre, cela n’avait plus soudainement d’importance) ; la révolution anthropologique intégrale est lancée.   

Il est en somme de la nature même du réel admis comme miroir de ne se tenir que d’un seul côté ; vers le devant, vers le monde, les êtres et plus du tout de se replier dans son au-delà (il n’est plus aucune distinction, détermination de l’absolu qui puisse le fixer, le figer ; il n’est plus séparément, il est la séparation même, formelle, et cette séparation est ici même, on dira même qu’elle est l’ici et maintenant brutal).

L’ensemble de la philosophie veut donc identifier le miroir ; le miroir ne contient aucune mémorisation, sinon comment recevoir toutes les images possibles ?   Il n’est constitué d’aucune détermination et la philosophie élabore donc une architecture de rapports. Pareillement les Œuvres (de l’esthétique à la politique en passant par les éthiques et les idéels, la connaissance) amènent plus ou moins brutalement les arcs structurels à se constituer comme élaborés en et par le miroir qu'ils existent (ils l'existent qu'ils le veuillent ou non ; tout ce qu'ils perçoivent s'opère via les images et le miroir, nous sommes ce décalage, pas issus de ce décalage, mais le décalage lui-même ,que rien ne représentera ni comblera et dont il faut tenir la stratégie d’insatisfaction) ; le « je » inconnu et qui ne peut pas, ne peut pas se manifester dans la réalité, le monde, le vécu, le corps et qui sera toujours ce « je » inscrit comme surface du corps.

De là qu’il soit sous l’emprise de l’Autre ; il ne perçoit pas, il est perçu ; sans doute c’est lui qui perçoit le monde, les objets, mais non pas qui instruit des stratégies ou plutôt les tactiques des autres, à moins de rebâtir la stratégie individuée, en récupérant celles qui eurent lieu tout au long du temps ; par quoi l’on voit bien que l’arc individué de conscience est lié structurellement à l’universalisation, mais aussi et peut-être surtout à toutes les autres instanciations individuées, aux sujets qui se donnèrent des Règles. Les instances objectivistes ne cessent de le convaincre de son image extérieure, de son image déterminée, des médias aux psychologies et via cette idéologie du corps qu’est l’économie (et de ses besoins et désirs à profusion, de la profusion des images déversées) ; de son image perçue extérieurement. Dans la dépendance du regard des autres ; l’indépendance des arcs structurels est l’objet de toutes les atteintes, de toutes les destructions mentales. Et comme l’arc structurel de conscience est assujetti à la vérité, il reçoit tout naïvement, avec une profonde naïveté, ce qui lui vient en tant que vérité ; il est évident alors que tout arc individué doit absolument commencer de récupérer tout son devenir (ce que Nietzsche entreprenait selon sa logique d’auto-affirmation individuée absolue et manifestant formellement le structurel).

L’entreprise est ainsi absolument phénoménale, au deux sens ; totale et produisant la réalisation du miroir immédiatement dans le monde, la phénoménalité augmentée du monde et le corps-même, une bonne part de l’occidentalisation s'y emploie, l’architecture du miroir décuplant les effets, augmentant les possibilités, créant ce possible lui-même en avançant. Ce sont donc les arcs de conscience eux-mêmes qui usent des images et des signes, des idées et des rapports afin de s’augmenter, d’augmenter leur surface mais non pas seulement leur surface de satisfaction mais celle de l’insatisfaction ; il est un jeu irréductiblement profond des attentes et des dépressions, des atteintes destructrices et des entr’aperçus de la structure ; c’est par le jeu, si indescriptiblement risqué, de l’insatisfaction, de la saison en enfer, des inconcevables difficultés névrotiques et psychotiques, et l’angoisse durement éprouvée, des mois, avec eux-mêmes et les uns par les autres, que l’articulation crée le « ce qui n’est pas encore » sans doute mais surtout de tenir une sorte, un semblant, un début, une possibilité éventuelle de stratégie et d’une intentionnalisation qui puisse tenir lieu de Règle, de Règle adéquate à tous les sujets ; sujets que l’on force à ne se posséder qu’individuellement alors qu’elle est non pas individuelle mais individué et donc liée absolument à l’universelle Règle des sujets et non à l’individualité morcelée par ses déterminations qui se tiennent en vue des autres consciences de dépendance brutale ou qui rêve de se retrouver dans l'image que porte son miroir, image qui ne correspond jamais en rien au miroir lui-même. Ce sont les formes même des discours, des images, des idéologies qui contraignent les sujets individués à ne se percevoir que comme individuel, égoïstes, égocentriques ; la fameuse naturalité réaliste de l'idéologie du corps morcelé.  

Or ce qui est créé structurellement ne repose pas en soi dans le monde et la réalité ; il faut maintenir et tenir à bout de bras les articulations structurelles acquises ; de même que les sociétés humaines cycliques devaient réalimenter constamment la parole commune, le monde commun, les échanges équilibrés et l’esthétique ritualisée de leur apparaitre permettant de lire collectivement la réalité. L’impuissance collective condamne les sujets à se replier sur leur détermination individuelle et écarte la possibilité des sujets individués, qui seuls sont susceptibles de reprendre l’universel en l’augmentant.

Dieu, la pensée, le sujet et l’altérité supposent, contiennent, impliquent, permettent qu’existe la dimension telle quelle de la structure. Parce que si les déterminations du monde dispersent le monde (elles sont faites pour cela ; il est une réalité parce que les choses sont distinctes en déterminations), la structure elle, étant indéterminée, vient en une fois ou pas du tout ; le morcellement de l’arc structurel, par le monde et le moi engoncé, annihile la dimension qui n’est pas divisible et qui cherche, littéralement, sa non divisibilité, sa non divisibilité en tant qu'elle est elle-même la division, la distinctivité du réel qui se poursuit jusque dans les uns de sujet, qui cherche à créer la Règle des sujets réels, la suite de la révolution, celle universelle qui eut lieu, et qui ne demande qu’à se continuer, à se renouveler, mais qui nécessite un tel degré de réflexivité dont visiblement nous ne sommes pas capables. Ce qu’il s’agit de renouveler c’est ce qui tient lieu d’horizon ultime maintenant encore et toujours, à savoir l’horizon universel, celui-là que déchire la loi du monde des petits intérêts, des corps en morceaux, cad en images ; nommer cette seconde étape, signifier sa délimitation c’est qui s’explore depuis Descartes ; la Règle en plus de l’universel. Il n’était pas dit que l’universel soit le seul horizon : loin de là.   

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De la liberté – 2

23 Septembre 2017, 08:50am

Publié par pascal doyelle

Il apparait que la liberté ontologique se tisse sur le présent (rappelons que le présent est l’origine même des réalités, antérieur à tout et indépassablement il est l’exister même, qui tient tout l’être ; l'exister est le réel, la vague du présent qui produit toutes les réalités ; l'être est relatif à l'exister) et que la liberté affecte précisément « ce qui n’est pas » et se dirige vers ce qui vient par l’exister, ce qui se crée dans le présent ; venant instantanément du présent seul. La liberté est ce qui se tisse en avant et est structurellement la forme même du réel ; le présent qui est purement neutre et autre, est ce qui accueille, rend possible la liberté ; de même certes les réalités se constituent de lois (à la fois par les lois et en tant que lois), mais on voit bien qu’il est une incertitude de base dans la rencontre des éléments ; les lois ne vont pas jusqu’à réguler la totalité de la réalité, mais seulement des strates de réalités ; le sol lui-même demeure sublunaire en somme, livré au "hasard" ; il n’est pas d’ordre à moins de le supposer magique, tel le destin ou la mise en un sens du détail des réalités ; c’est dans le milieu de cette incertitude généralisée que la perception joue et la liberté est d’abord de percevoir.

C’est en ceci que l’on a inventé les immenses systèmes de perception renouvelée que sont la pensée (les systèmes grecs) puis le sujet (et d’abord christique jusque Descartes qui relance la proposition et jusque Sartre et Lacan qui creuse la structure de conscience, rendue absolument et parfaitement formelle).

En ceci que l’on peut modifier ce que l’on perçoit ; il suffit de dessiner d’autres schémas que ceux auxquels on s’est habitué, autres que ceux du groupe et de telle ou telle période de l’historicité et c’est arrivé mille fois durant cette histoire ;  ce retissage de la réalité, sur et par le Corps, le nouveau corps, le corps-autre, c’est précisément ce qu’opère l’acculturation depuis la méditerranée, depuis au moins 2500 ans, et au plus 3500 ans (pour fixer une date ; celle du dieu juif, pure exigence). L’acculturation est le tramage et détramage continuels de la perception selon d’abord d’énormes configurations puis ces configurations étant acquises (dieu, la pensée, le sujet, la révolution) on peut continuer d’augmenter encore le niveau de perception et les possibilités de retricotage de la réalité (on pourrait aussi bien dire que l’augmentation de l’information accélère l’accumulation exponentiellement) ; chaque moi est la potentielle résolution de l'équation qu'il est lui-même, la personnalisation.

De même  donc tout moi, qui opère un tel retricotage du monde et de son activisme en ce monde (de là toute sa difficulté, sa peine, sa douleur et sa douleur non-compréhensible, qui ne rentre pas dans les cadres de l’idéologie réaliste, rationaliste, scientiste, objectiviste, naturaliste) toute identité peut se fixer en un certain schéma, ce qui ne manquera pas puisque l’on tisse soudainement sur son corps son arc sur le réel, mais aussi entreprendre de modifier les dits schémas ; ce qui lui arrivera, à ce moi, ne serait-ce que par les vécus divers et variés, plus ou moins heureux, mais aussi de par sa propre propension individuelle, sa potentialité et sa capacité d’adhérer à tel ou tel système particulier, de tel ou tel groupe, classe, intérêt, morcelant la totalité du monde humain (et la totalité du monde donné naturel) ; mais n’oublions pas que la modification de la perception passe bien au-delà des systèmes, des sous-systèmes locaux ; l’arc de conscience possède en lui-même toute l’universalisation et toutes les singularités (puisque l'on n'est plus limité au seul universel). Il se peut que le christianisme ait pris ici ou là d’anciennes sacralités, qu’il a recouvert, mais il les a recouvert ; il a imprimé une autre modification, un autre schéma dans et en plus des sacralités, et son arc structurel est tellement plus net et clair qu’il n’a aucun mal à s’imposer comme pointe du réel, de l’historicité. De même que la révolution ou la démocratie est telle variante en tel pays, ou à telle période, mais chacune explore la structure dite « démocratie » et dite « révolution » (ce qui veut dire que c’est un processus et non un « état gelé de l’historicité »).

Par exemple il est peut-être crucial qu’historiquement, un jour, il s’avère que les Beatles (années soixante) et Led Zeppelin (soixante-dix) soient considérés comme des émergences absolues, des formulations extrêmement exactes de l’individualité (tout comme Mozart est ressenti comme émergence de la sensibilité humaine au sein des systèmes formels de la musique de son temps). Et il vaudrait mieux que Les Beatles et Led Zep soient intégrés comme tels, parce que sinon l’inverse signifierait que l’on a abandonné l’acculturation de haute volée pour une acculturation dure et brutale, pour une impasse historique, un manque, un défaut ; pour une acculturation universelle (cad mondiale comme furent les Beatles) mais ramenée à une dureté (typiquement économique, dont la violence conduit à la guerre généralisée). Pareillement le christianisme, dont le nom « jésus » a traversé le temps, est absolument et fondamentalement le signe (non seulement il supporte les signes, mais il est lui-même signe, signifiant chacun, chaque un, chaque arc), le signe d’un dépassement qui s’impose en tant que signe. Cela a déjà eu lieu, et mille fois.

Si l’historicité n’est pas l’idée, en tant que Rapport à (et non pas en tant qu'idée "idéelle") elle tourne comme le lait, en tant qu'immédiateté et s’enlise lamentablement. C’est en ceci que l’esprit, jadis dénommé tel, est la puissance même ; les sciences, les technologies, le droit ou internet sont des effets d’une certaine structure ; supprimez la structure et toute acquisition lentement plie sous son propre poids, est absorbé à nouveau par le monde et les pauvres intérêts.

On voit spécifiquement alors que si la révolution est l’idée, cad le rapport, la structure, elle ne s’incarnera jamais purement comme telle ; on peut et doit reprendre la distinction kantienne (elle est valable absolument ; parce que le structurel ne peut pas, jamais, passer lui-même dans le monde, ce seront toujours les représentations, des représentants, des délégations, mais à l'inverse abandonner la structure, le cadre, la forme c’est tomber dans l’immédiateté tout court et surtout cesser de se vouloir structurellement pour se désirer selon le monde et les pauvres intérêts). Pareillement la liberté n’est pas réalisable « en tant que liberté » ; ça n’a strictement aucun sens, ça ne signifie rien. Puisque dieu, la pensée, le sujet, l’altérité (Nietzsche, Heidegger), l’analytique (Sartre, Lacan) s’utilisent comme Opérateurs ; ils opèrent dans la réalité en tant et à partir du réel (de cette réalité) ; qu’il y ait une telle forme (et la révolution est la forme de l'historicité, ni plus ni moins) qu’il y ait un tel caractère formel dans la réalité (et non pas seulement la réalité elle-même) cela veut dire purement et absolument ceci ; que la réalité a un Bord et que ce Bord est le réel de la réalité, et que ce Bord est le présent, sur lequel s’arc-boute, s’articule l’arc de conscience. Chaque arc structurel de conscience. En chaque Corps.

Ce qui eut pour effet majeur dans l’historicité c’est évidemment que chacun ait un Corps. Et ce corps, qu’on le veuille ou non, c’est cela même qui est signifié par le christique ; c’est de là qu’il tient son importance fondamentale (entre autre, puisque réglant ce Corps il règle également, problématise si l’on veut, quantité d’autres intentionnalisations et en réalité toutes les intentionnalisations ; nous nous tenons à la Source même depuis la méditerranée). On a tellement pas de Corps avant le christique que l’on est homme ou femme, riche ou pauvre, esclave ou homme libre, mais non pas Un, et on vit en un monde humain totalement organisé sur ses divisions catégorielles, et si il fallut 18 siècles pour le christique, le un par un, l’individualité donc,  passe dans l’historicité, comme révolution, c’est bien de ceci ; que l’on n’a pas tout de suite compris ce que le christique pourtant allait imposer.   

Qui niera que ce que l’on perçoit dépend de ce que l’on pense et que ce que l’on pense dépend de ce que l’on veut percevoir ? Non pas que cela soit localisé dans la pensée, mais bien que ça nait pour chacun du devant de lui-même (c'est par là que passe l'inconscient ; l'arc de conscience est plus grande que le conscient). C’est bien pour cela que l’on a inventé les machineries mentales, les méta-machines (de dieu à l’altérité en passant par le christique et la révolution ; les Œuvres en somme) . Ce que l’on perçoit dépend à 98% de systèmes, mais ce que l’on va percevoir on l’ignore complètement ; ça n’est pas encore déjà mémorisé ; il faudra peut-être réorganiser des masses de mémorisations pour intégrer ces autres perceptions ; c’est bien pour cela que l’on réécoutera Mozart ou Led Zep, on relira Platon ou Rimbaud et que plus généralement on adore, littéralement, les créateurs et les œuvres (y compris des œuvres telles la révolution, ou les variantes révolutionnaires) : parce que l’on retrempe l’arc de conscience en partant de zéro, de tous les zéros internes aux œuvres ; de ce que libérant la structure il y a 25 ou 30 siècles (les juifs compris) elle se joue des modifications, des schémas et a compris qu’il ne s’agissait nullement de subir les contenus de conscience mais d’en produire de nouveaux et donc de remonter alors dans et par la structure de conscience ; de modifier l’antériorité même de la réalité et donc de modifier l’antériorité du corps ; c’est cela qui compte, qui a des effets, considérables, dont toute l’historicité procède, l’historicité procède d’un procédé, d’une technologie soudainement Autre (le christique qui nait dans un monde déjà réfléchi en et par l’hypothèse, technologique également, de dieu ; de même que la personnalisation après la révolution, réflexive, s’impose comme réfléchi dans la réflexivité, dans un monde déjà lui-même réfléchi, universalisé, et ce qui s'impose c'est la singularité comme Règle valant pour tous et chacun, un par un).  

Il n’est peut-être en tout tramage de notre être 98% de plus ou moins lié et déterminé, mais 2% suffisent à modifier l’ensemble de la détermination massive ; puisque l’être humain batifole dans les signes et que les signes sont bel et bien ce qui se modifie le plus aisément ; ce sont des rapports et des rapports établis peuvent se défaire, si les choses restent figées en choses et si les objections scientistes ne valident que le sombre donné amorphe ; l'objectivité constate ce qui est , non ce qui peut exister et l'exister est la structure antérieure à tout l'être. Les signes n’atteignent pas la biologie des corps par ex, mais jouent de la surface des corps ; et il se trouve que les signes, modifiés, créent une autre intentionnalisation de conscience à chaque fois ; ils remontent du dehors vers le dedans (aussi vaut-il mieux qu’effectivement ce qui se prend pour une intériorité ne soit pas si « intérieure » et intouchable que cela, que ce ne soit pas une forteresse mais une passoire ; par l’extérieur elle parvient à s’atteindre néanmoins en plein cœur, puisque son cœur est exporté hors de nous ; le christique dit littéralement qu’il est le cœur du monde, à partir de la surface de son corps, et les esthétiques innombrables et les récits et les poétiques travaillent activistement notre réel externe, ça passe par là).  

Et en cela le durcissement intentionnel est tout à fait hors de propos ; on remarquera, et non par hasard, que le christique impose ceci ; que la foi sauve tandis que la loi empêche ; la loi, mosaïque, enferre dans le péché, mais la foi, christique, justifie, rend juste ; elle rend juste à vrai dire par le devers, par la suspension du jugement, le par-don, et par la capacité de reporter plus loin l’intentionnalité ; sans doute vous pécherez encore mais peu importe pourvu que peu à peu l’intentionnalité se régule sur le long terme, or le terme est long puisqu’il est infini. Cela veut dire, si l’on suit l’hypothèse, que l’on a successivement inventé et créé de la structure de conscience, des plis et des replis de cette structure, que si les vécus et les corps sont bien déterminés, le repli que chacun forme pour lui-même est indéfiniment dans la reprise, le par-don peut-être pas infini (on n’en sait rien) mais à tout le moins indéfini, non fini, ne pouvant jamais s’inscrire dans et par la réalité.

Ceci permet de créer de la stratégie, de la stratégie de structure ; voila qui sera repris par la position de la liberté comme instance formelle de tout ce que l’on peut, commencée avec Descartes et poursuivie jusque Lacan (on ne peut pas guérir de son ICS mais "faire avec" et de tramer une éthique si extrêmement complexe et presque insituable). Encore que l’on sent bien que la liberté n’avance, ne parvient pas, malgré Kant, à avancer jusqu’à la radicale performance christique ; et c’est pour cela que Sartre, lui, entend se lancer par-dessus toute réalisation (et qu’il tranche carrément entre le pour-soi pur néant et l’ensoi, massif, régulant en une fois toute l’ontologie) et c’est même en cela, plus généralement, que l’on a voulu installer l’anti-intentionnalité (Nietzsche, Heidegger, Lacan, les antis) ; parce que Kant comprenait encore l’intentionnalité comme opération consciente, et l’instauration des fins comme celle de l’universalité, et que l’on voyait bien que la structure se mobilisait bien plus antérieurement que ce conscient ; l’anti-intentionnalité (de Nietzsche à Lacan, et même Sartre puisqu’il remplace le conscient abstrait et même le « moi-même » par  la conscience de structure, ou encore la volonté toute roide et raisonnable est remplacée par la conscience de/dans le corps qui est atteint de l’externe vers l’interne, qui de ce fait n’est absolument plus l’intériorité) l’anti permettait de penser l’en-deçà du conscient ; tout comme le christique permit instantanément de signifier l’au-delà du conscient (de la loi, du monde romain, du droit, de la mise en forme culturelle, visant en cela l’acculturation universelle de tout arc, quel qu’il soit, païen, juif, esclave homme libre, homme ou femme, etc), mais c'est ce que vise effectivement Descartes ; ayant acquis le supra conscient, de dénicher l'infra-structurel, ça commence par lui.

Question de stratégie donc, d’élaboration de l’intentionnalité de telle sorte qu’elle se heurte au réel et en puisse rebondir et non pas s’étouffer dans un monde ou un contenu déterminés ou se perdre dans un investissement du monde, des intérêts réduits et dans la promiscuité du monde ; que l’on y tienne certes et évidemment, que l’on s’y enferme non ; et l’intérêt du monde pénètre si profondément dans le corps, dans la corporéité qu’il faut élever un surinvestissement éminent pour lentement basculer de l’irréel du monde (qui n’est que parties, compositions) au réel de la forme structurelle (qui est tout d’une fois, un, unique, universel, exclusif). Contrairement à ce qui parait la décomposition du monde en déterminations est abstrait, tandis que la position indéterminée qui impose la structure est réelle puisque permettant la stratégie intentionnelle et réorganisant la perception.

Le réel tient de la structure, et ce que l’on considère comme déterminé est en fait le morcellement dans le monde. Ce par quoi, entre autre, le moi est abaissé à la composition psychologique ou socio-économique, etc, le moi décomposé en bref ; toutes objectivités fondamentales mais par lesquelles on risque fort la manipulation, la réduction à des discours qui sont tenus, ceux-là, par d’autres consciences qui vous morcellent et vous figent sur place. Quitte, ayant amené ce moi au morcellement, à lui asséner encore et encore une image identificatrice, une idée de soi, et il faut que sans cesse le monde du morcellement ressasse indéfiniment et impose encore et toujours ces Images de Moi ; sans cette répétition qui est effectivement un besoin, impératif, les mois s’effilocheraient, se perdraient, s’effondreraient. On leur fait miroiter leur image. Et quantité de mois subissent la déflation interne de la structure ; la dite déflation ne peut pas être manœuvrée via la détermination, or non seulement psychologies et autres batteries n’usent que de la détermination (ce qui ne veut pas dire qu’elles soient inefficaces ; elles sont en mesure de reconduire, peut-être, l’arc en tel ou tel sujet), mais de plus le moi lui-même ne croit pouvoir s’atteindre que via des réalités, des images, des idées, des objets, des morceaux ; on ne voit même plus que ce qui était nommé « idée » autrefois était bien autre chose que ces mots abstraits (de sorte que l’on réduit le sujet au mot « sujet », par ex, ou le christique à une illusion, alors que le christique a intégralement bouleversé toute l’historicité).

Ce qui se passe dans les consciences, dans les mois, dans les consciences enfermées dans des mois, qu’elles n’ont pas choisi (ce qui est fondamental) est absolument perturbant ; que l’on ne choisisse pas son moi déjà est une absurdité. Evidemment on sait que l’on est "qui l’on est", l’inconscient, le vécu, l’héritage personnel ou sociétal, etc, etc. Cela n’importe pas, ou ne devrait pas. Or, on est loin, très loin du « cela ne devrait pas importer », on nous convainc plutôt que notre moi est la totalité de ce que nous possédons ;  le phénomène de la possession de si grande et même totale ampleur, permet ceci : de faire disparaitre le sujet sous ces objets, ces images ; ce qui est exprimé occupe tout le champ et fait disparaitre le champ lui-même. Le sujet n’a plus que cette qualité de posséder ceci ou cela, et il le possède en occupant sa perception, passive, et ce faisant il se perd ; puisque l’on n’existe pas dans ce qui apparait, mais uniquement dans le regard, l’intentionnel pur et brut, on n’existe pas en tant qu’« être », être n’a aucun sens réel, seulement un sens imaginé ; on imagine que l’on « est » ; c’est l’intentionnalité qui s’imagine être. C’est bien pour cela que la pensée, le christique, le sujet et l’altérité mènent des technologies complexes et même plutôt retorses, distordues par structure ; qui manifestent la structure et non des « objets » ; et que l’idéologie réaliste naturaliste rationaliste interprète dieu, la pensée, le sujet et l’altérité comme des illusions ; évidemment que les structures ne « sont » pas, puisqu’elles existent.

Si toute l’attention est portée depuis Descartes en l’infra-ontologie c’est que précédemment, par dieu, la pensée, le christique il fut question du supra-ontologique et de ce qui se peut « si l’on est un arc structurel de conscience », tandis que l'infra structurel cherche comment il se peut que nous existions d'un décalage qui pro-longe le corps. La philosophie travaille cela même qui intervient dans les mondes humains, soudainement autour de la méditerranée ; l’articulation antérieure qui peut aussi bien se projeter au devant que se reprendre et mériter réellement le terme de réflexivité, au sens de retour sur cela que l’on est dont on découvre qu'il Ex-siste (tandis que la réflexivité précédente donnait dans la réflexivité de l’être, de dieu, du sujet éventuellement ; Descartes occupant une place pivot ; il ne théorise pas tellement l’infini du sujet, il le constate). Une manière est de déplier l’arc comme pensée ou comme sujet (cad comme intentionnalité douée d’un contenu supérieur, les idées, ou comme intentionnalité suréminente, celle de dieu ou celle supposée du sujet), et une manière est de creuser cette même articulation telle que « là », décalée ; depuis Descartes on creuse, on dénude les fils.

De même que le supra-intentionnel est parfaitement déduit de la structure (le christique sépare chaque arc de conscience et les réunit en méta-organisation, celle dite « en esprit », en Saint-Esprit, en cette justice là et ce via le par-don, le don en plus, le renouvèlement, puisque la forme est inépuisable en comparaison du monde toujours limité), la pensée grecque engage chacun à penser et à s’accorder sur les contenus dans la vérité tenue comme valeur déchiffrée, analysée, en ses conditions de possibilité (passage d’un contenu non sacré à la forme des possibilités, engendrant non pas un mais quantité de systèmes), et de même Descartes et Kant et suivants exposent les conditions de possibilités du sujet (engendrant non pas un mais une indéfinité de sujets), pareillement  l’attention lorsqu’elle se tourne vers ses propres conditions, phénoménologiques, est attention envers l’attention elle-même et déroule, déplie ce pli qu’est, à la surface du réel, tout arc structurel (rendant possible que cet arc soit un nombre infini de corps tous un, selon le un par un).

Aussi ce qui philosophiquement est décrit est, comme à l’habitude, fondamental, puisque la philosophie est la discipline qui se charge du hiatus au cœur du réel même ; depuis le début il s’agit de dénouer cela même qui ordonne notre réel, non pas notre réalité, mais notre réel, l’articulation même entre l’humain et la réalité, articulation qui se dévoile et prend nom d’arc structurel de conscience/sur le réel, via l’humain/le monde. De littéralement devenir antérieurs à l’antériorité. On a cru en passer par une identité de pensée ou de dieu ou du sujet et tout cela fonctionne puisque ce ne sont pas des identités mais des mouvements, des opérateurs, et en ceci qu’elles permettent de créer des stratégies au niveau même du structurel, des machineries intentionnalisatrices (la pensée, le christique, etc) utilisées par le mécanisme en forme d’arc, et sans qu’il y ait redescente dans le monde, ce à quoi s’empresse de nous figer l’idéologie réaliste ou ce que voudrait croire de lui-même n’importe quel moi ; qu’il est « lui-même », ce qui est une hérésie.

Comme de juste Sartre et Lacan démontent intégralement que nous soyons des « mois », mais rien n’est dit encore de ce que nous sommes exactement.

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De la liberté ontologique

16 Septembre 2017, 09:54am

Publié par pascal doyelle

Ce qui s’impose via l’historicité

Jusqu’à la révolution (française, qui réunit en une fois la liberté et l’égalité, au lieu que les anglo-saxons tiennent plus la liberté, l’égalité des libertés sans doute aucun, mais non assujettissent la liberté et l’égalité, ce qui imprime à la liberté une contrainte, ce qui doit être entendu comme une Exigence), jusqu’à la révolution donc l’universel est l’horizon en vue de quoi toute l’humanisation se cherche ; la révolution impose que chacun soit sa propre raison, non pas tant sa propre raison comme corpus ou idée définie, mais en tant que chacun soit pour lui-même réfléchi et que chacun puisse prendre décision et idée de soi-même de telle sorte que chacun ait sa propre vie ; que le bonheur soit une idée neuve en Europe, en bref.

Par cela même on s’aperçoit que l’universel de la révolution n’impose pas un contenu universel  mais la forme « liberté » (telle qu’inclue dans et par l’égalité, française), et que donc si l’universel, l’humanisme, l’humanisation fut bien ce qui était jusqu’alors recherché, ce mouvement débouche sur tout autre chose et il faudra attendre Sartre pour la liberté soit analysée telle quelle, sans présupposé, sans que soit présupposé la pensée de l’être comme unité universelle, et de fait Sartre suppose l’acte de conscience comme néantisation de l’être tel que « là » ; et l’être est entièrement basculé dans le « là », hors de l’universalité. Kant analyse la liberté (et Descartes la dé-couvre comme origine de la pensée elle-même, en tant que volonté dont la structure est divine, à l’image de celle de dieu, de l’infini, de l’in-fini, de « ce qui n’est pas du monde » ni composé de parties et qui est autre que la pensée et autre que le monde) et Kant pense la liberté sous l’égide de l’entendement ou plutôt de la raison ; c’est toujours la même problématique impossible pour la pensée « classique » (celle qui tient l’universel comme unique horizon) ; la liberté ne s’utiliserait qu’à choisir entre le bien et le mal, le vrai et le faux. Descartes sent bien par ailleurs que quand même la liberté, la volonté c'est tout autrement et tout autre chose, il se tient en réserve de l'infini (il ne comprend évidemment pas comme Sartre par ex comprendra).

Or par Sartre c’est tout autrement ; la liberté c’est de créer. Ce qui implique que le bien et le mal, le vrai et le faux ne sont pas des bornes à l’invention, que le réel consiste précisément à inventer et non pas répéter une formule fut-elle exacte du vrai ou du bien. Ce qui ne veut pas dire que la décision soit hors du bien et du mal, mais que s’ouvre un champ bien plus vaste que la définition toute apprise du bien et du mal ; il ne s’agit pas de se plier au bien et au mal connus, ni de vouloir n’importe quoi hors du bien et du mal habituel et lassant, mais justement de définir ce qui sera et le bien et le mal ; c’est ne pas exclure du tout le bien et le mal mais d’avancer dans la précision de sa potentialité. C’est en ceci que Nietzsche tente, adéquatement, de saisir le brutalement possible ; que tout soit création ; mais tout n’est pas non plus seulement création ; le Créé doit contenir en lui-même l’universel (puisque de toute manière un Créé sans universalité n’intéresserait personne, demeurerait seulement subjectif, déterminé, irréel et donc n’étant pas attaché à la réalité ni au réel, ne tiendrait absolument dans le monde, dans l’intentionnalisation, qui n’est qu’à cette seule fin ; que ce qui peut être réel, soit).  

La liberté classique ne peut pas penser que l’invention est la règle, (et Descartes nous montre comment inventer soit dit en passant, par la suspension et la redistribution de l'intentionnalité au plus loin, profond) puisque pour le classique la vérité est définie ou définissable abstraitement ; si l’on bascule dans le monde ou l’historicité qui admet l’invention et non la répétition, alors le réel n’est plus du tout le même, plus le Même du tout ; puisque le Même dans la réalité c’est le réel, la forme qui entoure les réalités en tant que Présent. Et si la trame universelle constituait l’horizon (qui permit d‘instaurer l’Etat et le citoyen de raison, qui est responsable individuellement de lui-même et des autres, c’est en cela que l’égalité est fondamentale comme contrainte universelle de la liberté finalement abstraite et facile), cette fois dans le réel de l’invention il est requis une autre sorte de tissage que cette trame universelle.

En vérité lorsque l’on positionne l’être (grec) ou dieu ou le sujet et qu’ils sont substantiellement nantis, on ne les pense pas ; on les imagine et on les imagine avec et par l’intentionnalisation. Et si on pense effectivement, on s’aperçoit que l’être ou le bien ou le un, ou dieu ou le christique servent à ouvrir la réalité et le réel ; ce sont les Opérateurs qui rendent possible la démultiplication du monde, du vécu, du corps. La raison, la naturalité ou le moi s’utilisent très efficacement mais en fait dans le même temps morcellent le réel et l’arc du sujet.

Ce mouvement d’individualité de structure (et non pas d’individualité subjective, ce à quoi voudrait bien réduire l’idéologie réaliste et naturaliste, celle qui voit en Kant la limitation métaphysique mais ne voit pas qu’il fonde réellement et effectivement un sujet transcendantal en plus de la réalité et de la nature, reprenant Descartes, qui plante sur l’étendue du monde le sujet in-fini) est déjà donc depuis belle lurette introduit et commencé d’être pensé par la philosophie et évidement cela ira en s’approfondissant par la suite ; jusque Lacan.

Sartre et Lacan décrivent la structure de conscience ; celle là même qui pour Sartre tient le « moi » dans le champ phénoménologique comme n’importe quel objet ou « chose » et par quoi il n’est pas d’intériorité, d’individualité au sens d’identité, de « moi », mais pas plus de « soi » qui serait comme une identité universelle ; il n’est d’identité que structurelle (non pas ce que l’on est mais ce que l’on fait de ce que l’on est, de ce que les autres et la vie ont fait de nous ; notre être n’existe qu’entre la naissance et la mort sartriennement, il se décide et s’invente entre ces bornes, et de toute manière il s’inventera, en plus à chaque fois, sauf que d’y adhérer, de le vouloir et décidément cela accélère et donne accès à la structure même, à la structure telle que ciselée durant cette historicité, on ne peut pas faire l'impasse du savoir).

La structure de conscience ; celle là même qui rend possible que la conscience soit autre et plus grande que le conscient. Celle qui ne passe pas dans le conscient et qui s’arcboute dans, sur, par le réel et lance ses stratégies, quand bien même ces stratégies échapperaient au conscient ; on perçoit plus que l’on ne parle, même si on ne perçoit en plus qu’autour et via les mots transformés en signes pour, par l’arc de conscience ; les mots transformés en signes sont des tremplins rebondissant ; en plus de la cervelle et de son rêve irréel ; c’est bien qu’il existe un tel arc sortant de chaque cervelle et se produisant du vivant, au vif de chaque activité d’intentionnalisation qui nous inscrit sur la surface du monde, sur le réel des réalités. Produisant ceci ; qu’il y ait une surface-autre du corps sur laquelle s’inscrivent les signes, cad les rapports, que tissent l’arc de conscience.

Ce que Kant nommait les fins, limité qu’il était par sa compréhension universaliste, et ce que le christianisme nommait le royaume (qui outrepasse la loi comme on sait ; le christ avance plus loin en l’humain en ceci qu’il est en plus de la loi juive). Et ce que Nietzsche ou tous les autres espèrent atteindre en annulant l’universel – ce qui est absurde – mais ce par quoi ils avancent si déraisonnablement, justement, par-dessus l’universel ; qu’ils ne peuvent cependant pas annuler ; la Volonté ou l’Etre relèvent bien de la toute-stratégie de l’arc et l’arc est effectivement le réel (l’Etre heideggérien) et la Volonté (la puissance, la potentialité) ; leur pensée est de fait structurée comme et par l’universalité, sinon elle ne serait pas pensée du  tout ; dès que l’on pense on pense universel, et de tout manière comme le langage est en soi déjà série de signes, cad de rapports, il est déjà en lui-même universalisation ; et ce parce que l’arc de conscience est en soi, si l’on peut dire, une structure formelle, vide et formelle, ce qui veut dire est un rapport. Mais dès que l’on pense, serait-ce via l’universel, on lance l’arc de potentialité au travers des réalités vers le réel même.

Ce qui se tisse entre et par les signes (qui sont des relations). De sorte que l’on comprend fort bien qu’au début on ait été à ce point sidérés (les grecs) par la capacité de penser ; de produire des contenus, des idées, des intentionnalisations nouvelles (hors du groupe et de la représentation mythologique et du langage seulement commun) qui permettent de percevoir beaucoup plus du monde, de l’humain et de soi. Le christique est lui-même la soudaine et infinie extension de la stratégie de conscience qui intentionnalise toute sa vie, naissance et mort, à partir d‘un point-autre (lequel se dit lui-même comme le chemin, la vérité et la vie, puisqu’il sur-existe en plus du monde et du vécu abandonné aux intérêts faibles du monde).

Mais on a beaucoup progressé depuis ; on s’est incrusté dans le hiatus entre nous et le donné là, l’immense donné là (devenu cet univers ou peut-être quantité d’univers dans tous les sens) ; et on a décrit, exploré, cartographié l’articulation. Laquelle articulation en un certain sens et un sens certain se-sait et se-sait instantanément depuis le début ; et depuis toujours en ceci que la forme « arc de conscience » est évidemment cela même, la structure originellement préalable à toute humanisation, monde représenté, serait-il de la plus éloignée civilisation ou culture humaine ; antérieurement à tout, langage ou groupe humain, il est cet arc comme sortie hors de la cervelle et antérieurement existant, ex-sistant à toute personnalisation, tout moi. C’est bien en ceci que l’occidentalisation n’est pas l’occident mais le processus de saisie de et par cette structure de l’articulation qu’elle est ; et si cette structure suscite tant et tant de représentations, de re-présentations, c’est qu’elle est LA structure antérieure, qui n’a ni ne peut obtenir de manifestation dans le monde étant elle-même formelle ; ce sur quoi réfléchit la philosophie (qui est la discipline affectée à rendre compte de « ce qui arrive à l’humain » autour de la méditerranée, à savoir que la forme (de conscience) prend le pas sur les contenus (les mises en forme culturelles que sont les peuples et les langages, et qui donc devient l’acculturation, l’a-culturation universelle hors territoire et hors particularité, hors monde déterminé localisé, et commençant, alors, de produire quantités de contenus nouveaux, puisque cette fois et depuis lors on se tient de la structure et non de tel ou tel monde humain déterminé).

L’articulation se-sait et se propose des versions d’elle-même ; dieu, pensée (grecque), christique, sujet (Descartes jusqu’à Husserl) altérité (Nietzsche Heidegger) et analytique (Sartre et Lacan) ; jusqu’à ce que tout cela retombe par le réalisme et le naturalisme du 18éme ; le donné expliquerait seul le donné ; alors même qu’un tel donné est tel parce qu’intentionnalisé par une conscience, laquelle est donc, déjà, autre que le donné, et ce qui est autre doit être signifié comme Autre, et un tel fait absolument majeur n’est pas accessoire, accidentel, artificiel ou illusoire ; c’est juste que le réalisme et le naturalisme ne supposant que des objets ou des choses, passant sous silence le regard, l’intentionnalité, de l’arc de conscience ils n’offrent aucune énonciation possible de ce fait absolu, et rendent impossible toute stratégie, se contentant de petites tactiques qui tournent en rond et qui rend tout incompréhensible pour tout le monde et chacun, individuellement et collectivement (bloquant, gelant l’historicité à la révolution universaliste d’il y a deux siècles, dont on aura compris que la forme « universelle » est absolument valide mais uniquement le prélude, le préalable à ce qui aurait du se passer, et dont on n’est pas sûr que l’on ait encore le temps de le dérouler). Mais on a vu que le réalisme du 18éme est une adaptation (dieu-naturalité, pensée-raison, sujet-humanisme) de la structure découverte et impérativement nécessaire afin d'assurer le bonheur humain afin que l'on puisse alors passer à quelque chose de plus intéressant.

L’articulation se-sait et c’est la raison pour laquelle dés le début cela nous arrive si radicalement, nous éjectant de tous les mondes clos, cycliques (et éjectant chaque moi hors de l'enfance, par une crise existentielle, ce qui veut dire l'im/possiblité, les deux, d'une stratégie) ; la pensée et le christique envahissent totalement le monde antique et le christique reprendra intégralement la pensée grecque puisque c’est la même articulation absolue, cad formelle, qui se joue de et au travers de tous les contenus (le christique imposant que chacun accède à sa propre vie, et cela via l’autre-corps, le Corps-même, ce qui est fondamental, et la pensée qu’il y ait un seul-monde ; annulant dans les deux cas les groupes particuliers).

Sans doute l’occident supposait une essence ou un contenu ; mais les dits super contenus (dieu, la pensée, le sujet, l’altérité ensuite) ne sont pas des contenus … mais des formes. En réalité ce ne furent jamais des contenus ; c’est uniquement l‘interprétation rationaliste, réaliste, naturaliste à partir du 18éme qui les a transformés et caricaturés : ce furent toujours des articulations. C’est que le réalisme se tenait du sujet, absenté, et percevait à partir de ce sujet transformant tout en objet, mais prenant bien soin par contre de ne pas se penser, se situer, se signifier comme sujet ; faisant comme si le sujet n’était qu’un regard étroit et non existant, laissant tout le champ (de conscience) occupé par la détermination.  La mécompréhension est complète quant à notre propre historicité ; nous empêchant de poursuivre et de reprendre plus avant la réalisation.

Il est clair que l’arc de conscience, cad le rapport à (soi) en lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même (et non telle ou telle identité quelconque, tout est quelconque en considération de l’arc de puissance même, de puissance comme potentialité pure et brute), cet arc, ce rapport se tient en-avant de lui-même, enchâssé dans le présent, destiné à remodeler le donné et à créer ce qui n’est pas ; l’essentiel est ainsi de fait non encore réalisé.  

Puisqu’il est un présent et qu’en ce présent se produit la liberté, ce qui est essentiel c’est ce qui n’est pas là. ça n’est pas très compliqué, mais la question est puisque l’arc structurel de conscience et le présent sont inclus l’un selon l’autre, et qu’ils dessinent la forme des réalités, qu’est-ce qui est contenu dans la forme qui entoure les réalités et qu’est-ce que cette « information formelle » qui constitue le Bord du monde ?

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La vie ratée

12 Septembre 2017, 08:41am

Publié par pascal doyelle

L’ensemble du projet consistait à prévoir une humanité, un humanisme, de telle sorte que l’attention portée à chacun puisse réguler l’ensemble des conduites et que rien ne vienne prendre le pas sur cet impératif ; que chacun puisse devenir selon sa raison, ou pour mieux dire selon sa réflexion (sur lui-même, sur les autres, sur l’ensemble) sa réflexion éclairée.

Il s’est avéré que ce programme universel était difficilement tenable comme tel, et que pour que chacun soit responsable de lui-même en coordination avec tous les autres, l’individualité devait s’investir et n’était capable de se mobiliser qu’en se motivant et on n’est motivé que de déployer son intéressement, en propre, et au sens large ; et donc l’humanisation, universelle, devait se suivre d’une personnalisation ; ce qui eut lieu ou ce qui s’est précisément démocratisé, durant les années soixante, et tout cela, cette personnalisation, parut si naturel à tout un chacun, à tous les niveaux et dans toutes les situations qu’un immense enthousiasme présidât en ces années là. La révolution des années soixante c’est l’accès démocratisé de chacun à une personnalisation, voire à une individualisation accélérée.

Mais ce faisant l’universalité fût oubliée, ou annulée ou carrément niée, et cet oubli ne date pourtant pas de la moitié du 20éme, mais l’arc gigantesque que l’universalisation et la révolution entrainent, intègrent, instiguent dans les corps était bien trop puissant et c’est l’ensemble, le mouvement d’ensemble qui, découvrant le monde rendu accessible par l’universel, la raison, la science, l’Etat garantissant (plus ou moins) la liberté, et chacun ayant sa propre vie, supposée indépendante, c’est l’ensemble du mouvement qui s’est effondré, abaissé, et a réduit cet arc comme peau de chagrin, limitant la surface même du réel ; tous les mois s’inscrivent dans la réalité et annulent qu’il y ait un réel.

Lorsque dieu, la pensée, grecque, ou le christique et le sujet, cartésien (et ensuite les tentatives des pensées de l’altérité, Nietzsche, Heidegger, qui essaient de réintroduire  de l’ontologie, puis Sartre, Lacan, qui analysent strictement l’arc de conscience, la conscience non comme identité, mais comme arc, tension, structure, rapport), lorsque ces articulations tendent notre être, elles se présupposent hors ou avant le monde, le donné, le corps (remarquons que dieu, la pensée ou le sujet sont strictement efficaces en et par ce monde, par l’humanité et par le sujet, au point que dieu se crée de ce que l’humanité se crée, par ex) ; mais sitôt que l’on croit que l’on est, que l’on vit de ce monde, et que l’on s’identifie à son vécu, à sa propre vie, on en attend la pleine réalisation, ce qui est tout à fait raisonnable, sauf si précisément du monde nous ne sommes pas.

Si nous ne sommes pas entièrement, intégralement du monde, du vécu ou du corps, alors on ne rencontrera jamais dans le monde la part qui nous manque, qui échappe, et ayant abandonné les grandes infrastructures de dieu, de la pensée et du sujet on ne sait plus du tout expliquer, comprendre que justement le monde et notre vie puissent nous faire défaut. Tandis que dieu, la pensée, le christique ou le sujet se permettaient de mener d’immenses stratégies, qui focalisaient les intentions et les intentionnalisations (cad les grandes options et les minuscules attentions, perceptions, jusqu’au moindre rapport tissé avec le monde, les autres, soi, le corps, la réalité) : les mois ne sont en mesure que de prévoir de limitées tactiques, qui gagnent d’une certaine manière et d’une manière certaine, en déterminations et en réalisations effectives (plutôt qu’en attentes et espérances ou idéalisations diverses), mais qui est devenu, ce moi tacticien, incapable de gérer l’ensemble de ses intentionnalisations ; il est dans l’obligation de se supposer une identité, une identité totalement immédiatement existante dans le monde, et ayant à se réussir, réaliser, sans reste, sans surplus, sans au-delà évidemment, et sans Point en plus du réel à partir duquel il perçoit et par lequel il dresse une stratégie ; sans réel qui soit en-plus et donc rien qui soit Autre dans le monde et le vécu.

De sorte qu’il étouffe, non seulement de ce que tout soit par principe donné dans le donné, mais aussi de ce qu’ayant tout acquis et même tout réalisé, rien ne l’est. La partition qui manque est de l’ordre de ce qui ne se réalise pas, de ce qui ne se rend pas réel. Et on s’aperçoit alors que les anciennes articulations ne visaient pas à s’illusionner mais précisément à gérer d’une part et à déployer d’autre part de longues et larges stratégies. De sorte que ce qui était insufflé (dieu), pensé, réarticulé (Descartes) c’était l’inemployé, l’inemployable, le réel qui n’est aucune des réalités. Découverte de Heidegger, autant lui rendre, puisque tout le développement dit d’occidentalisation du monde se suit et se précède. Le réel est en plus, et le réel est plus grand que lui-même.

Ce défaut, ce manque, ce vide, ce trou, ce gouffre de structure  va contre la totalité de l’idéal, de l’idéologie, au grand sens du terme, qui s’est mise en place au 18éme (pour fixer une date ; par ex que le bonheur est une idée neuve en Europe, alors que si il est une part de nous-mêmes qui n’y est pas, dans la réalité, cette part ne se réalisera jamais, et de bonheur il n’en est point du tout).

Et ça n’est pas faute que l’on nous abreuve (et nous ne demandons pas mieux, d’être convaincu que l’on se réalisera ici dans le monde, a priori le seul horizon effectif), nous abreuve jusqu’à nous dessécher en vérité, de toutes les images et tous les récits de réalisation de « soi ». Tout va vouloir nous convaincre que dans ce monde on se rendra intégralement au monde. On ne comprend plus même que nous n’y sommes à vrai dire pas du tout ; que nous sommes autres ; « nous ne sommes pas au monde » veut dire, littéralement, que nous n’y sommes pas du tout, nous sommes ailleurs et autrement, et Rimbaud comme tant d’autres, qui crût un temps renouveler l’histoire, en fut pour ses frais, mais renouvellement qu’il imposât pourtant de son seul nom, en créant le sur-divin.

On ne se réalisera pas, jamais, en quelque sens que ce soit ; ça n’est pas fait pour ça. Et c’est pour cela qu’il faut penser (ou croire si l’on veut, mais non pas croire sans penser ; les théologiens sont bien d’accord là-dessus) ; penser signifie donc élaborer la stratégie qui rend compte de la non réalisation absolue de notre être réel ; que le réel ne colle pas avec la réalité ; les réalités, quelles qu’elles soient, quelque vie que ce soit, ça ne collera pas. Et le surplus qui se tient du Bord du corps, du donné, du vécu et du monde il est dans sa nature même, sa structure de ne pas se réaliser, de ne pas se rendre réel comme le monde ; aussi une stratégie explicitement Autre doit-elle se dégager, se dépêtrer de toute la nasse, de ce qui lui parait, à juste titre, un piège. Et c’est précisément cette stratégie, ce qui s’est graduellement élaboré depuis 2500 ans ou 3500 si l’on remonte au dieu un/tout-autre.   

Ça n’est pas qu’il faille renoncer au bonheur, prévu par la révolution (l’unique révolution qui se déroule selon diverses versions sur toute la planète), mais considérer que le bonheur permet de rechercher quelque chose de plus intéressant (au lieu que l’on a pris en otage notre bonheur et de le placer sous tant d’inconcevables conditions et de contraintes, on appelle cela le capitalisme ou le communisme et de manière générale « l’économie », comme idéologie du corps donné, pour le coup péjorativement,). Et donc que finalement une vie ratée, brisée, désespérée, dépressive, ou toute autre variation, ça n’est pas le bout du monde. C’est normal. Ça n’est pas ce qui se tient au Bout du vécu.

Parce que c’est autre chose et autrement qui se joue, et que c’est justement cette altérité, qui n’appartient à aucune partie du monde ou du vécu, qui enclenche le réel même : inutile de courir après des morceaux de réalités quelconques.  Ça ne vaut rien du point de vue du réel mais c’est essentiel du point de vue de la réalité, de la vie, cela va sans dire ; le bonheur est la condition de l’autre finalité ; et ces deux étages, réel et réalité, c’est précisément ce que l’on nomme stratégie.

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L’essentiel est en plus

9 Septembre 2017, 08:53am

Publié par pascal doyelle

Pour ce qui est du sens général, cela consiste à dire que ce qui est essentiel, c’est ce qui n’est pas. Ce qui est essentiel c’est ce qui se tient en réserve et en réserve au plus proche que tout, dans le présent. Qui donc existe et se situe dans le présent ; de mener une élaboration, une architecture du présent.

Le présent est ce qui précède tout (il n’est pas un vague résultat de la détermination, de la réalité, des réalités, mais la forme de toutes les réalités, autant que l’on sache). C’est dans le présent que se tient en réserve le réel ; le réel est la forme des réalités et il n’est à cela aucun mystère (pour ainsi dire et pour le moment) puisque le réel, qui est la forme des réalités, est le présent. Tout est absolument visible. Ce que l’on ne sait pas c’est « où » le présent s’avance. Il n'y a pas, nulle part (où?) une intériorité qui recélerait l'Information condensée, c'est la forme de la réalité, le réel donc qui informe toutes les réalités. Et qui donc, ce réel, ce présent, doit se décider, s'orienter, s'intentionnaliser, vers ce qui n'est pas, mais qui alors ex-sistera ; sortira du Bord de la réalité, du Bord du monde, du Bord du corps.

La réflexivité est littéralement ce qu’elle signifie ; elle se retourne vers la structure du réel donné là et sur la structure, la nôtre, qui est capable d’une part de se décaler par rapport à tout donné, toute réalité, et d’autre part se tenant autre que tout elle est également autre que elle-même ; c’est l’altérité qui conduit tout ce qui est, puisque tout ce qui est immergé dans la structure transcendante qu’est, qu’ex-siste le présent. Et cette exploration dite « occidentalisation », née autour de toute la méditerranée,  est l’exploration en dessous des réalités, l’exploration dans le réel, dans la structure du réel ; explorations à l’intérieur du Bord du monde, du vécu et du corps et cartographie des périples inimaginables dans cette dimension de l'acte brut.(le présent est en effet excessivement brutal)

Il ne serait pas décent ni raisonnable de croire que tous ceux qui se sont aventurés dans la dimension de l’exister, du pur et brut présent (autrefois de l’éternité ou de l’éternel, et le présent ne contredit en rien la possibilité de l’éternel ou de l’éternité, il y ajoute des précisions quant à l’origine pour nous, êtres humains, de cette étrange dimension qu’est le présent, en ceci qu’est exploré le décalage dont effectivement nous sommes les effets ; de Platon à Lacan le décalage est décrit sous les formulations de dieu, de la pensée, du christique, du sujet et de l’altérité (Nietzsche-Heidegger-Sartre - Lacan   NHSL), et comme ce décalage est littéralement le corps lui-même la recherche du décalage est instantanément communiqué à toutes les réalités humaines, de l’esthétique à la politique, jusqu’à l’humanisation et la personnalisation, tout moi, ce qui nous concerne en plein, est effet du décalage, raison pour laquelle aucun moi ne se satisfera de son moi, mais ne pourra que se réintroduire de son sujet, de sa structure ; sur la piste de quoi Sartre et Lacan creusent),

Il n’est pas décent ni raisonnable de rejeter l’ensemble de toutes les explorations, sous prétexte qu’elles ne rentrent pas dans le cadre nécessaire mais étriqué de l’idéologie réaliste et rationaliste ; celle qui remplace dieu par la nature, la pensée par la raison et le sujet par l’humanisme et le moi ; toutes figurations absolument nécessaires mais insuffisantes. Mais il n’est pas non plus acceptable de retranscrire à nouveau les anciennes configurations (dieu, pensée, christique, sujet) dans le sens même par lesquelles elles se permettaient de s’introduire dans la réalité ; autrement dit il faut réinterpréter toutes les explorations qui se donnaient comme dieu, la pensée, le sujet et ensuite l’altérité (N H S et L réintroduisent dans la réalité raisonnable, rationaliste, humanisé une altérité ontologique, c’est pour cela que l’on s’y convertit si aisément ; nietzschéen ou lacanien, ce sont des offices de conversion, du regard même sur le regard tel quel).

Il faut donc admettre la validité de tout ce qui fut expérimenté (de quelque peu solide et consistant, puisque inversement ce qui ne se pense pas selon la structure se pense selon tel ou tel fantasme du monde, du moi, du vécu, etc, et tombe dans les nécessités hallucinatoires du donné, de la détermination, au lieu que le christ ou Nietzsche ou Rimbaud  tentent d’élever une architecture des structures de la pensée ou du sujet  suffisante qui admette en elle-même la possibilité du réel, tenant les réalités à distance et donc les examinant, les scrutant, et pour cela on continue de les lire, de les éprouver, puisque l’on se tient du Bord pour les lire ; qui rendent possible la structure du regard lui-même, de l’attention et qui de fait commencent par modifier l’ensemble de toute la perception de tout, et qui donc se nomment eux-mêmes dans leurs discours, représentations, nomenclatures, cartographies - cartographie qui contient le plan du monde donné là, du vécu et le schéma de la dimension même qui se permet d’examiner la réalité et de s’examiner elle-même comme structure mouvementée ; elle doit se flasher en acte et non pas fixée selon l’objet).

Ainsi ce qui ne se tient pas de la structure architecturée au plus haut de sa capacité tombe dans le donné là, la détermination, la petite époque vécue, le fantasme et la défiguration de la pensée, travestissant dieu ou défigurant le sujet par la détermination, et son poids, et sa lourdeur.

C’est que la structure du réel ne passe pas dans la réalité et donc ne se réalise pas comme la réalité se réalise ; elle n’est pas la détermination mais l’architecture des déterminations, elle n’est pas les signes mais la stratégie des signes, elle n’est pas ce corps ou ce moi mais le sujet en arc de cercle arcbouté sur le présent, par le réel, lui-même en arc de présent.

Tout est mouvement. Mais si tout est mouvement, emporté sur la vague du présent, vers quoi se dirige ce mouvement ?

Il est curieux de constater que l’interprétation rationaliste raisonnable, réaliste naturaliste, celle qui croit que le donné seul explique le donné, est amenée à comprendre le présent comme juste le « résultat » donné là, une sorte de présent inerte, un effet, alors que le présent qui seul demeure, est la cause qui épuise tout ce qui est, toute la détermination, toutes les réalités et tous les mondes, y compris tous les mondes humains ; il revenait à l’arc de conscience de prendre conscience de lui-même comme arc de conscience (et non comme n’importe quel ceci ou cela, serait-ce l’esprit ou l’idée ou telle ou telle image, tout cela est quelconque par rapport à l’arc même, et cependant nécessaire comme représentations de ce qui ne se représente pas mais se signifie et engage chacun à prendre dans son intentionnalité cette signifiance généralisée qu’est l’occidentalisation), de se saisir comme miroir et non comme image dans le miroir, aussi complexe soit-elle, et arcs saisissant que la réalité est enchâssée dans le réel, que le réel est la forme, il revenait à ces arcs de conscience de relever le niveau, pour ainsi dire, et que la transcendance est la plis instantanée possible (le présent) qui entoure toutes les immanences (les mondes).

Ce qui veut dire  de cesser de croire en ses désirs en prenant les objets de désir pour la vérité ; ces objets ne sont que des mélanges, des entremêlements de la structure et de sa puissance d'une part qu’elle confère à des images, des représentations d’autre part, de petites tactiques qui ne sont nullement des stratégies.

L’occidentalisation, dans ses plus élevées performances, ces technologies formelles d’architecture du regard, de l’intention, ou de l’intentionnalisation du monde donné, a certes amené sous nos yeux des idéalités, des systèmes, des christs ou des images extrêmes, et profondément structurées, qui ne peuvent être saisies que par des arcs de conscience. Ce dont sont bien éloignés les « mois » qui ne sont foutus, à peine, que de percevoir des images d’eux-mêmes extraordinairement grimaçantes ; à rebours, pour commencer d’admettre, non de le comprendre mais d’admettre Rimbaud il faut modifier non seulement son moi, son identité mais son regard, son attention, son intention, son intentionnalité, ce qui veut dire la structure même antérieure à la volonté, au désir, à la perception, l’imagination, la prononciation, etc, poésie totale … comme il le Dit, il faut prendre littéralement au pied de la lettre ce qui est dit à une certaine ampleur de structure ; il faut prendre le christique littéralement et de la perception même de ce Corps ; rien n’est dit au hasard, soit cela tombe et est happé par le donné là, le fantasme de réalité, le monde, soit cela est dit à propos et à partir du Bord et demande à celui qui regarde, qui perçoit de fabriquer son arc de conscience, de travailler, torturer si l’on veut, son attention, son intentionnalité, ce qui ne s’effectue que par tout le corps …  puisque de la position du départ de regard, le point qui n'apparait jamais et est autre et expose tout au-devant, cad par la conversion, ce sur quoi avait presque mis le doigt Husserl ; qui laissait pourtant cette conversion dans le sens de l’universel, alors qu’elle concerne le corps même).

Jusqu’à s’effondrer par le réalisme et le naturalisme et le rationalisme et toute cette idéologie du donné expliquant seul le donné, s’effondrer dans l’enfermement ; on ne peut retrouver les grandes articulations et les stratégies métaphysiques et christiques et ontologiques (à partir de Descartes), et cela n’est absolument notre but, mais il faut reprendre à leur niveau, à leur degré d’architecture et non pas se contenter bêtement d’une interprétation pseudo-réaliste qui ne tombe que sur des bouts de monde, de corps, d’images ; incapable de lier quoi que ce soit.

Lorsque Heidegger ou Nietzsche veulent réinterpréter la totalité de l’historicité c’est cela qu’ils visent , relancer l'intentionnalisation ontologique au degré architectural suffisant. Ils eurent à faire face à l’immense altérité de tout cet immense donné de l'univers brutal, telle qu’elle se livre dans la perception, au sens élargi, et dans l’intentionnalité, au point de recourir à une anti-intentionnalité ; anti qui rende compte de l’énormité de la réalité prise non plus dans une unification, supposée, de dieu ou de la pensée ou du sujet, mais au contraire splittée, cette réalité, dans tous les sens, voire dépenaillée, et d’un corps si horriblement dépouillé (comme il apparait non seulement dans la psychanalyse, mais telle qu’il apparait pour le moi empli du mal-être, de la folie à ses obsession ou dépression, le moi a fait preuve d’une grande inventivité quant à ses détournements de la réalité de son corps comme réel, cad sa structure de moi, qui n’existe que d’un sujet, lui rendait incompréhensible absolument, radicalement, dépourvu qu’il était de stratégies possibles ; les délires sont des tactiques limitées d’une impossible stratégie globale, de structure – mais de même l’historicité qui a suscité tant et tant de passion pour l’essence de l’histoire, soit la structure révolutionnaire qu’est l’historicité ; des millions de sujets se mirent en marche pour restructurer politiquement la réalité à partir du réel).  

Ce qu’il faut donc, outre tout cela, c’est l’altérité du donné tel que « là » ; le là que l’on sait nommer comme étendue depuis Descartes (Descartes place « là » notre être, cloué sur la surface de la réalité, la surface étant le réel, sauf que Descartes, quand même, réfère le dit sujet cloué à une structure en plus qui ne tient que par … la volonté, seule semblable à dieu, à l’in-fini, au non-déterminé ; littéralement Descartes origine l'idée "infini" à la volonté ... non finie par structure).

Il est apparent que l’on ne peut pas supposer que le donné là, cet univers monstrueux et sa logique de total gaspillage, et même peut-être de quantité d’univers possibles, supposer donc que tout cela soit unifié… Donc c’est dispersé. Pas dispersé de manière incoercible, quoi qu’il est apparemment du n’importe quoi, littéralement, en deçà des couches organisées plus ou moins, des variations de non temps ou non espaces, des insubstantielles déterminations, en dessous.  

Ce qui est essentiel c’est ce qui se tient en réserve et en réserve au plus proche que tout, dans le présent.

Nous sommes alors intégralement désarçonnés de ce que le réalité n’est jamais à la hauteur de ce que la structure de cette réalité appelle ; au travers de toutes ces causes et de toutes les complexités cette structure de la réalité nommée ici le réel, se tient encore plus haut que les plus grandes élévations du monde ; sinon il n’y aurait aucune raison compréhensible à la structure en forme de présent qui agit tout ce qui est ; l'arc qui regarde une œuvre est plus grand que cette œuvre, le regard ne tient nullement en l'information qu'il perçoit, l'information est un trampoline pour le regard, rien de plus ; suivant en cela ceci que le réel est plus grand que lui-même, raison qu'il y ai un présent, et qu’il s’agit de la loi interne de la structure elle-même (puisque le présent est avant-tout, la structure même de ce qui se présente) ; il n’est nul besoin de supposer une réalité cachée qui viendrait s’imposer au monde, au vécu, au corps. Le réel est une forme, la forme de la réalité, et c’est la forme de la réalité qui imprime le mouvement, étant le mouvement lui-même, le présent.

De même que cela qui tombe dans le champ de l’arc de conscience, comme Hegel le découvrait, subissait déjà, en tant que contenu, en avant de lui-même, l’altérité et déjà se cherchait une possibilité, un devenir, une dialectique ; lorsque les grecs supposent la vérité ils sont déjà au-dehors et en plus de la vérité et ce qui s’installe ce ne sont pas des contenus mais la possibilité en tout arc de conscience de tisser les attentions, les volontés ; ce qui s’installe c’est le système formel (qui lance la vérité comme projet et non comme contenu, les esthétiques non ritualisées, les éthiques et les politiques du corps, les idéels et la connaissance, ainsi que la philosophie comme discipline qui se charge de penser cette articulation et de la propager en, vers chaque arc). L’occidentalisation a inventé et créé le système formel qui, se tenant de lui-même (et non plus de telle ou telle partie du monde ou de telle ou telle représentation toujours déterminée) rend possible de décupler les représentations et les corps et les perceptions, et ceci en repéant et cartographiant la structure antérieure qui permet de démultiplier immédiatement le donné et le vécu (la pensée et le christique) et instantanément l’arc de chaque sujet (son architecture-sujet qui se dit comme dieu, pensée, sujet, altérité), en suscitant la stratégie possible de chaque arc de signifiance.

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Stratégie générale

2 Septembre 2017, 09:39am

Publié par pascal doyelle

En général on ne comprend pas que les systèmes grecs, le christique, le monothéisme, le sujet enfin, s’articulent avec ce que le 18éme, pour fixer une date, découvre ; à savoir que nous sommes dans le monde. Pensée, dieu, christique, sujet paraissent se situer sur une autre planète et ne pas appartenir au monde donné, au vécu ou au corps concret.

Rappelons que l’on nomme « christique » afin de ne pas confondre le message christique et telles églises, qui possèdent leurs qualités et défauts, notamment les défauts de toute institution humaine, qui s’organise plus ou moins bien ou mal.

Ce qui laisse évidemment quelque peu dans le flou ce que par « message christique » on entend, puisque ne s’incarnant pas alors dans tel ou tel corpus détaillé, organisé, mais bien qu'il est de la nature même du dit message de ne pas se déterminer totalement et rigoureusement ; le christique mais aussi le système grec, ou le sujet, manipulent, utilisent, usent d’une forme, d’une structure qui n’est pas destinée à se concrétiser mais qui doit accrocher, en chacun, la capacité de signifiance, de signifier et de signer des actes, des décisions, des intentions et fondamentalement des intentionnalités, ce qui veut dire des orientations dans le monde donné, et en tant que cette signifiance est laissée à chacun, chaque un ; puisqu’il s’agit d’activer en chaque individu la possibilité de stratégie, de stratégie intentionnalisatrice ; c’est cela sa destination même, que chacun puisse signifier.

En retour depuis le 18éme ce qui demeurait un "message" non spécifiquement déterminé, a voulu se concrétiser et s’incorporer au monde (via les corps des mois évidemment), mais on se prit les pieds dans le tapis et on a identifié ce report (du non complètement déterminé vers la détermination historique) pour argent comptant. Perdant ainsi le bénéfice du message mono, christique, grec et celui du sujet. Et réduisant la capacité stratégique.

On a cru à partir du 18éme que la réalité n’était que détermination et non pas indétermination que l’on relégué à l’illusion ; alors que dans l’indétermination résidait notre structure même, en ceci que le christique ou les systèmes grecs ne sont pas du tout hallucinés mais permettent d’orienter la stratégie de l’attention face au réel (le systèmes grecs se stabilisent et stabilisent le monde autour de l’être, comme unité de toutes les intentionnalités possibles à propos du donné là, mais ce faisant cette stabilisation permît une quantité formidable de création de distinctions idéelles et donc intentionnelles, et de différenciations, réelles, dans le donné ou le comportement ; de même le christique a ouvert que chacun puisse tabler sur un point-autre, le regard du christ qui se situe en plus de ce segment qu’est la naissance-mort de chacun, et à partir de laquelle il devenait possible de créer une stratégie intentionnalisatrice absolue, ce qui veut dire formelle, et si elle se donnait comme reliée à un-seul, cet un-seul impliquait la pluralité de tous les uns, séparément ou réunis, par le Saint-Esprit comme chacun sait ; le père, le fils et le saint esprit, ça n’est pas très compliqué, vu de loin ; on ne reviendra pas sur les juifs qui optent pour le Père, le un de la nation, ni sur l’islam qui choisit la communauté, le Saint-Esprit, pour la raison que l’on ne s’y introduit pas suffisamment pour en juger).

Ayant oublié ces articulations énormissimes, toute notion de stratégie de l'indétermination fut dans le même temps abandonnée. En ce concrétisant, en remplaçant dieu par la nature, la pensée par la raison et le sujet par le moi humain (humanisation et personnalisation), on a réduit le rayon de possibilité structurelle, mais dieu, la pensée ou le sujet n’étaient pas en mesure par contre et de toute manière de s’adapter suffisamment au monde, au donné et au vécu. Naturalité, raison, humanisme formulent donc, avec une telle profusion de créations intentionnalisatrices, cette adaptation du structurel au monde donné là, au vécu, individuel et collectif, au corps et sa singularité formelle absolue. redéployant évidemment les éthiques, politiques, idéels (connaissances) et philosophiques, puisque c'est la Même Structure qui est activée et arcboutée au réel, ce qui ne se peut sans que cette transcendance s'en prenne à toute l'immanence ; ça n'est pas l'immanence qui tend l'une quelconque des "transcendances" c'est toutes les immanences qui existent dans l'arc réel transcendant (l'arc de conscience ou l'arc du présent).

On a cru que l’indétermination des absolus était pure fantaisie, puisque l’on tenait pour réel seulement la réalité ; mais le présent et son articulation intrusive et instantanée qui joue littéralement en et hors du temps, possède à partir de son indétermination même la logique et la lucidité ; si on attendait de connaitre ceci ou cela pour être libres, nous ne le serions jamais ; en conséquence de quoi le réel ne commence pas dans le monde. La connaissance permet un rayon plus large de liberté mais ne crée pas la liberté ; en soi elle était déjà possible indépendamment de toute connaissance ; le sujet de Sartre n'est pas libre parce qu'il sait ceci ou cela, il l'est tel quel et aucune raison ne lui explique pourquoi.

L’arc est antérieur à tout et le présent est seul antérieur à l’arc. On nomme présent la structure antérieure à tout monde, tout univers, toute représentation, tout langage, tout corps, bref antérieur à tout. Et occidentalisation le procédé devenu processus de s’introduire antérieurement au monde (et non de visualiser, peut-être en toute révélation on n'en sait rien, non de visualiser postérieurement au monde et au-delà un absolu ; l'occidentalisation est le procédé et processus qui avance 'dans l'autre sens') ; dieu, la pensée, le sujet (puis ensuite l’altérité : Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan) sont des machines, des interfaces qui s’intercalent entre le réel et le monde, entre l’arc de conscience (qui se tient du réel, du présent, exclusivement) et le monde, le donné et le corps.

Présent originel, arc de conscience arcbouté sur ce présent / représentation, langage, mondes humains, identités diverses, mois ou humanisations. L’arc travaillant la représentation (au sens large et global) afin d’éprouver le présent originel. Kant ou Nietzsche ou Rimbaud formulent des interfaces qui permettent à chaque un, tout arc de conscience, de revenir à l’originel absolu, celui qui ne nous quitte jamais, ni ne quitte jamais rien  ; le présent. (Mais que nous quitterons un jour, évidemment).  

On ne voit pas que le christique ou le système ou le sujet sur-existent en dessous de ce que depuis le 18éme (pour fixer une période) on entend par l’existence. Pour le 18éme chacun vit sa vie et cherche le bonheur et concourt, dans le meilleur des cas, au bonheur général. Rappelons qu’ayant inventé et découvert l’unité de chacun, et tenant que chacun soit sa propre raison (et non pas son arbitraire déréglé, auquel cas, ne respectant pas l’universel, dont Kant donne la forme exprimée au plus proche possible, chacun tomberait dans l’immédiateté, l’absence de stratégie, l’absence de vue plus ou moins globale, et se retrancherait, se mutilerait soi-même) ; la révolution légalise la liberté (entendue comme stratégie, voulue, volontaire, décidée de chacun quant à sa vie, ; ce qui implique une restructuration quasi intégrale de l'ordre de l'humain ; et on en revient à l’origine christique de tout cela ; c’est par le christique que chacun a une vie, valant en et par elle-même indépendamment du sexe ou du statut, "ni homme, ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni homme libre mais tous un en christ" Saint Paul (qui formule donc les 20 siècles qui viendront au 1er siècle), et chacun, ce qui est fondamental, est un indépendamment de sa psychologie, comme on dirait depuis le 20éme ; indépendamment de sa psychologie, de sa vie, de son vécu, de son héritage, de son langage, de son groupe humain, etc,  et pourtant encore plus individuel et encore plus lui-même depuis le christique … puisque depuis lors chacun doit, peut élaborer sa stratégie saisie du point-autre qui n'est pas dans le monde).

Or pourtant la liberté prît le pas sur l’universel ; autrement dit on a commencé de désirer/décider tout et n’importe quoi ; ce qui est absolument logique puisque la liberté contient la pensée (le sujet cartésien origine la pensée qui était autrefois tenue pour l’horizon lui-même), mais la contient réellement, ce ui veut dire ne peut pas, ne doit pas s'en passer et doit être maintenu l'arc entier du déploiement des deux, pour simplifier, sauf que l'on a  pris comme argent comptant la loi d’immédiateté si évidente que le libre ne s’applique qu’au monde, et comme le statut "libre" se valide de par lui-même (il fait un avec soi, de fait et croit ce qu’il dit) il affirme désirable ce qu’il désire de fait. Le cadre universel a tenu plus ou moins, puisque c’est son rôle, mais tout l’intérieur a décroché et est tombé dans/vers le monde ; de sorte que ce cadre universel est resté fixé, figé, gelé historiquement, excepté sur quelques améliorations (absolument nécessaires et oh combien légitimes) mais qui empêchèrent de penser à nouveau l’universel tel qu’installé historiquement.

Autrement dit on a accompli une révolution et puis voila … Or il est clair que la nature, l’essence même de l’historicité est la révolution ; ça n’est pas une fondation ou un événement mais la structure même de l’histoire. Puisque la structure qui est à l'origine et la cause de l'historicité (du bouleversement continuel, dont l’occidentalisation ne manque pas) est une forme et ne trouve jamais sa représentation dans le monde ; elle ne le peut pas.

C’est que l’arc qui s’est créé autour de la méditerranée est un ensemble, une structure élaborée, une architecture et que l’on ne peut pas la scinder et en oublier une partie ; sitôt que l’on découvre que notre être est une intentionnalisation vers le donné tel que là, d’une part le monde universel unique là-devant est situé, ciblé, conçu, perçu en une seule fois  et d’autre part l’attention qui s’organise à propos de ce monde donné-là s’élabore et crée son architecture en propre, de chaque arc un, libre et capable de mener une stratégie de l'exister même ; pour cette raison on ne peut pas retrancher le système grec, le christique (et monothéisme), le sujet et encore moins au nom de ce qui seulement à partir de cette architecture peut être perçu ; car en effet le monde donné du 18éme et le moi ne sont perceptibles que dans et par l’architecture du sujet (dieu, pensée, christique et sujet sont d’un seul mécanisme monumental et unique et déplié en et par chacun, chaque un) ; le sujet cartésien (non qu’il appartienne à Descartes mais bien que celui-ci  rende compte de ce qui nous arrive, du point acquis en son moment d’historicité, de dépliement du mécanisme structurel) est celui qui, de par sa liberté, son antérieure intentionnalisation, sa récupération du regard (qui était jusqu’alors pointé par et selon le christique, le un-tout-seul), le sujet cartésien contient tout l’ensemble de la pensée comme telle (de la pensée métaphysique avant que ne s’introduise, dans le monde et le temps, le sujet, ontologique, cartésien, qui de par sa pointe méta-active intentionnalisatrice relance intégralement toute la machinerie).

Autrement dit on ne peut pas situer l’arc de conscience que l’on est, individuellement, sans tenir l‘ensemble de tout le possible qui fut élaboré, découvert et inventé (puisque ce qui est formel n’a aucune représentation dans le monde et dès qu’il se saisit de lui-même, cet arc produit des effets en retour, des représentations nouvelles qui créent et architecturent les rapports que l’arc crée vers lui-même ; autrement dit crée la signifiance même, le fait que chacun signifie son vécu, sa pensée, son corps, etc, ajoute une strate, un degré, une possibilité, une nouvelle surface de significations, et que cette nouvelle surface est une nouvelle surface inscrite sur et par un corps ; ce ne sont pas seulement des signes alignés sur le corps, mais des stratégies de signes ; le signe limité est psychologie, la stratégie de signes est orchestrée comme "un nouveau corps", une totalisation limitée mais couvrant, englobant, réunifiant constamment le corps, la conduite, la morale, et plus loin l'éthique ontologique, le poids d'exister que l'on supporte et suppose). oublier ou renier ce devenir, c’est abandonner non pas sa mémorisation, mais sa stratégie intentionnalisatrice et n’être plus en mesure de tisser en-plus et de retisser-encore la trame de l’attention suffisamment explosée en suffisamment de sens, d’orientations possibles qui permette d’accéder à encore plus de réel, et de réalités.

Il s’agit d’intentionnalisation et non pas de mémorisation (comme dans les mondes cycliques qui tiennent, avec raison, au langage parfait, leur trésor, au monde immédiate et perçu dans leur chaque synthèse unifiée, partagée et échangée rituellement), il s’agit d’intentionnalisation et de signifiance, de compréhension et de saisie active, voire plutôt hyper-actives, dignes de l’activisme absolu qu’est le présent. On peut bien se prendre pour un moi et tourner en rond (ça ne fait que cela un moi au bout du compte) mais il est en chaque moi un sujet bien autrement architecturé et architexturé en et par son corps ; si on adore à ce point les esthétiques, les poétiques, récits et images élaborées c’est que par cette perception on écrit sur cette autre-surface du corps, et qui se produit comme de sur-hyper-méta-anti intentionnalisations (grec, christique, cartésien, d’altérité, mais cela devrait pouvoir s’étendre).

Toute œuvre, au sens étendu, provoque une surtension de l’arc lui-même, tout comme la révolution a imposé à chacun d’être celui qu’il pouvait être (et lui supposait qu'il soit "heureux", jetant chacun dans le doute et ce qui deviendra la dépression et autrs obsessions psy et les mésaventures structurelles du moi). Mais aucune imposition extérieure ne peut se substituer à l’auto-détermination (de ce qui existe de manière indéterminée) ; tout arc doit se mouvoir de par lui-même, ou disparaitre dans une identité (qui est toujours non une chose mais une construction, la typologie de la chose si désirable trompe totalement le moi ; il n’est rien dans le monde qui réalise, réal-ise l’attention, l’arc de conscience et les élaborations selon l’œuvre ne sont pas en elles-mêmes des choses, mais renvoient à l’activisme l’arc qui signifie et qui seul peut s’introduire dans et par l’œuvre, qu’elle soit éthique ou politique ou esthétique ou poétique, etc) ; on aura beau désirer tout ce que l’on voudra, on ne l’obtiendra jamais, puisque ce qu’une forme, une structure attend c’est sa propre stratégie suffisamment architecturée.

Pour se saisir comme interface (en fait être-saisi) l’arc ne peut que rechercher la stratégie effective et prendre sur soi ; puisque le présent est ce qui conduit, et que le présent conduit non à ce qui est mais à ce qui n’est pas, à ce qui vient, à ce qui est possible. Il faut donc sortir, extraire le réel du possible présent qui vient à notre rencontre ; rien de tout cela n’apparait sans une ascèse, quel que soit le sens que l’on donne à cette rigueur. Et le mois, chacun des mois qui se créèrent comme possibilité dans les années soixante, l'ouverture mondiale invraisemblable qui eut lieu, a engendré que tous les mois s'activent (et se gaspillent également, pas l'un sans l'autre) en et par l’élaboration de stratégies qui ne se contentent pas de gérer des signes séparés, mais tentent d'engendrer une architectonique (individuelle ET collective) de tous les signes.

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