Structure de l’Insensé
La réalité est une dilapidation insensée, et un gouffre de meurtrissures diverses et variées : une masse absurde, ventripotente, et qui semble promettre pour mieux nous précipiter dans le dégout, la dépression, le ressentiment, la pourriture.
Ça ne ressemble pas au monde imaginé, à la vie rêvée ; c’est juste un énorme gaspillage d’énergie dans toutes sortes de directions et probablement dans toutes les directions effectives, dont on ne voit pas qu’elle naisse d’un sens quelconque, et visiblement aucun ordre ne préside sinon une dispersion statistique (ce qui veut dire que, oui, ici et là des mondes organisés, des vivants ou équivalents, mais que la chute d’un météore pourrait, éventuellement, annihiler sans raison ; c’est cela l’absence d’ordre sensé ; ça avance, mais statistiquement).
Or donc la réalité ne nait pas d’un sens préalable mais elle avance vers. Elle avance en avant. Et cet en-avant est le présent, la structure en forme de présent. Elle avance vers on ne sait quoi ; ce qui veut dire que ce vers quoi cela avance n’est pas mais que « cela » se décide au fur et à mesure, pas à pas, là au-devant ; la réalité est, le réel existe ; l'exister est la forme de ces effets d'être divers et variés. Et on peut donc en conclure ceci ; ce qui sera se décidera au fur et à mesure et se modifie au fur et à mesure des décisions (et dans le monde donné au fur et à mesure des événements).
Si la totalité (de toutes les réalités dispersées, dés-ordonnée, jetées là comme une série indéfinie de dès) est première, le Un final sera dernier, au Bout du monde, et il faut ajouter sera lui-même pluriel ; puisque ça n’est pas l’ordre ou le sens qui préside au réel mais la Possibilité. Et que donc si le possible est la règle, il y aura instanciellement diverses versions du Un. Et puis peut-être au bout du Bout un seul Un finalisé. Mais alors là il faut s’entendre. SI l’altérité est la loi des réalités, et si le présent est la structure, alors le Un final n’est pas figé mais est lui-même l’Acte pur et subtil ; ce qui veut dire qu’il se modifie incessamment. Sans cesse aucune. Continuellement. Si dieu existe, ou équivalent (on voit par là que notre notion de « dieu » est en-deçà du sur-divin) son visage, sa figuration, son être au sens de structure activiste se modifie de toutes les décisions antérieures. Quant à savoir si le « qui sera » revient constamment sur le déroulement … c’est autre chose (c’est ce à quoi le prophète, très étrange, mais les prophètes sont toujours très étranges, le prophète Ph K Dick est confronté ; ça vient de devant, ça vient vers lui à partir de l’en-avant. Pareillement lorsque Saint Paul énonce « ni homme, ni femme, ni riche, ni pauvre, ni homme libre, ni esclave mais tous un en christ », il fonde les 20 siècles qui suivront).
Revenons. Pour qu’il y ait « réalité » il faut qu’il y ait dés-ordre, sauvagerie, ou brutalité ou à tout le moins indifférence de la possibilité lancée dans le néant (qui n’étant rien du tout n’oppose aucune résistance, de fait, et étant infini, le néant, on peut supposer que le lancement de tous les dés de toutes les réalités est lui-même in-fini). Mais le point de vue potentiel ne se limite pas à cette non-humanité, au non-sens, au dés-ordre de la réalité ; il se trouve que la machine organisationnelle de ce dés-ordre (qui n’est pas un désordre, puisque dans la détermination il existe toujours un minimum d’ordre, serait-il « chaotique », puisque ce qui est ce sont des choses déterminées, distinctes), la machine organisationnelle se désigne visiblement comme Présent ; le présent est la structure du réel. L'organisationnel de ce présent n'est pas l'ordre ou le sens mais le possible (le néant existe, l'être existe, dans l'être il est une forme, l'exister, qui engendre des effets d'être). Le présent est l’acte d’exister pur et brut, qui se transportera comme acte d'exister pur et subtil, au bout du Bout via le Bord de tous les mondes. Si le présent est si visible, c’est qu’il est la visibilité même, ce par quoi ça apparait (et hors de cette apparition il n’est rien, mais ajoutons tout de suite que l’on ignore « où » va le présent…)
Si il est un présent c’est que dans la réalité se réalisera un quelque chose inconnu ; on n’ignore pas que le propre de la réalité est de produire de l’inattendu ; il faut une quantité astronomique d’énergie puis de matière puis de mondes pour que ici et là naissent des vivants (ou ce qui en tient lieu dans d’autres mondes que le nôtre) ; ça se rend réel statistiquement (soumis au dés-ordre, mais le dés-ordre est la possibilité même qu’une réalité il y ait).
Rappelons que la détermination est la distinctivité ; des choses sont déterminées parce que distinctes les unes des autres, ne se confondent pas, n’occupent pas le même temps ou espace, etc ; et que la loi interne de tout ce donné externe (tout est externe et jeté là, une réalité qui ne s’exposerait pas n’a pas de sens du tout), la loi est l’altérité ; non que tout soit n’importe quoi, mais que tout soit distinct, et que les multitudes de uns, de « choses », et que par le Un lui-même tout soit selon la distinctivité d’altérité du Un. Le Un est ce qui crée l’altérité qui crée la détermination. Et dans cette détermination un re-tour, un nouveau tour, se cherche et c’est cela le présent.
Autrement dit ici même, ici et maintenant le Un herche à réaliser, rendre réel ce qui n’est pas encore ; et donc il est une distinction absolue, cad formelle, entre l’être, le donné, le passé, les mémorisations que sont les choses et les êtres, et d’autre part l’exister, le présent, l’acte pur et brut du présent ; et ce qui existe c’est l’exister, l’être est seulement l’ensemble des effets, des réalités de la vague, de la lame du présent.
Mais ce présent est alors dimension qui vaut en et par elle-même ; elle est une structure descriptible et c’est cette description qui a lieu depuis la méditerranée (dieu, la pensée grecque, le christique, le sujet cartésien et suivants, l’altérité de Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan).
C’est bien pour cela que d’une part la réalité n’est pas ce qu’on a pu en supposer (l’être, dieu, le un qui serait tout, etc) mais bien autrement sauvage, brutale, mais également d’autre part que le Un tout au bout, celui qui sera, ça n’est pas du tout ce que par l’absolu, le sens ou l’ordre en soi on imaginait. C’est tout autre chose et tout autrement que cela navigue au travers des temps, puisque le temps est relatif à l’exister ; le présent dont on parle n’est pas le « présent » mais l’acte d’exister qui avance. Par conséquent nous sommes toujours déjà instanciés sur le Bord de tout ce qui est selon l’être et prêts de basculer selon l’exister, en stase d'existence. C’est ce basculement qui constitue ce que l’on a nommé l’occidentalisation, la structuralité, soit donc le processus qui consiste à extraire puis élaborer puis architecturer le mouvement même du présent, de l’actualisation (de tout le possible, de la possibilité même ; dieu, la pensée, le sujet, l'altérité sont des actes de bout en bout), de l’acte pur et brut du réel en dessous de la réalité et agissant comme réalités, vécus et corps.
Et c’est pour cela que c’est un devenir ; une historicité et une profusion de révolutions. Mais alors au sens propre et définitif ; il de-vient. Même à supposer le Un tout au bout (de toutes les réalités, de tous les uns) il ne faut l’admettre qu’en mouvement ; il change de forme au fur et à mesure des décisions. Le présent est l’infinité de miroirs qui renvoient, activement, au Miroir formel de pur et subtil mouvement, en acte au sens propre.
Reprenons ; la réalité est « les réalités », de sorte que l’on ne peut en formuler le un (il n’y a aucune idée universelle qui parle le Un de cette totalité de réalités qui n’est donc pas une totalité mais l’ensemble de toutes les réalités jetées là ; il n’est pas de Un qui serait Tout).
Mais la forme de toutes les réalités est le présent, non pas le temps « présent » mais l’acte qu’est le présent (celui-là même en lequel on existe, et le présent est cela seul qui existe, et concurremment est cela qui ex-siste, et ex-siste tout le reste). Et si le réel est le présent et que le présent est un acte (et donc le seul Acte qui soit, puisqu’il est formel il ne peut pas se composer avec quoi que ce soit, il est le Bord de toutes les compositions), alors le présent est la machine (absolue, cad formelle, non déterminée) qui se meut, constamment, continuellement, qui sans cesse re-vient.
A la fois la machine revient et vient-à-nouveau. Elle ne s’arrête pas. Il existe des mondes (des univers, des réalités, ou quoi que ce soit) afin que le Un de tout, au Bout du monde, appuyé sur ce Bord de tous les mondes qu’est le présent, afin que le Un re-vienne incessamment sur lui-même.
Le Un Final, celui qui sera (et qui sera continuellement un Acte, un Acte continué) présuppose antérieurement à sa formulation incoercible, invincible, que se produisent des uns, donnés ici même, ici et maintenant, dans tous les ici et maintenant, le Un qui s’interface via des uns spécifiques ; entre le divin totalement en sa forme en acte en devenir structurel et le donné là des réalités, de la totalité non close de toutes les réalités, de tous les univers (ou qui en tient lieu), existe le sur-divin. C’est pour cela qu’il existe Rimbaud.
Ou quiconque, pour vous, qui puisse servir d’anges ou de démons ; les anges et les démons ce sont ces êtres là ; bien réels, bien vivants, bien existants. Il est peut-être des anges traditionnels ou des intermédiaires dans le ciel, mais de tout cela, personnellement, on n’en sait rien du tout ; on se contente de ce que l’on constate, et Rimbaud et tout comme diverses inversions ont existé de fait.
On part donc de cette constatation fondamentale ; ce qui est c’est le présent, on ne voit rien d’autre qui puisse exister, et il se trouve qu’alors on ne peut plus dire qu’il « est » mais bien, si le présent est le réel, il faut dire qu’il existe et si il existe alors il ex-siste. Il sort de. Il sort de quoi ? De lui-même, de lui-même à partir du donné gigantesque des réalités non totalisables mais poursuivant qu’un Réel paraisse au Bout de tous les temps et via le Bord de tous les mondes, les donnés, les vécus, les corps. Ce qui vaut c’est ce qui n’est pas mais vient au-devant par le biais, le moyen, la structure du présent ; le présent est le moyeu.
Si le présent est si visible, c’est qu’il est la visibilité même, ce par quoi ça apparait. Et hors de cette apparition il n’est rien, mais ajoutons tout de suite que l’on ignore « où » va le présent… la structuralité dont on use depuis la méditerranée depuis dieu, la pensée grecque, le christique, le suejt cartésien et suivants, l’altérité (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan, etc) veut précisément analyser le mouvement ; dieu, pensée, sujet, altérité sont des Exigences : de fait (et d’une belle constance ; l’altérité ne le cède en rien à dieu, le sujet au christique, la révolution à la communauté des croyants).
Occidentalisation ou structuralité de l’histoire
(Inutile de s’effaroucher à propos de « l’occident » : il s’agit du passage de mondes culturels, ayant créé et porté la mise en forme culturelle, passage vers le monde Acculturé, qui n’est pas dépendant d’un peuple, d’une représentation, d’un langage, d’un monde localisé ou territoire et qui repose sur deux principes ; le monde donné là, commun à tous, et le corps, relatif à chaque’un)
Et analyser c’est le mouvement du présent ; c’est ce qui eut lieu effectivement, rigoureusement, comme étant l’intention de dieu (le Un tout Autre, hors du monde, de tout donné), la réflection de la pensée grecque (qui re-vient sur tout le donné du monde, via l’universalisation, la mise en jeu de l’intentionnalité précise), le re-tour du sujet (le nouveau tour qu’est le sujet) et comme étant l’altérité, l’étrangeté, l’inhumanité, la sur-humanité potentielle (qui doit se transfigurer en sur-divin, Nietzsche, Heidegger ou Rimbaud), et enfin l’analytique au sens propre de la structure qu’est notre être (ce qui veut que cet « être » ex-siste), avec Sartre et Lacan ; c’est analyser le mouvement de basculement de tout vers et par le présent, comme machine structurelle, qui est le centre formel, de toute l’historicité.
Structure du présent dont la délégation, la répercussion, la diffraction est la structure de conscience, miroir du présent en nous ; comme forme vide mais formelle. Analysable et analysée. Pour illustrer ; si le présent est cela même qui existe, ça n’est pas réduire ou ramener dieu, la pensée, le suejt ou l’autre à une immédiateté, parce qu’il n’y a pas d’immédiateté …
Ce qui est c’est ce qui ex-siste ; ce qui existe c’est une structure ; la détermination, les choses sont dans la structure, et donc « subit » la structure, laquelle, elle-même, n’est pas mais Ex-siste, et cet existe est l’enveloppe qu’est le présent. Dire que dieu, la pensée ou le sujet ou l’Autre sont « là ici même », c’est en tant que structure réelle ; celle de la structure de surmontement qu’est l’arc de conscience ; tout cela n’est en rien immédiat, mais déjà engagé par et dans l’altérité. Le réel est intégralement un Arc d’acte pur d’abord brut et d’une brutalité sans égale, puis Arc du Un qui se crée.