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instants philosophie

Ce monde et le précédent

25 Février 2024, 09:55am

Publié par pascal doyelle

 

Ce qui est en soi-même mouvement ne peut pas être saisi.
Aussi est-ce le mouvement dont on a cherché la structure, et ce depuis dieu, l’être, le sujet et enfin le réel.
Dieu ou l’être sont purs mouvements. De même le sujet et enfin le réel ; tout se meut. Mais c’est le mouvement même qui prend ses désignations étranges, de dieu, de l’être, du sujet (christique et cartésien), du réel. 

Le présent est la seule structure que l’on constate comme immobile, éternelle, brute, immédiatement et même bien plutôt instantanément réel. Le seul réel est l’exister, en tant que mouvement, et l’être, les choses ou les êtres (les planètes, les galaxies ou les vivants ou les conscients) sont mais secondement ; l’être est l’effet de l’exister ; les choses et les êtres sont les mémorisations de ce qui a eu lieu, des présents eurent lieu, du présent qui a déroulé l'ensemble de tout le possible. que le possible soit le principe du réel veut dire que le présent réalise l'ensemble de tout ce qui est possible et qu’il revient à tout ce qui est de devenir toujours plus profondément. 

C’est dans le présent que s’étend ou se précise le dit mouvement. Ce qui se réalise existe dans l’actualité et doit se-vouloir, se décider de soi. ce qui existe c’est en tant que rapport et le rapport est toujours forcément actif.  

Ainsi la conscience est un raccourci, est ce chemin qui emprunte le seul raccourci (que l’on sache, que l’on puisse expérimenter, ce qui veut dire qu’il en est peut-être d’autres, que l’on ignore) en tant que mémoire immédiate qui permet de stabiliser des langages, des pensées, des représentations, des constructions et des inscriptions ; dieu et la nation, l’être et l'universel, le sujet et la révolution, le réel et la réal-isation (de tout ; ou donc tout l’ensemble depuis la révolution qui réalise, rend réel toutes les intentions, de tout et de tout le monde et de chacun, en tant d’abord que révolution humaniste universelle, et ensuite comme personnalisation, accélérée même, de chacun, et ce depuis le milieu du 20éme ; évidemment tout va de plus en plus vite et consomme de plus en plus d’énergie, de matériaux, de ressources).

il peut sembler que dieu, la pensée ou le sujet ou le réel fixent le mouvement, mais évidemment on ne les saisit pas ; ils sont le mouvement ou ce par quoi on a tenté de représenter le mouvement ; ce qui se voit encore plus avec la “raison”, par ex la raison théologique ou la raison dite objective, bien que l’on sait trop que les théologiens s’emmêlent et que les sciences se modifient sans cesse, et ne parviennent pas à “conclure”, tandis que les théologies sont bien trop certaines d’elles-mêmes (Descartes remettra tout en mouvement). 

inversement donc dieu, la pensée, le sujet ou le réel nous ont saisi. Ont saisi ce corps vivant, cet animal, qui n’y comprend rien à l’apparition fulgurante de l’arc de conscience en lui (qui provoque, comme on sait, la jouissance horrible, cad la satisfaction hallucinée et l’inconscient). 

Mais pourtant soudainement le je se signifie tel quel ici même ; ce que chacun peut comprendre, non comme raison, ni même comme pensée, mais comme signifiant. et de derechef il ne sait pas ce que ce je implique ; il faudra de Descartes à Lacan pour commencer d’à peine saisir l'empreinte que l’arc de conscience produit, crée dans le monde, le temps et l’histoire, le corps et le moi-même humain (moi-même par lequel chacun peut, enfin, commencer de saisir ce qu’avoir une vie, cad une existence, porte ; un moi-même n’est pas, n’est plus soumis à l’historicité, aux sociétés, aux groupes, alors même que cet équilibre qui le rend possible, reste totalement fragile et sans doute momentané, étincelle, et parcouru (et épuisé) de toutes les contraintes (sociétales, morales, humaines, d’affect ou donc d’inconscient, puisque lui, le moi, se tient au plus proche de cet inconscient ; il n’y a pas de psychanalyse avant le début du 20éme).  

Contrairement à ce qui peut sembler, les réalisations du moi-même (ses esthétiques et ses littératures, ses émissions tv ou son internet, son cinéma ou sa BD, etc, bref tout) sont exceptionnelles et absolument entières ; elles valent comme réal-isations de tout le possible possible ; il y eut Presley, les beatles, les stones, led zep, etc. Il y eut le fantastique et la science-fiction de Lovecraft ou Poe jusqu’à The thing ou Ph K Dick (dont l’essence est l’interrogation de ce qui est effectivement réel, de la nature du réel) et ainsi de suite. Totalisation d’une autre ou seconde réalité. Ce qui paraît dispersé et facile ou immédiat et peu comparable aux grandes œuvres classiques, est en vérité absolument un parachèvement, compte-tenu du déplacement que l’on repérera à la fin.. Il s’agit de rassembler toute la réalité, de même que l’on institutionnalise la mémorisation de toutes les humanités, de tous les peuples, esthétiques, religions, sciences, (tout ce qui fut donc), pareillement toute la possibilité vivante du corps humain investi de et par une conscience, un arc de conscience qui structure le champ intentionnel (lequel rend tout possible, et sans lequel rien ne serait activé, activé par cette activité qu’est le tissage des rapport à partir du rapport qu’est un arc de conscience), toute cette réalisation parvient ici à son terme, que l’on sache. l'entièreté de ce qui fut réalisé, l’a été intégralement et selon l’intégrité, à mesure ; à mesure de son intégralité, son intégrité ; sans cette sincérité du réel aucun je ne peut parvenir à accrocher l’actualisation du possible. 

Ainsi le présent qui nous enferme en ce monde humain et qui nous tire vers le bas, c’est celui coincé entre le passé et le futur. mais le présent réel est le temps, ce qui veut dire la totalité des temps, des actualisations. 

Peut-être l’entièreté des personnalisations, la personnalisation qui s’impose à toute la planète, devrait-elle ou aurait-elle dû se décider pour un intérêt collectif, universel, mais sera-t-on en mesure de s’y employer ?

De même les luttes, libérations, libertés, accès à autrui et à soi-même, (et on ne parle pas des institutions, cad de la constitution des sociétés humaines, qui sont parvenues à une perfection, ou donc de libéralisme, capitalisme et communisme, qui, très globalement, ont absolument élevé le niveau d'organisation humaine, collective et puis individuelle). C'est bien pour cela que tous, chacun, nous en sommes marqués, que nos corps sont totalement inscrits et comprennent tous ces enjeux, ces enjeux joués (et enjoués, le rock et la pop sont enjoués) et lancés et portés au maximum d’intensité ou d'augmentation des êtres. au prix de brûler tant d’énergie et de ressources, évidemment.

Ou donc ; si jusqu’alors cela en passait par dieu, l’universelle pensée, le sujet christique (dont on dira pour le moins qu’il sublime le corps, l’autre corps, celui qui se signe, l’autre surface écrite, par quoi seulement on a un corps, et on a un corps, parce qu’on ne l’est pas), alors donc dans la réalisation (qui a suivi la réalisation universelle révolutionnaire de première main, par la révolution) le moi est cette sur-écriture du corps, qui en quelque manière se sur-appartient ; de là ainsi qu’il se déchaîne et s’écrit en tous sens, sur et via tout support, use de ces méga-esthétiques que sont le cinéma ou la bande dessinée, cette énergie des musiques du 20éme, et au final cette totale narration de soi qui se perçoit dans le mass-média, puis le micro-média, qui poursuivent au jour le jour la représentation de la réalité, se prenant pour la réalité même ; que la perception, distanciée, précède le corps (toujours immédiat et toujours lié absolument à la jouissance. Il s’agissait donc de découper ou détacher des morceaux de jouissance. alors qu’en dieu, la pensée ou le sujet (christique et puis cartésien) tout de go il s’agissait de transporter le jouir dans un autre endroit. Dans le point le plus éloigné possible (dit point infini, que ce doit dieu, la pensée ou le sujet). Tellement éloigné qu’il est inaccessible, pas en ce monde, pas en cette vie vécue, et n’ayant pas la capacité de s’obtenir ici même ; il s'agissait bien d’autre chose, autrement.

Par dieu, la pensée ou le sujet le je en ce saut périlleux sort de la jouissance (qui est, donc, le corps qui hallucine la satisfaction, et l’imagine “encore plus grande que tout”) et c’est précisément ce que nos mois chéris reprochent à dieu, à la pensée ou au sujet ; ils se sont enfermés dans leur jouissance à tout prix. et ce jusqu’à l'irréalité, l'irréalisme, l’irréel de leur fantasme, objets, signes ou images.Et évidemment le christique est la monstration pour ainsi dire que l’on aboutira à la trahison, à l’abandon, à la douleur, et à la mort. 

En revanche, de par le découpage de la jouissance, il fut réaliser quantité de possibilités.

Or donc pour le moi, c’est dans le monde, dans la vie et il n’y retrouve pas ses petits ; la jouissance n’est plus sublimée, elle se cherche dans le vécu et le donné, et le moi devient fou. 

C’est comme si la profusion de signes (et en l’occurrence tout autant sinon plus d’objets) venait non pas sublimer le corps, mais le remplacer, voire l’écraser évidemment, trop jouissant, et l’objet devient le moi, le moi devient le signe et ne parvient pas à se décoller de ces fétiches. Aussi est-ce “un signifiant pour un autre signifiant”. Et non plus un sujet, la vue du dieu inaccessible et “pas de ce monde”, ne comprenant plus même l’universel (le décentrement d’une conscience). 

Objets et signes que l’industrie se charge bien de lui fournir, industrie matériellement mais encore plus imaginale, hallucinatoire, hypnotique. 

On reviendra sur la confusion totalement tragique d’un moi qui ne distingue plus la sublimation de la jouissance fantasmatique hallucinatoire. c’est évidemment bien plus perturbant et profond que seulement, si l’on peut dire, le drame psychique de la vie vécue du moi. Il faut interpréter les centaines de milliers de signe, images et objets qui prolifèrent dans l'humanisation comme autant de grignotages de l'architecture de la sublimation, en même temps qu’il s’agit de la démocratisation de cette sublimation (qui ne pouvait se “limiter” à Bach ou Saint Thomas d’Aquin évidemment, pas plus qu’à Mozart ou à Descartes).

 

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L'amoureux et la distance

18 Février 2024, 16:22pm

Publié par pascal doyelle

Si le tomber-amoureux n’était qu’un assemblage de qualités (de datas, pas de qualités et de défauts, quoi qu’alors ce serait plutôt de défauts), mais il est unifié, cet assemblage. et c’est là, dans cette unification, que ça se tient. 

Or ça se tient d’une structure, ce qui veut dire, ici, d’un rapport. Dont on se doute qu’il est à la fois impitoyablement puissant et profondément inaccessible. Il s’agit d’un rapport, soit donc que l’on se tient “au bout”, “d’un côté”, mais comme c’est un rapport on ne sait de quel bout. de là le vertige. un individu ainsi se perçoit soudainement de l’autre bout. Il se perd, il se perd de vue; il ne sait plus qui regarde, de où il perçoit. l'ensemble de toutes ses facultés est renversé, puisque toutes ses facultés dépendent du champ de conscience, du champ intentionnel ; il n’obtient de références, de repérages, puisque tout repérage naît de et par un champ intentionnel et que l’autre, autrui, un tel ou une telle ont volé le champ intentionnel lui-même, cad tout. 

Tout, tout entièrement volé, mais on ignore en quelle manière et sur quelle trace ; puisque c’est le rapport qui fut volé, et qui est non déterminé ; un rapport est indéterminé ; donc on ne sait pas ce qui a été volé. On a nommé cela le cœur et effectivement c’est le centre, le centre de tout le reste. corps, intellect, affect, âme, tout ce que l’on veut puisque notre être dépend, intégralement, de cette séparation, de cette coupure, de cette ligne de a à z, qui ne laisse rien en dehors, et qui coupe ce corps, cet être en deux, de haut en bas ; sans reste. Sans reste, sauf l'inconscient. l'inconscient, ou plus exactement la pliure qui rend possible toutes les autres, est ce “là” du corps, inerte, massif, creux, pesant, qui ne peut pas être signe ; on peut le signifier mais ce signe ne peut pas l’absorber; le corps c’est un “là” éprouvé et qui n’a pas mot ; tout le reste sera reliable (à d’autres signifiants), mais ce corps est autre que moi, que je, et appartient, bizarrement, au réel. il est, en nous-même, ce qui est au-dehors. 

De là qu’il serait possible de dire que l’on a conscience de ce que l'on a un corps que l’on n’est pas. Que “conscience” soit issue, et produite, par le choix interne du corps qui se “voit” en externe, par un champ intentionnel et est à la fois au-dedans et au-dehors. Que c’est cela que l'on nomme “rapport”, “conscience”. puisque “conscience” implique que l’on voit que l’on voit. (de là qu’il n’y a pas de conscience possible sans une perception, cad un vivant qui perçoit). 

La question de la scission du corps en deux c’est ce que traduit le principe de l’autre-corps ; le corps support de signes ; ce qui est impossible matériellement et ce qui matériellement dispose un “inconscient”, le corps en soi, au sens sartrien en somme, est ce qui est représenté, mais impossiblement, dans et par un inconscient ; ou ; il y a un inconscient parce que le corps bien que signe n’est pas ce signe ; ce signe, ce corps en son signifié, ne peut pas être repris, relié, tissé, cousu dans les signifiants et ce corps-signifié tombe vers le bas, vers l’immédiat. Sauf que l’on peut se coaguler au corps signifié et pressentir (faussement) qu’il y a une unité (figurée par la jouissance hallucinée). 

Remarquons que même si la coupure signifiant corps produit ou à tout le moins rend possible qu’il y ait conscience, cela n’enlève rien à l’indépendance de la conscience ; qui s’installe comme un rapport et donc lequel rapport annule tout le reste ; il l’annule au moins symboliquement (évidemment, puisque le champ intentionnel est fabuleusement perméable et accepte toute perception ou tout affect, qui vienne du corps vivant), mais il neutralise tout autre rapport, au moins en ce qu’il signifie ici et maintenant (sinon, si il, ce rapport qu’est la conscience, ne parvenait pas à saisir en avant de lui-même ce qu’il perçoit hors de tout adn ou de tout langage, ce rapport donc on ne voit pas à quoi il servirait ; de là qu’il crée son champ et qu’il le crée collectivement, en telle communauté, tel monde humain, les mayas par ex, ou qu’il le crée par et pour tout individu qui dans la généralité du groupe, dispose de l’énonciation de son propre champ, peu ou prou, plus ou moins ; déjà les grecs ou les romains et bien sur en accélération avec le christianisme qui consiste justement à donner chacun dans le regard du christique ; prolégomènes aux “confessions” de toute sorte ; d’Augustin à Rousseau, de Montaigne à Descartes ou Sartre ou Lacan, ces deux derniers tentant de saisir à même l’articulation d’un rapport à soi (qu’ils admettent ou non théoriquement la conscience, divan confession ou pas).

Soit donc. Chacun expérimente, intégralement, le sens même de la structure du rapport. Notre être (qui n’est pas un être mais un mouvement) est (forcément) expérimenté (puisqu’un rapport n’existe qu’activement, dans son activité, raison pour laquelle on assiste in situ au cogito, et que chacun copiera en lui-même le dit cogito, de fait, à peine lu et déjà intégré, pour chacun et dans l’historicité, cad dans le temps, et comme cela qui outrepasse le temps).  

Chacun l’expérimente et non seulement dans son corps (qui se révèle vidé, attiré au-dehors et pourtant absolument effectivement là, bien réel, au point que “le-réel” c’est la présence massive impossible, insignifiable du corps, qui est importé non pas dans l'inconscient mais en tant qu’inconscient ; l’inconscient se crée du hiatus in-comblable) mais dans le regard, ou plus véritablement dans l’intention. Si le regard parait tellement essentiel c’est qu’il permet à la fois la perception et la distance ; la voix est plus intérieure, comme le toucher ou l’odorat. le regard figure l’intention ; l’autre, autrui, que me veut-il ? Qu’est-ce que je lui veux ? quel intention et qu’est-ce qui se joue qui, étant non-déterminé, puisque consistant en un regard non seulement par lequel chacun voit autrui, mais chacun se voit soi-même, et enfin le regard en tant que tel ; le regard est nu, qu’est-ce que veut l’exister de lui-même ?

En quoi on rebondira sur « l’insondable décision d’être » (Lacan) se situant au cœur de tout « moi-même ». Tout moi-même ayant à organiser, prévoir, créer le possible d’un habitant d’un corps vivant. Dans le moi-même, dernière grande acquisition du devenir humain, né de la révolution humaniste universelle puis transformée en personnalisation (et personnalisation hyper active, déchaînant toutes les possibilités sur ce monde, qui n’en peut mais), dans le moi-même se joue la question ; que faut-il actualiser ? La jouissance hallucinée et ses indéfinies répétitions ou le réel et le Créé ?

 

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L’homme, la femme, Lacan 

10 Février 2024, 09:53am

Publié par pascal doyelle

 

Compréhension (éventuelle) de Lacan « La Femme n’existe pas »
(ce qui suit ne paraphrase pas exactement la position de Lacan, mais en est un développement; suivant ce que l’on avance depuis le début que la philosophie se déploie dans la série de ses instanciations, de ses positions, qu’elle marque, balise de repères ; l’être, le dieu théologique, le sujet, l’existence, et leurs variations, et que tout le mouvement s’enfile, y compris Lacan)
Pour l’homme ; toutes les femmes et donc une seule.
Pour la femme ; un homme et donc tous les hommes.
L’accès s’effectue par l’universel (les femmes/les hommes)
ou par le singulier (un homme/une femme).
Caricaturalement ça aboutit à l’égoïsme (universel) ou l’égocentrisme (psychique).
Ou encore à rebours à la vérité (universelle - toutes) ou au réel (singulier - un).
Ou la femme est le fantasme de l’homme, l’homme est le réel de la femme.
Sur  le “il n’y a pas de rapport sexuel” ; puisqu’il n’y a pas de signifiant qui permette d’enregistrer le dit rapport (réel) dans le rapport qu’est un signifiant ; on ne peut pas lier le rapport à une chaîne de signifiants (les signifiants se répondent les uns et les autres et forment systèmes ici et là). Mais pas plus que l’on ne peut entraîner son corps, son propre corps, dans un ensemble de signifiants. Ou la chose donnée, cette réalité, qui existe objectivement “là”. Le réel on n’en fait pas le tour. Rappelons ; pour Sartre le donné là est l’objectivité impensable de l’en-soi ; pour Lacan l’objectivité est le rapport au corps qui est innommable, par quoi l’adolescent découvre non seulement qu’il n’est pas le centre du monde (tel l’enfant s’imagine) mais qu’il n’est pas même le même que lui-même ; il est autre au-dedans ; s’ajoute de plus qu’il lui faut, pour séduire, se représenter à autrui (la massivité du corps-autre s’hallucine comme jouissance horrible, destructrice, fusion).

Et donc :
c’est pour cela qu’il n’existe qu’une femme à la fois ;
la-femme universelle n'existe pas, mais -une-  à chaque fois, cad réelle.
Inversement les hommes existent, universellement, en tant qu’existe “l-homme universellement”,
… et donc irréel chacun,
et fantasmant la-femme, universelle ; ce qui ne fonctionne jamais.
Mais telle femme cherche un-homme,
et ça ne marche pas plus.

Évidemment ça n’est pas strictement identique à la physiologie, mais statistiquement relativement ;
et en ce cas, statistique, cela signifie que c’est jusqu'alors plutôt induit des femmes d’une part et des hommes d’autre part. Et ce qu’il s’agisse d’une tendance naturelle ou d’une construction sociétale ou d’un devenir historique (et donc tout à fait possiblement remis en cause) ; admettons donc que Lacan se contente de décrire les “mois”, les personnalités qu’il reçoit ou observe (ce qui n’était pas tout à fait sa position spontanée ; mais ça le chatouillait quand même de ne pas comprendre “le continent noir de la jouissance féminine”, comme disait Freud, en son temps ; mais Lacan, à tout le moins, permet, très largement, de passer par dessus la sexualisation excessive ; en ce sens que la sexuation devient l’illustration de structures plus étendues et plus abstraites, et non plus cette sexuation comme matrice immédiate ininterrogée, que l’on devrait admettre de tout go ; ou donc, le signifiant et tout ça, lacaniens, permettent une vue plus large de la réalité du “moi humain” ou de l’humain-même). 

Précisons encore que ça n’est pas monolithique, ou substantiel (une substance, une essence homme ou femme), mais phénoménologique, d’une logique relative pour ainsi dire (ni homme ni femme ni quiconque ne peut vivre ou se vivre sans logique interne) ; une orientation phénoménologique tendancielle ; c’est et ce n’est pas (non plus) forcément lié à la sexuation. 

Donc. Il ne s’agit pas d’une “essence” affectée en tant qu’homme ou femme ; mais d’une phénoménologie ; et une phénoménologie c’est un ensemble mouvant, fondamentalement adaptatif, qui investit la perception, le sentiment de soi, d’autrui, bref le champ intentionnel tel qu’il s’organise en tant que vivant (il n’existe, que l’on sache, de champ intentionnel que d’un vivant, d’un être vivant). 

Ou si l’on préfère, ça ne signifie pas que un tel ou une telle seront incapables d’universel ou incapable de singularisation, mais en fait plus ou moins ou selon ; c’est une orientation intentionnelle relative et presque, pourrait-on dire, statistique, ou en tous cas proportionnelle ; on est plus ou moins comme ci ou comme ça. Mais c’est une logique, plus ou moins prononcée, par laquelle on unifie terminalement ; et terminalement qui est tout à fait spécifique et absolument abstrait et finalisant, peut-être, et par quoi tel je, tel sujet, tel moi, tel corps, telle mémorisation signifie ( - son existence -) en tant que Bord.

Qui décide, oriente, dessine formellement, et formellement cela veut dire qui découpe dans la réalité, dans l’hallucination, dans l’existence, dans la vie vécue, en ce corps vivant (comme l’hystérique) ou  dans tout ce que l’on voudra, ressentira, réalisera et qui sera terminalement, virtuellement orienté par et vers le réel ou/et l’universel.

En somme, l'orientation en tant que  (l’universel et/ou la singularité)  constitue le Bord de tout ce que l’on est ; ouvre ou ferme tout ce que l’on perçoit, ressent, pressent, imagine, désire, décide, en bref intentionnalise. Le Bord de ce que l’on est, soit donc son ex-sistence, est absolument tout l’enjeu formel d’exister, l’épreuve. 

Et donc soit on finalise selon l’universel (l’homme) soit selon le réel (une femme, ou mieux cette femme, ou encore plus réellement cet individu). Et en vérité l’un comme l’autre usent du réel et de l’universel.  

On remarquera qu’ici on tente précisément d’aligner l’universel et le réel…de là que l’image du blog présente une femme (en l’occurrence Olivia Wilde) et la quadrature du cercle. Durant des lustres la philosophie a parié pour l’universel (l’homme la raison/ la femme la nature ou la sensibilité, et autres schématismes) ; depuis Descartes on a saisi que le réel n’est pas (seulement ou exclusivement ou même pas du tout pour les athées) en dieu, mais qu’il se passe ici même et maintenant, il se passe, se déroule, s’instruit, s’instancie une articulation réelle et donc effectivement relevant de son exister. trouver l’universel qui correspond au réel, tel est le but. Puisqu’aussi bien l’être, le dieu théologique (onto-théologie, qui n’est pas le dieu christique ou de la bible), la pensée (hégélienne), la raison raisonnante (etc) manquent le réel, visent à côté ; depuis Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre et Lacan, on se rapproche, on approche à pas de loup.

Remarquons que dès le christique “homme ou femme” n’a aucune importance, contrairement à ce qui traîne ici et là ; ni homme ni femme, tous un en christ (St Paul, le prétendument sexiste), puisque ce qui compte c’est le regard, cad la conscience-de, qui n’est pas sexuée. C’est aussi absurde que de voir dieu comme un “homme”, éventuellement à barbe blanche. 

Par “cet individu” on veut dire que l’on soit homme, femme ou autre, on peut très bien se considérer en finalité en tant que un, en tant que centre. Et donc se tenir du côté du réel. Et ce centre peut paraître relativement infantile ; si un moi cesse et oublie totalement d’être au centre, il périt, c’est extrêmement dangereux. Or ce centre, qui n’est plus infantile, ouvre sur une réelle et fondamentale objectivité (il n’y a pas que l’objectivité cadrée par l’universel, la science, le droit, la pensée, etc). L'objectivité du donné tel que “là”. 

Chaque réel est tenu en tant que tel et non pas repris et enregistré dans un ensemble de signifiants : en quoi consiste l’universel. l’universel est la cohérence , idéalement, des signifiants qui accroît sa capacité par une telle organisation forte, fut-ce au prix du réel, que l’on caractérise bien évidemment comme “ce qui ne manque pas de clocher” (qui résiste donc) ; le réel (ou la femme ou la chose ou l’objet a) s’échappent, bifurquent constamment. 

De là par exemple que la femme (ou l’œuvre) formulent une mascarade, rendue, pratiquement, indispensable ; la mascarade ne ment pas en elle-même, elle exprime (qui sans quoi n’obtiendrait aucune présentation ; le réel en soi ne peut pas être représenté, contrairement à ce que croit l’universel, ou l’homme). 

Le problème est en somme celui-ci ; le réel ne peut entrer dans l’universel, mais on ne dispose pour décrire le réel que de l’universel. pour le décrire mais aussi pour le vivre, l’organiser, le partager, le communiquer ou le transmettre ; hors de l’universel point de salut, mais le réel ne s’y retrouve jamais.

Pour saisir cela, ce mouvement duel, il faut comprendre que notre être, étant un rapport, ne peut pas se clore dans le réel, mais qu’il croit qu’il se referme dans l’universel ; le réel on n’en peut pas faire le tour ; les signifiants, eux, entendent constamment se relier (c’est leur travail, leur logique). musique notre être est non un être mais un rapport, il renvoie l'autre bout, du rapport, mais on ne sait pas lequel ; le “sujet” s’évanouit, sans pour autant cesser de (se) désigner ; puisque l’arc de conscience, intentionnel, tout se produit en son mouvement ; un rapport, un mot (qui n’existe jamais tout seul, sitôt un mot, sitôt tout un langage) on peut lui en ajouter quantité d'autres ; le mouvement indéfini des signifiants (tout comme l'énumération infinie des nombres, puisque ce ne sont pas les nombres qui sont, mais le rapport, que sont les nombres, qui existe (un / un est le seul et unique nombre).  

S’il y a un autre bout (du rapport qu’est une conscience) implique que l’on ne sait jamais “où” l’on est ; on se gargarise de parler d’un point certain, mais en vérité nous sommes déjà bien ailleurs ; il est impossible de fixer dieu ou l’universel ; l’universel revient à l'énonciation non finie de Hegel, à savoir que la pensée pense… et d’énumérer ou d’organiser tout ce qui fut pensé, comme contenu de ce qu’est la pensée. 

La chaîne indéfinie des signifiants doit potentiellement se dérouler librement (et non pas être fixée, clouée à un trauma ou un passé) mais trop librement elle se perd indéfiniment et n’obtient rien ou alors faussement, illusoirement. 

Rappelons que ce qui produit un trou dans la chaîne de signifiant, tombe vers le “là”, le réel, la-chose ; le signifiant est ce qui permet, à chacun, de couper la masse du “là”, et le corps, de chacun, est tel quel ce qui peut bien être signifié (par un signifiant) mais toujours hors de toute chaîne ; le corps est incroyablement massif, repose sur sa propre densité, qui ne peut pas être absorbé par la chaîne des signifiants (ce en quoi consiste l’universel, puisque l’on a vu que tout mot est en soi abstrait et déjà universalisation ; puisque le champ intentionnel qui rend possible tout langage est le champ qui produit tous les raports que sont les signes). 

L’individualité est ineffable. Outre le tomber-amoureux (qui exporte hors de soi l’arc de conscience dans le point qu’est autrui, qui nous manque, et nous déchire, lorsqu’il disparaît) le cas le plus accessible est celui de l'œuvre ; une œuvre, un tableau, etc, est une-chose. Une-chose n’est pas inerte, mais justement l’inverse ; qu’elle nous regarde (et non pas nous qui la regardons de l’extérieur ; se crée donc un extime, un intime externe). Et si elle est suffisamment œuvrée, pour ainsi dire, elle contient une indéfinité de signifiants, théoriquement (mais personne ne pourra prouver jamais le contraire, puisque la série des signifiants ce sont LES séries de signifiants, qui se créeront tout au long de l’historicité ou de notre existence ; il n’y pas qu’une seule chaîne évidemment, pas plus qu’un seul langage ou qu’un seul système de quoi que ce soit). 

De là que Lacan puisse caricaturer la pensée comme hontologie ; c’est une honte de croire que l’universel (quel qu’il soit) puisse absorber la densité du réel. La science et la raison à tout crin provoquent une angoisse profonde. La pensée théorique ou la psychologie en croyant renforcer le moi, en expurgeant le douloureux réel impossible, immonde, horrible, jette le moi dans l’obscurité, ce qui veut dire dans l’inexprimé, le silence. La science c’est très difficile, mais mettre en forme l’inexprimable réclame encore une autre sorte de capacité. Et ne pas mettre en forme l’inexprimable (esthétiquement ou littérairement ou philosophiquement ou selon la religion, etc) est l’infini danger de se démettre ; de n’être plus capable d’organiser autant que faire se peut cet extra-ordinaire. 

Ou inversement que l’on peut finaliser selon l’universel ; le signifiant appelant un signifiant et cherchant à se clore, replier, saisir, posséder. Et sans cette organisation (plus ou moins contraignante … ou contrainte) on ne peut pas exister. 

Soit donc deux règnes, qui sont tout aussi objectifs l’un que l’autre ; l’universel permet de définir tous les objets (qui en dessous sont des choses données là, et non des objets analytiquement découpé et/ou synthétisés) ; le réel permet de percevoir telle chose en son apparaître, le plus complet ou le plus détaillé ou le plus particulier possible. Évidemment cela veut dire que l’objectivité se sert de l’individu, ou que le réel utilise l’universel (sinon ni l’un ni l’autre n’existeraient). Aussi est-il curieux que l’on puisse retrouver selon une structure phénoménologique cette complémentarité. 

Et de fait, on peut rêver de l’autre dans tous les cas. Mais le fantasme (de la femme pour un homme et de l’homme pour une femme) est orienté plus ou moins d’un côté ou de l’autre (et donc des deux mais en proportion). Le fantasme “image” ou le fantasme “de présence” sont aussi irréels et idéalistes l’un que l’autre, selon leur mode.Remarquons qu’il y eut énormément de femmes mystiques ; quelle plus absolue présence que celle de celui qui s’est absenté, le christ ? 

La femme “elle n’est pas toute”, elle n’est pas toute la vérité. Parce que le réel (côté “femme” donc) ne peut pas être enfermé, cerné ; tandis que  l’universel (l’homme) est ce qui n’existe que des limitations. par schématisme (et pour faire une phrase) on dira ; la femme voit tout mais ne le sait pas ; l’homme sait tout mais ne voit rien.

 

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