Ce monde et le précédent
Ce qui est en soi-même mouvement ne peut pas être saisi.
Aussi est-ce le mouvement dont on a cherché la structure, et ce depuis dieu, l’être, le sujet et enfin le réel.
Dieu ou l’être sont purs mouvements. De même le sujet et enfin le réel ; tout se meut. Mais c’est le mouvement même qui prend ses désignations étranges, de dieu, de l’être, du sujet (christique et cartésien), du réel.
Le présent est la seule structure que l’on constate comme immobile, éternelle, brute, immédiatement et même bien plutôt instantanément réel. Le seul réel est l’exister, en tant que mouvement, et l’être, les choses ou les êtres (les planètes, les galaxies ou les vivants ou les conscients) sont mais secondement ; l’être est l’effet de l’exister ; les choses et les êtres sont les mémorisations de ce qui a eu lieu, des présents eurent lieu, du présent qui a déroulé l'ensemble de tout le possible. que le possible soit le principe du réel veut dire que le présent réalise l'ensemble de tout ce qui est possible et qu’il revient à tout ce qui est de devenir toujours plus profondément.
C’est dans le présent que s’étend ou se précise le dit mouvement. Ce qui se réalise existe dans l’actualité et doit se-vouloir, se décider de soi. ce qui existe c’est en tant que rapport et le rapport est toujours forcément actif.
Ainsi la conscience est un raccourci, est ce chemin qui emprunte le seul raccourci (que l’on sache, que l’on puisse expérimenter, ce qui veut dire qu’il en est peut-être d’autres, que l’on ignore) en tant que mémoire immédiate qui permet de stabiliser des langages, des pensées, des représentations, des constructions et des inscriptions ; dieu et la nation, l’être et l'universel, le sujet et la révolution, le réel et la réal-isation (de tout ; ou donc tout l’ensemble depuis la révolution qui réalise, rend réel toutes les intentions, de tout et de tout le monde et de chacun, en tant d’abord que révolution humaniste universelle, et ensuite comme personnalisation, accélérée même, de chacun, et ce depuis le milieu du 20éme ; évidemment tout va de plus en plus vite et consomme de plus en plus d’énergie, de matériaux, de ressources).
il peut sembler que dieu, la pensée ou le sujet ou le réel fixent le mouvement, mais évidemment on ne les saisit pas ; ils sont le mouvement ou ce par quoi on a tenté de représenter le mouvement ; ce qui se voit encore plus avec la “raison”, par ex la raison théologique ou la raison dite objective, bien que l’on sait trop que les théologiens s’emmêlent et que les sciences se modifient sans cesse, et ne parviennent pas à “conclure”, tandis que les théologies sont bien trop certaines d’elles-mêmes (Descartes remettra tout en mouvement).
inversement donc dieu, la pensée, le sujet ou le réel nous ont saisi. Ont saisi ce corps vivant, cet animal, qui n’y comprend rien à l’apparition fulgurante de l’arc de conscience en lui (qui provoque, comme on sait, la jouissance horrible, cad la satisfaction hallucinée et l’inconscient).
Mais pourtant soudainement le je se signifie tel quel ici même ; ce que chacun peut comprendre, non comme raison, ni même comme pensée, mais comme signifiant. et de derechef il ne sait pas ce que ce je implique ; il faudra de Descartes à Lacan pour commencer d’à peine saisir l'empreinte que l’arc de conscience produit, crée dans le monde, le temps et l’histoire, le corps et le moi-même humain (moi-même par lequel chacun peut, enfin, commencer de saisir ce qu’avoir une vie, cad une existence, porte ; un moi-même n’est pas, n’est plus soumis à l’historicité, aux sociétés, aux groupes, alors même que cet équilibre qui le rend possible, reste totalement fragile et sans doute momentané, étincelle, et parcouru (et épuisé) de toutes les contraintes (sociétales, morales, humaines, d’affect ou donc d’inconscient, puisque lui, le moi, se tient au plus proche de cet inconscient ; il n’y a pas de psychanalyse avant le début du 20éme).
Contrairement à ce qui peut sembler, les réalisations du moi-même (ses esthétiques et ses littératures, ses émissions tv ou son internet, son cinéma ou sa BD, etc, bref tout) sont exceptionnelles et absolument entières ; elles valent comme réal-isations de tout le possible possible ; il y eut Presley, les beatles, les stones, led zep, etc. Il y eut le fantastique et la science-fiction de Lovecraft ou Poe jusqu’à The thing ou Ph K Dick (dont l’essence est l’interrogation de ce qui est effectivement réel, de la nature du réel) et ainsi de suite. Totalisation d’une autre ou seconde réalité. Ce qui paraît dispersé et facile ou immédiat et peu comparable aux grandes œuvres classiques, est en vérité absolument un parachèvement, compte-tenu du déplacement que l’on repérera à la fin.. Il s’agit de rassembler toute la réalité, de même que l’on institutionnalise la mémorisation de toutes les humanités, de tous les peuples, esthétiques, religions, sciences, (tout ce qui fut donc), pareillement toute la possibilité vivante du corps humain investi de et par une conscience, un arc de conscience qui structure le champ intentionnel (lequel rend tout possible, et sans lequel rien ne serait activé, activé par cette activité qu’est le tissage des rapport à partir du rapport qu’est un arc de conscience), toute cette réalisation parvient ici à son terme, que l’on sache. l'entièreté de ce qui fut réalisé, l’a été intégralement et selon l’intégrité, à mesure ; à mesure de son intégralité, son intégrité ; sans cette sincérité du réel aucun je ne peut parvenir à accrocher l’actualisation du possible.
Ainsi le présent qui nous enferme en ce monde humain et qui nous tire vers le bas, c’est celui coincé entre le passé et le futur. mais le présent réel est le temps, ce qui veut dire la totalité des temps, des actualisations.
Peut-être l’entièreté des personnalisations, la personnalisation qui s’impose à toute la planète, devrait-elle ou aurait-elle dû se décider pour un intérêt collectif, universel, mais sera-t-on en mesure de s’y employer ?
De même les luttes, libérations, libertés, accès à autrui et à soi-même, (et on ne parle pas des institutions, cad de la constitution des sociétés humaines, qui sont parvenues à une perfection, ou donc de libéralisme, capitalisme et communisme, qui, très globalement, ont absolument élevé le niveau d'organisation humaine, collective et puis individuelle). C'est bien pour cela que tous, chacun, nous en sommes marqués, que nos corps sont totalement inscrits et comprennent tous ces enjeux, ces enjeux joués (et enjoués, le rock et la pop sont enjoués) et lancés et portés au maximum d’intensité ou d'augmentation des êtres. au prix de brûler tant d’énergie et de ressources, évidemment.
Ou donc ; si jusqu’alors cela en passait par dieu, l’universelle pensée, le sujet christique (dont on dira pour le moins qu’il sublime le corps, l’autre corps, celui qui se signe, l’autre surface écrite, par quoi seulement on a un corps, et on a un corps, parce qu’on ne l’est pas), alors donc dans la réalisation (qui a suivi la réalisation universelle révolutionnaire de première main, par la révolution) le moi est cette sur-écriture du corps, qui en quelque manière se sur-appartient ; de là ainsi qu’il se déchaîne et s’écrit en tous sens, sur et via tout support, use de ces méga-esthétiques que sont le cinéma ou la bande dessinée, cette énergie des musiques du 20éme, et au final cette totale narration de soi qui se perçoit dans le mass-média, puis le micro-média, qui poursuivent au jour le jour la représentation de la réalité, se prenant pour la réalité même ; que la perception, distanciée, précède le corps (toujours immédiat et toujours lié absolument à la jouissance. Il s’agissait donc de découper ou détacher des morceaux de jouissance. alors qu’en dieu, la pensée ou le sujet (christique et puis cartésien) tout de go il s’agissait de transporter le jouir dans un autre endroit. Dans le point le plus éloigné possible (dit point infini, que ce doit dieu, la pensée ou le sujet). Tellement éloigné qu’il est inaccessible, pas en ce monde, pas en cette vie vécue, et n’ayant pas la capacité de s’obtenir ici même ; il s'agissait bien d’autre chose, autrement.
Par dieu, la pensée ou le sujet le je en ce saut périlleux sort de la jouissance (qui est, donc, le corps qui hallucine la satisfaction, et l’imagine “encore plus grande que tout”) et c’est précisément ce que nos mois chéris reprochent à dieu, à la pensée ou au sujet ; ils se sont enfermés dans leur jouissance à tout prix. et ce jusqu’à l'irréalité, l'irréalisme, l’irréel de leur fantasme, objets, signes ou images.Et évidemment le christique est la monstration pour ainsi dire que l’on aboutira à la trahison, à l’abandon, à la douleur, et à la mort.
En revanche, de par le découpage de la jouissance, il fut réaliser quantité de possibilités.
Or donc pour le moi, c’est dans le monde, dans la vie et il n’y retrouve pas ses petits ; la jouissance n’est plus sublimée, elle se cherche dans le vécu et le donné, et le moi devient fou.
C’est comme si la profusion de signes (et en l’occurrence tout autant sinon plus d’objets) venait non pas sublimer le corps, mais le remplacer, voire l’écraser évidemment, trop jouissant, et l’objet devient le moi, le moi devient le signe et ne parvient pas à se décoller de ces fétiches. Aussi est-ce “un signifiant pour un autre signifiant”. Et non plus un sujet, la vue du dieu inaccessible et “pas de ce monde”, ne comprenant plus même l’universel (le décentrement d’une conscience).
Objets et signes que l’industrie se charge bien de lui fournir, industrie matériellement mais encore plus imaginale, hallucinatoire, hypnotique.
On reviendra sur la confusion totalement tragique d’un moi qui ne distingue plus la sublimation de la jouissance fantasmatique hallucinatoire. c’est évidemment bien plus perturbant et profond que seulement, si l’on peut dire, le drame psychique de la vie vécue du moi. Il faut interpréter les centaines de milliers de signe, images et objets qui prolifèrent dans l'humanisation comme autant de grignotages de l'architecture de la sublimation, en même temps qu’il s’agit de la démocratisation de cette sublimation (qui ne pouvait se “limiter” à Bach ou Saint Thomas d’Aquin évidemment, pas plus qu’à Mozart ou à Descartes).