Libération du corps
La conscience intentionnalise tel objet, un signe, une intention, une identité, sitôt elle disparait. La conscience n’apparait pas dans ce qu’elle intentionnalise.
Ce recul est constant, l’activité de conscience est toujours activité de conscience-de, mais sans jamais se clore sur le contenu (sinon elle ne serait plus capable de reprendre d’autres intentionnalisations). Une conscience ne se définit jamais par son contenu, et on sait que le moi lui-même est un contenu parmi tous les autres et que l’ensemble de toute l’intentionnalité est extérieure à la structure.
Il n’empêche que la conscience est un point, ce qui signifie qu’elle est posée à même la surface de ce qui est, à la surface de l’étendue-monde.
La fausse bonne idée est de considérer cette « conscience » comme un tout ; elle n’existe pas, on l’a suffisamment répété, elle surgit. Et elle ne fait que cela. Sauf que le dit surgissement est un être, une structure, une forme. Ce qui dessine l’arc boutant vers le réel.
La structure de conscience, la conscience-de, puisqu’elle nait constamment de son objet ; il n’est aucune conscience « vide », elle est toujours conscience de quelque chose, mais ce rapport déterminé est « supervisé » par le rapport même, que la conscience est pour elle-même, et si on a cru que ce « pour elle-même » signifié une réalité, ça en sera toujours une fausse et bifurquée, empruntée, et donc ce qui est ça n’est jamais un contenu mais le rapport et rien que le rapport, le « qui-se-sait ».
Le « qui se sait » ne peut pas se nommer mais il se désigne ; Descartes nous dit ; « voila je suis là ». Par cela il montre que ce qui est (cad la vérité) est « là », n’est pas ailleurs ; la finalité, ontologique, de la pensée n’est pas une connaissance mais un être. C’est en et par un être que cela se réalise (le réel) et non pas qu’il y aurait un discours, une connaissance qui se serait plus réel que cet être lui-même.
Pour cela la raison, l’objectivisme et l’objectalité, détournent le regard ; ce qui doit être structuré est notre-être et non pas seulement produire des discours clos (pensés par une autre conscience, scientiste, psychologiste, étatiste, ultra libéraliste, qui enferme dans la nature des objets produits, etc). Et si notre-être doit être structuré, étant lui-même la structure, la forme, ça ne peut être que par lui seul ; ce qui ne condamne pas la raison, l’objet, etc, puisque si la structure témoigne du réel, elle emporte avec elle la réalité. C'est l'arc entier qui est en branle.
Engageant le réel, la pensée grecque approuve la réalité, son cosmos (évidemment puisqu’elle invente et découvre la raison en plus de la pensée), et ce non par des notions ésotériques, mais par l’analytique intentionnalisatrice (laquelle consiste à couper les cheveux en quatre, à engendrer l‘intentionnalisation par elle-même, hors du langage du groupe et ce en faisant appel à l’expérimentation actuelle de la réflexivité qui court-circuite la pensée du groupe et celle de la perception dans le donné là, et qui, passant outre le groupe, doit créer son vocable adéquat à son expérimentation d’une part du monde unique universel et d’autre part expérimentation de notre être né, émancipé de tout monde particulier), puisque activer notre-être est égal à exiger ici et maintenant la Cohérence ; la conscience-de est ce qui découpe, ce qui distingue, et produit des idées, cad des intentionnalisations, des différences en plus, en plus du groupe-langage-monde local immédiat, et ces distinctions, ces divisions ne s’emploient nulle part ailleurs que d’être supporter réellement, n’existent que de creuser le même réel (sinon elle s’évanouissent puisque le réel ne les retient pas).
Autrement dit, si chaque monde particulier formait une pyramide, de la base, assise en tel monde localisé, jusqu’à la pointe synthétique, les grecs procèdent inversement ; la pyramide repose sur la pointe. La pointe écrit ou réécrit la réalité, et la pointe est le réel, cad l’être tel que « là » (les grecs n’inscrivent pas la réalité dans l’idéalité des idées, les idées montrent la réalité, sont la parole du monde, tel que seule la pensée nous le donne en nous dévoilant ce qui autrement ne peut pas se percevoir ; la pensée est ce qui perçoit (le monde tel qu’il est dévoilé).
Lorsque Descartes développe que l’être est l’étendue, le donné là, il ne le découvre que de poser son être à lui au bord du dit monde-étendue ; le sujet-doute-cogito-infini-corps est au bord du monde, précisant la pointe, et relève, ce bord, non plus de la réflexion à propos du monde (le monde étant réfléchi par la raison), mais de la réflexivité (celle qui en plus de penser le monde, l’étendue, situe notre-être/dans l’être, en l’occurrence pour Descartes c’est dieu mais en vérité c’est la construction-découverte que délimite le doute-cogito-infini-étendue-corps, cad c’est le dispositif même dont il situe comme Bord, et c’est sur ce bord que Kant ou Hegel ou l’idéalisme allemand ou les grands sujets ou l’existentiel ou la psychanalyse, pour le moi, s’attachent).
La raison, l’objectivisme, le naturalisme, l’universalisme (qui croit qu’il est le bout de la réalité, que la vérité est en soi, alors que le bout de la réalité est le réel, seulement accédé par la conscience-de, en état de saisissement et non pas comme pouvoir, en tant que puissance donc au sens de potentialité, puisque seul le réel offre la potentialité suffisante, et ce qui n’est pas réel s’effondre dans le temps, passe et disparait, et non pas puissance au sens de main mise sur le monde, les autre, le corps ; en ceci la volonté nietzschéenne a sa vérité dans l’intentionnalisme husserlien qui laisse-être l’être), le naturalisme des définitions de l’humain comme corps-langage, anthropométrie, anatomie, physiologies, la raison qui se définit comme réflexion de notre nature humaine sur elle-même, au lieu qu’en réalité c’est la réflexivité, cette structure qui s’est emparée de l’humain, qui est « ce qui est arrivé » à l’humain, et que la réflexivité divise constamment ou, autrement dit, distingue.
Elle distingue en produisant ou auto produisant l’intentionnalisation effrénée. Non seulement sur le monde, mais en auto entreprenant son être propre ; elle démultiplie l’articulation au réel, entrainant conséquemment la multiplication de la réalité.
C’est en rendant excessif notre être que tout cela intervient… ça ne vient pas du monde, puisque même dans la supposition que l’affluence autour de la méditerranée engendre quantité de langages et de peuples, ça n’est pas en compilant cette affluence que soudainement s’ordonne structurellement une intentionnalisation ; l’intentionnalisation grecque découvre la structure jusqu’alors engagée dans un langage-groupe, crée la vision (littérale) d’un monde cosmos révélé par la pensée (puisque seule la pensée énonce mot à mot, un par un, élément par élément, que ce soit l’idée ou les atomes), de même que le christianisme (on voit par là que la réflexivité existe en elle-même, agissante, et non pas relative à la philosophie qui pense l’apparition de la réflexivité, même si au fondement elle l’accélère) l’architecture existentielle de la réflexivité ; c’est donc, de la perception le corps entier qui est soudainement pris, par le christ et par les grecs. Le corps ici maintenant perçoit (le monde) et se perçoit, en ceci que l’on bascule dans l’être le là du corps lui-même déplacé dans le là du donné et conséquemment le donné là, le monde ; aperception du monde, aperception de l’être, aperception du corps, forment le Un.
Le Un en tant qu’il est actuellement là. Ou donc l’être est ce qui est là présent, en tant que présent ; recherchant la cohérence comme libération intégrale. La libération qui n’est pas, jamais extérieure, mais sourd du dedans, non d’une « intériorité » mais justement de l’extériorité, là, explosée, du monde, de l’être et du corps. Peu importe qu’elle soit explosée, puisque c’est le Un qui explose, expose, manifeste, rompt, divise, ce qui veut dire distingue ; il apporte la distinction. Ce qui ne sourd pas du dedans (de la structure et non d’une intériorité, qui ne serait qu’une détermination parmi d’autres, et c’est pour cela que Socrate ou Jésus excède toute la détermination, ou Descartes, etc) tombe dans le monde puisque c’est là qu’est née la détermination ; le Un ne retombe jamais dans le monde, il n’y a jamais existé, il est antérieur.
Éthique, politique, idéel (objectivisme et objectalité dans l’hypothèse naturaliste), et bien sur esthétique, tout cela concerne le corps. Le nouveau corps, qui se forme, qui est investi par la structure.