Métaphysique de la pensée, puis ontologie du sujet
L'illustration du miroir : on ne perçoit que les images dans le miroir mais non le miroir lui-même, dont on n'obtiendra jamais aucune image (sinon de le réduire à l'état d'image). Or, il est une acquisition qui ne peut se réaliser que dans l’actualisation ; à chacun, de ne plus se vivre comme image(s) mais de se-savoir comme miroir, et cette opération ne s’actualise que si l'on disjoint le regard. Et cette acquisition ne peut se faire que du vivant, dans l'actualité parce que si nous ne sommes pas image mais miroir, alors celui-ci ne peut pas se voir mais doit se signifier.
Qu'il se signifie veut dire que dans la conscience (le miroir) isole un signe qui la renvoie au cadre de toute image, et (se) signifie elle-même comme conscience et non comme ceci ou cela.
Et elle signifie parce qu'elle est conscience ; un rapport et non pas une image qui simplement « est ».
il est ainsi impossible de dériver « conscience » de quoi que ce soit d'autre ; elle n'est pas information ou connaissance déterminée ou pensée ou représentation qui soudainement, on ne sait comment, auraient conscience d'eux-mêmes ; de où viendrait cette conscience ? D'un processus magique qui créerait la conscience dans une pensée, une connaissance, une information ?
La technique du regard « disjoncté » est précisément cela même qui s'instancie en philosophie ou dans le christique ou la religion ou dans l’œuvre quelle qu'elle soit ou dans la révolution ; une œuvre est perçue, et bien que le mouvement de conscience ne naisse que par cette œuvre, cette image distendue ou perdue ou écartelée, ça n'est pas l’œuvre qui compte mais ce qu'elle cause dans la conscience qui persévère (étant entendu qu'il ne s'agit pas d'une production à l'usage du commun, mais de chacun, chaqu'un, et que l'on doit individuellement y gagner un accès ; on ne s'avance pas dans une poétique, une esthétique sans effort).
Le regard disjoint est cela même qui nous arrive.
La grande expérience de la disjonction pour le moi habituel est le tomber-amoureux. Exemple de la dimension qui soudainement nous saisit.
En vérité il n'existe qu’une seule expérience de la disjonction (du regard, de l'attention, de l'intention, de l'intentionnalité, de la perception augmentée (grecque), intensifiée (christique), accélérée (cartésienne et suivants), instanciée (du réel même, l'existentialisme par ex, l'auto-affirmation nietzschéenne, le réel lacanien, l'univers comme monstrueusement grand, etc). Dans tous les cas il s'agit d'élévation.
Ou d'une tentative d'élévation, souvent qui échouera, mais peu importe parce que l’acquis est de structure et non pas de contenu ou de durée dans le monde. Dans le regard tout va plus vite, tout s'augmente considérablement en une fois, tout s'intensifie et déborde le corps, et la perception est envoyée jusqu'à son origine, jusqu'à sa focale originelle (ce face à quoi toute œuvre nous place ou plus exactement nous dé-place, de notre regard habituel ; à l'origine non seulement du monde mais de l'apparition du monde, ou du vécu, du relationnel, du corps, etc).
La disjonction, l'élévation est unique mais étant formelle, elle empruntera quantité d’expositions, qui seront, bien effectivement, des explorations ; le monde, la réalité, le perçu et les contenus sont la manifestation du un. Et le un étant un rapport, le rapport des rapports, alors tout se donne en tant que rapports, en tant que Visible.
Donc ce qui se donne comme visible est invisible. Il n'y a que le cadre général, soit le miroir en tant qu'encadrement des images, qui qui puise (se) signifier. Aussi le miroir n’apparaît qu'aux miroirs. En tant qu'ils se retournent vers eux-mêmes. Dont on comprend que c'est impossible et qu’ainsi c'est cela qui Existe.
Et on désigne ce retournement comme le signe, la signification ; qui n'est pas la connaissance, mais ce qui vient à la conscience seule ; dans son acte (et qui perçut de l'extérieur est juste un mot ou un état ou une chose, pas un signe) et qui doit être acté, actualisé. On ne croit pas au christique sans y exister ; on ne philosophe pas sans penser (ça ne s'apprend pas par cœur) ; on ne révolutionne pas sans se révolter ; on n'instancie pas son existence sans se réfléchir cartésiennement (c'est ici que je suis, et je vous le fais montre d'être votre miroir, une fois pour toutes, plus personne ne pourra dupliquer le geste de Descartes, cad tout le monde le pourra).
Cette actualité est fondamentale ; elle veut dire qu'il faut que l'on se-sache. On se-sait par dieu ou par Nietzsche ou qui l'on voudra, ou dans sa propre vie, ou devant sa (future) mort, ou l'objet de son désir, bref peu importe.
Et ça arrive, arrivera, est arrivé à tout le monde, à chacun.
Le monde humain mass médiatisé voudrait absorber la disjonction de tout le monde, et vient vous chercher continuellement. On finit par se percevoir de cette extériorité là. On ne croit pas que l'on est une chose, mais on le sent confusément. Ça nous vole quelque réel qui est nôtre, le sera toujours mais que l'on oublie ou même que la vie par ses inquiétudes et ses pressions nous dérobera, violemment ou non.
Que le miroir soit notre exister réel ou que notre conscience soit un brut et pur rapport, ne veut pas dire que ce soit abstrait ; c'est le plus concret. Le nœud lui-même qui nous lie, qui nous relie au Lien.
Et si nous « recevons » ce rapport (on ne peut pas ne pas exister, même suicidé, on a existé au moins, sinon on ne serait pas « là »), étant un rapport (à « soi », dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même, qui se nomme Pierre ou Catherine, se signe de un-tel nom mais Pierre est bien plus que Pierre, il est ce que Pierre fait de Pierre, pour le dire ainsi) cependant bien que recevant ce rapport, il revient à chacun d'en faire quelque « chose », mais au sens de quelque Réel.
Or ce rapport est originel ; il n'y a rien antérieurement (et rien postérieurement non plus ; tout se déroulera dans ce rapport qui les contient tous).
De là que le message fondamental du christique qui initie pour nous que nous soyons qui nous sommes, sans catégorie d'aucune sorte, sinon Le Regard qui nous crée Regard, à égalité, à égalité donc « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ou aussi selon la liberté parce que « comme je vous ai aimés, élevés », plus grand que vous-mêmes étant instanciés par la Possibilité la plus grande, la perfection qui se perfectionne, comme cette désignation l'indique : que signifierait une perfection qui ne se perfectionne pas ?
Et donc ce qui arrive au miroir, qui est (vous-même) , évidemment, on s'en doute, se répercutera dans le miroir central. Il se peut qu'il n'existe pas, le miroir central, dieu ou le dispositif-sujet, le Grand Rapport de tous les rapports. Comment le savoir ?
Ce que l'on sait c'est que le réel est non-évident. Il n'est pas « là » comme une chose (la chose est là par délégation pour ainsi dire, dans le pli comme un effet, parmi tant d'autres ; l'être est relatif à l'exister). Le réel est une articulation, c'est pour cela qu'il devient, qu'il y a du temps et de l'espace ; le réel est une articulation et donc il y a « une réalité », le déploiement de cette articulation, ou plutôt l'articulation se donne comme réalisation. Sinon le un, le réel n'aurait aucune raison de sortir de lui-même. Il demeurerait dans sa perfection en mode figé.
Il est une articulation (et donc l'exister prédomine sur l'être) et c'est d'entrer dans cette articulation dont il s’agit.
Selon l'universel celui-ci ne désirerait rien tant que saisir son objet, pareil à son discours, identique à sa connaissance et dans l'absence de sujet (qui fait valoir le discours, rien de plus ou est transformé en morceaux déterminés lorsque saisi dans ce discours, soit l'homme générique communiste ou la « nature humaine » libérale, ou le morcellement des appareils scientifiques ou objectifs, ou les images-contenus de la machinerie industrielle mass-médiatique par laquelle réellement et peu ou prou les personnalités sont produites, objets d'une production industrielle).
Aussi le un réel toujours la-pensée a voulu le réduire ; mais le retournement à terme du un, de l'être, du bien, de la raison le renvoie à sa structure, laquelle est conscience-de ; et ils sont impensables autrement. Donc il s'agit de rentrer dans la Structure du sujet.
De là que nous passions de la théologie-métaphysique à l'ontologie du sujet et que ce mouvement est un progrès, infini. Infini puisque le sujet à lui seul manifeste, instancie le réel, la forme des réalités (au sens où un rapport ne peut pas être-pensé, il ne peut que se signifier d'un sujet, d'un rapport à l'autre) dont nous confirmons que cet arc de conscience est pris dans l'arc du présent et que tout est mouvement, cad perfection en cours.
Et ce par quoi, finalement, le christique s'oppose à la théologie ; elle n'en vient pas à bout et le christique devra se transmuter en sujet, que chacun soit sujet. Que Eckhart ne rentre pas dans la formulation rationaliste théologique.
Et si ça n'est pas la perfection-même de l'arc de conscience qu'est-ce ?
Rien d'autre. Aucune partie du monde ne peut s'adjoindre selon une perfection ; toute chose est cela qu'elle est, sauf la conscience qui est un rapport, et dont on a dit qu'elle nous soumettait une version, par hypothèse partielle et à peine ébauchée, de ce que par « dispositif-sujet » on peut, éventuellement entendre, supposer, prévoir ; le dispositif-sujet se définissant par « la perfection agissante ». Il est donc, supposément encore une fois, bien plus vaste et bien plus parfait et agissant qu'à notre sobre niveau. Et si toute chose est déterminée (y compris notre être mais non pas notre exister, notre existence, notre vie transformée en existence) il faut comprendre que tout le donné, toute la réalité est alors création ; c'est dans la particularité des choses que celles-ci sont déterminées, mais l’ensemble de la détermination n'équivaut pas à l'exister de la détermination ; les choses, déterminées, sont les plis, infinis peut-être en nombre, du Pli originel qui ne cesse pas de l'être, de l'exister, originellement. Le commencement est toujours en cours.
Et ceci « éventuellement » c'est-à-dire dans la perspective que l'arc du présent est une Dimension et non pas un fait serait-ce un fait structurel ; dans lequel cas, en tant que simple fait de structure non dimensionnel, il n'en permettrait pas moins de lancer l’ensemble de tout ; puisque même limité à un fait structurel de l’univers réel, il est originel, l'arc même du présent qui déroule toutes les choses et les êtres ; et en somme, pour un être humain, quoi qu'il fasse il est-déjà sujet (sinon il n'existe pas et ne lit pas ses lignes).
Ici on balance d'un côté à la simple structuralité de la réalité (le présent est originel), vers de l'autre côté à sa considération racialement dimensionnel (auquel cas cet univers, cette réalité est ouverte par le devant, par l'en-avant ontologique et seul le rapport, le premier et le dernier, existe (tout le reste n'existe pas mais est, seulement, est « dedans » l'exister). De ceci on ne choisit pas ; on expose seulement les deux possibilités
Donc que le structurel soit ou non dimensionnel ne change rien à la stratégie qu'un sujet doit mettre en œuvre au sens étendu ; toute œuvre, esthétique, poétique, éthique, moral (qui se restreint au relationnel humain, tandis que l’éthique est engagement ontologique individuée), politique, psychique tout autant, relativement au moi, ou d'humanisation ; l’œuvre est ce que l'on réal-ise effectivement, serait-ce et même d’abord comme transformant une vie, donnée, en une existence, face à face.
On verra, une autre fois, qu'il n'est pas, peut-être, de coupure entre la manifestation (du rapport) et le rapport lui-même ; que la réalité tient dans et par l’articulation. Que par exemple l'arc de conscience se continue hors du monde, du vécu et du corps (c'est la seconde des possibilités, le dispositif-sujet).
Ce qui se dit ici c'est simplement la description de ce qui effectivement eu lieu ; à savoir le nouveau tour, le re-tour cartésien initié ; continué par Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan, dans l'analyse pure et les re-tournements que furent Kierkegaard, Nietzsche, Heidegger, etc, ou également la totale attention qui fut dévolue au monde, par les sciences, les sciences humaines, etc, et tout l’ensemble de réalisation, de matérialisation des intentions depuis la révolution humaine des deux derniers siècles ; nous sommes sur l'étendue du monde et notre « être » y Existe, sans présupposition de notre au-delà, divin ou spirituel ; par Descartes se réal-ise, se rend réelle l'unité, formelle pour le coup, de cet ici même.
Ce qui est la survenue du sujet tel quel, tandis que le christique, qui initie l’historicité de tout l’ensemble, le christique, qui créait chacun individuellement mais devant le christ, dans et par son Regard, en somme le christique donc se concrétise cette fois par Descartes dans un sujet indépendant (et dans le Royaume installé par la liberté-égalité). Et on prétend ici que le dit sujet indépendant était réellement ce que le christique attendait de chacun ; sinon à quoi bon ?
Que l'on soit en charge du bien et du mal, que l'on crée les catégories permettant une extension du Bien, de la vérité, du beau, de l’universel et de l’individuel. Ce qui n'est pas conformité à un ordre (le cosmos grec ou la pensée métaphysique de dieu, théologique) mais créations dans la Création ; il faut inventer les nouvelles lois de la société humaine et créer des œuvres originales qui pensent et voient et rendent chacun dans l'exigence de l'intentionnalité sans cesse nouvelle (et effectivement on a créé quantité d’œuvres, dans tous les domaines, éthiques ou politiques comme esthétiques).
Et ce donc quittant la métaphysique (discours que l'on voulait identique et résumant la réalité et l'être humain, universalisés) vers l'ontologie ; appliquant de façon bien plus serrée et précise l'analyse de « ce qui est ». Si le sujet existe vraiment ici même (cartésien) alors le donné tel que là est lui-même ontologique ; comme Spinoza et Leibniz tenteront de le prendre en charge, d'abord avec la susbtance-dieu puis avec le jeu des Possibles ; ce qui n’est plus penser métaphysiquement (les réalités s’organisaient alors en essences-idées, mais Spinoza et Leibniz essaient d’expliciter le « là » ici même par un réel qui serait la substance, a-théisme, ou le jeu du monde, des choses, des êtres, calculabilité désirée).
Et par quoi cartésiennement, on s'est aperçu qu'il ne s'agissait pas de seulement produire un discours, une idée-image dans le miroir, mais que le miroir était lui-même bien plus performant et étrange et qu'il devenait impossible d'envisager les réalités en idées, plutôt que de se demander « mais quel est cet être qui pense ? » Et plus étrange que quelque discours que ce soit (et que l’organisation humaine est construite par et devrait peut-être être pensée par et pour les sujets, ce qui est le propre de la révolution réelle).
Le sujet devait donc être déplié ; de Kant à Sartre et Lacan.
En réalité, dans l’histoire il y a longtemps que nous nous situons sur un autre registre que celui métaphysique. Depuis Descartes (au moins et non de ce qu'il crée mais tout autant de cela qu'il découvre ; notre être comme n'étant pas du tout un être, et donc échappant à la métaphysique).
Échapper à la métaphysique c'est ne plus être en mesure de produire un discours qui, dans une connaissance, expose l'être. On peut qualifier l'être de toutes les manières que l'on voudra (l'être, le bien, le moteur, le un, la matière, la substance, le tout, l'esprit, etc) ; ça ne servira pas fondamentalement.
De là cette difficulté pour la pensée classique, cad métaphysique, de penser la liberté ou la création ; il faut le dire la création n'est pas la contemplation, la révélation d'un ordre éternel, universel, qui autrement resterait recouvert par les choses immédiates. De même la liberté n'est pas de choisir entre le bien et le mal seulement, et en vérité le plus fondamentalement la liberté est d'inventer les possibilités (que ni le bien du moment, ni le mal du moment ne manifestent) ; la liberté consiste à inventer le bien nouveau, ou le mal si inventif pour sa part.
La pensée métaphysique est assujettie à un Ordre, pour les grecs le cosmos (qui est ordonné en lui-même, et nous sommes juste inclinés à déchoir vers l'immédiateté) ; ce qui est tout à fait légitime et opératoire ; il faut dépasser l'immédiateté (de la perception qui nous montre les choses une par une ou engluées dans les représentations communes ou à peu découpées et inidentifiables, ou l'immédiateté de nos intérêts qui ne permettent pas d'envisager et d'inclure notre comportement dans un ensemble, forcément abstrait, extrait de ces intérêts).
Mais l'universalité est limitée. Structurellement elle n’intègre l'individualité que du dehors et le laisse dans cette extériorité.
Il fallait donc que l'un d'entre les sujets, à savoir jésus, universalise la forme intacte et toujours identique de chaqu'un. De là qu'il soit, en tant que christique, le renouvellement absolu, continuel, total. Et il faudra attendre Descartes pour que soudainement l'on sorte de la pensée, vers sans doute la volonté (sceau de dieu en nous, ce qui est tout à fait surprenant), mais aussi vers une sorte de « dispositif » que l'on peut nommer « la-pensée » (qui englobe pour Descartes de façon tout à fait laxiste à peu près toutes nos facultés). Lorsqu'il énonce que je suis une chose pensante, c'est en ce sens là ; d'un dispositif très complexe et très difficile à mettre en œuvre et qui ne répond plus vraiment au « conscient » classique de la pensée. De même que commence de s'apercevoir lorsque l'on s'adonne au monde, que l'attention est installée dans la phénoménalité, kantienne ; le monde apparaît de par notre activité, par le sujet transcendantal, par les catégories.
Kant est dans l'obligation d'examiner et de décrire par le menu la-pensée, puisque en lieu de celle-ci c'est la-conscience ; soit donc une structure qui n'est ni pensée, ni perception, ni imagination, ni jugement et rien qui soit. Elle n'est pas de l'ordre de l'être et donc se retrouve partout dans toutes les facultés (comme dit Kant) ; il faudra la sortir des « facultés » et la sup-poser en elle-même, selon son être qui n'est pas un être. Ce que commence de saisir Sartre ; il n'y a aucun contenu, aucune essence, justement, pour Sartre dans la-conscience (mais comme il ne parvient pas à abandonner tout contenu, il remplace quelque essence que ce soit par l'-existence).
On aboutit donc à un jeu de pion qui passe son tour et à chaque occurrence il s'agit précisément de « cela » qui échappe qui constitue le-réel supposé.
Revenons à l'universel, soit la métaphysique, le discours qui tient de la connaissance mais qui passe son tour, par Descartes, et se dessine l'immensité de la structure qui précède la pensée (ce que Descartes nomme la-pensée, la chose qui pense, ce qui est quand même une drôle de qualification et devrait laisser penser que ça n'est pas une chose et que ça n'est pas de la pensée).
Ce qu'il faut entendre, comprendre, visualiser c'est que la structure en forme de sujet (dont on ne sait que peu de chose, en vérité ; juste qu'il s'agit du rapport-à-soi, qui n'existe, pour nous, dans cet univers, nulle part, sauf en cet être qui n'en est pas un, le nôtre, le spécifique). Ce rapport-à-soi c'est, dit autrement, ce que l'on nomme habituellement la conscience ; qui occupe désormais le premier plan, et même le seul plan. Il n'y a qu'une seule scène et elle relève d'une structure, partout identiquement la même, chez quiconque, partout et toujours ; sauf qu'elle existe un individu par un individu. Ce qui, pour le coup, devrait nous indiquer l'étrangeté absolue qui s'y manifeste ; à savoir que toute conscience est identique pour chacun, sauf qu'elle est une à chaque fois. Et que cette unité n'est pas, en rein, substituable.
Si « conscience » était comme une sorte d'universel, la mienne communiquerait avec toute autre, en s'exprimant ; mais tel n'est absolument pas le cas. Il n'y a aucun contenu qui puisse supplanter les consciences une par une. Ou donc « la vérité » est un principe mais pas un système (de là que quantité de systèmes soient possibles, autant de moyens pour que chacune perçoit, au travers). Et il ne faut pas abandonner la vérité, ni l'universel, j'espère que l'on saisit bien cela ; de même que l'on ne peut pas délaisser le moi mais faire surgir le sujet dans le moi, pareillement impossible d'annuler l'universel et la vérité, il faut étendre son rayon et intégrer, par ex comme ici, que chaqu'un soit une-conscience mais qu'elles sont parfaitement identiques, en leur royaume.
Ici ça ne fait pas question dut out ; la question est quel est ce royaume ?
Ni l'être ni le néant ne sont un problème, le Possible oui.
L’universel lorsqu'il fige le réel selon une supposée unité de l'être, n'y parvient pas du tout ; jamais. Et de ce point de vue tous les systèmes sont contradictoires. Mais pas Kant. Ni originellement Descartes. Parce qu'ils se sont situés hors du systématique de la connaissance ; et perçoivent nettement la structure du sujet réel. Ce qui est universel c'est la forme de conscience, la conscience en tant que forme ; sans aucun contenu parce que le réel est de structure et non de quelque consistance que ce soit. La consistance est un rêve du sujet qui ne sait pas qu'il est sujet et que « sujet » n'est nullement subjectif mais ontologique, ce que l'on nommait hyper objectif.
Mais si le sujet est une structure réelle, alors le réel est une structure...
C'est bien le vrai problème. Qualifier ce qui apparemment ne peut pas être qualifié.
La liberté, le sujet le réel, l'exister, l'existence si l'on veut, la conscience.
C'est qu'au bout du terme du devenir de la philosophie, cette discipline qui se charge de comprendre ce qui arrive à l'humain au sortir des mondes particuliers, clos, communs, partagés, liant parole et perception, rites et échanges, au bout du terme on se heurte au mur du réel pur et brut.
Philosophie qui se rend compte que l'on n'est plus subissant les contenus mais les produisant, mais alors à partir de où, de quoi ? Ils répondent, les grecs, la-pensée, mais la pensée ne s'explique pas elle-même ; puisque son origine est autre ; elle est dans l’activité de conscience ; ce qui veut dire relevant d’une encore-plus-grande universalité.
On a tellement l’habitude de considérer que la pensée est ou seule manifeste une perfection close, définitive, assurée, et à disposition. Mais c'est faux ; ça n'existe pas, n'a jamais existé, et n’existera jamais. Le but ici n'est pas d’inscrire dans la conscience de quiconque un discours, mais de manifester les avenues, les perspectives, les possibilités de chacune. De même que Descartes ou le christique ou Platon ou Sartre vous renvoient à vous-même et non à un corpus quelconque ; juste exposer la possibilité par laquelle chacun doit et devra, et de toute manière, se jugera et jugera du réel. Les textes c'est ce qu'ils disent, ce à quoi ils mènent, à la forme de votre conscience, à l'art et la manière de structurer la structure de votre conscience ; ça ne se fait pas sans effort. Et l'effort porte non sur ceci ou cela comme vous incline le monde, la vie, ni comme vous en convaincrait la raison ou la pensée métapsychique mais sur « cela » qui est impliqué partout en votre attention, attention à ceci ou cela, intention de ceci ou cela, intentionnalisation en chaque perception ; l'activité de conscience qui crée des champs de perceptions, d'intentions, d'images ou d'émotion est toujours constamment active.
C’est parce que nous nous signifions dans le miroir que le miroir crée en nous des émotions, des imaginations, des prévisions, des intentions ; et de l'une à l'autre on ne trouve jamais le terme, puisque tout est posé sur l'horizon, le Bord du monde, du vécu et du corps. C'est seulement le dernier élément supposé qui pourrait clôturer la série d'intentions, or il n'arrive jamais, et il n'arrive jamais parce qu'il est déjà là. Comprenons ; il est le début, il est au début, tout le reste n'advient qu'en effets divers et variés de l’intention de départ ; comme si, donc, tout était précisément un constant départ qui n'aboutit jamais parce qu'il n'y a pas de raison qu'il se conclut. Le christique ou la pensée ou le sujet ou le réel donc sont ce constant départ, le début indéfiniment recommencé ; le texte réel indique toujours la possibilité, directement. Sinon ce serait comme de s'emplir des commentaires d'une poésie sans jamais la lire réellement.
On ne parviendra jamais à se visualiser, à se connaître au sens d'une connaissance déposée là ; la-pensée est lourde. Pas le sujet. Mais le sujet lui doit se supposer et d'une représentation équivalente à sa présentation ; infiniment. L'infiniment est juste ce qui ne finit pas, cad qui commence sans fin. Les figurations du miroir sont des configurations ; Descartes est, dans son instant étincelant du cogito, un miroir ; le christique est un miroir ; Parménide ou Héraclite sont des miroirs ; soudainement s'expose que le réel est un appel. Parce que l'on ne comprend pas ce qu'ils disent.
Si on le comprenait, ce serait des discours, or ils n'en sont pas.
Et l'idée vient ; saisissons nous ce qu'est une molécule ? On peut la décrire et très précisément. Mais qu'est-ce que c'est que « ça » , une molécule ? La compréhension est infiniment reportée. Bien au-delà du donné ou de sa description. Cette indescription est bien effectivement que toute chose et tout être et à commencer par nous-mêmes, nous ne faisons que commencer. Tout est dans le commencement infini, qui se perfectionne.
C'est pour cela que la fixité, que présuppose la raison, la-pensée, la clôture du discours (quel qu'il soit) est simplement une figuration, une imagination. Et non une configuration ; la configuration est ce genre de texte qui engage votre être, qui cesse d'être un être, est qui commence, qui commence de s'enrouler/dérouler et qui n'en finit pas. Ce qui est un grand tourment mais aussi une grande réjouissance. La naissance, la renaissance continuelles et continuées. Continuées parce que chaque fois en se déroulant/enroulant il s'augmente (selon les grecs), s'intensifie (selon le christique), s’accélère (selon le cartésien et suivants), s’instancie (depuis Descartes il se recherche dans la densité de la réalité, du vécu, du relationnel (par la révolution), du corps, par le moi).
Civilisationnellement cela veut dire que sortis des mondes de mise en forme culturelle (qui inventent le langage, la représentation, les échanges et les rites, la perception d'un monde particulier, maya par ex), on s'aperçoit que l'on crée les contenus (et non pas qu'ils soient reçus tels quels spontanément comme monde donné). Et cette prise de conscience se désigne comme dieu, la pensée ou le christique (dont la philosophie est la prise en charge comme technique étrange qui fabrique des contenus à la chaîne pour ainsi dire). Dieu l'intention unique, vide, formelle ; la pensée comme production des intentionnalités en elles-mêmes (les idées qui font-voir le monde tel qu'il se donné unique et universel et intellectif, qui peut être compris), le christique comme restructuration de l'unique intention mais en et par chacun (dans le regard du christ qui crée votre âme instantanément).
D'une organisation selon le groupe (et la parole, et le tout), on passe à une organisation décentrée et installée en chacun ; ce qui implique une montée de complexité (si l'on veut illustrer le processus par le terme de « complexité ») ; mais qui doit être gérée par et pour chacun, qui est une montée de niveau qui nécessairement oblige chacun à s'élever d’autant ; de là que l'humanisation (universelle et qui s'impose par là révolution) parvienne jusqu’à la personnalisation ; il Faut, il est impératif que chacun soit réflecteur de la complexité (il n'y a pas de complexité « communiste » puisque la parti très limité ne peut pas penser-pour-vous, sinon abstraitement et bêtement).
Mais si il ne s'agissait que de prendre sur soi la complexité, ce serait si simple. La vérité est que l'on n'assure par celle-ci sans l'assumer … et c'est en organisant l’activité de conscience ; il n'y a de complexité que par et dans une intentionnalité. Il ne s'agit pas d'apprendre par cœur, ni de recevoir dans son être donné là une quantité de connaissances ou d’habitudes. Il faut s'y investir ; c'est bien pour cela que le christique est venu convaincre, convertir chacun. Mais tout autant que l'on ne philosophe pas si l'on ne pense pas, soi-même. Ou que l'on n'a pas conscience de toute l'étendue de sa liberté si l'on ne se-sait pas. Le niveau civilisationnel ne s'obtient pas par accumulation mais par élévation ; élévation de l’acte de conscience, ce qui implique tout, puisque l'activité de conscience est précisément cela même qui rend possible que dans le champ intentionnel surgissent des possibilités.
On saura donc qu'il est inutile de vouloir saisir le réel. Non par incapacité mais justement parce que c'est à partir du réel que tout le reste est situé ; le réel est le possible. Ou plus exactement le Possible comme ce qui est en cours. Ce qui ne cesse jamais d'être en cours.
C'est ainsi la structure du mouvement qui est décrite.
Cela signifie qu'il n'existe pas de résultat du mouvement, ou plus exactement tout résultat est un tremplin pour augmenter l'Effet. L'effet n'est lui-même que l'image dans le miroir, qui n’apparaît jamais en lui-même ; si on place un miroir face au miroir, on obtiendra une image de plus.
Or ce qui est prétendument ici c'est que l'encadrement de bois ou de métal a, pour nous, de lui-même une intuition, une perception, un se-savoir ; ce serait ce qui se nommerait pure pensée, idée, mais qu'il faut décomposée, découplée ; c'est dans le découplement que l'on avance depuis Descartes.
Auparavant on croyait comprendre l'idée, et donc mettre à jour son contenu ; lequel paraissait très clair, transparent ou devait sembler tel. Mais au final c'était un se-savoir (et non une connaissance, à moins de se fixer obsessionnel sur l'être qui effectivement comme opératoire permettait de subsumer sous lui la diversité, mais en lui-même inatteignable, de là qu'on pouvait ensuite se demander ; pourquoi l'être plutôt que le néant ? Il n'y a pas de réponse, parce que la question ne se pose pas ; l'être est également que le néant, les deux existent, le néant n’opposant rien à ce que l'être soi, l'être au sens générique ici, et non l'être effectif qui lui devient relatif à l'exister qui seul existe, et l'être effectif, la détermination étant seconde, non pas secondaire mais seconde, comme l'image dans le miroir).
Il est clair qu'il faut distinguer ce que l'on constate (le miroir, la forme des réalités en tant que cette forme est le-réel) et ce que l'on en supposera ici et là ; à savoir essentiellement que le miroir est ou non une Dimension. Cependant si le Possible est le réel, le seul réel (en ceci qu'il est donc toujours en cours), alors l'exister, la forme, la structure est la plus réelle ; plus réelle que les déterminations ; et surtout, alors, tout cela est jeté-ensemble. C'est donné « là » une fois, infinie, pour toutes ; il n'y a qu'un seul réel.
La question de la possibilité c'est celle-là même qui revient, sans cesse, et qui re-vient, autant dire qui Vient tout court. Elle se remet à zéro de par décision, de par son ampleur, de par son sens de la rupture … Parce que si les essences, les réalités, les choses déterminées sont liées (toute détermination est distinctive, par rapport à d'autres) « ce en quoi » elles existent est neutre et vide, cad formel ; de sorte que ça n'est pas à un ordre que sont soumises les réalités, mais au devenir, au possible, soit donc à l'exister.
Que la réalité ne soit pas un ordre, veut dire que les réalités ne subissent pas les lois (qui seraient autres et extérieures) mais qu'elles sont ces lois ; elles sont organisées selon. La science ne développe pas les lois, mais décrit les choses (toujours organisées, cad déterminées, même lorsque l'on plonge dans l'indistinction approchée, les quantas, qui n'aboutissent jamais à l’indistinction complète ; l'énergie fondamentale est-elle autre que variations ? Il y a toujours différenciation, l'indistinction totale n'a pas de réalité, ce qui confirme, en un sens, que ça n'est pas la question de l'être ou du néant, mais du possible tel quel. Toute la réalité est dans le feu et la forge. Il n'y a rien qui soit « en repos ».
De là qu'elle nous paraisse si brutale... et ça n'est pas qu'une impression... Cette brutalité, selon notre hypothèse générale, est qu'elle bascule en subtilité, finesse, distinction ; brutalité de la réalité et finalité subtile, et raffinée pour ainsi dire, sont donnés en une seule fois (gigantesque cela va sans dire) ; la question, l’interrogation, l'analyse de ce basculement qui impressionne la réalité et cause qu'elle soit (intégralement comme Possibilité) est tout l’intérêt de ce qui se joue, se creuse, se crée depuis le début.
L'altérité du réel, son évidente violence, sa dureté et son inhumanité doivent être interrogées. Après tout si notre douleur est la seule résultante d'un monde inhumain, qu'est-ce que l'on en a à faire ? Ça ne veut pas dire que l'on puisse ajouter à cette violence impunément bien sur (ne serait-ce que par dignité, la dureté nous abaisserait et nous rendrait de fait incapable de réaliser, d’atteindre à un certain niveau en rétrogradant, dégradant tout et les autres). Là n'est pas la question, mais bien celle de l’investissement ; je puis tout à fait prendre au sérieux ma dignité et mon respect (envers autrui ou moi-même, les vivants ou la beauté de la nature), mais ne pas y investir toute ma puissance, toute ma potentialité... si le jeu n'en vaut pas la chandelle, parce qu'alors je cesserais ou n'aurais même plus l'idée de ma plus grande possibilité.
On veut dire par là qu'il n'existe que quelques possibilités, finalisations, intentionnelles qui me rendent encore-plus-grand, susceptible de viser un degré encore plus perfectible. Le principe étant non pas la perfection, qui n'existe pas, ne peut pas exister et n'a aucun sens, mais la perfectibilité qui rend tout encore plus parfait, qui élève, tel que nous l'enseigne … et bien ma foi, tout, tous les écrits, toutes les œuvres, tous les messages spirituels, tout ce que l'on voudra, l'organisation même du moi, la Constitutionnalité des sociétés, qui indiquent, orientent vers « cette capacité qui agrandit la capacité ».
La liberté, l'égalité, la vérité, le bien par exemple s'utilisent à ceci qu'ils permettent, ouvrent le possible à encore plus de latitude, d'ampleur, de profondeur, en bref de réalisations dûment accessibles (sous condition que le sujet, dans le moi, le veuille, il faut faire des efforts...) ; les œuvres, la révolution, un poème, une théorie scientifique forcent, si l'on veut, vers encore-plus de précision et d'actualisation structurelle, ils sont exigeants (de même que le christique ou l'universel de la pensée grecque ou le sujet cartésien restructurent notre attention) ; et donc pousse à percevoir plus ou à donner à chacun l'occasion d'éprouver, de visu, au vif, non seulement les réalités mais le-réel (et ainsi apparaissent les pluralités de réalités), le réel en réarticulant l'inépaisseur de la structure de conscience, en persévérant dans le splittage, le feuilletage de cette inépaisseur du réel, du Bord du monde, du vécu ou du corps ou de la perception, en traversant donc la paroi, en glissant dans la Dimension. Là où nous existons, puisque c'est de là que nous percevons (en créant un champ intentionnel actuel qui distingue les réalités et en crée et champ qui fait retour et re-tour, nouveau tour créé, sur lui-même, en tant qu'Autre, nous sommes selon le monde mais nous existons selon et peut-être pour l'Autre).