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instants philosophie

Métaphysique de la pensée, puis ontologie du sujet

30 Mai 2020, 08:46am

Publié par pascal doyelle

L'illustration du miroir : on ne perçoit que les images dans le miroir mais non le miroir lui-même, dont on n'obtiendra jamais aucune image (sinon de le réduire à l'état d'image). Or, il est une acquisition qui ne peut se réaliser que dans l’actualisation ; à chacun, de ne plus se vivre comme image(s) mais de se-savoir comme miroir, et cette opération ne s’actualise que si l'on disjoint le regard. Et cette acquisition ne peut se faire que du vivant, dans l'actualité parce que si nous ne sommes pas image mais miroir, alors celui-ci ne peut pas se voir mais doit se signifier.

Qu'il se signifie veut dire que dans la conscience (le miroir) isole un signe qui la renvoie au cadre de toute image, et (se) signifie elle-même comme conscience et non comme ceci ou cela.

Et elle signifie parce qu'elle est conscience ; un rapport et non pas une image qui simplement « est ».

il est ainsi impossible de dériver « conscience » de quoi que ce soit d'autre ; elle n'est pas information ou connaissance déterminée ou pensée ou représentation qui soudainement, on ne sait comment, auraient conscience d'eux-mêmes ; de où viendrait cette conscience ? D'un processus magique qui créerait la conscience dans une pensée, une connaissance, une information ?

La technique du regard « disjoncté » est précisément cela même qui s'instancie en philosophie ou dans le christique ou la religion ou dans l’œuvre quelle qu'elle soit ou dans la révolution ; une œuvre est perçue, et bien que le mouvement de conscience ne naisse que par cette œuvre, cette image distendue ou perdue ou écartelée, ça n'est pas l’œuvre qui compte mais ce qu'elle cause dans la conscience qui persévère (étant entendu qu'il ne s'agit pas d'une production à l'usage du commun, mais de chacun, chaqu'un, et que l'on doit individuellement y gagner un accès ; on ne s'avance pas dans une poétique, une esthétique sans effort).

Le regard disjoint est cela même qui nous arrive.

La grande expérience de la disjonction pour le moi habituel est le tomber-amoureux. Exemple de la dimension qui soudainement nous saisit.

En vérité il n'existe qu’une seule expérience de la disjonction (du regard, de l'attention, de l'intention, de l'intentionnalité, de la perception augmentée (grecque), intensifiée (christique), accélérée (cartésienne et suivants), instanciée (du réel même, l'existentialisme par ex, l'auto-affirmation nietzschéenne, le réel lacanien, l'univers comme monstrueusement grand, etc). Dans tous les cas il s'agit d'élévation.

Ou d'une tentative d'élévation, souvent qui échouera, mais peu importe parce que l’acquis est de structure et non pas de contenu ou de durée dans le monde. Dans le regard tout va plus vite, tout s'augmente considérablement en une fois, tout s'intensifie et déborde le corps, et la perception est envoyée jusqu'à son origine, jusqu'à sa focale originelle (ce face à quoi toute œuvre nous place ou plus exactement nous dé-place, de notre regard habituel ; à l'origine non seulement du monde mais de l'apparition du monde, ou du vécu, du relationnel, du corps, etc).

La disjonction, l'élévation est unique mais étant formelle, elle empruntera quantité d’expositions, qui seront, bien effectivement, des explorations ; le monde, la réalité, le perçu et les contenus sont la manifestation du un. Et le un étant un rapport, le rapport des rapports, alors tout se donne en tant que rapports, en tant que Visible.

Donc ce qui se donne comme visible est invisible. Il n'y a que le cadre général, soit le miroir en tant qu'encadrement des images, qui qui puise (se) signifier. Aussi le miroir n’apparaît qu'aux miroirs. En tant qu'ils se retournent vers eux-mêmes. Dont on comprend que c'est impossible et qu’ainsi c'est cela qui Existe.

Et on désigne ce retournement comme le signe, la signification ; qui n'est pas la connaissance, mais ce qui vient à la conscience seule ; dans son acte (et qui perçut de l'extérieur est juste un mot ou un état ou une chose, pas un signe) et qui doit être acté, actualisé. On ne croit pas au christique sans y exister ; on ne philosophe pas sans penser (ça ne s'apprend pas par cœur) ; on ne révolutionne pas sans se révolter ; on n'instancie pas son existence sans se réfléchir cartésiennement (c'est ici que je suis, et je vous le fais montre d'être votre miroir, une fois pour toutes, plus personne ne pourra dupliquer le geste de Descartes, cad tout le monde le pourra).

Cette actualité est fondamentale ; elle veut dire qu'il faut que l'on se-sache. On se-sait par dieu ou par Nietzsche ou qui l'on voudra, ou dans sa propre vie, ou devant sa (future) mort, ou l'objet de son désir, bref peu importe.

Et ça arrive, arrivera, est arrivé à tout le monde, à chacun.

Le monde humain mass médiatisé voudrait absorber la disjonction de tout le monde, et vient vous chercher continuellement. On finit par se percevoir de cette extériorité là. On ne croit pas que l'on est une chose, mais on le sent confusément. Ça nous vole quelque réel qui est nôtre, le sera toujours mais que l'on oublie ou même que la vie par ses inquiétudes et ses pressions nous dérobera, violemment ou non.

Que le miroir soit notre exister réel ou que notre conscience soit un brut et pur rapport, ne veut pas dire que ce soit abstrait ; c'est le plus concret. Le nœud lui-même qui nous lie, qui nous relie au Lien.

Et si nous « recevons » ce rapport (on ne peut pas ne pas exister, même suicidé, on a existé au moins, sinon on ne serait pas « là »), étant un rapport (à « soi », dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même, qui se nomme Pierre ou Catherine, se signe de un-tel nom mais Pierre est bien plus que Pierre, il est ce que Pierre fait de Pierre, pour le dire ainsi) cependant bien que recevant ce rapport, il revient à chacun d'en faire quelque « chose », mais au sens de quelque Réel.

Or ce rapport est originel ; il n'y a rien antérieurement (et rien postérieurement non plus ; tout se déroulera dans ce rapport qui les contient tous).

De là que le message fondamental du christique qui initie pour nous que nous soyons qui nous sommes, sans catégorie d'aucune sorte, sinon Le Regard qui nous crée Regard, à égalité, à égalité donc « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ou aussi selon la liberté parce que « comme je vous ai aimés, élevés », plus grand que vous-mêmes étant instanciés par la Possibilité la plus grande, la perfection qui se perfectionne, comme cette désignation l'indique : que signifierait une perfection qui ne se perfectionne pas ?

Et donc ce qui arrive au miroir, qui est (vous-même) , évidemment, on s'en doute, se répercutera dans le miroir central. Il se peut qu'il n'existe pas, le miroir central, dieu ou le dispositif-sujet, le Grand Rapport de tous les rapports. Comment le savoir ?

Ce que l'on sait c'est que le réel est non-évident. Il n'est pas « là » comme une chose (la chose est là par délégation pour ainsi dire, dans le pli comme un effet, parmi tant d'autres ; l'être est relatif à l'exister). Le réel est une articulation, c'est pour cela qu'il devient, qu'il y a du temps et de l'espace ; le réel est une articulation et donc il y a « une réalité », le déploiement de cette articulation, ou plutôt l'articulation se donne comme réalisation. Sinon le un, le réel n'aurait aucune raison de sortir de lui-même. Il demeurerait dans sa perfection en mode figé.

Il est une articulation (et donc l'exister prédomine sur l'être) et c'est d'entrer dans cette articulation dont il s’agit.

Selon l'universel celui-ci ne désirerait rien tant que saisir son objet, pareil à son discours, identique à sa connaissance et dans l'absence de sujet (qui fait valoir le discours, rien de plus ou est transformé en morceaux déterminés lorsque saisi dans ce discours, soit l'homme générique communiste ou la « nature humaine » libérale, ou le morcellement des appareils scientifiques ou objectifs, ou les images-contenus de la machinerie industrielle mass-médiatique par laquelle réellement et peu ou prou les personnalités sont produites, objets d'une production industrielle).

Aussi le un réel toujours la-pensée a voulu le réduire ; mais le retournement à terme du un, de l'être, du bien, de la raison le renvoie à sa structure, laquelle est conscience-de ; et ils sont impensables autrement. Donc il s'agit de rentrer dans la Structure du sujet.

De là que nous passions de la théologie-métaphysique à l'ontologie du sujet et que ce mouvement est un progrès, infini. Infini puisque le sujet à lui seul manifeste, instancie le réel, la forme des réalités (au sens où un rapport ne peut pas être-pensé, il ne peut que se signifier d'un sujet, d'un rapport à l'autre) dont nous confirmons que cet arc de conscience est pris dans l'arc du présent et que tout est mouvement, cad perfection en cours.

Et ce par quoi, finalement, le christique s'oppose à la théologie ; elle n'en vient pas à bout et le christique devra se transmuter en sujet, que chacun soit sujet. Que Eckhart ne rentre pas dans la formulation rationaliste théologique.

Et si ça n'est pas la perfection-même de l'arc de conscience qu'est-ce ?

Rien d'autre. Aucune partie du monde ne peut s'adjoindre selon une perfection ; toute chose est cela qu'elle est, sauf la conscience qui est un rapport, et dont on a dit qu'elle nous soumettait une version, par hypothèse partielle et à peine ébauchée, de ce que par « dispositif-sujet » on peut, éventuellement entendre, supposer, prévoir ; le dispositif-sujet se définissant par « la perfection agissante ». Il est donc, supposément encore une fois, bien plus vaste et bien plus parfait et agissant qu'à notre sobre niveau. Et si toute chose est déterminée (y compris notre être mais non pas notre exister, notre existence, notre vie transformée en existence) il faut comprendre que tout le donné, toute la réalité est alors création ; c'est dans la particularité des choses que celles-ci sont déterminées, mais l’ensemble de la détermination n'équivaut pas à l'exister de la détermination ; les choses, déterminées, sont les plis, infinis peut-être en nombre, du Pli originel qui ne cesse pas de l'être, de l'exister, originellement. Le commencement est toujours en cours.

Et ceci « éventuellement » c'est-à-dire dans la perspective que l'arc du présent est une Dimension et non pas un fait serait-ce un fait structurel ; dans lequel cas, en tant que simple fait de structure non dimensionnel, il n'en permettrait pas moins de lancer l’ensemble de tout ; puisque même limité à un fait structurel de l’univers réel, il est originel, l'arc même du présent qui déroule toutes les choses et les êtres ; et en somme, pour un être humain, quoi qu'il fasse il est-déjà sujet (sinon il n'existe pas et ne lit pas ses lignes).

Ici on balance d'un côté à la simple structuralité de la réalité (le présent est originel), vers de l'autre côté à sa considération racialement dimensionnel (auquel cas cet univers, cette réalité est ouverte par le devant, par l'en-avant ontologique et seul le rapport, le premier et le dernier, existe (tout le reste n'existe pas mais est, seulement, est « dedans » l'exister). De ceci on ne choisit pas ; on expose seulement les deux possibilités

Donc que le structurel soit ou non dimensionnel ne change rien à la stratégie qu'un sujet doit mettre en œuvre au sens étendu ; toute œuvre, esthétique, poétique, éthique, moral (qui se restreint au relationnel humain, tandis que l’éthique est engagement ontologique individuée), politique, psychique tout autant, relativement au moi, ou d'humanisation ; l’œuvre est ce que l'on réal-ise effectivement, serait-ce et même d’abord comme transformant une vie, donnée, en une existence, face à face.

On verra, une autre fois, qu'il n'est pas, peut-être, de coupure entre la manifestation (du rapport) et le rapport lui-même ; que la réalité tient dans et par l’articulation. Que par exemple l'arc de conscience se continue hors du monde, du vécu et du corps (c'est la seconde des possibilités, le dispositif-sujet).

Ce qui se dit ici c'est simplement la description de ce qui effectivement eu lieu ; à savoir le nouveau tour, le re-tour cartésien initié ; continué par Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan, dans l'analyse pure et les re-tournements que furent Kierkegaard, Nietzsche, Heidegger, etc, ou également la totale attention qui fut dévolue au monde, par les sciences, les sciences humaines, etc, et tout l’ensemble de réalisation, de matérialisation des intentions depuis la révolution humaine des deux derniers siècles ; nous sommes sur l'étendue du monde et notre « être » y Existe, sans présupposition de notre au-delà, divin ou spirituel ; par Descartes se réal-ise, se rend réelle l'unité, formelle pour le coup, de cet ici même.

Ce qui est la survenue du sujet tel quel, tandis que le christique, qui initie l’historicité de tout l’ensemble, le christique, qui créait chacun individuellement mais devant le christ, dans et par son Regard, en somme le christique donc se concrétise cette fois par Descartes dans un sujet indépendant (et dans le Royaume installé par la liberté-égalité). Et on prétend ici que le dit sujet indépendant était réellement ce que le christique attendait de chacun ; sinon à quoi bon ?

Que l'on soit en charge du bien et du mal, que l'on crée les catégories permettant une extension du Bien, de la vérité, du beau, de l’universel et de l’individuel. Ce qui n'est pas conformité à un ordre (le cosmos grec ou la pensée métaphysique de dieu, théologique) mais créations dans la Création ; il faut inventer les nouvelles lois de la société humaine et créer des œuvres originales qui pensent et voient et rendent chacun dans l'exigence de l'intentionnalité sans cesse nouvelle (et effectivement on a créé quantité d’œuvres, dans tous les domaines, éthiques ou politiques comme esthétiques).

Et ce donc quittant la métaphysique (discours que l'on voulait identique et résumant la réalité et l'être humain, universalisés) vers l'ontologie ; appliquant de façon bien plus serrée et précise l'analyse de « ce qui est ». Si le sujet existe vraiment ici même (cartésien) alors le donné tel que là est lui-même ontologique ; comme Spinoza et Leibniz tenteront de le prendre en charge, d'abord avec la susbtance-dieu puis avec le jeu des Possibles ; ce qui n’est plus penser métaphysiquement (les réalités s’organisaient alors en essences-idées, mais Spinoza et Leibniz essaient d’expliciter le « là » ici même par un réel qui serait la substance, a-théisme, ou le jeu du monde, des choses, des êtres, calculabilité désirée).

Et par quoi cartésiennement, on s'est aperçu qu'il ne s'agissait pas de seulement produire un discours, une idée-image dans le miroir, mais que le miroir était lui-même bien plus performant et étrange et qu'il devenait impossible d'envisager les réalités en idées, plutôt que de se demander « mais quel est cet être qui pense ? » Et plus étrange que quelque discours que ce soit (et que l’organisation humaine est construite par et devrait peut-être être pensée par et pour les sujets, ce qui est le propre de la révolution réelle).

Le sujet devait donc être déplié ; de Kant à Sartre et Lacan.

En réalité, dans l’histoire il y a longtemps que nous nous situons sur un autre registre que celui métaphysique. Depuis Descartes (au moins et non de ce qu'il crée mais tout autant de cela qu'il découvre ; notre être comme n'étant pas du tout un être, et donc échappant à la métaphysique).

Échapper à la métaphysique c'est ne plus être en mesure de produire un discours qui, dans une connaissance, expose l'être. On peut qualifier l'être de toutes les manières que l'on voudra (l'être, le bien, le moteur, le un, la matière, la substance, le tout, l'esprit, etc) ; ça ne servira pas fondamentalement.

De là cette difficulté pour la pensée classique, cad métaphysique, de penser la liberté ou la création ; il faut le dire la création n'est pas la contemplation, la révélation d'un ordre éternel, universel, qui autrement resterait recouvert par les choses immédiates. De même la liberté n'est pas de choisir entre le bien et le mal seulement, et en vérité le plus fondamentalement la liberté est d'inventer les possibilités (que ni le bien du moment, ni le mal du moment ne manifestent) ; la liberté consiste à inventer le bien nouveau, ou le mal si inventif pour sa part.

La pensée métaphysique est assujettie à un Ordre, pour les grecs le cosmos (qui est ordonné en lui-même, et nous sommes juste inclinés à déchoir vers l'immédiateté) ; ce qui est tout à fait légitime et opératoire ; il faut dépasser l'immédiateté (de la perception qui nous montre les choses une par une ou engluées dans les représentations communes ou à peu découpées et inidentifiables, ou l'immédiateté de nos intérêts qui ne permettent pas d'envisager et d'inclure notre comportement dans un ensemble, forcément abstrait, extrait de ces intérêts).

Mais l'universalité est limitée. Structurellement elle n’intègre l'individualité que du dehors et le laisse dans cette extériorité.

Il fallait donc que l'un d'entre les sujets, à savoir jésus, universalise la forme intacte et toujours identique de chaqu'un. De là qu'il soit, en tant que christique, le renouvellement absolu, continuel, total. Et il faudra attendre Descartes pour que soudainement l'on sorte de la pensée, vers sans doute la volonté (sceau de dieu en nous, ce qui est tout à fait surprenant), mais aussi vers une sorte de « dispositif » que l'on peut nommer « la-pensée » (qui englobe pour Descartes de façon tout à fait laxiste à peu près toutes nos facultés). Lorsqu'il énonce que je suis une chose pensante, c'est en ce sens là ; d'un dispositif très complexe et très difficile à mettre en œuvre et qui ne répond plus vraiment au « conscient » classique de la pensée. De même que commence de s'apercevoir lorsque l'on s'adonne au monde, que l'attention est installée dans la phénoménalité, kantienne ; le monde apparaît de par notre activité, par le sujet transcendantal, par les catégories.

Kant est dans l'obligation d'examiner et de décrire par le menu la-pensée, puisque en lieu de celle-ci c'est la-conscience ; soit donc une structure qui n'est ni pensée, ni perception, ni imagination, ni jugement et rien qui soit. Elle n'est pas de l'ordre de l'être et donc se retrouve partout dans toutes les facultés (comme dit Kant) ; il faudra la sortir des « facultés » et la sup-poser en elle-même, selon son être qui n'est pas un être. Ce que commence de saisir Sartre ; il n'y a aucun contenu, aucune essence, justement, pour Sartre dans la-conscience (mais comme il ne parvient pas à abandonner tout contenu, il remplace quelque essence que ce soit par l'-existence).

On aboutit donc à un jeu de pion qui passe son tour et à chaque occurrence il s'agit précisément de « cela » qui échappe qui constitue le-réel supposé.

Revenons à l'universel, soit la métaphysique, le discours qui tient de la connaissance mais qui passe son tour, par Descartes, et se dessine l'immensité de la structure qui précède la pensée (ce que Descartes nomme la-pensée, la chose qui pense, ce qui est quand même une drôle de qualification et devrait laisser penser que ça n'est pas une chose et que ça n'est pas de la pensée).

Ce qu'il faut entendre, comprendre, visualiser c'est que la structure en forme de sujet (dont on ne sait que peu de chose, en vérité ; juste qu'il s'agit du rapport-à-soi, qui n'existe, pour nous, dans cet univers, nulle part, sauf en cet être qui n'en est pas un, le nôtre, le spécifique). Ce rapport-à-soi c'est, dit autrement, ce que l'on nomme habituellement la conscience ; qui occupe désormais le premier plan, et même le seul plan. Il n'y a qu'une seule scène et elle relève d'une structure, partout identiquement la même, chez quiconque, partout et toujours ; sauf qu'elle existe un individu par un individu. Ce qui, pour le coup, devrait nous indiquer l'étrangeté absolue qui s'y manifeste ; à savoir que toute conscience est identique pour chacun, sauf qu'elle est une à chaque fois. Et que cette unité n'est pas, en rein, substituable.

Si « conscience » était comme une sorte d'universel, la mienne communiquerait avec toute autre, en s'exprimant ; mais tel n'est absolument pas le cas. Il n'y a aucun contenu qui puisse supplanter les consciences une par une. Ou donc « la vérité » est un principe mais pas un système (de là que quantité de systèmes soient possibles, autant de moyens pour que chacune perçoit, au travers). Et il ne faut pas abandonner la vérité, ni l'universel, j'espère que l'on saisit bien cela ; de même que l'on ne peut pas délaisser le moi mais faire surgir le sujet dans le moi, pareillement impossible d'annuler l'universel et la vérité, il faut étendre son rayon et intégrer, par ex comme ici, que chaqu'un soit une-conscience mais qu'elles sont parfaitement identiques, en leur royaume.

Ici ça ne fait pas question dut out ; la question est quel est ce royaume ?

Ni l'être ni le néant ne sont un problème, le Possible oui.

L’universel lorsqu'il fige le réel selon une supposée unité de l'être, n'y parvient pas du tout ; jamais. Et de ce point de vue tous les systèmes sont contradictoires. Mais pas Kant. Ni originellement Descartes. Parce qu'ils se sont situés hors du systématique de la connaissance ; et perçoivent nettement la structure du sujet réel. Ce qui est universel c'est la forme de conscience, la conscience en tant que forme ; sans aucun contenu parce que le réel est de structure et non de quelque consistance que ce soit. La consistance est un rêve du sujet qui ne sait pas qu'il est sujet et que « sujet » n'est nullement subjectif mais ontologique, ce que l'on nommait hyper objectif.

Mais si le sujet est une structure réelle, alors le réel est une structure...

C'est bien le vrai problème. Qualifier ce qui apparemment ne peut pas être qualifié.

La liberté, le sujet le réel, l'exister, l'existence si l'on veut, la conscience.

C'est qu'au bout du terme du devenir de la philosophie, cette discipline qui se charge de comprendre ce qui arrive à l'humain au sortir des mondes particuliers, clos, communs, partagés, liant parole et perception, rites et échanges, au bout du terme on se heurte au mur du réel pur et brut.

Philosophie qui se rend compte que l'on n'est plus subissant les contenus mais les produisant, mais alors à partir de où, de quoi ? Ils répondent, les grecs, la-pensée, mais la pensée ne s'explique pas elle-même ; puisque son origine est autre ; elle est dans l’activité de conscience ; ce qui veut dire relevant d’une encore-plus-grande universalité.

On a tellement l’habitude de considérer que la pensée est ou seule manifeste une perfection close, définitive, assurée, et à disposition. Mais c'est faux ; ça n'existe pas, n'a jamais existé, et n’existera jamais. Le but ici n'est pas d’inscrire dans la conscience de quiconque un discours, mais de manifester les avenues, les perspectives, les possibilités de chacune. De même que Descartes ou le christique ou Platon ou Sartre vous renvoient à vous-même et non à un corpus quelconque ; juste exposer la possibilité par laquelle chacun doit et devra, et de toute manière, se jugera et jugera du réel. Les textes c'est ce qu'ils disent, ce à quoi ils mènent, à la forme de votre conscience, à l'art et la manière de structurer la structure de votre conscience ; ça ne se fait pas sans effort. Et l'effort porte non sur ceci ou cela comme vous incline le monde, la vie, ni comme vous en convaincrait la raison ou la pensée métapsychique mais sur « cela » qui est impliqué partout en votre attention, attention à ceci ou cela, intention de ceci ou cela, intentionnalisation en chaque perception ; l'activité de conscience qui crée des champs de perceptions, d'intentions, d'images ou d'émotion est toujours constamment active.

C’est parce que nous nous signifions dans le miroir que le miroir crée en nous des émotions, des imaginations, des prévisions, des intentions ; et de l'une à l'autre on ne trouve jamais le terme, puisque tout est posé sur l'horizon, le Bord du monde, du vécu et du corps. C'est seulement le dernier élément supposé qui pourrait clôturer la série d'intentions, or il n'arrive jamais, et il n'arrive jamais parce qu'il est déjà là. Comprenons ; il est le début, il est au début, tout le reste n'advient qu'en effets divers et variés de l’intention de départ ; comme si, donc, tout était précisément un constant départ qui n'aboutit jamais parce qu'il n'y a pas de raison qu'il se conclut. Le christique ou la pensée ou le sujet ou le réel donc sont ce constant départ, le début indéfiniment recommencé ; le texte réel indique toujours la possibilité, directement. Sinon ce serait comme de s'emplir des commentaires d'une poésie sans jamais la lire réellement.

On ne parviendra jamais à se visualiser, à se connaître au sens d'une connaissance déposée là ; la-pensée est lourde. Pas le sujet. Mais le sujet lui doit se supposer et d'une représentation équivalente à sa présentation ; infiniment. L'infiniment est juste ce qui ne finit pas, cad qui commence sans fin. Les figurations du miroir sont des configurations ; Descartes est, dans son instant étincelant du cogito, un miroir ; le christique est un miroir ; Parménide ou Héraclite sont des miroirs ; soudainement s'expose que le réel est un appel. Parce que l'on ne comprend pas ce qu'ils disent.

Si on le comprenait, ce serait des discours, or ils n'en sont pas.

Et l'idée vient ; saisissons nous ce qu'est une molécule ? On peut la décrire et très précisément. Mais qu'est-ce que c'est que « ça » , une molécule ? La compréhension est infiniment reportée. Bien au-delà du donné ou de sa description. Cette indescription est bien effectivement que toute chose et tout être et à commencer par nous-mêmes, nous ne faisons que commencer. Tout est dans le commencement infini, qui se perfectionne.

C'est pour cela que la fixité, que présuppose la raison, la-pensée, la clôture du discours (quel qu'il soit) est simplement une figuration, une imagination. Et non une configuration ; la configuration est ce genre de texte qui engage votre être, qui cesse d'être un être, est qui commence, qui commence de s'enrouler/dérouler et qui n'en finit pas. Ce qui est un grand tourment mais aussi une grande réjouissance. La naissance, la renaissance continuelles et continuées. Continuées parce que chaque fois en se déroulant/enroulant il s'augmente (selon les grecs), s'intensifie (selon le christique), s’accélère (selon le cartésien et suivants), s’instancie (depuis Descartes il se recherche dans la densité de la réalité, du vécu, du relationnel (par la révolution), du corps, par le moi).

Civilisationnellement cela veut dire que sortis des mondes de mise en forme culturelle (qui inventent le langage, la représentation, les échanges et les rites, la perception d'un monde particulier, maya par ex), on s'aperçoit que l'on crée les contenus (et non pas qu'ils soient reçus tels quels spontanément comme monde donné). Et cette prise de conscience se désigne comme dieu, la pensée ou le christique (dont la philosophie est la prise en charge comme technique étrange qui fabrique des contenus à la chaîne pour ainsi dire). Dieu l'intention unique, vide, formelle ; la pensée comme production des intentionnalités en elles-mêmes (les idées qui font-voir le monde tel qu'il se donné unique et universel et intellectif, qui peut être compris), le christique comme restructuration de l'unique intention mais en et par chacun (dans le regard du christ qui crée votre âme instantanément).

D'une organisation selon le groupe (et la parole, et le tout), on passe à une organisation décentrée et installée en chacun ; ce qui implique une montée de complexité (si l'on veut illustrer le processus par le terme de « complexité ») ; mais qui doit être gérée par et pour chacun, qui est une montée de niveau qui nécessairement oblige chacun à s'élever d’autant ; de là que l'humanisation (universelle et qui s'impose par là révolution) parvienne jusqu’à la personnalisation ; il Faut, il est impératif que chacun soit réflecteur de la complexité (il n'y a pas de complexité « communiste » puisque la parti très limité ne peut pas penser-pour-vous, sinon abstraitement et bêtement).

Mais si il ne s'agissait que de prendre sur soi la complexité, ce serait si simple. La vérité est que l'on n'assure par celle-ci sans l'assumer … et c'est en organisant l’activité de conscience ; il n'y a de complexité que par et dans une intentionnalité. Il ne s'agit pas d'apprendre par cœur, ni de recevoir dans son être donné là une quantité de connaissances ou d’habitudes. Il faut s'y investir ; c'est bien pour cela que le christique est venu convaincre, convertir chacun. Mais tout autant que l'on ne philosophe pas si l'on ne pense pas, soi-même. Ou que l'on n'a pas conscience de toute l'étendue de sa liberté si l'on ne se-sait pas. Le niveau civilisationnel ne s'obtient pas par accumulation mais par élévation ; élévation de l’acte de conscience, ce qui implique tout, puisque l'activité de conscience est précisément cela même qui rend possible que dans le champ intentionnel surgissent des possibilités.

On saura donc qu'il est inutile de vouloir saisir le réel. Non par incapacité mais justement parce que c'est à partir du réel que tout le reste est situé ; le réel est le possible. Ou plus exactement le Possible comme ce qui est en cours. Ce qui ne cesse jamais d'être en cours.

C'est ainsi la structure du mouvement qui est décrite.

Cela signifie qu'il n'existe pas de résultat du mouvement, ou plus exactement tout résultat est un tremplin pour augmenter l'Effet. L'effet n'est lui-même que l'image dans le miroir, qui n’apparaît jamais en lui-même ; si on place un miroir face au miroir, on obtiendra une image de plus.

Or ce qui est prétendument ici c'est que l'encadrement de bois ou de métal a, pour nous, de lui-même une intuition, une perception, un se-savoir ; ce serait ce qui se nommerait pure pensée, idée, mais qu'il faut décomposée, découplée ; c'est dans le découplement que l'on avance depuis Descartes.

Auparavant on croyait comprendre l'idée, et donc mettre à jour son contenu ; lequel paraissait très clair, transparent ou devait sembler tel. Mais au final c'était un se-savoir (et non une connaissance, à moins de se fixer obsessionnel sur l'être qui effectivement comme opératoire permettait de subsumer sous lui la diversité, mais en lui-même inatteignable, de là qu'on pouvait ensuite se demander ; pourquoi l'être plutôt que le néant ? Il n'y a pas de réponse, parce que la question ne se pose pas ; l'être est également que le néant, les deux existent, le néant n’opposant rien à ce que l'être soi, l'être au sens générique ici, et non l'être effectif qui lui devient relatif à l'exister qui seul existe, et l'être effectif, la détermination étant seconde, non pas secondaire mais seconde, comme l'image dans le miroir).

Il est clair qu'il faut distinguer ce que l'on constate (le miroir, la forme des réalités en tant que cette forme est le-réel) et ce que l'on en supposera ici et là ; à savoir essentiellement que le miroir est ou non une Dimension. Cependant si le Possible est le réel, le seul réel (en ceci qu'il est donc toujours en cours), alors l'exister, la forme, la structure est la plus réelle ; plus réelle que les déterminations ; et surtout, alors, tout cela est jeté-ensemble. C'est donné « là » une fois, infinie, pour toutes ; il n'y a qu'un seul réel.

La question de la possibilité c'est celle-là même qui revient, sans cesse, et qui re-vient, autant dire qui Vient tout court. Elle se remet à zéro de par décision, de par son ampleur, de par son sens de la rupture … Parce que si les essences, les réalités, les choses déterminées sont liées (toute détermination est distinctive, par rapport à d'autres) « ce en quoi » elles existent est neutre et vide, cad formel ; de sorte que ça n'est pas à un ordre que sont soumises les réalités, mais au devenir, au possible, soit donc à l'exister.

Que la réalité ne soit pas un ordre, veut dire que les réalités ne subissent pas les lois (qui seraient autres et extérieures) mais qu'elles sont ces lois ; elles sont organisées selon. La science ne développe pas les lois, mais décrit les choses (toujours organisées, cad déterminées, même lorsque l'on plonge dans l'indistinction approchée, les quantas, qui n'aboutissent jamais à l’indistinction complète ; l'énergie fondamentale est-elle autre que variations ? Il y a toujours différenciation, l'indistinction totale n'a pas de réalité, ce qui confirme, en un sens, que ça n'est pas la question de l'être ou du néant, mais du possible tel quel. Toute la réalité est dans le feu et la forge. Il n'y a rien qui soit « en repos ».

De là qu'elle nous paraisse si brutale... et ça n'est pas qu'une impression... Cette brutalité, selon notre hypothèse générale, est qu'elle bascule en subtilité, finesse, distinction ; brutalité de la réalité et finalité subtile, et raffinée pour ainsi dire, sont donnés en une seule fois (gigantesque cela va sans dire) ; la question, l’interrogation, l'analyse de ce basculement qui impressionne la réalité et cause qu'elle soit (intégralement comme Possibilité) est tout l’intérêt de ce qui se joue, se creuse, se crée depuis le début.

L'altérité du réel, son évidente violence, sa dureté et son inhumanité doivent être interrogées. Après tout si notre douleur est la seule résultante d'un monde inhumain, qu'est-ce que l'on en a à faire ? Ça ne veut pas dire que l'on puisse ajouter à cette violence impunément bien sur (ne serait-ce que par dignité, la dureté nous abaisserait et nous rendrait de fait incapable de réaliser, d’atteindre à un certain niveau en rétrogradant, dégradant tout et les autres). Là n'est pas la question, mais bien celle de l’investissement ; je puis tout à fait prendre au sérieux ma dignité et mon respect (envers autrui ou moi-même, les vivants ou la beauté de la nature), mais ne pas y investir toute ma puissance, toute ma potentialité... si le jeu n'en vaut pas la chandelle, parce qu'alors je cesserais ou n'aurais même plus l'idée de ma plus grande possibilité.

On veut dire par là qu'il n'existe que quelques possibilités, finalisations, intentionnelles qui me rendent encore-plus-grand, susceptible de viser un degré encore plus perfectible. Le principe étant non pas la perfection, qui n'existe pas, ne peut pas exister et n'a aucun sens, mais la perfectibilité qui rend tout encore plus parfait, qui élève, tel que nous l'enseigne … et bien ma foi, tout, tous les écrits, toutes les œuvres, tous les messages spirituels, tout ce que l'on voudra, l'organisation même du moi, la Constitutionnalité des sociétés, qui indiquent, orientent vers « cette capacité qui agrandit la capacité ».

La liberté, l'égalité, la vérité, le bien par exemple s'utilisent à ceci qu'ils permettent, ouvrent le possible à encore plus de latitude, d'ampleur, de profondeur, en bref de réalisations dûment accessibles (sous condition que le sujet, dans le moi, le veuille, il faut faire des efforts...) ; les œuvres, la révolution, un poème, une théorie scientifique forcent, si l'on veut, vers encore-plus de précision et d'actualisation structurelle, ils sont exigeants (de même que le christique ou l'universel de la pensée grecque ou le sujet cartésien restructurent notre attention) ; et donc pousse à percevoir plus ou à donner à chacun l'occasion d'éprouver, de visu, au vif, non seulement les réalités mais le-réel (et ainsi apparaissent les pluralités de réalités), le réel en réarticulant l'inépaisseur de la structure de conscience, en persévérant dans le splittage, le feuilletage de cette inépaisseur du réel, du Bord du monde, du vécu ou du corps ou de la perception, en traversant donc la paroi, en glissant dans la Dimension. Là où nous existons, puisque c'est de là que nous percevons (en créant un champ intentionnel actuel qui distingue les réalités et en crée et champ qui fait retour et re-tour, nouveau tour créé, sur lui-même, en tant qu'Autre, nous sommes selon le monde mais nous existons selon et peut-être pour l'Autre).

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Le point en dehors du monde

23 Mai 2020, 08:39am

Publié par pascal doyelle

On a énormément glosé sur le désenchantement du monde, ou version moderne sur la mort des idéologies (comme si nous ne vivions pas dans une représentation saturée d'idéologie, lesquelles sont légitimes, ne l'oublions pas, il faut toujours justifié d'une manière ou d'une autre l'organisation de la société humaine, et faire-croire qu'elles sont annulées est bien sûr la plus certaine des idéologies).

Il faut remarquer ceci ; que c'est faute de ne pas ouvrir les yeux que l'enchantement a disparu. Or donc l'enchantement et la bizarrerie, puis l’étrangeté et le mystère nous arrivent de partout. Il suffirait de se pencher sur l 'énormité des siècles, que nous avons bien intelligemment conservés emplissant nos musées. Pourquoi cette accumulation de tant d’illuminations ? Pour ne plus y croire ?

Oui, ça ne fait aucun doute : on range cela dans de petits créneaux et on en ressort comme si de rien, intouchables, intouchés, pour la plupart  « oh c'était joli, n'est-ce pas ? »

À quoi ça sert ? À rien. Ça tombe dans le vide des esprits.

Bref le bizarre, l’étrangeté, le mystère et l'enchantement sont partout.

Sauf. Sauf qu'ils ont pris une tournure très technique, très abstraite parait-il, une façon pas commune. Et sauf évidemment que les moi-mêmes éprouvent directement l'angoisse, l'obsession, le fantasme, la dépression et autres inventions du bricolage (très réel et très légitime) qu'est un moi. 

Mais comme nous nous bornons à l'aperception du moi, du moi-même, qui croit encore qu'il est le centre du monde et qu'il recevra la vérité comme un cadeau de noël à déballer. Et de ceci, il ne voit rien, plus rien du tout.Il faut quand même faire un effort... de temps à autre.

Que l'on ne s'y trompe pas, on a cessé d'y croire afin de s'adonner à des passions vulgaires.

On remet donc et on expose ce qui se présente tout intégralement là au-devant de nous et par notre vision historique totalement exhibée de tout ce qui fut expérimenté, souvent très durement, toujours infiniment profondément. C'est le même sillon qui se creuse, parce qu'il n'y en a qu'un. On prendra dieu, l’universel, le christique, le sujet, la révolution ou le réel, au choix,

ou tout ensemble, comme il serait plus juste, car tout est vrai.

On ne peut pas supprimer du réel ce qui fut réel. Le point acquis est incrusté absolument, cad formellement, dans et par l’historicité, parce que ce sont ces acquisitions qui ont martelé l'histoire et par lesquelles nous sommes devenus. C'est l'historicité entière qui est ouverte et nous est présentée. Depuis toujours.

Il s'est passé ceci qu'au lieu de se configurer en monde, chacun séparés (mayas, égyptiens, etc) on s'est aperçu que l'on générait les dits mondes et que de ce fait il devenait impératif d’avoir affaire non selon et comme tel monde particulier mais selon le même monde unique donné là d'une part et en tant qu'existant d'une vie individuelle échappant à toute communauté, race, territoire, groupe humain, caste ou classe et valant en et par elle-même ; de quoi chacun fut rapidement et bien évidemment instantanément convaincu.

Il fallut donc élaborer l’architecture exigée par cette remise en forme du donné, de la vie, du vécu, et relationnel, du corps et de la réalité et du réel. Sujet des 25 ou 30 siècles précédents.

 

Le point-autre hors du monde

De ce que l'on soit avant tout un arc de conscience qui pointe intentionnellement là au-devant et dans son retour ramène toutes les choses et les êtres du monde dans son champ, intentionnel, phénoménologique, on en déduit ou suppose que le réel est formel, et puis ensuite déterminé comme ci ou comme ça. Autrement dit lorsque l'on existe on cible telle ou telle réalité, il en ressort une perception et cette perception est signifiée ; on accole un signe qui permet de distinguer, le bleu du rouge par exemple ; à partir de là on peut tisser toutes sortes de perceptions distinctes en tissant quantité de signes fabriqués.

Soit le groupe brode la perception, soit elle revient à l’individu. Si le groupe produit de par lui-même la perception, il croit en son monde. Si l’individu doit créer sa perception, il lui faut se reconnaître comme tel ; il lui faut reconnaître qu'il produit des signes ; ils ne se confondent plus avec un monde commun, et si l'individu se rend compte qu'il produit la représentation alors il devra constituer plus ou moins des règles, qui permettent qu'il se situe comme tel (il les produit volontairement et de son ambition propre) et se situant il saisit qu'il existe un monde en deçà de tous les mondes représentés, et qu'il existe une vie, personnelle, valant en et pour elle-même.

Pour que cette intentionnalité individuée (universelle grecque ou personnelle christique) puisse organiser sa représentation (sans quoi elle serait incapable de s’établir, de se maintenir, de continuer de se vouloir) elle doit orchestrer son déploiement ; la raison et le regard, christique, s’utilisent à cette fin ; ou si l'on préfère, croyant, dieu sous la forme du christ vient informer notre regard, celui de chacun, un par un, afin que chacun prenne conscience de soi comme organisant un nouveau réel, un nouveau champ et dans les deux cas, grec et christique, l'attention doit, se passant de tout monde humain ordonné au préalable, organiser cette attention nouvelle ; celle de la surintentionnalisation grecque (qui passe outre tout groupe humain particulier) et celle de l'intensification de l'intentionnalité (chacun devenant pour lui-même existant, et non pas noyé dans une communauté ; la communauté des croyants est médiatisée depuis dieu, depuis l'intention du dieu unique, qui est tout à fait formel, et depuis le regard christique, qui, lui, surprise, disparaît, s'en va et nous laisse « là », dans le monde et selon la vie de chacun).

Ce qu'il faut comprendre c'est qu'alors il est arrivé l’inexprimable ; « cela » qui n'a pas de représentation dans le monde donné là, et qui est ce à partir de quoi on va percevoir ; ça devient tellement « nous-même » que tout, dès lors, sera perçu à partir de l’individu, grec ou christique, ce qui se concrétisera absolument, cad formellement, avec la révolution (il n'y en a qu'une, selon diverses versions, la plus complète étant celle française qui lie la liberté et l'égalité, vers la fraternité ; universalité du jugement (et non exclusivement de la raison) et universalité du sujet (un par un). Remarquons que la version impériale de l'universel est la Rome antique et son État, son droit, sa raison, son jugement.

L'émergence de l'activité de conscience brute, de l'acte de conscience est cataclysmique pour tout monde humain particulier, clos sur lui-même, ayant inventé le langage, la représentation, les échanges, les rituels, les perceptions adéquates mais en lesquels, chacun, il faut être né maya pour comprendre le monde maya.

Pour se saisir comme un corps-tout-seul et comme donné dans un monde unique universel là, non.

Qu'ainsi cette transformation (la sortie de tout monde de mise en forme culturelle vers l’acculturation généralisée, fondée sur l'universel et le sujet, le monde unique et l'individualité) fut réellement et en totalité une ré-anthropologisation (qui prit différentes formulations évidemment, la plus importante étant balisée par Descartes qui instancie ici même qu'il y est un sujet, que le réel commence ici et qu’il ne faut attendre le réel du seul christique ou plus exactement il montre, Descartes, que le christique fut l'instanciation ici même du Commencement, ce que jésus précise amplement ; « ça a déjà commencé »). L'annonce du royaume ou de l’avènement de la raison participent de la même réflexivité qui prend conscience que c'est elle qui crée la représentation, l'organisation de la perception (par la surintentionnalisation grecque et par l’intensification intentionnelle du christianisme). Et cela doit être une « annonce », qui marque absolument, formellement, qu'il y a un renouveau absolu ; un changement totale de l'intentionnalisation du monde et de soi.

Évidemment l'intentionnalité de soi-même emporte la surintentionnalité universelle grecque ; elle est bien plus vaste, profonde, et pour le dire se situe à la racine même, antérieurement à toutes les autres ; tous les champs vont s'ouvrir par et pour le nouveau sujet, et ce sujet, qui crée la représentation, toute représentation, est ainsi suréminente le renouveau lui-même ; il peut incessamment surgir neuf et vide, ce qui veut dire non pas « néant » mais formellement existant. Ce que Descartes désignera comme instancié ici même (de là qu'il nous montre le devenir-sujet, en personne et in vivo).

Et donc aucun contenu (de conscience) n’atteint la structure du sujet ; elle prédomine en tout. Puisque c'est elle qui ouvre le champ de la réalité, donnée là (à laquelle on avait accès via le groupe puis selon la construction, le constructivisme de l'universel et de l'individualité) et du réel (cette dimension étrange). Elle est donc, et s’annonce comme telle, divine (aussi bien la pensée que dieu ou le christique). Toute représentation de cela même qui représente (c'est son activité) est impossible ; aucune partie du monde ou aucun contenu de conscience ne peut contenir la conscience. Celle-ci est indérivable ; de même que l'existence, on ne peut pas la précéder, puisque c'est à partir de là que tout le reste apparaît.

L'être humain est l'effet de cette fonction absolue (cad formelle) ; ce qui veut dire que notre origine est au-devant de nous. Elle vient de poser un point-autre qui installe la perception ; et nous nous connaissons, sous la forme « nous savons que nous existons » parce que nous nous percevons à partir de l'horizon du monde, de ce « lieu » autre qui est antérieur à tous les contenus. Toujours notre détermination y compris celle du vécu et du corps, mais aussi notre connaissance seront inférieure à notre savoir ; puisque nous ne pouvons pas actualiser ce qui actualise.

Penser ou se rendre capable du regard christique ou entrer dans le sujet et son infini, acter la révolution (et comment), saisir qu'il y a historicité du réel, avançant, décider non de sa vie (qui est reçue) mais de son existence, tout cela ne se peut que dans la possibilité de conscience d'intentionnalisation ; ce qui veut dire que le réel se crée, pour nous au moins, dans l'actualité. Et non pas dans les essences, les réalités, la détermination. Nous existons selon le régime de la représentation et la représentation (qui substitue à la perception immédiate, qui n'existe pas telle quelle ; une abeille perçoit son donné d’abeille) naît de et par l'intentionnalité.

Ce qui ne veut pas dire que tout soit « intentionnel » ; c'est via l'intentionnalité que l'on perçoit « entre les signes » autant que les signes eux-mêmes et on perçoit entre les signes parce que la finalité du langage, son utilisation, est précisément de faire-attention à ce qui arrive. L’intentionnalité enfourche la perception du vivant et ouvre celle-ci bien au-delà de l'adn ou du système biologique ou chimique, etc, en signifiant les perceptions ; ce qui veut dire que cette re- présentation prend la place du perçu immédiat, mais aussi installe un vécu et une conscience de soi comme créant des signes ; le but demeurant de percevoir ce qui dans l'actualité se présente et de l'enrouler dans une mémoire spéciale. À la fois partagée entre tous (le groupe) et d'abord permettant à l’individualité d’organiser et ce dans la perception même.

On remarquera qu'un tel hypothétique système (qui peut se réformer lui-même, ponctuellement, puisque c'est son utilité, puis plus largement, lorsqu'il prendra conscience de lui-même comme activité, de raison ou de conscience de soi) doit de fait s'organiser ; un système de signe afin d'obtenir un système de perceptions et que cette perception doit correspondre au donné et d'abord au groupe lui-même (de sorte qu'il perd en adéquation au monde ce qu'il gagne en adéquation au groupe humain).

On ne pouvait pas en rester là ; il fallait que l'on puisse disposer d'un système hors-groupe humain. À la fois quant à l'apparaître du monde et en tant que vie individuelle. Soit donc l'universel et le sujet.

Parce que si il n'existait pas de perception, il n'y aurait pas de réalité. Il y a réalité non pas afin qu'elle soit perçue, peut-être, mais la nature même de « il y a une réalité » est instantanément « il y a perception » ; les choses ne s'ordonnent que si elles se perçoivent, et si elles se perçoivent, elles sont organisés. Et l’étrangeté d'un être qui n'est pas, il n'est pas son être, puisqu’il est le rapport/à  - rapport à quoi que ce soit - y compris lui-même, sa propre apparition dans son propre champ.

Le redoublement de la perception, en quoi consiste aussi bien le rapport de conscience, creuse justement, dans l'apparescence du monde, un champ en plus ; et on prétend ici que ce champ, dit intentionnel, reprend le champ déjà réel que constitue le réel, en tant que le-présent. Il s'agit du même genre de dimension ; on dira même que l'on ne peut ni imaginer ni penser aucune autre sorte de dimension, que celle-là. Ce qui n’entre pas dans le champ de perception n'entre pas dans le champ de composition.

C'est ainsi que dans un sens la réalité est libre ; on ne peut pas la déterminer (de l'extérieur) parce qu'elle est l’extériorité ; il n'y a pas de loi hors des choses, les choses créent les lois parce qu'elles sont les lois (rien n'est indéterminé). Rien n'est indéterminé sauf le rapport-à-soi, lors même que l'intentionnalité est toujours intentionnalité de quelque chose ; puisque ça n'est pas ce qui est déterminé qui compte, mais ce vers quoi c'est déterminé ; on se détermine dans une finalité et cette finalité est, au final, l'horizon (pour cela on parvient jamais à satisfaire, parce que l'horizon n'est pas de l'ordre de la satisfaction).

En somme ni le monde, ni la vie n'apparaissent, hormis dans le grand régime de la séparation, qui est le nôtre depuis 2500 ou 3000 ans (la pensée grecque ou dieu), séparation qui s’impose lorsque l'on quitte tout monde humain clos, particulier et commun. Cette présence du Bord n’apparaît pas dans les mondes humains particuliers, mais depuis qu'il est signifié comme tel ; comme formel. Dieu, l’universel, le sujet ou le réel sont formels. Le réel c'est quand même cela qui porte les sujets au 20éme, et la révolution (et ensuite les libérations, jusqu'au grand début que sont les années soixante d'un autre-réel pour chacune des vies).

Aussi lorsque l'on réclame le « réenchantement » du monde, ça ne correspond plus à rien du tout ; à moins de supprimer la séparation, et pour nous cela signifierait abolir les mois. Qui voudrait se séparer de son moi, de sa vie vécue individuellement, de son existence prenant conscience de lui-même ? Une sorte de « communauté de rêve » ? Toute représentation en ce sens serait un faire-semblant (ce qui veut dire que l'on Imagine ceci ou cela, et non pas que ce soit réel, ça ne réalise rien, sinon cette image, cette imagination, ce regret, cette nostalgie, et autres diversités).

Le principe général est celui-ci ; ça n'est pas l'être ou le néant qui existent (ils existent tous deux et la question est réglée) mais le possible ; tout ce qui existe est aimanté par le Possible. Le Possible est la seule formulation réelle ; les autres sont des stations et de toute manière formuler en tant qu'être ou dieu figé ou absolu logos, toutes les figures se remettront en mouvement ; tel le un de Plotin, qui soit émane soit participe, soit procession du un vers la réalité, soit participation, retour du vers le un.

Il ne faut donc pas concevoir, se représenter la réalité comme étant « là », et puis ensuite se demander vers quoi elle va ; elle y est déjà. La détermination n'est pas en elle-même (il n'est rien en repos nulle part et en aucune manière) ; ce qui existe est le mouvement et le mouvement c'est cela qui se dit dans tout ce qui est (l'être est relatif à l'existence) et se dit encore plus en cet être étrange qui est rapport à soi, et qui donc contient le « rapport » comme tel, comme absolue catégorie unique du réel.

Et ça n'est pas sans effroi ou conscience de la toute-puissance, toute-potentialité du réel que l'on entre, pénètre, avance dans la structure de l'attention ; ce à quoi l'on fait-attention est l'arcane qui architecture tout ce qui arrive.

La structuration du moi quant à elle ne porte attention qu'à ce qui lui tombe sous les yeux. Il s'est réfugié dans le monde, le vécu, le relationnel, les choses et les objets, ses désirs chéris ; ne supportant plus non seulement dieu, l'universel, le sujet et le réel (s'environnant d'une réalité fantasmatique) mais surtout incapable de concevoir, prévoir, organiser (et encore moins coordonner avec tous les autres) une stratégie.

La stratégie est cela qui rend le possible encore possible (de même que Lacan clôt une analyse par ceci « que cela puisse continuer de s'écrire », la vie personnelle de l'analysant, continuer de vivre, si l'on préfère, sous-entendu  que ça ne s'écrivait plus, ça radotait et, sous prétexte de sécurité, c'était la douleur effroyable, mais non forcément spectaculaire, du coinçage).

Le sujet peut tout à fait reprendre pour sa part, unique, à la fois dieu et l'universel ; c'est du reste ce qui s'est passé ; par la révolution dans les faits, par Descartes selon la philosophie, et via mille représentations selon l'acculturation depuis Montaigne ou qui l'on veut, Renaissances, etc ; révolution qui est évidemment l'engendrement du Royaume (liberté-égalité-fraternité) ou de la République (Platon, l'individualité en plus, ce qui change beaucoup de choses, cad de possibilités).

Il s'agit de la même structure ; au sens où quel que soit votre monde, ou votre civilisation ou votre vie, ou votre pensée, il n'est qu'une seule et même structure de conscience, laquelle est originelle, antérieure à tout monde, pensée, vie humaine (tout apparaît dans et par la structure intentionnelle, qui reprend la perception d'un vivant, l’intègre dans son champ).

La structure elle-même est une étrangeté absolue ; non seulement au plus proche du plus proche mais antérieure à tout ce qui est vécu, désiré, éprouvé, imaginé. De même que le présent est une arche de potentialité interne et avant toutes les réalités ; plus proche que le plus proche de tout le reste (qui s'ensuit). Aussi existons nous toujours dans l'antériorité et tout le reste se donne comme effets ; or nous ne saisissons que les effets ; et c'est uniquement par recours interne, par re-pli vers le pli qu'est l'arc de conscience, la structure, laquelle ne peut être que supposée, jamais atteint, puisque c'est par quoi on atteint tout le reste. De ceci que l'on ait à se fier, se confier, se convertir ; à dieu, à l'universel qui exige que nous nous décentrions, au sujet de liberté et d'égalité, au réel comme la-plus-grande structure ; c'est la seule manière d'outrepasser la cage du moi (ou autrefois la tenue du groupe, de la communauté, de l'entre-soi, du monde-parlé-échangé-perçu dans le cercle particulier).

Il n'y a aucun autre moyen que de convertir, transformer l'attention (qui autrement se limite au donné).

Il nous vient de l'arc de conscience que l'on existe (et que l'on n'est pas, notre structure n'est pas du registre de l'être, qui est second, effets dans le pli de structure du présent et de l'arc), il nous vient donc une unité vivante, existant de par soi ; ici cette structure peut tout à fait nous différencier, splitter l'intentionnalité elle-même et donc toutes les intentionnalisations du vécu, du relationnel, de l'esprit ou de l'historicité. Elle se présente toujours comme révélation ; qu'il y a une Dimension antérieure. Quant à savoir si cette dimension est en elle-même sur-existante, c'est l'affaire de chacun ; on se borne (depuis que la philosophie est philosophie) a repérer dans le donné, l'historicité, le vécu ou la pensée les effets de cette structure.

On remarquera l'immense mise en abîme que Hegel a pu réaliser ; puisqu’à partir de Descartes le sujet se désigne, et donc on acquiert une perspective-autre, qui permet d’objectiver les contenus de conscience (et non plus seulement de les produire, créer par la pensée, ce à quoi s’employer la pensée métaphysique, jusque Descartes) ; cette objectivisation se concrétise ainsi en deux énormes phénoménologies (le devenir de la conscience et ce qu'il nomme le savoir absolu de toutes les positions de contenus de la pensée). Il faut admettre que depuis Descartes il ne s'agit absolument plus de penser de la même manière ; nous sommes hors de nous-mêmes ; là où nous nous sommes toujours tenu et à partir de laquelle position il nous a été donné de penser, de reconstruire, d'élaborer un État (romain par ex), une communauté en-esprit (christianisme, ce qui n'est plus une communauté globale mais verticale), une recherche constante (Renaissances, carolingienne par ou celle moderne du 14), aventures sidérantes individuelles ; tout en vérité doit être repris et relu comme expérimentations réelles et concrètes ; sinon pourquoi tout ce matériel serait-il notre Historicité ? Pourquoi Shakespeare manifeste-t-il précieusement la spécificité des anglo-saxons, à savoir la liberté et l'individu ? Pourquoi les français restent-sils toujours dans la mesure et donc dans l'égalité des libertés, ne s'autorisant pas vraiment le « non sens » anglais ?

La vérité est que rien ne s'est effectué au hasard (sous condition d'un sérieux et d'une rigueur suffisante) et que le système qui existe-vraiment est le système des libertés ; une liberté n'existe (et d'abord pour elle-même) que si elle s’organise (sinon ça n'est que fantaisies, imaginaires, voire images).

De la création d'intentions semblables à celle, unique, de dieu (de sorte que se duplique l'unicité, étant formelle, sa duplication est parfaitement cohérente et brute, en charge de pureté, de saintetéde justice) en passant par la systématicité de l'intentionnalité universelle (les idées sont des intentionnalisations déployant le monde sous nos yeux), jusqu'à la réalisation effective des sujets (via le christique, Descartes et la révolution), et ce jusqu'au moi, qui est instancié par son sujet et qui ne parvient visiblement pas à le signifier, de sorte que le moi demeure coincé dans son « monde », qui tend à n'être plus capable de signifier l'horizon réel du monde réel, à n'en gérer que le fantasme ; puisqu'il n'est plus même capable de produire une tactique et encore moins une stratégie. Pour inscrire une stratégie il faut prendre de haut et tout, absolument tout de ce monde humain, des sciences aux mass médias, des libérations (du moi-même) aux éventuels « événements » d'insurrection, nous ramène au plat donné là, à votre sombre détermination, sans lumière puisque ça n'est plus éclairé, c'est jeté dans l'obscurité, c'est non plus que vous ayez un accès à la conscience de soi ; il y a belle lurette que vous n'avez plus la possibilité de la conscience, vous êtes juste ce moi et ce vécu et la mort prochaine que l'on couchera dans le noir et le définitif effacement ; il ne faut pas que votre vie ait, de par elle-même, la moindre valeur, ontologique ; c'est non plus que vous ayez un accès à la conscience de soi donc mais claquemurés dans l'identité, cette essence je m'appelle un-tel et voilà ce que je suis. Mais nous n'avons rien à voir avec le moi …

Rien du tout.

Il faut abandonner le moi, le sacrifier ; c'est quand même par cela que toute cette historicité commence... Or il ne s'agit nullement de se laisser mourir. Il y eut cette mort, celle du christ, pour que justement nous puissions arguer d'une stratégie dépassant la mort inutile. Que le christ soit effectivement ce qu'il dit ou une figure interventionniste du réel, dans sa logique, au cœur du monde, du vivant, du corps peu importe. Le moi refoulé mais non pas l'abandonner pour de mauvaises raisons. Pour de bonnes. D'abord il ne mène nulle part ; il est totalement légitime (c'est une conquête) mais il ne peut se limiter à lui-même (et donc c'est non d'un ordre extérieur qu'il doit ou pourra, tout simplement, s’instituer ; il ne peut pas être décréter du dehors, or précisément les mass médias ou les objectivités, elles, ne se gênent pas pour imposer leurs consciences à chaque conscience, ne la définissant par le moi, le biophysique, la perception, les objets).

Et ensuite et surtout il n'y a qu'un devenir possible pour le moi ; par en haut.

Par en-bas, il peut rassembler et étreindre toutes ses bassesses, ce sont juste des parties, des morceaux de monde, des bouts de trucs, ou des astuces psychiques, et des images de noirceur, qui ne brillent que superficiellement.

Dit autrement il ne s'agit pas du tout d'entonner la plainte habituelle de ceux, bien à l'abri, bien au chaud, égrainent la nostalgie d'un temps passé, ou d'une communauté chaleureuse ou d'un regret holistique rêvé, imaginé ; personne, personne n'admettrait que l'on supprime son moi, sa capacité de vie. La question ne tient pas par ce regret illusoire, et faire-valoir, mais d'élever le moi vers le sujet ; que la source des désirs, de tous les désirs qui ont envahi le monde (et piller toutes les ressources, humaines et naturelles, les épuisant au sens global) se reprenne elle-même et qu'à l'origine, dans l'antériorité le moi se régule, ce qui signifie qu'il se réoriente ; de toute manière il n'y a que le moi qui ait accès au sujet, rien d'extérieur ne peut, opérativement, modifier l'arc de conscience, sinon cet arc lui-même ; il est dans la dimension antérieure qui n'appartient pas au monde, au vécu, au corps.

Mais par en-haut c'est très complexe, parce que c'est une architecture hiérarchique ; hiérarchie interne au sujet ; on ne peut pas seulement tenir dieu, ou tenir l'universel, ou exister comme sujet ; les trois possibilités sont appelées. C'est une Historicité, pas une plaisanterie. L'historicité sert à mener cette stratégie et non pas simplement jetée là au petit bonheur. Ça ne peut pas ne pas être compris, admis, intégré, et qui requiert radicalement toutes les explorations. De là qu'il faille prendre au sérieux toutes les pistes ouvertes. La Méthode, générale, historique, est d'être saisi de tout ce qui, sérieusement, fut entraperçu, et de ce qui fut envisagé comme de juste qui fut écrit, noté, compilé, rassemblé, et le chemin balisé, l'ampleur de la dimension cartographiée. C'est son utilité même. Puisque rien n'est au hasard.

La logique du monde, de la réalité semble partir dans tous les sens, mais la logique du réel, requérant une rigueur, interne, non. Il n'est aucun moyen de passer outre ; aussi participe-t-on à cette intention, ou on essaie d'y résister, en empruntant les chemins qui tombent.

Et la hiérarchie nous tombe dessus puisque cette conscience dans un moi, elle est au ras des pâquerettes, sur le sol-même, à demeure. C'est le sujet dans un moi qui découvre que l'existence existe ; de Kierkegaard à Sartre ; ça lui frappe les yeux, le réel est réel. Ce qui veut dire que le réel existe et est Autre. Et ce qui n’apparaît pas dans l'existentiel, c'est que moi-même, qui perçoit cette altérité, elle m'est semblable, je suis rigoureusement Autre, et à commencer Autre que moi-même. Et aussi insituable soit-elle cette Altérité est justement ce à partir de quoi je perçois, tout le reste. L'anfractuosité est cela même qui existe et le reste ses effets ; il n'y a rien avant l'anfractuosité. Il y a l'anfractuosité et ensuite tout le reste.

Le problème n'est pas l'être ou le néant, il n'existe de problème que celui du Possible.

La nature même du réel est la Possibilité.

Que je sois selon l'altérité, et cela signifiant que l'altérité non seulement est constitutive mais qu'elle crée qu'il y ait une réalité, veut dire que « ce qui est » (de manière général) est une articulation, et qu'il m'est donné d'actualiser cette articulation. Je ne me saisis jamais, je suis saisi par en-avant ; assigné dès le début à la réalisation, à la possibilité, et tout n’apparaît que dans la dimension. Non pas un Être qu'il faudrait rejoindre, mais la Possibilité qui doit se déplier et ne s'acquiert que volontairement, intentionnellement. De sorte qu'il ne s'agit pas de « vouloir » mais de prédisposer l'intentionnalité ; ce qui se qualifie de stratégie ; la prédisposition.

Si la perspective de l’ensemble n'est pas posée dès l'abord (par dieu, l’universel, le christique, le sujet, la révolution, le réel), on prendra toute annonce, de dieu, de l’universel, du sujet ou du réel pour un énoncé et non une annonce (et on restera extérieur aussi bien au divin qu'à la philosophie, à la révolution ou au sujet, au réel ou à l'antériorité, comme elle commence de se faire voir par Sartre, entre autre), donné-là dans le monde ; la structure est indécidable sinon selon l'amplitude de l'intentionnalité.

Et le plus souvent c'est le réel, dieu, le sujet ou l’universel qui s'annoncent eux-mêmes : ça vient comme ça. On se voit à partir du plus loin. Parce que si la dimension existe réellement et est antérieure à tous ces/ses effets, alors c'est du point infiniment éloigné et ce fut toujours à partir de là que l'on a perçu. La dimension se déploie et c'est presque entièrement que l'on voit, en une milliseconde infinie.

Imaginons l'éveil des philosophes grecs qui découvrent qu'il est possible de créer les contenus (alors que dans un groupe humain, le contenu est là, comme monde commun). Ou la compréhension soudaine que oui chacun dispose d'une vie et qu'elle vaut en et par elle-même, christique (dans un monde humain antique intégralement catégorisé). Ou que décidément nous sommes libres et égaux et que c'est, cela, Le Système Réel des Libertés.

L'impression que cela incruste est non oubliable. Elle insiste, insistera toujours à la racine même de toutes les intentionnalités ; elle est, dans le champ, plus importante que toutes les perceptions du monde, du vécu ou du corps.

Enfin cela dépend … de l'investissement que vous lui fournirez. La question est : vous confiez-vous à cette intuition de structure du réel (de dieu, de l’universel, du sujet) ?

Et il n'y aura jamais de repos parce que c'est le mouvement qui existe et que le mouvement se meut ; et que, quoi que vous fassiez, vous vous mouvez (remplaçant seulement le réel et unique mouvement par quelques velléités). Et le mouvement deviendra, encore, en plus, encore plus lui-même. Si l'on ne s'ajoute pas au Un, à quoi sert-il, à quoi servons-nous ?

Et le Un lui-même s'ajoute toujours plus en avant de lui-même ; il n'est pas une adoration, ni un repos, ni une béatitude, mais l'avancement du réel pur et brut. Une difficulté.

 

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Historicité de l'humanisme

16 Mai 2020, 08:21am

Publié par pascal doyelle

Depuis la révolution, après s'être cherchée, l’humanisation (qui se référait donc à l'universel) a enfin découvert que sa poursuite s'effectuerait par la personnalisation ; c'est ce que l'on nomme les Années Soixante, dont tout le monde se demande en quoi elles consistaient mais puisqu'affectant la totalité de l’humanisation, aucune définition limitée n'était adéquate. Il s'agissait d'un phénomène total. Et qui inventa, de lui-même, sa propre mise en forme culturelle ; la norme n'était plus l'universel (et éventuellement la révolution) mais l’individualité, son moi, ses œuvres, ses images, ses angoisses, ses désirs, et tout ce qui s'ensuit.

Personne ne songerait sérieusement à revenir en arrière. Cela qui équivaudrait à se priver de sa propre vie, au sens où nous l'entendons désormais, et peut-être plus pour très longtemps. Le sens de l'humanisation était de tout temps d’aboutir à une personnalisation, serait-elle excessive et folle, douloureuse ou idéalisée ; à quoi bon un monde humanisé si ça n'est pas pour s'y ébattre joyeusement et « être soi-même » ?

Évidemment tout ce mouvement anthropologique est fondé sur le principe qu'il existe une nature humaine (ce qui est vrai) et qu'il existe une individualité (ce qui est exact tout autant) ; sauf qu'ils ne sont pas consistants ; ils n'existent que pris dans le mouvement de structure bien plus vaste ; il existe un corps pour chacun, un vécu et relationnel, un monde et l'horizon dans et par un champ intentionnel, qui signifie. Et si on manque la tension structurelle (celle qui tend l'intentionnalité), alors il arrive une espèce de catastrophe interne à celle-ci, qui, puisque l'intentionnel crée tout le champ, déboule et déroute, au sens de routeur, l’ensemble de toutes les intentionnalités, pas seulement une ou deux mais toutes. On aime à dire que ça part vers le bas … Ou que ça cause dépression et angoisse (le manque du manque, on ne « désire » même plus, on ne sait plus intentionnaliser quoi que ce soit).

Ce que montrent tous les épisodes ou les images de noirceur sans fond ; parce que le « fond », la finalité est « au-devant » et « en haut » et pas dans la résolution d'un passé du moi-même psychodramatique et « en bas » .

Ce qu'il y a en-bas c'est la disparition, la dissolution, l’effondrement indéfini (puisque le néant ne peut pas nier l'être, c'est juste que l'être n'en finit pas de terminer). Si on supprime la tension de l'intentionnel, si le moi croit qu'il existe substantiellement, selon une identité définie, une nature humaine ou une destinée individuelle exclusive, il cherche sans relâche une « vérité », laquelle n'est pas en-bas mais en-haut et donc « pas encore là ». Mais si il se délimite dans le monde, le vécu ou le corps, il restera immanquablement éberlué.

Et si elle est au-devant, alors elle n'est pas du monde mais du réel, lequel n'est pas une encore-plus-grande réalisation selon le monde (qui de toute façon retomberait tôt ou tard) mais une réal-isation de la forme de conscience.

Soit donc la régulation ou l'ouverture de cela même qui autorise qu'il y ait un monde, un vécu, un corps. On a voulu court-circuité la structure, et croire que ça se résoudrait dans le monde, parce que cette manière n'impliquait pas que l'on réfléchisse... que l'on soit non plus les images mais le miroir et qui est incomparablement plus difficile ; surtout en cela que l'on ne saisit pas le miroir, on en est saisi ; on retrouve donc « l'humilité » ou le décentrement ou l'abandon face à plus-grand-que-soi, par quoi, seulement, l'on est sauvé ou illuminé ou entrant dans la compréhension ; c'est une faute d'orgueil donc, de vanité, de limitation éthique du moi.

Tout ces explorations que l'humanisation puis la personnalisation se sont empressées de renier ; puisqu’il s’agissait d'obtenir ici dans le monde leurs réalisations, leurs concrétisations ; mais c'est non pas au sens de la matérialité (comme si la « matière » possédait quelque sens que ce soit pour nous, pour un arc de conscience ; tout apparaît sur la scène de l'intentionnel), mais au sens de matérialisation de nos intentions …

Comment a-t-on pu croire que l'intentionnel structurel pouvait en quelque manière s'inscrire dans le monde et le donné ? Il fallait les deux idéologies universelles et humanisantes, libéralisme et communisme, puis la sorte d'immense galaxie de l'individualité triomphante, une fois que les deux précédentes se furent rassises, pour nous convaincre de la pseudo véritable réalisation dans le monde et le vécu. Non que tout cela fut inutile, mais bien que toute cette prolixité devait se mesurer elle-même... et non pas se laisser-aller au n'importe quoi. Ce qui revient à dire ; à ne pas croire tout ce qu'elle voyait, désirait.

C'eut été le minimum.

La pensée grecque, le christique, Descartes ou Robespierre n'entendaient pas qu'il faille s’abandonner à n'importe quoi. C'est né de et par le milieu du dernier siècle (mais le 19éme et ses empires avortés et son impérialisme extérieur et intérieur n'est pas en reste). Ça n'avait qu'un fondement naturaliste, rationaliste, réaliste, selon le principe que le donné expliquant seul le donné, alors il devint naturel de désirer et décider à peu près ce qui nous passer par la tête et que « forcément », étant selon la réalité donnée, c'était légitime et assuré. Ce qui est faux, parce que l'être humain se signale quand même de ceci qu'il désire toujours hors, en dehors du monde, mais aussi hors du vécu et aussi hors du corps … c'est de la grande drama, du cinéma, de la fiction, cette histoire, une hystérie, une épilepsie.

Si l’on ne découvre pas un point d'attirance qui aimante l'arc de conscience hors de la satisfaction (supposée, hypothétique, hypnotique, imaginaire, idéalisée ; elle est hypnotique parce que si le corps ne comprend pas l'arc, l'arc ne comprend pas la satisfaction du corps) du corps, on continuera de désirer (pour prendre cette typologie généralisée et idéologiquement généralisée) de désirer tout et n'importe quoi et n'importe comment ; sans jamais acquérir l'objet de désir (purement fantasmé) et jamais sans réelle satisfaction (ce qui jouit tombe dans la dispersion du corps, du donné, du vécu, du monde, y compris la gloire ou le pouvoir ou la domination, qui sont tout à fait secondaires et sans apport réel ; qui ne se propagent pas comme la liberté et ne se partage pas comme la vérité).

On a cru que dans la matérialisation de nos intentions, on s'y retrouverait. Rien du tout. Et la noirceur a tout envahi. Puisque l'on sait bien que ça ne correspond pas ne correspondra jamais. Il y a une non-correspondance structurelle. Puisque la structure est antérieure au monde et ne peut pas trouver dans le monde sa résonance ; son retentissement oui, au sens qu'une fois acquise la forme de structure elle aura des effets (notamment faciliter la vie aux humains), mais surtout pas lorsque ces effets seront pris pour la réalité et la seule réalité … c'est s'y enfermer à jamais. C'est se re-tourner vers la forme de structure, antérieure, et réfléchie (du miroir même) qui compte, non les images prolixes et mondaines qu'elle suscite ou rend possible. Aussi les Œuvres (esthétiques, éthiques, politiques, ou philosophiques ou idéelles) sont celles qui non seulement se donnent comme Images, mais également qui contiennent le Miroir et appellent en chacun qu'il devienne un Miroir, ce qui est considérablement plus difficile (que le simple fantasme).

Parce que se re-tourner, c'est en quelque manière abandonner de croire que dans le monde, le vécu ou le corps il y a quelque Réel ; le Réel n'y est pas (de là que par ex entre le christique et le monde, il faut choisir, ou que le sujet philosophique soit si exigeant éthiquement ou que l'on ne improvise pas vraiment poète).

Et remonter dans la structure c'est reprendre les explorations déployées au travers de l'historicité ; soit donc, pour nous (en tout cas, sans préjuger des civilisations que l'on connaît peu), revoir à nouveau dieu, l'universel, le sujet et le réel. Respectivement l'Intention, l'extension des intentionnalités (les idées), l'implication de l'intention en chacun (le christique), la position de chacun sur un seul plan donné « là » (le sujet, l'infini et l'étendue cartésienne).

 

Rappelons que l'Intention, (dieu) permet de réunir tous en une seule nation (le judaïsme, en lequel chacun est convoqué en tant que lui-même, et on ne peut pas se dire libre sans libérer tous les autres, en l’occurrence toutes les autres nations ; c'est, dit autrement, que dieu, monothéiste, n'est assigné à aucune immédiateté, il n'est pas Ra le soleil ou ni même Zeus, un « homme mais immortel », quoi que l'on saisit de fait que la mythologie grecque est en elle-même « humaniste » et les dieux affectés des passions humaines ; le dieu unique est sans représentation puisque pure Intention qui appelle à soi l'intention de chacun ; le Un tout-autre, antérieur à toute détermination et qui suscite en une détermination spécifique, l'humain, qu'elle soit également une intention).

Que si cette intention plutôt que d'élever hors du monde (créé de A à Z) s'inscrit en chacun dans un phénomène de reconnaissance (le regard christique crée votre âme, pour ainsi dire, dans la conversion, et qui s'active dans l'actualité de votre soudaine reconnaissance, un se-savoir qui n'est pas une connaissance, grecque, plus grande qu'une connaissance) alors vous devenez pour vous-même un sujet, un réel effectivement doté d'une représentation qui se signifie, cad d'une intentionnalité, et capable de produire une ou des stratégies (qui échappe à telle ou telle mise en forme culturelle ou telle société ou tel groupe d’intérêts qui divisent l'humanité de chacun ; ni esclave ni libre, ni homme, ni femme, etc).

Individualisation qui se doublera d'une ré-inscription ; non seulement un regard vous crée comme personne mais cette personne que vous êtes soudainement se-sait ; Descartes rend pensable (fait entrer dans la manifestation, dans la représentation, dans l'acculturation généralisée) que vous puissiez admettre qu'il existe, possiblement, un réel déploiement de votre existence (et non plus « seulement » d'attendre le christ, en vérité Descartes ré-instancie le christique absolument ; il faut que vous soyez libre pour librement vous tourner vers le christ, si vous êtes croyant ; le christique n'est pas une « adoration »). Ce qui sera suivi ensuite par la description de cet être intentionnel transcendantal spécifique (Kant) et de ses développements historiquement réalisés (Hegel, et ses deux phénoménologies).

Viendra ensuite le réel ; lequel consiste à matérialiser nos intentions ; ce qu'est le cadre général de cette réalisation ; la Constitution, la révolution ; d’abord comme humanisation puis comme personnalisation ; mais tout autant à obtenir une perception indéfiniment détaillée des réalités, l'accélération des sciences, techniques, des moyens de communication, la multiplication prolixe des images et des enregistrements et transmissions et cette soif de Voir ce que l'on Est. Le miroir incessant de toutes les images (au sens large, musiques, littératures, cinéma, photographie, etc).

L'autre nom du moment du réel est tout aussi bien la réal-isation (de toutes nos intentions dans le monde, le vécu et le corps), ou encore de concrétisation de toute la réalité, la matérialisation de nos intentions que les connaissances de toutes les réalités (objectivement). Au point de croire que le réel est cette réalité ; ce qui est vrai mais pas seulement ; il existe un reste qui n'est pas du monde et que l'on désigne comme étant le Bord du monde ; ce à partir de quoi on perçoit (et non pas seulement ce qui est perçu, que l'on tend à admettre comme seul existant, faussement).

De même plutôt que d'en rester à un sujet tel quel, on avancera dans la structure-même de ce sujet et dans son lieu, le « là », le monde (pour Descartes), la phénoménalité et le transcendantal (Kant), par lesquels ce sujet existe ; et on avancera soit imaginairement, Nietzsche et Heidegger, soit analytiquement avec Sartre et Lacan (les possibilités de structures du sujet, Sartre puis la structure interne en un corps vivant, qui souffre de ce qu'il soit un arc de conscience, ce qu'un vivant ne comprend pas du tout, Lacan).

 

Mais dans le basculement (qui file en droite ligne de Descartes ; qu'ici et maintenant le réel, l'ontologie, s'instancie et qu'il ne faut plus seulement attendre qu'au-delà elle soit) on s'amourache, se livre, s'abandonne à la réalité ; soit donc au monde-étendue qui est le « lieu » en lequel vit, respire le sujet.

Quelque réel (et non plus seulement quelque chose à partir d'un réel infiniment éloigné, dieu ou désormais reparti, le christ, qui nous libère la place pour ainsi dire ; « moi je m’en vais, débrouillez-vous, mais on se reverra ». si il s’en va, c'est pour nous donner à nouveau le monde, le vécu renouvelé et le corps purifié, le pardon remplaçant le jugement, par lequel on était toujours condamné et pécheur ; le pardon ouvre infiniment l’intention divine et nous rend à nous-même à condition que nous en soyons dignes ; le pardon ou « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » veut dire « élevez-vous, élevez votre intention et vos intentionnalités, votre perception même comme je vous ai élevé le regard »)

Quelque réel donc se produit (depuis Descartes) ontologiquement dans le donné, le monde, le vécu (d'abord la structure du sujet, le se-savoir, puis ce sera le monde et l'humanisme, puis le vécu et le corps et la personnalisation ; que le sujet soit-ici veut dire qu'il est possible de vouloir et percevoir le monde tout entier et tout le vécu, ça n'est plus une salle d'attente pour l'au-delà ; c'est ici même). Ça n'est plus seulement la multiplicité et l'accidentel et le simplement mondain, mais le réel, au moins, d'un sujet ; le se-savoir se distingue de la connaissance ; qui était relative à la pensée, tandis que dorénavant la pensée est ramenée à une volonté et plus tard à un dispositif, kantien ; le sujet, dit transcendantal, déborde la seule pensée, s'étend à la perception, au jugement, à l'esthétique, à la décision, etc ; et ce jusqu'à Sartre qui reprendra la phénoménologie et considérera qu'il s'agit, la conscience, d'un ressort, d'une articulation instancié en un corps (avec toutes ses facultés, possibilités de vie, vécus, imaginaire, engagement, choix, invention de soi, etc), en une vie qui se transforme comme encore plus existante. Ou précédemment encore plus voulue, c'est l'effet-Nietzsche ou encore-plus angoissante, c'est l'effet-Heidegger.

 

Si l’existence de chacun effectue réellement une unité (qui est hors la pensée métaphysique, hors la scolastique, hors la théologie, hors donc l'universel) c'est que cette existence en sa structure est pareillement universelle (partagée par tout chacun) et universelle en un sens encore-plus-grand …

imposant cette logique que le réel tel que donné-là vaut en et par lui-même et que si dieu existe (et Descartes tient que oui) alors il est non le système-de-la-connaissance mais le système des libertés … ce qui est bien au-delà de tout ce que l'on imaginer.

Descartes a pleinement conscience que son dieu à lui entame une bien plus profonde et exigeante possibilité que le dieu-de-connaissance, et par ailleurs c'est pour cela aussi qu'il est un mathématicien et un savant ; la connaissance pour lui n'est plus limitative à la réalité qui rassemble toutes les réalités (le discours théologique, l'idée rassemblante de l’Être, introuvable)

mais que se présente là-au-devant toutes les réalités (sans aucune réalité-une qui unifierait les dispersions, Une-Réalité qui unifierait, on ne sait comment, les réalités). La réalité unique était assurée dans un discours (sur dieu et la métaphysique, confortés par la théologie formidable qui reprend toute la métaphysique grecque), mais les-réalités se répertorient dans des discours divers et adaptés à chaque domaine, tous possibles et séparés (les sciences et les mathématiques, sans parole, sans texte, sans notions, sans idées).

Mais si le sujet cartésien est structuré (de même que kantien et hégélien sous la forme du Savoir absolu, la conscience de soi de toute la conscience existante), le sujet sera ensuite réduit à son squelette ; un simple je que l'on n’interroge plus. Et c'est légitime ; la révolution n'institue pas un sujet de raison, mais un sujet rendu à lui-même capable non de penser (au sens de la connaissance et de la philosophie) mais capable de jugement, excessivement libre et autonome, souple et volubile.

Or un tel sujet minimum n'a plus affaire qu'au monde, au vécu et au corps ; et plie l'intentionnalité non plus vers le haut d'une grande stratégie (ontologique) mais selon un développement de toutes sortes d'intentionnalités dans le monde. Et se percevra, à tort, comme un donné-là comme tout autre donné-là. Déterminé (et ayant à seulement réaliser le bonheur de cet être déterminé, sa satisfaction uqi ne viendra jamais, ce qui ne veut pas dire que l'on renie la vie facilitée par les effets de la structure acquise, qu'ici et maintenant le sujet soit, mais ce sont des effets d'une cause et cette cause dorénavant oubliée et cherchant, à s'épuiser et éreintant le monde, les vécus (et les autres) et les corps, cherchant sa dimension introuvable selon le monde, le vécu et le corps).

Mais ainsi la « vérité » elle-même n'a plus d'épaisseur ; ce que l'on nomme vérité depuis le 18éme ce serait la réalisation de notre nature réaliste, mais justement ça n'est pas par là que nous existons. Et donc cette « vérité » de l'humanité, et de chaque moi, fut au contraire le fer de lance qui a pu anéantir la tension en supposant que l'on obtiendrait satisfaction, de même sorte que le corps est imaginé potentiellement, de par sa nature, comblé, épanoui, ou enfin « lui-même » ; ce qui n'est pas, ni ne peut être. Aucun corps vivant ne supporte de par lui-même la potentialité de l'arc structurel de conscience. Parce que l'être n'existe pas ; c'est l'existence, le mouvement, qui existe. Et le corps emporté par le mouvement se perd de vue.

Sans épaisseur, le mouvement peut s'analyser en tant que structure ; non essentielle, sans substance mais hyper active, activiste, la structure qui cause quantité d'effets et de possibilités, et ces possibilités constituent justement la réal-isation et l'humanisation puis la personnalisation. Le déploiement de tous les possibles à partir d’un sujet.

Lequel étant à la base de l'Intention (dieu, ou l'inverse est reconnu par le croyant, notre intention à l'image de l'Intention) et de l'universel (c'est un sujet qui pense, et comme la dite structure est hyper objective elle rend possible l'universel en tant que tel ; le sujet est un rapport, extensible infiniment par structure), semble en mesure de se passer de tout le reste ; la liberté est à elle-même son rond-point.

Ce qui serait tout à fait légitime, si cette structure continuait de se dessiner en tant que cadre absolu du réel en tant que sujet et si la Constitutionnalité des sociétés était respectée et non pas vendue à la corruption généralisée des intérêts du monde) ;

mais ouvrant la porte à toute l'étendue du monde, tout le vécu (et le relationnel), tout le corps, elle s'emplit d'immédiatetés et d'autant plus que cette fois il s'agit de sa propre activité et qu'il lui est nécessaire de s'y motiver, de s'y investir. Et cet investissement, idéalement, requérait de monter une méta-stratégie qui subsumerai les intentionnalités immédiates, de sorte à les médiatiser structurellement et que l'on puisse les organiser, mais c'est de cela même dont nous nous sommes révélés incapables. Incapables de créer une pensée, une réflexion, une réflexivité et donc une coordination de tous et de chacun ; une société industrielle, technique, hyper développée, soit elle se régule (et élabore l’intentionnalité adéquate à cette régulation) soit elle se laisse aller à toutes les facilités, qui sont aussi toutes les corruptions, dans les sens de morale et de dégradation, physiquement, énergétiquement, chimiquement.

De là que se soit imposé l'idée maîtresse de « désir » comme répétition ontologique de substitution ; mimant un naturalisme et un réalisme, alors que jamais ne fut observé un vivant animal égrener une telle sorte de « désir ». aussi la régulation aurait du s'effectuer comme réflexivité, et très réelle compréhension de notre être comme non pas donné-là, partie du monde qui trouvera sa satisfaction, mais comme autre-que le monde, le vécu et le corps et donc appelant une élaboration structurelle (et un surcroît par ex de Constitutionnalité des sociétés ou une hyper-psychologie, ou une vraie saisie intentionnelle de l'intentionnalité, hors desquelles compréhensions nous sombrons dans le donné et des intentionnalisations prisonnières de leurs propres réussites apparentes).

 

Ce que l'on va se donner comme représentation de soi, depuis que le moi s'est installé profondément comme l'essence même de l’humanisation, sa raison d'être, interprétée dans et par l’acquisition nouvelle du monde, du vécu et du corps (qui auparavant étaient médiés par la représentation religieuse, théologique, chrétienne puis une tentative de sujet réel) ; il y a une universalité humaine afin que chacun soit lui-même (ça n'est pas si évidement parce que le communisme pensait, en restant sur la position seulement universelle, que le genre humain se réalisait et non pas « chacun » ; de la liberté-égalité les anglo-saxons retiennent la liberté exclusive et les communistes, l'égalité) ; depuis l'installation du moi dans l’histoire donc celui-ci va considérer son « être », son identité comme seule réelle, et ainsi toute représentation signifiera à la fois sa réalisation (sans aucun doute) mais tout autant se tiendra comme signes du sujet.

Grosso modo la libération, les libérations tiendront lieu de révolution. Par ces libérations on « patientera » pour la révolution (cad la continuité de la restructuration via la Constitutionnalité des sociétés, par quoi la révolution n'est jamais terminée ; les français mirent 2 siècles pour aboutir à un État collectif et libéral à la fois, lequel est l'objet de toutes les attaques par la Domination libéraliste déchaînée et dégradante, dégradant tout, littéralement).

Ce qui permettra ou obligera à geler l’histoire ; impossible de révolutionner universellement si le réel est strictement assigné aux mois humains (et à la « nature humaine », fixée dans le donné et non pas libre en soi). Ce qui est évidemment en partie faux ; on n'a juste pas l’imagination ou la capacité organisationnelle pour réguler suffisamment cette débauche de libéralisme, qui finit par s'imposer envers et contre ses propres valeurs ; au lieu de consacrer la liberté personnelle on n'obtient qu'une liberté individuelle ; au lieu de la noblesse de la personne, on s'anime de désordres divers et variés.

 

C'est que la démocratie dépend fondamentalement des capacités ; ce qui est mis en jeu c'est l’indépendance, l'indépendance de chacun, moralement, éthiquement ou quel que soit le qualificatif ; on nommera ici par l'intentionnalité, impliquant que chacun est redevable d'une élaboration intentionnelle qui élève au lieu d'abaisser (dans de petits désirs, filialement agréables mais envahissants et à terme méprisables si la stratégie n'est pas tenue).

Si l'on succombe aux facilités et aux immédiatetés, alors on est jugé, par soi-même. Jusqu’au point de se perdre dans la noirceur. Ou la dépression ou toutes ces maladies que s'impose le moi si inventif quant à ses déboires.

Et au lieu d'une démocratie tenue par l’exemplarité, on descend dans les échanges injustes. Les intérêts du monde, qu’aucune éthique puis aucune morale ne viennent réguler (aucune stratégie intentionnelle, et aucune coordination générale de tous et de chacun), finissent par déchirer l'humanité et en premier lieu l’universel ; c'est que individualité (et donc la personnalisation) ne durent dans le temps que si elles conservent l'universel (l'universel de la révolution et l’universalisation des sujets, un par un). Sitôt que l'on oublie, annihile, répudie l'universel, les individualités se dégradent en bricolages, dont chacun voudrait recoudre le tissu, tel qu'il l'a rêvé et tel qu'il se mire dans des « images », et l'organisation glisse vers la mafia, brutale ou délicate mais mafieuse.

L'apparence pourra être préservée, mais la corruption envahir les moindres interstices (du droit, des échanges, des liens, des images, de tout).

Or cependant il ne s'agit nullement de refuser les Lumières, la révolution évidement, la raison, ni le moi ou que chacun ait accès à son vécu en propre. C'est juste que l'étage du dessus ne s'est pas développé. L'étage du dessus qui consistait en et par le sujet ; et au lieu de déchiqueter le moi en discours et images et pulsions, dépression et noirceurs diverses, que l'anthropologisation en cours (la personnalisation) soit organisée autour du sujet ; que chacun est non pas un moi, mais un sujet (schématiquement la Constitution, son sens, sa signification, son actualisation réelle et l'architecture du sujet seule destination réelle de tout « moi »).

Et pour se développer considérer le moi en tant que sujet c'est tout à fait autrement et autre chose ; le problème est absolument crucial. Le moi peut bien se libérer de ceci ou cela (et la plupart du temps il a raison), mais ça restera tellement limité qu'il n'accédera plus jamais à dieu, à l'universel, au sujet, à la révolution et au réel. Il sera juste tendu vers sa satisfaction et il y a un manque fondamental d'être dans l'incapacité de mener une stratégie réelle et articulée ; on se détériore physiquement, chimiquement, en plus d'intellectivement ou d’intellectuellement, parce que la satisfaction ça ne dit rien, ça dit « rien du tout », ça n'intentionnalise même plus ; de là que son mal, sa douleur soit dépressive, ça surgit immédiatement comme cessation de toute intentionnalité, il n'y a plus de désir, parce qu'il n'y a plus de manque, puisqu’on nous dit que ce sera une partie du monde, du vécu et du corps, alors que l'intentionnalité ne s'adresse pas du tout au monde, au vécu et au corps et dès lors que l'intentionnalité ne puisse plus intentionnaliser la jette dans non pas seulement le désespoir mais l’incompréhension structurelle effarante et annihilante.

De même on peut critiquer le solde historique des droits de l'homme ; à quoi sera utile le marxisme. Mais non pas la notion de droits de l'homme et du citoyen, sinon en cherchant à l’étendre. Or cette extension ne se dirigera pas vers un égalitarisme, qui supprime qu'il y ait des individus (et le peuple devient le parti investi de toute puissance et omniscience, dite « objective », scientifique socialisme). C'est supprimer le problème tel quel et donc ne pas le résoudre. Pour le résoudre il faut admettre l’individualisme et le réguler ; chacun fait ce qu'il veut, sauf à abaisser le niveau exigence ; on peut prendre un quelconque profit mais non pas que le profit soit la loi exclusive.

 

Et pour réguler ce profit il est rendu nécessaire de pénétrer les mécanismes, les mains dans le cambouis. Et réfléchir et non pas décréter la vérité dialectique ou historique ou communiste (organiser selon une vue de l'esprit universel qui ne peut pas supporter la complexité, tandis qu'à l'inverse de par le libéralisme échevelé c'est la complication livrée au monde qui détruit). Au lieu de quoi ce que l'on désigne comme « libéralisme » est juste un laisser-faire sans aucune réflexion, aucune prévision, aucune organisation ; on lâche la « nature humaine » sur le monde et on rend réel quantité d'intentionnalités sans aucune mesure et aucune compréhension, de leurs effets dans la réalité et en chacun des mois ; tout est déjeté, supprimant même que d'une part il existe une régulation méta (sur toutes les initiatives) mais y compris que chacun puisse retenir, réfléchir, analyser sa propres motivation, sa finalités, autant que ses effets.

Pour le dire autrement on ne peut pas décréter abstraitement et on doit se tremper dans le cambouis, parce qu'il faut élever le niveau civilisationnel... C'est non pas le tout ou « tous » mais chacun qui doit ou aurait du s'élever, produire une capacité intentionnelle (et donc aussi et d'abord une potentialité perceptive, l'intentionnalité ne commence pas par la « volonté » mais par la perception même, de là que cette perception soit enivrée, abrutie d'images et de sons dépenaillés depuis les années soixante).

Ce que l'on veut dire c'est qu'une réflexion interne à la structure de conscience, qui s'est laissée aller vers le monde, n'a jamais eu lieu. Nous sommes restés stupéfaits devant les-effets de la structure (qui remonte antérieurement à tout monde et est capable de détruire tout monde), incapables de maîtriser l'arc de conscience, réinstancié depuis Descartes ici même et face au monde, au vécu (et au relationnel) et au corps : débordés par les-effets ils se sont refermés sur nous.

Pour contrôler cet enthousiasme il fallait entrer plus avant dans la conscience de la conscience, réguler l'arc de même que dieu, l'universel et le sujet (Descartes et Kant et Hegel s'utilisent à cette fin, mais aussi Husserl, Sartre et Lacan) ouvraient ; le champ de l'architecture de cet arc, les lignes de ce mouvement, les dépliements du Bord.

Et ce fut impossible puisque nous ne sommes pas parvenus pas à saisir le point d’attirance qui nous indiquait que la satisfaction ne se trouverait pas dans le monde, le vécu et le corps (ce en quoi cet arc s'est enferré en métamorphosant sans répit les réalités en désirs et images)

mais bien en un point en dehors du monde, du vécu et du corps.

Point d'attirance que signifiaient dieu, l’universel, le christique et le sujet, et le réel comme « on en est saisi » bien plutôt que de le saisir avec des doigts gourds, bêtement, lourdement et sans intelligence, sans l’élévation de toute la structure intentionnelle. Rien de ce qui s'emprunte du monde, du vécu ou du corps, ne peut réunir les arcs structurels de conscience (mais les intérêts du monde toujours les diviseront) ; il faut que cette coordination se tienne de l'élaboration même de leur dimension, que l'on puisse se percevoir d'en-haut, du Bord, de l'extrémité de tout monde, de tout corps.

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Le devenir de la perfection

9 Mai 2020, 08:20am

Publié par pascal doyelle

Je ne vois nulle part qu'il y ait de "l'être" ; il y a du mouvement, mais pas de l'être. l'être est une imagination. On imagine que "quelque chose" existe, compact, consistant, massif ou assuré. Mais ce qui est réellement est seulement un mouvement, mais alors un mouvement qui rend tous les mouvements possibles et effectivement mouvementés.

C'est pour cela que Kant a raison ; on ne trouvera jamais l'être ni aucune preuve de l'être, puisque ça n'existe pas. par contre on constate effectivement le mouvement ; à savoir pour Kant le mouvement qu'est le sujet (transcendantal). Kant ne voulait pas condamner le réel et l'ontologie mais déplacer ceux-ci sur un autre niveau ; et ce niveau c'est précisément ce que l'on a acquis de par Descartes (Kant continue l'évidence expérimentale qu'est Descartes). On a glissé depuis Descartes mais ce glissement est encore-plus vrai, parce qu'il fait voir, littéralement, le mouvement de l'être (qui de cela n'est pas un être mais la structure du mouvement ; de là que dieu soit la volonté, cartésienne, et non la pensée).
La philosophie s'utilise afin de poser d'autres questions qui ne trouve pas et ne trouveront pas (avant un temps indéfiniment long) dans les sciences, soit donc pour Kant dans la phénoménalité (puisqu’il remonte dans la structure qui ouvre et rend possible qu'il y ait, pour nous, une apparition, un monde, un donné, un vécu et un corps, un animal vous connaît mais il ne se situe pas, lui-même, dans le monde, pour lui le monde est son milieu) ; le droit privé ou public ne se fonde pas sur la science, mais il fonctionne et est réellement effectif et Kant attendait chaque matin toutes les nouvelles venant de France) ; la philosophie se transvase en telle ou telle science au fur et à mesure, et c'est vrai en partie (parce que les interrogations de la philosophie sont passées comme et en tant que telle ou telle science), mais à chaque fois la philosophie consiste à réinterroger la structure ontologique du réel (pourquoi quelque chose plutôt que rien, se posera toujours quelque que soit le "quelque chose", on a dit qu'il existait à la fois néant, qui ne s'oppose à rien du tout, et l'être, et que le principe est le Possible, cad le mouvement) ; cette structure ontologique n'est pas une partie du monde, ni le "monde" dans son ensemble (qui n'est nulle part, qui n'est pas un concept de toute façon, Kant) mais autre que le monde ; de même que le sujet n'est pas le moi (et effectivement on ne trouvera jamais un sujet dans le monde, le vécu ou le corps ; le sujet est ce à partir de quoi on interroge le monde, le donné ou le corps).

On ne dit pas que quelque chose se meut, mais que le mouvement est cela seul qui existe et que le reste ce sont ses effets, ses résultats, ses manifestations. Et le mouvement est nommé autrement ; la structure. La structure est comme le Rapport qui engendre et contient tous les rapports (et ajoute-t-on qui les engendre et les reprend continuellement, afin d'agrandir le possible lui-même et non seulement l'être ou les résultats ; dire que l'être est, néanmoins, signifie qu'il est tous ces résultats, qui sont pris dans le mouvement, et que l'être s'utilise par le mouvement afin que le mouvement, cad le possible grandisse, ce que l'on nomme la perfection ; aucune perfection ne sera figée ou fixe ou inerte).

 

On ne peut pas se satisfaire de cette idée de dieu en tant qu'être « parfait », monolithique, ni de l’Être comme logos et ordre du cosmos ; nous ne sommes plus dans le monde grec, on sait que l'univers a un devenir, et une fin, et que l'ordre n'est pas « rationnel » au sens grec ; une loi scientifique n'est pas un concept, les mathématiques de Descartes pensent le monde comme étendue et les pluri-mathématiques du 19éme et 20éme n’adoptent pas une formulation unique et « stable ». Ou comme idée de dieu qui se validerait par quelque preuve, supposément objective, dans l'ordre du discours.

Pareillement le dieu biblique n'est pas complet et fermé ; il pousse l'humain à devenir et à réaliser. C'est même son but, sa finalité, sa possibilité ; la création et lui-même ne suffisent pas. On en appelle le plus souvent à une manière plotinienne ou néoplatonicienne ; la surabondance du divin « déborde » dans le monde (de la matière grecque) ou comme création (ou pour la gloire de dieu). Mais c'est pourtant bien clair dans le christique (on désigne par christique le dispositif ou la révélation comme on veut qui est à l'origine, historique, des 20 siècles qui suivirent) ; non seulement nous héritons d'un dieu en plus (qui s'incarne) mais aussi qui se retire d'une part et nous envoie la troisième divinité de laquelle nous participons tous (le Saint Esprit) et par laquelle, effectivement, « nous comprendrons » (tout le reste) et formerons une communauté (dont la révolution qui réal-ise la liberté-égalité-fraternité). Que ce dispositif soit révélé, pour les croyants, ou réalisé embrayant sur une historicité.

Le réel est bien plus compliqué, et plus retors surtout, que la monstration objective qui nous placerait là devant la preuve et le raisonnement. Et requiert donc que nous y soyons absolument engagé, décisivement (Sartre obtient sa notion propre de l'engagement, existentiel).

Si c'était aussi simple que dieu ou l’Être, clos et parfaits en eux-mêmes, ne seraient requises finalement qu'une adoration ou une mémorisation, bien appliquées, et une purification et non pas une intention et une décision.

Or c'est toute la différence amenée par Descartes ; il n'y a plus de conformité entre le discours (qui s'origine dans la conscience d'un sujet) et le réel (qui est extrait et manifesté dans l'activité décrite au vif par le doute-cogito-infini-étendue-corps/3éme substance) ; on ne pourra plus penser « comme-si » la pensée existait en soi (où existerait-elle ? ). mais suspendue au je et suspendue à la volonté divine.

Donc c'est tout sauf simple au sens d'objectivement déposé là, sur le pas de la porte ; il faut franchir la porte. Ou si l'on préfère nous sommes la clef et la porte. Toute tentative qui voudrait re-définir à nouveau comme ci ou comme ça, selon la détermination (d'une qualification), la réalité, ne prend pas en compte que dès lors la réalité s'est révélée splittée, divisée et que le réel est une activité. Et on ajoute ici que cette division est le réel, que ça n'est pas quelque chose qui ensuite se divise mais que la division est le réel lui-même ; activiste continuellement ; le Pli crée des plis, qui sont les choses, les êtres, les arcs de conscience, raison pour laquelle on ne peut rien « saisir » ; on en est saisi.

Ça ne se fera pas sans nous donc et notre changement, notre modification. Qu'est-ce qui se modifie ou modifiera et comment. Nous-même, en tant que l'on doit inventer les formulations adéquates, adéquates non pas à tel ceci ou cela, mais adéquates à la forme même du réel. Ce que l'on comprendra aisément par cet exemple ; lorsque les français inventent la formule parfaite du monde humain, à savoir qu'ils ne se satisfont pas de la liberté seule (ce dont on est redevable, infiniment, aux anglo-saxons, et peut-être auparavant encore aux helvètes) mais qu'ils doublent la liberté, de chacun, par l'égalité, de tous. Alors ils remplacent le roi, par la nation. Et tout est dit. (cad que tout le reste ce seront des variations, Lénine est un Robespierre somme toute, qui appuie un peu plus sur l’égalité … mais qui lui donnera tort ? Il fallait un peuple, une histoire et une culture de la liberté individuelle, que put travailler la nation française depuis le début, pour que « liberté » ne devienne pas trop n’importe quoi ; bref rien ne se fait sans effort et inspiration et on ne peut pas exporter la démocratie comme un objet). Si l'on se demande mais qu'est-ce qui se modifie et quand, on obtiendra des Faits monumentaux massifs de structure et bien sûr quantité de transformations, affectant les vécus et les corps, le relationnel humain et l’individualité ; cela se déploie durant toute cette historicité.

Voilà donc qu'ayant inventé la révolution, le prototype de révolution, à partir duquel les français eux-mêmes ne savaient pas ce qu'ils faisaient, mais ils le firent, nous sommes dotés d'une formule infini qu'aucun monde ou aucune humanisation ne peut épuiser. C'est cela l'infini dans la réalité. Et par infini il faut entendre ; l'infini capacité.

La révolution littéralement rend possible. Si l'on s'interroge sur « la possibilité du possible » l'exemple de la révolution exprime radicalement cet agissement ; reprendre la réalité, le réel, la structure, le sujet à partir de la base, du zéro initial, de l'antériorité.

C'est finalement ce que veut dire, porte l'intention morale ou éthique ou politique ; que l'on ne soit pas limité par un intérêt du monde, mais que l'on saisisse qu'un comportement adéquat au lieu de renvoyer chacun à son égoïsme (qui est légitime en son rang) en appelle à une méta-organisation qui au final profitera à autrui et inversement ; élévation du niveau, du degré d'intention, et de civilisation.

Dont on voit avec le christique qu'elle ne s'oppose pas à l’individualité mais qui rend accessible encore plus d'individualité régulée (et non plus élitiste ou pire comme on a pu le prôner au 20éme, Nietzsche et Heidegger ; rappelons que Nietzsche est excellent pour l’individualisation mais inapplicable humainement et collectivement, ne parlons pas de H).

De même le christique rend possible que chacun se prenne la tête, la sienne propre, ce qui était inimaginable auparavant (il y eut l’acquisition d'un devenir et d'une étendue de développement, face au christique, qui permit de reprendre tout ce qui d’individualisé existait déjà dans l'antique, et ouvrit quantité de développements personnels, par leur poids ontologique marqué, institué, créé) . Ou que la pensée et les grecs ouvrent le monde donné là et le début de la connaissance (la pensée se donne comme science et le raisonnement argumenté et perçu, même si il n'est pas vérifié au sens de la scientificité) ou la perception esthétique, indépendamment de tout rituel, le beau et le vrai et le bien en soi et pour eux-mêmes, et en dehors du groupe.

Rappelons que le christique est l’individualité sous la condition de l'égalité (à quoi Descartes ,ajoutera la liberté de chaque sujet) ; « ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni libre, mais tous un en christ » Sait Paul) ; ce qui n'empêche nullement que par là (je suis le chemin la vérité et la vie) chacun obtienne une vie personnelle, qui se transforme en Existence (de là que le christique perçoit à partir d'un point-autre, par dessus la mort, le corps, l'immédiateté, le monde, le groupe humain).

Que cette vie individuelle soit pour nous un acquis, historique (évidemment par le révolution, qui est unique, dotée de quantité de variantes), ne doit pas nous dissimuler que sans cesse le monde et ses intérêts, qui divisent l'humain et au travers de conflits qui deviennent des hiérarchies (des classes), menace toujours de reprendre toute la manifestation et d'étouffer la structure (de liberté et d'égalité). Et de modifier le réel dans le Domination. Il faut sans cesse relancer la révolution.

 

Dieu on ne sait pas de où « ça intervient » dans l’histoire humaine. Les juifs sont dépassés par la possibilité. Ils n'y comprennent rien, comme tout le monde. Une intervention vient nous révéler comment ça marche. Et nous avons beaucoup, beaucoup de mal à comprendre ce qui est en jeu.

C'est que la forme des réalités est le réel, et que le réel ne supporte pas la détermination. Mais la commande d'un point tout à fait Autre (dieu est pour les non croyants, l'Intention, soit donc la capacité de stratégie, plutôt que les tactiques de division selon les intérêts du monde qui ne mènent qu'à la dispersion dans le néant, dans la disparition). Or tout ce qui nous tombe sous les yeux l'est, déterminé. Et nous ne pouvons nous imaginer qu'il est requis une confiance sans limite si l'on veut passer de l'autre côté, du côté indéterminé. Du côté infini.

On y a cru un temps mais « infini » était pris pour ainsi dire comme une sorte de super détermination. Ce que l'infini n'est pas. Il s'agit donc, littéralement, de non pas définir seulement mais désigner ce qu'est l'infini ici même, ici et maintenant et on a reconnu qu'il s’agissait (selon notre expérience accessible sans préjuger ce que cette Dimension pourrait être) qu'il s’agissait de l'arc de conscience arcbouté dans l'arc du présent (qui déroule tout ce qui fut, est, sera).

Si en effet l'infini existe alors il n'est pas déterminé et donc est l'infiniment agissant ; cela qui passe au travers et par les déterminations.

On a bien lu ; l'infini est ce qui se réalise dans et par les déterminations et se mesure à sa capacité pure et brute, très brute au début qui se perfectionne au fur et à mesure. C'est en ce sens que dieu, le un tout-autre, ne cesse de s'engendrer dans la mesure où la réalité s'engendre, se pourvoit en capacités. Cela consiste donc à grossir la réalité au fur et à mesure non par ceci ou cela (genre empilement) mais à augmenter la capacité de possibilités de la réalité ; on reviendra un milliards de fois sur la réalité afin de la rendre capable d'encore plus de réalisations. Un milliards de fois veut dire infiniment ; la réalisation se perfectionnera au fur et à mesure et la forme des réalités, le réel attirera toujours encore plus loin toutes choses et tout être vers encore plus de possibilités. La distinction de toute chose et tout être qui ne sont pas laissés tels quels, abandonnés, mais toujours plus avantageusement dotés.

Ce qui veut dire que le réel est l'objet de toute sa propre attention et qu'il engendre le feuilletage de sa structure ; au fur et à mesure le réel se feuillette, énumère sa paroi possible et ce faisant attire toutes les réalités ; c'est la mise en jeu de dieu (cad de l'Intention pour les non croyants), de l'universel (la sur-intentionnalité par dessus n'importe quel groupe, ce que l'on nomme la vérité ; le vrai, le bien, le beau qui se mesurent selon le monde, la perception, la conscience de chacun et non celle du groupe), le christique et le sujet (en ceci que chacun est à demeure sa propre Intention) et le réel. La réalisation (du réel) revient instamment afin de se porter encore plus haut. Cela veut dire que si on ne nomme pas l'intentionnalité comme dieu, l'universel, le sujet et le réel, on ne peut pas établir de stratégie, pour soi-même mais aussi collectivement ; si ça n'est pas nommé, désigné, signifié, ça n'existe pas, ça ne rentre pas ou plus dans le champ de perception (le résultat étant que l'on ne perçoit plus ; si l'on ne table que sur les sciences ou le droit ou l'économie on supprime des pans de réalités, en cours, et potentiels).

La perfection, si elle ne se perfectionne pas, n'est rien.

La perfection est toujours active et toujours se projette encore plus loin, prenant appui sur ce qui est déjà réalisé et portant plus en avant ce qui est, vers ce qui est encore plus toujours plus possible.

Si la perfection est, alors elle ex-siste, elle sort d'elle-même en agrandissant sans cesse le rayon de son activité ; elle est activisme. Et cet activisme c'est ce que l'on nomme réalité ; la réalité est la réalisation, poussée toujours plus en avant de sa capacité, c'est le possible qui grandit ; le possible qui est de plus en plus grand.

Aussi pour chacun et pour cette vie présente, est-il requis de rechercher le plus grand rayon d'action possible et ce sans perdre la forme même de l'acte pur et brut, très brut. La perfection est jetée dans et comme monde, comme vie vivante, et ainsi pour chacun se transformera en Existence. Inutile de vouloir y échapper ; supprimer cette logique interne, c'est tout annihiler. Ce par quoi cette vie se prend elle-même pour perfectible et ce bien consciemment, raison pour laquelle, elle, la perfection, s’annonce toujours comme telle ; elle ne se fera pas sans vous. Elle se nommera dieu ou christique, ou universel et raison, sujet et révolution ; elle annoncera ce qu'elle est parce qu'elle ne peut pas se rendre réelle sans que vous le sachiez et que vous le perceviez.

Elle s'instancie, ce qui veut dire qu'elle doit, doit, être actualisée. Elle se crée non pas en on ne sait quelle cachette, ordre préexistant, logos, mais dans l'exister lui-même ; dans et par ce présent ; c'est l'actualité du présent qui rend possible que ce rapport se saisisse et soit saisi dans et vers la perfection, vers et dans le perfectionnement, décidé, intentionnalisé, perçu.

En vérité la brutalité de la perfection est telle que l'on se couvre le visage et efface de nos yeux sa puissance. Quatre-vingt dix neuf pour cent de notre vie s'épuise à abolir la Possibilité. Éviter le fait majeur, fondamental, crucial que nous sommes en charge de ce qui est possible.

Revenir à cette évidence est toujours le message des religions, des systèmes, des philosophies, de l'éthique ou du possible, l'énorme possible historique.

Ça n'est pas seulement qu'il faille réaliser, rendre réel ceci ou cela, ce que l'on est ou une amélioration de ce que l'on est. Mais le possible lui-même ; non pas augmenter ce dont on est capable mais rechercher la capacité en elle-même.

Ce qu'indique on ne peut mieux le christique (on n'a jamais pu l’annoncer aussi clairement, si l’on peut dire parce que nous ne sommes pas à niveau, et ne peut pas l'être sans l'annonce du réel lui-même, que le réel en personne est ici même, qu'il vient et qu'il prononce au devant de tout ce qui est). On ne sait pas ce qu'il dit, on ne le comprend pas. On peut bien aménager des éthiques diverses, et même des politiques presque parfaites, mais ce à quoi il fait appel c'est au mouvement antérieur à tous les mouvements ; aussi le christique se place-t-il avant chacun, révélant littéralement la place et le déplacement ; en ceci qu'il va s'inscrire dans le mouvement qu'existe chaque un.

Il n'est pas de Un monolithique et il n'est pas de sujet sans ce mouvement ; le christique est absolument l'intention (que veut-on vraiment au cours d'une vie?) de même que dieu était l'intention préalable à tout. Et si on postule l'intention initiale alors cette intention n'est pas seulement cela qui « est » mais cela qui devient ; elle est au début, au milieu et à la fin et la fin n'est jamais finale ; comment, en effet, une intention pourrait-elle s’éteindre ? Ou donc si ce qui existe est le mouvement, le mouvement ne peut pas en finir. Jamais. Sinon cela reviendrait à ce qu'il n'y ait jamais rien eu, pas de réalité.

Et donc il ne faut pas s'attendre à ce que, si le réel est dimensionnel, qu'il y ait comme un « paradis », un repos ou une réconciliation ; ou de même si l'on ne suppose aucun paradis ou au-delà et que l'on tente de mesurer ce qui, ici même et ici et maintenant, est en jeu et se structure, le moi n'atteindra pas dans le sujet une béatitude, une plénitude, une satisfaction, mais un combat encore plus grand, encore plus difficile, encore plus distinct.

Le repos, la quiétude est un rêve et non pas le réel ; le réel est le déploiement de la puissance, au sens de la potentialité, de la capacité ; il ne faut pas travailler à obtenir une « puissance » mais à instruire et agrandir la capacité elle-même, ce qui ouvre à une plus grande vue sur les possibles du monde, du vécu et du corps, en somme les possibles de la perception ; la puissance ne peut être entendue que comme potentialité, capacité encore plus étendue, et augmentation non pas de l'activité dans le monde, mais de l’augmentation de la structure de conscience ; ce qu'indique absolument dieu, l'universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution ; et toujours il faudra travailler pour une plus grande possibilité.

Et ce que signale le christique est que cela ne tient pas à l'intellect, à la vie ou aux œuvres. Cela dépend de l'intention. Parce que l'intellect demeura toujours objectiviste, que la vie est emplie d'aléas et d'erreurs et de fautes, et que les œuvres ne peuvent pas ne pas être intéressées (d'une manière ou d'une autre, souvent pour le bien d'autrui, souvent aussi par égocentrisme) ; le christique ne juge pas … le christ n'opère que d'un seul mouvement ; le pardon (la nature pécheresse humaine emplit la vie tout entière, sauf l'intention qui est hors-monde ; c'est ce que l'on ne comprend généralement pas, que le christique recherche ce qui ex-siste et impose un point tout à fait autre et qui ne réalise pas telle ou telle partie du monde, ni du vécu, ni du corps (selon les immédiatetés, les déterminations ou les satisfactions, les intérêts) mais le degré de civilisation supérieur qui, tout en laissant vivre les réalités, les amène à une plus haute et élevée architecture.

Ce qui ouvre un tel champ intentionnel qu'il est absolument hors de proportion ; puisque le christique ouvre le champ initial, alors tous les domaines intentionnels sont touchés, et le cœur même de la volonté, décision, intention, perception, propension vers le monde, le vécu ou le corps sont modifiés. Il ne s'agit plus de domaines séparés (comme a pu les catégoriser la pensée grecque) mais d'une seule origine dont la transformation enjoint de remuer toutes les facultés et toutes les volontés. De même l'universel, de même le sujet ; toujours plus avant la structure absorbe et retravaille le donné ; aucun individu autour de la méditerranée n'imaginait que chacun puisse disposer librement de sa vie ; chacun était assigné.

Ça n'est pas seulement que la perfection est atteinte ou non, selon que l'on croit ou non, (en dieu, l’universel, le sujet ou la révolution) c'est que la perfection continue et y « croire » c'est y travailler, c'est œuvrer (via toutes les œuvres, éthiques ou esthétiques, etc), c'est propager (la liberté) et partager (la vérité) ; afin qu'encore plus de possibles soient amenés dans le champ (du réel).

Ce champ du réel est inimaginable ; on ne peut pas l'imaginer, comme on ne pouvait pas imaginer dieu, l'universel, le sujet ou le réel. La structure vient tout à coup et redimensionne tout. De sorte que l’historicité est scindée par chaque intervention structurelle ; dont on voudra croire qu'elle est divine, dimensionnelle, réelle, celle du sujet, ce que l'on voudra.

Il ne s'agit pas du champ de la réalité ; c'est l'ouverture du champ de structure qui permit qu'au 19 et 20éme siècle de déployer une puissance matérielle outre mesure dans la réalité puisque la structure est en dehors de la réalité, dans l’antériorité ontologique ; la puissance structurelle (qui doit s'auto-règuler, puisque rien dans le monde ne peut l’atteindre, étant, cette structure, antérieure, ontologiquement, à la détermination) est à elle-même sa propre réal-isation ; de là que le royaume n'est pas de ce monde, mais qu'elle aura, étant réalisée, des effets et quantité d'effets dans le monde, le vécu ou le corps.

Contrairement à ce que l'on croit depuis le 18, 19 ou 20éme siècle, ça n'est pas d'abord par la connaissance des effets dans le monde que l'on déploie notre puissance mais parce qu'originellement on avait déjà développé la dimension ontologique, avec dieu, l'universel et le sujet que le monde, le donné et puis enfin le vécu ont pu être objectivés, existentialisés, vécus, éprouvés et même au préalable perçus et signifiés comme tels et donc  utilisés, explicités, et « exploités » ; et même surexploités et cela vaut aussi pour le corps de chacun, le corps vivant qui ne comprend pas l'arc de conscience en lui (qui autrefois était pris en charge par le groupe).

Sans doute il fallut se débarrasser de la formulation chrétienne selon l'église, qui figeait la réalisation, mais la tenue d'un monde donné là, offert à la main mise, n'aurait pas été possible dans le préalable christique et grec. D'une part pour poser le monde donné là, et d'autre part le sujet individuel (ayant une valeur, un destin personnel, ce qui réclame une quantité énorme de récits, de littératures, d'images, de sons, tout un ensemble d'inscriptions dans la cervelle elle-même et sur l'autre surface du corps). C'est du fait, massif et de structure, que le monde, ou les effets, la vie ou les vécus, le corps ou le comportement sont entrés dans le champ de perception et que par leur manifestation on a pu démultiplié la préhension et la projection des intentionnalités et des intentions.

Si l'on ne remonte pas dans la compréhension de la mise en forme de l'arc de conscience (qui est formel mais modulable et dont le progrès consiste précisément dans cette mise en forme formelle, si l'on peut dire, selon qu'elle se rend complexe, splittable, feuilletée, dont il faut inventer et marquer les pliures), on reste dans les-effets en prenant les effets pour la cause ; et on est réduit à un moi qui atteint des effets d'être, alors que justement il n'Est pas, et qu'il n'y a pas « l’Être », nulle part, mais exclusivement l'ex-sister ; le présent, ce par quoi tout passe et se déroule et se cherche, est constant, total, univoque et dans l'attirance absolue, formelle, du possible. De là que les objectivités, qui peuvent être tout à fait exactes, et réelles, ne seront jamais qu'un symptôme ; un symptôme pour la structure et que l'enjeu est dans cette structure (qui se sert de tout le reste, puisque c'est son champ qui permet, par exemple, un champ dit objectif ou une subjectivité ou l’ensemble des domaines éthiques, esthétiques, politiques, idéels, humanisation et personnalisations, mises en forme culturelles et acculturation généralisées depuis la méditerranée, etc).

Pour le dire autrement si le moi considère avoir désespérément perdu son objet, son objet absolu, son objet a, et ce jusqu’à la dépression (qui est manque du manque, on n'a plus même de désir et non pas seulement on ne trouve l'objet, plus de désir cad plus d'intentionnalité), par contre le sujet sait que son « objet » il ne le trouvera pas, puisqu'il n'est pas de l’ordre du trouvable.

Ce qui, bien sûr, change tout.

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Psychanalyse et sujet

2 Mai 2020, 08:39am

Publié par pascal doyelle

(ce qu’il en est de la psychanalyse, dont on n'espère pas faire le tour, ici, puisque cela mettrait en jeu absolument tout le dispositif tel qu'il nous crée et dont on n'aperçoit pas encore les bords ; on en existe et donc il devient très difficile de l'objectiver dans une analyse et description).

Ce que n'ignore pas le moi... Il veut tellement et à toute force croire en son désir (cela seul le tient en vie, parce que cela seul promeut l'intentionnalité qui sans « quelque chose » pour la mouvoir s’effondre). Le dit moi est parfait pour illustrer la ruse structurelle ; en vérité le moi qui croit qu’il voit (de par lui-même) ses objets (de perception mais aussi de désir) est, en réalité, Vu. C'est en ce sens que Lacan (ou Freud à sa manière) remarque bien que le moi est soumis au grand Autre (et que même tout autre, cad autrui, n'importe lequel, est tout autant dans le champ de l'Autre, sauf pour les « fous «  qui restent dans l’impossibilité d'être situés selon l'Autre, et qui donc, ces fous, sont, eux, entièrement dévoré par l'Autre mais l'Autre dans sa négativité, sa destruction, et ainsi également l'autodestruction du fou).

Comprenons bien ; tout est dans le champ de l'Autre, mais si l’Autre est médié par des objets, alors bien que menaçant, l'Autre est tenu à distance et ainsi l'Autre permet de distinguer (ceci et cela, moi et autrui, moi et les objets, tandis que pour le fou l'Autre mélange tout ; hallucination, envahissement du champ dans et selon tous les sens et toutes les significations, absolument invivable). Pour le moi, normal, l'Autre est le champ en tant qu'il demeure ouvert et peut alors placer des objets qui médiatise, et temporise et atténue, si tout fonctionne à peu près ; ce hiatus, ce champ possiblement ouvert c'est selon la fameuse « castration », ce qui est une désignation plutôt bizarre, mais qui signifie que soudainement, à un moment, on a compris, passant de l’enfance à l’adolescence par ex, que l'on n'est pas le centre du monde ; que donc il existe une médiation, une séparation, qui permet, offre la distinction et la diversité du monde, des choses, autrui, etc, et tout le conscient, comme les sciences ou la technique ou assumer son rôle social,et toutes ces diversités. Si le champ est découpable alors il est découpé (et le conscient plus ou moins s'installer, on peut manipuler des objectivités même, on sait opérer des distinctions).

Mais ce conscient, cet exprimé (qui n'est pas forcément conscient au sens d’objectivement conscient) est seulement une couche superposée à la masse informelle (mais organisée, enfin organisée selon des schémas de signifiants ; elle est structurée 'comme' un langage et pas selon le langage) ; et ce conscient donc est juste très léger, il est un découpage sur, dans la perception qui est beaucoup plus étendue (de là que l'on perçoit sans savoir ce que l'on perçoit, sans être dans la capacité de le reprendre consciemment, mais néanmoins on le saisit réellement, sauf qu'on ne le sait pas).

Cela veut dire que la pensée, ou le conscient, sont pris dans un champ intentionnel, qui ne peut absolument pas se confondre avec le champ du conscient ; ce que l'on veut dire par là c'est que la structure intentionnelle ne s'oppose pas à ce qu'existe un inconscient. L'arc de conscience se place et se déplace on ne sait comment ; « il perçoit » et ce que l'on nomme décision ou invention ou création ou perceptions, tout cela est Vu d'un point qui ex-siste et ne tient pas dans le monde (de là les lapsus et symptômes, qui sont plus nous que nous, qui sont la vérité du moi, ou selon cette formel ; lorsque vous rêvez ou cauchemardez, et si vous vous réveillez, c'est alors que vous vous ré-endormez, puisqu'ayant approché quelque part de votre vérité selon l’inconscient).

Rappelons que le désir pour Lacan est une conquête du moi ; c'est le désir et ses plaisirs qui s'oppose à la jouissance (comme terrifiante et mortelle) ; il faut un moi capable de désirs non pas régulés mais vivants (tandis que le surinvestissement délire dans le fantasme dévorateur et que le grand Autre écrase les possibilités ou les restreint). Retrouver un vrai désir (ce qui manque au névrosé ou qu'il ne sait pas comment ni quoi en faire).

 

C'est parce qu'il est situé dans un champ intentionnel qu'il existe un moi et que ce champ est bien plus grand que ce qu'il retient (sous la forme du conscient) ; le champ intentionnel n'est pas subjectif … En ceci l'inconscient peut tout à fait être caractérisé comme bien plus objectif que même le moi ou le conscient ; il est la Vérité (du moi), mais une vérité qui équivaut au réel ; ce qui ne viendra jamais au conscient (contrairement à Freud qui partait du principe que l’inconscient serait récupéré par le conscient, sous une forme ou une autre).

Il faut se représenter l’ensemble comme un océan sur lequel glisse un navire, plus ou moins consolidé (et qui a pu découper son propre champ dans le champ global qui s 'étend de partout, par et via la castration, la séparation, la distinction qui autorise d'autres distinctions, d'autres objets, d'autres signes et qui permet de ne pas se scotcher sur un ou deux signes qui seraient des aimants, absorbateurs, hypnotiques et réduisant peu ou prou notre liberté). Mais le moi créé par l'arc de conscience et son intentionnalisation, regarde également vers l'horizon ; toute intentionnalité crée cet horizon.

Comme on n'a pas, ne possède pas la conscience que l'on existe, le champ de l'Autre (qui permet la distinctivité des signes, des objets, d'autrui, de soi comme étant un autre « je vais mourir » par ex ou « elle ou il ne m'aime pas ») n'est pas le je ; en fait, dans le fait même d’existence, le « je » n'est pas ; il n’apparaît pas. Il n'est désigné que si l'on se re-présente comme sujet (et ce sera selon une structure ; dieu, l’universel, le sujet ou le réel et l'on est toujours signifié comme sujet, citoyen, héros de récit, image de soi, décision éthique, engouement politique, philosophe ou poète, ou simplement pour le moi, amoureux ou désirant ; il y a une création à partir du moi d'une intentionnalité suréminente ; lorsque le moi s'élève à une plus grande perception-décision-invention-création).

Dans la vie, de chacun, tout est Vu sous le regard de l'Autre (lorsque l'on n'est pas fou) ; un objet de désir n'est pas désirable parce que désiré, mais parce qu'on lui prête de la valeur (et que cette valeur est plus ou moins reconnue humainement ; désirer un objet ignoble c'est être un obsédé ou un pervers, ce que l'on est quelque peu, parce que le champ de l'Autre ouvre toutes les perspectives, et que chacun les contient toutes, plus ou moins, évidemment) ; le champ de l'Autre est typiquement fou d'une autre manière (que celle selon laquelle quelqu'un n'a pas pu accéder à la séparation-castration, au non/centre du monde). L'Autre peut tout à fait écraser le moi, exploser le monde, ou autrui ; c'est que l'on n'est pas mais que l'on existe et donc dans le mouvement. De même le moi ne sait pas « où » l'acte de conscience existe, de où il perçoit, ou encore « qui » perçoit ou qui (le) perçoit (Lacan traitera la philosophie comme illusion ; de penser fixer le conscient ou de situer l'intention dans la transparence).

Il faut qu'il y ait l'Autre, du moins lorsqu'il est bien disposé sinon il peut dissoudre notre réalité dans l'angoisse ou de par sa proximité d'avec la folie, l'inséparation, qui se relie de ceci qu'autrefois le groupe parlait pour chacun, que chacun percevait selon le groupe, tandis qu'individuellement, dans notre personnalisation accélérée, le groupe dans ce cas viendrait parler « tout/en même temps », ce qui est insupportable. Les signifiants, qui sont produits par l'Autre, rendent possible les objets, et donc les désirs. Celui qui n'a pas accès à l'Autre croit qu'il Voit, alors qu'il est Vu, mais il ne faut pas qu'il soit trop-Vu, qu'il y ait un excès d'altérité. C'est en cela que l'on présuppose toujours que le moi est dynamique et doit se tenir dans un équilibre, qui admet le mouvement et ne le fige pas.

Parce que l'Autre nous impose une pression ; il est la logique des signifiants qui découpent et ordonnent la réalité massive en petits morceaux adéquats ; séparation que le fou ne peut pas atteindre, il n'a pas admis qu'il soit, lui, perçu de l'extérieur, mais trop de séparation aboutit au découpage, très cruel et très insupportable, on n'est plus que perçu extérieurement et rendu autre à soi-même, au point de ne plus désirer, cad lancer une intentionnalité vivante et sensible, et tout cela qui correspond à ceci que l'intentionnalisation n'existe que si elle argue d'une tension (le désir, pour le moi). Et non d'une coagulation ou d'un mélange, hors réel(lorsque le signe n'est pas distinct mais se mêle dans le monde, le vécu ou le perception ; une hallucination qui peut prendre diverses coagulations non forcément spectaculaires).

 

Or cela ne supprime pas le sujet … contrairement à ce que jugeait Lacan ; le sujet (qui n'est pas évidemment le sujet conscient de raison mais le sujet intentionnel qui se-sait), le sujet ne se tient pas de lui-même (contrairement à ce que croit Lacan, dans son interprétation de la philosophie) ; le sujet se tient toujours, et il le sait, de l'infini, de dieu, du un, du bien, de la vérité, de l'exigence telle ou telle.

Le qui se-sait du sujet ne veut pas dire qu'il sait qui il Est, qu'il se connaît ; ce se-savoir n'est pas une connaissance (c'est là que l'on se trompe en jugeant Descartes, qui n'indique pas la connaissance, métaphysique, mais l'ontologique mouvement qu'il décrit). Le se-savoir est l’indicateur du mouvement, que l'on se tient de plus grand que soi ; par ex la vérité pour la philosophie, dieu pour le monothéisme (qui au travers d'une nation s'adresse à toutes les nations, du regard du christ pour le christianisme (sans qui l'on n'est pas je), de l'universel d'une révolution, soit libre brute, soit libre et égalitariste à la fois, dans cette tension (dans tous les cas on ne peut pas affirmer sa liberté sans approuver la liberté de tous). 

Jamais le sujet ne se croit autorisé de par soi ; ou donc sa liberté n'a elle-même de sens non pas de vouloir n'importe quoi mais de vouloir dans la distinction (la clarté cartésienne par ex, le regard christique, la rigueur de l'être, ou du bien, la révolution réglée, etc). Ce qui ne veut pas dans la distinction, et le réel médiatisé, ne parvient pas à installer le désir par exemple mais recherche la confusion, la fusion, dont on comprend bien qu'elles seront toujours puissantes mais plus ou moins distanciées et donc plus ou moins viables (la fusion et la confusion se révèlent invivables en vérité).

L’instanciation de l'Autre, rend possible qu'il existe quantité de petits autres, qu'existe autrui et qu'existe des objets (modulables pour ainsi dire) d'un moi suffisamment organisé qui a pu annuler le caractère centripète, replié, dévorant du psychisme.

La liberté ne devient une « fantaisie », un subjectivisme, que dans un statut déjà acquis (dans l’individualisme reconnu on « devenir soi-même », on s'offre le luxe d'une débauche de moi-même) lequel sujet admet et supporte la dureté du réel et de son déploiement ; le sujet est cela qui se rend capable de toutes les objectivités, subjectivités, idéels et connaissances, esthétiques et éthiques, etc. le limiter au subjectif est une absurdité. Le sujet est architecturé, et doit, de par lui-même, sa décision, son décisionnel, augmenter (grec) intensifier (christique) ou accélérer (cartésien et suivants) ou concrétiser (depuis la révolution) cette architecture.

Or c'est la jouissance inorganisée, non pas même la satisfaction du corps, mais l'illusion ou le rêve passablement terrifiant de la satisfaction du corps, de la plénitude, qui commandite par en dessous le poids, la pesanteur de l'être vivant qui rêve ; cette absolue complétude, ce terrifiant désir d'abandon (de tout, d'absorption « en soi ») ne peut pas être rompu, il peut seulement être médié, retardé, distancié quelque peu et dans ce laps de temps, que préserve le grand Autre, le regard décentré (lui-même d’une certaine manière possiblement fou et bien trop éloigné et écrasant), dans ce laps de temps, de distance s’intercale le moi, le conscient, mais aussi le désir et autrui, les objets et les atermoiements.

En comparaison du poids épouvantable du rêve de jouissance d'une part et de la surpression potentiel du grand Autre (qui explose toutes les réalités, détruit les objets et les désirs, qui peut être investit par le délire), le moi et le conscient paraissent en vérité peu de chose. Sauf que si l'on sort de la psychanalyse, on sort du moi.

Rappelons que le moi seul est, le moi au sens large, de tout ce qu'il comporte (y compris inconscient, etc) et qu'il n'est que le moi : il n'est que de la détermination, sauf le Bord. Le Bord qui s'instancie dans et par le champ intentionnel (qui rend possible qu'il y ait un moi, des objets, mais aussi un inconscient, et un corps, le corps-vivant laissé là et auquel le champ impose une autre-surface du corps ; sur laquelle surface les signes s'écrivent, ce qui rend le corps brisé par son milieu, son milieu décalé. Sauf le sujet qui existe sur le Bord du moi, du conscient, mais aussi de l'intentionnel et du champ intentionnel et champ par lequel tout paraît (repoussant le corps-vivant en deçà).

La multiplication des objets se produit du champ de l'Autre qui perd ainsi toute consistance, et au lieu de rendre possible les signifiants, il fige ou indéfinit le déroulement de signifiants et d'objets, comme une contrainte, une pression et non comme un désir (libre ou agréable) ; les objets deviennent fous, et alimentent le fantasme et de la distinctivité qui s'autorisait, on passe à la prolixité qui se perd, qui glisse vers le fantasme, littéralement l'irréalité ; de ceci l'impératif « jouis ! ». Ce qui rend les gens non pas exclusivement fous, mais fous, parfois, ou irréels, souvent sinon toujours ; tout glisse dans l'irréel, l'infantilisation, l'incapacité de limiter le champ des signes, qui dès lors s'effondre en tant que champ, sans organisation mentale. Le capitalisme démultiplie les objets et rend les gens irréels. C'est littéralement sa dynamique ; une inflation d'objets qui déréalisent.

Les objets du désir du moi qui le maintenaient à la surface, émergée, qui se substituaient à la jouissance rêvée fantasmatique et terrifiante, qui ne peut pas se rendre réelle mais absorbe et envoie en l'abîme ; l'intervention, régulée, de l'Autre (qui par ailleurs peut pousser au désordre qui démantibule) permet qu'il y ait désir et donc distinction (alors que moi laissé à lui-même gît dans la possibilité de indistinction, de l'irréel, de indifférenciation de tout, absorbé par les choses, les hallucinations et le mélange) ; l'Autre, régulé, assure que l'on tienne à l'objet pour lui-même, et en sa considération propre ; les parents ne mangent pas leurs enfants (ni physiquement ni psychiquement, par ex, l'amant n'abuse pas de l'amante, etc, et l'Autre est ce qui permet qu'autrui soit supposé un, et que donc le moi soit décentré et non pas absorbé par son moi-même).

Or donc si tout cela est absolument vrai et réellement étant, cependant tout advient par le champ et si lorsque l'on interroge le moi selon l'essence, le donné, le donné vivant ou parlant, on doit aboutir à véritablement cette description, cependant le moi qui est pris dans le champ-sujet, ne tient lui-même que de sa propension dynamique ; par le mouvement. Et que si il existe une échappée (régulant le donné non de ce qu'il est seulement mais ce qu'il peut, ou intentionnalise) une échappée ce sera en-avant ; ou donc le sujet, quoi qu'il en soit de son être, existe d'un tel mouvement élaboré ; et selon une plus ou moins grande élaboration... Tout étant accumulé dans notre historicité et la contemporanéité de toutes les possibilités structurelles récupérables par cette historicité, tout se précipitant donc pour que se crée et s’architecture le sujet aussi éloigné, distancié et autre soit-il ; le moi ne reçoit le sujet qu’extérieurement, mais le moi doit reconnaître que lui-même n'est que parce que le sujet existe (le moi se produit dans le champ intentionnel, lequel repousse tout le reste, tout le donné, tout le corps-vivant, tout le passé, tout ce que l'on pourrait y identifier) et en vérité lorsque l'on veut démolir les dynamiques structures qui élaborent ou élaboraient le sujet (comme dieu, l'universel, le christique, le sujet, la révolution, comment révolutionner un monde et un moi donnés-là?) ce qui se passe c'est que l'arc de conscience coincé dans le moi et refusant tout le reste, finit par se restreindre à la squelettique « conscience » vide et cette fois non formelle, non dimensionnelle, simplement attachée bizarrement à un  « moi » dont on estime qu'il est toute la réalité, ce qui est vrai sauf qu'il y a un Bord et que tout le reste ne tient que de ce Bord.

De là que l'on trouve chez Lacan une attirance fondamentale pour la philosophie, la religion, le christianisme, Descartes et qu'il multiplie les bizarres diagrammes, ces torsades, qui sont censées exprimer, matérialiser le re-tors qu'impose que tout cela qui arrive se situe dans un champ et que le champ existe pour un arc et que cet arc est à la fois partout et nulle part ; on ne voit que ses effets. L'Autre est nulle part, et Lacan suffisamment lucide et perspicace, pour entendre que quand même ça se perçoit de quelque part et que si l’inconscient est structuré comme un langage, ça n'est pas en tant que langage … le « comme » veut dire que chaque moi suppose un regard qui ex-siste et assiste à tout, (mais qui ne peut le gouverner ou le commander comme si c'était un conscient ; la « conscience » soit donc ici l'arc de conscience n'est pas le conscient, le sujet de Descartes n'est pas la raison consciente, ni celui de Kant ou de Hegel ou de Husserl ; Lacan emboîte juste le pas de Heidegger qui méprisait l'instanciation du je, au profit de l'être, dévorateur, ce que Lacan ne reprend quand même pas!).

Le je ne peut pas commander (à ce qui est, ni à son moi) c'est pour cela qu'il invente. Et il invente constamment et parfois il crée. Il crée, cela veut dire qu'il produit ou fabrique ou déploie un champ intentionnel, le plus souvent nouveau et extra-ordinaire ; même au quotidien. Et s'invente aussi des « folies », ou des passions ou des attirances inespérées. Sans doute tout cela reprend tout le donné (le passé, l’héritage, l'adn, le corps-vivant, etc) mais la problématique du signe implique comme on l'a vu qu'il n'est pas nécessaire de déplacer les réalités pour déplacer les signes … que les signes sont aisément manipulables ; et dans la multiplicité des signes acquis et de ceux potentiels, mille milliards de désignations peuvent s’implanter.

Ainsi la liberté ne consiste pas à choisir entre A et B (ce à quoi condamnait la raison classique pour laquelle la création était une contemplation de l'ordre), mais à remplacer réellement ou non, ou irréellement, peu importe a priori, remplacer la perception par d'autres, remplacer les conditions (qui nous contraignent) par d’autres conditions signifiées cette fois qui modifient la procession des réalités ; on en se libère pas seulement en s’opposant, frontalement (ce qui est possible mais rare ou exceptionnel) mais en s'opposant lentement et comme par le devers, à rebours ou sur le côté ou réellement ou irréellement ; on produit et recouvre le donné par une autre sorte de champ.

Aussi les esthétiques ou les poétiques ou le christique lui-même n’indiquent pas « qu'il faut changer le monde, le vécu ou le corps », mais que « cela », cette révolution, est déjà engagée « par l'esprit, par le regard, par l'intention ». ce qui est engagé travaillera par devers, billard à trois, quatre, cinquante bandes ; puisque l'on ne sait pas « où » est la conscience qui crée des champs (et que les champs se donnent pour des réalités, ce qu'ils sont et ce qu'elles sont mais non pas comme termes ultimes, la seule extrémité du monde, du vécu et du corps, se tient comme Bord).

Ce que Lacan disait ; on ne supprime pas le, les problèmes, on s'arrange pour faire-avec. Autrement dit on produit un discours, un ensemble de signes, une image de soi, un commencement de nouveau réel, la possibilité de continuer ou de reprendre le discours, les possibilités d’objets (et donc de désirs), de renouveler le réel, la réalité que les déboires du moi obstruaient ; on ne attendait la vérité sans voir qu'il n'en existe pas ; le moi est juste un bricolage, plein de réalités, mais la vérité, elle, n'existe que via le champ de sujet.

Et ce qui change, ce qui vous change, psychanalytiquement, c'est que le champ de l'autre n'est plus totalement contraint (par la chaîne des signifiants) mais qu'il lui est libéré un petit écart, suffisant pour qu'un champ se rende possible dans un horizon jusqu'alors obsturé ; il advient que soudainement « cela est vu » d'un autre point tout aussi insituable que le regard de la conscience (dont on ignore qui voit et ce qui est vu, de là qu'il y ait lapsus, symptômes, décalages dans les signifiants ou carrément folie et inaccessibilité du dit champ qui est empli des remugles qui mélangent et mêlent les distinctivités ; on ne prend pas « possession » du champ de conscience, ce qui serait un conscient, mais de la possibilité paraît dans le champ).

Ouverture que l'on ne comprend pas donc si l'on croit qu'il s'agit d'un conscient rendu à nouveau opérant ; ça n'est pas du tout cela ; c'est un regard qui inter-vient et s'intercale rendant possible de nouvelles intercalations, insertions ; il s'agit absolument du regard christique, de l'exigence universelle, du sujet distinct et du citoyen admettant la liberté et l'égalité (les deux), et originellement de dieu, du dieu unique, autre, le Un tout-autre, autre que toutes les données du monde et autre que tous les individus (avec lesquels pourtant il s'entretient).

Si il s’agissait d'un conscient il n'y aurait que de la fixité (à tel ou tel énoncé, ce à quoi tendent les psychologies ; que vous obteniez un « moi fort » qui sait « ce qu'il veut » et ce faisant parfois pire que mieux puisqu’il oppose un barrage intentionnel à l'intentionnalité réelle) mais en vérité il s'agit d'une perception qui peut enfin avancer plus loin que le blocage névrotique ou autre empêchait, et donc d'une intentionnalisation qui ouvre le champ (qui rend possible à nouveau les perceptions, autrui, la raison, autrui, les désirs d'objets (ce qui veut dire la non dépression, qui est manque du manque, absence d'intentionnalisation, égarement de l'intention qui ne sait même plus viser un réel), et une régulation de l'Autre (qui cesse d'être terrifiant et exigeant outre mesure). C'est bien parce qu'il ne s'agit pas d'une volonté consciente ou d'un conscient que « cela » (la guérison qui n'en est pas une) arrive ; c'est parce qu'est atteint et relancer le champ possible d'intentionnalité, et que ce mouvement en plus se produit à vif.

C'est que le champ intentionnel « ne veut en personne » , puisque le moi est produit dans le champ , c'est que dans ce champ il puisse s'y placer et se déplacer un sujet ; et que le dit sujet était configuré justement comme celui de dieu, de l’universel, du christique, du sujet comme tel, de la révolution et du réel ; autrement dit qu'il y a un sujet parce que celui-ci ne se « veut » pas lui-même (il s'oublie lui-même dirait le christique, ou se décentre, dirait l'universel) il est voulu dans une volonté plus grand ; l'arc de conscience (qui est arcbouté dans l'arc du présent) est ordonné de même que le réle, qui est plus, grand que lui-même ; pareillement le sujet est dans le moi une plus grande aptitude et incommensurable, sans mesure (parce que tout ce que l'on mesure l'est par le monde et que ça n'est pas du monde, du vécu ou du corps mais du Bord).

Tout autre discours (qui ne renvoie pas au sujet) se tiendra d'une autre conscience qui, elle, voudra vous réduire à la typologie de tel ou tel discours, tel ordre du monde, et non pas vous rendre à vous-même.

Par contre les vrais discours, ceux qui existent à la dimension de l'historicité, vous renverront au plus grand, au plus haut, au plus loin ; soit donc dieu, le christique, l'universel grec, le sujet depuis Descartes, le réel. Puisque ce sont alors des configurations de structure et non pas des figurations selon la détermination, selon le monde, le vécu ou le corps. Les « discours » qui ne sont plus des discours mais des Faits de Structure massifs, monolithique, insituables (étant ceux par lesquels tout le reste est situé ou redimensionné) appartiennent à l'historicité et sont l'historicité ; ils n'appartiennent à « personne », aucun groupe, aucune caste et aucune idéologie, ils existent avant les idéologies et les groupes. Ce sont de ceux-là dont nous apprenons tout.

(si l'on se pose la question ; la philosophie n'est pas « une doctrine » mais quantité de systèmes qui ont pour effet, sinon pour but, que vous pensiez, et tous, tous les systèmes, sont requisparce que l'on ne peut pas épuiser le Fait Structurel massif, vertical).

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