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instants philosophie

L’amour courtois

23 Décembre 2023, 10:37am

Publié par pascal doyelle

 

La fin’amor. Le roi Arthur. Le Graal.

Il ne s’agit pas d’abandonner l’universel, la pensée, mais de la plier vers et par le réel, par l’expérience du réel tel qu’en direct il surgit. 

Or ce réel a pu naître sous nos yeux, au moyen-âge. sachant parfaitement que ce sera du Signe que se marqueront, s’écriront les poèmes et les romans. 

Et il surgit en direct depuis, au moins, Descartes, de plain pied. Descartes qui abandonne la-pensée (cad la métaphysique) et qui la remplace par l’ontologie ; puisque ça n’est plus en dieu ou dans les idées que “ça” existe, mais ici et maintenant et la preuve en est que le sujet existe. donc l'articulation, l'articulation qui est antérieure à la pensée, est ici et maintenant.

Et ce pli, de la pensée vers le réel, aboutit, théoriquement, à découvrir l’universel de ce réel même ; ce que l’on a approché comme le présent, qui est l’exister, le mouvement, le devenir, ou la véritable perfection qu’est la perfectibilité, et ce en raison du possible ; le possible rend le réel plus grand que lui-même et il y a une réalité afin que quelque “réel” naisse, en plus. 

Ou, meilleur moyen de comprendre, d’en saisir l’importance, si le sujet est articulation, c’est que le rapport est ici même. Pas (d’abord) en dieu ni (avant tout) dans le ciel de la pensée, mais ici même. Un rapport ne peut qu’exister ici même ; il n’a pas de double ou de seconde réalité. Kant éprouvera un mal de chien à tenter de stabiliser ; il dira que c’est ici-même mais dans le nouménal (la liberté par ex n'apparaît pas dans la phénoménalité). Et Hegel comprendra si bien que du rapport il s’agit, que tout ce qui reste de la-pensée, c’est l'articulation généralisée de toutes les expressions de cette articulation, de la négativité qu’est la “conscience”. Transformant tous les systèmes en phénoménologies. Phénoménologies de cette articulation qu’est la négativité. 

Et le glissement est incessant ; même lorsque Marx ou Freud ou nietzsche ou les sciences situeront la réalité dans le monde, l'inconscient ou l’énergie. Ce qui articulent l’humain est dès lors toujours situé au-dehors, dans les réalités “empiriques” ( qui paraissent justifiées comme naturelles ou réalistes mais qui sont évidemment des images ou idées, construites et abstraites et ne se donnent comme évidentes que par idéologies ou négations). 

C’est que dieu, les idées ou le christique ou le sujet sont rejetés hors de l’objectivation ; la réalité, donnée là, mesurable ou perçue ou affectivement ressentie, paraît plus réelle que le réel (dieu, la pensée, le sujet ou le réel donc). Dès lors et effectivement le rapport n'apparaît pas dans les contenus. Or il n’est pas de contenus sans le rapport même.  

Cependant il n’est de contenus ou d’objet construit expérimentalement ou scientifiquement ou idéologiquement, que de et à partir d’un sujet ; 

Soit donc à partir de Descartes qui lance théoriquement ce que galilée et autres initièrent ; le programme, le projet de la science, de la mathématisation, et du sujet transcendantal. La seule articulation que l’on connaisse est celle que l’on éprouve comme je. (Et il dit que ce rapport c’est dieu, l’image de dieu en tant que nous, le sceau de dieu lui-même, qu’il désigne comme “volonté” cad intention si l’on sort du classicisme de la raison consciente, alors que “intention” signifie vers la conscience intentionnelle, qui non seulement couvre un domaine bien plus vaste que la seule raison, mais en vérité est la source même de tout le reste, de toutes les intentionnalisations, et ce jusqu’à la perception, à la phénoménalité apparaissante). 

Depuis que le je reste seul au devant de tout, placé au Bord du monde, il finit par ne considérer comme effectivement réel que le donné tel que là, soit donc la détermination ; il s’oublie lui-même dans ces étants, ces contenus, ces réalités, ces vies vécues. Jusqu’à ce qu’il se heurte au “là” précisément, cad à l’existence brute de Sartre ; le “ça existe”. 

Par quoi il ne s’agit plus seulement de la structure du sujet (qu’il soit christique, cartésien, kantien, hégélienne, husserlienne, etc, sartrienne et lacanienne) mais du lieu en lequel paraît, surgit, se structure le dit sujet. Heidegger, par exemple, l’être-le-là, la clairière et l'articulation titanesque du temps ; articulation que l’on ne saisit pas bien ; puisque, en vérité, il s’agit non de l’être, ou l’estre, mais du présent.  

Évidemment il ne s'agit pas seulement du présent coincé entre le passé et le futur, mais de cela même qui déroule la totalité de l’être, des essences, et qui n’est pas, ce déroulement, lui-même une essence.

Or ceci implique de toute manière et quoi qu’on y fasse, la capacité de l'indétermination parvienne à sa propre compréhension ; ou donc, et bien que seules les déterminations sont telles que données là, ce qui existe est la forme de ces déterminations ; en tant que présent et en tant que conscience. Et ainsi loin de croire en la formule magique de “l'indéterminé”, on en est venu à préciser distinctement en quoi et par quoi l'indétermination se signifie dans le monde donné là et dans le vécu ; en tant que présent et conscience. 

Il s’agissait seulement donc de tirer toute la conséquence de la structure agissante et si elle agit c’est qu’elle est le possible-même. et le possible-même s’indique comme rapport, en ce que, précisément, le possible assure et assume la capacité de rapports. lorsque vous définissez dieu ceci ou cela, tel ou un tel, le jeu est déjà joué. De même lorsque vous vous définissez en une identité ; aussi fut-il implacablement nécessaire que dieu, l’être, le sujet et le réel soient formels. de sorte qu’ils entraient dans la représentation et renvoyaient la réalité, la réalisation, l'humanisation ou l'individualisation à leurs possibilités mêmes ; ce qui fut fait.

La capacité de l’indétermination, ou le signifiant assoiffé 

De là que ces formes absolues (une forme est de fait absolue) créèrent les mondes, les mondes humains qui suivirent ; du monothéisme à la révolution ; 

De là que l’on ne peut pas voir, percevoir, toucher ou acquérir le caractère formel du réel ; il ne s’obtiendra pas en une subjectivité ou ne se déduira en ou d’aucune objectivité ; ni pensé, ni ressenti. Par contre il est, l'indéterminé, cette forme qui créera, en chacun et en tous, des affects spécifiques.  

Un des affects fondateurs, dans notre civilisation, est celui du fin’amor, de l’amour courtois ; du jamais vu nulle part en aucune civilisation. comment une relation intersubjective s’élève en et par son propre pouvoir, sa propre capacité, son déploiement de rapports à toute une société humaine et reprenant à la fois le merveilleux celtique et l’esprit chrétien en une transformation de l’épique et du lyrique en mystique, mais en mystique éprouvée ici et maintenant. Ce qui se résume par cette énigme ontologique : le graal.

Le graal, le signifiant invisible, ou ininterrogé, le signifiant sans signifié, et qui est “absenté” ; de même que le christ, il est là et il n’est pas là. normal qu’il naisse en france, puisque le français ne veut pas combler le vide, le centre ; le centre est partout ; il n’est pas absolutisé, puisque c’est ce qui circule. 

Soit donc la relation humaine, y compris relation humaine à soi-même. 

Mais ce dernier est la pointe ultime ; précède l'ensemble de tous les rapports humains tels que modifiés, transformés, devenus, ayant renouvelé le christique (puisque c’est ce à quoi tout aboutira mais bouleversé) ; devenir qui va se permettre, s'autoriser, rendre possible et accessible le véritable rapport humain ; sous l’auspice du fin’amor, de l’amour courtois, en tant que processus civilisationnel complet ; raison pour laquelle il a pu s’étendre de quelques romans à un idéal humain généralisé, puisqu’il s’agissait, de fait et absolument, d’une humanisation et d’une humanisation individualisante ; le lien entre soi et autrui, mais aussi entre soi et soi-même, et selon l’existence, l’étonnement ou l’effroi face à l’existence. 

La finalité est qu'étant donné que notre être n’est plus un être mais précisé comme un rapport ; que faut-il introduire pour que ce rapport se modifie (ce qui lui est désormais accessible de et par lui-même en tant que rapport) ? la réponse est ; le rapport lui-même. Le rapport est cela même qui doit être introduit en lui-même, afin que, signifié, il puisse se définir et redéfinir sans cesse et qu’étant un rapport il puisse réaliser lui-même, de par son activité, cette transformation, ce devenir, cette perfection (au sens de perfectibilité, ce qui est le summum ou en somme la perfection seule réelle ; qu’elle puisse devenir). or donc, puisque nous sommes rapport et rapport vers (tout ceci et tout cela, tout soi-même ou tout autrui). 

Aussi faut-il donc que ce rapport soit exposé et partagé à la vue de tous et de chacun ; et le face à face homme-femme servira de modèle et sa logique s’étendra à toute la cour, mais aussi bien au-delà (un nombre certain d’enfants seront prénommés Lancelot ou Gauvain, et il y eut quantité de rééditions des romans et poésies) ; puisqu’il s’agit de mettre en forme la relation humaine (entre amants, entre chevalier et seigneur, entre tout-un-chacun, entre vous et vous-même). C’est presqu’intégralement que le relationnel humain et individuel sera manifesté dès l’origine du roman et de la poésie, de ce que, depuis, on nomme roman et poésie. 

Se cumulant finalement en une version du messie, mais messianique, juif, et d’un royaume en ce monde, d’un roi Arthur emporté en Avalon, le roi qui-reviendra. Suivant la pente d’une réalisation du royaume. Qui échoue.  

Et jusque dans des formulations étranges ; “je ferais un poème de pur néant” (Guillaume IX) ; “je jouirai de la joie, dans un verger ou une chambre” (Arnaud Daniel); Perceval “devine” son propre nom ; le roi Arthur invente la dépression ; Lancelot l’extase idéale ; et tout cela (et bien plus) non pas dans la vue de dieu ou de l’au-delà, mais, de par le magie celtique et les contes, dans la mitoyenneté de la vie, du monde et du merveilleux. 

(un certain nombre d’enfants seront baptisés des prénoms des héros de roman)

Puisqu’en somme il s’agit d'inventer de créer une ouverture dans le monde donné et la vie vécue et la relation humaine (y compris à soi-même) une sorte de vie chrétienne sans christianisme. et ce via la littérature et donc la vie humaine, et en tant que le signifiant ne désigne pas le plaisir ou la satisfaction (puisque l’amant ou amante jouit de l’amour lui-même et non de sa résolution), mais la capacité de désigner sa propre existence (de soi et d’autrui).

De par la fin'amor, il ne s’agit plus de s’orienter vers dieu et l’au-delà, mais pas plus se succomber au désir et à la détermination naturelle, celle de la satisfaction ; aussi l’amour est-il précisément, même lorsqu’il est “insatisfait”, en lui-même l’amour est jouissance ; jouissance du jouir ; et donc (les poèmes le révèlent) jouir du signifiant. Or le fin mot du signifiant est de s'adresser à autrui (christique) et à soi-même. Autrui et soi-même, en tant que dans l’envisagement du tomber amoureux, chacun se retrouve sur le Bord, le Bord de tout ce qui est. Sorti de son moi, et exporté en une fois tout entier, tout entièrement hors du monde, de la vie vécue et dans un énigmatique renouvellement de tout l’être. Puisqu’alors sommes-nous abordés par l’exister (et non plus selon l’être). Exaltation ontologique et c’est bien pour cela que les poètes et les romans du moyen-âge imposent une nouvelle, autre civilisation. 

S’ouvre alors, se découvre, s’invente, se crée l'ensemble de tous les champs du signifiant, tel qu’il se créera en tous domaines (du littéraire à l'esthétique, de l’éthique à la politique, de l'esprit commun à tous à l'individualité, tout est déjà mis en place de ce que, simplement, il s'agira de retrouver dans le monde (chrétien et celtique ou merveilleux), dans la vie vécue (et éprouvée en ses affects, seraient-ils étranges, extraordinaires, exaltés, dépressifs) et en autrui comme en soi-même, de retrouver le même soucis, la même exigence ; celle de l'élévation. L’amour courtois crée la possibilité de l’élévation de la relation humaine.

Il s’invente et se crée un tel champ parce que celui-ci est la structure même, non aléatoire, parce qu’universel ; il existe une structure-conscience, laquelle est identique, absolument, partout et en chacun. Elle est identique ‘absolument’ puisque formelle (indépendamment de tous les contenus et de toutes les identités, et pourtant absolument, à chaque fois, individuelle, singulière ontologiquement). 

 

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De la compréhension du réel

9 Décembre 2023, 11:11am

Publié par pascal doyelle

« Rapport » signifie « possible », or non au sens de « tout est possible » (ce qui est la formule vaine du désir, de l’imagination, de l’hallucination) mais au sens de « le possible est ».

ce qui réclame une structure. Parce que ce qui dure, dans le temps (ou au début l’écoulement pour ainsi dire), ce qui dure est le mémorisé (les choses et les êtres sont des mémorisations, et de fait, par ailleurs, l’arc de conscience est une autre forme de mémorisation, absolument singulière) ; le mémorisé est l’organisé.

Ce que l’ancienne pensée, la métaphysique (avant Descartes qui sépare « la conscience » de «la  pensée ») nommait les essences ; lorsque l’on se focalisait sur l’analyse des réalités dans leur pensabilité, leurs déterminations susceptibles d’être amenées en l’universalisation ; Descartes pointe que justement cela qui pense n’est pas de la pensée (la « pensée » pour Descartes est l’ensemble des facultés, ensemble qu’il ne nomme pas et que Husserl désignera comme intentionnalité) ; on passe dès lors avec Kant et Hegel et Husserl et, sautons les étapes, Sartre à l’activité de conscience et de conscience en un corps (ce que signifie Lacan). Donc la forme de structure est antérieure à la pensée et la réflexivité est retour sur notre-être, une structure excessivement étrange. Mais le réel est étrange, intégralement, et se tient toujours à son maximum, à son excès, à son extrémité ; le présent. Le présent est la point absolue, formelle, et une et unique, qui déroule l’entièreté de ce qui fut, est, sera. Qu’il soit fonctionnel (et ne désignant rien de plus) ou dimensionnel (et signifiant le possible même comme structure absolue de tout, mais alors le possible est le réel même et sera in-finiment possible, emportant vers dieu ou une unité structurelle absolue ou un sujet, puisque seul un sujet existe à la fois au début et à la fin).

Comprendre le sens, la signification, la portée (absolue) de dieu, de la pensée, du christique et du sujet révolutionnaire.

Le sujet révolutionnaire ; celui qui devra, dans l’enthousiasme de sa propre Intention, réaliser ; ce qui veut dire réal-iser, rendre réel. Et rendre réel la sainteté (et donc dieu, le un tout-autre), ce qui signifie la justice, ou encore la fraternité. Israël est la nation de prêtres, nommément et telle qu’elle se voulut puisque dieu est la forme une et antérieure à tout, et donc formel.

Que l’on place la forme (de tous les contenus) sur la scène et en avant, implique que l’on va juger et décider et intentionnaliser selon cette forme (et non plus en des contenus déterminés ; de même que la raison, la pensée, grecque, outrepasse le langage commun et invente ses propres signifiants, et donc ses propres perceptions ; par les idées on voit autrement et plus que selon le commun.

Sujet révolutionnaire, et ce après que soient conclus l’égalité (le christique et autrui) et la liberté (Descartes et le je). On atteint, donc, la racine et rendue effectivement réelle la source.

Mettre en formulation, liberté-égalité-fraternité, c’est cela qu’est dieu, la pensée, le sujet et, enfin, le réel. Cad la réal-isation. Qu’ensuite nous n’en soyons pas dignes (ou plus ou moins indignes ou indignes) c’est une autre histoire.

La signification est dite absolue parce qu’elle est formelle ; ce qui existe vraiment c’est la forme ; en l’occurrence et autant que l’on s’en réfère à notre expérience ; le présent et la conscience ; ou l’arc de conscience dans l’arc du présent.

Étant entendu que la forme en question est décrite comme « rapport », et qui dit rapport implique activité ; le présent est l’activité, et donc l’actualité, qui déroule toute réalité et de même une « conscience » n’est pas un état ou une chose ou une essence, mais un mouvement. Fondamentalement, et dans son apparaître (l’apparaître est tout ce qui est, l’être est ; c’est l’ensemble de toutes les essences, de choses ou d’êtres, qui sont des mouvements mémorisés, et qui, par ailleurs, continuent d’exister en tant qu’activités ; un rapport ou une chose sans activité n’existent pas ; l’être est second, dans le mouvement de l’exister, c’est en la structure de cet exister que l’on introduit, depuis dieu, la pensée, le sujet ou le réel)

Fondamentalement donc, et dans son apparaître, le mouvement est le signifiant (de tout langage), qui tisse les liens entre perceptions, ou entre signes. Pareillement le nombre, le 1, est un rapport ; le rapport à soi de n’importe quelle unité;et sur le 1, tout le reste est fondé (addition, soustraction, etc) et peut être accolé à n’importe quelle réalité, découpée ou augmentée, etc. Toute modification dans ce rapport du nombre devant être expliqué, cad déplié par un autre calcul qui argumentera des raisons de la dite différence.

En tant que rapport. Le rapport seul donne à saisir que cet être (dieu, soi ou autrui, ou donc le réel) tiennent d’eux-mêmes leur réel ; il n’existe aucun ordre par-dessus la réalité, la réalité se déploie de par et dans son activité, et en l’occurrence, chaque je, soi ou autrui, apparurent et se développèrent (via dieu, la pensée, le sujet ou le réel) en se transmettant non comme contenus (seraient-ils exceptionnels et électifs) mais en transmettant le mouvement, le rapport comme activité.

Rappelons que le signifiant est cela même qui coupe en deux le corps vivant (qui n’y comprend rien et est pris d’une panique, d’une terreur incoercible, non maîtrisable) ; sinon l’individu en reste à la jouissance, cad à l’hallucinatoire jouissance (qui n’a jamais existé, qui n’existera jamais mais dont il est pris, au point d’entendre, de voir, etc, dans la réalité cette hallucination, si il est fou ; et que le signifiant des signifiants est dieu, le signifiant avant les signifiants, qui n’est donc pas un signifiant mais la position de conscience qui désigne, là, au-dehors, un réel (lequel est autre, autre que nous-même, et qui est perçu non parce que nous le percevons mais parce que nous nous percevons à partir de ce réel ; à quoi le fou ou l’hallucination ne peuvent accéder). Dieu ou l’universelle objectivité ou le sujet ou le réel sont autres.

On dira ; comment ça le sujet ? Mais parce qu’il (se) désigne… il dit je pense donc je suis et ainsi n’est ni la pensée ni l’être, mais le point mystérieux, étranger, tout à fait autre caché au cœur de tout et tellement existant qu’on ne le voit pas. De même le présent qui n’apprait nulle part mais est partout, en chaque point.

 

Dieu est ainsi l’intention formelle ; qu’elle soit formelle veut dire qu’elle est une, unique et universelle. Dieu est la volonté (vide), le signifiant antérieur au signifiant (le verbe, le christ) et donc dieu n’est pas un signifiant, on ignore ce que « il » est. Si elle n’était pas formelle, elle serait comparable à d’autres déterminations, toutes quelconques, et composable ou définissable selon le monde, selon des différences ou des distinctions mondaines, ce qui veut dire déterminé.

Pour comprendre que dieu soit l’intention en tant que formelle d’une part et qu’elle soit « intention » d’autre part, ça ne peut s’effectuer qu’en définissant ces deux principes via le « rapport ». Ce qui existe en tant que rapport est à la fois formel et intentionnel.

Étant l’intention originelle, ou donc le premier (et le seul) rapport (qui initie, crée tous les autres rapports), il délègue soudainement cette formalité à un-seul. Le un tout-autre lance dans le monde le un tout-seul. De fait son indétermination se transmet alors (et totalement) à un-seul ; le christ.

Ce qui veut en-un-corps. Un corps vivant. Pour le dieu un, unique et universel qui se proclamait « vie », « le vivant », il devient soudainement un-corps-vivant (personne ne s’y attendait, le serviteur souffrant était Israël lui-même ou bien les prophètes mais non pas « dieu en personne »).

et effectivement une « conscience » n’existe que dans et par un corps vivant individuel.

Ce faisant chacun, chaque corps (et donc toute la création) est « sauvée », ce qui veut dire élevée, élevée à sa destination seule réelle ; soit donc, si l’on a suivi, au mieux et au plus des rapports possibles.

La re-Création par le christique, est le renouvellement incessant des rapports ; au lieu de seulement subir la Loi (qui condamne et nous enferre dans la culpabilité) nous sommes pardonnés pourvu que notre Intention renaisse continuellement, et sincèrement autant qu’il se peut, et ce afin que la condamnation cesse de nous clouer en une identité ‘mauvais’, qui se dévore elle-même et se hait (et déteste tout ce qui est et autrui) ; le renouvellement de notre intention c’est la capacité de réinitier de nouveaux rapports ; tout comme la révolution rend possible (constitutionnellement pour ainsi dire) une ressemblance entre tous et chacun relancée et prédisposante. C’est la pré-disposition, celle qui se situe avant toute intention déterminée et qui vient orienter l’esprit, cad la conscience ; la conscience avant la conscience (plus moi que moi-même, disait St Augustin).

Et ce renouvellement (qu’introduit le christique dans le monde), le renouvellement de l’intention (par le pardon) se continue dans et par le saint esprit, ou si l’on préfère la communauté, la nouvelle communauté qui ne s’enracine pas en tel ou tel monde ou représentation humaine, mais dans la volonté retrouvée par tous et par chacun.

Le saint esprit est la communauté mais de second degré (et non plus immédiate, maya pour le maya, égyptienne pour l’égyptien ; ici il suffit d’être l’individu que l’on est, celui-là même qui est crucifié, nu, sans rien, sans monde, sans mise en forme culturelle déterminée, hors de tout groupe, catégorie, ou caste, cad dépassé et recréé dans le regard du un-tout-seul, celui qui meurt seul, trahi, abandonné, torturé et mis à mort ; le regard christique vous tient hors de tout (puisqu’il est lui-même bien avant tout ce qui est, étant « celui par qui tout fut fait selon l’intention du Père) et donc aussi hors de vous-même ; quelque « vous-même », identité, que ce soit n’est rien (appartenant à l’être) face à la structure (divine et hors du monde), la structure de conscience qui vous intentionnalise.

La finalité de toute cette immense (et absolument unique) entreprise est de renouveler la totalité des rapports en ce monde, en cette (nouvelle) historicité (nous comptons les siècles à partir de ce point-là), des rapports entre individualités et des rapports avec-soi-même ; tous médiés dans le rapport unique.

Restera donc d’introduire le dit rapport, distancié, qui ne colle plus à telle ou telle détermination du monde ou des mondes humains ou de notre identité, d’introduire ce rapport en et par chaque je ; le je suis cartésien. Il sert à ceci, très précisément et très exactement.

(avant d’être redistribué à nouveau en chacun bien effectivement et bien historiquement par la révolution)

Non pas au plus des rapports déterminés et en quantité, la pseudo rutilance du monde ; qui peut être fort agréable mais qui se répète ; alors que précisément la technologie du rapport, la possibilité dans le rapport consiste en l’élévation ; non pas par exemple considérer autrui comme homme ou femme selon la sexuation, mais en tant que je ; laquelle apparente abstraction est en vérité une plus grande et élevée richesse, puisqu’en tant que je(s) ils ou elles rendent accessibles quantité de (nouveaux) rapports, qui seront basés non sur une détermination (la sexuation respective) mais selon « de quoi un je, quel qu’il soit, est capable » et « jusqu’où » ?

Chacun est absolument, puisque formellement, individualisé et c’est ainsi que chacun est élu, libre et égal tout autre. Ce qui peut se comprendre instantanément mais qui ne peut être déplié que si l’on introduit le concept de « rapport » ; puisque si chacun est un rapport c’est avec-soi ; et avec-soi en tant que non un-tel ou un-tel, Pierre ou Catherine, mais en tant que je, en tant que signe-vers-soi.

De fait le christique initie autrui, autrui en tant que rapport ; on ne peut pas en imposer à autrui, puisque autrui est un rapport qui a, avant tout et singulièrement, rapport à lui-même et qu’il est bien sur absurde, imbécile ou méchant de s’interposer. Donc le rapport ‘dieu’ se démocratise si l’on veut, et sort de tout peuple spécifique, puisqu’il s’agit, dès lors, de chaque corps, chaque individu.

À quoi s’ajoutera l’europe qui entend très bien le christique et son souci d’autrui, en tant que rapport (qui ne doit pas être brisé, et à partir duquel ce je peut exister) et qui découvre, pour sa part, que outre autrui (par quoi se lance l’individualisation généralisée) chaque « je » existe. S’ajoute donc et cet ajout est fondamental (aussi fondamental que tout ce qui l’a précédé), s’ajoute la considération que le je a de lui-même ; sa considération, au sens de respect (de soi) mais tout autant sinon plus en tant qu’il se considère dans son propre champ de conscience ; la conscience insiste sur l’activité de conscience (qui se dénomme pluriellement), ainsi affecté le je s’augmente et s’intensifie de signes, toujours nouveaux, qui marquent sa perception, imagination, désir et affect, intellect et sens de l’historicité ; dieu, la pensée, universelle, le sujet, christique et cartésien, le réel ; le réel de la réalisation humaine humaniste et personnaliste, et du réel comme avènement, historicité, révolutionnaire, français, d’État et de droit, de constitution et de citoyenneté, qui instancie dans la réalité humaine tout ce qui était en préparation précédemment, de dieu à la littérature, de la relation à autrui (présent en nous par la poésie, le roman) à la relation à soi, qui n’est pas du tout évidente et doit être élaborée ; bref tout cette confluence d’un universel plus grand que la seule « pensée », qui fut élevée comme idéale parce que objectivement désignable, étale, là-au-devant, alors que l’universel, seul réel, est le sujet, cad la conscience, la conscience de soi (perçue du christ), la conscience du je (perçu, et signifiée, par le je lui-même, évidemment ; un je ne peut pas exister si il est perçu par un autre … donc il se dit, s’énonce, se désigne de et par lui-même ; Descartes).

L’impossibilité de l’énonciation (le rapport, qui n’apparaît jamais comme tel) peut cependant être signifié ; puisqu’il fait sens pour et par un sujet ; c’est donc le sujet qui se transmet, religion ou philosophie, historicité ou politique, esthétique ou poétique (puisque l’on y perçoit et que l’on décrypte par une individualisation), relation ou conscience de soi individuelle,

cette impossibilité, qui désigne le rapport lui-même à ses propres yeux, afin qu’il se prédispose à, constitue tout l’enjeu ; dieu, la pensée (cad le, les réseaux intentionnels qui doivent être pensés, par quelqu’un évidemment, et quelqu’un qui existe au devant du monde donné là et non pas dans le creux d’un peuple, d’une acculturation particulière, d’un monde communautaire), le sujet, via autrui, christique, et par rapport à (soi), cartésien et tous les suivants, puisque cette marque devient l’installation même d’une unité, formelle, ici et maintenant (et non plus exclusivement au-delà et en dieu ; ce que de toute manière libérait dans le monde et le temps, le christ ; initiant l’autre re-Création et premier né, bien sur, de la nouvelle Création ; toute l’acculturation qui suivit donc et qui doit être nommée « acculturation », au sens de mise en forme culturelle, mais aussi au sens de « chaque fois on recommence depuis le début », à zéro, puisqu’à chaque fois l’initiative revient aux je, à chaque je ; cette historicité, humanisation ou personnalisation, n’existent que par et pour les efforts, les volontés, les affects et en bref les Intentions de chacun, de chaque un.

Sinon, si ça n’est pas dans la forme étrange du je, de chaque un, ça n’a aucune raison d’exister.

La nation, Israël initialement (qui se crée par une « volonté » que personne ne comprend a priori ni en aucune culture préalable, aucun territoire évidemment, esclaves alors) ; la pensée et la raison et le savoir du monde, universel, donné là (et non plus égyptien ou maya) et que l’on peut transmettre de la pensée à la pensée, puisque revenant à la forme universelle en elle-même, par la raison précisément ; le sujet en son corps, christique ou en sa volonté, cartésienne, et l’inscription tellement incompréhensible d’une société humaine et révolutionnaire d’individualités qui s’impose comme forme universelle de toute société humaine ; ce qui eut lieu.

Tout ceci revient au développement de la structure, de conscience, celle antérieure à tous les contenus, et qui a accès soudainement à elle-même (en son intuition pure ; dieu, évidemment sans rien d’autre, aucune détermination),

au monde donné là (universel et analysable selon des idées, en tant qu’ intentionnalisations, puisque seuls les consciences, une par une, ont accès au monde donné là, en deçà des mondes représentatifs humains selon telle ou telle communauté),

à l’individualité (en tant que corps, christique, et vie vécue, et ensuite en tant que conscience de « soi », cartésienne)

et enfin en tant que dans l’historicité réalisant le monde, sciences et technologies et idéologies, la vie vécue, le moi-même (années soixante), réalisant toutes les intentionnalisations possibles (depuis 2 siècles).

(épuisant la réalité ; tout comme l’intentionnalité éreinte les mois eux-mêmes, désespérés, fous, névrosés, en dépression, obsédés : Sartre et Lacan ; puisque la structure n’est pas du monde, de la détermination, de la réalité, mais de la forme « réel » ; l’arc de conscience est une horreur qui splitte, coupe de haut en bas, sans reste (sinon l’inconscient) tout le corps vivant).

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