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instants philosophie

Le petit-cercle du réel

28 Mars 2020, 09:57am

Publié par pascal doyelle

(suivra, peut-être un jour, le grand-cercle, qui est tout autrement difficile)

Il y eut des mises en forme culturelles, des mondes humains séparés, ce qui permit de créer le langage, les échanges, les représentations et mythologies, règles familiales, etc. à chaque fois ces mondes furent particuliers ; né maya on percevait maya. Sinon vous ne compreniez pas le monde maya puisque ne le percevant pas.

Ensuite il s'est installé, sur la scène, ce qui autrefois était recouvert ; à savoir le monde unique universel (dessous tous les mondes humains acquis) d’une part et d'autre part le corps de chacun, son vécu, son intention et ce que l'on nommera plus tard l'intentionnalité de chacun.

Monde donné (universel) et corps unique de chacun, soit donc les grecs et le christique. Le monde unique relève de l’universalisation, le corps unique de chacun revient au sujet. Évidemment le sujet ouvre un champ bien plus grand que celui de l'universalisation, aussi lorsqu'il paraîtra, par le christique, il absorbera l'intégralité de la pensée, reprendra les éthiques et esthétiques, les politiques et idéels (connaissance).

Il ne s’agit pas, dans le sujet, du subjectif (qui n'est qu'une partie de l'arc de conscience ; on est cette subjectivité mais on peut également penser ou élaborer des mathématiques et c'est le même arc qui assume l'un et assure l'autre ; remarquons que la psychanalyse nous montre, de son côté, que même si on est un mathématicien en réalité le seul réel consiste en ce moi, qui utilise les maths pour faire-semblant, pour distraire l'angoisse ou l'horreur fondamentale, que rien ne peut encercler).

Mais donc le sujet est la structure en-dessous qui supporte objectivités, subjectivités, perceptions, intentionnalités, universalisations, organisationnel de la société humaine, etc. Parce que le sujet n'est pas une « substance » mais une structure, cad un rapport. Et c'est un rapport en ceci qu'il est une intentionnalité ; toute perception se produit d'une intention et toute perception est accolée à un signe qui permet de distinguer ce qui autrement resterait un donné-là massif et confondu. De même si on ne se place pas soi-même sur la scène comme étant un Je alors on est homme ou femme, esclave ou libre, riche ou pauvre, maya ou égyptien, et toutes les catégories des mondes qui ne fonctionnaient que par ces différenciations et jamais en affirmant la valeur fondamentale que « chacun est un Je », un sujet et qu'il est à lui-même existant. Ce qui nous semble évident, mais qui ne l'était pas du tout. L'organisation ne pariait absolument pas sur l'individualité, mais sur ses catégories. Et c'est évidemment le regard du dieu en plus, le christique, qui produit, rend possible, permet d’accéder, permet que chacun accède à soi-même comme simple Je (qui a conscience du segment naissance/mort à partir d'un point-autre).

Il apparaît donc que signifier que chacun soit un Je veut dire infiniment plus que « subjectif » ou « moi-même » ; cette proposition (historique, tenu par le christique, puis la révolution liberté ou liberté-égalité) ouvre l’ensemble de tous les champs (y compris esthétiques ou rationnels, ou de choix et d'inventions comme de créations, tous réels et concrets et effectivement agissant). Ça n'est pas rien : c'est le levier lui-même qui élève l’historicité, qui renouvelle l'anthropologisation ; l'ensemble ne peut progresser que si chaqu'un progresse, se-sait, se signifie comme réel. Ce qui implique une acculturation gigantesque, ce qui fut lancé, et ensuite lancé mondainement. La révolution, l’État, le communisme ou le libéralisme, la mass médiatisation sont de telles mises en œuvre.

C'est pour cela que le christique nous le désignons comme l'Existant et non pas le vivant : lorsqu'il dit de lui-même qu'il est « le chemin, la vérité et la vie », il faut entendre l'existant, celui qui par son regard vous fait paraître sur la scène du monde et valant en et par vous-même, non pas vous-même égocentriquement mais par et pour et vers un regard autre qui vous tire de votre immédiateté. Auparavant chacun vivait, mais ne disposait pas de représentation de soi adéquate, sinon dans les catégories ; pour les grecs eux-mêmes individuellement vous deviez être un héros ou un philosophe, qui acquérait sa valeur de ses actes ou de la pensée. Par le christique vous êtes déjà de fait in-fini. Et c'est vous qui donnez la valeur, le « la » (qui absorbe le « là » de l'être grec, ce que ne reconnaissent pas les philosophies qui croient encore penser comme un grec, et imaginent passer outre le christique). Que le sujet s'introduise comme individuel, veut dire non pas qu'il se réduise à la subjectivité mais bien que vienne au devant une structure qui rendait accessible la capacité de créer quantité d'intentions, d'intentionnalisations, de perceptions, de textes, de vécus, de désirs, etc.

Que l'on existe au regard du christique, veut dire qu'ensuite vous devrez exister à vos propres yeux et évidemment comme il ne s’agit nullement de laisser chacun dans l'isolement de sa « subjectivisation », ce sujet est instantanément branché sur le Regard de l'unique (le un tout-seul, le dieu en plus, qui s’ajoute au premier, qui était le un tout-autre, pure Intention gigantesque ou pour mieux dire infinie, antérieur à toutes les réalités, tous les univers, tous les mondes) et instantanément porté vers et par autrui ; il s'agit de couvrir le réel d'un réseau de consciences, d'intentionnalisation. Puisqu'il s'agit de rendre possible, pour chacun, la capacité de créer de l'intention, de l'intentionnalité, des perceptions, des champs entiers de perceptions nouvelles ; de même que le christique puisqu'il permet de passer de la Loi (qui vous juge selon des actes « actés ») à la Foi (ce qui veut dire à votre Intention réelle, laquelle n'est pas jugeable, doit être sans cesse relancée, réactivée, et sera à elle-même son propre jugement, à la fin ou durant votre existence, durant votre vie devenue votre existence, comme on verra une autre fois) ; jusqu'alors le monde était organisé, ce qui veut dire perçu, par le groupe ; il était hors de question que l'on perde le cercle de la communauté, sous peine de ne plus survivre, de sombrer dans le désordre ; dès lors il devient possible de manifester son propre rayon d'action.

Ce qui ne fera que s'étendre ; les grecs augmentent l’intentionnalité, (au-delà du groupe et relevant de chacun en tant qu'universel) ; le christique intensifie (rendant possible que la vie devienne une existence) ; il y aura ensuite l'extension de cette augmentation-intensification (la renaissance par ex, mais aussi quantité de possibilités du moyen-age), puis l'accélération de cette structure par Descartes et suivants, la révolution qui étend à chacun l’aperception structurelle de soi selon deux modes ; d'abord la liberté anglo-saxonne et ensuite selon la liberté-égalité, française, qui permet de mesurer, justement, la liberté) et amenant à une concrétisation, une matérialisation, une matérialisation des intentionnalités (notre temps n'est pas du tout un matérialisme, mais une matérialisation des intentions, de entrepreneur au moi des années soixante, du « goût » aux choix et aux désirs, etc ; de là que nous soyons soumis à l'injonction « sois heureux, sois toi-même, sois ton désir » etc, toutes choses que nous ne sommes pas, parce que la structure du sujet n'est pas, elle existe, elle est prise dans et par son activité, qui est, de fait, un activisme, qui ne peut pas cesser sans disparaître, intégralement).

Rappelons ; Descartes n'invente le sujet accélérée, il le révèle ; et donc de ce point de vue l’accélère effectivement mais ne le « crée » pas, le sujet n'est pas un objet de pensée ou un contenu ou une réalité mais un réel, une structure qui peu à peu se manifeste telle quelle dans le monde, et dans la représentation produit ses repères, son repérage, sa cartographie de mouvement et qui ne peut pas se percevoir sans se créer lui-même ; cette structure n'est pas dans le monde, mais sur le Bord et donc doit élaborer ce Bord, le rendre complexe, déplier ses possibilités, non pas ce qu'elle est déjà mais ce qu'elle peut exister, jusqu'à quel point peut-elle exister ? Quel organisationnel du monde humain cadré par la structure (et non pas se tenant d'un contenu, d'une représentation, dans champ intentionnel partagé et réglé sur et par une communauté qui se transmet, se communique), quel organisationnel est possible ? Jusqu'à quel degré il nous est possible d'étendre la tension de l'arc de conscience qui se crée, là, dans le moment, et va chercher au plus loin sa capacité, sa capacité pour soi et pour les autres arcs ?

Or Descartes si il met le doigt sur le hiatus, l’articulation, la possibilité même, ne parvient pas à décrire son mouvement réel ; dire que je suis une chose qui pense, qu'est-ce à dire ? Une chose ou une pensée ? Il fallut donc attendre Husserl puis Sartre (après Kant et Hegel et ses deux phénoménologies, celle de la conscience comme historicité et celle de la pensée comme savoir) pour commencer d’apercevoir que « la-pensée » n'existe pas mais que l'arc de conscience lui existe et cause la-pensée (cad l’imagination, le sentiment, la décision, les idées, la perception, etc, bref tout ; Descartes ne définit pas la-pensée comme l'ancienne métaphysique, grecque et scolastique, mais comme « faculté », laissant son dispositif, celui du doute, cogito, infini, troisième substance corps-esprit prendre tout le champ , en somme il saisit que la-pensée est seconde et non pas première, sans pouvoir lui-même distinguer ce qui ne viendra qu'avec Husserl, puis Sartre). Or il fallait donc situer l'arc de conscience, en tant que sujet kantien (situé dans le monde, selon les finalités éventuelles, selon la phénoménalité, etc), marquer son devenir hégélien, décrire son organisation Husserlienne, et commencer de planter les enjeux de l'arc sartrien (ce que son implantation ontologique implique ; le regard, le corps, autrui, les choses, l'historicité, etc). Puis passer de l'autre côté (puisque l'on est parvenu jusqu'au bord de la réalité et ce vers la structure même qui permet de basculer de la réalité et de toute détermination quelconque du sujet, au sujet de structure lui-même) et définir la position ontologique en et par le réel.

Et donc au travers de tous ces effets, de monde, d'humanisation, de personnalisation, s'impose l'intentionnalité ; toute perception se produit d'un signe accolé en et par une intentionnalité qui va vers le monde, le donné, mais aussi le vécu, le corps et qui autrefois était « pensé » par le groupe et qui par le christique qui vous extrait de tout monde immédiat, vous crée comme sujet (sujet d'un autre-sujet, le un tout-seul, celui qui meurt méprisé, torturé, (presque) anonyme, sauf qu'il est, dit-il, le seigneur, le verbe, le libérateur ou ce que l'on voudra bien et qui manifeste donc dans le monde une interruption que rien ne peut abattre ; parce qu'il n'existe rien dans le monde, le vécu, qui soit comparable ; le sujet, la structure intentionnelle ne correspond à rien qui soit du monde ; donc on ne s'y retrouvera pas, jamais.

Pareillement dans le champ paraissent toutes les nécessités que l'on voudra ; puisqu’il n'est pas question d'assigner le sujet ou les mondes humains à un donné « naturel », étant entendu que ces mondes ou ces sujets précisément s »joutent au donné ; nulle part dans la nature on ne trouvera des mayas ou des grecs ou des français ; et peu importe les nécessités, elles seront de toute manière contenues dans telle ou telle invention ; ça n'est pas un concours de répercussions, qui voudrait qu'il faille connaître pour être libre ; cela n'a pas de sens ; on existe dans et par le champ d'intentionnalité qui s'ajoute au champ donné là de perception. Même si bien sûr lorsque l'on va commencer de connaître en raison ou objectivement les réalités, cela nous permettra d'encore plus avancer (dans notre propre volonté), mais initialement la liberté, ontologique, préexiste à la raison sinon la « raison » n’apparaîtrait pas.

Sauf donc à penser cette structure qui ne correspond à rien dans le monde, puisque s'adressant au Bord du monde, de la réalité, mais aussi au Bord du vécu et du corps.

Ce que place le christique (et lui seul) et ce que déplace dans sa grande liberté de mouvement unique, Descartes, afin qu'il soit « ici-même », le Bord en tant que sujet, sur le Bord en tant que présent, en quoi il est absolument dans et par la même logique du réel. Cette activité sur le Bord est ce qui s'appelle « penser » depuis le début des temps (le brahma par ex), et encore plus depuis le monothéisme puis les grecs puis le christique, le dieu en plus, le dieu dont l'intention qui sur-existait antérieurement au monde vient exister dans-un-corps ; à penser ainsi cette correspondance impossible ; c'est de penser, représenter, instituer (dans le droit par ex, dans la constitutionnalité des sociétés, etc), c'est ouvrir des champs de perceptions (une esthétique est pour et par et selon des sujets ; elle produit de multiples occurrences d'apparition de ce sujet à lui-même, mais ces esthétiques ne créent pas la structure ; elles orientent vers la Possibilité brute qui est et n'est que du sujet lui-même ; le ressort du sujet n'est pas autre que le sujet lui-même ; on ne peut pas le remplacer ; c'est bien en ceci que le christique ou le doute cartésien ou l'existence sartrienne se provoquent à exister, de par eux-mêmes.

La première (et peut-être dernière) leçon qu'il faut avant tout (cad avant tout cela) tirer, est celle-ci ; il n'y a pas de « nature », de « donné », de « monde », de « réalité », sauf dans articulation, dans le pli. On dira que cela vaut pour nous, parce que nous sommes tendus par et sur l'arc de conscience (qui intentionnalise et donc fait apparaître pour nous les réalités, les choses, le corps, autrui, la pensée, etc), mais cela vaut aussi pour la réalité même ; il y a une réalité, un monde, un univers parce qu'il y a un présent qui active ou jette tout cela au-devant ; tout est mais cet être se situe dans le Pli, le présent, qui, lui, existe. Autre manière de dire qu'il est, lui, un mouvement ; aussi « penser » (de percevoir à créer un ouvre esthétique, en passant par élaborer une Constitution ou philosopher) c'est précisément saisir le mouvement de telle sorte qu'un autre sujet en soit saisi.

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La formulation verticale

22 Mars 2020, 09:35am

Publié par pascal doyelle

Si on se demande ce qu'est le réel, le réel est ce que l'on fait.

Ce que l'on fait réellement ; à savoir non pas ce qui se dissout dans le monde, le donné, la détermination, la composition qui tôt ou tard se décompose, telle qu'en sa nature même, mais ce qui dure et traverse toutes les déterminations d’une part et ce qui engendre de nouvelles possibilités ; parce que le réel est le présent, ce qui veut dire le possible ; il y a un possible parce qu'il y a un présent ou l'inverse comme l'on veut (puisque l'on navigue dans la structure celle-ci est lisible de différents points, étant entendu qu'il n'existe qu'un seul point et que celui-ci se déroule constamment ; acte pur, et brut ; et se déroulant il engendre la vague du présent qui rend possible une réalité).

On ajoute que le dit présent se retourne constamment ; il veut augmenter à chaque fois sa capacité et s'élever de plus en plus haut, grand, étendu, profond, creusé, instancié. Et par instancié il faut comprendre en somme que plus il se saisira ou sera saisi de la conscience de lui-même comme possible, plus il sera capable de. Ainsi « je suis celui qui sera ».

il s'agit donc de signifier au plus loin, et cela ne laisse pas libre cours à la fantaisie, à la facilité, à la chatoyance du monde, du vécu et du corps ; tout cela tombe vers le bas, amusant un moment mais qui n'oriente nullement vers le haut ; et il y a un haut, parce qu'il doit exister des stratégies ; se fixer sur son seul intérêt c'est ne pas intégrer autrui et donc descendre de niveau, d’exigence, ce qui veut dire de capacité et de possibilité.

Amusant un moment parce qu'il ne s'agit pas de claquemurer tous les vécus ; en aucune manière. Nous ne sommes pas dans une moralisation généralisée. C'est l'inverse qui est vraie. Nous sommes dans le stratégique ; ce qui veut dire que les faisceaux intentionnels doivent se répartir sur l'ensemble du spectre ; or on s’aperçoit que se facilitant la vie ici et là, on en profite pour oublier ou annuler ou nier et répudier tout le haut de la bande passante. La stratégie consiste à ne pas perdre le fil du haut ; c'est bien la différence entre la Loi (juive) qui doit être respectée point par point (voire une réglementation intransigeante) et la Foi (christique) ; vous pouvez profiter du monde, mais non pas en oubliant les plus hautes ou étendues possibilités ; vous pouvez jouir du monde mais sans perdre de vue un plan bien plus vaste, sans lequel du reste les petits plaisirs se dissolvent dans la décomposition ; c'est précisément et absolument cette vision d'organisation interne des faisceaux intentionnels et des réseaux intentionnels (autrui) que le christique pré-voir et met en place. Et ce en partant de l’origine, de l’origine structurelle ; à savoir l'intention individuelle.

Aussi lorsque l'on caricature le christique ou le déforme, on n'assume plus la perspective historique formidable et coordonnée qu'il voulut imprimer au mouvement, à tous les mouvements de conscience.

Il s'agissait d'un programme réel absolu, formel, de structure. La prise en compte d'autrui visait évidemment à installer l'universalité ; mais la logique de la foi (ce qui a pris ce nom, indépendamment de croire ou non) consistait à structurer chacun selon son Intention (et non plus selon la surveillance de la Loi, qu'elle soit extérieure de la part de la communauté ou intérieure pour son observance propre). Si vous commencez à suivre votre Intention (et ce applicable bien au-delà de la simple morale ou de la moraline) alors vous développez vos faisceaux intentionnels ; vous enrichissez votre possibilité. De même que lorsque l'on crée des récits, et bien sûr des romans (individualisés et individualisants), on commence de fabriquer des attentions, des capacités, des exemplarités, et surtout des significations (parce que le roman ne manie pas l'idéal mais le réel, la dureté du réel, la difficulté de la vie, la difficulté de se maintenir, soi, dans l'océan des vécus, des relations, du corps, des désirs, des images, des destinées, etc) ; le roman déploie, selon le réalisme, ce qui par le christique était parvenu à une représentation (auparavant les individus ne possédaient une vie reconnue comme telle ; à moins d'être un héros ou un philosophe, qui prenaient valeur par leurs actions ou par la pensée ; c'est la pensée ou l'acte héroïque qui vous distinguaient ; le christ vient déplacer le degré du réel ; chacun, indépendamment de tout ce qu'il peut, est en lui-même infini, possède à lui-même sa propre valeur (laquelle est tout l’enjeu de la définition possible qui est recherchée ; pourquoi chacun est-il absolu ? L’effet majeur de cette valeur intrinsèque conclut immédiatement à ceci,que dès lors chacun doit faire attention à lui-même, à ce qu’il veut ; ce qui revient à rendre bien plus complexe la réalité humaine.

Mais cette complexité étant fondée sur l’intention doit venir de et par et surtout pour chacun ; et c'est ce qui effectivement c'est déroulé ; chacun a immédiatement perçu l’intérêt supérieur de ne plus seulement dépendre des catégories des sociétés antiques (homme femme, riche pauvre, esclave libre, et toutes les autres). C'est ce que l'on nomme acculturation ; privatif (sans culture) et instruction, in-formation de chacun par lui-même, selon un nouveau calcul d'appropriation, qui passe outre l'unité du groupe (lequel avait en charge la représentation du monde)  ; comme tous sont des sujets cette acculturation a valeur d'universel ; l'universel trouve même par là sa véritable réalisation ; l'universel philosophique (la connaissance) ne table que sur la notion générale ; il s'utilise pour décrire adéquatement (élaborer des intentionnalités distinctes, ce qui ne se réalise que dans et par un système) mais ce moyen ne constitue pas du tout la fin ; la fin est de rendre intégrable, par elle-même, chaque conscience. La finalité de l’universel est de permettre le sujet en chaque individu. C’est le sujet qui est l'universel réel et absolument pas l'universel même, pas du tout le «discours », comme si ce dernier était en mesure de s'imposer de par soi, comme si il était le réel des réalités.

La priorité, la finalité de l'universel est de transcrire en chaque conscience l’organisation et l’auto-production d'intentionnalisations distinctes portées par l’individualité. Parce que la perception des réalités (et de la structure des réalités, cad le réel) ne s'effectue pas par elle-même, immédiatement, naturellement ; on ne perçoit pas comme un vivant (qui du reste a besoin du codage adn pour décoder ses perceptions) ; nous percevons en activant l'intentionnalité ; c'est parce que signifié, accolant une perception et un signe, que nous percevons et que donc par la suite nous mémorisons ; laquelle doit être entretenue, sinon la dite mémorisation se disperse ; de là qu'il y ait assaut d’œuvres (autrefois de religiosité), et pour nous de mass-médias ; la densité d’informations entretient l'individualité qui jadis (avant autrefois) était délégué au groupe ; on parlait, on mémorisait en communauté. Nous percevons via et par la distinction qu'opèrent les intentionnalisations, par le langage et les signes, en direction du monde, du donné, du vécu et du corps. Le monde comme horizon, le donné comme déterminations, le vécu comme segment naissance-mort, le corps comme autre-surface sur laquelle écrire les signes.

C'est donc par projection, pro-jection, que l'on perçoit et on dépend toujours absolument et instantanément du registre spécifique de l'arc de conscience, soit donc du moment historique ; projection qui, malgré ce qu'elle croit d'elle-même, ce qu'elle imagine, est non pas une réalité mais une réalité déposée par le mouvement de conscience, la structure, et déposée dans, toujours, le mouvement de conscience ; on ne sort pas de la structure de conscience parce que rien n’apparaît, pour nous, humains, hors de l'intentionnalité, hors de la mise en forme du donné, mais aussi du vécu et du corps, de la mise en forme intentionnelle qui accole des signes aux perceptions (et parvient ainsi à percevoir justement, distinctement, hors de quoi ce ne serait qu'une masse nébuleuse, de là que les esthétiques, des plus basses aux plus hautes, qui ouvrent la réalité massive au regard, tandis que les vivants disposent de leur propre mémoire, adn pour simplifier).

Or la perception du corps est tout à fait spéciale dans la série des champs de perceptions ; pour la raison que l'on ne peut obtenir la perception de son propre corps … On ne sait pas ce que l'on peut, ce que l'on veut, ce que l'on ressent, ce qu'il est ou ce qu'il sera (dans telle out elle situation) ; on l'imagine. Ce qui veut dire que l'on se trompe, se ment, s'illusionne, au doigt mouillé ou recevant les informations d'autrui ou de l'articulation du moment historique, etc. On n'a aucun accès « objectif » au corps dans son état ; c'est là que réside notre image, laquelle est seulement un interface, que l'on prend pour l'essence, l'identité (ou son destin propre) ; saisir que le corps est en fait plus grand que l'image qui le noue, c'est ce pour quoi s'opèrent les esthétiques, éthiques, idéels, philosophie, etc ; à condition que ces esthétiques, éthiques, ne soient pas des contreforts de l'identité elle-même, cad qu'elles ne la durcissent pas ; mais que ce soit ce par lesquelles on acquiert plus de souplesse, de labilité, de possibilités d'intentions ; ainsi le christique n'est pas une norme (ou une loi), mais en appelle à l'Intention (laquelle est constamment pardonnée ou si l'on préfère remise, relancée, en sorte que rien de ce que l'on peut dire ou faire dans une vie, ne l'éteint).

Le faire est ainsi très exactement l’intentionnalité ; non pas ceci ou cela que l'on agit ou que l'on décide ou désire, etc, mais tout le préalable à la décision, à l'action, à l'imagination ; ça se prend en avant et en avance, et au final et littéralement cela se décide de ce que tout à fait globalement vous attendez de vous-même, du monde, des autres, mais surtout et d'abord de vous-même ; le fameux « je ne peux pas changer le monde mais mon attente ou plus exactement ma manière de me saisir ou d'être saisi par le monde » de Descartes. Et ça n'est pas rien. C'est même l'essentiel ; parce que c'est cela m^me que le christique lance, historiquement, et que c'est ainsi que tout commence.

Si le groupe, la communauté ne vous instruit pas, ne vous in-forme pas ou plus, alors vous relevez de vous-même. Et donc il est impératif de créer l’élaboration intentionnelle qui en se représentant commence de naviguer en tous ses méandres, ses possibilités, ses champs de perceptions qui ne sont plus liés et établis par le groupe. De là que scientifique j'ai accès au donné (sans l’intermédiaire du groupe humain), philosophe je peux penser de par mon effort, créateur je peux fabriquer des systèmes de signes non ritualisés et échappant à toute unité d'une quelconque communauté, etc. Et, marchand ou entrepreneur je peux produire ou échanger hors de tous interdits, divers et variés ; le libéralisme c'est cela.

Ainsi donc ça n'est pas un hasard, du tout, si le christique, qui inaugure la résolution, potentielle, possible pur et brut, la résolution individuelle, crée l'Intention ; il dit simplement que le réel c'est cela. L'intention. Et donc pose la question : que voulez-vous Vraiment ? Ce n'est pas autre chose en philosophie ; et dans les deux cas il ne peut pas s'agir seulement de changer d'objets, donnés dans le monde (le pouvoir, l’argent, la gloire, l’égoïsme, l’intérêt immédiat, etc), mais de remonter bien au-delà et de cibler une autre organisation 'mentale' si l'on veut ; en réalité organisation intentionnelle ; il faut modifier les séquences d'intentionnalités et engager de nouvelles et de possibles structures qui n'existaient pas encore à l'époque, même durant l'antiquité (et ce malgré les coups diversifiés des éthiques et des représentations grecques ou romaines, et malgré la grande variété des cultures méditerranéennes ; la nouveauté est de puiser, enfin, dans individualité, et son accès au donné là, le monde (grec), le vécu (christique) ; aucun groupe qui se communique à lui-même n'atteint le monde donné là ou le vécu ou le corps (qui est toujours telle ou telle catégorie, tel ou tel rituel, telle ou telle représentation partagée et fixée). Dans l'individualité ce qui veut dire dans la structure de conscience (et non plus dans les contenus, les mondes, ou les catégories, les identités).

Et l'individualité ne tient que de ceci ; qu'elle se meut. De même que Platon définissait notre être par la capacité de tenir en lui-même son mouvement (il n'est pas propulsé ou poussé de l'extérieur, de quelque extérieur).

Ce que l'on doit préciser ; ça en veut pas dire que l'on se passe du corps ou du biologique ou du vivant, de même que l'on ne passe pas outre la perception (si tant est qu'elle existe en soi, les animaux perçoivent mais selon leur adn, leur code ou quelques apprentissages ou un peu de langage ou à la base selon la modalité de leur organes de perception, comme une mouche si on est une mouche). On intègre la perception qui nous est donnée ; quitte à inventer les moyens de percevoir l'infrarouge par exemple, dont on n'a aucune intuition autrement. Ainsi on, cad la surface autre du corps, intègre la perception, le corps, le comportement, les gestes, et tout ce que l'on voudra ; les signes et l'intentionnalité qui découpent la réalité, massive si l'on veut, viennent en plus et s’ajoutent en absorbant tout la perceptivité (de où qu'elle vienne, d'outils ou naturelle). Comme nous n'avons plus affaire à une quelconque substantialisation ; la pensée versus le donné ; il n'y a aucune raison d'opposer la nature de la perception du vivant et celle de la structure intentionnelle de conscience ; où voulez-vous qu'existe une conscience sinon à partir d'un corps ?

On a dit à-partir d'un corps, sans préjuger de ce qu'elle existe ou non selon son propre tracé d'arc de conscience ; on dira pour faire court, ici, que l'on admet absolument, parce que formellement, que la réalité existe dans le réel et que le réel est dimensionnel (l'être est dans l'exister qui existe, qui ex-siste).Ou donc que les immanences existent dans (et par) la transcendance, qui seule existe en propre, mais dont on ne sait pas en quoi elle consiste et ce d'autant plus qu'elle est en cours (je suis celui qui sera, qui est en cours d'exister) : sinon que cette dimension nous paraît selon les perspectives que les plus possibilités étendues du donné, et de notre corps, nous offrent. On se perçoit par le haut. Ou selon l'en-avant. De même que la réalité se réalise par le devant ; raison qu'il y ait un présent, que la forme de la réalité soit le présent, originel.

Donc ceci coupe la totalité du donné, du monde, du vécu et du corps par un plan vertical ou horizontal (mais l'horizon qui se dresse là-bas au bout est lui-même absolument vertical, il contient n'importe quel monde, quel contenu, il est ce sur quoi se détachent les réalités, les perceptions, les vécus, les corps). Par l'horizontal ou le vertical on signale, indique le Bord. Et le Bord ainsi signifié est en fait interne ; interne à la structure, en tant qu'il est le Présent ; il n'y a en effet aucune borne significative à ce que l'on nomme l'univers (qu'il soit infini ou sphérique ou autre) ; la borne de l'univers est le présent, cad sa structure réelle interne à cet externe (indéfini ou infini, peu importe, puisque le principal est de discerné qu'ici et maintenant, en tout ici et maintenant le présent est l'exister lui-même, cad la transcendance. Lequel présent est interne donc (et non en aucun cas « intérieur », il est interne en tant que structure, qui délivre tout l'externe, qui n'est pas l'extérieur) qui ouvre en et comme externe effectivement là ; il y a une réalité parce qu'il y a un plan interne absolu, cad formel ; ou donc en raccourci un Rapport qui rend possible des rapports, des choses, des déterminations ; il est de la nature même du Rapport d'engendrer des rapports ; les dites déterminations sont insaisissables « en elles-mêmes », il n'y a pas de « chose solide » mais des mouvements, cad des rapports, ce que Badiou appelle le non-être du multiple par ex, ce qui n'est guère compréhensible comme tel ; comment du « non-être » serait-il multiple, cesserait-il d'être ce qu'il est, cad rien ?

L'hypothèse du Rapport qui rend possible les rapports (que sont les choses, le multiple) est fondé sur le principe général que le réel existe ; qu'il est mouvement, et qu'il n'y a pas de « non-être » mais des rapports entre les choses, au sens où les choses elles-mêmes sont constituées de A à Z par des rapports ; et que donc tout cela ne tient que parce que cela seul qui existe est le Mouvement. Si le réel était de « l'être », où serait-il ? Il n'y a du réel que parce qu'il se meut, mais si il se meut alors il se meut constamment ; sans jamais s'arrêter. Le réel est la structure, le mouvement, qui meut cela qui est, les choses et les êtres, se tenant seconds et comme effets, images ou miroirs seconds du miroir unique, et rapports qui décuplent la possibilité du Pli par tout l’ensemble de ces plis-dans-le-Pli. Et donc la finalité est que le réel se rend lui-même de plus en plus élevé. Vers le haut. Il n'y a pas à proprement parler de « bas » ; tout est dans l'attirance vers le haut, et vers de plus en plus de hauteur, ou donc de distinctivité. Il n'y a pas de multiplicité indistincte, tout est soutenu par le rapport des rapports. Et donc forcément en mouvement.

Mais à rebours, ça n'est pas une distinctivité selon le monde, parce que l'on sait où finit le monde ; dans la disparition. La détermination est condamnée à disparaître (elle déterminée, cad finie, comme il se disait autrefois). La distinctivité de la structure( ce qui permet, rend opératoire qu'il y ait distinction dans le monde, la réalité, ou dans le réel, la forme) depuis qu'elle est parue sur la scène (les grecs qui l'augmente selon l'universel, et le christique qui l'intensifie, sans l'attente de Descartes qui l’accélère, en chacun, de la révolution qui déploie cette accélération, intensification et augmentation, aboutissant à la concrétisation, la densification, du monde (politique), du donné (sciences par ex), du vécu ou du corps, individuellement comme réel effet de l’universel, une société universelle sans vie individuée est absurde, communiste selon les besoins génériques et non pas selon les désirs personnels), la distinctivité apparue laisse l'espace dans l'errance ; c'est le Bord qui est réel non l'étendue, et donc hors de la forme de la réalité (du donné, du monde, du vécu, ou du corps), forme qui est Le-Réel, on erre, on vagabonde au mieux, comme Rimbaud, on est de fait dans le monde sans-lieu ; et laisse la vérité hors des choses, mais selon l'horizon de toutes les choses, sans contenus mais selon la forme de tous les contenus. Voir donc les analyse de Le Coz ; le monde est livré à l'errance indifférente (Kérouac par ex ou Céline, qui manifeste l'autodestruction de tout) tandis que la dernière quête (qui n'était errante) c'était celle du Graal ; qui constituait également la vérité des choses possibles dans le monde ; avec Don Quichotte il n'y a plus de Graal, mais du kitsch et son obsession, sa folie, la dérision (entre autres aperçus, on ne va pas faire le tour des treize volumes de L'Europe et la profondeur).

Mais qui ne voit pas que le Bord, lui, est effectivement réel, qu'il est le Réel lui-même, en personne si l'on veut. Le christique ne s'est pas retiré du monde ; puisqu'il y existe mais « en esprit ». de même le sujet si il attend de lui-même qu'il soit un Moi (cad qu'il soit heureux, satisfait, comblé) perd son temps ; il ne s'agit nullement de se réaliser durant sa vie (aucune vie n'y parvient ; parce que ce que l'on veut, vraiment, n'est pas de l'ordre du monde, mais antérieur à tout monde ; nous sommes un pli (de conscience) dans le Pli (du présent). Un arc arcbouté sur l'exister pur et brut.

On comprend d'autant moins notre incompréhension que tout dans notre historicité indique, signale, signalise, repère, cartographie le, les passages ; toute œuvre n'indique pas une perfection du monde (de cet objet, de cette chose, serait-elle La-Chose) mais a pour finalité de remonter dans le regard et de remonter ce regard, en oriente la re-Création ; c'est pour cela que les œuvres sont faites ; et lorsqu'elles indiquent le désespoir c'est de l'ironie ou l'humour d'un sujet qui, lui, est absolument certain d'exister ; le regard de Kafka était la mise en forme comique des tribulations sociétales, d'un sujet, K. ayant complètement perdu les pédales, désarçonné, déréalisé ; il lui était impossible de suivre le chemin puisqu’il n'était jamais parvenu jusqu’au réel ; il se vivait hors de la forme qu'est le réel, puisqu’il se tenait dans, de et par le monde, il court parmi les autres en croyant qu'au-dehors existe une résolution ; évidemment soumis à la culpabilité, à la Loi (alors que le christique est venu ajouter que "non, ça n'est pas loi, c'est la foi" ; autrement dit ça n'est pas l'acte jugé mais l'intention à jamais remise, reprise, relancée, renouvelée).

Or donc le monde (le vécu ou le corps ou le donné pour les sciences) n'est que le début de l'exister, la formulation malaisée. Et dieu, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel introduisent, participent, engagent vers, dans et par le Créé, par les extensions des extrémités, celles qui furent ouvertes, créées comme perspectives du possible (éthiques, esthétiques, politiques, idéelles (connaissance), humanisation, personnalisation, sujet, révolution, qui doit être pensée et non pas seulement une "agitation", un "énervement" et penser comme organisation mentale cad intentionnelle, ce qui eut lieu au 18éme). Ce qui est la véritable destination de tout. Créer (ou continuer le Créé) la structure, puisque c'est elle qui perçoit.

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La certitude éventuelle

14 Mars 2020, 08:52am

Publié par pascal doyelle

Rappelons que l'arc de conscience, tension qui sort de la cervelle, littéralement, vers le monde donné « là », assume également « qu'il existe un réel », en dehors, et donc peut ainsi sup-poser un horizon (et non pas se vivre dans son milieu, comme un vivant doté d'un corps qui le sépare du monde mais qui ne peut pas positionner un horizon, en lieu et place du milieu, et donc ne sait pas, par ex, qu'il va mourir ; si nous connaissons notre mort c'est que l'on signifie ; on accole aux perceptions des signes qui permettent de repérer (tout ce que l'on voudra, la production des signes est indéfinie).

Les signes forment évidemment des systèmes (d'autant qu'à l'origine les signes créent des langages et qu'il vaut mieux que l'autre comprenne, par principe, ce que l'on dit et donc se fabrique comme systématique) mais les signes lorsqu'ils furent pris en charge par chacun (avec les grecs et la dite raison et avec le christique chacun attelé à sa vie, individuelle, débarrassée des catégories, homme-femme, riche-pauvre, esclave-libre, etc) les signes donc se sont multipliés chacun devenant générateur de sens, dives et variés.

Ce qui donc a pu alimenter quantité de théories, d'esthétiques, de poétiques, d'éthiques, de politiques, d’humanisation variées, et de personnalisations en nombre indéfini ; soit une civilisation intégrale dans laquelle en plus de l'ordre de la communauté il fallait organiser chacun des acteurs (qui sortait de fait du groupe pour exister individuellement) afin que malgré l'explosion dans tous les sens il y ait une systématique, des systèmes, des compréhensions, des connaissances qui se signalent de ceci qu'il fallait, alors, individuellement, personnellement, pousser à l'effort et acquérir volontairement les possibilités ; et donc à chaque fois chacun était en mesure de créer, de créer à propos non plus du monde-commun (comme dans les groupes, les communautés organisées d'autrefois) mais à propos du monde donné « là , grec, et du vécu personnel, christique puis personnalisé au fur et à mesure ; de là que l'on remplace la Parole, dans la communauté liée, par le Texte (divin selon son Intention, structure formelle), puis les Systèmes, puis par les Œuvres (signées par un tel ou tel autre, doté d'un Nom, un artiste, un créateur, un philosophe, Jésus évidemment, Nietzsche si l'on veut, etc). Ce qui se communiquait par la Parole partagée, se transforme en Texte, divin, puis en Œuvres, d’individu en individu.

Soit donc à recoordonner la réalité humaine en intégrant dans le commun les structures ; seuls les individus ont accès aux réalités (monde et corps non recouverts par le commun) et au réel (comme forme / des réalités, forme plus grande que les réalités ; dieu, l'être et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel réorganisent non plus à partir de tel ou tel contenu, qui donnait tel ou tel monde particulier, mais à partir de la structure antérieure à toutes les réalités ; le sujet et le réel).

L'arc intentionnel n'est nullement un discours ou une pensée, mais engendrera à sa suite et ensuite pensées, théories, esthétiques (les grecs découplent l'art du rituel, l'art devient lui-même le rituel), éthiques, politiques, mais aussi individualités, personnalisations, etc. Cet arc sort simplement de tous les contenus (les sociétés humaines organisées en groupe) et vient au devant et il faut bien le représenter, par des signes qui sont découplés du contenu, qui signifient un non-visible, hors du monde et dont on doit conserver la distinctivité ; les grecs d'un coté (le monde unique donné là) et le corps de l'autre (chacun a un corps, libéré de toute communauté qui formulait l’ensemble de la perception) et donc le monde et le corps ont pu s'intentionnalisés, et seuls les arcs de conscience individuels signifient (lorsqu'un groupe énonce il définit, il ne signifie pas, et un groupe tend toujours à se clore sur des choses et des objets, des mots et des images, non sur l'origine ; raison pour maintenir la structure de la liberté et, entre les libertés, de l'égalité).

Pour que chacun puisse accéder (et de plus en plus d'individus) aux formes de paroles hyper individualisées, il est nécessaire d'augmenter la puissance des sociétés humaines ; et plus on avance dans la précision de chaque arc de conscience, plus il faut concrétiser, matérialiser, représenter, ou mass médiatiser (de l'imprimerie à internet, du système des besoins aux systèmes des désirs). Et on a vu à quelle fin ; pour que la mass médiatisation se transforme en mass médiation, que, s'observant dans le miroir, chaque arc de conscience se « convertisse », ce qui veut dire parvienne à mieux se réguler. Au lieu de quoi dans le miroir nous n'avons reçu que les images, d'image en image, afin d'entretenir le feu obscur. Et non la lumière. Le feu est généré ici bas, par entassement de déterminations, de compositions, qu'il ne cesse de brûler. La lumière est en elle-même et dotée d'une altérité ; elle existe sans nous, c'est au contraire par elle que nous existons, au sens d'ex-sister, d'être attirés par l'en-avant.

Pris d’étourdissement nous nous sommes lovés dans les images, dans le visible, l’hyper visible (virant bien sûr au fantasme de réalité, à l'irréalité, à l'irréalité d'un désir sans cesse nouveau, ce qui marche un temps, usant même des générations pour imaginer renouveler constamment le désir même). Or il est bien facile de s'identifier aux réalités, puisque toutes sont données là, et ne demandent qu'à être cueillies. Tandis que le structurel est infiniment éloigné et il doit être attendu pour s'y astreindre (à moins que l'on en soit soudainement transi, par le haut). La grande expérience ontologique du moi est le tomber-amoureux, ce par quoi il Voit selon un Autre- point, et ouverture qui lui manque cruellement lorsque cela s'éteint ou s'échappe, et tomber-amoureux qui tombe par ailleurs régulièrement cependant dans le monde, le vécu, vers le bas, que soit le sexe, l'ennui, le dégoût, au mieux l'indifférence, etc.

La structure (du réel, suréminente par rapport aux réalités, de la signification par rapport à la définition et aux choses immédiates) est beaucoup plus difficile ; c'est pour cela qu'elle crée l’historicité. Toute station, instaurée dans l'historicité, demeurera insatisfaisante et relancera encore plus loin en prenant appui encore plus antérieurement dans l'ontologie ; l'ontologie revient et reviendra continuellement dans l’historicité parce que l'ontologie ne passe pas dans la manifestation, le donné, la réalité naturelle ou la réalisation humaine ; la raison en est que l'ontologique, le réel est cela qui se veut, formellement, et que tout le reste sont des effets (qui tombent toujours dans la disparition). Les réalisations humaines et les réalisations naturelles sont des effets qui permettent à la structure de créer plus loin sa capacité. Qu'elle soit de plus en plus possible est la raison d'être de tout. Il s'agit de s'élever de plus en plus haut ; autrement dit dieu ou l'universel ou le sujet ou le réel ne savent pas encore jusqu’à quel degré ils sont susceptibles d'exister.

Et c'est cela qui est en jeu.

Il y a mouvement, cad présent, parce que la structure du réel ex-siste en-avant. On ne s'étonnera jamais suffisamment de l'étrangeté de la structure du réel ; toutes les réalités sont à la remorque du présent (hypothèse inverse de celle qui voudrait que le présent serait le « résultat » vague et indescriptible des causes et du passé ; par cette hypothèse il n'est plus incompréhensible, ontologiquement ou philosophiquement, que constamment du neuf naît du vieux, du futur du passé, des possibilités des mondes donnés).

La structure est ainsi fondamentalement arcboutée ; par le champ intentionnel qui prenant conscience de lui-même (comme conscience et non pas comme telle ou telle identité) se rend capable de perfectionner l'activité de conscience, d'intentionnalité, ce qui veut dire aussi l'activité de ses intentions ; morales, éthiques, politiques, et tout autant esthétiques, poétiques, idéelles et philosophiques. Ce à quoi s'emploient les esthétiques, et ce domaine est d'autant plus exemplaire qu’effectivement les esthétiques prennent la réalité à la racine, dans la perception même et évidemment ça n'est pas un hasard ou accidentel ; c'est structurel ; il y a des esthétiques afin que l'on perçoit plus et plus réellement. Ce qui veut dire en élevant la perception, d’une part et en augmentant l'intentionnalité d'autre part et enfin troisièmement pour que l'arc de conscience prenne explicitement conscience de son activité, de son activisme. Qu'il puisse mesurer pas à pas sa structure intentionnelle en même temps que la découverte non seulement du monde donné tel que là, mais du monde donné tel que « là » (dans son infinie ambition métaphysique puis ontologique, à partir de Descartes), et enfin qu'il surprenne les réalités telles que données elles-mêmes (la sortie des mondes humains particuliers aboutit au monde unique qui est concrètement déterminé) et enfin, seconde finalité, que dans le donné du monde il sache créer de nouvelles possibilités ; pas loin de penser que même les chemins de l'universel (en connaissance philosophique ou objectives,s scientifiques et mathématiques) sont créés.

Parce que si le réel est l'exister (et l'être seulement second), et si l'exister est le présent même, et donc que le réel est un mouvement alors nous sommes mouvement dans le mouvement, afin qu'il se parfait, alors cela veut dire qu'il se crée. Un mouvement qui ne se créerait pas, stationnerait comme une fixité, une répétition, une conformité ; mais conformité à quoi si le réel est le mouvement ? Il est don intégralement et originellement original, activiste. Et donc on ne fait pas un pas sans l’inventer, le créer. Même l'universel, qui est supposément sans a priori (l'être serait sa propre source, ce qui est faux, ou partiel) est créé (semblablement au dieu cartésien, ceci étant).

Puisque si la structure est antérieure à tout, non seulement elle ne s'effraie pas de l’universel, mais elle implique une encore-plus-grande objectivité que l'objectivité. C'est bien pour cela qu'elle s’impose comme fondation de tout. Y compris de tout ce qui dans historicité paraît rationnel, logique, déduit, analysable.

Et ce que l'on a pris comme prolégomènes subjectifs de la raison objective (à savoir dieu, le christique, le sujet, le réel positionné, tel l'existentiel) se révèle la fondation même du monde, et tout ce qui est dans le monde, de toutes les choses, tous les vécus, tous les corps. Il y a des mouvements (les réalités, les univers si l'on veut, les mondes, humains, les vécus et les relations, les corps et les mois) dans et par le mouvement, qui ne actualisent la totalité de tous les mouvements seconds, qui est, ainsi, encore-plus objectif que les réalités, données, et les réalisations, humaines ou personnelles.

Cela veut dire que ce qui existe en chacun comme arc est bien antérieur en structure que tout ce qui vient après. Cad antérieur à tout. Nous sommes des mouvements dans le mouvement, articulés comme le présent, cad l'exister, est articulé. Et elle est le réel même ; le réel même accompagne absolument toute réalité ou toute réalisation, toujours, partout, antérieurement à tout et non mesurable, non représentable, et non présentable lui-même ; puisque par lui tout est poussé à la présentation, ce que l'on appelle « la réalité ». il y a réalité parce qu’il y a mouvement (de toute manière on en comprenait pas du tout que si le Un est alors pourquoi deviendrait-il?).

Là on sait que le un devient parce qu'il est le mouvement ; il y a articulation et tout le reste ce sont les devenirs, les plis du mouvement. C'est donc le mouvement qui se complexifie, se complet ou donc se crée.

Ainsi chacun, chaque arc de conscience, qui est le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même (et non une identité qui est toujours partielle et parcellaire), doit décider de la forme du mouvement. Et ce que veulent dieu, l’être et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel c'est élever au fur et à mesure de plus en plus haut la Possibilité elle-même, la Possibilité du possible. Si on invente la révolution alors elle rend possible encore plus de possibles (de même du christ, de Platon ou de Rimbaud, on se plie de et par qui l'on veut, qui nous parle, nous signifie et nous apparaît signifier, orienter, engendrer le réel et les réalités).

Or cependant on le voit bien avec la révolution, on n'est pas révolutionnaire de seulement le vouloir.... en la voulant on se trompe et on trompe tout le monde. La révolution « ça vient  comme ça ». Les français à part quelques fanatiques (emportés par la logique même, proprement hallucinés mais vrais et réels, absolument) n'ont rien compris à ce qu'ils faisaient, mais tenant à leur volonté (dixit Descartes, serait-on dans l’incertitude, aller jusqu’au bout du chemin) ils voulurent ce qu'ils « voulurent ». Sait-on ce que l'on fait ? Non. Parce que la structure débarque dans le réel, et non pas dans la, les réalités, qui sont ceci ou cela, tandis que le réel emporte tout. Il existe antérieurement et donc reprend les réalisations de bien plus loin, et comme la structure constitue la forme même, antérieure à toute réalité et à toute réalisation, c'est elle qui attire et porte toute possibilité. Elle outrepasse le donné, le vécu et le corps par l'en-avant. À chaque fois il s'agit d'un saut périlleux arrière qui est un en-avant ; on reprend d'encore plus loin dans l'antériorité afin de sauter plus avant.

Et de cet en-avant que signale le présent, nous ne possédons que le rapport que nous sommes, sur le mode non de le saisir mais d'en être saisi, transporté, transfiguré. Notre être n'est pas un être (déterminé) mais un ex-sister, nous sommes déjà dans, par et pour le Pli qu'est le présent ; le pli qui se déplie. Et dont on suppose ici qu'il se replie pour se déplier plus encore (de là qu'il y ait révélations et innombrables révélations, y compris individuellement... on sait déjà, selon le se-savoir (qui n'est pas la connaissance) ce que l'on veut, ce que l'on intentionnalise, et donc selon une problématique tout à fait spécifique, sur laquelle on reviendra, qui ne consiste nullement en un « vouloir » mais en une prédisposition, une prédisposition, de disposer préalablement les réalités et le réel là au-devant afin d'obtenir une conviction, une foi, une croyance, une décision future, une intention universelle et singulière, une possibilité que l'on soupçonne mais dont on s'est déjà prévenu, puisque l'on existe de ce qui sera, de ce qui sera hors du temps, selon l'instant unique de l’ensemble du déroulement qui ne cesse de revenir sur sa Possibilité, puisque ce qui existe en tant que mouvement ne cesse pas de se mouvoir et de tout entraîner, cent mille fois).

Comme nous ne tenons, n'existons que selon le Pli, alors notre attention (à exister) ne peut pas cesser ; elle crée elle-même ses finalités de structure, et ça se nomme par exemple révolution, redéfinition de la structure réelle agissante dans une société, ce qui autrefois s’imposait comme conditionnement structurel de la perception (de chaque société ou civilisation qui tournant sur lui-même afin de préserver la transmission, l'organisationnel était dans le groupe et non pas dans l'individualité, qui seule a accès au donné « là », tout à fait autre, non humain).

Nous n'existons que selon le Pli, mais nous l'oublions, nécessairement, constamment, nous attachant aux objets, aux choses que le Pli, la vague laisse sur le sol sous nos yeux ; et parce que le Pli n'est pas représentable ; étant ce par quoi il y a représentation et dans cette représentation apparaît toute la présentation, la réalité ; il nous faut signifier pour découper les perceptions, et si il est vrai que ce découpage est un système, celui du langage, ou de la mythologisation du monde, puis ensuite de systèmes, ces mêmes systèmes n'existent qu'utilisés dans le monde donné là, dont il n'aura échappé à personne qu'il n'obéit pas toujours, qu'il est même fondamentalement autre et que c'est de l'avoir cru domestiqué qu'il va nous retomber sur la tête.

Que la structure soit l'arc de conscience ne signifie absolument pas que ce soit « subjectif », sinon nous n'aurions la conscience que de données immédiates et faciles, or non seulement nous portons toute objectivité mais nous la créons (et on a dit que l’universel même étant Créé est objectivement réel et efficace et instrumentalisant des réalités véritablement ; qu'il soit Créé ne veut pas dire du tout qu'il soit faux, erroné, divergent). Inversement que nous portions l'universel, la connaissance, l'objectivité n'implique pas que la « vérité » réside dans ces informations ; de où une information contiendrait-elle l'arc de conscience ? Une information peut-elle précontenir une « conscience » ? Il n'y a d’information, sous cette forme donc, que par une intention ; confondre information pensée et chose réelle, dans le monde, n'a pas de sens sinon idéologique (au sens large ou restreint). Soit donc la réduction du monde et des choses à la perception que l'on en obtient de par notre activité. Ce qui est toujours être pensé par et dans une autre conscience.

Ceci est important dans la mesure où il faut refuser de sauter à pieds joints par-dessus l'arc de conscience via quelque représentation que ce soit, qui toutes tombent dans le donné et disparaissent, comme toute détermination (qui est fini, cad limitée et déjà passée). On n'y insistera jamais assez ; dieu, le christique, la pensée (selon l'être et l’universel), le sujet ou le réel ne se remplacent pas. Et toutes ces configurations vous renvoient à vous-même, en tant que vous pensez (il faut penser pour penser et non pas répéter mécaniquement), en tant que vous intensifiez une stratégie (à partir d'un regard suréminent qui vous « donne la vie » selon le christique, ou qui vous crée le regard comme segment naissance-mort à partir d'un point-autre non-situable ; donc la structure existe) ou en tant que vous décidez (toute intention doit être prise selon la décision réelle tout au long de votre existence, et elle le sera, de fait) ; toujours la finalité est de rendre possible une stratégie qui outrepasse les tactiques ; et donc de partir du plus loin, du plus élevé, du plus Autre possible. Et dieu, le christique, l'être ou le sujet ou le réel sont vides, ce qui signifient formels et réclament de vous que vous architecturiez votre conscience (et non que vous demeuriez fascinés par un fétiche, une représentation, une image, une identité quelconque).

Spontanément on identifie ; parce que c'est la façon la plus simple et immédiate de gérer ce que l'on est ; on se dessine plus ou moins (on se bricole) et ensuite on estime pouvoir donner libre cours à ce qui arrive ou à ce que l'on désire. Il est bien clair que le réel, véritable, c'est celui qui vous permet de suspendre la réalité et non pas de foncer tête baissée. De la sorte que l'on produit toujours une image, une imagination, qui naît d'elle-même dans l'activité et l'action ; si l'on suspend la réalité et qu'on s'adresse au réel (estimant confusément que la réalité ne suffira pas, qu'elle manquera ou tenant pour presque certain au vu des expériences, que « ça ne viendra pas spontanément », mais que l'effort est requis) alors au lieu d'une base immédiate et hérité ou acquise facilement, on est dans l'obligation d'agrandir le cercle de conscience, des attentions et cela ne se peut qu'en organisant (ou coordonnant avec autrui) le dit cercle ; il faut le penser, y ajouter foi, en décider avec un début de lucidité.

Ce qui paraît toujours tout à fait rédimant, décevant pour un moi... qui veut ou doit croire en son « identité », ou sa « destinée » ou son « objet de désir » ; parce que sinon ce moi se retrouverait dans la redoutable incertitude et passerait son temps à réfléchir, ce qu'il ne comprend pas vraiment (il est, dit-il, déjà « lui-même ») ; puisqu’il adresse cette réflexion au moi qu'il est et non au sujet, qui, lui, est fait pour cela, pour rebâtir et élaborer une architecture, et peut-être, avec intuition, une architecture du corps, ce à quoi, soit dit en passant, sont promus les esthétiques, les poétiques, récits, etc, ; pour nous élever la perception, et le corps, et le regard, et le comportement instancié et non pas se laisser aller à une « spontanéité » insituable, et ce, cette conversion, vers les stratégies de perceptions élaborées.

La finalité est donc d’élever la perception, mais non pas la perception du monde, du vécu ou du corps comme tels (auquel cas on devrait manger plus, désirer, plus, consommer, imaginer des fantaisies, et on sait bien, au fond, que l'art, l'esthétique ne consiste pas en une telle fantaisie). Il s’agit d'élever la perception et de l'organiser ; de l'organiser non pas selon le monde mais selon la structure.

Il y a donc un régime spécifique de perception, qui permet de percevoir le réel et non pas seulement les réalités. Et cette perception ne donne aucun signes dans le monde, c'est à partir de cette dimension qu'au contraire on signifie telle ou telle ou telle autre part du monde ; sans elle pas de monde, pas de vécu, pas de corps. Nous sommes donc déjà, dès le début (de toute vie), au plus haut. Il s'agit de ne pas perdre ce que l'on est déjà et bien sur encore plus de suivre « cela » encore et toujours plus haut, plus grand, plus antérieur ou plus profond ou ce que l'on voudra qui augmente le cercle. De cette avancée, qui se profilera de toute manière en quelque vie que ce soit, à tel ou tel moment, ou depuis le début ou à la fin, vous êtes seul juge. La philosophie ou la décision ontologique vous revient, de toute façon rien ni personne dans le monde ou l’univers ne peut décider à votre place, parce que la structure de conscience est antérieurement, dans l’antériorité ontologique, cad sur le Bord, comme horizon autre que le monde, le vécu ou le corps. C'est ce que veut dire « penser » par exemple ; on ne peut pas penser pour vous.

Personne ne peut réaliser pour vous l'effort pour saisir telle œuvre, telle esthétique ; ça vous revient. Et la finalité est de dessiner le réseau de notre attention (c'est pour cela qu’historiquement on cherche à vous « moraliser », à éduquer votre capacité, votre attention). Ça vous revient et vous devrez mettre en œuvre votre capacité d'attention ; de perfectionnement non pas de vos désirs (qui finalement tournent en rond) mais de plus en plus de signes qui créeront de plus en plus d'intentionnalités, et ce sans perdre le fil, la ligne très fine, très fragile, invisible, dont vous êtes la seule marque, le seul repère à la surface du monde.

Et si le réel est le présent, que le présent est un mouvement, rien d'autre n'est saisissable sauf le présent (raison pour laquelle il faut en élaborer la stratégie en tant que structure mouvementée, ce que sont dieu, l'universel, le sujet et le réel) mais (chacun) sur le mode d'en être saisi et non pas de le saisir. Dé-saisissement absolument contraire à toute l’idéologie du moi, de l'humain qui a cours, de sorte qu’actuellement on ne comprend plus rien ; on croit définir une altérité (en nommant la Volonté de N ou l’Être de H ou le matérialisme ou la multiplicité ou la véridicité comme telle) alors que l'on remplace la forme par tel ou tel contenu de la forme, et on ne peut plus alors remonter dan,s la structure elle-même ; on est coincé dans une pseudo altérité, morte, sans mouvement (quand bien même se parerait-elle du chatoiement de la multiplicité).

Dieu, l’universel, le sujet et le réel sont des regards, tout le reste ce sont des choses ou des contenus ; on se focalisent sur les contenus, et le regard passe sous la barre et n'est plus accessible. Il faut se couler dans la formulation de tradition réelle ; elle fut créée et a pu marquer l’historicité parce que réelle ; elle fut Créée.

Le Créé est le mouvement lui-même, tel qu'il se donne à lui-même sa Possibilité ; via votre décision en l’occurrence et cette décision loin de valoir comme « volonté » (qui s'adresse à un supposé conscient) n'existe qu'en tant qu'intentionnalité (et qui se saisit d'une stratégie à partir de la conscience et non du conscient ; l'arc de conscience consiste à s'amplifier à partir du réel, dont notre historicité a donc placé et déplacé les points ; dieu, l'être et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel). C'est bien pour cela que l'on Crée ; des religions, des esthétiques ou des politiques, afin de prédisposer au devant de nous les moyens de mener une stratégie.

Or nous voici enfermés dans des tactiques ridiculement étroite ; l'impossibilité de coordonner quoi que ce soit. Chacun suit son intention ; mais celle-ci est à ce point réduite qu'elle na pas prédisposé ses comportements dans le réel mais dans de petites parties du monde, du vécu, du moi ou du corps. Que rien ne relie.

Ce manque, qui est un manque de pensée, faute d'avoir penser les réalités selon le réel, nous condamne.

C'est bien ce que prévoyez, une fois de plus, le christique ; qui consistait à commercer de penser, de décider, d'intentionnaliser à partir du point le plus éloigné (à savoir dieu et autrui, soit donc la liberté et l'égalité, le reste ce sont des divisions intérieures au cercle, divisions qui n'atteignent pas/plus la structure interne, pas plus que le déploiement externe qu'un réel il y a).

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Les égarements

7 Mars 2020, 09:21am

Publié par pascal doyelle

La logique du réel n'est visiblement pas véritablement agréable, voire a-humaine ou encore inhumaine ; l'univers est déraisonnablement gigantesque, peut-être infini, peut-être même plusieurs univers, une infinité d’univers (certains viables et d'autres totalement effondrés), et ce même univers se dirige immanquablement vers une glaciation ou une dispersion et de toute manière tellement immense que les distances et les durées empêchent de penser, d'imaginer la moindre réelle durabilité de quelque partie, serait-ce « l'espèce humaine »  ; si quelque chose, quelque Réel se réalise dans le donné, l'immense donné, est-on bien certain qu'il s'agira d'un composé de déterminations, d'atomes, de molécules, qui sont, de toute manière, voués à disparaître, totalement, sans aucune mémoire de quoi que ce soit ?

Pourquoi un tel déchaînement de réalités en tout sens, et encore n’en percevons-nous qu'une très petite partie : et tout cela pour aboutir au rien-du-tout ? On pose la question, chacun y répondra comme il le peut ou choisira son option. Lors même qu'existeraient des civilisation à l'autre bout de cette (petite) galaxie qui est la nôtre, les délais d'espace et de temps, les durées sont tellement hors de proportion qu'une éventuelle « rencontre » est réduite à rien. Et quand à la durée d’une civilisation, humaine par exemple, il faut se rappeler que les dinosaures vécurent 150 millions d'années, et nous, bien proches de la disparition, quelques centaines de milliers (voire moins et encore très peu en état historique de développement et de conscience de nous-même et du monde). Un grain de poussière.

Donc si il existe une finalité, cad en somme une mémoire, un souvenir ou un sens, alors il ne situe pas « là », sous le donné immédiat. Et nous avons vu que l'on n'était pas en mesure de définir une chose réelle réellement existante ; au sens où toute réalité qui passe dans le présent, disparaît tôt ou tard, et plutôt rapidement en fait ; et que d’autre part ce segment que l'on nomme « présent » est rigoureusement insituable ; comment le mesurer (sinon en falsifiant et ramenant la durée à l'espace) ? Le présent est non mesurable ; et nous disons donc qu'il est ce par quoi tout le reste est. Le présent existe, et la réalité est, disparaissante, puisque toute chose composée se décompose.

Or donc on s’interroge sur la nature très bizarre de l'arc de conscience qui se maintient, lors même que nous ne sommes plus le même qu'à 15 ans, et que cet arc n'existe que dans une tension ; si cette tension est mal branchée, pour ainsi dire, on est schizo (on est pris dans un non-signe, un signe qui ne rentre pas dans les signes et ainsi on n'a plus accès à la réalité, ou encore dans la réalité le non-signe s'introduit, l'irréalité et la réalité se mélangent, et on ne peut plus même passer par le heurt qui nous rend à nous-même ; sortant de l'enfance normalement on se perçoit à partir du bord, on n'est plus le centre du monde et on le sait, mais le « fou » ne peut pas percevoir de « bord » et donc part dans le décors). Si on est malheureux, névrosé (puisque l'on ne parvient jamais, estime-t-on, à la satisfaction, jamais vraiment « là » bien présent et heureux, épanoui, sauf dans l'exaltation ou semi-exaltation, acheter un iphone par ex, état dans lequel on rêve, imagine « être heureux », on multiplie les rêves d'être-heureux, mais on ne peut pas « être », on ex-siste ; c'est donc l'ex-sister qui doit être instruit, éduqué, élaboré en tant que mouvement et non pas « état », or il est très difficile de maintenir un mouvement en élaboration constante, ou un continuel désir renouvelé ou d'enfiler les objets, achetés par exemple et l'envie elle-même s'épuise). Et si on est pervers, obsédé, déprimé, borderline, sociopathe, etc, la dite tension est déviée et perdue et égarée en prétendant annuler la dite tension, en objectivisant (en l’autre, quel que soit cet autre ; masochisme, sadisme, serial killer, tueur de masse, voyeurisme, narcissisme destructeur, etc). Et lorsque la tension s'effondre, alors dépressions et angoisses (dont on se protège par obsessions par exemple).

Si elle est une tension la conscience, cet arc formel, alors elle est un mouvement et un mouvement de conscience dans le mouvement du présent.

On vu également que les sociétés humaines sont passées de mondes « clos », ouverts au dedans, en un mélange extrêmement inventif de langage/partage/perceptions, et le tout vraiment réel afin de communication (entre soi) et de transmission (entre générations) ; perdre le langage et la parole et la perception c 'était l'effondrement. Sur ces mondes de mise en forme culturelle (ils créèrent le langage, les échanges, les organisations complexes, etc) s'est ajouté l’acculturation généralisée qui ne table plus sur la culture partagée mais sur l'accès de chacun au monde (grec) et au corps (christique). Si chacun est à lui-même son propre centre (d'accès au décentrement de la pensée universelle ou au décentrement du sujet, qui est-perçu par un Autre qui le regarde et crée son intention à lui, chacun, en tant que sujet ; dispositif qui se déroule ensuite via les Œuvres, aussi bien esthétiques que politiques ou éthiques, les récits, les romans, les poétiques, et l’acculturation généralisée durant 20 siècles) et alors se démultiplient les possibilités.

 

Parce qu'il ne faut exagérer quand même et dans son ambition de créer une civilisation totale, le christianisme (et non plus le christique) a évidemment forcé la main ; le christique est une intuition et l'intuition de l'intention, et non pas une série ou un esprit de normes diverses et variées ainsi qu'une contrainte généralisée sur tout et tous. Bien sur l'esprit, vivant, doit néanmoins se transformer en règles, plus ou moins, mais à condition de continuer de se penser et de se voir comme « esprit », comme vague mais certaine intention globale et ayant donc à s'adapter continuellement ; d'autant que son message, son contenu de structure c'est précisément que chacun est chacun considéré individuellement.

Le travail, l’œuvre n'est pas la conformité de notre être à une norme (et encore moins à une Loi, judaïque). Le christique sait bien que ça n'ira pas sans d'énormes difficultés, parce que l'on ne veut pas le « bien » et ajouterions-nous nous ne connaissons pas le dit Bien si naturellement ; il faut le créer. Avant la révolution on ignore totalement jusqu'à quel degré de conscience individuelle et commune il faut avancer pour commencer, à peine, de rendre réel un comportement global et spécifique.

L'intention, soit donc ce qui est qualifié de divin, puis de surdivin (le deuxième dieu inattendu et effarant), ne peut pas se manifester « dans le monde, le vécu ou le corps » ; elle est en-plus et chacun doit venir de ce point tout à fait éloigné, éloigné mais sans lequel, point, rien de ce qui nous apparaît  (qu'il y ait un monde, notre vécu et notre corps) rien n’apparaît ; en quoi on a dit qu'il s'agissait de l'arc de conscience (une tension dans la cervelle, qui sort de la cervelle vers le monde, le vécu et le corps), de l'arc de conscience qui crée au devant de soi un champ intentionnel en accoudant des perceptions à des signes ; les signes s'utilisent afin de distinguer les perceptions et de produire par leur moyen une mémoire vive.

Vivante.

Et ces signes sont écrits sur et par l'autre-surface du corps ; celle qui reçoit les signes ; chacun a un corps écrit, signifié, qu'il n'est pas, jamais, mais qu'il ex-siste.

Et elle est vivante non seulement de ce qu'il est requis et impératif d'être un vivant (doté d'une unité, d'une peau de séparation) mais vivant au sens d'ayant en soi-même son principe de déplacement (ce qu'est un vivant ; un vivant, autre que son milieu, se meut, même une plante se meut, pas un caillou). Et ce déplacement est doublé par l'arc de conscience qui consiste à ne pas se déplacer dans le milieu mais selon l'horizon ; et selon l’horizon on ne se déplace comme dans un milieu (qui ne connaît pas l'horizon, juste le donné alentour) mais on est perçu à partir de l'horizon ; c'est parce que l'on prend acte de l'horizon que l'on se sait (on se voit de là-bas).

En vérité il existe, pour nous un horizon, parce que l'arc de conscience est arcbouté sur le réel, rien d'autre – tout le reste ce sont juste des substituts de l'unique position « qu'un réel il y a », là devant, et Autre. Qu'il soit Autre, le réel, veut dire qu'il faut s’astreindre à l'universalité, au décentrement ; personne n'est le centre du monde, le monde possède un centre et il est absolument Autre. C'est bien ce qui fait la différence entre l'enfant et l'adulte ; que l'on accède soudainement à « soi », perçu du dehors, alors que l'on se sentait l'unique existant de toute réalité.

Ce choc absolu est l'inversion totale de la logique du moi infantile et en fait de tout moi, de toute personnalisation, qui, pour apprendre à lier des faits et des perceptions, des signes et des choses, se suppose lui-même comme centre (de sorte qu'il puisse entamer une organisation en se tenant pour l'unité) et si dans ce centrement spontané il parvient à tenir une part d'objectivité, d'altérité ce sera sans jamais rompre l'unité instinctive (c'est ce que veut dire la psychanalyse et spécialement Lacan ; toute motion du conscient est seconde par rapport à l'unité spontanée et imaginaire, imaginée). Or il y eut une telle objectivisation absolument radicale ; lorsque le je se heurte de front au réel donné « là », existentiellement. Que le réel existe, abolit la conscience comme cercle, et la confronte à l'absence de sens. Absence de sens que l'on a nommé non pas comme absence de l'arc de conscience et présence du réel (ils s'incluent l'un et l'autre), mais comme absence de sens immédiat du réel ; le réel ne s'identifie pas à la satisfaction du moi. Parce que la satisfaction du moi est juste une variante de la satisfaction du corps, biologique, du moi... C'est bien en ce sens là que la psychanalyse (Freud et Lacan) comprenne les circonvolutions et atermoiements du moi ; il peut bien faire semblant, le moi, et se prendre pour ses imaginations, ça revient à la recherche du plaisir et à la répétition lorsque ce plaisir ne s'y retrouve pas et qu'il relance constamment les mêmes pistes, en espérant à chaque fois que cette même folie aboutira, à la réelle jouissance ;

mais cette jouissance est inatteignable et lorsqu'elle croit s’obtenir c'est juste que l'on est fou, on croit que l'on est au centre de la réalité et que tout tourne autour de notre satisfaction, tandis que les plaisirs sont seulement des patiences qui tiennent à distance l'impatiente folie, délire, obnubilation ; et lorsque les plaisirs,  on ne les trouve plus on déprime, littéralement, la tension de l'intentionnalité devient impossible et l'angoisse (d'une absence de finalité) vient à annuler toute possibilité d'intention, ce qui est absolument terrifiant ; l'angoisse est le manque de manques, le vide de désirs qui ne venant plus combler le trou de la tension s'emplit d’angoisse.

Or la structure de conscience (qui n'est pas le conscient) et qui paraît si peu chez elle dans le réel, qui l'a en horreur, ne peut de fait absolument pas s'en passer ; si l'arc de conscience cesse, si la tension ne flèche plus le réel tel que là, l'acte de conscience se perd dans l'irréalité. Ce qui nous est le plus douloureux (qu'un réel, Autre, il y a) est constitutif. C'est pour cela que nous ne sommes pas « égarés » dans le réel ; nous tenons le moi de l'acte de conscience (qui crée un champ) et dans ce champ apparaît le moi, sous diverses formes (le nom, le prénom, le corps, tels et tels désirs, tels et tels objets, etc, puisque le sujet réel est l'acte de conscience et non pas le moi, celui-ci peut se signifier de cent mille façons, sous cent millions de signes. L'acte de conscience est toujours actif amis pas forcément le moi en tant que tel, de sorte que même identifié comme un-tel, Pierre Dupont, on peut penser une chose, percevoir autrui, imaginer ses sentiments ou les horizons du monde, etc ; puisque nous ne sommes pas un « moi » (qui serait une identité massive et déterminé) mais une conscience qui a intentionnalisé un moi (mais entre autres réalités) alors quantité de possibilités nous sont ouvertes ; même des objectivités et des décentrements puisque notre conscience est structure et non pas la-conscience-de-pierre, qui appartiendrait à Pierre comme sa veste ou son vélo ; ça n'est pas « conscience » qui est relative à Pierre mais Pierre qui est relatif à la conscience ; ce qui ne veut pas dire que cette conscience soit « universelle » ou indifférente mais le contraire ; c'est par cette conscience qui l'existe, que Pierre est Pierre et sa finalité est celle-là ; que va faire cette conscience-sujet de Pierre ? Que va-t-on faire de nous-même ? N'est-ce pas précisément que nous puissions réorienter absolument et fondamentalement la personnalité que l'on est, que l'on est déjà, qui crée tout l’intérêt de l'existence ? Et pourquoi Rimbaud ou le christique ou Nietzsche nous présentent-ils des possibilités dont auparavant nous n'avions aucune idée, si ce n'est afin que Pierre puisse être Autre que ce qu'il est déjà ?

Tout ce qui revient à Pierre de son vécu, héritage, adn, etc, est déjà-là, mais ce qui se prépare selon son sujet c'est ce qui peut et doit advenir (en vertu de ses capacités, des intentions qu'il pourra acquérir et qu'il sera obligé d'acquérir au cours d'une existence, non pas obligé d'être ceci ou cela, mais obligé de choisir, comme disait Sartre, ou si l'on préfère d'inventer ; chaque sujet doit résoudre l'équation qu'il existe, et ce dans l'actualité de sa conscience).

De même la pensée universelle grecque vient en plus et ouvre infiniment le monde (au-delà du groupe humain et donc surintentionnalise le langage, en créant de nouveaux signes, pareillement la science ou la politique ou les esthétiques, etc), et tout autant, sinon plus (puisqu’il avance le pion bien avant que se formule une « pensée », dans l'intention de chacun nue, sans rien, perçue du dehors absolu, au-delà du segment naissance-mort) tout autant donc le christique vient créer littéralement votre âme en vous regardant, ce qui veut dire en embrayant votre intentionnalité sur son intentionnalité  - surdivine, du dieu qui vient en-plus et vous sauve, parce qu'il crée en vous la Possibilité même que vous soyez ni homme ni femme, ni libre ni esclave, ni riche ni pauvre, bref rien du monde et des cent catégories de quelque monde humain que ce soit, mais qu'il vous rend à vous-même ; il ne vous attache pas cependant à son « être », puisqu'il est « parti », devenu pur regard sans rien, sans présupposé et qui ne s'instancie, dans le monde, le vécu et le corps, qu'en tant qu'il est devenu votre-intention (« je n'existe plus qu'en christ » saint Paul, littéralement, et ça n'est pas une adoration, en rien mais un fait historique absolu, une structure pure et brute) il n'est plus là, mais absent, et donc il vous rend à vous-même, vous laisse, si l'on veut, sur le Bord du monde, du vécu et du corps. On lui a assez reproché.

Si on nie la pensée, dieu, le christique, le sujet, cela revient à nier le réel ; le réel, comme dieu ou la pensée, ou le sujet, on en peut pas le penser mais on peut le signifier ; si on remplace la signification par une dénomination on détermine l'arc de conscience (et le réel) et donc on le perd. On ne peut saisir que par le réel et l'acte de conscience, mais si on identifie le contenu et la forme de conscience on abolit et l'un et l'autre. Le cul entre deux chaises ; parce que seul le mouvement compte, pas ceci ou cela qui sont mus. Et si on remplace la signification par une définition, c'est que l'on est défini... par une autre conscience, qui se camoufle sous telle ou telle théorie, idéologie, scientisme, réalisme ; les vrais scientifiques ne prennent pas leur objet local pour le tout de l'univers ou le tout de la personne humaine ; ce serait encore un autre égarement.

Or donc pourtant l'arc de conscience est bel et bien arcbouté au réel comme réel et ne tend nullement à absorber, intégrer la réalité dans son cercle auquel cas cet arc disparaîtrait, sans doute croit-il peut-être qu'il serait enfin « satisfait » en faisant un avec tout, mais en fait il s’effacerait, s'annulerait ; c'est uniquement dans la séparation, le déchirement, la distance, l'altérité, la tension que l'arc de conscience existe ; qu'il reçoive la révélation de dieu ou (comme on veut) qu'il se configure dieu comme répondant à la plus haute performance de sa structure, c'est l'altérité du réel qui crée. Et non l'identité.

Et donc si l'on ne veut pas ex-sister, on fait comme on l'entend ; il est évidemment du ressort de chacun de concevoir la réalité comme il l'entend. Mais si l'on veut exister il faut prendre ceci comme étant une ex-sistence. Ou , dit autrement, il s'agit de comprendre la valeur ontologique du réel, de lui assigner une logique ou une structure. Libre à chacun de choisir ou d'élaborer la sienne. En l’occurrence ici l'exister est un départ ; un départ continuel, constant, un renouvellement du renouveau lui-même et cette redondance est la Capacité elle-même.

Hors de cela, pas de salut.

C'est pour cette raison que l'on prétend que le réel se réintroduit lui-même dans et par le mouvement. Ce qui veut dire que l'on perçoit soudainement ce qui sera. Non pas la détermination du monde qui sera, mais la structure de ce qui sera. Il y a des mystiques, dieu, l’universel grec, le christique, le sujet, le réel, et probablement des millions d'intuitions distinctes ; il n'est aucune raison de privilégier par exemple l'existence perçue par les existentiels, plutôt que dieu ou le sujet transcendantal kantien, mais de proposer que tous saisissent, au moment de leur révélation, et atteignent cela même qu'ils perçoivent  ;

Il y a un réel, et donc une réalité, parce que ce réel est en mouvement (et il est en mouvement parce qu'il n'y a pas de perfection fixe, figée, l'idée est contradictoire) et que ce mouvement se produit en une quantité infinie de mouvements (un mouvement ne peut pas demeurer statique de toute manière) et c'est précisément ce mouvement qui doit être et qui fut pensé. En tant que dieu, être, sujet et réel. Qui désignent des formes, cad des rapports.

Or cependant ajoutons que ces rapports, tout formels, sont aussi des « natures », des structures ; indérivables ; on ne peut pas dériver l'exister (de même qu'autrefois il était impossible de déduire l'être) et on ne peut pas dériver la « conscience », cet être qui n'est pas un être mais un rapport en tant que ce rapport est son propre rapport (en clair il se-sait, au sens de se signifier, de se désigner et cette désignation est vide, structurelle, formelle, permettant quantité de rapports, d'intentionnalités, portées par des signes distinctifs). Il est impossible de définir ces « natures » comme des essences puisque ce sont des mouvements. Ce qui ne nous laisse pas sans rien mais bien dans la nécessité de penser ces rapports, et on s'aperçoit ce faisant que l'on n'a jamais fait que cela ; les idées, le un, l'être, dieu, le sujet, etc sont des mouvements ; non pas ce que l'on pense (comme un objet figé) mais ce à partir de quoi il est pensé.

Et la pensée est elle-même ce retour par et sur cet être spécifique qui n’est pas un être et qui par là se désigne lui-même (il est un rapport et peut donc obtenir un tel rapport, au sens de document, sur lui-même, sinon on n'y comprend rien et du reste on ne comprendrait rien, rien ne nous serait accessible et nous n'aurions pas de représentions, de langage, de perceptions au sens de signifiées) et qui requiert pour distinguer ses surfaces d'énormes systèmes de signes ; et ce en organisant les intentionnalités de manière cohérente  mais la dite cohérence n'est pas seulement dans l'objet et l'objectivité ; l'effort essentiel et le plus prolifique et le plus insistant est de découpler mille intentionnalités, à chaque fois ; à chaque système le faisceau de conscience se redimensionne ; et ça n'est pas tant tel ou tel résultat que le principe même de variation d'intentionnalités qui est fondamental ; loin de dégoûter de toute vérité, le sujet comprend qu'il est le centre actif de toute possibilité, au sens d'ouvertures diversifiées de champs réels (et non pas irréels, ce qui veut dire que dans les performances esthétiques, poétiques, littéraires, on s'aperçoit nettement qu'il s’agit non pas de fantaisies délassantes mais d'une acuité démultipliée et d'une profondeur augmentée et intensifiée ; il ne s'agit pas de comprendre ce que l'on dit, comme en philosophie, mais d'allonger ce que l'on perçoit ; de passer outre le groupe et outre l’intérêt immédiat, esthétiques et poétiques et récit sont instantanément réfléchis … et difficiles ; ce ne sont pas les « distractions » dont le moi regorge).

C'est bien cette variabilité d'intentionnalités et d'intentions qui rend possible qu'il y ait une organisation libérale démocratique (au sens politique d'abord) ; on prend intérêt à ce qui hausse le niveau, quitte à engendrer la transgression pour la transgression ; mais surtout à adhérer non pas ç une pré-organisation du monde, du vécu et du corps, mais à expérimenter. Il n'y a aucune différence entre expérimentation objective, scientifique et expérimentation politique, éthique, relationnelle, affective ou de perceptions accélérés (à partir de Descartes la perception est accélérée, comme la mise en forme kantienne de la phénoménalité, mais aussi arts, sciences, historicités, psycho-affectivités, romantiques par ex, spleen, illuminations, surréalisme, pop-rock, tout ce que l'on veut, puisque cela se concrétise et se décuple à partir des années soixante pour chacun des mois).

Que l'on puisse instruire une critique de la matérialisation (qui est non pas l'attachement à la matière, mais qui consiste en la matérialisation des intentionnalités, on veut que cela, en nous, devienne réel, se réalise dans le monde, le vécu et le corps) ne signifie pas qu'il faille se replier sur l'intuition de la structure pure et vide (ça reste individuellement une éthique) ; le 18éme a voulu passer de la structure en retrait (en gros le christianisme ou l’idéal classique habituel de retenu) à une concrétisation (le bonheur est une idée neuve en Europe).

On est donc parvenu à exposer la structure (sous les signes de liberté, anglo-saxonne, puis de liberté égalité, révolution française, ou ensuite égalité tout court, communisme) mais sans prendre la mesure de cette structure ; qui s'est déchaînée (rien sinon elle-même ne peut la stopper) sur le monde, le vécu et le relationnel, et le corps. Au lieu de réguler la puissance (structurelle qui ex-siste antérieurement au monde, au vécu et au corps) on a espéré « profiter du monde », de toutes les réalisations possibles, même le n'importe quoi. Et ceci eut pour effet de figer, fixer éternellement l'historicité ; au lieu de restructurer, continuellement, la démocratie, l’organisation libre et d’égalité, on a déployé dans tous les sens n'importe quelle « consommation », consomption de la réalité. Pareillement chacun se retrouve assigné à une « réalisation » sans mesure, sans réel qui puisse l'orchestrer (cad sans règles internes, ce qui ne veut pas dire « normes »), sans réel signifié et qui s'investit, cette réalisation, indûment dans toute matérialisation, qui en elle-même, de par sa nature, ne mène nulle part.

Les normes sont produites constamment et par toute société, mais la règle c'est celle que l'on se donne et à laquelle on se tient (déjà présent pour Descartes ; il faut se tenir à ce que l'on veut, puisque pour Descartes ce que l'on veut est exprimé et si c'est exprimé alors c'est selon la clarté, le reste, tout le reste tombe dans l'indistinct et l'erreur et la faute mentale qui consiste à vouloir n'importe quoi n'importe comment). La règle est interne, ce que la réalisation supposée heureuse, du moi ne supporte plus (ni christique ni universel, mais psychique est devenu le moi), or pareillement les normes sont déniées radicalement ; il n'est de norme qu'être heureux, mais à tout prix, ou si l'on préfère « être soi-même », comme si chaque moi se destinait à son identité (et qu’évidemment le monde, la société, les autres, la famille, l’État, ou ce que l'on veut) rendraient impossible ; alors que la réalisation de l'identité du moi est certes en partie légitime, mais au fond extrêmement non satisfaisante ; aussi l'irréalité du moi et de son monde s'emballe-t-elle (on ne peut pas retrouver dans le monde, ni le vécu, ni le relationnel, ni le corps, la structure).

Remarquons que l'on est immédiatement pris au piège puisque la structure c'est elle qui propose qu'il y ait un champ (intentionnel), des perceptions (qui ne nous apparaissent pas comme pour un animal, mais dans et par un intentionnalité), et donc un investissement immédiatement décuplé structurellement ; on ne peut pas absolument désirer, or ce qui est promis est non-possible dans le monde, le vécu et le corps. Et lorsque la société humaine depuis le 18éme crée des normes c'est en tant qu’injonctions ; « sois heureux » est une libération, c'est certain, mais se transforme en un ordre. Ou originellement « sois responsable » de toi-même ; immanquablement nécessaire, puisque chacun est individuellement consenti, mais sans qu'aucun palliatif ne soit proposé (sinon de contrainte au début puis d'assistance psychologique ou pharmacologique, le devenir révolutionnaire étant au fur et à mesure évacué, principalement par sa caricature « marxiste-communiste » qui ne peut pas assumer la réalité mais seulement la version pseudo-universaliste ; que l'on n'ait que des besoins et non des désirs, individualisants).

C'est qu'il faut se méfier. Même le christianisme, comme institution, s'est imposé comme extrêmement normatif ; il fallait bien fabriquer une civilisation et donc offrir des comportements régulés. Prônant même un idéal de perfection, non pas souhaité seulement mais contraignant ; il « faut être parfait ». Or il est vrai que le message du christique est ambigu mais il faut clarifier les choses.

En peu de mots.

Il y a une différence entre considérer le christique ou la liberté comme un état, une statique, et les considérer comme une dynamique, un mouvement. C'est ce que l'on veut dire lorsque l'on caractérise dieu comme une intention, et non une volonté, et le christique comme l'introduction dans le monde, le vécu et le corps, de cette intention (au cœur de la corporéité elle-même, ce qui veut dire ; en tant que corps).

Une volonté exige que vous soyez tel ou tel, une intention vous demande votre concours. Non pas votre concours de conformité, de réaliser la justice (cad la conformité, la sainteté, le juste est celui qui est identique à dieu) mais de définir la justice, de la créer, de rechercher l'intention dont aucune représentation ni réalisation ne donne idée, mais qui sera parce que vous l'aurez créée.

Ou dit autrement ; soit l'intention christique qui vous montre que c'est déjà commencé, mais cependant dont on ignore la suite, les effets, les possibilités ; à vous de créer les possibilités, de rendre possible le possible ; puisque le bien n'est pas de se conformer, à une norme ou une loi, mais de créer une loi telle qu'elle rende possible qu'il y ait ensuite encore-plus-de-possibilités ; la révolution qui crée la liberté mêlée à l’égalité rend accessible encore plus de liberté et d’égalité ; ce que crée la possibilité de la possibilité c'est précisément ce dont on avait aucune idée auparavant, mais qui survient comme la foudre dans historicité, ou dans le vécu de chacune en transformant cette vie en ex-sistence, en exposant explicitement la structure, celle qui n’apparaît pas, n'est pas du monde, du vécu ou du corps, qui vient-en-plus ; soit donc la capacité de percevoir dans les historicités les capacités ouvertes, et qui ne sont pas refermables,puisque ne s'incarnant que sous le mode « je n'y suis pas, puisque j'existe ».

Et donc le christique insiste fondamentalement là-dessus que l'on est redevable de l’Intention, et d'abord et avant tout et après tout ; après tout ce que peut être une vie on est encore redevable de l'Intention ; toujours remise puisque le rythme de l’intention est justement de se fonder sur elle-même pour encore plus s'élever, tirer de ses égarements la possibilité plus grande. Aussi abaissé que l'on soit, pour le monde, méprisé, ou pour soi, dégoûté, l'intention ne meurt pas, jamais. Elle se tire du champ intentionnel et re-vient vers elle-même afin d'agrandir la possibilité (et donc parfois s’apparaît à elle-même afin de s'orienter vers le plus, mais ce qu'elle indique ça n'est jamais plus de monde, de vécu ou de corps, mais le plus, invisible, de la structure). Ce qui est exactement la même logique que celle cartésienne, kantienne, hégélienne (la dialectique des phénoménologies), husserlienne, sartrienne, lacanienne : que le mouvement prédomine, puisqu’il est originel et final : il ne cessera jamais d'être en mouvement, le mouvement est la structure même du réel, et ne peut pas se dissoudre, se décomposer, les compositions sont internes, formant tout cet espace-temps externe à la structure interne ; une structure interne (et non pas intérieure) crée instantanément une réalité externe, cela vaut pour dieu ou l’universel ou le sujet et évidemment pour chaque arc de conscience ; il n'y a d'intériorité que relative à une structure formellement ouverte (sur le monde, le donné, le vécu et le corps), une structure qui ne peut pas se dissoudre dans la détermination, les contenus, le vécu, le corps ou les désirs ou en quoi que ce soit.

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