La logique du réel n'est visiblement pas véritablement agréable, voire a-humaine ou encore inhumaine ; l'univers est déraisonnablement gigantesque, peut-être infini, peut-être même plusieurs univers, une infinité d’univers (certains viables et d'autres totalement effondrés), et ce même univers se dirige immanquablement vers une glaciation ou une dispersion et de toute manière tellement immense que les distances et les durées empêchent de penser, d'imaginer la moindre réelle durabilité de quelque partie, serait-ce « l'espèce humaine » ; si quelque chose, quelque Réel se réalise dans le donné, l'immense donné, est-on bien certain qu'il s'agira d'un composé de déterminations, d'atomes, de molécules, qui sont, de toute manière, voués à disparaître, totalement, sans aucune mémoire de quoi que ce soit ?
Pourquoi un tel déchaînement de réalités en tout sens, et encore n’en percevons-nous qu'une très petite partie : et tout cela pour aboutir au rien-du-tout ? On pose la question, chacun y répondra comme il le peut ou choisira son option. Lors même qu'existeraient des civilisation à l'autre bout de cette (petite) galaxie qui est la nôtre, les délais d'espace et de temps, les durées sont tellement hors de proportion qu'une éventuelle « rencontre » est réduite à rien. Et quand à la durée d’une civilisation, humaine par exemple, il faut se rappeler que les dinosaures vécurent 150 millions d'années, et nous, bien proches de la disparition, quelques centaines de milliers (voire moins et encore très peu en état historique de développement et de conscience de nous-même et du monde). Un grain de poussière.
Donc si il existe une finalité, cad en somme une mémoire, un souvenir ou un sens, alors il ne situe pas « là », sous le donné immédiat. Et nous avons vu que l'on n'était pas en mesure de définir une chose réelle réellement existante ; au sens où toute réalité qui passe dans le présent, disparaît tôt ou tard, et plutôt rapidement en fait ; et que d’autre part ce segment que l'on nomme « présent » est rigoureusement insituable ; comment le mesurer (sinon en falsifiant et ramenant la durée à l'espace) ? Le présent est non mesurable ; et nous disons donc qu'il est ce par quoi tout le reste est. Le présent existe, et la réalité est, disparaissante, puisque toute chose composée se décompose.
Or donc on s’interroge sur la nature très bizarre de l'arc de conscience qui se maintient, lors même que nous ne sommes plus le même qu'à 15 ans, et que cet arc n'existe que dans une tension ; si cette tension est mal branchée, pour ainsi dire, on est schizo (on est pris dans un non-signe, un signe qui ne rentre pas dans les signes et ainsi on n'a plus accès à la réalité, ou encore dans la réalité le non-signe s'introduit, l'irréalité et la réalité se mélangent, et on ne peut plus même passer par le heurt qui nous rend à nous-même ; sortant de l'enfance normalement on se perçoit à partir du bord, on n'est plus le centre du monde et on le sait, mais le « fou » ne peut pas percevoir de « bord » et donc part dans le décors). Si on est malheureux, névrosé (puisque l'on ne parvient jamais, estime-t-on, à la satisfaction, jamais vraiment « là » bien présent et heureux, épanoui, sauf dans l'exaltation ou semi-exaltation, acheter un iphone par ex, état dans lequel on rêve, imagine « être heureux », on multiplie les rêves d'être-heureux, mais on ne peut pas « être », on ex-siste ; c'est donc l'ex-sister qui doit être instruit, éduqué, élaboré en tant que mouvement et non pas « état », or il est très difficile de maintenir un mouvement en élaboration constante, ou un continuel désir renouvelé ou d'enfiler les objets, achetés par exemple et l'envie elle-même s'épuise). Et si on est pervers, obsédé, déprimé, borderline, sociopathe, etc, la dite tension est déviée et perdue et égarée en prétendant annuler la dite tension, en objectivisant (en l’autre, quel que soit cet autre ; masochisme, sadisme, serial killer, tueur de masse, voyeurisme, narcissisme destructeur, etc). Et lorsque la tension s'effondre, alors dépressions et angoisses (dont on se protège par obsessions par exemple).
Si elle est une tension la conscience, cet arc formel, alors elle est un mouvement et un mouvement de conscience dans le mouvement du présent.
On vu également que les sociétés humaines sont passées de mondes « clos », ouverts au dedans, en un mélange extrêmement inventif de langage/partage/perceptions, et le tout vraiment réel afin de communication (entre soi) et de transmission (entre générations) ; perdre le langage et la parole et la perception c 'était l'effondrement. Sur ces mondes de mise en forme culturelle (ils créèrent le langage, les échanges, les organisations complexes, etc) s'est ajouté l’acculturation généralisée qui ne table plus sur la culture partagée mais sur l'accès de chacun au monde (grec) et au corps (christique). Si chacun est à lui-même son propre centre (d'accès au décentrement de la pensée universelle ou au décentrement du sujet, qui est-perçu par un Autre qui le regarde et crée son intention à lui, chacun, en tant que sujet ; dispositif qui se déroule ensuite via les Œuvres, aussi bien esthétiques que politiques ou éthiques, les récits, les romans, les poétiques, et l’acculturation généralisée durant 20 siècles) et alors se démultiplient les possibilités.
Parce qu'il ne faut exagérer quand même et dans son ambition de créer une civilisation totale, le christianisme (et non plus le christique) a évidemment forcé la main ; le christique est une intuition et l'intuition de l'intention, et non pas une série ou un esprit de normes diverses et variées ainsi qu'une contrainte généralisée sur tout et tous. Bien sur l'esprit, vivant, doit néanmoins se transformer en règles, plus ou moins, mais à condition de continuer de se penser et de se voir comme « esprit », comme vague mais certaine intention globale et ayant donc à s'adapter continuellement ; d'autant que son message, son contenu de structure c'est précisément que chacun est chacun considéré individuellement.
Le travail, l’œuvre n'est pas la conformité de notre être à une norme (et encore moins à une Loi, judaïque). Le christique sait bien que ça n'ira pas sans d'énormes difficultés, parce que l'on ne veut pas le « bien » et ajouterions-nous nous ne connaissons pas le dit Bien si naturellement ; il faut le créer. Avant la révolution on ignore totalement jusqu'à quel degré de conscience individuelle et commune il faut avancer pour commencer, à peine, de rendre réel un comportement global et spécifique.
L'intention, soit donc ce qui est qualifié de divin, puis de surdivin (le deuxième dieu inattendu et effarant), ne peut pas se manifester « dans le monde, le vécu ou le corps » ; elle est en-plus et chacun doit venir de ce point tout à fait éloigné, éloigné mais sans lequel, point, rien de ce qui nous apparaît (qu'il y ait un monde, notre vécu et notre corps) rien n’apparaît ; en quoi on a dit qu'il s'agissait de l'arc de conscience (une tension dans la cervelle, qui sort de la cervelle vers le monde, le vécu et le corps), de l'arc de conscience qui crée au devant de soi un champ intentionnel en accoudant des perceptions à des signes ; les signes s'utilisent afin de distinguer les perceptions et de produire par leur moyen une mémoire vive.
Vivante.
Et ces signes sont écrits sur et par l'autre-surface du corps ; celle qui reçoit les signes ; chacun a un corps écrit, signifié, qu'il n'est pas, jamais, mais qu'il ex-siste.
Et elle est vivante non seulement de ce qu'il est requis et impératif d'être un vivant (doté d'une unité, d'une peau de séparation) mais vivant au sens d'ayant en soi-même son principe de déplacement (ce qu'est un vivant ; un vivant, autre que son milieu, se meut, même une plante se meut, pas un caillou). Et ce déplacement est doublé par l'arc de conscience qui consiste à ne pas se déplacer dans le milieu mais selon l'horizon ; et selon l’horizon on ne se déplace comme dans un milieu (qui ne connaît pas l'horizon, juste le donné alentour) mais on est perçu à partir de l'horizon ; c'est parce que l'on prend acte de l'horizon que l'on se sait (on se voit de là-bas).
En vérité il existe, pour nous un horizon, parce que l'arc de conscience est arcbouté sur le réel, rien d'autre – tout le reste ce sont juste des substituts de l'unique position « qu'un réel il y a », là devant, et Autre. Qu'il soit Autre, le réel, veut dire qu'il faut s’astreindre à l'universalité, au décentrement ; personne n'est le centre du monde, le monde possède un centre et il est absolument Autre. C'est bien ce qui fait la différence entre l'enfant et l'adulte ; que l'on accède soudainement à « soi », perçu du dehors, alors que l'on se sentait l'unique existant de toute réalité.
Ce choc absolu est l'inversion totale de la logique du moi infantile et en fait de tout moi, de toute personnalisation, qui, pour apprendre à lier des faits et des perceptions, des signes et des choses, se suppose lui-même comme centre (de sorte qu'il puisse entamer une organisation en se tenant pour l'unité) et si dans ce centrement spontané il parvient à tenir une part d'objectivité, d'altérité ce sera sans jamais rompre l'unité instinctive (c'est ce que veut dire la psychanalyse et spécialement Lacan ; toute motion du conscient est seconde par rapport à l'unité spontanée et imaginaire, imaginée). Or il y eut une telle objectivisation absolument radicale ; lorsque le je se heurte de front au réel donné « là », existentiellement. Que le réel existe, abolit la conscience comme cercle, et la confronte à l'absence de sens. Absence de sens que l'on a nommé non pas comme absence de l'arc de conscience et présence du réel (ils s'incluent l'un et l'autre), mais comme absence de sens immédiat du réel ; le réel ne s'identifie pas à la satisfaction du moi. Parce que la satisfaction du moi est juste une variante de la satisfaction du corps, biologique, du moi... C'est bien en ce sens là que la psychanalyse (Freud et Lacan) comprenne les circonvolutions et atermoiements du moi ; il peut bien faire semblant, le moi, et se prendre pour ses imaginations, ça revient à la recherche du plaisir et à la répétition lorsque ce plaisir ne s'y retrouve pas et qu'il relance constamment les mêmes pistes, en espérant à chaque fois que cette même folie aboutira, à la réelle jouissance ;
mais cette jouissance est inatteignable et lorsqu'elle croit s’obtenir c'est juste que l'on est fou, on croit que l'on est au centre de la réalité et que tout tourne autour de notre satisfaction, tandis que les plaisirs sont seulement des patiences qui tiennent à distance l'impatiente folie, délire, obnubilation ; et lorsque les plaisirs, on ne les trouve plus on déprime, littéralement, la tension de l'intentionnalité devient impossible et l'angoisse (d'une absence de finalité) vient à annuler toute possibilité d'intention, ce qui est absolument terrifiant ; l'angoisse est le manque de manques, le vide de désirs qui ne venant plus combler le trou de la tension s'emplit d’angoisse.
Or la structure de conscience (qui n'est pas le conscient) et qui paraît si peu chez elle dans le réel, qui l'a en horreur, ne peut de fait absolument pas s'en passer ; si l'arc de conscience cesse, si la tension ne flèche plus le réel tel que là, l'acte de conscience se perd dans l'irréalité. Ce qui nous est le plus douloureux (qu'un réel, Autre, il y a) est constitutif. C'est pour cela que nous ne sommes pas « égarés » dans le réel ; nous tenons le moi de l'acte de conscience (qui crée un champ) et dans ce champ apparaît le moi, sous diverses formes (le nom, le prénom, le corps, tels et tels désirs, tels et tels objets, etc, puisque le sujet réel est l'acte de conscience et non pas le moi, celui-ci peut se signifier de cent mille façons, sous cent millions de signes. L'acte de conscience est toujours actif amis pas forcément le moi en tant que tel, de sorte que même identifié comme un-tel, Pierre Dupont, on peut penser une chose, percevoir autrui, imaginer ses sentiments ou les horizons du monde, etc ; puisque nous ne sommes pas un « moi » (qui serait une identité massive et déterminé) mais une conscience qui a intentionnalisé un moi (mais entre autres réalités) alors quantité de possibilités nous sont ouvertes ; même des objectivités et des décentrements puisque notre conscience est structure et non pas la-conscience-de-pierre, qui appartiendrait à Pierre comme sa veste ou son vélo ; ça n'est pas « conscience » qui est relative à Pierre mais Pierre qui est relatif à la conscience ; ce qui ne veut pas dire que cette conscience soit « universelle » ou indifférente mais le contraire ; c'est par cette conscience qui l'existe, que Pierre est Pierre et sa finalité est celle-là ; que va faire cette conscience-sujet de Pierre ? Que va-t-on faire de nous-même ? N'est-ce pas précisément que nous puissions réorienter absolument et fondamentalement la personnalité que l'on est, que l'on est déjà, qui crée tout l’intérêt de l'existence ? Et pourquoi Rimbaud ou le christique ou Nietzsche nous présentent-ils des possibilités dont auparavant nous n'avions aucune idée, si ce n'est afin que Pierre puisse être Autre que ce qu'il est déjà ?
Tout ce qui revient à Pierre de son vécu, héritage, adn, etc, est déjà-là, mais ce qui se prépare selon son sujet c'est ce qui peut et doit advenir (en vertu de ses capacités, des intentions qu'il pourra acquérir et qu'il sera obligé d'acquérir au cours d'une existence, non pas obligé d'être ceci ou cela, mais obligé de choisir, comme disait Sartre, ou si l'on préfère d'inventer ; chaque sujet doit résoudre l'équation qu'il existe, et ce dans l'actualité de sa conscience).
De même la pensée universelle grecque vient en plus et ouvre infiniment le monde (au-delà du groupe humain et donc surintentionnalise le langage, en créant de nouveaux signes, pareillement la science ou la politique ou les esthétiques, etc), et tout autant, sinon plus (puisqu’il avance le pion bien avant que se formule une « pensée », dans l'intention de chacun nue, sans rien, perçue du dehors absolu, au-delà du segment naissance-mort) tout autant donc le christique vient créer littéralement votre âme en vous regardant, ce qui veut dire en embrayant votre intentionnalité sur son intentionnalité - surdivine, du dieu qui vient en-plus et vous sauve, parce qu'il crée en vous la Possibilité même que vous soyez ni homme ni femme, ni libre ni esclave, ni riche ni pauvre, bref rien du monde et des cent catégories de quelque monde humain que ce soit, mais qu'il vous rend à vous-même ; il ne vous attache pas cependant à son « être », puisqu'il est « parti », devenu pur regard sans rien, sans présupposé et qui ne s'instancie, dans le monde, le vécu et le corps, qu'en tant qu'il est devenu votre-intention (« je n'existe plus qu'en christ » saint Paul, littéralement, et ça n'est pas une adoration, en rien mais un fait historique absolu, une structure pure et brute) il n'est plus là, mais absent, et donc il vous rend à vous-même, vous laisse, si l'on veut, sur le Bord du monde, du vécu et du corps. On lui a assez reproché.
Si on nie la pensée, dieu, le christique, le sujet, cela revient à nier le réel ; le réel, comme dieu ou la pensée, ou le sujet, on en peut pas le penser mais on peut le signifier ; si on remplace la signification par une dénomination on détermine l'arc de conscience (et le réel) et donc on le perd. On ne peut saisir que par le réel et l'acte de conscience, mais si on identifie le contenu et la forme de conscience on abolit et l'un et l'autre. Le cul entre deux chaises ; parce que seul le mouvement compte, pas ceci ou cela qui sont mus. Et si on remplace la signification par une définition, c'est que l'on est défini... par une autre conscience, qui se camoufle sous telle ou telle théorie, idéologie, scientisme, réalisme ; les vrais scientifiques ne prennent pas leur objet local pour le tout de l'univers ou le tout de la personne humaine ; ce serait encore un autre égarement.
Or donc pourtant l'arc de conscience est bel et bien arcbouté au réel comme réel et ne tend nullement à absorber, intégrer la réalité dans son cercle auquel cas cet arc disparaîtrait, sans doute croit-il peut-être qu'il serait enfin « satisfait » en faisant un avec tout, mais en fait il s’effacerait, s'annulerait ; c'est uniquement dans la séparation, le déchirement, la distance, l'altérité, la tension que l'arc de conscience existe ; qu'il reçoive la révélation de dieu ou (comme on veut) qu'il se configure dieu comme répondant à la plus haute performance de sa structure, c'est l'altérité du réel qui crée. Et non l'identité.
Et donc si l'on ne veut pas ex-sister, on fait comme on l'entend ; il est évidemment du ressort de chacun de concevoir la réalité comme il l'entend. Mais si l'on veut exister il faut prendre ceci comme étant une ex-sistence. Ou , dit autrement, il s'agit de comprendre la valeur ontologique du réel, de lui assigner une logique ou une structure. Libre à chacun de choisir ou d'élaborer la sienne. En l’occurrence ici l'exister est un départ ; un départ continuel, constant, un renouvellement du renouveau lui-même et cette redondance est la Capacité elle-même.
Hors de cela, pas de salut.
C'est pour cette raison que l'on prétend que le réel se réintroduit lui-même dans et par le mouvement. Ce qui veut dire que l'on perçoit soudainement ce qui sera. Non pas la détermination du monde qui sera, mais la structure de ce qui sera. Il y a des mystiques, dieu, l’universel grec, le christique, le sujet, le réel, et probablement des millions d'intuitions distinctes ; il n'est aucune raison de privilégier par exemple l'existence perçue par les existentiels, plutôt que dieu ou le sujet transcendantal kantien, mais de proposer que tous saisissent, au moment de leur révélation, et atteignent cela même qu'ils perçoivent ;
Il y a un réel, et donc une réalité, parce que ce réel est en mouvement (et il est en mouvement parce qu'il n'y a pas de perfection fixe, figée, l'idée est contradictoire) et que ce mouvement se produit en une quantité infinie de mouvements (un mouvement ne peut pas demeurer statique de toute manière) et c'est précisément ce mouvement qui doit être et qui fut pensé. En tant que dieu, être, sujet et réel. Qui désignent des formes, cad des rapports.
Or cependant ajoutons que ces rapports, tout formels, sont aussi des « natures », des structures ; indérivables ; on ne peut pas dériver l'exister (de même qu'autrefois il était impossible de déduire l'être) et on ne peut pas dériver la « conscience », cet être qui n'est pas un être mais un rapport en tant que ce rapport est son propre rapport (en clair il se-sait, au sens de se signifier, de se désigner et cette désignation est vide, structurelle, formelle, permettant quantité de rapports, d'intentionnalités, portées par des signes distinctifs). Il est impossible de définir ces « natures » comme des essences puisque ce sont des mouvements. Ce qui ne nous laisse pas sans rien mais bien dans la nécessité de penser ces rapports, et on s'aperçoit ce faisant que l'on n'a jamais fait que cela ; les idées, le un, l'être, dieu, le sujet, etc sont des mouvements ; non pas ce que l'on pense (comme un objet figé) mais ce à partir de quoi il est pensé.
Et la pensée est elle-même ce retour par et sur cet être spécifique qui n’est pas un être et qui par là se désigne lui-même (il est un rapport et peut donc obtenir un tel rapport, au sens de document, sur lui-même, sinon on n'y comprend rien et du reste on ne comprendrait rien, rien ne nous serait accessible et nous n'aurions pas de représentions, de langage, de perceptions au sens de signifiées) et qui requiert pour distinguer ses surfaces d'énormes systèmes de signes ; et ce en organisant les intentionnalités de manière cohérente mais la dite cohérence n'est pas seulement dans l'objet et l'objectivité ; l'effort essentiel et le plus prolifique et le plus insistant est de découpler mille intentionnalités, à chaque fois ; à chaque système le faisceau de conscience se redimensionne ; et ça n'est pas tant tel ou tel résultat que le principe même de variation d'intentionnalités qui est fondamental ; loin de dégoûter de toute vérité, le sujet comprend qu'il est le centre actif de toute possibilité, au sens d'ouvertures diversifiées de champs réels (et non pas irréels, ce qui veut dire que dans les performances esthétiques, poétiques, littéraires, on s'aperçoit nettement qu'il s’agit non pas de fantaisies délassantes mais d'une acuité démultipliée et d'une profondeur augmentée et intensifiée ; il ne s'agit pas de comprendre ce que l'on dit, comme en philosophie, mais d'allonger ce que l'on perçoit ; de passer outre le groupe et outre l’intérêt immédiat, esthétiques et poétiques et récit sont instantanément réfléchis … et difficiles ; ce ne sont pas les « distractions » dont le moi regorge).
C'est bien cette variabilité d'intentionnalités et d'intentions qui rend possible qu'il y ait une organisation libérale démocratique (au sens politique d'abord) ; on prend intérêt à ce qui hausse le niveau, quitte à engendrer la transgression pour la transgression ; mais surtout à adhérer non pas ç une pré-organisation du monde, du vécu et du corps, mais à expérimenter. Il n'y a aucune différence entre expérimentation objective, scientifique et expérimentation politique, éthique, relationnelle, affective ou de perceptions accélérés (à partir de Descartes la perception est accélérée, comme la mise en forme kantienne de la phénoménalité, mais aussi arts, sciences, historicités, psycho-affectivités, romantiques par ex, spleen, illuminations, surréalisme, pop-rock, tout ce que l'on veut, puisque cela se concrétise et se décuple à partir des années soixante pour chacun des mois).
Que l'on puisse instruire une critique de la matérialisation (qui est non pas l'attachement à la matière, mais qui consiste en la matérialisation des intentionnalités, on veut que cela, en nous, devienne réel, se réalise dans le monde, le vécu et le corps) ne signifie pas qu'il faille se replier sur l'intuition de la structure pure et vide (ça reste individuellement une éthique) ; le 18éme a voulu passer de la structure en retrait (en gros le christianisme ou l’idéal classique habituel de retenu) à une concrétisation (le bonheur est une idée neuve en Europe).
On est donc parvenu à exposer la structure (sous les signes de liberté, anglo-saxonne, puis de liberté égalité, révolution française, ou ensuite égalité tout court, communisme) mais sans prendre la mesure de cette structure ; qui s'est déchaînée (rien sinon elle-même ne peut la stopper) sur le monde, le vécu et le relationnel, et le corps. Au lieu de réguler la puissance (structurelle qui ex-siste antérieurement au monde, au vécu et au corps) on a espéré « profiter du monde », de toutes les réalisations possibles, même le n'importe quoi. Et ceci eut pour effet de figer, fixer éternellement l'historicité ; au lieu de restructurer, continuellement, la démocratie, l’organisation libre et d’égalité, on a déployé dans tous les sens n'importe quelle « consommation », consomption de la réalité. Pareillement chacun se retrouve assigné à une « réalisation » sans mesure, sans réel qui puisse l'orchestrer (cad sans règles internes, ce qui ne veut pas dire « normes »), sans réel signifié et qui s'investit, cette réalisation, indûment dans toute matérialisation, qui en elle-même, de par sa nature, ne mène nulle part.
Les normes sont produites constamment et par toute société, mais la règle c'est celle que l'on se donne et à laquelle on se tient (déjà présent pour Descartes ; il faut se tenir à ce que l'on veut, puisque pour Descartes ce que l'on veut est exprimé et si c'est exprimé alors c'est selon la clarté, le reste, tout le reste tombe dans l'indistinct et l'erreur et la faute mentale qui consiste à vouloir n'importe quoi n'importe comment). La règle est interne, ce que la réalisation supposée heureuse, du moi ne supporte plus (ni christique ni universel, mais psychique est devenu le moi), or pareillement les normes sont déniées radicalement ; il n'est de norme qu'être heureux, mais à tout prix, ou si l'on préfère « être soi-même », comme si chaque moi se destinait à son identité (et qu’évidemment le monde, la société, les autres, la famille, l’État, ou ce que l'on veut) rendraient impossible ; alors que la réalisation de l'identité du moi est certes en partie légitime, mais au fond extrêmement non satisfaisante ; aussi l'irréalité du moi et de son monde s'emballe-t-elle (on ne peut pas retrouver dans le monde, ni le vécu, ni le relationnel, ni le corps, la structure).
Remarquons que l'on est immédiatement pris au piège puisque la structure c'est elle qui propose qu'il y ait un champ (intentionnel), des perceptions (qui ne nous apparaissent pas comme pour un animal, mais dans et par un intentionnalité), et donc un investissement immédiatement décuplé structurellement ; on ne peut pas absolument désirer, or ce qui est promis est non-possible dans le monde, le vécu et le corps. Et lorsque la société humaine depuis le 18éme crée des normes c'est en tant qu’injonctions ; « sois heureux » est une libération, c'est certain, mais se transforme en un ordre. Ou originellement « sois responsable » de toi-même ; immanquablement nécessaire, puisque chacun est individuellement consenti, mais sans qu'aucun palliatif ne soit proposé (sinon de contrainte au début puis d'assistance psychologique ou pharmacologique, le devenir révolutionnaire étant au fur et à mesure évacué, principalement par sa caricature « marxiste-communiste » qui ne peut pas assumer la réalité mais seulement la version pseudo-universaliste ; que l'on n'ait que des besoins et non des désirs, individualisants).
C'est qu'il faut se méfier. Même le christianisme, comme institution, s'est imposé comme extrêmement normatif ; il fallait bien fabriquer une civilisation et donc offrir des comportements régulés. Prônant même un idéal de perfection, non pas souhaité seulement mais contraignant ; il « faut être parfait ». Or il est vrai que le message du christique est ambigu mais il faut clarifier les choses.
En peu de mots.
Il y a une différence entre considérer le christique ou la liberté comme un état, une statique, et les considérer comme une dynamique, un mouvement. C'est ce que l'on veut dire lorsque l'on caractérise dieu comme une intention, et non une volonté, et le christique comme l'introduction dans le monde, le vécu et le corps, de cette intention (au cœur de la corporéité elle-même, ce qui veut dire ; en tant que corps).
Une volonté exige que vous soyez tel ou tel, une intention vous demande votre concours. Non pas votre concours de conformité, de réaliser la justice (cad la conformité, la sainteté, le juste est celui qui est identique à dieu) mais de définir la justice, de la créer, de rechercher l'intention dont aucune représentation ni réalisation ne donne idée, mais qui sera parce que vous l'aurez créée.
Ou dit autrement ; soit l'intention christique qui vous montre que c'est déjà commencé, mais cependant dont on ignore la suite, les effets, les possibilités ; à vous de créer les possibilités, de rendre possible le possible ; puisque le bien n'est pas de se conformer, à une norme ou une loi, mais de créer une loi telle qu'elle rende possible qu'il y ait ensuite encore-plus-de-possibilités ; la révolution qui crée la liberté mêlée à l’égalité rend accessible encore plus de liberté et d’égalité ; ce que crée la possibilité de la possibilité c'est précisément ce dont on avait aucune idée auparavant, mais qui survient comme la foudre dans historicité, ou dans le vécu de chacune en transformant cette vie en ex-sistence, en exposant explicitement la structure, celle qui n’apparaît pas, n'est pas du monde, du vécu ou du corps, qui vient-en-plus ; soit donc la capacité de percevoir dans les historicités les capacités ouvertes, et qui ne sont pas refermables,puisque ne s'incarnant que sous le mode « je n'y suis pas, puisque j'existe ».
Et donc le christique insiste fondamentalement là-dessus que l'on est redevable de l’Intention, et d'abord et avant tout et après tout ; après tout ce que peut être une vie on est encore redevable de l'Intention ; toujours remise puisque le rythme de l’intention est justement de se fonder sur elle-même pour encore plus s'élever, tirer de ses égarements la possibilité plus grande. Aussi abaissé que l'on soit, pour le monde, méprisé, ou pour soi, dégoûté, l'intention ne meurt pas, jamais. Elle se tire du champ intentionnel et re-vient vers elle-même afin d'agrandir la possibilité (et donc parfois s’apparaît à elle-même afin de s'orienter vers le plus, mais ce qu'elle indique ça n'est jamais plus de monde, de vécu ou de corps, mais le plus, invisible, de la structure). Ce qui est exactement la même logique que celle cartésienne, kantienne, hégélienne (la dialectique des phénoménologies), husserlienne, sartrienne, lacanienne : que le mouvement prédomine, puisqu’il est originel et final : il ne cessera jamais d'être en mouvement, le mouvement est la structure même du réel, et ne peut pas se dissoudre, se décomposer, les compositions sont internes, formant tout cet espace-temps externe à la structure interne ; une structure interne (et non pas intérieure) crée instantanément une réalité externe, cela vaut pour dieu ou l’universel ou le sujet et évidemment pour chaque arc de conscience ; il n'y a d'intériorité que relative à une structure formellement ouverte (sur le monde, le donné, le vécu et le corps), une structure qui ne peut pas se dissoudre dans la détermination, les contenus, le vécu, le corps ou les désirs ou en quoi que ce soit.