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instants philosophie

Descartes, le je, le sujet

29 Mai 2021, 08:32am

Publié par pascal doyelle

Où l’on apprend que le « moi » est une dénomination inventée par Descartes,

sauf que ce fut a contrario par Pascal

caractérisant celui-ci comme « le moi introuvable » de Descartes.

Première désignation du « moi » en tant qu’objet spécifique (et non comme positionnement de soi « c’est moi que je peins » de Montaigne par ex). Par quoi le « moi » fait son entrée dans le champ de la représentation (et non se-représentant).

Aucune entrée dans les dictionnaires avant plusieurs années, et ce sera sous la référence de Pascal.

Et introuvable il l’est réellement, parce que l’on ne sait pas ce que Descartes signifie par là ; « moi celui-là que je suis ».

Descartes lui-même ne se désigne pas comme « sujet » ; mais comme chose qui pense, et désigne par pensée cela « qui pense, qui ressent, qui perçoit, qui imagine », la liste est non-exhaustive. Attendant somme toute son commencement de résolution. Il faudra atteindre Kant, Hegel, Husserl, Sartre et Lacan pour débrouiller cette histoire du moi.

 

Qui est, ici, le « je » (lequel est prolégomène au sujet, comme structure réelle agissante, créant un champ intentionnel).

 

Dit autrement ; le je n’est pas la conscience « de » Pierre, c’est Pierre qui appartient à cette conscience qu’il est ou plus exactement qui l’ex-siste .

C’est pour cela que Pierre outre d’être celui-ci, ce moi psychologique ou psychique, se consacrera aux mathématiques ou à la poésie ; c’est sa conscience, comme fonction absolue, qui lui rend accessibles les mathématiques ou la musique. Mathématiques ou musique qui sont constituées de signes, lesquelles n’existent que pour-un-sujet. Hors cette conscience une musique n’est qu’un tas de déterminations, dont le caractère de « signes » n’apparaît pas du tout.

Voici donc que le sujet est la structure (par en-dessous ou par au-dessus, l’âme par ex) dont le « je » est l’effet suréminent, et qui relativise Pierre ; relativise toute identité psychologique et même psychique, embarquant l’inconscient tout aussi bien, de par son effet global de champ intentionnel, de signes.

Au sens, donc, que ce Je s’est soudainement ajouté à Pierre (venant durant l’adolescence relancer tout le passé de chacun). Et c’est ce qu’il fera de cette identité qui compte. Ce que Je ferai de ce que les autres ou le passé ont fait de moi (Sartre). La position de suréminence vient de ce que le champ intentionnel est toujours actuel et donc re-perçoit le passé ou ce qui est à partir de ce qui n’est pas ; on ne perçoit que ce qui est mis en jeu par la distribution de signes dans l’actualité, l’actuel présent du champ. Nous n’avons jamais connu directement ce qui est donné là, mais uniquement dans la re-création du donné dans un champ de représentation.

Et plutôt que d’en déduire notre extériorité par rapport aux réalités et aux autres, il faut comprendre l’inverse à savoir la possibilité toujours ouverte, offerte du possible qui re-distribue la perception en fonction d’une signification créée dans l’actualité. On n’aime pas en fonction de ce que l’on est, mais de ce que l’on imagine être ou advenir.

 

Il est une illustration très simple de comprendre l’introduction de l’arc de conscience dans une vie ; un animal, un chien ou un chat, n’importe quel vivant se situe lui-même dans son « milieu ». Il perçoit le monde et votre chat vous reconnaît, et il se ressent comme centre de son-monde. Mais il n se situe pas.

Il ne se situe pas puisqu’il n’a pas conscience de l’horizon. De son milieu oui. De l’horizon non. Tandis que vous doté de votre conscience non seulement vous avez conscience de l’horizon, mais vous vous percevez vous-même à partir de l’horizon.

Et cela est pour un vivant, un être vivant, absolument insupportable. Un corps vivant est fait pour se vivre, s’éprouver et percevoir son-monde, son milieu, et non pas s’écarteler à partir d’un horizon si absolument lointain et se percevoir lui-même comme autre.

Ayant accès à l’horizon, à la perception de soi à partir de l’horizon vous ne serez plus jamais « vous-même », mais le hiatus, la déchirure (que vous essaierez toujours de recoudre, par quelque moyen que ce soit). En vous ce qui est c’est le vivant, mais ce qui existe c’est la déchirure de l’horizon.

 

D’aucuns croient comprendre que nous sommes ‘conscience’ parce que nous utilisons des signes (on signifie l’horizon, ou la musique ou les mathématiques).

Mais de où des « signes » pourraient-ils créer une activité de conscience ?

Ne serait-ce pas l’inverse ?

Puisque les signes existent déjà dans le vivant, plutôt évolué, en tant que quasi-langage. C’est parce qu’il existe en nous une capacité de conscience (qui surgirait dans la cervelle et de par tout le corps par conséquent) qu’effectivement nous nous sommes emparés du langage et l’avons explosé dans tous les sens, et ce faisant dans tous les directions (outils, relations, échanges, famille, etc) et usant de signes afin de porter nos intentions, nos intentionnalités, nos idées, nos représentations. Il est plus facile de déplacer des signes que de mouvoir les choses que ces signes désignent. Activité combinatoire.

Aussi l’arc de conscience ne naît pas non plus de l’horizon mais il crée les signes qui font retour sur lui-même, et le désigne, lui. De sorte qu’il se désigne via ces signes et cela crée l’horizon. Mais l’arc lui-même est premier et rend possible qu’il y ait signes, horizon, et altérité structurelle.

 

Les autres noms de l’horizon ce sont dieu, l’être, le sujet (et le christique initialement), le réel.

Le « moi » cartésien n’est pas René Descartes, mais ça n’est pas non plus une fonction abstraite telle « la pensée » ; autant garder sinon l’agent intellectif, l’universel, l’esprit en général, etc. Mais inversement ça n’est plus l’âme (c’est ce qu’Augustin pointait au 4éme siècle ; « ce qui est plus grand en moi que moi-même »)

L’âme qu’invoque Descartes rapidement dans le Discours mais sur laquelle dénomination il reviendra ensuite ; déclarant alors la « substance pensante », au sens non pas de substance générale mais substance individuée. Or c’est bien de ceci dont il est question ; que le « moi », le je, soit un sujet, une individualité, un singulier (et non pas forcément une âme, mais cette dernière interprétation n’est pas exclue). Pascal a bien compris et c’est d’autres qui s’égareront de copier-coller le sujet universel ou le moi psychologique (ou ses précédents historiques, tel le sujet empirique, de sensations ou de perceptions ou ensuite de langage ou d’inconscient) copieront-colleront ces avatars ou ces activités secondes sur la native, sur le sujet-sujet, qui est, lui, l’activité même, la seule que l’on sache, hormis le présent comme déroulement de tout.

 

Parce que si le sujet est ce qui existe, alors il prend toute la lumière ; pascal croit comprendre que si le je existe, et donc est doué d’une densité ontologique, alors il la vole à dieu. Ne saisissant pas ce qui, pourtant, est sous-entendu cartésiennement, que si c’est bien dieu qui voulut le je, alors ce dieu est encore-plus-grand ou d’une nature telle qu’elle nous échappe tout autant ontologiquement. Descartes flirtant sans cesse avec cette hérésie d’un dieu plus grand que dieu, cad plus infini que celui de la théologie, de même que son je échappe à la métaphysique, non seulement celle grecque, récupérée, à juste titre, par le christianisme, mais échappant tout aussi bien à la métaphysique grecque ou néoplatonicienne, qui méconnaissaient qu’il y ait un « sujet ». Et ignorance, dans un cas comme dans l’autre, alors même que ce je est celui-là même qui est postulé par l’initialisation de l’historicité christique ; que l’infini soit un corps.

On ne peut pas contrer l’incarnation ; en aucune manière et quoi que l’on dise. C’est absolument suréminent et hors de toute proportion.

 

Or donc il existe un sujet qui dit « je » et qui n’est pas René. Il est positionné, et donc par cela entre dans la représentation, se donnant de la sorte à penser ; il faudra élaborer toute la compréhension possible de ce fait originel ; il est antérieur à la pensée, laquelle n’est plus le contenu de ce je, puisque ce je est-à-lui-même, ou existe pour lui-même et plus surprenant encore dans la mesure où il est pour lui-même, il est par lui-même… ; ce qui est une autre manière de dire qu’il est un rapport et n’existe qu’en tant que rapport. On a dit que l’arc de conscience aboutissait ou avait pour résultat que ce vivant (qui n’est pas fait pour cela) se perçoit du dehors (de l’horizon). Cet horizon est fondamental en ceci que le sujet, dès lors, n’est pas une auto-référence.

Cet horizon est inclus, intégré dans le je de sorte qu’il soit autre que lui-même et d’autant plus autre que c’est un rapport ; et que ce rapport est vide, ce qui veut dire formel, et donc absolu. Ça n’est pas le rapport qui arrive à quelque chose ou quelqu’un ; il n’y a de « quelqu’un » que de ce rapport. Vous n’êtes pas votre corps, vous avez un corps ; vous avez une vie, mais vous ne l’êtes pas. C’est ce surplus qui vaut et qui donne sa valeur à tout le reste (qui de toute manière n’existerait pas sans ce surplus). Étant vide il est absolument, ce que l’on désigne comme exister ; le je existe et cette existence est plus grande que tout. Étant formelle. Et d’abord plus grande qu’elle-même.

 

C’est bien pour cela qu’il est « introuvable » ; de même que le centre est partout et la circonférence nulle part puisque c’est le Bord de la réalité qui est le centre, soit donc le présent ; le moi, cad le sujet, est un mouvement qui emporte dans ses plis tous les champs intentionnels (qui reprennent eux-mêmes tout ce qu’ils rencontrent, étant formels) des champs seconds aux secondaires et ce jusqu’à la corde, jusqu’à la ligne de séparation (dite du signifiant pour Lacan) qui créent le moi (psychologique, psychique en son tréfonds puisque coupant le corps de haut en bas, ce qui veut dire que ce-corps est perçu du dehors, assigné par signes).

En ceci il est inutile de se croire ‘guéri’. Lacan pouvait à juste titre moquer les ambitions de la pensée ou les identités psychologiques du moi (type anglo-saxon) ou les images idéales. Il n’y a pas, n’y aura pas d’apaisement, de repos, de plénitude, de satisfaction ; aucune résolution, y compris universelle ou idéelle ou spirituelle ; aucun recentrage type Hegel, ou philosophique, puisque les contenus ne seront jamais au niveau du contenant ; n’existe que la scission, parce que sans celle-ci il n’existerait rien du tout.

Même au-delà il n’y aura pas de repos.

C’est juste la perte ou le manque ou le néant ou le vide, qu’il faut assumer et bien plutôt, à notre goût, le vide formel (qui n’est ni manque ni perte ni néant ou quoi que ce soit de ce genre, le formel donc, la Distance, qui rend possible, qu’il faut assurer (et non seulement assumer).

Sans quoi on se retrouve dans la distance qui produit l’apparition et nous-même, et puis ensuite on se déprime de ce hiatus comme si on voulait le refermer, recoudre la déchirure ; non, il n’y a que la déchirure et tout le reste est dedans.

 

Le sujet sera repris par Leibniz, formulant idéalement ce que par monade il faut saisir (appliqué ou non à toute réalité, puisque dans ce cas leibnizien n’existe que des « individus »). Au sens donc où Leibniz présente qu’effectivement il est quantité de petites perceptions ou signes dont le je ne fais pas le tour ; aussi le « soi » est en dessous du moi la vision que dieu connaît de votre être tout entier dont votre moi est juste une périphérie.

Or donc si le moi est l’arc de conscience, cad le champ intentionnalisé, alors les petites perceptions si elles s’imposeraient au conscient, entrent au contraire dans le champ intentionnel qui évidemment ne se restreint à l’exprimé rationnel limitatif (puisqu’il définit les signifiés des signifiants, au lieu de produire inconsidérément quantité de signifiants et même lorsque les signifiés sont eux-mêmes transformés en signes). Et ainsi le sujet cartésien n’est abstrait ou limité au conscient (substance pensante, mais on l’a vu au sens hyper étendu de la « pensée ») qu’uniquement dans sa caricature ; tandis que Sartre voudra réintroduire le champ, conservant malgré tout une vision statique. Or il faut appréhender le champ … comme un champ, cad dynamiquement ; étendre les deux bouts, dans la scission qui produit le moi, jusqu’au sujet qui crée le je.

Au lieu d’un ‘soi’, supposé d’un dieu connaissant (Leibniz, dont le ‘moi’ n’a qu’une incomplète, très incomplète compréhension), il s’agit bien plutôt d’un mouvement de sujet qui attend de ce je, vivant et existant, qu’il décide et se crée (ce qui est bien plus conforme au christique, et dépasse tout autrement le dieu-théologique de la pensée ; la révolution de liberté-égalité et fraternité n’était ni prévue ni prévisible ; il fallut l’inventer, par un peuple ou plusieurs ; le sujet ou le moi du 20éme n’existaient pas, il fallut les créer et ce un par un, chacun). Leibniz mécomprend le sujet, mais c’est par exigence qu’il tourne le sujet, et ce faisant il étend l’analyse ; puisque l’on ne peut pas stopper la prise de conscience qui avance au fur et à mesure, même lorsqu’elle paraît se contredire ; elle découvre juste ses limites, souvent de ce fait dépassées ; l’arc de conscience n’est pas une idée qui serait contredite mais une structure réelle, antérieure aux idées. Le marxisme ou les sciences, quoi qu’elles en pensent ou paraissent présupposer, agrandissent le cercle de ce dont on a conscience. Tout ce qui contre-dit la conscience tombe dans le champ de la conscience.

Il ne sert à rien de nier que la conscience existe et que ce qui entre dans ce rapport est accessible à la modification. Pareillement lorsque nous entrons nous-même dans notre propre champ cela nous transforme de fait ; déjà il est évident qu’effectivement des réalités décrites objectivement s’installent dans notre savoir, et qu’alors cela permet des pratiques ou des technologies, mais cela vaut également pour le droit, ou encore pour l’esthétique (qui n’est pas du tout « inutile et contemplative »), et pourquoi cette même exposition ne jouerait pas pour chacun en sa vie vécue ? Le contraire serait incompréhensible ; qu’une réalité décrite, exprimée ou créée n’aboutisse à aucun effet. Et si cela se meut alors tout tourne autour et par ce mouvement, qui seul modifie la réalité.

Aussi Descartes, Leibniz, Spinoza qui se situent aux premières loges de la déflagration, commencent de tenter de mesurer son impact, ses multiples effets ; que la pensée modifie la réalité, à savoir la réalisation humaine (au lieu d’un copié-collé de l’ordre fixe des idées parfaites, du cosmos grec ou du dieu monothéiste, remarquons que le christique ne l’entendait pas ainsi, votre intention créant le Royaume).

Penser transforme. Il faut donc, que cela soit admis ou pas, envisager une pensée dynamique ; la pensée pense et crée. Ce que tirera parfaitement Hegel. Mais par ailleurs il n’y a pas que « de la pensée ». Et Descartes re-vient, puisque lui affirme que le sujet, la volonté est antérieure à la pensée ; que l’étendue de la puissance, de la potentialité concerne toute l’activité. Que le sujet est bien un sujet (et non une connaissance).

Ce qui, étant donné l’ampleur de son effet, prendra plusieurs siècles ; jusque Lacan qui situe précisément dans le « moi » du 20éme, qui se tient à proximité absolue de son je bien concrètement, la ligne de scission interne ; de par son corps vivant lui-même, ligne qui n’est plus intérieure ou extérieure mais interne/externe, autour du signifiant, ce qui veut dire de l’intentionnalité signifiante qui à la fois voit et ne voit pas ; ce sont des rapports et on ne saisit pas tout d’un rapport ; la « raison » étant un forçage de ce rapport, lorsque l’on tient les deux bouts du rapport, un calcul, mais ça ne peut pas s’appliquer à une conscience existante ; disons qu’elle ne tient qu’un seul des bouts, celui qui est supposément ou imaginairement signifié par tel signifiant.

 

Mais comprenant cette structure on peut commencer de supposer selon l’infinité de structure. Amenant en somme à considérer que l’infinité est ici même agissante. Ce que l’on nomme la colonne du présent, et qui n’a plus rien à voir avec le temps ou l’espace, ni, donc, ce qui posait problème, avec la pensée ou la détermination (des réalités). C’est dans la structure même de « sujet » que l’on s’invite.

 

De même qu’il n’est aucune comparaison pour relativiser l’exister, pareillement l’arc de conscience est en lui-même un fait massif ontologique ; rien ne l’explique mais il est ce par quoi le reste s’explique. Tout est reste en rapport de ces rapports, tout est plis seconds voire secondaires, dans le Pli unique. De même que le présent est hors temps (et hors espace) ; cinquième dimension qui contient les autres, qui se déploient à partir de lui (ce qui veut dire que cela seul existe, seul le mouvement existe, seul le présent existe, le reste est, est relatif à l’être, le mouvement à l’exister).

 

On insiste donc de ceci que la forme « conscience » ne contient rien, sauf qu’elle n’est pas rien.

L’exister et l’arc de conscience sont les deux seules formes brutes que l’on connaisse ; dit autrement les deux seules pistes du réel pur qui nous soient accessibles. On ne sait pas à quoi mènent ni l’une ni l’autre ; sauf donc ceci qu’apparemment le mouvement seul existe, que l’on a précisé comme le possible de la Possibilité ; ou encore le possible est plus grand que lui-même. Ce qui est absolument logique.

De même ; que l’arc de conscience soit généré à partir des signes ou du groupe humain, du langage ou de l’altérité du monde, importe peu ; puisqu’une fois acquis l’arc est à lui-même le rapport qu’il est. Sa structure de rapport écarte en vérité toute autre cause, puisque le champ d’intentionnalité a pour but de produire lui-même son champ de causes et d’effets. Prenant dans son tissage la réalité et même les plus petites ou toutes sortes de situations, y compris et fondamentalement imprévues. Mémoire immédiate de résolution sans en passer par une mémorisation lourde, de type adn (ou atome).

 

Bien que n’étant nullement déterminée elle n’est pas néant ; c’est une forme et structurellement active. Et on a dit, et vu, qu’elle manifeste la nature même du « rapport ». Lequel est actif dans sa structure (son « essence », étant entendu qu’il ne s’agit plus d’essence ou de détermination).

 

De cela donc que l’arc de conscience qui naît de et dans et par un horizon (quel qu’il soit) est déjà toujours objectif, universel, divin, ontologique ; nous sommes toujours attirés vers le plus haut puisque nous sommes nés, le champ intentionnel nous a créé à partir de là-haut, à partir du bout du champ, à partir du Bord de ce qui est, et nous nous tenons toujours sur le Bord, comme tout ce qui est, puisque le présent est constamment la limite de toute réalité. Et l’autre version de l’élévation est le plus grand possible. Or ce qui est possible doit se mesurer lui-même (et non pas croire le dénicher en quelque ceci ou cela ; le possible utilisera ceci ou cela afin de se représenter, de se médiatiser).

C’est cette mesure même dont il est question, depuis le début, depuis 3000 ans, par dieu, la philosophie, le sujet (et la révolution), l’exister et le réel. Parvenir à intégrer la structure du rapport alors même qu’elle excède la réalité donnée, vécue ou représentée, et fondamentalement qu’elle se produit de fait au-delà d’elle-même ; puisque c’est sa finalité.

Le présent, qui est la cinquième dimension, a pour fin l’actualisation du possible et de la Possibilité elle-même. Ce qui interroge sur la forme étrange « qu’un présent il y a ».

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Signifiant et liberté

22 Mai 2021, 09:19am

Publié par pascal doyelle

La philosophie est la discipline qui se charge de comprendre ce qui est arrivé à l’espèce humaine autour de la méditerranée.

Il nous est venu que nous ne possédons pas immédiatement de monde tel que donné ; que l’on n’est pas maya ou égyptien. Et qu’à l’inverse nous produisons les contenus de cette représentation, qui ne sont donc pas tel ce monde maya donné et partagé dans une communauté via sa parole, ses échanges, ses rituels.

Il y eut ainsi un blanc, un vide, une forme sans rien ; dieu, l’être (l’idée du Bien, la pensée de la pensée, le un) ou le christ (qui se signale de ceci qu’il est parti, il n’est plus « là » dans ce monde mais s’est éloigné, dans le lointain possible). Ce qui distingue la différence entre le sacré (une partie du monde ou de la temporalité est réservé) du divin (qui existe en-dehors). Dieu, la pensée, le sujet sont donc des formes structurelles brutes.

Soit donc pour résumer ; l’intention unique et formelle (dieu), l’intentionnalisation (qui se nomme elle-même idée, puis système d’idées, d’intentionnalisations), et l’intentionnalité de chacun (le christique ; en chaque corps vivant se développe on ne sait quoi, le divin mais incarné, le vide mais agissant).

Trois formes qui formulent ce par quoi, ou comment, nous inventons des mondes, des contenus de par cette structure. Structure désignée comme intention ou volonté selon dieu, la raison (intentionnalisation) ou vérité selon les grecs, et l’intention et la liberté cette fois forcément individuelle par le christique.

(C’est pour cela que la « liberté » n’approuve que l’individualité, il n’y a pas de liberté pour un groupe, une indépendance oui mais pas de liberté. De même que la vérité implique la liberté, il n’est que l’individualité qui puisse accéder à l’objectivité, sans en passer par une idéologie).

La structure a commencé dès lors de s’incruster dans le monde, la vie vécue, le relationnel, la perception : partout.

Puisque formulée, exprimée, elle est entrée sous son propre champ et tout s’est accéléré. Le principe de l’intention, de la vérité, de la liberté augmente la pluralité des intentionnalisations possibles. Connaissant l’agissement lui-même nous avons pu l’appliquer en tout et partout.

La philosophie élabore donc ce qui dans l’humanité s’est soudainement produit ; que la structure de conscience passe sur le devant de la scène qui jusqu’alors produisait chaque monde qui se prêtait comme vrai. Et la question se pose immédiatement ; si nous ne recevons pas la représentation en tant que monde donné, mais qu’il faut en construire, consciemment, le reflet, comment procéder ? Par la raison, ou par la représentation organisée qui ne s’appuyant plus sur celle du groupe natif revient à l’individualité ; en tant que la communication et la transmission (entre générations) s’effectuaient jusqu’alors dans la communauté (de perception et de représentation), dès lors il est requis que chacun soit en mesure de penser et surtout il sera question de percevoir dans le donné là immédiat et se presse donc sous nos yeux la perception brute, qui prévaut aussi bien pour la pensée que pour la raison plus tard, et la science enfin ; sorti de tout monde clos, le donné tel que là s’impose.

La pensée grecque donne à voir le donné là du monde (le « là » de l’être) tout comme le christique commence d’initier la vie vécue, qu’il hausse au rang d’universalité ; chacun a sa propre vie (peu importe les rôles et les castes, votre moi ou vos désirs, tout est subsumé sous la désignation du « je suis » et je vais mourir ; soit donc la mise en forme du segment naissance-mort (et tout ce qui se déroule au dedans), sous-entendu que chacun, quel que soit son vécu, en ait la conscience, en est la conscience ; même la vie est sous la condition de l’avoir (avoir une vie) tandis que l’être est du côté de « ce qui perçoit » et est autre, autrement.

Pareillement lors de l’apparition, dans le champ, du sujet, du je pense ou du sujet kantien ou hégélien, tout se déroule à l’extérieur et la structure ontologique se fait pressante puisque recevant sa propre ambition ou capacité ou son propre devenir ; et s’ajoute, à tout ce que l’on est déjà, la possibilité de devenir selon la structure, selon le structurel.

Ce qui n’est pas sans conséquence puisque dans l’histoire cela impliquera que chacun est non seulement le paysan qu’il est mais le citoyen à tout autre semblable, et que cette orientation « méta », qui vient en plus et qui s’ajoute vient modifier, peu à peu ou rapidement peu importe, la totalité de la manifestation ; si la structure de seconde et secrète passe sur le devant la scène, elle transforme le déroulé de toutes les scènes du monde ou de toutes les scénettes de la vie ; l’introduction de la structure dans la réalité est un foudroiement. Non seulement de par les objets qui se font montre (dieu, la pensée, le sujet) mais parce que c’est la structure intentionnelle, le champ intentionnel lui-même, et donc tout ce qui apparaît et l’apparescence même qui est atteinte ; il s’agira d’être plus rigoureux, autant idéellement qu’existentiellement et relationnellement, et de produire de nouvelles distinctions d’intentionnalisations, y compris ua cours de la vie ; éthique ou politique, idéel ou technique, notamment sous la désignation de l’invention, et donc acculturation générale.

Il est clair que le 20éme eut lui aussi comme tous les siècles, depuis l’invention par l’historicité, son lot de déploiements de tous les possibles, puisque ce qui se systématise c’est justement que s’impose la capacité de se situer et de replacer constamment le possible brut à la source de la réalité.

Ce que tentent également les mois qui aimeraient disposer de leur choix non seulement de vie mais de psyché ; se remodeler de telle sorte que l’on puisse se coordonner au mieux voire autrement ; modifier son identité, se psychanalyser au sens large puisque le principe de modification de tout est acquis comme règle ; et c’est tout aussi bien ce que l’on recherche dans la mass médiatisation, la représentation de la réalité ; qu’elle soit idéale, comme Hollywood ou cathartique lorsque les difficultés ou impossibilités ou dégradations ou la noirceur sont manifestement exposés, dans tous les cas grossissant le trait. Tout comme nous sommes passés d’un certain réalisme idéal à une irréalité généralisée, et plus important encore d’une vision ou d’un consensus accepté et accessible à un dissensus né de l’inacceptation (de soi, de sa propre vie, des autres, quels qu’ils soient, de l’ordre social ou sociétal) ou de l’inaccessibilité (d’un centre de pouvoir, obscur, occulte, abstrait, idéologie larvée ou donc d’un devenir complotiste non seulement des quelques-uns mais de l’ensemble de toutes les instances, de la finance aux gouvernants, supposément corrompus, probablement à juste titre).

Cette désintégration est profondément mentale (dans la liaison et donc la déliaison esprit et corps, représentation et vécu, idée et émotion) et de surcroît intentionnelle ; ce qui veut dire que l’on ne peut plus lier certaines intentionnalités à certaines autres qui échappent de ce fait à notre conscience, quelque chose (de plus en plus incommensurable) glisse hors du monde, et rejoint effectivement les ténèbres.

Un système, une systématique intentionnelle doit retomber sur ses pieds et former une totalisation (qui n’est plus un tout comme autrefois mais au moins un minimum d’assurance, de base). Raison pour laquelle, entre autres, il y eut démocratie ; au vu et au su de chaque sujet. Lorsque l’intention s’égare l’unité (intentionnelle, littéralement, relativement à l’intention) se dégrade en densités et les densités sont les immédiatetés. Ce qui veut dire que la même charge de structure de conscience va s’appesantir ; elle ne prendra plus le chemin vers le haut, mais vers le bas ; et tandis que l’élévation autorise une subtilité (elle use de signes et rend accessible l’intentionnalisation complexe, qui demande elle-même un renforcement de l’unité interne du je, non spécialement du moi mais du je), à l’inverse la dégradation s’enfonce dans la massivité.

Mais tout ceci fut préparé par le phénomène lui-même de représentation ; ce qui est exhibé sur l’écran (au sens large) est toujours plus beau … plus désirable, que l’obtention de l’objet ou du projet ou de l’identité ; aussi l’arc de conscience retombe constamment, qui s’est confié à ‘limage, à autrui, au monde, à la vie, dans la perte, et, lors même qu’il n’y a pas catastrophe, se rend compte que « ça n’est pas ça ».

Parce que rien dans le monde ne correspond à notre être qui n’est pas un être mais une structure.

Rappelons le processus de base ; une conscience crée un champ intentionnel, qui attrape quantité de perceptions via quantité de signes, lesquels sont combinables évidemment, et c’est donc toujours à partir du bout du champ, son Bord, que l’on intentionnalise et conséquemment que l’on perçoit ; aussi la philosophie ou la religion ou tout langage partent du bout du champ vers la proximité (et non l’inverse). Ce sont les « idées générales » ou les liaisons universelles qui comptent, qui organisent les proximités, les immédiatetés. Qui n’apparaissent que via se grand détour. Le monde mais aussi le vécu ou le corps ne surgissent que dans le tissage intentionnel qui doit se tenir.

C’est la menée du structurel tel qu’il s’instancie dans le réel et au plus proche de chacun puisque chacun, qui dispose d’un moi, ou d’une vie vécue, d’un relationnel, d’une entreprise, d’un projet, d’une ambition, d’un idéal (le bonheur est une idée neuve en Europe), d’une quantité de récits (invention du roman, poétiques, esthétiques) cette menée du structurel qui tire entièrement le monde.

De même la technique ; les moyens de productions n’y suffisent pas (à ce titre le communisme organisait la production, mais n’intégrant pas les vies individuelles, aussi les désirs que les entreprises il devait s’essouffler), et les moyens de production ont pour finalité l’inflation du monde de chacun, l’énormité de l’individualisation, des objets qui deviennent des signes et les signes des images ; une ribambelle de richesses.

C’est que le problème est toujours le même et unique ; comment organiser l’intentionnalité lorsque celle-ci n’est plus liée dans un groupe par une représentation commune mythique ou sacrée ou rituelle ou dans tous les cas admise et apprise par cœur et que dans cette absence, dans ce retrait chacun doit élaborer son être, et produire quantité de représentations et qui, chacune, soit à peu prés réelle, réaliste, ou raisonnable ou rationnelle (pour la science et les techniques ou le droit et la Constitution des sociétés) ?

Le grand manque consiste en ceci que si effectivement fut élaboré l’encadrement général (le sujet comme structure mais aussi comme jugement et décision de soi, d’orientation de sa propre vie, la coordination sur la liberté et l’égalité, le bien commun et la volonté générale, etc), il n’empêche que les finalités de ce monde, nouveau, de cet encadrement renouvelé par l’histoire, de la finalité des vies et du sens de l’individualité, de l’individualisation, ne sont pas du tout exprimées. Il existe un cadre, général, et tout le reste vendra comme remplissage ; ainsi la Constitution délimite la société civile et les vies vécues, les objets et les techniques.

Comme elle est reléguée à cette mise en forme, la société civile s’imposera et débordera, jusqu’à absorber l’universalité, et de fait le moi énormisé mangera le je. Et le moi trouvera cela absolurent normal, tout à fait sensé, et même hyper essentiel puisque c’est, idéalement, de sa vie en propre dont il s’agit ; il ne peut pas, le moi, concevoir qu’une dimension ajoutée seule le délivre, dénoue son intentionnalisation vécue. Cette conscience est la sienne, la conscience de Pierre ; Pierre prononce synthétiquement le signifiant majeur ; le je n’y a aucune place, sinon comme fonction d’une identité ; laquelle n’est pas même ce signifiant « Pierre » et que donc celui-ci, le moi, est pris dans un réseau de signifiants donnés, l’inconscient, tenu par l’autre, par un autre acte de conscience, qui n’est pas forcément autrui ni les autres (mais éventuellement oui) mais tenu par l’Autre qu’impose la ligne des signifiants, qui évidemment n’existent pas sans conscience.

De là qu’il existe toujours pour le moi une conscience supposée ; qui s’impose par exemple comme images de sa vie, idéalisée, représentée (les images le voient, lui). Et ce pour une bonne raison ; c’est que comme on a dit le bout du champ intentionnel de conscience re-vient vers le je ; qui se situe toujours dans la visibilité ; le moi est Vu avant qu’il ne se voit lui-même, et ce lui-même perçu vient de l’extérieur, par quoi il est scindé, splitté, divisé, autre que lui-même, tentant constamment de se recoudre, via des objets. Il dévore la visibilité, les objets (à moins que le sacré ne vienne borner cette série indéfinie, ou que le divin le marque d’un signifiant tout à fait autre, qui permet de transformer le signifiant et le regard, de les fixer sans les déterminer ; dieu, l’universel, le sujet (ou le christique qui n’est pas là dans le monde et donc ne peut pas ressembler au monde ou à un objet) repèrent le réel mais n’importent pas une fixité immédiate (ils sont formels et non déterminés).

Le moi veut donc fixer la structure (le signifiant ou le regard) dans une déterminité ; ce qui est impossible et à terme le déprime (outre les désordres constitutifs si largement partagés) ou dès le début le rend fou. Et l’oblige à remplacer continuellement le signifiant par un autre (traitant même les objets comme des signes, ce qui est absurde, c’est un monde et une vie délirante) ; puisque son être n’est pas un être (de satisfaction) mais un mouvement (d’insatisfaction absolue, cad formelle). Nous sommes des êtres d’insatisfaction, et donc nous ne sommes pas des êtres, mais autrement.

De même le signifiant est certes prégnant, mais un signifiant n’existe que par et dans un regard, une intentionnalité (et non pas suspendu dans les airs), c’est donc le regard (la question ; qui regarde?) qui explicite ce que le « signifiant » est.

Le seul moyen de devenir, ça ne sera pas du monde mais de la structure elle-même ; par un saut. Qui fut effectué quantité de fois par quantité de sujets ; des esthétiques à la révolution, de la foi à la pensée, ou plus habituellement par le tomber-amoureux du moi. Beaucoup de variations donc puisque c’est une structure qui peut s’incarner diversement sans rien perdre de son être qui n’en est pas un et ne peut pas se coaguler au monde, au relationnel, au vécu. Le christique l’annonce dès le début ; il n’y a que lui, le christ, pour prendre votre douleur, votre égarement, réguler votre délire, il est non pas le signifiant maître, mais le signifiant non-maître, celui qui révèle que personne ni rien ne contrôle le signifiant, la pensée, le sujet, sinon Le Sujet qui ne se montre pas, n’étant absolument pas du monde. De même le sujet cartésien ou celui Kantien, qui se situent sur un autre-plan, ou l’esprit hégélien qui est n’est pas en soi mais la récollection de tous les signifiants ; le savoir est ce qui fait-voir tout ce qui est pensé, mais ne s’expose pas lui-même dans la monstration ; le pour-soi néantisant sartrien n’est-il pas non-visible ?

Et de la sorte ceci est fondamental. Que chacun jusqu’alors pouvait si aisément transformer le regard, le signifiant en un point concentré et délibératif absolument (dieu, la pensée et l’universel et la révolution, le sujet et en creux du moi le je). Sous-entendu ; il n’y a pas de libération à proprement parler (sinon relative) dans le moi, ni même l’humain, ni dans l’histoire ; seul un point autre absolument externe nous libère. C’est seulement une fois acquis ce point externe qu’il engendrera ses effets. Dieu, la pensée et l’universel, le sujet créèrent cent mille effets effectivement réels, dénouant le signifiant par en haut (il ne peut être atteint et agissant que dans l’élévation). On n’est pas libre sans abandonner toutes les pesanteurs.

Dit autrement lorsqu’il se passe ou prétend ignorer le transcendant (sous quelque forme que ce soit) aucun moi-même ne peut de par soi assumer son regard ou le signifiant ; il y a de quoi, formellement, se rendre fou ; une conscience ne peut se valider elle-même, non seulement elle tendra à admettre n’importe quoi, cad n’importe quelle intentionnalité ou intention (ce qui veut dire aussi bien perception que désir, mais également fantasme au sens d’illusion quant à la réalité, sombrant dans l’irréalisme ; il peut bien se raccrocher à quantité d’objets qui lui paraissent simuler le réel, mais qui, étant de la densité, physique, matérielle l’enfonceront plus encore dans la croyance en l’immédiateté (jugeant le plus souvent non réels dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le réel même). La structure nous ouvre le réel et la réalité, et on croit, une fois atteints, que l’on peut refermer la porte, mais c’est faux. Nous avons un corps (que nous ne sommes pas), et ce à partir d’un point-autre.

 

Luc 14 : 26

Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

 

Ce qui ne veut pas dire qu’il faille renoncer à tout, mais que le point d’acception est tel, et alors seulement le reste comptera par ses effets. Sinon nous ne demeurons qu’informés en tant qu’effets d’effets, non pas instruits par le Pli lui-même causant de réels plis seconds mais replis illusionnés au-dedans des plis seconds et sans effets sinon ceux du monde. Ce qui répète la détermination du monde mais ne remontant pas antérieurement au monde, rien de nouveau ne naît structurellement. La révolution est un pli structurel ayant de réels effets de structure. Le remplacement d’un tyran par un autre, non. Le devenir d’un moi non, l’existence du je en ce moi, oui.

De même que le signifiant pur (dieu, l’universel, le sujet, le réel) ne recoudront pas le moi

(qui est en lui-même de fait scindé, perçu du dehors, ce qui est catastrophique pour un vivant qui s’éprouve dans un milieu, dont il est le centre non conscient, ce qui ne veut pas dire du tout idiot ou dépourvu du sentiment de soi, puisque c’est son unité de vivant mobile, mais qui ne se perçoit pas à partir d’un horizon ; la scission n’arrive pas à un moi déjà là, c’est de cette scission qu’un moi existe, et supprimer la déchirure ce serait annuler le moi),

les trois statuts s’ajouteront au moi ; il obtiendra au minimum un espace et un temps et donc la possibilité de détermination en plus, née de cet ajout de structure, qui consiste évidemment en un saut ontologique, en une actualisation du statut, pour ainsi dire, une mise à jour qui embraie sur l’agissement lui-même ; et qui ne laissera pas intact ce que l’on est, refluant ce que l’on est dans le passé, et par là se mesure également votre capacité, quoi que vous choisissiez, d’investir l’arc de conscience en tant que renouvellement ; désignation de dieu, naissance à la pensée et l’universel, baptême christique ou cogito de différentes formes, épiphanies esthétiques ou extases poétiques ou encore évidence existentielle que « l’exister existe ». Qu’il existe une colonne dressée du présent qui restructure instantanément ou dimensionnement ce qui apparaît, la manifestation.

Une œuvre, esthétique, vous rend soudainement la perception sous telle et telle formulation. S’impose un instant qui remodèle votre réalité, à partir du Bord qu’est le réel soudainement introduit selon son angle dans le cercle de votre réalité habituelle, connue, perçu d’un autre-regard, ordonné selon la ligne écrite de vos signifiants.

La structure est ce qui décale le donné et le vécu, le corps et la représentation, le groupe ou le langage, etc. Qu’un tel décalage soit à l’origine de toute inventivité, toute création ; puisque pour le sujet dit libre, celui qui invoque la liberté en son nom propre (dont il substitue le signifiant par un autre et qu’il confie son énergie hors de lui-même, dans une extase, poétique ou révolutionnaire, bref selon ce que l’on crée), pour ce sujet il n’existe pas de phrase toute faite, mais la liberté des signes. Or les signes ne restent pas des signifiants mais portent plus haut et plus loin ; le plus grand éloignement étant, évidemment (peu importe d’y croire ou non), celui du christ ; le divin qui fut ici même (il faut bien mesurer l’immensité ontologique de ce que tout cela implique), le divin qui a existé et existé comme corps humain vivant, est parti. Le lointain dont il est question est et restera celui-là ; l’éloignement in-fini du divin et donc notre délaissement, mais un abandon qui n’est pas refermé, puisque les signes demeurent ; la vigueur et la rigueur des signes imposent leur absolue finalité ; ce sont les signes du divin ou les effets réels de la structure qui seront recherchés, sous condition de tenir le point in-finiment lointain. Ça n’existe que de ne pas être (du monde, mais aussi de ne pas être de la vie vécue, du corps ou du relationnel, des réalisations humaines ni des œuvres, puisque les œuvres ne se contemplent pas ; elles créent la conscience qu’elles requièrent).

Rappelons que la liberté ne consiste pas tant à choisir entre noir et blanc, mais à inventer (ne consiste pas à trouver des raisons, mais à les créer, à créer universellement, puisqu’antérieurement à la pensée on ne savait pas qu’elle existait, ou qu’antérieurement à la liberté-égalité tout cela paraissait impossible voire impensable). Et relativement à ce problème de la liberté, réinventer les conditions même de tout choix, relire à neuf et autrement la même situation ; modifiant les conditions initiales on modifie les possibilités de résolution, y compris les résolutions qui n’étaient pas du tout données dans l’antérieure situation, n’étaient pas perceptibles et parfois même pas existantes, ni préexistantes sous quelque forme ; on invente ou réinvente la situation. Toute situation est déjà prise dans une représentation, déjà signes, et ce sont ces signes dont on comprendra autour de la méditerranée que l’on peut la réactualiser. Tel monde ou telle société humaine n’était instruite, informée en aucun adn ou en aucun milieu (le même milieu aboutissant à quantité de sociétés ou civilisations différentes, et de toute manière chaque configuration de monde créant un champ spécifique est relative, au sens qu’elle croit ou veut discerner, toujours originale). Ainsi la «capacité de choix » est une sous-catégorie du processus et procédé général d’invention.

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Activisme

15 Mai 2021, 09:11am

Publié par pascal doyelle

Rappelons le principe général ; il se peut que l’on préfère l’absence de tout questionnement, sous le prétexte ou pour la raison que nous sommes jetés dans le monde pour rien et que de toute façon nous ne comprenons rien à quoi que ce soit, et qu’il est inutile de s’interroger plus avant. Pourquoi pas.

Mais à l’inverse on peut admettre qu’il vaut mieux d’hypothétiques réponses exprimées plutôt que l’abandon de questionnements jugés a priori inutiles ; on ne sait de où sort cet a priori (d’une infaillible inconnaissance sans doute) ni comment en juger négativement avant que précisément ils soient exprimés (autant brûler tous les livres). Abandon qui pour le coup ne sert à rien et ne mène nulle part.

Évidemment si l’on continue d’enquêter cela requiert suffisamment d’assurance ou de confiance native, ou naïve, peu importe, et plus simplement que, quoi qu’il en soit, au moins si l’on conduit des réponses, cela peut faire avancer, tandis que l’inverse, le scepticisme généralisé, ne conduit nulle part, en toute certitude.

En somme, si des questions se posent, c’est que des questions se posent…(et qui reviendront de toute manière sous une forme ou une autre, ne demeurant pas du tout dans l’inexprimé). Pourquoi des questions se posent-elles ? Est-il raisonnable d’admettre, sans plus de curiosité, que ce serait en pure perte ?

Et si ces questions se posent bien effectivement, alors de fait il existera une continuité de questionnement, puisque rien ne naît sans raison. La vérité est que c’est le contraire qui est absurde ; « rien n’a de sens » est une proposition très déraisonnable. C’est nier que véritablement il existe au moins un être pour qui rien n’est immédiat et que cette médiateté est factuelle. Le fait même qu’il existe de telles interrogations est probant.

Et enfin on admet ici que ni Moïse, ni Platon, ni Descartes ou Lacan n’étaient des idiots.

Qu’ainsi cette continuité existe déjà et bel et bien.

Bref.

On rappellera ceci qu’auparavant nous vivions dans des tribus, des royaumes, des empires, des civilisations chacune particulière et ne parvenant pas à se communiquer (sinon par décrochages mythologiques et variations, comme dans Lévi-Straus),

tandis que depuis la méditerranée (depuis le monothéisme, les grecs, le christique) il advient que soudainement nous nous apercevons que c’est nous qui produisons des contenus, des mondes humains, des représentations, et qu’il nous faudra, dès lors, bien comprendre comment et pourquoi il est en notre capacité de créer des signes. Et non plus de les recevoir tel un monde donné là, parlé, échangé, ritualisé.

Le monothéisme se signale de ce qu’étant unique et simple, aucune détermination du monde ne peut lui être accolée ; il est une Intention. Impossible également de le confondre avec un absolu général ; il marque individuellement l’origine. Cette différence est considérable puisqu’elle réduit le faisceau au vouloir, ce qui veut dire à l’intention de chacun (et non selon une entité formelle abstraite).

Et de ce fait on rencontre donc face à face

dieu, comme Intention pure et formelle (intention de tous les contenus),

la pensée comme organisation des idées qui sont chacune la distinction d’une intentionnalisation ; la pensée face au monde donné « là », qui « est » par-dessous toute la diversité des mondes humains différents ; à une nouvelle perception on attache un signe, un mot, une phrase, une théorie et il faut alors élaborer telle théorie, telle idée si l’on veut percevoir ce qui ne se trouve pas dans le langage commun, et si l’on veut encore plus ordonner la perception afin de ne rien manquer, du monde, et ne pas perdre le fil de ce qui est intentionnalisé consciemment comme tel ; on sait que l’on produit les idées et il est impératif d’organiser les idées, cad les perceptions (Platon a raison ; les idées permettent de faire surgir sous nos yeux des réalités, naturelles ou humaines ou idéelles, que le groupe ne perçoit pas)

le christique impose le je en tant que chacun, qui n’appartient plus à un groupe, qui est ce corps qu’il a, et si il l’a, ce corps, alors il ne l’est plus ; ce corps n’est plus signifiant (d’un rituel extérieur) mais est le signifié d’un signifiant que l’on obtient lorsque l’on dit « je » (à l’exemple du christ qui meurt tout-seul, un qui rend possible quantité de uns). Signifié du je qui recule infiniment hors du champ (de là que l’on ne sera plus assigné à une identité, un rôle, une caste, etc).

L’intention christique réintroduit une encore plus grande précision ; ça n’est plus une méta intention qui crée, mais c’est que le méta se déplace sur la tête de chacun (sous l’exemplarité inatteignable mais absorbant notre incapacité) ; si le méta se déplace en et par chaque corps, alors tout se démultiplie ; toutes les intentions (qui sont celles de chacun) se déploieront.

Le méta, cad l’origine du réel, s’instancie ici même du sujet cartésien qui vient inscrire l’acte ici et maintenant, dans l’immédiateté du temps et de l’espace (l’étendue) qui, de ce fait, n’est plus immédiate mais médiate, ou donc articulée ; l’articulation est ici et maintenant (serait-elle ou non le reflet de l’articulation divine, c’est ce que René avance explicitement) ; de là qu’il y ait départ du christ, saint-esprit, église, communauté des croyants, chacun face à la fin des temps, puisque finalement tout sujet sera convoqué dans l’extra-temporalité de l’eschatologie « le temps de la fin a déjà commencé ».

Le méta ne peut pas s’instaurer si le divin reste dans le ciel ou s’il s’installe à demeure sur terre ; le méta se localise là où il existe et le signe de l’extra-réel est laissé à chacun ; en chacun qui dès lors crée, invente, produit le rapport qu’il ex-siste.

Un rapport doit exister en et par lui-même, individuellement. Aussi doit-il être laissé ici même, seul (le relationnel passant comme méta-organisation des individus isolés, ce qu'est une révolution-Constitution, ou le St Esprit si l'on préfère, raison pour laquelle Rousseau était un solitaire...)

En chacune de ces trois occasions cela fait l’effet d’une explosion interne à la conscience, qui se stupéfait d’intégrer cette possibilité d’élaboration ou de création de signes (et cela vaudra également pour la capacité esthétique, poétique, qui acquerront leur indépendance par rapport aux rituels par lesquels, tout en étant esthétiques et poétiques, elles étaient liées). Que cette élaboration soit la pensée ou l’intention et la nouvelle humanité.

Il faut tenir la nouvelle capacité d’individuation (en affirmer la rigueur intentionnelle, ce qui va plus loin que la « morale » ; il s’agit de fonder une civilisation, objectivement et réellement) et il faut tenir la possibilité de la pensée (en soutenant la cohérence). Le relationnel est évidemment au centre (autrui du christianisme ou la pensée, la raison partagée et compréhensible) ; on ne s’élève pas seul, mais c’est parce que l’ensemble monte que chacun en reçoit les capacités.

Ça n’est donc pas que se libère une aptitude spéciale ou un contenu défini mais bien une capacité intègre et intégrale ; l’activité de conscience concerne toutes nos possibilités, tout monde, tout corps, tout vécu, tout relationnel. Ce qui arrivera au fur et à mesure.

L’arc de conscience crée un champ intentionnel, là au-devant dans le monde, le donné, mais également le vécu ou le relationnel, et l’ensemble de l’apparition nouvelle, structurée verticalement par chaque activité de conscience, vient s’y produire ; reprenant le vivant et le donné, la perception et le groupe, le langage et les signes habituels ou communs, bref tout ce qui peut se présenter phénoménalement, cad tout.

Tout sauf l’arc, l’articulation elle-même qui n’y appartient pas et les produit et doit elle-même se signifier ; dire « je suis ainsi », voici l’homme en quelque sorte, et intégrer cette désignation dans le nouveau champ, le champ nouveau lui-même. Mais comme cette désignation implique la structure-même qui produit tous les champs, les conséquences, à chaque fois, sont totales et occupent tous les possibles ; ce qui crée l’historicité ; il y a une progression parce que le positionnement de l’arc de conscience avance sur la surface du réel.

Dit autrement la position ontologique permet de resserrer l’intention, l’attention, le champ intentionnel (qui n’est plus distribué dans un groupe ou donc qu’il faudra bien intégrer chacun en tant que sujet dans un ensemble humain plus compréhensif, serait-il explosé par tous ces sujets) ; tout autant que sont précisés le relationnel et donc le mouvement d’ensemble qui coordonne les consciences (lesquelles ne sont plus liées dans le même-monde, parlé-échangé-ritualisé-perçu). Et cela équivaut à cette proposition ; le réel se déroule ici même et maintenant.

Le méta (le positionnement conscient de chacun et du je pour ce corps, qui n’y peut mais ; le christique crucifie son corps vivant afin qu’apparaisse ce regard tout externe qu’un vivant ne comprend pas dans sa chair, son unité de vivant) le méta est l’introduction de la structure, ce qui veut dire de l’intentionnalisation comme ‘méta’ principe.

Que l’on nomme philosophie, esthétique, raison ou morale ou révolution.

Dans tous les cas ; dieu, la pensée, le sujet ces mouvements doivent produire un ensemble réel d’effets (qui ne sera pas une totalité) et donc non pas telle ou telle partie de la réalité, ni une entité abstraite ; il n’y a aucune entité abstraite dans tous les cas, mais des agissements, des agissements ayant effets et innombrables effets à chaque fois (ce que Hegel nommait l’effectivité) et produire le réel lui-même. Qu’il y ait des effets est le plus surprenant.

Ce que les mois, depuis qu’ils ont basculé dans le monde, le réalisme, le naturalisme (par lesquels seul le donné, cad le passé, explique le donné, présent) ne comprennent plus du tout. Ils ne saisissent plus que le possible est plus grand que le réalisé (s’enfonçant dans les tourbières de l’acquisition seule ou d’une identité imaginée) et que c’est uniquement parce qu’elle est suspendue au possible qu’il y a une réalité.

Seul le je aperçoit quelque réel ; n’importe quel groupe ou identité absorbent et fixent la réalité connue dans ses filets qui s’ordonnent et s’agglutinent dans des échanges intérieurs (intérieurs au groupe et intérieurs à son-monde). Mais la révolution, la science ou l’esthétique requiert des sujets. Puisque ce sont des intentionnalités dans chacune un corps vivant qui perçoivent. Et qui étendent suffisamment l’arc de leur conscience que cette extension produit des œuvres, au sens général (de l’éthique à la pensée, en passant par la science ou la politique).

Et donc dans cette tension nouvelle produisent des mois. Pris chacun dans et par leur sujet, via leur je.

On obtient ainsi l’intention (dieu), l’intentionnalisation (la pensée), et le je (christique, cartésien, puis libre et révolutionnaire, puis selon le moi).

Tout le reste sera tissé à partir non pas de ces idées, images, représentations, mais à partir de ces trois positions.

Ce sont des positions, ce qui veut dire des articulations à propos et dans, ou plutôt sur le réel.

Sur le réel parce que l’on ne pénètre pas dans le réel ; on y est déjà ; et sur quoi l’on existe c’est une surface, une extériorité, l’extériorité absolue, celle de la réalité (tout est manifesté, une réalité non manifeste, n’a aucun sens) ; il ne peut pas y avoir de réalité sans cette exposition ; soit donc, le secret est précisément qu’il n’y en ait pas. Tout est dit explicitement au long des siècles. On ne sait juste pas les lire, les comprendre, les incorporer. Et c’est une position parce que sur cette surface on peut se déplacer. Étant toute externe (et non pas massive ou monolithique ou particulière ou déterminée) on peut glisser d’une position, articulée, à une autre position, articulée.

Or une telle surface autorise ceci ; des rapports. Il existe un champ donné « là » qui existe et qui ouvre tout le possible. Qu’il y ait une réalité veut dire qu’il y a un champ donné qui existe et qui tisse des rapports. Or d’autre part ce qui est rapport, ce qui existe comme rapport est mouvement. Il n’y a pas de rapport sans qu’il y ait mouvement.

Ce n’est donc pas un hasard ni même un effet que tout ce que l’on a là sous les yeux soit mouvant. Tout ce qui est, est mouvement (le mouvement crée les réalités, et non pas ce qui arrive aux réalités déjà là). Et les choses sont prises de ce mouvement, total, infini très certainement, de l’exister ; on a vu que l’infini est en lui-même plus grand que lui-même ; c’est son but, sa finalité véritable, l’infini est la parabole du Possible brut, de la pure Possibilité (qui ne cesse pas). La matérialité ou l’énergie sont inconsistants ; ils existent et ils tiennent dans la mesure où ils deviennent ; un atome est un ensemble de mouvements (à voir si les particules ne sont pas elles-mêmes des vibrations) plein de vide. Ce qui n’empêche nullement le chat ou le chien d’exister de façon bien consistante ; la consistance est élaborée sur l’inconsistance et les deux se maintiennent dans le mouvement du devenir, qui embarque l’inconsistance dans la consistance et plus loin.

Il est impossible de concevoir une réalité immobile. Et la raison en est qu’une réalité c’est de la détermination et que la détermination ce sont des différenciations. Ceci n’est pas identique à cela, jamais, nulle part. Chaque particule occupe de toute manière un espace, un moment distinct ; l’espace et le temps sont des inventions du réel de distinction ; ce qui veut dire qu’ils existent réellement mais qu’ils ne sont pas la dernière limite, il existe un en-dehors, un contenant plus grand et d’une autre nature ; au sens où l’être est contenu dans l’exister. Si la structure du réel est le rapport, celui-ci est en lui-même purement in-fini (n’est pas tenu par de la détermination).

Ces trois positions en s’accédant déplient du même coup la réalité, la réalisation humaine ; puisque les rapports intentionnels commencent de couvrir la réalité donnée et que les vies sont dorénavant vécues en et par elles-mêmes et pour elles-mêmes. De là qu’il soit tout à fait évident que c’est la réalisation qui s’ouvre. La cause mise au jour, et mise à jour, produit tous les effets.

La réalisation dans tous les sens

La réalisation qui comporte tout autant le Bien que le mal. Ainsi, à terme, le moi, l’obtention de sa propre personnalisation (et son accélération des années soixante, ou l’individualisme du libéralisme ou l’humanisation du communisme) est un Bien, mais qui dit moi, dit obsession, perversion, névrose et psychose, borderline et bipolaire, et une invention psychique considérable (psychanalyse et psychiatrie sont nées au 19éme).

Le christique n’a pas condamné le corps mais l’a investi intégralement et animé du dedans, prévoyant ces faiblesses et ces désordres, ce qui veut dire : lucide (contrairement à ceux qui pensèrent remplacer cette subtilité par une règle écrasante née de et pour le monde réaliste, rationaliste, naturaliste, ce qui veut dire dictatoriale ; l’homme parfait ou raisonné ou tout aussi bien idéal et publicitaire sont, profondément, tous, assujettissant ; le christique sait que l’on va s’égarer, de fait, il n’est pas idéaliste et Descartes n’est pas un perfectionnisme mais un perfectionnement lent et difficile). Jamais il n’y eut de « confessions d’être soi » sinon depuis lors, d’Augustin à Sartre en passant par Montaigne et Rousseau, et mille et une littérature, qui signent les devenirs, les récits.

Il faut saisir tout l’ensemble ; la pensée universelle montre la particularité du monde, son indéfinie multiplicité, et favorise quantité de systèmes, lors même que l’on croit chaque fois tenir le système-parfait. De même que le christique intègre la pluralité et la division, qu’il prévoit et tout en maintenant le Bien, cad la possibilité originelle, il lance historiquement toutes les difficultés. Ce qui se crée par ces positions ce sont des positions, ou donc des réflexivités.

Dans le retour que l’on opère (sur le monde donné là, sur le corps et la vie individuelle, sur la société et l’humanité, sur le moi et son existence) cela fait re-tour, un nouveau tour à chaque fois qui agrandit le cercle à partir d'un point inconnu, soit le positionnement sur le réel, et donc modifie le bien et le mal mais en tenant fermement le bien, la raison et l’irraison, voire la sur-raison systématique, tout en maintenant la cohérence comme exigence ; il se présente dans la position articulée qui sait parfaitement, intuitionne, obtient la vision de la suprématie, suréminence de structure du rapport sur les contenus et qui se tient au-dehors des contenus, bons ou mauvais, sans jamais perdre le fil ; c’est ce qu’inaugure le christique, à savoir que les erreurs ou les fautes sont relatives, la structure non ; la pensée, que les systèmes sont des versions, mais la vérité est. Le sujet qui nourrit quantité d’intentions parce qu’il est lui l’intention unique.

C’est bien de cela que la littérature, la révolution ou le moi psychique ou vécu, sont des réalisations intimement mélangées. La position qui est transcendante (et non transcendantal au terme de Kant) est au-delà du bien et du mal, si l’on veut, mais dans le champ d’un bien plus grand et sans céder (comme les mirages de la transgression y succombent, comme les images publicitaires nous en abreuvent ; c’est de ne pas tenir les deux bouts de la réalisation qu’ils s’effondrent, ils élisent des parties, des morceaux de vie ou de monde, et prétendent annuler les autres, le sujet non ; tel Nietzsche sous son mode imaginaire).

Dit de plus originellement, de plus initialement, et historiquement pour nous, le christique prévoit notre faiblesse insigne ; le christique occupe un très petit espace et temps, celui près du Bord (et de la mort ou du désespoir) tout le reste est envahi de difficultés et de noirceurs. L’exiguïté du Bord (du monde, de la vie, des signes) est cela seul qui compte, le reste tombe et ne cesse de tomber dans les ténèbres.

La pensée, universelle, tente de combler le vide mais toujours situe ailleurs et autrement le point de réflexion ; l’être, le un, dieu (quel qu’il soit), le sujet (la volonté cartésienne ou kantienne, l’intentionnel ou le pour-soi sartrien) sont ailleurs et tout le reste ne s’avoue visible que de ce point-là. Le positionnement ontologique n’est nullement ce qui viendrait se plaquer sur le monde ou la vie vécue mais est, littéralement, cela qui, seul, a pu les provoquer, les manifester. Sans la révolution aucune humanisation et sans la personnalisation dans cette humanisation pas de possibilités réalisées (pourquoi vivrions-nous dans un monde général et universel sans le moi que l’on est ?)

Aussi existe-t-il, on dirait même préexiste, une pré/ontologie hors/humaine qui a pu pousser toute la réalisation humaine et l’a poursuivie dans tous les coins de la réalisation. Répétons ; le christique prévoit toutes les faiblesses, erreurs, égarements, pertes et fautes graves et cruelles ; la pensée entame la pluralité des systèmes et la visibilité de toute la multiplicité. De même que la Loi, monothéiste, imprime les péchés et la faute, les dérives de la nation (dieu menace les juifs cent fois de la destruction) et les déchéances. Pareillement le moi, haute acquisition, ne saurait nier ses dérives psychiques, toujours catastrophiques pour chacun et si difficiles à contourner, que l’on ne peut jamais éviter.

On n’invoquera que de loin la réalité, soit cet univers qui s’expose tout entièrement mais fondamentalement brutal, violent, disproportionné, invraisemblable, qui n’est pas un cosmos ordonné mais une déflagration effarante.

Et ceci envers et contre les simplifications et les idéalisations ; ni la pensée, ni le christique, le cartésien ou la révolution ne sont des facilités, jamais l’image ne se calque. Ce sont les terrorismes intérieurs ou extérieurs qui voudraient que tout signifiant soit pressé contre son signifié. Contre ces discours écrasants, l’autre inverse veut au contraire que jamais le signifiant ne soit que déterminé , bien qu’il ne faille jamais lâcher que le signifiant soit une loi, ou comme nous disons une Règle.

 

 

La conviction

Or de cette position là on dira qu’elle revient, au final (ce qui veut dire compte tenu de toutes les dispositions d’humanisation ou de personnalisation, sans laquelle humanité ou personnalité le possible s’effondre),

au final donc qu’elle revient à la conviction de la Règle, à ce qui doit revenir à chacun ; non seulement parce que l’on ne convainc personne par la force (on ne force pas quelqu’un à penser ou à se convertir ou à investir la poésie par contrainte) mais parce que la Règle est à un tel niveau instanciée dans le détail, de la perception et du corps, dans le relationnel et l’historicité, d’une civilisation, si complexe, qu’elle ne trouvera aucune mesure plus puissante que l’intention de chacun. Le sujet seul peut tenir le temps.

La révolution dépend des révolutionnaires (en bien et en mal), l’œuvre esthétique du créateur et des destinataires, le relationnel de l’un et de l’autre, etc. L’intervention du structurel, étant donné le nombre de rapports possibles qui en surgissent, revient à cela seul capable de gérer, d’organiser mais surtout d’inventer, de créer ces rapports. La philosophie dépend des philosophes ; comme le devinait Kant, chacun est pris dans un rapport plus grand que l’énoncé (qui apparaîtra peut-être aux suivants).

Et si au travers des désordres générés la structure se maintient c’est de la conviction des je. De la nature même qui est intégrée à l’attention, l’intention prise.

À nous qui sommes en bas

De sorte qu’il faut bien en passer à non pas une division exclusive du bien et du mal, du vrai fixé ou figé et de la pluralité des systèmes et à un scepticisme de bon aloi, de la liberté du moi à ses enfermements psychiques, mais à ce point réel qui génère les possibilités de monde et de ténèbres, d’humanisation et d’inhumanisations, de personnalisation et de dégradation. Et qui se parcourt au final comme historicité, et initialisation du réel brut, du monde empli de difficultés et de contraintes, sous condition de, malgré ceci, positionner la Règle, cad le plus grand rapport possible de la Possibilité.

C’est en ce sens que toute activité, suffisamment instanciée (historiquement) ou cohérente ou manifeste (comme une esthétique) doit être dite infinie ; elle prend appui sur l’absence (de même que dieu est absent, le christ parti, l’idéal universel irréalisé, le sujet nouménal ou pur néant sartrien, etc) et admet cette absence ; elle se sait n’être pas de ce monde, parce qu’elle sait que l’exister est plus grand que n’importe quel monde (quel que soit l’appellation de cet exister, de cet agissement). Aussi le je sait-il qu’il est en sa manifestation tout autant toutes les manifestations possibles ; ce qui veut dire qu’une œuvre, un tableau contient plusieurs tableaux, plusieurs visions, plusieurs regards. Et c’est du tournoiement ou du tourment ou des ténèbres elles-mêmes, intégrées, que se manifeste tel ceci.

Ce qui veut dire que la conviction du plus-grand-rapport est la certitude que tous les autres rapports, seconds et secondaires, en naissent et potentiellement (cad en puissance) en naissent continuellement, de sorte que cette œuvre, cette révolution, cette élévation restent et demeurent en elles-mêmes sur/élevées, in-finies, et le resteront, désignant encore le plus haut, puisqu’elles sont instanciées de ce point en/dehors, et que par elles nous percevons.

Ainsi non seulement la réalité devient mais le réel se modifie en interne selon son axe du présent perpendiculaire au temps ; une œuvre, une révolution se réécrit et se réécrira, il existe un Bord que l’on ne peut pas épuiser ; la Possibilité se lance constamment de l’en-dehors de la réalité. Un « élément réel » telle une œuvre, une élévation, une révolution, une intentionnalité ou une décision contiennent quantité de rapports de structure enchâssés ; que l’on perçoit selon un plus ou un moins, et une perception qui continuellement se rassemblera d’encore plus loin, que l’on actualise proportionnellement (par instructions, littéralement ; il faut apprendre à lire les signes mais aussi les perceptions, la science ou les esthétiques développent la perception, le droit augmente l’identité de chacun, le je dans le moi recherche) et qui ne manifestent pas seulement telles et telles perspectives (qui explorent le monde, le donné, la perception, monte et démonte et remonte toutes les aptitudes de perception, le vécu ou le relationnel, dans le roman, durant plusieurs siècles, etc) mais montrent dans la tête, le regard, l’intentionnalité de chacun comme la réalité, la réalisation, l’intention ou la décision, l’exercice de la liberté ou du jugement sont capables de variations, vers le haut, vers la suréminence, et que l’essence, la structure de notre être est cette modification. Cette signification.

Parce que s’il n’y a plus de monde assuré, partagé et en soi, alors chaque conscience peut différencier, transformer la réalité, la réalisation ; de même que la révolution devient une passion durant deux siècles, ou de même que la psychanalyse découvre, met à nu le noyau caché de chacun ; l’imagination de la « chose désirable », de la jouissance imaginée, qui n’est nulle part mais par laquelle chacun est accroché mais distendu dans la distance du réel, ou alors qui, supprimant cette distance, devient fou ou dépressif ou obsessionnel ou pervers. L’œuvre est suspendue, et n’est pas une chose ; c’est la version nocive qui voudrait coaguler énoncé et vérité, liberté et identité (la liberté est en chacun bien plus grande que son moi, elle est, factuellement, en suspension, cartésienne), chose et désir (qui se confondent imaginairement comme jouissance supposée, imaginée, irréelle, dans la perversion ou qui terrifient le névrosé ou paralysent le dépressif).

C’est dans tous les cas la distance qui offre la multiplicité et aussi la duplicité, la dégradation mais aussi la gradation, sous condition que cette acceptation, admission du donné, du vécu, ne lâche pas le point suréminent qui fondamentalement contredit et contre-dit tout ce qu’il permet de proposer ; pour qu’il y ait la réalité, la vie vécue il faut se tenir au-dehors et non s’y confondre. C’est ce que l’on a compris par la liberté politique ; vous ne déciderez peut-être pas le meilleur, mais ce qui importe c’est que chacun puisse décider, serait-ce le moins bon (pourvu que le cadre ne soit pas annulé) ; le point de vérité ou d’organisation c’est le cadre général ; l’instanciation de la liberté de chacun permet seule de monter le niveau, de chacun et de l’ensemble, lors même qu’elle entraîne la dispersion éventuelle, qui ne manque pas.

De même l’œuvre ou le christique ou l’universel au sens d’universalisation potentielle de Kant ; seul ce qui est universalisable vaut et met en valeur, puisque seul il lance la possibilité de rapports intentionnels nouveaux et réels, mais il faut alors prendre ladite universalisation en tant que structurelle, de ce qui n’existe que par les sujets, puisque la forme « sujet » est la plus universelle. Que l’universel soit le sujet n’est pas évident du tout ; puisque l’on réservait jusqu’alors l’universel à la pensée, à la formulation notionnelle, au contenu de conscience comme absorbant sa capacité et par lequel l’individualité connaît et ne parvient à s’élever que via ces contenus ; la pensée lui confère une étendue qu’en lui-même il ne porte pas. Le christique non ; il suffit que vous soyez un sujet, vous êtes déjà in-fini, divin, selon que vous le sachiez selon le plus ou le moins d’une modification qui rechutera mille fois, puisqu’il initie l’articulation existentielle qui ne peut pas se fixer, figer, mais adopter la souplesse requise. De même la morale de Descartes, ou l’inachèvement de la substance effective, corps/esprit, ou plus exactement vécu/je, puisque Descartes entend « produire des effets » et non pas penser selon la seule pensée métaphysique. Plus encore la dispersion ontologique du je par Sartre et Lacan ; qui partent en vérité de nos états évidents et de nos faiblesses ou erreurs, cad de nos expérimentations et explorations telles quelles ; on ne peut retirer ni le monde et autrui, ni le moi et le corps. La précision accrue, l’attention soutenue que le je porte à sa structure, exige de montrer comme l’articulation du je fonctionne dans le vécu et la perception.

Remarquons ; si il est mille différenciations selon le monde (de sciences humaines par ex), ontologiquement cela n’occupe que quelques-uns.

Or il y eut une extension fondamentale du rayon d’activité de l’arc de conscience, l’autre réflexivité qui débute avec Descartes. Ce qui réclame de penser le sujet en tant que tel et implique l’agrandissement de ce que par universel il faut entendre. L’universel de la pensée se supposait distinct et organisant la réalité. Mais si le sujet est le réel alors il est distinct et articulant la réalité, mais ce faisant l’arc est beaucoup plus profond et étendu. L’universel notionnel, la connaissance métaphysique est seulement une tangente de l’arc complet. Et l’arc complet est au-delà de toute compréhension pour l’instant. Que donc il ne s’agit pas seulement de connaître mais d’être saisi de la racine, de l’agissement même du réel.

Si l’agissement n’est pas seulement la pensée (mais peut tout à fait prendre cette formulation) alors il faut positionner l’autre concept qui permettra de prendre le sujet dans un cercle plus grand de même que le sujet est impliqué comme rayon d’action plus grand que la pensée. De Descartes à Lacan c’est le rayon, et le rayonnement du sujet, de la structure intentionnelle (qui embarque aussi bien la pensée que l’esthétique, l’éthique ou le politique ou l’idéel) qui est décrit, et ce sur toutes les coutures. Le concept proposé qui permet de saisir le sujet (qui saisit la pensée, comme sur une poêle) c’est l’exister.

Comme on verra.

Et c’est effectivement la formulation du sujet, et non plus de la pensée, que creusent Sartre ou Lacan, en atteignant l’articulation du dedans, ou que développe la réalisation du moi comme personnalisation généralisée de l’espèce humaine. Ça n’est pas ce qui est vu qui apparaît, mais cela qui voit ; non pas le moi mais le je qui se donne le spectacle, au fond cruel, du moi.

De là que le moi souffre, bizarrement, ou étrangement mais la proximité de la structure de conscience, du je et du moi, son contenu (à qui il voudrait conférer ou de qui il imagine préserver la vie, le caractère vivant, alors qu’il est existant). De même que l’œuvre n’est pas dans l’image mais dans le regard qui voit l’image.

C’est le je, et donc par-dessous le rapport, ce qui existe en tant que rapport, et raison pour laquelle il existe une Existence, ce rapport et ce je qui naît et se modifie : c’est cela que l’on recherche, au travers de tout. Sa structure et ses modifications. Ses aboutissements. Et accessoirement pourquoi aucun contenu, aucun objet, aucune imagination n’y suffisent.

Le point par lequel la réalité devient. Le secret par lequel le réel se montre, et par lequel donc il existe un réel. Puisque, que l’on sache, l’arc de conscience est le seul être qui n’est pas un être, mais un rapport (toute autre réalité est ce qu’elle est, et non pas un rapport qui ex-siste, qui sort du rapport qu’il est).

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Le présent perpendiculaire au temps

8 Mai 2021, 08:43am

Publié par pascal doyelle

Tous les ensembles humains furent donc tissés par l’aiguille de l’intentionnalité, qui projette dans le champ intentionnel l’élaboration des signes et des perceptions. Jusqu’à ce que l’on comprenne que précisément nous produisons ces ensembles et ces signes, et cette prise de conscience (de l’activité de conscience) se nomme dieu, la pensée, le sujet et enfin le réel

mais il se peut tout aussi bien que cette capacité de créer des champs nous soit révélée, ou vienne vers nous,

puisque dans l’interrogation sur le temps, sur la nature du temps, le présent est une tension qui vient du non pas tant du futur que du possible, qui est telle une version étendue du temps et de l’espace, et que l’on a nommé présent, entendant par là le présent en tant qu’il est l’exister qui contient tout, qui se dresse perpendiculairement au temps, et qui est désigné comme colonne des réalités.

 

Soit donc la fonction ou la dimension qui découpent verticalement toute réalité vers la distinction. Il y a distinction ou distinctivité et donc réalité ; sans distinction pas de réalité (la détermination atomique, les choses inertes, les vivants et tout ce que l’on ignore).

L’exister au fur et à mesure déroule la réalité en réalités distinctes ; le pli génère les plis seconds et puis secondaires ; le présent (à la verticale de l’espace et du temps) est la forme qui entoure les réalités. On ignore jusqu’où avance la forme qui entoure en tant que Bord tout ce qui est, tout ce qui est constamment sur le Bord (en tant que présent). Soit donc l’actualisation constante des possibles.

Aussi une conscience existe-t-elle dans l’actualité de son rapport.

Par ailleurs on a vu que l’on propose deux compréhensions ; dans les deux cas la structure est cela seul qui existe, au sens strict.

Mais dans l’une version elle est fonctionnelle ; elle est cela (le présent et l’arc de conscience) qui déploie les réalités naturelles et les réalisations, en l’occurrence humaines, et qui agissent comme mouvement absolu.

Dans l’autre version elle est dimensionnelle ; ce mouvement existe en tant que dimension seule réelle et l’être, les réalités, situées sur le Bord, sont secondement et dérivés. Puisque seule réelle la dimension est l’agissement au travers de toutes les réalités. Sa nature ou sa divinité est non-connue, sinon dans ses effets comme monde, mondes humains, etc.

La seconde proposition est la plus satisfaisante puisqu’elle signifie que le Possible (métaphysique) est la Possibilité (ontologique, qui est seule la loi brute mais aussi subtile de tout, puisqu’il est de la structure d’augmenter sa capacité, de distinguer toujours plus avant) ; et qu’alors la Possibilité se reprend sans cesse, afin de s’agrandir (sous-entendu un possible qui seulement se réaliserait, aboutirait à un donné, finalement inerte et moribond, n’a pas grand sens). Elle utilise en somme la réalité (qui est ce processus actif) afin de se-modifier et d’agrandir le possible lui-même.

 

Dieu ou le divin (la pensée spécialement) ou le structurel (le sujet) se créent du mouvement ; dieu, la pensée et le sujet naissent, s’actualisent d’une part et s’augmentent du mouvement d’autre part. Tout le divin, dit autrement, est, pour nous, actuel. Mais on ignore jusqu’où s’organise le mouvement, l’actualité.  Tout le divin se crée dans et par l’actualité ; de là cet impératif du dieu unique (et de la nation), ce sentiment de profonde urgence du christique (dilatation du temps depuis l’incarnation, puisque « le Royaume, la fin des temps, a déjà commencé »), de suspension du je cartésien à laquelle on assiste en retenant son souffle, de cela l’actualisme formel de la pensée, par laquelle si on ne pense pas, et bien on ne pense pas.

Il y a une actualité, un présent, qui déroule toutes les réalités, afin que la structure de distinction, le divin, la clarté illumine et découpe la réalité d’indistinction ; de sorte qu’il y ait une réalité, laquelle sinon est, par-dessous cette actualité, en état de dispersion continuelle et de ténèbres. Toute réalité ne tient qu’en mouvement et mouvement de plus en plus distinct et précis, ou donc dans un tissu de mouvements de plus en plus serrés et coordonnés (les individualités dans les sociétés, le vivant et son milieu, les atomes sur les particules, la matière sur l’énergie).

On ne sait pas « où » va le présent. Il opère apparemment comme une structure que l’on a désignée comme infinie (replaçant donc ce que par « infini » il est possible d’entendre ; l’idée d’infini n’a pas de sens, pas de signification situable, le présent si, l’arc de conscience oui). L’exister en tant qu’acte est infini, il actualise toutes les réalités. Personne ne sait ce que veut signifie, indique, désigne l’actualité, l’actualisation comme fait non seulement majeur mais structurel ; il n’y a pas une actualisation de quelque chose, c’est l’actualisation qui crée le quelque chose, au sens où le quelque chose est dans la dépendance de l’actualisation.

Ce qui veut dire que le transcendant, sans cesser de l’être, coupe totalement et partout l’immanence. Le présent est vertical par rapport à l’espace et par rapport au temps et par rapport aux déterminations ; il actualise tout (à voir donc si cette actualisation est fonctionnelle ou dimensionnelle).

Mouvement dont on cartographie la structure depuis le début ; le début de toute civilisation, et sous la forme du divin séparé depuis la méditerranée d’il y a 3000 ans ; dieu, la pensée, le sujet, le réel ; tandis qu’auparavant existait le sacré, une partie du monde, qui assure généralement son renouvellement ou sa continuité, prend en charge toutes les autres parties ; le divin est en dehors, autre, et en lui-même.

Rappelons que le sacré place dans la réalité quelques lieux ou une temporalité mélangés au monde ; en général sous la régénération cyclique. Le sacré essaie de localiser l’acte, en ses rituels et donc ses lieux, ses découpages, de temps ou d’espace ou d’essences, pures, impures.

Tandis que le divin sépare le transcendant et prend instantanément une qualité abstraite et autre ; le divin ne peut être atteint par l’impur, ce qui sera encore plus vrai par le christique (qui annule tous les rituels). Dieu, le un tout autre, est l’Intention pure et en elle-même (dieu jaloux qui refuse les sociétés sacrées mêlant le monde et l’infini). La pensée est forcément l’universalisation et, de cela, n’est pas tel contenu, telle idée ; l’être, le Bien, le Un, le dieu théologique ne sont pas des idées mais l’organisation des idées, leur principe, leur discernement, leur compréhension, la raison d’être des idées, jusqu’à la plus petite idée, sans doute plus image qu’idée, plus immédiate et donnée dans le monde ou pointée du doigt ; et elle est cette valeur, ce principe, ce projet en tant que « la vérité », peu importe le contenu ou dont le contenu diffère sans cesse, ce qui ne réduit en rien sa capacité de relever, étendre, décupler la perception, du monde ou de l’humain ou de soi, ce qui ne nie pas du tout sa capacité de créer quantité d’idées et de systèmes (c’est ce qu’il faut retenir ; que la vérité comme principe rend possible tous les systèmes).

Le sujet, cette structure de laquelle se tient le Je, est purement libre ; liberté qui ne s’utilise pas de ceci ou cela, mais par qui, seule, quoi que ce soit vaut ; ce qui est vécu mais non libre n’est pas grand-chose, ça miroite mais ça tombe, se désagrège. Seuls les contenus qui possèdent en eux-mêmes la liberté demeurent ; et donc auxquels on n’accède pas sans un devenir-libre, sans étendre la conscience, incorporer, agrandir la perception, le corps, les signes. On n’entre pas dans une œuvre comme dans un moulin ; il faut se modifier, et cela prend du temps, non forcément du temps au sens donné, mais une élaboration de l’attention. Ce sera une élaboration, et donc un processus en conscience (et dans la conscience que l’on a de l’effort que l’on fait, qui appelle de nombreuses articulations).

De même que le christique n’est pas selon la loi (et par laquelle vous seriez jugés) mais selon l’intention, la vôtre, et en tant que telle intention « remise », par-donnée ; orientant votre conscience vers le possible et non vers le fait (des erreurs, égarements, fautes, hypocrisie, etc). Cette restructuration interne de la faute oriente (et pour le coup si l’on est croyant) indéfiniment ou infiniment vers l’intention sans cesse re-prise, au sens également de re-cousue, sous condition de vérité, évidemment. Sinon ça ne vaut pas, et n’aura pas d’effet du tout. C’est totalement absurde de caricaturer le christique comme négativité, mortification, noirceur, etc ; ça n’a aucun sens. C’est précisément l’inverse ; il y aura toujours l’absorption de toute erreur dans l’intention, et la possibilité forcément infinie de dieu ; que l’on soit donc frères du christ, et frères les uns des autres (chacun pardonnant à chacun).

De même soit dit en passant, qu’il ne nous condamne pas à la mort, crucifié, mais constate que c’est ce qui nous attend ; c’est un fait ; de mourir tout-seul, comme lui, le christ, et peut-être honni et méprisé et objet de haine et de destruction et nous indique comment faire-avec et passer par-dessus la mort mortelle ; celle qui tue avant de mourir ; et ainsi nous indique comment détourner la mort mortelle au cours du vécu (puisque la mort est un des signes de la dégradation, qui attaque multiplement le réel, ce qui veut dire mord et déchire la possibilité au cours de toute une existence, sous diverses formes et brise notre intention, la vie vécue use la détermination, votre image de vous-même, qui ne se retrouve jamais dans ses mésaventures  (César ne reste jamais César très longtemps) et restera sans force si elle ne fait pas décoïncider sa volonté, son intention des éventuelles déterminations vécues auxquelles il s’identifie (le signifié caché, supposé ou désiré et imaginé des signifiants qui ne renvoient en fait qu’à la forme du rapport de l’arc de conscience, rien du monde) ; mais alors à quoi et comment se structurer ?

De là que les super-structures intentionnelles soient à l’égale mesure de la démesure de l’intention, de la forme du réel. Évidemment le christique manifeste la plus élevée possibilité, à un degré tel qu’on ne la comprend pas vraiment. Elle concerne l’incorporation la plus élevée et la plus lointaine. Descartes paraît abstrait et Kant ridicule avec son nouménal et Sartre contradictoire face à la psychanalyse. Etc.

 

C’est de cette manière que la Possibilité, au sens d’historicité, se reprend de plus en plus profondément cad à partir du plus lointain, du plus grand possible possible. La révolution est une tâche non achevée. Et la liberté de même ; le je distancie infiniment le moi.

Ce que nous redirions comme suit ; il y a toujours un plus grand possible. Il y a un réel afin qu’il soit plus grand que lui-même, et c’est pour cela qu’il devient et que peut-être il devient verticalement et vient comme présent de la Possibilité même ; le présent est la présence de la Possibilité (quel que soit le nom qu’on lui assigne).

 

Il n’y a pas de progression « spontanée ». Et donc il faudra mesurer la capacité. Mesurer l’actualisation de l’activité de conscience ; ce qui veut dire qu’elle doit se positionner. Dessiner une ligne de ses possibles, non pas n’importe comment et arbitrairement, mais reprendre une des lignes de possibilité qui eurent lieu et la poursuivre.

La mesure de cette activité renouvelée, peut bien se nommer dieu, pensée et raison, christique et individualité, sujet et révolution, le moi et la représentation (la mass et puis micro médiation déployées en tous sens, par quoi l’on se voit, chacun et les uns les autres, et théoriquement en tous cas, nous nous coordonnons ou aurions dû nous coordonner). Et le tout de plus en plus précisément et concrètement ; la liberté et l’activité de conscience a affaire aux vrais, réels effets.

 

Étant entendu qu’étrangement les grandes capacités sont apparues de par elles-mêmes sans qu’aucun des sujets qui l’activèrent n’en puisse faire le tour ; Platon n’assèche pas tout la pensée, les chrétiens n’épuisent pas le christique (une énorme quantité de devenirs en naîtront), et personne ne possède dieu (ou l’interprétation exclusive de dieu), et la révolution offre de nombreuses variantes. De tout ce qui sera supposé de ces lignes il convient d’en reprendre celle ou celles que vous entendez. Et c’est ce que vous ferez. Parce que de toute manière il n’est aucune conscience qui ne se choisisse pas. Et c’est pour cela qu’il vaut mieux acquiescer de par la plus grande connaissance de cause possible de et par son choix propre.

Parce que ce faisant, en comprenant cet impératif interne, on obtient plus de choix possibles.

Avoir conscience de la conscience implique que l’on augmente l’ouverture de rapports. Les signifiants filent à la vitesse de la lumière, puisqu’aucun contenu, aucun signifié ne fige l’attention, sinon l’être, le un, dieu et dieu incarné (cad prenant en charge la réalité vécue et le relationnel, avant de coloniser toute la pensée), le sujet ; autant de contenus formels et non pas déterminés.

Ou donc toute définition, objective, ne prendra en compte que telle ou telle partie du monde et non pas le fait formel d’exister. Ce qu’autrefois on nommait l’indéterminé, ou l’infini, est désigné ici comme formel qui est un acte, une activité, un fait structurel absolu (l’exister ou le présent perpendiculaire à l’espace et au temps).

Et ce en arguant d’un surplus de cohérence ; dieu, la pensée, le christique, le sujet, le réel impriment un resserrement de l’intentionnalisation, qui ne croit plus à son contenu immédiatement mais vérifie son adéquation ; non seulement l’adéquation de telle idée à ce qu’elle exprime (la chose, et plus tard les réalités objectives scientifiques),

mais aussi la correspondance de votre intention à « ce que vous voulez vraiment » (Saint Paul),

de votre intention vers ses effets réels, ou vérifier la coordination de la transmission en tous et tous, chacun et tous, tous et chacun (ce que signifie la « révolution », et du même coup annule qu’il y ait un axe centralisateur, la royauté ou une caste qui conserverait par-devers elle l’information, au sens large évidemment).

C’est apparemment un retour du refoulé immédiat lorsque le moi ne s’attache plus à ce qu’il veut mais à ce qu’il est, à « qui il est », comme si cet être existait tout entier ou pas suffisamment mais enfin de l’ordre de l’être donné ; or il est, le moi, surtout cette conscience de soi qui prend dans son faisceau cet être supposé (ou imaginé), et ce sera pour y imposer encore plus de doute ; de sorte que l’on en ressort plus fou que l’on y était entré, peut-être d’une autre sorte de délire mais en tous cas sauf à remettre son être dans la suspension du je ça ne s’arrangera pas de sitôt. Le moi est en soi problématique (c’est son structural si l’on veut) et qui n’a de sauf conduit que par le structurel (dieu, le sujet, la révolution, la vérité, etc).

 

Admettre que l’activité de conscience n’est attachée à aucun contenu exclusif, ouvre a priori à toutes les lignes. A priori, et idéalement, encore faut-il parvenir à relire, à relier les points ; tous s’y sont essayé puisque l’on ne peut pas penser (métaphysiquement) ou réfléchir (ontologiquement, à partir de Descartes) sans remoduler ce qui a eu lieu ; jusqu’à la paraphrase de Hegel qui repense tout, dans deux monstrueuses phénoménologies (qui justement prenant levier de l’acte de conscience, comme négativité douée de son horizon théorétique, super-métaphysique qui permet de tout subsumer sous un seul, qui n’est pas lui-même un contenu mais un rapport qui rassemble tous les rapports).

Et aucun ne tient en son pouvoir cette activité qui les précède tous ; il y a un champ absolu, formel de conscience, intentionnelle.

Et chacun est attiré, tiré vers la possibilité qui ne nous précède qu’en tant que sujet et non pas seulement être universel abstrait. Il est clair qu’un rapport universel abstrait méconnaît le temps, ne comprend pas le particulier (ne comprend pas que la réalité est la détermination et non la loi générale, et ne comprend pas que cette loi est la manifestation de la détermination et non un ordre qui se superpose), l’universel abstrait ne saisit pas la liberté, reste extérieur à la création au sens de Créé (cad de cette activité qui impose de nouvelles perspectives et non pas désirerait seulement retrouver un ordre ou une perfection statique) et finalement croit en son éternité (selon la vérité fixe) mais ne sait pas quoi faire du présent.

Or s’aperçoit-on que l’on est passé depuis Descartes de l’autre côté de l’universel ?

La réflexivité cartésienne déplace totalement la réflexivité ; qui n’est plus le retour, technique pour ainsi dire, de la vérité sur et dans sa cohérence (qui justifie la rationalité d’une part mais aussi que toutes les ficelles notionnelles sont récupérées, que donc l’intentionnalisation, le système d’idées, n’est pas trouée, comme une raquette, et manquerait elle-même quelque chose, quelque chose de la réalité).

Mais ce retour , de cohérence, est, par Descartes, réflexivité en tant que retour sur « soi », lequel soi, son interrogation, permettra d’agrandir le cercle de la pensée, qui, enfin, devient ou approche le réel de notre situation de sujet planté là dans l’étendue du monde effectivement réel, et donc la réalité est démultipliée. Ce qui implique une plus grande attention au je, au sujet ; et même une impérativité, kantienne, et une compréhension soutenu de la morale, ce qui veut dire en fait compréhension de ce que l’on intentionnalise, de ce que l’on perçoit, ressent, imagine, etc ; et ce jusque Sartre et Lacan qui précisent encore plus avant dans le concret de l’être du moi humain les angles d’interférence de l’arc de conscience.

Et ce puisque le champ de conscience est nommé et entre dans son propre champ et doit se réguler, se paramétrer mais fondamentalement sera accéléré et plus généralement se perfectionner ; puisque si l’on perçoit son activité (plutôt que de seulement agir) on tend immédiatement à modifier ce qui est perçu, signifié, organisé, prévu, coordonné avec autrui, etc. C’est évidemment non seulement ce qu’ajoute le christique pour chacun (du regard du un tout-seul le Je naît ou renaît) mais également ce que toute éthique antique ou toute morale ou bien sur politique (de la participation de tous vers chacun ou réciproquement) induisent ; toute position se donne la possibilité nouvelle.

Le christique est en lui-même et par lui-même la capacité de renouvellement (que l’on tient d’un Autre que nous, et de fait également d’autrui, de même que la vérité, de la pensée, n’appartient pas à un-tel ni ne vient de celui-ci mais est en soi le vrai). Donc l’arc de conscience est toujours déjà articulé sur plus-grand que soi, puisque ce rapport vaut ce que valent les rapports (qu’il produit ou permet ou rend accessibles).

Qu’il existe un tel champ, selon la compréhension sartrienne un champ universel abstrait (le moi est contenu dans le champ) ou un champ singulier valant pour chaque Je ; mais au sens où c’est justement cette singularité qui est universelle…

On ne peut pas supposer qu’un rapport ne soit pas à lui-même le rapport qu’il est, et donc qu’il existe. C’est donc bien effectivement qu’il soit un Je, un sujet qui le rend universel ; ou plus exactement c’est en tant que rapport et sujet que l’universel est ou existe. L’universel ne tient pas à la « pensée », la conscience n’est pas prisonnière d’un contenu mais les produit tous, et notamment dans le rapport au monde donné là, qui est l’horizon ; l’horizon est d’une part le réel en général ou en soi, et d’autre part cet horizon-là de ce monde-ci ; de là que les grecs admettant qu’il est un donné là général et universel aboutissent au monde même (et non plus à une interprétation communautaire ou tribal ou particulière du monde, maya par ex) ; et que le christique se concentrant sur le corps propre de chacun ait affaire instantanément à la vie, vécue, de chacun et son horizon.

La tension de l’arc de conscience qui débute par dieu, la pensée et le christique (et puis d’autres ensuite et d’autres versions de cette articulation nouvelle) est immédiatement effective dans le monde et la vie, l’individu et le collectif. Cette immédiateté se doit c’est certain de lentement pénétrer dans la réalité, la réalisation humaine ; puisqu’elle n’est pas une opération magique mais un ouvrage, une connaissance, un déploiement, une assurance de ses propres intentions, systèmes de conscience, et système coordonné (avec autrui, l’organisation humaine, etc).

C’est qu’à partir de l’introduction du champ de conscience dans le champ de conscience un nombre considérable de bouleversements entrera en jeu (en partant du monde donné là, et non plus de chaque monde particulier, et à partir de la vie de chacun comme centre, auto-géré si l’on veut et non plus pré-ordonné par les castes, classes, rôles prescrits). Tout ce qui nous semble tout à fait normal, mais ne l’était pas du tout lors de son apparition, son introduction dans les mondes humains séparés, et rappelons que sans cesse la structure monde-particulier tend à constamment se reformer, autour des groupes, des communautés, des intérêts, des représentations, des échanges, des rituels, des immédiatetés, de la toute prégnance du donné et du vécu immédiat, qui, lui, n’est pas à distance mais vient tout de go ; il n’est de perçu que le monde et la vie, l’effort est en plus.

Or pourtant seul l’effort (de structure) agrandit la perception, la décision, l’intention. Qui sinon tourne dans ses contenus. Et l’angle externe à ce tourniquet est de structure ; la pensée ou le sujet ont accès au réel ; de même que dieu imprime une exigence et le christique un principe (l’intention et non la loi). De même « la vérité » ou « la liberté » ; les introduire dans le langage ou le commun décuple la capacité.

Aussi inversement dieu, la pensée, le christique et le sujet et la révolution certes s’opposent au monde et au vécu (la pensée ou le sujet ou la révolution se chargent de réguler la réalité par le réel de leur impact) mais surtout s’ajoutent ; ajoutent une plateforme en plus qui re-répartit, redistribue la conscience, cad l’attention ; on ne fait plus attention aux mêmes choses et plus de la même manière. Et il faut éduquer, instruire, in-former cette nouvelle attention, ces intentions en plus, qui permettent d’agrandir le cercle et donc de gagner en possibilités même si sur le moment il semble que nous déprécions le monde et la vie ou le corps, et que nous en imposons au donné, ou que l’on se détache de la vie ; en bref nous ne sommes vivants que si nous sommes existants. Mais il n’est plus d’autre moyen ; soit un monde parlé-commun dans tel ou tel contenu, soit la forme universelle ou distanciée ou singulière qui nous en sépare.

 

Face à ces charges structurelles, qui coupent la réalité, à l’opposé l’immédiateté, le monde, le vécu ou le corps reviennent et réimposent leur lourdeur ; soit donc non plus une organisation méta mais une gestion pesante des réalités (la révolution doit être re-trouvée, le je en plus du moi, qui comme toute détermination le réabsorbe, les systèmes se referment).

Et à chaque fois le cercle de réflexivité s’élargissant, il est requis d’intégrer toujours plus d’éléments, qui sont assujettis, littéralement, au monde donné là, à l’humanisation, à la vérité comme à la liberté. Laquelle liberté, rappelons-le, est la capacité organisationnelle ; et non le n’importe quoi ; l’étonnant n’est pas l’arbitraire, qui existe peu, bien qu’il soit possible structurellement, mais l’étonnant est que l’arc de liberté puisse adhérer et construire des comportements adéquats aux situations, réalités ; il est apte à absorber la difficulté des déterminations dans une mise en forme suivie, de les recomposer universellement en vérité exprimée et organisée.

Cela même qui est en soi plus unifié (le je) que l’organisé (l’universalisé) et se rend capable de le formuler, quel est-il ? Le sujet en tant que rapport qui aboutit à tous les rapports, réels ou possibles.

Donc le sujet est cela même qui est hors champ. Et le sujet est également cela qui produit votre moi, parce qu’il est, ce champ, individué.

Que ce soit le sujet, la structure en tant qu’individuée, qui produise l’universel signifie donc que très simplement le rapport est cela qui contient les rapports. De même que les mathématiques ne sont pas « en elles-mêmes », mais s’entendent comme rapport formel ; un est juste le rapport du un avec lui-même ; une addition est un ajout de rapports et donc avance très clairement. Comme rien n’est, rien n’est consistant en soi-même, mais que seul le mouvement existe et ensuite seulement des effets ; l’être est relatif au mouvement qui est absolu ; il n’est pas une vitesse qui s’ajoute à quelque chose, c’est que tout quelque chose est se génère du mouvement. C’est en ceci qu’il est requis d’investiguer encore plus le mouvement même ; mais ce mouvement une structure (et non pas seulement « une agitation »), en l’occurrence l’exister d’une part et l’arc de conscience d’autre part, ou si l’on préfère le présent (de quoi tout se déroule) et le je, qui initie tous les rapports. Sans qui il n’en existe aucun ; la « pensée » n’est pas quelque part, où ? Les choses ne sont pas selon les lois, physiques, mais génèrent qu’il y ait des lois, et usent de ces lois ; le vivant est élaboré sur l’inerte, sans la complexité duquel elle ne parviendrait pas à sa grande complexité en propre ; la réalité est étagée et fondée sur la durée, ce qui est organisé dure, ce qui désordonné disparaît ou sert de base ; en somme il existe des choses et des êtres se développant sur les étages du haut, sur des agitations vides, pour ainsi dire ; en quoi il n’y a pas de consistance par en dessous mais une construction, un constructivisme, si l’on veut bien, vers le haut ou selon le devenir ; au fur et à mesure et vers le haut, la surface du réel ça devient plus concret et plus consistant et plus vivant, etc.

Sans le savoir, via dieu, la pensée, le sujet nous sommes déjà entrés dans la possibilité, cad le mouvement pur et brut.

Si le fini, l’être n’est pas tout ce qui existe, mais que la forme du fini prédomine, alors le mouvement, le présent, l’exister est l’infini. Réellement, pas métaphoriquement ou on ne sait quoi. Il s’agit de montrer là où le transcendant coupe la réalité. En quoi donc le présent impose la capacité non en tant que « futur » mais en tant que Possibilité. Le temps coupe la réalité comme Possibilité ; la colonne de présent est l’introduction de la Possibilité dans la réalité (qui est elle-même la réalisation des distinctions, des distinctions possibles évidemment).

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Le mouvement divin

1 Mai 2021, 07:40am

Publié par pascal doyelle

Dieu ou le divin (la pensée spécialement) ou le structurel (le sujet) se créent du mouvement : naissent, s’actualisent d’une part et s’augmentent du mouvement d’autre part. Tout le divin, dit autrement, est, pour nous, actuel. Se crée dans et par l’actualité ; de là cet impératif du dieu unique (et de la nation), ce sentiment de profonde urgence du christique (dilatation du temps depuis l’incarnation, puisque « le Royaume, la fin des temps, a déjà commencé »), de suspension du je cartésien à laquelle on assiste en retenant son souffle, de cela l’actualisme formel de la pensée, par laquelle si on ne pense pas, et bien on ne pense pas.

Il y a une actualité, un présent, qui déroule toutes les réalités, afin que le divin, la structure de distinction illumine et découpe la réalité (de sorte qu’il y ait une réalité), laquelle sinon est en état de dispersion continuelle et de ténèbres.

On ne sait pas « où » va le présent. Il opère apparemment comme une structure que l’on désigne comme infinie (replaçant donc ce que par « infini » il est possible d’entendre).

Mouvement dont on cartographie la structure depuis le début (de toute civilisation, et sous la forme du divin séparé depuis la méditerranée d’il y a 3000 ans ; dieu, la pensée, le sujet, le réel).

 

Aussi les explorations et les cartographies du mouvement sont-ils le comment et les techniques qui permettent d’actualiser dieu, le divin ou la structure. De faire naître le divin ici même et maintenant.

Et ce, en l’occurrence, au plus près de la réalisation.

Le moi-même

On a donc vu que l’acte intentionnel s’est extrait de ses contenus ; il ne peut plus faire monde et faire comme si il appartenait au monde, au vécu ou au corps.

Cette extraction s’est signifiée comme dieu, la pensée, le christique-sujet et le sujet-révolution, puis le moi-je de la fin des temps (notre temps).

Le moi-je ne peut pas tenir en tant que moi ; il devient fou.

Il hallucine, et de plus en plus parce que dès le début il a dû halluciner sa vie, son corps, sa perceptions, ses désirs, bref tout. Même la raison et la science, serait-ce les mathématiques (qui valent en elles-mêmes mais ici on saisit ce qu’elles représentent pour un « moi »).

comme on ne l’a pas, plus habitué à se repérer selon une structure (qui lui paraît surajoutée, dieu, le christique, la pensée et l’universel, même le sujet et la révolution) il redescend vers son corps ; le plaisir, substitut de la jouissance, lui sert d’aiguillage. Exclusif. Heureusement qu’il a pu apprendre, avec un peu de chance, à dériver la jouissance, massive, énorme, infinie, béate, mais imaginaire et conduisant directement à l’hallucination, à la sensation, au désir hallucinatoires, à dériver donc cette jouissance abominable (qui sans cesse menace) vers « des plaisirs ». même lorsque ceux-ci restent capables de sublimations diverses et variées.

 

Ce que le sujet propose, lui, pour sa part, infinie, ça n’est plus une sublimation, mais le point absolument autre qui soudainement abolit, pour un temps, mais un temps suffit, abolit l’orientation abaissée et incorporée de l’intention dans un pauvre moi, pauvre petite chose livré au monde, cad aux ténèbres.

Ce qui peut sembler idiot ou absurde (on reste et on n’est qu’un corps) mais en vérité tout le monde, chacun le sait déjà. Le tomber-amoureux des mois très communément manifeste justement ce point-autre que l’on ne sera jamais et qui nous perçoit. Autant dire que le pervers ou l’obsessionnel ou le névrosé et même le psychotique se jettent chacun à leur manière dans le point-autre (qui devient respectivement l’autre-point, qui lui pour le coup n’est pas, ni n’existe).

Mais non, le sujet c’est celui, bien plus rusé au fond, qui se soumet. Il se soumet à plus grand que lui, et comme dans le monde rien n’est plus souplement circulaire que son impossible rayon, en bref une tangente infinie, alors ce sera dieu, la pensée, le christique, le sujet, la révolution ou le réel pur ou brut, comme on voudra.

Une tangente ou l’angle de pénétration du transcendant dans l’immanent donné là, lui-même y compris. Le concept, la représentation, le signe du transcendant ayant un effet immédiat dans l’immanence humaine, dans sa perception même, puisque ce transcendant a affaire instantanément à l’activité de conscience-de. Le christique aboutit immédiatement aux sujets réels, historiquement (sans rôle, caste, classe, mythologies diverses, tout cela effacé, au moins « en esprit »). Lorsque la détermination (tout) se déplace dans le champ de sa propre forme (le présent, l’exister, le mouvement, la structure, et non plus l’être ou le contenu).

La part infinie qu’est le sujet n’est donc pas dans le monde ; ce que le moi ne comprend pas du tout, qui se conçoit, se ressent, se perçoit dans l’ensemble de toutes ses réalités, comme déterminé, un-tel ou un-tel selon son identité (sans saisir que c’est le sujet qui existe en ce moi qui confère une valeur à celui-ci). Il le comprenait lorsqu’il se déplaçait à partir du Bord du monde (dieu) ou de sa vie (christique au-delà de la mort) ou de sa conscience (de sujet comme Bord du temps). Mais il ne le saisit plus s’il se croit dans le monde donné d’une vie vécue.

Évidemment qu’un tel monde-des-mois va s’empresser de transgresser toutes les lois. Toutes les règles, tous les principes ; lui seul est, dans son monde, vivant. Évidemment que le moi va se perdre lui-même, puisqu’il n’existe que dans une tension externe et qu’il a annulé tout l’externe, supportant à peine l’extériorité (qui n’est déjà qu’une version seconde de l’externe structure du sujet, seconde mais non pas secondaire ; le secondaire c’est toute la dissolution du moi qui ne peut que vouloir à toute force et épuisant la réalité et lui-même se saisir matériellement, réincorporer, matérialiser son intention, sans comprendre que cette intention n’est pas matérialisable, mais signifiante, sans signifié).

Dit autrement, depuis Descartes la certitude est un fait. On ne sait pas de quoi (puisque c’est un rapport et qu’il n’est pas énonçable tel quel, il est signifié pour un autre arc de conscience qui sait lui ce qu’il Voit) mais certitude qui trace la ligne même. Il savait bien qu’il renouvelait non pas seulement la « pensée » mais la ligne de partage du divin et du monde, de la forme et des contenus, de la structure et des perceptions. Ça passe par « là ». Qu’il y ait un infini ici dans le monde, veut dire que l’immanence, l’étendue, est coupée par la transcendance ; ou donc qu’il n’est d’immanence, de monde que parce qu’une transcendance, verticale, angle de coupe.

Le moi est un bricolage et donc ne peut pas prendre « spontanément » en cause l’arc de conscience, qui est, pour lui, une forme vide, fonction simple de telle identité (la conscience ‘de’ Pierre, comme si cette identité générait « la conscience de Pierre »).

Si on prend l’hypothèse inverse (Pierre est fonction de cette conscience), ça ne tourne pas au vague sujet universel interchangeable, ni même au champ sartrien formel et universel, mais définit que cet arc de conscience c’est ce qu’il fera de Pierre qui compte, et non cette synthèse hasardeuse qui existe sous le signifiant Pierre. Et donc il faut non seulement insister mais affirmer que dans un acte de conscience externe le cours de l’existence, de cette vie s’instaure en existence, c’est ce qui décide de Pierre et du je en question.

Raison pour laquelle on se convertit (à dieu, la pensée, le christique, le sujet, la révolution, etc, la poésie par exemple ; on n’imagine pas aimer la poésie sans l’actualiser en soi-même, l’aimer abstraitement ça n’a aucun sens ; c’est du reste également ce qui nous arrive lors du tomber-amoureux, c’est une actualité énorme qui nous enroule).

Donc l’actualisation est tout ce que l’on a pour s’en sortir. Et c’est fait pour cela. Il y a une actualisation, l’existence de chacun, afin que le réel avance ; de même existe une réalité afin que la pure et brute, voire brutale, forme « d’un réel il y a » devienne.

Dit autrement il n’y a pas un état donné là (inexplicable) qui aboutirait à une résolution (idéale, ni même négative ; tout existerait alors pour se terminer de manière aussi incompréhensible que son être est là).

Il y a une réalité afin que le possible devienne, ou plus exactement et antérieurement il y a une réalité parce que le possible est la règle absolue de tout ce qui est et donc la réalité redouble, triple, quadruple le possible. La réalité démultiplie la possibilité, dont on ignore ce qu’au fond elle est ; que l’on commence à peine de discerner ; tel que, entre autres, comme c’est une possibilité, libre donc, alors elle relève d’elle-même ; c’est elle-même qui s’accorde à elle-même d’exister ; non pas qu’elle cause son existence, puisqu’elle est donnée logiquement de la possibilité même ; mais son devenir lui revient ; le réel est plus grand que lui-même ; elle décidera de son orientation, à savoir ; saura-t-elle continuer et avancer dans la réalisation de cette possibilité, de cette capacité ?

Aussi aboutit-on immédiatement et même instantanément au sujet ; ce qui veut dire à « cela » qui seul étant un rapport à soi, peut devenir. Et instantanément parce que le moi n’est pas la cause de la conscience mais la conscience cause du moi, et de tout champ de perceptions. Un être ne devient pas (au-delà de ce qu’il est). Un rapport n’étant pas ceci ou cela peut de par son devenir remonter son « être » (qui est un mouvement) afin qu’il soit constamment le Commencement. Ou si l’on veut le possible est toujours absolument possible parce qu’il va suivre non pas un programme (où le situerions-nous?) mais la structure qu’il est de fait ou, donc, qu’il ex-siste.

Où le situerions-nous, parce qu’entre l’arc de conscience, l’exister et la détermination il n’y a rien. Rien ne précède le possible ; et le possible veut que le néant existe autant que l’être (au sens générique), le néant n’opposant rien à l’être (et pour cause!) et l’être qui est uniquement le mouvement (cad le possible, encore) et donc devient.

Il n’existe que le mouvement. Mais on ignore où il s’arrête. Notre a priori étant qu’il devient absolument, constamment, continuellement, de A à Z puisqu’il n’existe que ce mouvement. Donc tout est pris-dans le mouvement et le mouvement est lui-même cela seul qui est réel. De là que l’on peut dire qu’il existe un Pli, et tout le reste ce sont les plis seconds, secondaires, jusqu’à l’imprécision ou l’indistinction (sans jamais tomber dans la totale dispersion, c’est à ce niveau-là indéfiniment se dispersant, on est à un point d’équilibre déséquilibre indéfini, puisque le mouvement seul existe).

Et donc chaque arc de conscience est lui-même mouvement dans le mouvement ; arc de conscience dans l’arc du présent. Qu’il existe des êtres vivants, qui ont un rapport différé à leur milieu,est en vérité le cycle entier de tout ce qui est ; dès le début la réalité est démultipliée. Il ne s’agit pas de dire que soudainement un être conscient court-circuite le donné, et se transcrit lui-même comme rapport, mais que même l’énergie ou la particule opèrent déjà une différenciation ; ce qui est donné là comme néant d’un côté, être de l’autre, c’est qu’il s’agit d’un être déterminé, et donc différent intégralement de lui-même ; ce que l’on va retranscrire comme champ ; les particules se meuvent (peut-être sont-elles des vibrations au moins en partie) et s’expriment telles ; ce qui est déterminé l’est immédiatement face et contre les autres déterminations ; le 1 n’est pas le 2 ; la différenciation est originelle ; et donc étant un champ les déterminations sont déjà en rapport ; c’est un rapport extérieur ; le vivant est un rapport intérieur et extérieur et l’arc de conscience est un rapport intérieur et donc interne ; ici la structure est tournée vers elle-même ; et comme elle est une structure elle ne se comprend pas.

Un rapport (ce que l’on nomme un rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non une représentation, une identité, un contenu) est toujours déjà autre que soi ; ou donc son « soi » est tout à fait différent de tout ce que l’on connaît ; il n’a pas de contenu,pas de représentation, pas de détermination ; il en use.

De même la réalité, qui est entièrement en mouvement, et en différenciation, quelle est la finalité de la réalité ? Ça ne peut se définir comme quelque part de réalité que ce soit, qui est toute déterminée et donc finie, comme il se disait autrefois. Tout passe, sauf le mouvement. En l’occurrence l’exister pur et brut, brut au début et peut-être fut-il encore plus brutal à l’origine ; il se serait poli, affiné, perfectionné en re-venant sur lui-même.

Ce qui paraît absurde, certes, sauf si on décide que le mouvement seul est réel et absolu, et que donc la réalité, qui semble massive et consistante, est seconde puis secondaire puis dispersée et enfin (presque) indistincte (sans jamais disparaître puisque tout est en stase, en suspension dans le mouvement seul). Si la matérialité, la détermination est bien au fond ce qu’elle paraît être (cad passante) alors elle est champ d’expérimentation ; le réel génère la réalité et la modularité du réel (qui est un rapport et peut donc tout entièrement se transformer) entraîne la modification de la réalité.

Il apparaît de ceci que la modularité (sa capacité de se modifier) si elle est le réel, ça n’est pas l’esprit ou la pensée qui existent mais autre chose ou plus exactement un réel qui n’est pas une chose ni une idée ou une représentation, mais une intention. On qualifie « cela » d’intention mais c’est cela même que l’on ignore le plus ; ce que l’on ignore le plus c’est ce par quoi on perçoit tout ce qui est. Et si l’on suit ce qui précède la structure du réel c’est ce par quoi les réalités sont. Nous nous tenons donc dans l’antériorité, dans la forme (conscience-présent) qui se tient antérieurement.

 

Ne négligeons pas que cette antériorité est aussi le possible ; il y a une forme intentionnelle (cad dans un rapport) de la réalité afin que cette réalité devienne ; on prétend ici, par hypothèse, que le futur ou la possibilité décide de ce qui fut, est, sera. L’antériorité se signale de ce que le Bord, de la réalité, avance. C’est à partir du Bord de tout ce qui est, le présent, qui est la seule perspective qui soit donnée, qui accompagne ou nous précède, que nous existons, que tout existe ; tout est suspendu au présent dont tout est issu. Le présent déroule les réalités (qui sont donc secondes, puis secondaires, puis dispersées).

Nous tenons ce présent pour la colonne de réalisation de tout ; on pointe du doigt ce présent ici et maintenant ; phrase que chacun va recevoir, dans sa lecture, dans son moment, son présent prochain, qui ne sera « pas le même et le même » à la fois de son écriture ; il s’agira du même présent ; il n’y a qu’un seul Instant, qui se déplace et déplace tout.

L’enquête ou l’analyse de cette actualisation ne se prend pas selon une causalité ; on estime ici que le passé ne détermine pas le présent, pas plus que le futur du reste, mais la possibilité elle-même, comme catégorie absolue, cad formelle, crée les possibles et on reste sidéré devant cette considération que la possibilité est peut-être, hypothétiquement donc, le mouvement même et première par rapport à tout le reste.

Dit autrement la possibilité (que le réel soit la réalisation du rapport) signifie qu’elle tient en sa capacité de re-venir sur elle-même ; c’est le propre d’un rapport, puisqu’il n’est rien de déterminé, de modifier ce dont il est le rapport. Le rapport est aussi bien au début qu’à la fin ou plus précisément ce qui se déroule durant le rapport est suspendu à l’activité du rapport ; de là que l’on dise que le réel est l’agissement.

Et c’est cet agissement que l’on assigne habituellement comme « infini ». Infini n’a aucun sens ; on ne sait pas du tout ce que cela recouvre bien que l’on en perçoit quand même l’absolue possibilité ; de où  tient-on cette intuition ? De ce que l’on est soi-même en tant que rapport et qu’alors on comprend nativement « cela qui ne cesse pas ». Descartes amenait que la volonté est en nous le sceau de dieu, parce qu’il voyait bien que la pensée ne pouvait pas s’entendre comme idée déterminée, sauf à partir d’une intention (qu’il ne définissait pas plus que cela, puisque ça n’était pas son tour ; il faudra attendre Husserl, puis Sartre) ; René était assez gonflé si l’on y songe, renverser à ce point la pensée, le discours rationnel, théologique et grec.

Bref. Nous saisissons l’infini parce que nous activons, en nous, par nous, le rapport lui-même qui consiste pour une conscience de modifier arbitrairement potentiellement tout énoncé ; parce que la pensée ne s’impose pas à nous ; la vérité peut-être lorsqu’elle manifeste le réel (moral par ex ou naturel ou expérimental, mais tout cela est posé par une intention qui veut adhérer à l’horizon effectivement efficace ; en quoi la cohérence nous est accessible autant que l’incohérence, puisque l’on ne connaît pas tout ce qui arrive, et que notre structure de conscience peut très bien se passer d’une telle connaissance ; on n’a pas attendu la pensée rationnelle pour agir librement, on agit librement dès que telle situation l’exige, l’arc de conscience permet de résoudre immédiatement l’inattendu aussi bien que l’organisé, il se coule en tout champ de perception, d’expression, d’action et de décision).

Si donc on ramène l’infini, cette idée incompréhensible, à l’activité (indéfinie et supposément infinie), on en perçoit un peu plus ; le regard se précise sur ce qui arrive réellement (qu’il existe un présent qui passe et déroule tout), même si alors structurellement la dite activité est absolument indescriptible ; on ne sait pas ce que contient un « rapport ». Encore que dès lors le rapport est lui-même installé en d’une part l’arc de conscience et d’autre part le présent comme mouvement (puisque, de fait, pour nous autres, le présent passe … et n’offre rien de stable, monolithique, l’extrême dispersion de ce que l’on nomme « réalité » veut dire que rien dans le donné là n’est assuré, sauf qu’il se destine à la dispersion totale de tout dans la nuit et le froid de la fin du temps et de l’espace).

Infini passe donc dans cet deux repères absolus, cad formels, que sont l’arc de conscience et l’arc du présent ; tous deux confluent dans le rapport et le possible ; lequel possible est la logique même « d’un réel il y a », configurant l’idée qu’il y a un réel afin qu’il devienne et qu’il soit plus grand que lui-même. Remarquons que cela emporte le principe « infini » ; le néant est infini, la détermination (l’être génériquement signifié) est infinie, l’exister est infini et tout l’ensemble tend vers une infinie reprise de tout le réel par lui-même ; ou donc le réel est toujours autre que lui-même (et non un Un fermé, clos, monolithique) afin qu’il grandisse. Une machine absolue qui crée le Créé. Le créé est alors supposément le sens de tout ; ici tout cela ne pose pas problème, la question qui demeure est celle de la capacité ; qu’est-ce que cela « peut » ?

Jusqu’où va sa capacité ?

C’est de cette manière que si la structure, de ce qui est, se finalise comme possibilité, ce qui veut dire que son principe même est le possible, alors on peut admettre que la possibilité est le but de ce qui est ; et on est en mesure de définir ce que la possibilité est, à savoir qu’il existe un retour sur la réalité par elle-même, et qu’il s’agit là, cette forme, du réel de la réalité.

Ce qui à tout le moins nous indique la spécifique performance de notre être, qui n’est pas un être, pour cette raison même, qu’il peut se reprogrammer, pour ainsi dire, et non seulement parce qu’il est fait spécialement pour cela ; il déploie un champ intentionnel au-devant, dans l’actualité, et peut de la sorte re-modifier constamment ce déploiement.

Il peut décider n’importe quoi, et ça n’a pas manqué, on le sait. Mais il lui est possible de coller au plus prés des choses, de la réalité. C’est fondamentalement le rapport neutre, cad infini. Il expérimente ; il expérimente dans tous les sens, en suivant le corps vivant, la rivalité, l’unité ou le désordre, l’autre regard ou le sien propre, la communauté ou l’individualisme. Il récupère donc la brutalité de la réalité telle que jetée là comme univers, tout à fait extrême, extériorisé et livré à l’extériorisation, mais puisqu’il est en lui-même un rapport serré (et non pas étal comme la réalité, les particules, le temps et l’espace, etc) il intériorise, ce qui veut dire amène les réalités, dispersées, en pagaille, dans l’exiguïté de son rapport ; lequel est, lorsqu’il le veut, extrêmement strict, ce qui veut dire précis. La précision se double, par ailleurs, d’une re-Création.

Au sens où il n’est pas certain que la forme « naturelle » de la réalité soit l’universel… Mais étant détermination (et donc différenciation et ainsi séries, sériale) la réalité se contente de se déterminer et sa multiplicité contient mais, potentiellement seulement, sa formulation universelle ; il ne peut existe qu’une seule abeille, ou qu’un seul atome d’hydrogène ; ce sont des êtres statistiques. Parce que multiples. La « multiplicité » est le régime de la réalité ; ce qui est en jeu dans la réalité ça n’est pas la loi universelle mais qu’il y en ait des tas, des tas d’tomes, d’abeilles ou de mondes. Ça prolifère, et d’autant plus que la détermination est probablement, comme le néant, infinie, infiniment déterminée.

Ainsi parvient-on à délimiter que la production, par l’arc de conscience, par un rapport serré, de la représentation de la réalité, des réalités multiples, trouve son chemin selon l’universel puisque l’universel est une variation ou une duplication de la forme même du rapport ; ce qui existe en tant que selon un rapport est par-dessus les contenus de ce rapport ; ce qui non pas réduit ou relativise l’universalisé (les idées ou les systèmes d’idées) mais rend possible de rattacher l’universalisation à la structure absolue formelle ; l’intention, l’intentionnel est plus grand, plus souple, plus précis, plus articulé à la réalité et au réel que ne sont les idées. Les idées semblent toujours sujettes à caution, contradiction, erreur et soumis à l’historicité ; cela seul qui tient la route, la route du temps, de l’expérience, de l’historicité, de toutes les variations c’est l’intention ; ce qui tient l’universalisation, c’est l’intention.

Si nous ne possédions pour seul secours que la « raison » (laquelle ? Comment la circonscrire à telle ou telle version?), les multiples variantes de la rationalité (et sa précision limitée par tel ou tel champ d’objets) nous égareraient plutôt que de nous guider ; il y a, il y a eu, il y aura une autre super structure qui, elle, crée, invente, produit, élabore, instancie l’orientation du faisceau de conscience ; orientation qui ne passe pas du tout par un contenu intellectuel et complexe mais par un comportement et le relationnel humain et l’acquisition de soi par la conscience ; c’est cet encadrement qui nous situe et met en jeu l’initialisation (par dieu), l’augmentation (par la pensée, l’intensification (par le corps et le christique), l’accélération (depuis Descartes) et la concrétisation depuis la révolution ; c’est cela même qui passe via la poétique ou le roman, la perception qui n’est jamais « spontanée » mais reçue (d’une œuvre, serait-elle de très commune ou très exceptionnelle) ; ce qui se duplique d’une conscience à l’autre, c’est la position de chacune ; son lieu ontologique.

 

C’est en cela que par ex Rimbaud exige que nous soyons à sa mesure (de ce que lui-même n’a pas supporté) ou c’est ainsi que la mass médiatisation déverse partout et en chacun son regard à la fois centré (sur et par et pour le moi) et décentré (il expose super objectivement à la vue de tous, coordination d’ensemble, et de chacun, un par un, jusqu’au cœur de la psychologie et du psychique, du corps incarné par on ne sait quoi et que le corps vivant ne comprend pas, et par lequel regard-autre il souffre). Initialisation, augmentation, intensification, accélération, concrétisation sont les pièces du jeu joué via la duplication de conscience à conscience.

De là que les images qui se déversent nous regardent, puisque le moi se tient encore du sujet qu’il n’a pas actualisé pour lui-même.

Il est évidemment une progressivité interne en cette duplication ; ce qui veut dire que chacun pourra vivre selon les mises à jour générales (la révolution, les années soixante, etc) mais celui-ci ou celui-là désireront éprouver bien plus fortement et plus précisément le renouvellement qu’opère la structure, son ampleur, son interprétativité et la diversité, pluralité de ses compréhensions (puisque c’est un rapport et que le rapport ne se dit pas dans un monde, dans quelque monde que ce soit) ; vraiment se convertir, à dieu, au christique, au sujet, à la révolution, à la poésie, etc.

Dans les deux cas, le minimum requis (pour ne pas décrocher de l’activité de conscience) et le maximum envisagé il s’agit de « cela même qui est vécu » au sens de cela même qui est ex-sisté.

Littéralement on sort de soi ; on sort du moi, ou du rôle ou de l’identité ; parce que c’est toujours ce qui arrive … à tout le monde, chacun. Chacun a eu au moins une fois l’ampleur du regard absolu, de l’intention tout à fait autre ; le tomber amoureux du moi, par ex, mais ça ne se limite pas à cette expérimentation vécue, actuelle ou actuale si l’on veut, cad qui s’ex-siste tout à coup dans l’actualité d’un présent et ne préexiste pas et sans doute ne suivra pas telle quelle, un flash en somme, esthétique par ex et ce doué d’immenses variabilités, puisque le bienfait, le Bien absolu, formel, du rapport (de conscience) ne s’épuise pas ; le monde, la perception, telle œuvre ou telle personne s’épuisent mais le rapport non. Le rapport est in-fini.

Cette radicale externalité du rapport de la structure c’est le dieu un tout autre, le christ qui disparaît, le sujet qui n’est pas mais qui est certain (sa certitude est la sienne et elle sera dupliquée par chacun, même non cartésien puisque René montre ce qui existe, il ne le crée pas, il l’accélère « seulement » en l’introduisant dans le champ par des signes), la révolution qu’il faut toujours re-vouloir (mais comment ? Elle n’est pas écrite, il faut l’élaborer et l’élaborer comme civilisation, marquée par l’intention des corps eux-mêmes ; on ne force pas à être libre… il faut que chacun s’active de cette liberté, non pas par cette liberté, comme si elle était seulement la sienne, mais de la liberté comme horizon, et donc sur-objectif, ontologique, capable par exemple de l’universalisation ou des signes ou des domaines, esthétiques, etc).

Le drame est bien sur que pour chacun des mois (depuis que l’on a acquis cette capacité d’être « moi-même », depuis toujours, certes, mais représenté comme règle commune depuis les années soixante) nous voici lâchés, seuls, sans rien, et quasiment déculturés ; l’acculturation est la mise en forme culturelle, la déculturation c’est se retrouver comme corps donné là dans une identité bricolée et donc sans sujet aucun, et aucune acculturation, sinon l’image de soi du moi ; même son propre passé, les vieux films par ex, est annulé ; ce qui provoque le psychisme, l’incorporation comme enfermement dans sa seule vie vécue, plus ou moins, et non plus en son Existence, qui est une Ex-sistence de sujet ;

sinon le moi devient fou, il est fou nativement et seul son sujet pourrait le sauver, littéralement, comme le christique, qui était là pour cela, à cette fin, en quoi il est totalement étrange que ceci soit su, connu et éventuellement résolu il y a deux mille ans ; folie qui est numérotée, cataloguée depuis Freud et autres, et bien sur Lacan, qui nous livre le secret lui-même ; que le moi est représentation d’un corps coupé par le signifiant, que le moi par son imagination, fantasme, essaie de combler, remplacer, comme si il pouvait être-lui-même, enfin, mais il ne peut être qu’en ex-sistant, au-devant, comme sujet, toute son acculturation, gigantesque, celle qui le précède. Au lieu de quoi il est alourdi par le corps, cad le poids fantasmatique (qui entraîne toute son intentionnalité, tout champ de perception et d’expression vers le bas ; le poids fantasmatique du corps divisé qui cherche sa moitié si l’on veut).

Aussi est-il, le moi, sustenté par toute l’industrie qui doit, dramatiquement, le remplacer « visuellement », dans la représentation (et non dans le réel), de sorte que la représentation elle-même part en débandade, parce que ça ne tient pas ; plus il se ou est représenté, plus il se retrouve dans un monde désordonné, d’agonie mentale ou bientôt réellement agonique ; d’un monde épuisé par le délire matérialisé de l’intentionnalisation, de toute l’intentionnalisation dans un monde, mais aussi un vécu, et relationnel, et un corps ; tout est exposé ; et comme c’était impossible doué d’une moralité à peu près normale, il fallut désordonner la moralité, le rapport entre les gens ; ça n’est pas un effet industriel, sacrifiant la moralité, le rapport entre les gens et en eux-mêmes, pour vendre plus, mais d’une demande ; plus de vie vécue, plus de parties du monde, énormiser la (seule, et solitaire) réalité que l’on re-connaisse, les deux ; reconnaisse et connaisse ; toute sa reconnaissance (par quoi on existe comme personne, et plus loin et ontologiquement comme sujet) et toute la connaissance ; dont la seule mesure réelle est l’universel mais qui est dès lors incorporation ; l’incorporation est la mauvaise concrétisation ; c’est l’intentionnalité (qui se déploie par des sujets) ramenée à finalement l’affect, l’unité souffrante du corps brisé par le signifiant qui ne sait pas retrouver une unité de sujet.

Toute une partie de l’historicité manque, n’a pas eu lieu, et en tous cas n’a pas été suffisamment intégrée (elle est simplement extradée au fronton des maires ou dans les Constitutions ou l’apparence de vérité qui flotte ici et là) ; de sorte que l’unité humaine s’effectue au plus bas ou à tout le moins au plus immédiat niveau ; il eut fallu remplacer la jouissance du corps par la capacité du je.

Cela veut dire que chaque je, au lieu de trouver la possibilité intentionnelle (qui est un arc qui se tend du dieu un tout-autre au sujet existant réel) se rabat sur ce qu’il trouve (aspect bricolage de notre vie vécue, de notre monde qui est juste un enchevêtrement sans principe, sinon la rivalité ou la hiérarchisation des pouvoirs ou pour la vie personnelle un emballement, un énervement, une synthèse hâtive, un objet magique ou autres constructions idéalistes) et sur cela seul qui peut s’utiliser comme support, mesure, règle du donné-là désordonné, c’est le corps biologique. Puisqu’il n’est pas d’unité ontologique structurelle manifestée et explicite, aucune unité formelle (le citoyen lui-même est en lambeaux, le héros est égaré dans un monde ténébreux et l’humanité une concurrence brute).

L’unité est, selon le moi, limitée au corps, ce qui veut dire tordue par la version décalée et au fond torturée du corps ; les titillations du corps plie l’intentionnalité qui n’a pas pu accrocher la structure (à mesure que s’éloigne le citoyen par ex, ou le héros de récit, il succombe à la noirceur, la facilité, aux pseudo-vérités immédiates, type Houellebecq, ou l’oubli de la possibilité esthétique ou poétique, ou christique ou religieuse, et même alors on aboutira à une version mortifère de la religion, pliée vers le bas, vers le dés-ordre d’une immédiateté, ou dit autrement idiote, imbécile, réactionnaire). La version du corps du moi est celle torturée par le signifiant duquel on n’a pas su tirer la structure. Que donc, on répète, on ne tire pas le signifiant dans sa logique, mais lui suppose toujours un signifié. Le signifiant, la débauche de signifiants indique dans notre vie vécue toujours un signifié (la jouissance) qui n’existe pas, et le moi multiplie les plaisirs, afin de se tenir éloigné de la jouissance ; qui fait office de fusion imaginaire, rêvée, et qui aboutit à l’hallucination ou l’angoisse dans la réalité lorsqu’elle déborde ou que le moi ne peut la tenir à distance, la dépression étant l’afflux d’angoisse puisque l’on ne peut plus intentionnaliser, des plaisirs, et donc maintenir le moi dans le mouvement, qui s’effondre par le dedans de son intentionnalité.

Et plus généralement cet effondrement de l’intentionnalisation (sa capacité à organiser l’ensemble non seulement des flux mais jusqu’à la perception même) rend idiot ; on ne veut plus rien voir qui ne corresponde pas à l’idiotie. On ne sait plus relier les activités de conscience, et dans la coordination humaine générale, tout s’affaiblit, restreint son cercle de capacité ; les médias se ferment ou tournent en boucle.

C’est uniquement l’élaboration du signifiant comme signifiant (le formel, le structurel) qui délivre. Cela même qui n’est pas ; dieu, le christique (qui est hors-monde), la pensée, le sujet, la révolution, les domaines (esthétiques, poétiques, etc).

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