L’enlisement
La mort de l’universel
Il apparait donc que premièrement, structurellement, la règle de l’universel voulait que tout un chacun soit sanctifié
par l’universel même, lequel se définit par le partage, le partage et l’égalité.
Le partage du vrai, du bien et du beau. Egalité de tous dans la logique d’une vérité, d’une moralité ou d’une esthétique.
Laquelle avait donc pour finalité d’étendre l’expérience individuelle si limitée, et d’augmenter notre être individuel ; de sorte que chacun participe intensément à l’expérience humaine
généralisée.
Non pas générale et creuse, rouleau compresseur qui s’imposerait, mais la généralisation de la réalité telle que réelle
et effective, déterminée et relevée dans la conscience et la compréhension. Autrement l’universel en tant que concret et actif, utilisable et parcourant toute l’information et la
communication.
L’enfermement dans le moi
Le piège (nécessaire) dans lequel nous sommes tombés, fut de découvrir qu’antérieurement à l’universel, existe le libre
pur.
Dès lors chacun s’est consacré à son identité ; nécessaire en ceci qu’il doit exister des mois si l’on veut que
l’humanisation se poursuive. Il nous est depuis absolument incompréhensible que l’humanisation du monde se continue ou même se réalise et s’installe historiquement si il n’est pas de
l’individualité laquelle prend la formule de la personnalisation. Le contraire serait un monde par exemple communiste ou dictatorial (ou version soft, un étatisme étouffant) ou encore un
harassement libéral et capitaliste qui réduirait chacun soit à un homme générique (indifféremment) ou à un être donné (d’un naturalisme des besoins ou en tant que corps-langage mâtiné d’une
identité uniquement psychologique).
Et le communisme et le libéralisme naturalistes sont réalisés ; ils menacent de dévorer toujours encore à venir, comme
par le passé, ce que le libre est réellement.
La variante généralisée du libéralisme et du communisme ; le moi-même limité
Parce qu’il est clair que la variante réalisée historiquement de l’être-libre, soit donc le Moi, le moi-même, s’est en
partie effondré dans l’immédiat et donc la bêtise, voir l’ignoble.
Le libre étant de par-soi, (on n’imagine pas un être-libre qui ne le sache pas peu ou prou : en général … peu sous la
forme du moi) il se coupe de toute compréhension, de toute culture complexe, de tout partage réel, de toute intelligence véritable. Il se suffit, croit-il, à lui-même.
De sorte que voici ces pauvres moi-mêmes qui errent dans leurs obscurités sans nom, sans description, profondément
repliés et articulés sur eux-mêmes, sur leur petit monde de mois, leurs petits objets et leurs images enluminées, leurs existence limitées et sans ouverture. Ça se distrait, dirait l’autre, et ça
passe son temps comme ça peut. Et même, le comble, ils s’ennuient…
Le tombeau de toutes choses
Le partage et l’universalité n’est plus pour les mois que lettre morte, vieilles langues endolories, et se privant de
l’universalité, le degré de réflexion, de réflexivité interne à leur « intériorité » (chacun s’enorgueillit d’une « intériorité », de plus en plus pâlotte et bien loin de leurs ancêtres
romantiques enflammés ou existentialistes cracheurs de feu, une intériorité fadasse et « psychologique », un ramassé de bricolages hâtifs qui ne signifient rien que le tas de cailloux sans
signification), leur degré de réflexion est équivalent strictement à ce qui là, tout alentour, est déposé comme quantité d’objets et de signes commerciaux, de pseudo-statuts socialisés (au sens
de domestications diverses), dans le déroulement mental, exclusivement mental (et non pas intellectif), d’un cinéma intérieur (vous m’en direz tant ).
Le profit béat et stupide des moi-mêmes
La déliquescence est programmée industriellement, la déliquescence libérale ou communiste, dictatoriale ou étatiste,
naturaliste ou psychique ; la maladie mentale est elle-même assujettie, et n’offre aucune révolte, dépouillée de toute envergure ; elle est parlée et privée donc de toute signification hors
mesures, et selon diverses factions, instituées, bien en place.
Les pauvres mois sans ouvertures, portes et fenêtres closes, tournent en rond privés d’universalités et croyant que leur
être-libre suffit pour exister ; ils mécomprennent complètement ce à quoi le libre s’utilise.
Sa porte de bassesses
Posé là, comme un pot de fleur, il se tourne avec ferveur vers les immédiatetés, et se gave de toute espèce de finalités
bâtardes, de perversions, de névroses, de délires exponentialisés, de regroupement enfoncés dans la particularité (de leur classe, caste, institutions, sectaires ou corporatistes), de
hiérarchisations et de pouvoirs étouffants, mafieux jusqu’au trognon. Livré à soi seul, l’être-libre, le moi qui ne se comprend pas redescend au niveau infra-universel.
Ce faisant il perd peu à peu toute capacité réelle ; puisque le libre n’existe que dans les conditions d’universalités
qui l’attirent vers le haut d’une part, mais pas uniquement le libre est d’autre part non pas « de par soi » forteresse isolément, mais est en tant que réflexif.
Définition du moi si commun
Or le moi se définit comme ceci ; un corps-langage éventuellement doublé d’une identité psychologique (au sens fadasse).
Corps langage il est pris en charge par les domestications bien connues, (il suffit de prédéterminé son être, et puisqu’il n’est rien d’autre, ne se considère pas autrement que comme
déterminations lui-même, il saisit instantanément ce qui lui est demandé, imposé si naturellement) ; pris en charge par les industries et les étatismes divers.
Et identité psychologique on lui fournit ce en quoi il se connait immédiatement ; des images et des sons, une débauche de
miroirs qui siéent si adéquatement à sa fatuité, sa vanité, sa pauvreté (il répète son « être » indéfiniment tant il est peu en lui-même). Il n’est rien de plus éloigné de l’intellect que l’image
et le son ainsi défilant dans et par sa perception. Sa perception c’est son corps d’identité psy.
Au pire on le perfuse de divers potions, puisque son corps est son être.
La perte de son être, l’abandon dans la mort vivante agglutinée à sa proie
Ainsi le libre perd toute l’instance de son être propre ; il est écrasé puisqu’il s’est écrasé, littéralement, effondré,
aplati, et gémit dans la morbidité et la vision mortifère profondément. Le libre non assumé emploie toute sa puissance, réelle, à déchoir, irréellement.
Il est ainsi plein de son cerveau, rattrapé par la cervelle obscure ; les miasmes de sa cervelle éternelle, ignorante et
vertigineuse de facilités et de dérives sans issues, hors réel, débordent et emplissent sa conscience, noyée au plus suprêmement stupide de la cervelle, de son inconscient abominablement idiot,
bafouillant. Ce que relève ou tente d’élever la psychanalyse (Lacan essentiellement qui mérite l'admiration sans restrictions) ; en lui redonnant un peu d’ambition, en pure perte du reste ; ça se
larmoie péniblement.