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instants philosophie

Repérages

30 Juin 2018, 11:29am

Publié par pascal doyelle

La pensée grecque (l’être, l’idée, le un) : déploiement global de toute l’intentionnalisation à propos du monde en créant toutes les idées, et systèmes d’idées, requises ; comme autant d’intentionnalités possibles sur le monde ; intentionnalisations qui outrepassent le groupe humain, le langage et la mise en forme culturelle, en leur substituant l’acculturation et la ré-anthropologisation.

Le christique comme point-autre ; de là où je vous voie, je suis au-dehors et tout existe au-devant de moi ; je suis vivant et vous êtes morts ; il existe donc un point à partir duquel tout le reste apparait et ce y compris votre propre vie, votre vécu, de la naissance à la mort et c’est de ce point là que vous vous percevez vous-même. Ceci crée le sujet. Tous les sujets.

La pensée de dieu (à la fois celle de dieu et celle sur dieu, qui offre pourtant une résistance de forteresse ; il faudra Descartes pour passer par le dessous, le détour, le nouveau tour ; qui indique que ce ne sera pas par le discours métaphysique qui s’auto-régule dans la cohérence notionnelle mais par un plus grand effort qui prend appui sur le réel donné, par l’analyse du sujet planté sur l’étendue là du monde)

       Par là on s’aperçoit que si véritable saisie de dieu il est possible, ce sera non selon le discours métaphysique mais selon une architecture structurelle intentionnelle.

Le sujet cartésien ; réflexivité sur cet-être qui produit ‘de la pensée’ mais aussi toutes les facultés ou plus exactement qui rend possible que toutes les facultés se déploient via et par la structure de conscience spécifique ; le méta-originel antérieurement à la pensée, qui se révélera antérieur à la représentation, au langage, à la perception et antérieur à tout, au corps lui-même.

        Kant (conditions de développement de la pensée, soit donc retour sur les structures préalables à la pensée, puisque Descartes a délogé la réflexivité de la fixation sur la pensée) ; on s’perçoit que ce ne sera pas par la pensée que l’on aboutira au réel ; mais dans la description du projet structurel (dit transcendantal ; par lequel Kant entend tirer le sens du mouvement, et non plus les concepts comme idées, et cherche la formulation d’un méta-système de l’acte de conscience, du sujet et finalement du réel) ;

Ce que l’on va commencer de qualifier comme « sens » plutôt que « pensée de ce qui est », parait une déqualification, un pis-aller (puisque l’on ne parvient pas à globaliser l’être en une fois et une notion) mais en fait il s’agit de signifier et « signifier » cela permet de réellement correspondre au sujet auquel et auxquels on s’adresse ; un sujet ne peut pas se limiter à la pensée, encore moins à la raison (à partir du 18éme, ou à la division sujet abstrait-objet objectif) et c’est alors que l’on a expressément supposer le sens connaissable non comme notion et concept et idée mais comme signe acquis par le sujet ;

        Hegel ; historicité des déroulements de la pensée ; les deux phénoménologies, de la conscience et du savoir, puisque l’on peut regarder et analyser au-delà des seules idées, ce que Hegel montre ce sont des tactiques déployées en tous sens depuis que l’on a extrait l’acte, l’activité de saisie en conscience, indépendante de tout groupe et langage clos de groupe humain,

        Husserl ; dans les trois cas la pensée reste la finalité mais on décrit tout le préalable de la pensée, qui reste néanmoins supposée et comme horizon admis comme évident ; ce sujet lui-même dans son activité transcendantale, puis phénoménologique (des deux savoirs hégéliens) puis de phénoménologie structurelle avec Husserl, (valable pour toute activisme de conscience et non plus enroulé dans les déploiements de l’historicité)

Nietzsche et Heidegger, par là l’horizon cesse de s’imposer comme pensée ou comme universalité ; la pensée est prise dans plus grand qu’elle (que ce soit le monde des sciences, l’histoire marxiste, le corps freudien, le bonheur universel rêvé) mais cela va plus loin ; le sujet et le monde connu, le monde partagé, sont pris dans plus étrange qu’eux ; selon la Volonté (interne) mais Autre et selon le donné-là (externe) mais Autre, l’Etre noir ; tout est immergé dans l’altérité brute ontologique (de Volonté ou de l’Etre, du sujet méta-hyper qui est-autre, surhumain ou selon la supposée révélante version de l’être de H, selon l’inhumain)

Sartre et Lacan ; démontage du sujet (de structure, celui qui existe en deçà de la pensée et de la représentation, de la communauté et des autres) du sujet in vivo ; puisque tout le reste est exposé mentalement, manifesté perceptivement, objectivé, épuisé historiquement (Kant, Hegel et Husserl ont tout exposé) et au sens où on est parvenu à la racine de structure : l’articulation conscience/corps, forme/contenu, réel/réalités ; soit donc le sujet (formel, de structure, non d’identité) immergé dans l’altérité brute ontologique.

Bien plus approfondi que le sujet kantien, celui hégélien ou celui cartésien ; pour Sartre et Lacan il s’agit d’exposer le réel de structure.

Si N et H s’immergent dans l’altérité (en la supposant par principe) c’est tout à fait comme Sartre et Lacan qui supposent le réel, soit l’horrible réel-autre sartrien, l’existence, soit le point-aveugle qui ne fonctionne pas et n’entre en aucun discours, lacanien (qui n’entre en aucun discours et dans quelque monde ou moi ou représentation que ce soit et qui est même autre que l’inconscient).

Ces derniers développements (N et H, S et L) ne positionnent plus notre être dans l’espace mental de l’être, ou de l’être pensé, ou l’être de dieu, mais reprennent fondamentalement la définition sous-entendue de Descartes de l’être comme étendue ; pour Descartes il apparait, en pleine lumière tout à coup,  notre être en sa structure, planté « là » sur l’étendue du monde ; laquelle étendue n’est absolument plus accessible par la pensée (grecque, scolastique, des idées, des essences, des qualités ni même) mais par les mathématiques ; la pensée n’est pas, n’est plus la loi interne, l’essence du monde donné-là, du « là » étendu indéfiniment au-devant et en lequel nous sommes ; c’est en ceci que Kant cartographie la nouvelle perspective et délimite le monde et le sensible, et que Hegel ne reconstruit pas la pensée-en-soi mais expose les deux phénoménologies (du devenir de l’activité de conscience et du déroulement de l’activité en esprit, parcourant l’ensemble, plus ou moins exhaustif, des intentionnalisations possibles).

Autrement dit la mise en perspective de notre-être dans-l’être c’est ce qui se jouait déjà bien avant N et H / S et L, ce qui se jouait depuis Descartes (la « chose pensante » pour Descartes n’obtient aucune unité, puisque la « pensée » est indistinctement « les facultés » pour Descartes et le rapport instantanément établi avec dieu, avec le dit in-fini manifeste cette altérité ici même ; ici même il existe un être qui possède la rupture ontologique absolue, formelle, et ponctuelle), et ce qui se déploie ensuite comme la Volonté-autre de Nietzsche ou en tant qu’Etre-autre de Heidegger, mais plus réellement et plus froidement par l’analytique de notre-être dans le monde de Sartre (et parmi les autres et au cours de l’historicité et dans le monde donné) et de notre-être dans un corps de Lacan (et ce qui devient ce qu’est effectivement notre être « intérieur » qui n’a plus de fait d’intériorité mais une construction interne ; l’interne de la structure de même que le donné là est l’externe de structure).

Donc le glissement général n’est nullement d’une moindre ambition mais une bien plus grande observation du réel tel qu’il existe en cours d’attention et dont chacun témoigne ; chacun en témoigne parce que bien au-delà des différences de contenus de conscience, il n’en est qu’une seule forme ; la même. Soit on s’attache à cette forme et son unité (laquelle n’est pas substantielle ou objective mais est un rapport, en lequel tous les rapports se présentent, également les rapports objectifs). Soit on repère cette forme dans le « là » en lequel elle existe. Soit l’interne, soit l’externe : mais en vérité l’interne et l’externe dessinent toute la vue, tout l’horizon, qui n'étant plus de la pensée, est du réel.

Une plus grande attention portée à l’attention elle-même, à la structure de conscience telle qu’articulée au réel ; et, outre les descriptions techniques et philosophiques et objectives et hyper-objectives de cette articulation, une attention portée sur le sens de cet engagement, de cette conversion, de ce basculement, de cette virtualité constamment présente (dans les innombrables affects spéciaux, de la beauté grecque à l’angoisse en passant par les extases).

Ce qui « est » peut être supposément contemplé, mais ce qui existe doit être investi et plus on s’y investira de toute la puissance nécessaire (cad de toute la potentialité) plus la structure d’exister apparaitra.

Et plus on atteindra au néant, plus la structure-même nous envahira : la racine de l’exister, de la structure prendra pied dans ce néant, puisque le néant (n’ayant rien à y opposer) existe tout autant que l’être et dans « ce qui est » (généralement) le réel agit au dedans du néant. Rassemblant tout. De là) qu’il faudra débrouiller tout ce néant dont on fit grand cas.

Et si on a quitté l’horizon de l’être, de la pensée, de la raison même et de l’universel (de même que Nietzsche et Heidegger, dans leur mésinterprétation, abominent la démocratie ou l’humanisme, le sujet ou la liberté), c’est afin d’aborder à un autre rivage bien plus étrange ; si la pensée ou la raison (les grecs ou les postcartésiens, qui ne gardent de Descartes que le sujet rendu abstrait supposant un objet ou de Kant que les impossibilités sans voir que Kant lui-même entendait créer le premier grand système structurel du sujet), si la pensée ou la raison ne constituent plus l’horizon, ou que l’être ne relève plus de la pensée, c’est que le réel tel que donné là est lui-même la finalité ; et que ce réel étant le présent, cad une articulation absolue, le réel consiste non en ce copier-coller que prétendait être la pensée ou la raison, mais que le réel consiste en l’invention et la création ; littéralement. Ce qui veut dire que ce qui à chaque fois est venu n’était pas du tout attendu.

Jamais nulle part le même ne se répète (le un est non pas la réunion ou l’unité mais est l’altérité dispersée en tous les sens possibles, est le possible même). Et la liberté ne consiste pas dans le choix entre ceci ou cela, mais dans l’invention des autres possibilités ; la liberté est de créer et dans une moindre mesure d’inventer. Ainsi ayant créé la possibilité absolument inattendue de la révolution, et du statut individuel (de citoyen), chacun put commencer de s’inventer ; n'importe quel moi est une invention (ce qui ne s’est décidé et démocratisé qu’au cours des années soixante du 20éme). Les réalisations mettent du temps. Les poétiques (Baudelaire, Rimbaud) et les récits préfigurant ce qui ensuite put se démocratiser.

On restera cependant totalement bouleversé, ébahi et éberlué de comprendre que le segment liberté-égalité-fraternité est l’application historique de ce que le christique avait entamé ; de où le christique a-t-il pu prendre cette connaissance, cette prescience de ce qui viendrait dans les siècles ? Ceci est la véritable question, absolue, absolument technique et poussant l’investigation dans les plis et replis du réel, les plis et replis de la structure même du réel telle qu’elle nous est abordable ici même. Puisque le possible et l’inattendu et l’impossible sont précisément « cela qui n’est pas », soit donc l’exister qui décidait de tout le reste ; ce qui n'est pas, ce qui n’appartient pas au monde est ce qui décide du monde, de l’humain, de la détermination.

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Tissage

23 Juin 2018, 08:49am

Publié par pascal doyelle

Réel/réalités

On dira donc que la forme de la réalité consiste en ce réel, dont il est inutile de se demander « ce que » il est, puisqu’il n’est pas et qu’il Existe et il existe en tant que présent ; le présent qui est le bord du monde (de même que l’arc de conscience est devenu le bord du corps, du champ perceptif) le présent est la forme de la réalité et c’est cette forme, c’est le présent qui seul existe ; tout le reste est, et l’être est relatif au présent, ce qui signifie à l’exister.

Qu’est-ce que cela implique ?

Que de « réalité » qui serait une, cela n’a aucun sens de la supposer telle ; il n’existe pas une réalité mais une quantité (considérable) de réalités et probablement en nombre infini (suivant le principe que le réel est plus grand que lui-même, sans lequel principe on ne voit pas en quoi un « réel » trouverait quelque utilité que ce soit ; c’est afin d’être plus grand que lui-même qu’il existe un réel et que dans l’infini des réalités se créent des infinis, de nature tout à fait différente). Il n’est donc aucun concept ou réel ou réalité qui synthétiserait en une fois concentrée pour ainsi dire toutes les réalités en une seule ; ou si l’on préfère il n’existe aucune réalité qui résume les réalités ; l’idée même en est absurde et dépourvue de possibilité. Les réalités sont les réalités ; cette dispersion.

Un/altérité

Il y a une « réalité » parce qu’il y a une dispersion ; ce qui revient à dire que la réalité est sous l’empire logique de l’altérité ; l’altérité consiste à distinguer ; et non pas à étendre le n’importe quoi ; l’idée même du n’importe quoi n’a aucun sens ; ce qui est, est déterminé et déterminé implique que chaque chose soit distincte par une différenciation ; non seulement la distinction en esprit, dans la pensée, et l’identité des notions, mais la différenciation spatio-temporelle de la réalité donnée, et jusqu’à ces soubresauts glissant presque vers l’indistinction des particules ou des vibrations, sans jamais parvenir à l’indistinction complète).

Que la réalité atteigne la différenciation par la statistique et la spatialité qui se démultiplie dans la temporalité n’est pas indifférent ; s’il existait une seule fixité dans la réalité, jamais il n’y aurait eu de réalité ; c’est dans le flottement ni tout à fait indéterminé ni éternellement déterminée qu’il en existe une. Et donc c’est un mouvement.

Pensée/mouvement

En tant que le mouvement est le présent et le présent est le rapport.

La pensée que le un soit l’altérité veut dire que ce qui doit être pensé c’est le mouvement. Que le mouvement est une structure ; puisqu’il est un rapport. Et nous voici alors engagé en ce processus qui est pour nous, pour la pensée (qui n’est pas la raison, qui ne peut se définir comme sujet vis-à-vis d’un objet), qui est pour nous un procédé ; qu’a tenté de stabiliser Hegel ; que si le réel est le présent et le présent un rapport, alors il ne tient nullement d’un côté ou de l’autre côté, figés l’un et l’autre ou l’un ou l’autre, mais dans le rapport seul et c’est ce que veut signifier le présent.

C’est pour cela qu’il faut s’y confier. Ou s’y convertir, comme l’on veut. Ne pas s’y convertir ou s’y confier c’est se tenir d’un côté, fixé. On ne peut pas le saisir, on en est saisi. Et c’est ainsi que le réel est plus grand que lui-même.

On ne peut que tomber dans le monde ; puisqu’il n’existe que de la détermination, sauf le Bord. Le Bord de cette détermination : c’est ce qui n’est pas qui seul compte réellement et bien que l’on ne puisse pas commencer d‘envisager la dimension de ce réel, c’est à partir de lui que l’on définit, que l’on veut, que l’on désire, que l’on imagine, que l’on intentionnalise ; la philosophie a consisté justement à extraire petit à petit ce bord par lequel seul il nous est possible de signifier (et donc pas seulement à partir du langage : le langage dépend de cette structure actualisée au présent, les signes signifient pour un arc structurel de conscience ; croire que le langage créerait l’acte de conscience est absurde).

La philosophie a consisté à constamment re / tourné l’articulation et cette contorsion de la structure est le fait exclusif et fondamental de cette technologie qu’est la philosophie en tant qu’elle est la discipline qui se charge d’explorer la rupture dans le monde, dans la détermination, la brisure qui transperce l’humain autour de la méditerranée lorsque tout monde clos communautaire est abandonné et que chacun ne retrouve que son corps (christique et surdivin) planté sur le monde (grec).

Et comme il s’agit du Bord (et non d’un être déterminé même déterminé comme universalités ou comme esprit ou comme pensée), et puisque c’est à partir de ce Bord que l’on pense (entre toutes les autres possibilités et capacités que cette articulation ouvre, rend possible) ce que l’on voit, ce que l’on perçoit en lisant, suivant les signes de un tel ou tel autre, c’est la monstration du Bord lui-même ; on doit tenir la position de Plotin ou du christique (St Paul par ex) ou de Descartes ; de telle sorte que par cette position nous percevions si étrangement en l’existant ; en l’ex-sistant. 

Sitôt que l’on s’embarque dans une fixité quelconque, voila bien le problème ; qu’elle soit toujours quelconque (par rapport au rapport qui lui est toujours plus grand, cad autre). Cette fixité s’embrouillera elle-même ; ce qui est pur et brut voire brutal mouvement ne peut pas se restreindre. Et de s’enferrer dans une identité, à moins d’être rusé (mais d’une ruse étrange, voire étrangère), et de s’y enfermer elle le sait. Elle s’embrouillera parce qu’elle investira toujours plus dans sa rêverie (d’être) plutôt que se supposer comme autre que sa manifestation. Et pourtant rien dans la manifestation ne parvient à remonter jusqu’au Bord qui seul existe.

L’accumulation

Aussi faut-il lire les esthétiques ou les récits ou les philosophies comme propédeutiques, explorations, devenirs sur le Bord. Non pas en ceci par quoi on décrirait extérieurement ou objectivement ou démonstrativement la sinuosité du réel dans la réalité, mais par cela que la sinuosité du Bord est la lecture, est le texte lui-même, qui ex-siste, fait ex-sister ce Bord et c’est uniquement en se coulant dans la formulation (telle œuvre, telle philosophie) que l’on aborde le réel ; il apparait par là que l’atteinte du Bord s’effectue compte-tenu de toute l’accumulation ; de même que jadis tous naissaient dans et par une mise en forme culturelle essentielle, partagée, parlée, entre tous, que l’on percevait le monde naturellement selon cette mise en forme, que l’on pensait maya étant né maya, de même puisque l’on existe depuis la méditerranée dans la réflexion, la séparation de chacun et de tous, de la représentation et du monde, du corps et de tout le donné, de soi et de soi-même, pareillement il est requis et impératif d’en supporter la difficulté et d’intégrer toutes les différenciations et distinctions accumulées.

La non-accumulation

Dans le même temps il y eut cette mirifique extension et intensification soudaine : que tout arc de conscience, séparé, et non plus occupé par un monde humain et une communauté, chaque arc donc est instantanément (et non plus immédiatement dans un monde immédiatement partagé), est instantanément arcbouté au réel même ; dans cette évidence structurelle maniant infiniment la distinctivité ; ça vient à Socrate comme ça vient au Christ : non seulement d’être immédiatement percevant ce monde et par ce corps, mais d’être saisi par la structure, nue et non recouverte par quelque monde humain que ce soit ; c’est cette évidence massive du donné tel que là qui alimentera toutes les esthétiques, éthiques, politiques, idéels et acculturation diverses.  On n’est plus lié à un contenu, non seulement on peut produire, créer des contenus par soi-même (ce qui ne manqua pas) mais de plus on atteint directement l’insatisfaction réelle de but en blanc (l’insatisfaction externe des grecs par le Un ou l’être ou l’idée, mais aussi l’insatisfaction mise au jour par le christique quant à la vie d’absolument chacun) et lorsque se montre la fine schématisation du réel pur et brut ; et l’on perçoit selon le point du christ ou de Nietzsche ou des idées ou de Rimbaud, aveuglément.

Le retour de la vision

Par exemple, le plus criant ; on a cru que Descartes figeait le sujet (alors que le sujet pensant, il ne sait pas ce que c’est ; il le dit ; pour René la « pensée » est un ensemble mouvant, qui inclut quasiment toutes nos facultés et ne tient que le court instant, instant, durant lequel elle dit qu’elle existe, on ne sait pas même si elle existe encore sitôt l’ayant annoncée, cette existence), et bien le sujet cartésien n’est monobloc que lu de l’extérieur, par la raison objectivant ce qu’elle lit, qui fige ce qu’elle regarde et croit que René congelait ce qu’il prononçait ; de même on jugeait des Idées comme double monde, alors que justement les idées s’utilisaient afin de créer dans le monde donné la lecture possible et que seules les idées rendaient possibles et donc elles portaient bien toute la richesse et la vie du monde, sans lesquelles celui-ci retombait au mieux dans le langage commun et cessait la pensée, soit donc l’augmentation intentionnelle de tout ce qui est, en attendant l’intensification christique.

La volonté obsessionnelle, le désir marqué (sexué par ex), l’a priori abstrait qui fixeraient l’autre, le un, rend impossible que cet autre agisse ; tout ce qui est défini retourne, à rebours, vers le passé, vers le bas, la bassesse, dans la fixité idéologique ; le contraire de ce que le un et l’autre vont chercher dans l’inapparent présent.

C’est pourquoi le christique agit ou que la révolution réussit et réussit, rend réel cela même qui devient tellement évident que l’historicité est déjà devenue-autre sans que l’on s’en aperçoit ; ils renvoient non à un contenu qui définirait le réel par un morceau de réalité (le communisme ne peut pas remplacer la dialectique individuelle infinie par l’homme générique, le désir par le besoin, la liberté par l’égalité, pareillement on ne peut pas annuler l’égalité par la supposition abstraite de la seule liberté ; ni les églises ne peuvent éteindre la foudre du christique ; ni les massmédiatisations annuler l’image réelle agissante), mais ils renvoient à chaqu’un, chaque arc comme retournement de toute réalité par le réel autre en elle ; de même la pensée, grecque, qui est universelle (et ignore le sujet in-fini) renvoie à l’activité de penser, de chacun. Chacun doit se hausser au niveau de la pensée. Ou chacun doit s’élever christiquement hors de sa propre vie. Et Nietzsche prenant conscience de l’affirmation absolue de l’autre (sous la forme de l’autre Volonté) s’élève hors de soi et impose une ontologie (dans un monde profondément rationalisé, humanisé, psychologisé, objectivé, trop réaliste et trop abstrait, impose l’ontologique dans un monde niant toute ontologie).

C’est en ceci que la vérité est toujours autre que les quelques contenus dont on dispose mentalement, subjectivement, ou selon la masse enregistrée, et en ceci que même les objectivités (tout à fait raisonnables) sont absorbées par une stratégie bien plus vaste et font office de symptômes. Toutes nos objectivités, nos images, nos mois sont des symptômes, sauf que n’ayant pas réussi à mener cette stratégie, ils seront ceux de notre renonciation (et de notre perte).  

Parce que cela vient du Bord et que le Bord n’est pas dedans. (Et que le Bord continue, tisse le stratégique ; il le tisse signifie qu’il n’en est pas le contenu caché mais le métier à tisser lui-même qui trace les trajectoires selon qu’elles s’y abandonnent ou y résistent, et si elles résistent à cet abandon, elles tombent dans le monde, le passé ou l’abaissement).

Il est le Bord du monde, du donné, du vécu, du corps, du moi, de la perception. Ce qui revient à dire que le réel, le présent est ce qui n’est pas mais ce qui existe ; le Bord est le réel lui-même ; ça n’est pas quelque chose d’une part qui est en mouvement d’autre part ; c’est le mouvement qui génère (on ne sait comment dire) tout quelque chose ; et donc tout quelque chose est seulement (si l’on peut dire) l’effet (et donc la continuité) du mouvement. Le Bord, le présent est le métier à tisser et toutes les réalités (et les réalisations humains) s’opèrent de sa structure même.

Qui n’est pas un contenu (c’est ce qui est difficile à comprendre ; ça n’est pas un contenu qui, ensuite, deviendrait des réalités, c’est un réel, une forme, qui génère des réalités ; c’est le Rapport qui crée des quantités de rapports que sont les réalités).

Ou, dit autrement, le mouvement est ce qui se rend de plus en plus subtil (ou si l’on préfère distinct, séparé, divisé, élaboré puisque l’élaboration revient à la distinctivité) et qui passe (pour illustrer) de la lourde énergie (peu distincte) ou de la matière (épaisse) à une élaboration atomique. Et de l’atomique au vivant. Et que les êtres dits humains nommaient élévation, lorsqu’ils se grandissaient ; élévation à partir de la vérité partagée dans et par un groupe, une communauté (qui crée ce faisant la culture, la mise en forme culturelle et localisée, territorialisée, du donné et des corps) et de cette vérité commune à, vers, par la vérité surexistante, surdivine,  réalisée dans non plus un monde local mais le monde donné « là » (l’être) des grecs puis selon le corps créé ici et maintenant du christique, qui discerne individuellement les sujets et par sujet il faudra à terme entendre une structure complexe et réfléchie articulée sur l’actualité du réel (et non sur une représentation ; ce qui veut dire, en somme, que lorsque la poésie ou les esthétiques ou les éthiques et politiques s’organisent, tous ces domaines signifient vers et par une individualité de sujet, c’est la perception de ce sujet qui le crée ; ces domaines ne sont pas perceptibles autrement que par des sujets élaborés.

Aussi lorsque la société humaine depuis deux siècles a commencé de produire sa propre interface, sa propre mise en forme culturelle naturaliste ou réaliste ou humanisée ou psychologisée, elle a déchu et s’est effondrée d’un niveau ; elle a pris comme donné ce qui était construit et a interrompu la construction en se considérant comme si naturellement, si rationnellement existante, d’un plan étal et non plus de réflexion et d’ontologique.

C’est bien de ceci qu’il fallut créer ses propres médias ; cinéma et musique mondialisée séparés, et télévision qui fut l’apogée de cette représentation auto-normée et dont une partie du contenu consistait précisément à nier et déconstruire l’ancienne acculturation généralisée (qui, elle, entendait élevait les individus au statut de sujet de structure) ; le résultat  ne s’est pas fait attendre ; il n’y eut plus que de pauvres mois déprimés et une mise en forme culturelle qui leur réassignait continuellement et toujours et encore les mêmes images écœurantes. Par injonctions.  

Et on a vu que l’on est assujetti à la vérité, cad au réel (en ce sens que c’est par là que l’on existe comme sujet, comme cette élaboration de sujet, comme rapport et mouvement) et le moi, tout fagoté qu’il soit, est lui-même sous la loi de la vérité (bien qu’il n’en croit plus un mot) ; aussi le monde et le vécu ne tarderont pas d’être perçus cruellement par le moi lui-même et malgré qu’il en ait. Il se trouvera, s’est découvert ridicule et impuissant, et souvent horrible.

Et cette vérité lui apparaitra fondamentalement non plus selon l’idéel de jadis et la loi ou la culpabilité (de n’être pas universel) mais selon la réalité même, dans le monde, dans et par son corps, dans son vécu tel quel, son pauvre moi sans sujet pour le structuré, pour le supporter, en tous les sens du terme. Et ça apparaitra dans le vécu (et non plus comme culpabilité universelle) parce que tout moi est déjà dans l’universel et que ça le prend, le structurel, de plus loin que l’universel, ça le prend dans la masse du corps et de sa propre vie. On a réalisé l’horizon universel, par la révolution, et on a initié la personnalisation dans cette humanisation fondée en et par l’universel, mais le monde que l’on a ordonné a cessé d’obéir au structurel ; ça n’est plus le sujet qui s’est créé mais le moi qui ne se tient que du corps et c’est l’idéologie du corps, l’économisme, qui a occupé tout l’horizon possible. L’économisme veille à la satisfaction, à la béatitude du corps ; lequel et laquelle peuvent s’observer du dehors, de l’extérieur, comme toutes ces images, ces images de bonheur, de réalisation de soi et de sa propre vie. Et si tout cela est bel et bon, c’est aussi mille tonnes de mensonges et un écrasement, qui ne sera libératoire que pour quelques uns ; les autres en étoufferont.

Dès lors tout est jeté hors de soi ; ce qu’il faut comprendre comme « le regard est jeté hors de soi » ; il n’est plus le regard qu’il est parce ses objets le téléportent hors de son schéma ontologique ; qui veut que le regard ne s’appartient pas. Le regard jeté hors de soi tombe dans ses objets, mais le regard qui se sait comprend que le regard le regarde lui-même ; il est autre en nous, en chacun il est un autre, le point par lequel s’ex-siste l’exister et cet exister rend possible que chaque un ne dépend de rien. « Il est regardé et cela se nomme monde, réalité, univers ».

Ce qui est annulé et aboli c’est la verticalité du sujet, ce qui veut dire  sa négation (comme lorsque la pensée au milieu de toute situation sociale parait telle une exhibition malsaine et que toute référence à une intériorité métaphysique, ontologique, religieuse, mystique, ou quelque position au-delà du moi cloué à ce monde semble une indécence honteuse).

Le moi est alors cet être qui croit qu’il n’est pas vu alors que tout ce qui l’occupe est un champ de perception qui l’extériorise continuellement et le déporte hors de lui-même ; un moi n’est que cela et l’impossibilité de composer avec une altérité ou avec le un. C’est par là qu’il est tétanisé par le regard de dieu ou de la pensée (et de l’être) ou de l’universel et désire tant ne demeurer qu’avec lui seul ; il ne s’aperçoit pas que cet être-seul le livre précisément au regard des autres, à l’objectivité, au monde (les objectivités sont des discours tenus par des autres, qui clouent sur place votre regard). Verticalité du sujet veut dire : je ne m’appartiens pas, j’appartiens à ce qui n’appartient à rien ni à personne, à l’inapparence du possible ; ce qui se tient en réserve et pur et brut virtuel de tout ce qui est et se nomme le présent qui vient au-devant.

De la petitesse

Soit donc la réduction aberrante du sujet au moi imbécile et l’incapacité de structure pour une telle psychologie de passer outre la réalité et de s’aligner sur le seul horizon qui soit : le réel. Puisque manifestement depuis longtemps maintenant nous nous sommes rendus indépendants des nécessités … les nécessités, les raretés, les difficultés naturelles ne peuvent plus en aucun cas servir de prétexte à la négligence et à la faiblesse ; ce sont et ce ne sont plus que nos qualités jadis stipulées morales qui dés lors nous jugent ; et débarrassés de toute nécessité nous ne sommes capables que de réinstaller de pseudo contraintes qui nous dispensent de nous maitriser et réguler.

De nous maitriser et réguler ce qui veut dire et suppose ; de penser le statut exact de notre être (qui n’est pas un être, contrairement à la caricature réaliste, naturaliste, rationaliste, psychologisée, qui sont également par ailleurs des caractérisations intéressantes) et qui n’est pas un double monde, double moi, esprit, âme, mais qui est l’articulation surpuissante n’est pas du monde, du vécu ou du corps ; le « ce que vous ne réaliserez jamais, mais que vous existez ». De dresser non pas un objet de volonté (ce qui répéterait l’égarement) ou de désir mais de cartographier l’intentionnalisation ; dans l’architecture de l’intentionnalité et l’architexture (du corps) des objets et des volontés et désirs. C’est sur cette voie que Sartre et Lacan avancent.

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Tissage

23 Juin 2018, 08:39am

Publié par pascal doyelle

Réel/réalités

On dira donc que la forme de la réalité consiste en ce réel, dont il est inutile de se demander « ce que » il est, puisqu’il n’est pas et qu’il Existe et il existe en tant que présent ; le présent qui est le bord du monde (de même que l’arc de conscience est devenu le bord du corps, du champ perceptif) le présent est la forme de la réalité et c’est cette forme, c’est le présent qui seul existe ; tout le reste est, et l’être est relatif au présent, ce qui signifie à l’exister.

Qu’est-ce que cela implique ?

Que de « réalité » qui serait une, cela n’a aucun sens de la supposer telle ; il n’existe pas une réalité mais une quantité (considérable) de réalités et probablement en nombre infini (suivant le principe que le réel est plus grand que lui-même, sans lequel principe on ne voit pas en quoi un « réel » trouverait quelque utilité que ce soit ; c’est afin d’être plus grand que lui-même qu’il existe un réel et que dans l’infini des réalités se créent des infinis, de nature tout à fait différente). Il n’est donc aucun concept ou réel ou réalité qui synthétiserait en une fois concentrée pour ainsi dire toutes les réalités en une seule ; ou si l’on préfère il n’existe aucune réalité qui résume les réalités ; l’idée même en est absurde et dépourvue de possibilité. Les réalités sont les réalités ; cette dispersion.

Un/altérité

Il y a une « réalité » parce qu’il y a une dispersion ; ce qui revient à dire que la réalité est sous l’empire logique de l’altérité ; l’altérité consiste à distinguer ; et non pas à étendre le n’importe quoi ; l’idée même du n’importe quoi n’a aucun sens ; ce qui est, est déterminé et déterminé implique que chaque chose soit distincte par une différenciation ; non seulement la distinction en esprit, dans la pensée, et l’identité des notions, mais la différenciation spatio-temporelle de la réalité donnée, et jusqu’à ces soubresauts glissant presque vers l’indistinction des particules ou des vibrations, sans jamais parvenir à l’indistinction complète).

Que la réalité atteigne la différenciation par la statistique et la spatialité qui se démultiplie dans la temporalité n’est pas indifférent ; s’il existait une seule fixité dans la réalité, jamais il n’y aurait eu de réalité ; c’est dans le flottement ni tout à fait indéterminé ni éternellement déterminée qu’il en existe une. Et donc c’est un mouvement.

Pensée/mouvement

En tant que le mouvement est le présent et le présent est le rapport.

La pensée que le un soit l’altérité veut dire que ce qui doit être pensé c’est le mouvement. Que le mouvement est une structure ; puisqu’il est un rapport. Et nous voici alors engagé en ce processus qui est pour nous, pour la pensée (qui n’est pas la raison, qui ne peut se définir comme sujet vis-à-vis d’un objet), qui est pour nous un procédé ; qu’a tenté de stabiliser Hegel ; que si le réel est le présent et le présent un rapport, alors il ne tient nullement d’un côté ou de l’autre côté, figés l’un et l’autre ou l’un ou l’autre, mais dans le rapport seul et c’est ce que veut signifier le présent.

C’est pour cela qu’il faut s’y confier. Ou s’y convertir, comme l’on veut. Ne pas s’y convertir ou s’y confier c’est se tenir d’un côté, fixé. On ne peut pas le saisir, on en est saisi. Et c’est ainsi que le réel est plus grand que lui-même.

On ne peut que tomber dans le monde ; puisqu’il n’existe que de la détermination, sauf le Bord. Le Bord de cette détermination : c’est ce qui n’est pas qui seul compte réellement et bien que l’on ne puisse pas commencer d‘envisager la dimension de ce réel, c’est à partir de lui que l’on définit, que l’on veut, que l’on désire, que l’on imagine, que l’on intentionnalise ; la philosophie a consisté justement à extraire petit à petit ce bord par lequel seul il nous est possible de signifier (et donc pas seulement à partir du langage : le langage dépend de cette structure actualisée au présent, les signes signifient pour un arc structurel de conscience ; croire que le langage créerait l’acte de conscience est absurde).

La philosophie a consisté à constamment re / tourné l’articulation et cette contorsion de la structure est le fait exclusif et fondamental de cette technologie qu’est la philosophie en tant qu’elle est la discipline qui se charge d’explorer la rupture dans le monde, dans la détermination, la brisure qui transperce l’humain autour de la méditerranée lorsque tout monde clos communautaire est abandonné et que chacun ne retrouve que son corps (christique et surdivin) planté sur le monde (grec).

Et comme il s’agit du Bord (et non d’un être déterminé même déterminé comme universalités ou comme esprit ou comme pensée), et puisque c’est à partir de ce Bord que l’on pense (entre toutes les autres possibilités et capacités que cette articulation ouvre, rend possible) ce que l’on voit, ce que l’on perçoit en lisant, suivant les signes de un tel ou tel autre, c’est la monstration du Bord lui-même ; on doit tenir la position de Plotin ou du christique (St Paul par ex) ou de Descartes ; de telle sorte que par cette position nous percevions si étrangement en l’existant ; en l’ex-sistant. 

Sitôt que l’on s’embarque dans une fixité quelconque, voila bien le problème ; qu’elle soit toujours quelconque (par rapport au rapport qui lui est toujours plus grand, cad autre). Cette fixité s’embrouillera elle-même ; ce qui est pur et brut voire brutal mouvement ne peut pas se restreindre. Et de s’enferrer dans une identité, à moins d’être rusé (mais d’une ruse étrange, voire étrangère), et de s’y enfermer elle le sait. Elle s’embrouillera parce qu’elle investira toujours plus dans sa rêverie (d’être) plutôt que se supposer comme autre que sa manifestation. Et pourtant rien dans la manifestation ne parvient à remonter jusqu’au Bord qui seul existe.

L’accumulation

Aussi faut-il lire les esthétiques ou les récits ou les philosophies comme propédeutiques, explorations, devenirs sur le Bord. Non pas en ceci par quoi on décrirait extérieurement ou objectivement ou démonstrativement la sinuosité du réel dans la réalité, mais par cela que la sinuosité du Bord est la lecture, est le texte lui-même, qui ex-siste, fait ex-sister ce Bord et c’est uniquement en se coulant dans la formulation (telle œuvre, telle philosophie) que l’on aborde le réel ; il apparait par là que l’atteinte du Bord s’effectue compte-tenu de toute l’accumulation ; de même que jadis tous naissaient dans et par une mise en forme culturelle essentielle, partagée, parlée, entre tous, que l’on percevait le monde naturellement selon cette mise en forme, que l’on pensait maya étant né maya, de même puisque l’on existe depuis la méditerranée dans la réflexion, la séparation de chacun et de tous, de la représentation et du monde, du corps et de tout le donné, de soi et de soi-même, pareillement il est requis et impératif d’en supporter la difficulté et d’intégrer toutes les différenciations et distinctions accumulées.

La non-accumulation

Dans le même temps il y eut cette mirifique extension et intensification soudaine : que tout arc de conscience, séparé, et non plus occupé par un monde humain et une communauté, chaque arc donc est instantanément (et non plus immédiatement dans un monde immédiatement partagé), est instantanément arcbouté au réel même ; dans cette évidence structurelle maniant infiniment la distinctivité ; ça vient à Socrate comme ça vient au Christ : non seulement d’être immédiatement percevant ce monde et par ce corps, mais d’être saisi par la structure, nue et non recouverte par quelque monde humain que ce soit ; c’est cette évidence massive du donné tel que là qui alimentera toutes les esthétiques, éthiques, politiques, idéels et acculturation diverses.  On n’est plus lié à un contenu, non seulement on peut produire, créer des contenus par soi-même (ce qui ne manqua pas) mais de plus on atteint directement l’insatisfaction réelle de but en blanc (l’insatisfaction externe des grecs par le Un ou l’être ou l’idée, mais aussi l’insatisfaction mise au jour par le christique quant à la vie d’absolument chacun) et lorsque se montre la fine schématisation du réel pur et brut ; et l’on perçoit selon le point du christ ou de Nietzsche ou des idées ou de Rimbaud, aveuglément.

Le retour de la vision

Par exemple, le plus criant ; on a cru que Descartes figeait le sujet (alors que le sujet pensant, il ne sait pas ce que c’est ; il le dit ; pour René la « pensée » est un ensemble mouvant, qui inclut quasiment toutes nos facultés et ne tient que le court instant, instant, durant lequel elle dit qu’elle existe, on ne sait pas même si elle existe encore sitôt l’ayant annoncée, cette existence), et bien le sujet cartésien n’est monobloc que lu de l’extérieur, par la raison objectivant ce qu’elle lit, qui fige ce qu’elle regarde et croit que René congelait ce qu’il prononçait ; de même on jugeait des Idées comme double monde, alors que justement les idées s’utilisaient afin de créer dans le monde donné la lecture possible et que seules les idées rendaient possibles et donc elles portaient bien toute la richesse et la vie du monde, sans lesquelles celui-ci retombait au mieux dans le langage commun et cessait la pensée, soit donc l’augmentation intentionnelle de tout ce qui est, en attendant l’intensification christique.

La volonté obsessionnelle, le désir marqué (sexué par ex), l’a priori abstrait qui fixeraient l’autre, le un, rend impossible que cet autre agisse ; tout ce qui est défini retourne, à rebours, vers le passé, vers le bas, la bassesse, dans la fixité idéologique ; le contraire de ce que le un et l’autre vont chercher dans l’inapparent présent.

C’est pourquoi le christique agit ou que la révolution réussit et réussit, rend réel cela même qui devient tellement évident que l’historicité est déjà devenue-autre sans que l’on s’en aperçoit ; ils renvoient non à un contenu qui définirait le réel par un morceau de réalité (le communisme ne peut pas remplacer la dialectique individuelle infinie par l’homme générique, le désir par le besoin, la liberté par l’égalité, pareillement on ne peut pas annuler l’égalité par la supposition abstraite de la seule liberté ; ni les églises ne peuvent éteindre la foudre du christique ; ni les massmédiatisations annuler l’image réelle agissante), mais ils renvoient à chaqu’un, chaque arc comme retournement de toute réalité par le réel autre en elle ; de même la pensée, grecque, qui est universelle (et ignore le sujet in-fini) renvoie à l’activité de penser, de chacun. Chacun doit se hausser au niveau de la pensée. Ou chacun doit s’élever christiquement hors de sa propre vie. Et Nietzsche prenant conscience de l’affirmation absolue de l’autre (sous la forme de l’autre Volonté) s’élève hors de soi et impose une ontologie (dans un monde profondément rationalisé, humanisé, psychologisé, objectivé, trop réaliste et trop abstrait, impose l’ontologique dans un monde niant toute ontologie).

C’est en ceci que la vérité est toujours autre que les quelques contenus dont on dispose mentalement, subjectivement, ou selon la masse enregistrée, et en ceci que même les objectivités (tout à fait raisonnables) sont absorbées par une stratégie bien plus vaste et font office de symptômes. Toutes nos objectivités, nos images, nos mois sont des symptômes, sauf que n’ayant pas réussi à mener cette stratégie, ils seront ceux de notre renonciation (et de notre perte).  

Parce que cela vient du Bord et que le Bord n’est pas dedans. (Et que le Bord continue, tisse le stratégique ; il le tisse signifie qu’il n’en est pas le contenu caché mais le métier à tisser lui-même qui trace les trajectoires selon qu’elles s’y abandonnent ou y résistent, et si elles résistent à cet abandon, elles tombent dans le monde, le passé ou l’abaissement).

Il est le Bord du monde, du donné, du vécu, du corps, du moi, de la perception. Ce qui revient à dire que le réel, le présent est ce qui n’est pas mais ce qui existe ; le Bord est le réel lui-même ; ça n’est pas quelque chose d’une part qui est en mouvement d’autre part ; c’est le mouvement qui génère (on ne sait comment dire) tout quelque chose ; et donc tout quelque chose est seulement (si l’on peut dire) l’effet (et donc la continuité) du mouvement. Le Bord, le présent est le métier à tisser et toutes les réalités (et les réalisations humains) s’opèrent de sa structure même.

Qui n’est pas un contenu (c’est ce qui est difficile à comprendre ; ça n’est pas un contenu qui, ensuite, deviendrait des réalités, c’est un réel, une forme, qui génère des réalités ; c’est le Rapport qui crée des quantités de rapports que sont les réalités).

Ou, dit autrement, le mouvement est ce qui se rend de plus en plus subtil (ou si l’on préfère distinct, séparé, divisé, élaboré puisque l’élaboration revient à la distinctivité) et qui passe (pour illustrer) de la lourde énergie (peu distincte) ou de la matière (épaisse) à une élaboration atomique. Et de l’atomique au vivant. Et que les êtres dits humains nommaient élévation, lorsqu’ils se grandissaient ; élévation à partir de la vérité partagée dans et par un groupe, une communauté (qui crée ce faisant la culture, la mise en forme culturelle et localisée, territorialisée, du donné et des corps) et de cette vérité commune à, vers, par la vérité surexistante, surdivine,  réalisée dans non plus un monde local mais le monde donné « là » (l’être) des grecs puis selon le corps créé ici et maintenant du christique, qui discerne individuellement les sujets et par sujet il faudra à terme entendre une structure complexe et réfléchie articulée sur l’actualité du réel (et non sur une représentation ; ce qui veut dire, en somme, que lorsque la poésie ou les esthétiques ou les éthiques et politiques s’organisent, tous ces domaines signifient vers et par une individualité de sujet, c’est la perception de ce sujet qui le crée ; ces domaines ne sont pas perceptibles autrement que par des sujets élaborés.

Aussi lorsque la société humaine depuis deux siècles a commencé de produire sa propre interface, sa propre mise en forme culturelle naturaliste ou réaliste ou humanisée ou psychologisée, elle a déchu et s’est effondrée d’un niveau ; elle a pris comme donné ce qui était construit et a interrompu la construction en se considérant comme si naturellement, si rationnellement existante, d’un plan étal et non plus de réflexion et d’ontologique.

C’est bien de ceci qu’il fallut créer ses propres médias ; cinéma et musique mondialisée séparés, et télévision qui fut l’apogée de cette représentation auto-normée et dont une partie du contenu consistait précisément à nier et déconstruire l’ancienne acculturation généralisée (qui, elle, entendait élevait les individus au statut de sujet de structure) ; le résultat  ne s’est pas fait attendre ; il n’y eut plus que de pauvres mois déprimés et une mise en forme culturelle qui leur réassignait continuellement et toujours et encore les mêmes images écœurantes. Par injonctions.  

Et on a vu que l’on est assujetti à la vérité, cad au réel (en ce sens que c’est par là que l’on existe comme sujet, comme cette élaboration de sujet, comme rapport et mouvement) et le moi, tout fagoté qu’il soit, est lui-même sous la loi de la vérité (bien qu’il n’en croit plus un mot) ; aussi le monde et le vécu ne tarderont pas d’être perçus cruellement par le moi lui-même et malgré qu’il en ait. Il se trouvera, s’est découvert ridicule et impuissant, et souvent horrible.

Et cette vérité lui apparaitra fondamentalement non plus selon l’idéel de jadis et la loi ou la culpabilité (de n’être pas universel) mais selon la réalité même, dans le monde, dans et par son corps, dans son vécu tel quel, son pauvre moi sans sujet pour le structuré, pour le supporter, en tous les sens du terme. Et ça apparaitra dans le vécu (et non plus comme culpabilité universelle) parce que tout moi est déjà dans l’universel et que ça le prend, le structurel, de plus loin que l’universel, ça le prend dans la masse du corps et de sa propre vie. On a réalisé l’horizon universel, par la révolution, et on a initié la personnalisation dans cette humanisation fondée en et par l’universel, mais le monde que l’on a ordonné a cessé d’obéir au structurel ; ça n’est plus le sujet qui s’est créé mais le moi qui ne se tient que du corps et c’est l’idéologie du corps, l’économisme, qui a occupé tout l’horizon possible. L’économisme veille à la satisfaction, à la béatitude du corps ; lequel et laquelle peuvent s’observer du dehors, de l’extérieur, comme toutes ces images, ces images de bonheur, de réalisation de soi et de sa propre vie. Et si tout cela est bel et bon, c’est aussi mille tonnes de mensonges et un écrasement, qui ne sera libératoire que pour quelques uns ; les autres en étoufferont.

Dès lors tout est jeté hors de soi ; ce qu’il faut comprendre comme « le regard est jeté hors de soi » ; il n’est plus le regard qu’il est parce ses objets le téléportent hors de son schéma ontologique ; qui veut que le regard ne s’appartient pas. Le regard jeté hors de soi tombe dans ses objets, mais le regard qui se sait comprend que le regard le regarde lui-même ; il est autre en nous, en chacun il est un autre, le point par lequel s’ex-siste l’exister et cet exister rend possible que chaque un ne dépend de rien. « Il est regardé et cela se nomme monde, réalité, univers ».

Ce qui est annulé et aboli c’est la verticalité du sujet, ce qui veut dire  sa négation (comme lorsque la pensée au milieu de toute situation sociale parait telle une exhibition malsaine et que toute référence à une intériorité métaphysique, ontologique, religieuse, mystique, ou quelque position au-delà du moi cloué à ce monde semble une indécence honteuse).

Le moi est alors cet être qui croit qu’il n’est pas vu alors que tout ce qui l’occupe est un champ de perception qui l’extériorise continuellement et le déporte hors de lui-même ; un moi n’est que cela et l’impossibilité de composer avec une altérité ou avec le un. C’est par là qu’il est tétanisé par le regard de dieu ou de la pensée (et de l’être) ou de l’universel et désire tant ne demeurer qu’avec lui seul ; il ne s’aperçoit pas que cet être-seul le livre précisément au regard des autres, à l’objectivité, au monde (les objectivités sont des discours tenus par des autres, qui clouent sur place votre regard). Verticalité du sujet veut dire : je ne m’appartiens pas, j’appartiens à ce qui n’appartient à rien ni à personne, à l’inapparence du possible ; ce qui se tient en réserve et pur et brut virtuel de tout ce qui est et se nomme le présent qui vient au-devant.

De la petitesse

Soit donc la réduction aberrante du sujet au moi imbécile et l’incapacité de structure pour une telle psychologie de passer outre la réalité et de s’aligner sur le seul horizon qui soit : le réel. Puisque manifestement depuis longtemps maintenant nous nous sommes rendus indépendants des nécessités … les nécessités, les raretés, les difficultés naturelles ne peuvent plus en aucun cas servir de prétexte à la négligence et à la faiblesse ; ce sont et ce ne sont plus que nos qualités jadis stipulées morales qui dés lors nous jugent ; et débarrassés de toute nécessité nous ne sommes capables que de réinstaller de pseudo contraintes qui nous dispensent de nous maitriser et réguler.

De nous maitriser et réguler ce qui veut dire et suppose ; de penser le statut exact de notre être (qui n’est pas un être, contrairement à la caricature réaliste, naturaliste, rationaliste, psychologisée, qui sont également par ailleurs des caractérisations intéressantes) et qui n’est pas un double monde, double moi, esprit, âme, mais qui est l’articulation surpuissante n’est pas du monde, du vécu ou du corps ; le « ce que vous ne réaliserez jamais, mais que vous existez ». De dresser non pas un objet de volonté (ce qui répéterait l’égarement) ou de désir mais de cartographier l’intentionnalisation ; dans l’architecture de l’intentionnalité et l’architexture (du corps) des objets et des volontés et désirs. C’est sur cette voie que Sartre et Lacan avancent.

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Le réel entourant les réalités

16 Juin 2018, 08:39am

Publié par pascal doyelle

Liberté et mémorisation

Ce que l’on nommait l’être, autrefois, existe peut-être : on n’en sait rien. On se contente de ce que l’on observe, de ce que l’on constate ; il s’agit de dresser la carte du réel tel que « là ». Mais ce faisant on ne fera en aucune manière abstraction de l’historicité ; on part du principe que toujours on a su de quoi il était question. Et bien que cela dont il était question ne parvenait jamais à se traduire effectivement dans les notations, textes, les signes successifs qui se déroulèrent depuis le début (insituable).

Autrement dit il est hors de question de maltraiter les représentations, religions, mystiques, esthétiques, poétiques, politiques et autres éthiques sous l’annonce d’une vérité quelconque qui prétendrait tout réinterpréter à nouveau frais. Il s(agit donc de faire le bilan, tout à fait structurel, de l’ensemble des possibilités qui furent poursuivies par toutes les pensées, représentations, images, signes. Le principe antérieure à ce principe (que toutes les positions éclairent le point de réel) est que depuis le début il ne s’agit nullement de contenus divers et variés qui se heurteraient ou s’ignoreraient mais des effets d’une seule cause ; à savoir qu’il n’est qu’une seule « humanité » parce qu’il n’est qu’une seule manière « d’être conscience ». « Conscience » cela se dit d’une seule sorte de forme.

Pour préciser rapidement, « conscience » se dit de l’arc, de la tension qui sort de la cervelle vers le réel donné « là » et qui positionne ce réel comme autre (les consciences qui ne sont pas en mesure de se positionner dans le réel doivent être tenues comme consciences potentielles, celle d’un enfant par ex ou d’un handicap quelconque ; le problème est important dans la mesure où définir plus strictement cet arc comme tension vers un réel (ce qui suppose donc que cette conscience reconnaisse le réel comme externe à son être propre, est, littéralement, ce que la psychologie ou psychanalyse caractérise par l’accès à la réalité ; un fou est celui dont l’accès à la réalité est obturé par une illusion ; cela veut dire qu’il ne peut pas quitter de vue ce qui le regarde dans la réalité …

On veut dire par là qu’en vérité cela arrive à n’importe quelle conscience ; il existe un point, au moins, pour toute conscience, point qui la regarde à partir du réel, pourtant externe. On n’entrera pas dans la structure du dit point tout à fait autre, mais on remarquera ceci que, pour la santé mentale, outre la problématique relative au réel, ce point tout à fait autre signifie également que l’on y est assujetti à la vérité (ou au réel de la vérité, que donc la vérité est autre et s’impose à la subjectivité) ; si la vérité n’était pas selon l’altérité elle dépendrait de l’arbitraire et ne serait donc pas vraie ou potentiellement vraie.

Le point-autre déplace donc dieu, la pensée, le sujet et l’altérité comme des étirements de la réalité à partir d’un point littéralement autre et au-devant ; les signes de dieu, la pensée, du sujet et de l’altérité ne sont pas en eux-mêmes mais renvoient à la capacité que chacun, chaqu’un peut mobiliser ; ils s’utilisent afin d’augmenter (grec) d’intensifier (christique) de réfléchir (méta qui débute avec Descartes) et d’analyser (soit imaginairement, Nietzsche et Heidegger, soit effectivement analyser la structure avec Sartre et Lacan). D’activer la plus grande possibilité de structure de conscience possible en chaque ici et maintenant.

De plus haut cela veut dire qu’une « conscience » est non immédiate ; elle est dans sa structure même médiation ; on peut hiérarchiser si l’on veut cette médiation ; dieu est une des infinies médiations, l’être et la pensée, le christique et puis le sujet, l’altérité (et le monde objectif ou l’univers, etc) et le réel tel que « là » – ou encore, pour tout un chacun l’autre, autrui est « autre » ; ne pas saisir (de par sa propre unité) que autrui est autre est évidemment l’enjeu moral fondamental qui confine à l’éthique même ; par ex pour nous il faut affirmer absolument que chacun est un de par sa structure de sujet et non par quelque appartenance que ce soit ; ou donc aucune appartenance ne supplante la structure en forme de sujet (ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni homme libre, etc). Que l’on place avant tout le sujet veut dire que tout le reste sera rendu possible uniquement par la forme de sujet ; la forme de sujet est ce qui hausse, élève, surdétermine a priori toute volition, désir, imagination perception postérieure.

Evidemment on continuera d’être tout ce que l’on est, mais la forme (qui touche non pas l’être mais l’exister) est ce qui influera suffisamment pour que tout le possible de structure, d’être humain libre et universel et singulier et individuel soit activement réalisable  (on a vu par ailleurs que cette structure réalisable historiquement se désigne comme double exigence ; liberté et égalité, égalité qui accorde tout la tension efficace à la liberté de chacun).

Ceci pour revenir à notre propos ; que dans tout l’être donné tel que là, il y eut une intuition structurelle formidable autour de la méditerranée, que l’on ne résidait pas du tout dans le monde ou le donné mais que l’on existait autour ou en plus ou ailleurs ; dieu, la pensée, le christique, le monde, le corps, l’universel, l’individualité ; tout cela permet de sortir de tout monde clos et défini autour et par tel ou tel groupe ou communauté déterminée. En bref pour le dire suivant notre perception, que nous existons par et peut-être en un décalage, et que si décalage il y a  ce décalage est tout, au sens de l’essentiel, au sens de plus essentiel que n’importe quoi d’autre.

Or on a vu aussi que si décalage il y a, il ne contredit rien en quoi que ce soit ; ça n’est pas une doublure de la réalité en plus de la réalité, auquel cas il faudrait justifier de la réalité de cette réalité ; et précisément si ce décalage est constitué comme un arc de conscience (qui dit arc dit structure, forme incomplète, tension vers et ouverte sur le donné, avec lequel elle ne se confond pourtant pas, remarquons le) alors cet arc de conscience absorbe tous les chocs et il serait tout à fait efficient que ce soit  justement la finalité « naturelle », la fonction de cette conscience ; d’intervenir dans les mémorisations de telle sorte que l’on puisse les court-circuiter de manière à intégrer en urgence n’importe quelle situation ; d’urgence et de danger ou pas, puisque cette activité en plus va développer sa propre infrastructure et superstructure pour ainsi dire et créer des mondes humains en représentation en des corps (les corps sont l’infrastructure et les signes les superstructures et comme on sait les signes sont par, via, selon un corps) ;

et donc d’abord et avant tout de penser, percevoir, ordonner le monde dans toutes ses directions en et par un groupe, qui échange selon des signes, puis selon les individualités en tel ou tel groupe, mais alors le groupe éclate … n’est plus naturel et doit être voulu en secondement ; l’esprit saint, du christique, des chrétiens, est cet être établi secondement. Ou bien, autre version, la révolution ; la révolution est ce qui se nomme, de par soi, une nation, d’individus libres ET égaux (c’est fondamental comme on a vu ailleurs) qui se décide en tant que nation (laquelle ne se comprend que comme assemblée de citoyens, et qui n’existe que parce qu’elle se sait telle, et non pas selon une identité naturelle ou surnaturelle).

Dire que la cervelle crée la possibilité de « conscience » est évident ; de où cela pourrait-il venir sinon ? Mais cela n’importe pas, parce que cette activité repose sur sa propre trajectoire ; elle crée sa propre dimension et visiblement elle est instanciée à cette fin ; de considérer le monde donné là comme un champ de perception qui s’ajoute à l’atome et à l’adn ; ce qui veut dire que l’on peut agir dans et sur le monde sans nécessairement connaitre l’atome ou l’adn, mais aussi que l’on n’a aucune connaissance a priori et qu’il fallut apprendre l’atome et l’adn ; le champ perceptif plante un point autre qui est également autre que l’atome et l’adn, qui les contient ; sauf ceci que lors même que tout le donné est ignoré, par contre la forme de conscience est connue comme telle, sous les configurations qui signifient réellement son activité, son type d’activité ; dieu, la pensée, le sujet, l’altérité.

Et sous des figurations telles la raison remplaçant la pensée, la naturalité remplaçant dieu, et le moi se substituant au sujet. Et auparavant encore qui activait la même antériorité mais sous le couvert très sensé d’un contenu ; le soleil était effectivement un dieu et le fleuve un immense serpent divin sur la terre ; on se confiait à la perception en cela même qu’elle montrait.

Si on annonce seulement que dieu, la pensée et le sujet signent « la conscience » on approche un peu, mais si l’on dit que l’arc de conscience se signifie comme dieu, pensée ou sujet (et altérité) on commence de comprendre que la « structure en forme de conscience » est plus grande ou à tout le moins plus précise et réelle que dieu, la pensée ou sujet (tels que ceux-ci se donnent à nous ; on peut supposer dieu, mais ici même il nous est possible de délimiter et définir l’arc de conscience qui existe ici même et pas ailleurs ; la délimitation de l’arc est plus exacte et précise que l’idée que l’on se fait de dieu, de la pensée, du sujet ; nous n’avons aucune expérience directe de dieu, ni de la pensée en soi ou du sujet en lui-même, par contre nous pouvons observer le réel de cette articulation que nous existons ; c’est bien la précision de la description du réel en acte qui est le sens de l’occidentalisation et non pas la figuration de cet acte en contenu, figuration ou configuration) ; on s’est avancé dans l’articulation telle qu’elle se produit dans l’instant, ce qui veut dire dans l’architecture du présent (comme origine de tout) ; on a décrit le mécanisme fondamental ; qui peut-être autorise les croyants à avancer dans la compréhension de dieu, les idéalistes dans la pensée, et les surdivins dans la liberté pure et brute, ou subtile ; c’est du reste … ce qui eut lieu … partout, constamment et dans tous les sens possibles ; on ne fait rien d’autre ici que montrer ce qui eut effectivement lieu et la raison des dépliements, des explorations, des chemins rendus réels ; on ignore si il y en a d’autres ; les contenus ou les réalités sont prescrits, les structures non ; on ignore dans quel sens et en quelle perspective les articulations ontologiques avancent.  

Qu’elle ne mène nulle part et soit seulement une structure qui permet une plus grande activité ou précision (puisqu’elle court-circuite les mémorisations et qu’il n’est pas besoin de modifier l’adn ou la mémoire acquise pour agir, plus rapide, plus resserrée, plus précise et finalement en un mot plus actuelle et actualisable à volonté) est une possibilité interprétative.

Ou qu’elle puisse déployer cette actualisation continue et qu’elle signifie alors plus, bien plus, que cette articulation, est une autre possibilité interprétative ; parce que le curieux c’est justement qu’il existe un être d’abord qui n’est pas un être (pour s’agiter en tous sens une «conscience » n’est pas déterminée en elle-même mais use de toute détermination disponible) mais que de plus cet être convoque toujours constamment la position que « là » au-devant existe un réel tout à fait autre et que donc cet être lui-même est une unité mais une unité vide et donc formelle.

Comme on a dit on ne peut pas travailler sans poser l’hypothèse qu’il est impératif de ramener toutes les positions découvertes et de les récupérer (en quelque discipline que ce soit de quelque civilisation et de quelque temps) dans la réflexion ; tenant ceci que les autres n’étaient pas plus idiots que nous et qu’ils savaient tout à fait bien « cela » qu’ils énonçaient et pas pour rien (sous condition d’admettre un certain niveau de cohérence, intérieure et  extérieurement en considération du monde, du donné).

Et cette récupération non pas en vue d’une unification abstraite, mais pour et par la dispersion de toutes les possibilités ; puisque ce qu’il s’agit d’approcher c’est l’explosion ontologique initiale qu’est le réel ; le réel est un infini qui crée des infinis ou de l’infini ; rien de tout ne s’arrête mais tout se disproportionne ; le réel est exponentiel, plus grand que lui-même, est un extrémisme radical.

Et ce travail suppose à son tour que l’on puisse constater la pertinence de n’importe quelle position à partir de sa position propre : autrement dit on éprouve, on fait l’épreuve de telle hypothèse, par ex cartésienne, en marquant au fer rouge son propre corps réel et on voit ce que cela donne.

Ça n’est pas que ce soit une disposition subjective mais bien que l’on n’a aucune autre vérification – aucune – et qu’il ne s’agit nullement de subjectivisme mais de cohérence intentionnelle implantée là dans le réel et en l’occurrence l’étendue cartésienne du monde ; de même que Heidegger oui Nietzsche définiront le plan de réel sur lequel déployé leur interprétation de structure et que Sartre et Lacan créeront à leur fin de description l’ensoi de la chose et l’inconscient.  

Et si on n’a aucune autre possibilité de vérification, c’est que l’on est sur le Bord et qui dit Bord dit rapport de la réalité (dont il est le Bord) à, vers elle-même ; la réalité est réelle, veut dire qu’elle se re-tourne vers soi non pas au bout du compte (à la fin des temps) ou éternellement (on ne sait où) mais qu’elle se retourne ici même et maintenant, constamment ; le présent est le retour de la réalité sur, vers elle-même et c’est ce retour qui crée la réalité. On juge de Descartes via le re-tour que l’on subit soi-même ; et de fait on ne le juge pas… on ne peut pas. De même qu’il est absurde de juger le christique ou dieu ou la pensée ou la révolution ; tout cela eut lieu et ex-siste le réel même qui génère toutes les réalisations. C’est ce en quoi, la structure, nous sommes pris ; mais la structure est le Bord et ne peut en aucune manière être contredite, sous peine de retomber dans le monde immédiat et même dans un pseudo monde faussement immédiat (cad un fantasme ; les mondes humains autour du groupe et de la communauté n’étaient pas de pseudo-mondes, mais des réalisations en leur mode).

La forme de « conscience » est autonome ; mais en tant que forme et non comme contenu ; elle n’est pas autonome en tant qu’unité substantielle ou esprit individuel ou objectif ; elle est autonome comme structure intentionnelle qui n’a affaire qu’au seul réel, au réel tel que « là », en tant que position qu’un réel Autre il y a et que cette position-autre nous assigne à la vérité-réalité-réel et jamais au subjectivisme qui n’est qu’une vaguelette seconde dans le pli qu’est l’arc de conscience articulé dans le re-pli qu’est le réel, le présent est ce re-pli ;

c’est en ce sens que même une disposition tout à fait subjective, une folie, une obsession, un fantasme ne se comprennent pas en dehors de l’ordre sociétal du moment historique ; la subjectivité est mais c’est l’arc qui existe et il existe dans l’architecture générale de conscience (ce qui est réalisé après la révolution n’est pas ce qui est réalisé après la révolution, etc) ;dans la séparation généralisée de tout, le moi a du créé ses obsessions, ses folies, ses dépressions, ses désespoirs. De même qu'autrefois Ulysse a pu se produire comme Ulysse aux mille ruses ou que les chrétiens se créèrent comme christiques. 

et donc c’est en tant que forme qu’elle a créé et élaboré et architecturé son propre réseau de mémorisation ultra rapide et déposée, cet entrelacs, dans des signes qui sont repris et éprouvés par chaque autre-conscience ; dieu, la pensée, le sujet et l’altérité ou les esthétiques ou la révolution ou les éthiques, etc, qui s’adressent au statut de sujet supposé, hors cela on tombe et on s’écrase dans le monde et l’immédiateté, ce par quoi les pouvoirs et les puissances s’imposent.

De là que Descartes malgré les siècles, fasse encore impression : parce qu’il imprime la formulation dans le regard même ; de là que si on oublie que les principes sont égalité et liberté on se contentera d’être dévoré par la liberté-seule anglo-saxonne qui n’offre aucun dynamisme universel mais autorise seulement de « profiter » du monde et du vécu.  

Tout cela, en un mot, ne tient que d’être voulu, d’être intentionnalisé, et repose non plus dans le giron d’un groupe humain, comme jadis, mais dans une construction tout à fait externe ; les constitutions des sociétés décidées volontairement, qui se créent par la volonté de se créer et non parce que naturellement ou surnaturellement elles nous incluent dans une communauté, par ex, ou les acculturations, la formulation du héros depuis Quichotte, le héros brisé, étranger et désespéré ou, version conquérante, désirant dans le monde. C’est par là que « occidentalisation » peut être repris de Guénon ; soit la rupture d’avec toutes les formes traditionnelles de civilisation, et donc la civilisation de la division poussée à son maximum, l’a-civilisation qui ne tient à aucun territoire mais uniquement en l’individualité, ce qui ne se divise plus (et que tout objectivisme, scientiste ou idéologique, libéral ou communiste, prétend découper, comme au bistouri ou pire par le regard mortifère qui vous regarde ; le moi de Sartre ou le sujet inconscient de Lacan) ;  

a-civilisation de la division parce que ce qui divise c’est une structure et que cette structure n’est rien, est une forme, et qu’il s’agit de penser la situation dans le réel de cette forme (qui prit nom de dieu, de la pensée, du christique, du sujet, puis de l’altérité) et dans le réel la situation de cette division c’est le présent ; autrement dit l’exister, soit donc la plus petite division, incommensurable. Cette division, cette divisibilité, cette capacité de séparer est bien plus encore la capacité de distinguer ; c’est par excès et intention de distinction qu’elle ex-siste.

Et c'est dans l'architecture de distinction qu'il ne faut pas s'égarer (et dans l'architexture du corps).

C’est pour cela que l’être est second par rapport à l’exister qui est premier et que dieu, la pensée et le sujet et l’altérité sont des exigences qui distinguent, par-dessus n’importe quel monde, et que le je est autre que son corps … et donc cette structure formelle crée des distinctions, des idées et des perceptions et des intentionnalisations. Chacun d’entre nous n’est plus en et selon un groupe, une communauté, mais est séparément – en un cadre spécifique, en l’occurrence celui de citoyen et bien que le monde immédiat tente constamment de recouvrir ce statut par une identité fantasmée, de « désirs » donc et d’images, ou d’échanges, ou de déterminations, afin que les puissances, les pouvoirs puissent manipuler le dit statut, et pour tout dire l’écraser.

La technique maximale qui emporte tout est de penser cette division en tant que rapport ; le rapport est à la fois ce qui scinde toute réalité et ce qui relie tout ce qui est divisé. Sauf que le réel est le rapport comme tel qui crée l’un et l’autre côté. Le réel se perçoit inversement ; il faut se tenir du point de vue du rapport mais on ne peut pas justement s’y assurer puisque c’est un mouvement ; on adopte donc toujours un côté et tant qu’à faire le côté qui autorise la plus grande approche du rapport ; mais on ne peut pas approcher du rapport, on est dans le rapport ou pas ; on ne le saisit pas, on en est saisi. Et c’est bien par ce détour que l’on est perçu par dieu (dont le regard crée votre âme), que l’on est pensé (selon la vérité comme autre) et que l’on suppose un sujet sans l’être jamais, en quelque sens que ce soit ; dieu, la pensée, le sujet se tiennent du point-autre. Or cependant on a pu néanmoins parvenir jusqu’à l’analyse de ce rapport, au moins tel qu’il peut s’expérimenter ici pour nous, via Sartre et Lacan en dernière instance. Cette altérité manifeste que c’est à partir de la racine, antérieure à tout, que l’on est lancé dans l’exister et introduit en et par  l’étrange architecture du réel.

Et c’est cette étrangeté dont se rendent et nous rendent compte Nietzsche et Heidegger ; quitte à succomber à son inhumanité. Mais l’altérité n’est pas inhumaine, elle est juste non humaine et c’est de là, puisque l’on n’admet pas a priori le divin (le réservant à la croyance de chacun) qu’il faut avancer le surdivin, dont on a vu que le christique est absolument (cad formellement) la première claire et quasi parfaite sur-intégration par infusion du regard qui crée votre regard ; autrement dit qui crée l’intentionnalité qui vous créera (quoi que vous en pensiez, puisque c’est une structure historiciste). Imaginaire inhumain, qui fait front contre la raison (substitut de la pensée), l’humain et le moi (contre le sujet), la naturalité raisonnée (contre dieu et l’ambition ontologique et métaphysique) et faisant front selon deux versants ; la face interne de la Volonté (qui est autre en nous) et la face externe (qui est a-universelle et autre que l’être classique, et qui est gouffre structurel et non pas donné-là déterminé).

Or le sujet est réellement ontologiquement une « volonté-autre » et le réel est effectivement un gouffre structurel et l’être l’altérité fondamentale ; sinon Nietzsche et Heidegger ne seraient apparus qu’en pure perte et ne signifieraient rien du tout (sinon des délires imaginaires) ; sauf donc que ces deux interprétations de l’intentionnalisation et du réel bien que manifestant le caractère absolument autre, prennent les constantes interprétatives de dieu, de la pensée et du sujet

selon la naturalité (comme nature ou comme le dieu horloger, et non le dieu investissant l’humanité ou l’individualité), la raison (remplaçant la pensée), le moi et l’humain (se substituant au sujet)

et Nietzsche et Heidegger ne parviennent plus alors en aucune manière à dépasser les structures mais ré/introduisent de la violence et de la barbarie (ils ne réintroduisent pas une barbarie qui aurait existé précédemment, parce qu’ils introduisent la barbarie nouvelle du 20éme, la violence décuplée et l'isolement de l'auto-affirmation nietzschéenne) ; contredisant l’humanisme et la subjectivité, ils ne sont plus en mesure de poursuivre l’ancienne architecture ; l’ancienne architecture que l’on ne peut pas contredire, que l’on peut exclusivement poursuivre et rendre encore plus réelle. En cherchant à déterminer la puissance, selon le monde et le donné, ils introduisent dans la réalité la puissance comme force et violence alors que puissance signifie et ne signifie que « potentialité ».  Ce que le christique nommait comme « amour » cad élévation des uns des autres.

Le charme ou l’appel étourdissant par lequel Nietzsche et Heidegger nous en imposent n’est pas du tout imaginaire ou illusoire ; ce qui traverse c’est l’étrangeté fondamentale de ce qui est réellement et c’est précisément par cela qu’il ne faut pas descendre le degré d’intentionnalité ; c’est sur la durée que l’intentionnalité suit la suréminence de l’altérité et non dans un feu consumant. Il faut tenir le Un en tant qu’altérité et non se livrer à la dispersion indéfinie du un en forme de uns et évidemment la dispersion est excessivement séduisante, mais ce qui ne dure pas s’effondre dans le néant, le véritable néant, l’effacement. 

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L'horreur et la possibilité

9 Juin 2018, 08:33am

Publié par pascal doyelle

L’autre sujet

Liberté et chantage idéologique

Si c’est le présent qui nous perçoit, alors le réel réside dans la possibilité ; et si le réel est une forme (qui nous est donnée et accessible, pour ce que l’on sait, comme présent) alors la vérité est repliée, cachée, dans le présent (la  vérité est dans le présent parce qu’elle est la possibilité réelle et qu’il existe un présent afin qu’elle apparaisse) dans « ce qui vient là au-devant » ; le réel consiste en ce qui ne se voit pas et n’appartient pas au monde ; tout le monde, le donné, la réalité doit servir de préparation à soutenir la structure de présent, d’actualisation ; soit donc les deux règles absolues du monde humain, la liberté et l’égalité.

La liberté pour l’intériorité (ou ce que l’on peut pour le moment signifier comme telle) et l’égalité pour la logique du monde et des échanges dans ce monde ; la liberté pour chaqu’un et l’égalité pour les rapports entre les uns. Lorsque l’on sort de ces règles on retombe dans le monde ; on substitue à l’intentionnel de structure les promesses du monde, du donné, du vécu, du corps. Et chacun des mois s’en va rêvant d’être heureux, satisfait, béat.

Répétons ; il ne s’agit pas de nier le bonheur mais une fois acquis il suffisait pour passer à autre chose, de plus intéressant. Mais on a imposer que le « bonheur » au lieu de revenir à chacun, s’installait comme vraiment l’enjeu, l’enjeu du mérite et que d’être heureux, cad relativement satisfait, était une récompense et non un dû : de sorte que chacun restait alors esclave et esclave d’un quelconque système de pouvoir. La liberté anglo-saxonne ne s’entend absolument pas autrement ; vous êtes libres d’être inégaux et à votre liberté dans le monde, la nature il n’est aucune limite. C’est seulement si on affirme que l’égalité est la destination des libertés que les libertés, cessant d’être immédiatement en concurrence, parviennent à outrepasser leur limitation ; chacun sait que personne n’est libre tout seul. Et que livré à soi seul on s’emplit de tas d’imbécilités, dont on énormise sa vie, rendue bouffonne et qui finit de par se mordre et déchiqueter ayant débuté par là, par la liberté comme un gouffre (limitée d’un côté par le naturalisme supposé mais une liberté n’est évidemment en rien naturelle, et de l’autre côté par dieu et sa moralité adaptée à la faiblesse, soit en culpabilité soit en inquisition).

Ou donc : l’égalité imprime et implique un mouvement de dépassement qui consiste à rechercher quelles sont els valeurs constructives, plutôt que celles dévoratrices.

Lorsqu’elles demeurent en concurrence, les différenciations prennent tout le champ et deviennent fondamentales alors qu’elles n’ont de sens que relatives ; sinon autant supprimer l’horizon en ne conservant que les objets distincts que l’on a sous le nez ; les mois, dans l’état abscons et ridicule qui est devenu le leur, débordent de stupidités et de bizarreries, qu’ils prennent pour leur « vérité »  ou pire la réalité même et leur subjectivisme n’est nullement leur liberté ; de ne se vouloir que libre (ce qui est excellent) mène à l’idiotie et remplace « libre » par «déterminé » ce qui est absurde et cette détermination, étant prise dans le flux intentionnel, se rêve fantasmatiquement ; elle ne laisse pas du tout la naturalité ou le corps en repos et satisfaction ; elle les dévore en démultipliant ses images.

Ou encore ; ayant créer le cadre général de toute société humaine consciente d’elle-même (qu’elle soit affirmativement de liberté et d’égalité et donc de fraternité) on a laissé de développer en ce cadre général (et décidé alors à l’ignorer, le délaisser, l’oublier comme achevé) non seulement une profusion de déterminations (ce qui est absolument légitime et qui nait de la performativité même du cadre de liberté et d’égalité, de démocratie et de raison, d’humanisme et d’individualité, de science et de culture ; le droit et l’Etat sont très rigoureusement efficaces et très exacts, autant sinon plus précis que les lois ou les mathématiques, ils fonctionnent excessivement bien), mais a généré une identité qui, elle, a pu supplanter ce que l’on doit nommer la structure de sujet et qui devait consister en une élévation.

Une élévation. Ce par quoi, tout à fait individuel et bien dans sa peau étant bien dans sa vie et sa situation sociale, un individu au lieu de se consacrer à ses avantages (ses droits reconnus et partagés) un individu se permet, s’autorise de devenir un sujet ou d’y tendre, de s’y éprouver. Au lieu de cet idéal (qui n’était pas tout à fait identifié comme tel lorsque l’Etat et le droit furent instaurés) on a défini une identité ; et au lieu de la « nature humaine heureuse »  qui se devait, vous resterez donc ce moi, cette pauvreté affligeante et affligée de n’être que ce résidu. Ce résidu de déterminations, ce corps-langage, cette incongruité délirante. Qu’il y ait déterminations, corps, langage, délires est une chose, qu’il n’y ait que cela et qu’il s’agisse de l’horizon lui-même en est une autre.

Maintenant prenons l’inverse historicité ; il s’agit d’élever chaque moi au statut de sujet ; or il ne s’agit nullement de par ce statut d’être moins individué et de finalement se conformer à une règle universelle abstraite et vide ; parce que l’élévation n’est pas du tout l’imposition d’on ne sait quelle hauteur d’une idéalité vers le vécu ou le corps ; il s’agit d’élever le corps précisément, cad la perception (ou l’imaginaire ou l’image ou la surface ou cette réalité que l’on est bien effectivement). Et cela se travaille. Se travaille (se torture) du dedans. On a vu déjà que la médiatisation généralisée aboutissait précisément à élever cette médiatisation en une médiation ; par quoi chacun se retrouvait en mesure de se transformer soi-même et d’élaborer son corps, son image, son imaginaire, de l’élever peu à peu ; parce que (c’est sous-entendu) il ne s’agit pas d’une idée ou d’une image schématique, mais d’une transformation du corps lui-même, de l’identité, de l’information (qui autrement rejouerait continuellement ses propres enregistrements passés, ses héritages biophysiques ou psychoculturels)  et que pour modifier cette information déjà mémorisée, il faut lui installer quantité de remodelages intentionnels. Ce à quoi étaient destinées les médiatisations.

C’est ce que réalise structurellement le cadre général (du droit et de l’Etat, de l’acculturation généralisée depuis lors) mais au profit de l’image détériorée du naturalisme, du pseudo naturalisme et du darwinisme idéologique qui place en concurrence les libertés-seules (comme simple schéma abstrait qui rend possible votre identité et non pas qui contienne en elle-même comme liberté structurelle son propre programme pour ainsi dire, sa propre possibilité), au lieu de leur instancier, de manifester et d’élaborer la finalité structurelle incluse dans cette historicité ; autrement dit on a installé la révolution et le droit et l’Etat mais on a utilisé ceux-ci comme moyens de finalités tout à fait mondaines, naturalistes, hédonistes, strictement réalistes et non pas comme moyens de l’élévation structurelle ;  il devint impossible de, à la fois, maintenir le structurel et de gérer le donné naturel, humain, déterminé ; se soumettant à la simplification il n’y eu plus du tout de sujet et il n’y eut plus que des mois. Des mois cherchant à faire-sens.

Mais le faire-sens des personnalisations est trop court pour étendre son rayon sur l’expérience effectivement éprouvée. Sur la bizarrerie de la détermination, l’étrangeté du réel  et l’horreur ontologique et incompréhensible du donné tel que « là », dans l’altérité,  et tout ceci éprouvé dans un corps modifié, disrupté, distordu par l’arc de conscience ; un corps perçu du dehors est une incompréhensibilité pour ce corps. C’est toute la forme du réel et de la réalité qui s’impose comme altérité.  

En aucun cas il ne s’agissait de remplacer les mois par leurs sujets ; il s’agissait de conserver les mois et de les libérer (de les rendre heureux, ce qui veut dire relativement satisfaits, de même par ex que l’on a pu vivre sa sexuation quelle qu’elle soit, ou sa religion ou ses gouts et couleurs, requis pour se tenir du bonheur possible et relatif) mais tout en amenant cette satisfaction du moi, de continuer leur orientation vers le sujet, vers la structure ; en aucune manière le sujet ne remplaçait l’individualité ; il n’est de sujet que sur le bord, et donc non réalisé, ne relevant pas du monde, du donné ou du  vécu et du corps. Or il s’est donc passé que le moi prît tout le champ et qu’il n’y eut plus même aucune possibilité de Bord du monde, du vécu, du corps ; tout devint entièrement monde, vécu et corps.

On ne pouvait plus opposer ce monde à un autre monde, cette réalité humaine à une idéalité ou essence idéale ou surnaturelle, devenue incompréhensible (qui tenait autrefois de par son abstraction, mais nous voici rendus par la révolution et l’acculturation et les sciences, la raison, dans ce monde donné tel que là et qui fondamentalement se réalise selon l’acculturation, les esthétiques, les poétiques, les récits, les spectacles, les représentations et présentations ; tout est démultiplié ici même dans le monde et le vécu). Et donc tous se sont rabattus dans la seule gestion disponible de la réalité : leur détermination. Sauf que la structure (qui existe antérieurement) ne pouvait succomber à la seule séduction du monde et du vécu, qui ne tardent jamais de toute manière à se retourner en malaise et dégoût. Le spleen et l’angoisse s’occuperont de tous les mois comme ils foudroyèrent les grands sujets romantiques et suivants.

Or pourtant de toute la détermination, du monde, du vécu et du corps, ce dont on en jugeait se situait non pas dans mais hors du monde, hors du corps (de sorte que tout devint fantomatique en même temps que réaliste) et cette hantise est ontologique ; Nietzsche et Heidegger opposent à la gestion du monde humain et du vécu, un ontologique renouvellement de la réalité mais Sartre et Lacan analysent, décortiquent, découpent, cette réalité, cette réalisation qui eut lieu à partir d’une structure ; ce qui est tout différent (mais le même approfondissement de la même super-position du sujet observant-éprouvant la réalité). Nietzsche et Heidegger veulent entendre une nouvelle réalité dans cette réalité ou dans sa représentation faussée, mensongère, faible ou irréelle. Sartre et Lacan veulent expliquer la dimension interne de cette réalité, cette réalisation humaine externe, et par « interne » il faut comprendre non pas une intériorité (qui paraphraserait le donné dans une autre détermination en plus de celle exposée dans le monde et l’histoire) mais la structure (interne/externe) de cette réalisation (qui est toute externe et ne se réserve plus pour un autre monde, une âme ou un esprit) ; autrement dit l’externe est soudainement déroulé comme externe, comme pli dans le pli.

Dont chacun  est une pliure. La douloureuse.

Les mois qui pensaient éventuellement se libérer plus encore soit de poursuivre leurs réalisations dans le monde nouvellement découvert par la révolution, à portée de mains donc, soit en rêvant d’une universalité (communiste par ex ou d’une nature humaine générale ou d’une réussite mondaine et d’un bonheur) sont renvoyés par Sartre et Lacan à la structure ; parce qu’il est clair que Sartre et Lacan se tiennent au plus près du réel, du vécu, du donné, de l’image de soi du moi, des relationnels, des identités, des corps … Sans doute ils formulent le repère philosophique et structurel mais ce dont ils parlent c’est très précisément ce que tous vivent et rencontrent dans leurs existences ; on ne remplace pas la réalité par une idée conceptuelle tel l’universel de la pensée (grecque) ou par une ontologie imaginaire comme Heidegger ni même par un concept intentionnel de l’esprit tel Hegel, puisque l’on a atteint la structure même et sa tenue ontologique réelle qui crée justement la pensée, l’imaginaire ou l’intentionnalité.

Ce qui veut dire que l’on se situe, de fait, antérieurement. Antérieurement à tous les effets ; la pensée, l’imaginaire ou la perception sont des effets. Et donc ce qui s’est développé, manifesté, dans les zigzags passant de l’être (comme position) aux idées (comme intentionnalités) au Un plotinien, du sujet cartésien au kantien, de Hegel à Husserl et à Sartre, etc, décrit, littéralement, le placement du réel dans la réalité, du Bord dans le monde, de la forme dans la détermination, de la structure dans les contenus. Ce qui se comprend comme suit : puisque ça n’est pas du tout une logique de contenu (l’être, le un, l’esprit, l’universel, etc) chaque arc de conscience étreignant puissamment et suffisamment puissamment son exister retrouve ou se heurte au même Bord et ce en quelque domaine que ce soit (intellect ou perception, liberté ou vérité, corps ou imaginaire) puisque ce bord est, comme son nom l’indique, externe ; la limite externe de la réalité, soit donc le réel.

La description de ce qui borde la réalité n’appartenant pas à la réalité, définir cette limite exige que l’on adopte ce point tout à fait externe (à toute partition de monde, et comme on va voir non tenant de la division du monde, mais du retournement du monde sur un axe autre), sinon il n’apparait pas et on continue de jouer d’un contenu ou d’une identité contre une autre ; et évidemment cela suppose que le dit Bord est effectivement présent en nous ; mais supposer un tel bord implique qu’il soit, lui, cela même qui existe. Tout le reste étant ramené à l’être, à la détermination. Sauf évidemment les intentionnalités, les idées, les perceptions esthétiques, les comportements rendus éthiques et moraux, les politiques, les idéels (connaissances), et ces idées pourtant ne valent elles-mêmes, que si elles sont intégrées ou réintégrées en et par une structure de conscience. Autrement dit ce qui se passe dans une œuvre, une esthétique, ça n’est pas dans cette œuvre mais dans l’effet qu’elle produit, qu’elle crée en vous ; c’est la modification qu’elle génère en vous et non ça ressemble au beau ou au vrai ou à l’imaginaire ; le regard qui a pu se caractériser dans une œuvre est cela même qui vous modifie, qui modifie votre perception, lecture, image, idée.  

De se situer antérieurement cela se paie. Ça se paie de tout le reste. On a quitté le régime général du bonheur humaniste et éventuellement personnalisé (depuis les années soixante et ce en quoi consistent ces années soixante, préparées de longtemps et indéfiniment suivies d’une multitude d’effets et jusque dans le plus intime et le plus microscopique), pour entrer dans toutes les zones étranges de l’arc de conscience livré à lui seul et qui se croit en enfer, il l’est. Ça n’est nullement une facilité ou un idéal mais l’immersion dans l’horreur. Lorsque Kafka commence de montrer le sous-espace interne de la société humaine c’est un cauchemar. Ça n’est pas seulement que « la vie n’a pas de sens » et que « l’on doit mourir », c’est de tout le corps qu’il se heurte, ce corps, au réel et à l’altérité monumentale et insoutenable.

Et à ce point insupportable que quantité de mois, de personnalisations ne tiennent pas sans s’étouffer de dérives psychiques, de folies et d’oublis ou de se heurter à l’angoisse brute ou de se gorger d’images et de récits comme substituts à l’épouvante réelle. Cette expérimentation du réel pur fut seulement éprouvée il y a un siècle et il est non seulement extrêmement difficile, mais impossible de décrire effectivement cette épreuve, impossible de dire le réel, la distance, le gouffre interne à la structure, dont personne jamais n’a contemplé directement la surface, parce que jusqu’alors recouverte par tel monde humain, telle représentation humaine, et cela prit d’abord les romantiques de remonter jusqu’aux mois laissés pour compte, déjetés-là à la surface du monde, engourdis dans un corps de scaphandrier, dont ils voulurent croire au désir ; parce que ce à quoi on se heurte n’est pas du monde, du vécu ou du corps et c’est pour cette raison que ces affects sont précisément devenus les affects modaux absolus. (romantiques, déprimés, déglingués et existentiels de toute sorte, avec parfois ici et là une ex-stase, en firent le compte rendu, offert à tous) . Il y a un mode de pressentiment par lequel le réel nous affecte et ce sont ceux-là mêmes qui furent décrits depuis le 20éme. Les affects incompréhensibles que ne soutient pas le monde ou la vie, la bizarrerie de la détermination, l’étrangeté du réel, l’horreur de l’altérité qui paraissent des affections négatives sont littéralement l’expérimentation elle-même ; elles montrent, exposent, manifestent et s’imposent comme ce en quoi il faut fermement affirmer le Un dans l’altérité même.

Le faire-sens du moi qui croyait s’y retrouver dans le monde naturalisé, humanisé, personnalisé et heureux, devait nous projeter dans l’inversion intégrale qui ne nous abandonne plus que la structure du réel ; le sujet n’est pas seulement cartésien et arrogant, le sujet concentré kantien ou le dépliement omnipotent hégélien ou l’affirmation nietzschéenne de l’affirmation mais est aussi le gouffre heideggérien, la bizarrerie sartrienne du monde et des autres, l’étrangeté fondamentale lacanienne. C’est toute cette expérience profondément Autre qui se récupère et architecture le sujet. Le sujet qui est sorti depuis longtemps de l’idéal (du sujet narratif et représentatif et du sujet universel, puisqu’il est devenu le sujet singulier, creusant cette singularité, laquelle est universelle au sens de commune à tout je, mais non pas au sens où l’universalité emplirait son essence, c’est bien pour cela qu’il n’a pas d’essence mais une structure et c’est cette structure, forcément à vif, qui se/est décrite et est éprouvée, et montre que la structure est l'universel même ; le réel n'est pas assujetti à l'universel, comme la pensée serait "dans" le monde, parce que le réel n'est pas assujetti du tout ; il est en forme de sujet, de point excentrique et chaque conscience en est la concentration et si le réel est extrême tout arc de conscience est un extrémiste).

Personne n’a dit que ça nous rendrait heureux et depuis le début c’est de tout autre chose dont il est question.

Le sujet donc archive et explore toutes les expériences et les désespoirs et les égarements et les délires fantasmes et autres diverses déconstructions et se heurte aux limites du dedans de ce monde, lui, le sujet, qui se tient au dehors.

Que rien dans le monde ne parvienne à contenir la structure qui est hors du monde, et qui s’existe sur le Bord. Que celle-ci parvienne à la certitude de son tourment et de sa possibilité. C’est le sujet tout entier qui est révélation, de son vivant, au vif, et lorsqu’il adhère dans la supposition de son exister, dans la supposition de sa structure, qui ne se perçoit nulle part, il ne cédera pas d’un pouce sur ce qu’il a vu, de ce qui découpe et détoure son exister le long des expériences.

Pareillement il ne s’agit pas d‘interpréter dieu, la pensée, le sujet, l’altérité ; qui sont des facteurs d’intentionnalisation, des opérateurs du réel même ; mais de situer la jonction du réel et de la réalité :

- soit le réel est seulement la fonction des réalités et dresse néanmoins son élaboration constructiviste de tout ce qui est)

- soit le réel est la dimension en laquelle s’est déployée cette réalité et dimension en laquelle se signifie un sur-réel)

Dans les deux cas il s’agit de l’articulation conscience-présent, puisque c’est par là que passe la possibilité.

Dieu, la pensée, le sujet ou l’altérité (en somme l’intention et la réalité) peuvent être supposés et ce qui est réclamé c’est leur lecture, leur compréhension, la saisie dont on sera encore et toujours l’empreinte ; rappelons que l’on ne saisit pas le réel, on en est saisi ; c’est pour cela que la division sujet-abstrait/objet-extérieur tombe à l’eau, utile dans une attitude, inutile dans la position « un réel il y a »  et, sous-entendu donc, ce réel est lui-même sa propre division ; inutile et impossible de seulement se construire sur la division sujet/objet abstraite, et la conclusion s’impose ; on a supposé ou remplacé la division abstraite par une autre sorte de division qui est, de la sorte, une articulation. Un rapport.  

Et c’est ce rapport (et non cette division) qu’instancie dieu, la pensée, le sujet, l’altérité sous les formulations imaginaires de Nietzsche et Heidegger (selon la Volonté et l’Etre, autrement dit selon le sujet et le monde) et sous les formulations analytiques de Sartre et Lacan, selon l’externe conscience et l’interne lacanienne. Et par Sartre et Lacan il s’agit de cette perception et ce corps ici même.

Qu’il y ait rapport soit comme fonction soit comme dimension peut impliquer dans la première possibilité, entre autre, l’absurdité totale de toute la réalité  – et que tout cela aboutisse au grand néant de dispersion insensé du total gaspillage d’énergie matière franchement imbécile

et dans le second cas, que la forme de la réalité soit donc le réel, alors le présent existe comme dimension et cette réalité comme un (de ces) effet(s) ; ce qui agrandit radicalement ce que par réel il est possible d’entendre ;  on remarquera que le gaspillage universel total de tout ce qui est, le délaissement de toute intelligence, de tout être conscient de lui-même sur quelque planète en quelque galaxie que ce soit, livrés au néant interne et externe, parait pour le moins une horreur manifeste (sans grand intérêt, à moins que vivoter puisse vous convenir).

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Plus sérieusement

2 Juin 2018, 08:39am

Publié par pascal doyelle

Beaucoup, tout à fait bien originellement intentionnés, ne comprennent pas ou malcomprennent les dérives et délires et aussi aperçus transcendants et parfois intuitions géniales et supra-naturelles qui eurent lieu depuis 2 siècles et s’égarant ils continuent de dresser les révoltes individuelles et parfois arbitraires contre la raison, le droit, l’universel, la vérité, l’humanisme, la liberté, la conscience et toutes ces vieilles lunes, sans lesquelles pourtant ils ne seraient pas, ne seraient pas du moindre petit bout de leurs personnes ou personnalisations. Parce que leur « personne » est une construction et qu’elle ne se serait pas produite sans une certaine historicité, à laquelle ils doivent tout, et sans laquelle ils sont perdus dans les limbes de la contradiction.

La contradiction qui au cœur de l’historicité prétend que de l’historicité il n’en est point, d'historicité, et que l’on invente toujours de nouvelles mises en œuvre si révolutionnaires alors que l’on creuse la même structure depuis 3000 ans.  Ils n’ont pas aboli la métaphysique et l’ontologique : ils ont voulu l’annuler, l’oublier, dans les marécages de la modernité et postmodernité, ou « post-vérité » (il n’y a qu’une sortie hors de la vérité ; le subjectivisme mais aussi la facilité ; on n’annule pas ce dont on fait la volonté). Le plus drôle est précisément que le présent est effectivement ce sur quoi toute la réalité se tient. Comme oubli de l’oubli de l’oubli on repassera. 

C’est l’articulation du présent absolu qui nous a donné ce monde ; comme le champ immédiat de nos ébats (désirants et technophiles). On n’a pas compris que le monde est seulement une occasion, une occasion en et par et pour une opération autrement redoutable et c’est cette opération qui était exposée par dieu, la pensée, le christique et le sujet, et ensuite l’altérité, sauf que dans l’altérité nous nous sommes pris les pieds dans le tapis. Cette altérité on commence de la percevoir à partir de Descartes ; si l’être est toute l’étendue du monde à quoi appartient le sujet ? Lui qui regarde, et donc n’est pas de ce monde. Et le monde n’est pas le monde et le point du regard se situe autrement. De situer cet ailleurs du Bord du monde et du corps, occupera tous et chacun.

A partir de Descartes quoi que l’on fasse on ne sortira plus du décalage ; Descartes a originé la pensée (et donc l’être tel qu’il se montrait en et par la pensée) dans une structure de sujet et ce sujet a déjà « remplacé » dieu (non qu’il s’y soit substitué mais bien que même dieu existant il y aura, quoi que l’on en dise, un tel « être » ici-même déjà tout à fait Autre et c’est non plus l’altérité et l’exigence de dieu qu’il faut interroger mais l’altérité et l’exigence de cette structure agissante et décalée et que l’exigence s’existe ici même est plus redoutable que tout divin (de là que l’on nomme le surdivin, qui est le dieu-en-plus, ce qui se signifie depuis le christique, mais la pensée grecque ne se désignait-elle pas comme divine ? ) Le sujet n’est plus seulement sous le regard de dieu, puisqu’il est devenu lui-même autre que lui-même, une intentionnalité, une ontologique intentionnalité. Ontologique puisque l’on ne peut plus faire que cet écart soit, ici même, le réel pur et brut.

Et cette malcompréhension de quelques-uns est d’autant plus absurde qu’ils se cherchent alors une identité qu’ils ne peuvent plus récupérer de l’historicité (qu’ils refusent) et ainsi se plaisent à s’imaginer sous des bigarrures qu’ils prennent pour de sublimes intuitions sauvages ou mysticologiques.

Parce que raisonnablement, très raisonnablement voire rationnellement ou logiquement, il est quand même grandement aberrant de croire que toute cette civilisation, depuis dieu et la pensée grecque, ne se tient pas d’une seule et même articulation générale et qu’il s’agit justement de comprendre cette dimension.

Civilisation accumulatrice donc ; qui a conservé dieu, la pensée grecque et autres, le christique, le sujet, les révolutions et les révoltes, l’altérité et les matérialisations et densifications du 19ème et 20ème ; on a tout accumulé en une seule fois parce que c’est d’une seule vision, d’autant plus d’une seule que c’est le regard et non la vision de quelque ceci ou cela. Une seule vision parce que c’est une seule structure ; il n’y a pas dix mille manières d’ « être » humain mais une seule structure et elle ne consiste pas ; elle existe.

De sorte qu’elle peut emprunter cent mille mises en forme culturelles ; civilisations, mondes humains, représentations, personnalisations, la structure est la Même et elle consiste en ceci qu’elle n’est pas déterminée et qu’alors elle autorise la profusion (et elle est profuse puisque située dans l’antériorité à toute détermination ; arc-ticulée au présent même qui épuise tous les mondes). Elle n’est ni dans l’adn ni dans le langage, ni dans rien qui soit détermination ; elle est exclusivement une structure qui s’arcboute, une par une et étant la même mais à chaque fois, s’arcboute au réel donné « là ». Qu’elle ne soit pas dans l’adn ou le langage ne veut pas dire qu’elle s’en passe (ce serait absurde) mais qu’elle est en-plus : atome-adn-perception.  Et cet en-plus est la réflexivité qui découvre que le monde est (grec) et ensuite qu’il y a un corps (et rien de plus, en tant que christique : de là l’humilité comme clef, comme mécanisme ouvrant la grande stratégie du réel, et sortant de tout monde, et, comme on verra plus tard, cette structure en forme de rapport qu’est le présent, le réel même). Et comme il s’agit non d’un contenu (toujours quelconque par rapport au Rapport, qui autorise tous les rapports possibles, virtuels et structurels) mais d’une structure, alors la même structure reprend dieu aussi bien que la pensée, le monothéisme aussi bien que les grecs.

Passant outre n’importe quel monde humain localisé. Une conscience est un arc formel dans le présent comme premier arc qui se produisant, construit tout. Un arc formel est un rapport et tout le reste ce sont des rapports-de-rapports dans l’acte premier. On tirera un jour cela au clair.

Civilisation accumulatrice puisqu’ayant extrait le mécanisme de conscience de tout contenu de monde (de monde humain, de tout langage, de toute représentation) et ayant placé ce mécanisme là au-devant dans les configurations tout à fait Autres, de dieu, de l’être (puis l’idée et du un), le christique et le sujet et la révolution, l’altérité, la réalité (les sciences) et le réel (depuis Sartre).

L’humiliation en question n’est pas un sacrifice ou une immolation, mais juste la simple forme que le réel mène le jeu, et qu’il est Autre. On ne sait pas, on ignore absolument ce que le réel peut. Si l’on veut ; le « moi » dont nous sommes si friands depuis au moins les années soixante (qui démocratise Baudelaire ou Rimbaud ; Led Zep ou les Rolling Stones sont une telle démocratisation, littéralement, dans et par le corps et l’affect le plus réellement agissant) le « moi » donc est juste et bon, mais il n’est qu’un exemple, une représentation, une identité dont on doit créer l’arc de conscience qui se produira de la cervelle (qu’elle se prenne pour Jean-Pierre ou Jean-Paul) et ceci en tant que « le voulant » ; ce qui est la finalité quasiment explicite de Sartre (ou de la psychanalyse, qui abaisse le moi pour le sujet, en l’occurrence le sujet inconscient, celui qui survit à l’analyse). Rien ni personne ni aucune partie du monde du vécu ou du corps ne pourra exprimer cela que vous êtes, à savoir non un inconcevable mystère substantiel, mais un rapport qui initie tous les rapports réalisés, possibles, virtuels et structurels, respectivement ; on ne peut pas le Dire (le vivre, l’imaginer, le parler, le communiquer, etc) puisque c’est à partir de ce rapport que tout le reste apparait et qu’il apparait à lui-même (et que nous sommes conscience-de non pas nous-même mais conscience-de ce rapport par lui-même comme rapport). On reviendra aussi sur la structure très étrange et infiniment efficace, qui en se décentrant comme arc de conscience, crée l’espace et le temps de la réapparition de tout ce que l’on est (si on l’était le moi que l’on est, on ne le saurait pas).

Pour l’humiliation il faut bien comprendre que dans un Rapport on (se) supprime … parce que c’est le rApport qui compte … sans ce rapport on n’y est pas ; affirmer l’un ou l’autre côté du rapport supprime le rapport ; mais cependant on ne peut pas percevoir le rapport, or pourtant c’est de ce rapport que l’on perçoit… C’est cela qui ouvre en et par l’in-fini (il n’y en a pas d’autre, que l’on sache).  C’est d’une part ce en quoi on existe déjà (quand bien même l’ignorerait-on, et on ne peut que l’ignorer ; parce que ce sera toujours ce à partir de quoi tout le reste vient, et non pas ce que l’on saisit, et encore moins contrôle ; si on le contrôlait il serait de ce monde et donc déterminé et nous ne serions pas libres ; c’est parce que c’est « ce par quoi » qui n’apparait jamais). Et d’autre part il s’agit du non épuisable ; si le rapport est ce qui existe, alors on ignore ce qu’il en sort, sortira, ce qui s’y ex-siste et cela nous imprime que l’on n’est pas dans l’ex-sister mais que l’ex-sister est l’autre côté, le palier en plus et qui transcende le monde, le donné, le vécu et le corps. On ignore ce qui en sortira, du présent, parce que ça n’est écrit nulle part : ça s’écrit. Le rapport est le point de vue et qui nous voit et qui montre la distance de la dimension en-plus, dont on ne sait que cette articulation.

Or cela implique ceci : que quoi que l’on fasse on y existe. On ne peut pas faire « n’importe quoi », jamais. Parce que l’on est déjà dans le libre et le libre est la nature même du réel ; on existe toujours à la limite extrême du réel parce que le réel est extrême par structure et qu’il ne peut en être autrement puisqu’alors « réel » est le nom de ce qui assèche, épuise toute la possibilité (et que donc le libre est la structure même et, pour nous, pour chacun, il existe un présent qui décide dont on peut dire la liberté en vous vous décide… c’est bien l’impossibilité et l’aporie sartrienne, absolument certaine,  qui revient : de là qu’il faille avancer que la structure existe avant tout, avant vous-même et qu’elle vous tire, et qu’elle existe dans le « rien » que l’on ne confondra plus avec le néant (que l’on sait comme formelle donc) et vous attire par devant et que vous vous devez à cette structure (à dieu, à la pensée, au christique, au sujet, à l’altérité de la Volonté ou de l’Etre), hors de quoi tout ce qui apparait, est vécu, est représenté rétrograde, redescend dans la faiblesse et la pauvreté du monde et de l’immédiat).

Parce que ces révoltes, individuelles, se situaient bien au chaud dans des Etats plus ou moins de Droit (ou équivalent). Ces révoltes (en tête Nietzsche, Heidegger, Kierkegaard, Marx, Freud, ou  si l’on veut Foucault, Deleuze) doivent être comprises dans un réel plus grand (sans lequel elles ne seraient pas) et donc tout en préservant leur valeur indiscutable, ne peuvent pas, ces révoltes, annuler, abolir, détruire ce qui les précède et les contient. Et quand bien même l’ignoreraient-elles se continue au travers de leurs explorations (c’est en cela qu’elles valent) la même structure, qui, n’ayant rien de déterminée, passe outre les intentions affichées. C’est l’altérité brute qui avance au travers de toutes ces pensées autres. Et évidemment sans l’altérité nietzschéenne ou heideggérienne ou sartrienne ou lacanienne on ignorerait que justement le réel est fondamentalement et en lui-même absolument Autre : ils ont vu.  

Et encore une fois Descartes ne remplace pas l’éventuelle intentionnalité divine ; mais il nous fait voir pour le coup que s’il est un dieu il sera comme cette intentionnalité, cette intentionnalité constatée, qui ne peut pas être soupçonnée de créer dieu à son image puisque cette intentionnalité nous saisi et non pas que nous nous en saisissions, et qui sera ensuite délimitée et observée par Kant puis par Husserl, jusqu’à ce que Sartre l’extrait radicalement et la sup-pose en elle-même (ayant affaire au corps tel que donné « là », dans l’étrange « là » du réel, ce que ne manquera pas Lacan, de suivre la jouissance menaçante d’exister dans ce corps travaillé, perçu d’ailleurs, d’un autre point insituable, puisque c’est lui qui situe).

Et intuition cartésienne aussi étincelante que dieu est vertical. La lumière est ici même et Descartes nous montre le lieu, dans l’étendue du monde, de la brisure absolue, ce qui veut dire formelle, et observant ce réel dans son articulation, il suppose abstraitement sans doute, que si dieu existe il est-sera-existe comme cette logique de structure ; il en vient ainsi à permettre de préciser la nature même de ce que par « dieu » on peut supposer à partir de l’expérience extrême ici et maintenant. Il dresse en chacun le cœur structurel du réel, la réalité intégralement brisée par le présent instantané : instantané. Tout est absolument et invinciblement ré-articulé par le présent continué.

Et nous sommes effectivement réalignés formellement sur le réel pur et brut, continuellement. C’est cela qu’introduit Descartes et dont on ne remet pas, dont on ne se remettra jamais (excepté dans le non-temps de l’ontologie, de l’ontos pur et brut).  

Autrement dit il ne s’agit nullement d’un glissement dans le subjectivisme, même si par subjectif on entend une formalité subjective de sujet universel (Kant), parce qu’il n’existe absolument pas de « subjectivité » ; même l’intériorité est déjà elle-même prise-dans la structure, puisque rien de ce qui apparait d’humain n’est naturel (ce qui ne veut pas dire que l’on ne reprenne rien du donné mais qu’au contraire on reprend tout, et que l’on y ajoute l’arc intentionnel qui re-crée, re-lance le donné, de, dans et par la perception). Chaque moi n’est pas immédiatement « lui-même » ; ce « lui-même » est déjà une recréation (ce que l’on va faire de ce que le monde ou les autres ou la vie ont fait de nous). On intentionnalise automatiquement, dans l’extrémisme qu’est une existence, cette re-création, ré-invention de « soi » ; parce qu’étant vide et formelle l’intentionnel prend en charge tout uniment n’importe quel moi, le supporte et l’élève déjà, chacun un par un et un séparément de tout et de tous, sur l’horizon de l’universelle singularité ; le moi est déjà une construction et donc déjà la possibilité de résolution de l’équation que l’on est ; tout moi a déjà voulu s’en sortir ; nul besoin d’attendre l’accord conscient pour que l’intentionnalité ait déjà pris en charge le devenir et la possibilité ;

l’accord conscient qui pourra et/ou devra s’ajouter à la volonté du « je est un autre » (c’est ce que veut dire, absolument, Rimbaud dans la lettre du voyant) cet accord conscient qui se surpasse, rimbaldien et nietzschéen (en se supposant d’une Autre volonté, signe de ce mouvement suréminent) est précisément, très précisément cette disposition qui doit se mettre au point dans la prédisposition que chacun est par et pour lui-même sur sa version non-consciente mais non-consciente non par défaut et manque mais par excès et parce que l’on ex-siste cette vision qui nous détient, antérieurement à nous-même ; au point que distinguer la résolution du problème donné est impossible ; on ne la percevra pas, il faudra la supposer, la virtualiser (qu’il n’y ait pas seulement le réalisé, les possibles mais aussi le virtuel et le structurel). Cette vision qui nous voit (la poésie est la vision qui nous voit) et par laquelle on perçoit, n’est certes pas toute-puissante puisque sa finalité ça n’est pas de contrôler la réalité et la réalisation, mais d’inventer ; et on ne peut pas contrôler l’invention (sinon elle est annulée). On se tient alors à l’extrême bout de la réalité et donc sur le plan incliné du réel pur. On n’y tient évidemment pas. On l’a-perçoit. Et on aperçoit tout le reste, en dessous.

Cette sur-intentionnalité de Rimbaud c’est également ce que vise Nietzsche et qui ne nomme pas sans raison la volonté comme Volonté-autre ; c’est que si l’arc de conscience qui surgit de la cervelle vers le réel se tient dans le champ de la perception (et donc antérieurement aux conscients divers et variés) c’est afin d’échapper à la détermination acquise en créant de la détermination inventée ; ça ne vient que l’on s’invente (et tout moi s’invente, est structurellement une invention) ; et de la détermination inventée cela n’existe pas, sauf générée par cet arc et son dispositif virtuel absolu, ce qui veut dire formel. Et c’est vers le peut-être supposé et tout à fait virtuel contrôle de cette intentionnalité de structure que travaille Sartre (et l’analysant sur le divan). Mais alors il est bien clair que ça ne sera pas un contrôle à proprement parler ; mais une structure virtuelle insaisie.

Si l’on est libre, il faut poursuivre littéralement et explicitement ce que cela signifie ; si on est libre c’est que « ça » se choisit de par soi ; si on décidait d’être ceci ou cela, nous serions pris dans une ligne de destin, de causalité, de passé et d’héritage ; mais ça se décide là au-devant, dans la perception même et antérieurement à toute énonciation consciente et tout passé bêtement donné-là et bien que prenant en compte toute énonciation … c’est bien là le heurt ontologique fondamental ;  c’est ce qui s’analyse, par ex, par l’inconscient ; on voit ce que l’on voit mais on ne le retient pas consciemment ; on voit les signes qui affiche l’inaccepté, et on n’intègre pas cet inaccepté dans une intentionnalisation consciente ; que le conscient non pas soit annulé mais qu’il soit pris, tel quel, pris en compte dans une bifurcation continuelle qu’est la perception. Et ce qui vaut dans la psyché d’un-tel, pour lui-même, vaut aussi dans l’historicité ; on voit historiquement la révolution mais on l’annule, la biffe, la non-perçoit. On voit la poésie mais on ne l’acte pas, elle requiert un tel effort et un tel investissement.

Ça se décide là au-devant dans la perception, non pas contre le conscient mais en l’emportant, en l’outrepassant, puisque ce qui est tenu consciemment est toujours déjà perçu d’un horizon autre ; il y a déjà dialectique, il y a toujours dialectique et qui ne renvoie pas à « l’esprit ». Et ça n’est pas indifféremment non plus qu’esthétiques et poétiques doivent être entendues, perçues du plus haut et de la plus grande stratégie possible (et non comme distraction du même regard répétitif dont la densité serait exclusivement celle du corps ; le moi est malgré ses tours et détours, le corps et l’économie est l’idéologie du corps, le ventre que l’on ne peut pas emplir, satisfaire ; c’est donc la théorie, la pensée de l’insatisfaction qui est le vrai réel et qui mène la stratégie extrémiste).

L’aporie sartrienne c’est ce que voulut résoudre Merleau-Ponty ; que ça passe par le monde et le corps, la chair. Mais en vérité il faut conserver l’intentionnel et la structure et s’apercevoir que le conscient est tout à fait à sa place mais qu’il est pris-dans  une plus grande cohérence qui n’est pas du monde ou du corps, ni du conscient ; et c’est bien en cela que Sartre insiste tant sur la créativité, l’invention et tout à fait également l’invention de soi ; on ne peut pas penser la réalité et le réel comme on pensait l’universel (à grands coups d’universalités ou de logiques) mais il faut les penser en tant qu’instanciations à chaque fois inventives ; l’universel mais aussi le christique et le sujet, la révolution et l’altérité, la science et les théories selon le monde (Marx, Freud, structuralismes divers, etc) sont des possibilités distinctes et absolument pas réductibles à l’universalisation. Ce qui se montre étant la Grande Cohérence par-dessous toute réalisation.

En réalité on a fait front de par l’universalité parce qu’il s’agissait non de la pensée mais de la raison, à disposition du sujet (alors que dans la pensée le sujet est à disposition de celle-là). On a supposé que l’esprit contrôlait le conscient, l’entendement, ou que la raison kantien supervisait l’entendement, mais il faut dire l’inverse ; c’est le réel qui réfléchit.

Le réel est articulé et il ne sait pas, consciemment, où il va mais il y va. Et non au sens où il serait action, plutôt que contemplation (on est loin, bien loin de cette antienne de la pensée grecque), mais au sens où ce qui pro-organise la réalité dans le réel c’est l’intentionnel, et ce sur quoi Sartre s’échinait. Rimbaud, Kierkegaard, Artaud et la quantité considérable de sujets (depuis 2 siècles) recherchent, se travaillent, manifestent, montrent les points d’inventivité qui permettent de lire et relire et finalement relier les intentionnalisations ; recherchent la machine à opérer vivant le sujet, se donnant en exemple. Et Rimbaud qui est le plus dur et le plus volontaire et qui croit échouer, Saison et Illuminations s’imposent comme cheminements ; le point n’est pas là où on le voit, mais le point à partir duquel on perçoit.

Autrement dit la liberté ça n’est pas choisir mais c’est inventer et créer ;  de ce point cela se crée au-devant ; on ne connait pas de où cela Voit, mais ensuite c’est à partir de ce point que l’on comprendra. Non un bien qu’il faudrait appliquer avec lucidité, mais le bien à venir qu’il faut inventer tel quel et c’est ce que chaque moi effectue, de fait. Et c’est ce que Rimbaud recherche ; le bien, la structure du bien individualisant et exceptionnalisant, du singulier tel qu’il doit se (pré)disposer si il veut acter, intégrer vers la vision-visée du réel. Sans doute on peut n’observer que les répétitions, mais ce sont les exceptions qui comptent, sauf qu’on ne les voit pas (Badiou sait bien cela). La structure accroche sur la possibilité et non sur l’universalité, qui est utilisée afin de repérer les externalités, de même que Nietzsche ou Rimbaud usent du christianisme pour non pas contredire mais percevoir plus loin ; de grimper sur les épaules. On est déjà en vérité sur l’autre côté, et on n’en juge pourtant que selon les anciennes règles, attendant de découvrir à quelles nouvelles ces inventions correspondent.

La perception est la dimension. Qui repère l’invention-qui-vient, potentielle (dirait Nietzsche, de puissance) ou virtuelle et enfin l’in-finie capacité structurelle (qui ne s’actualisera jamais comme on l’imagine, mais Autre, dieu en ce sens est absolument Autre). Ne serait-ce qu’étant non en sa totalité mais ponctuellement construite et (se) traduisant en étirant à partir du point tout à fait autre, dans le réel (et c’est pour cela que toute l’occidentalisation tire la réalité dans le réel, et découvre et invente et crée quantité de possibilité du donné là, du vécu (du relationnel) et du corps ; l’occidentalisation cible le donné très exact des choses et des corps (esthétiques, éthiques, poétiques, politiques, idéels). Ça n’est pas pour rien si les esthétiques, les poétiques, les récits s’en prennent à notre intentionnalisation, par élévation et révélation de la perception possible, qui est « ce qui n’est pas parvenu encore au bout de ses possibilités ».

Mais si la perception est la dimension hors de question de la traiter donc sans la structure réelle ; elle n’est pas sans l’esprit et sans ce qui se trouve au-delà de l’esprit ; dans le réel, qui est « ce qui est articulé », il n’y a rien d’immédiat (sinon de bâti sur des positions secondes, des attitudes) et on n’y approche pas sans intégralement et du plus loin possible tout re-mettre en œuvre, sans re-lancer toute la réalité, toute la réalisation humaine, tout le corps que l’on est devenu ; la recension de Rimbaud de tout ce qui fut (de là qu’il faille faire œuvre de totale acculturation à chaque fois, on ne s’y improvise pas, Rimbaud adolescent a intégré sur son corps tous les signes, et c’est parce que sur son corps il s’agite infiniment vite ; non qu’il se passe de l’esprit mais il a transféré tout l’esprit sur ce corps neuf du Génie). De même tout l’héritage et le passé de chacun en son moi basculent à partir du point éloigné situé dans le présent ; le présent est pour le moi le point le plus éloigné, puisque avenir et passé sont représentés, et que le présent n’est pas de l’ordre de la représentation …

Ou donc c’est le présent qui nous perçoit (de même que l’inconscient psychanalytique en sait plus sur le moi, de même que la révolution est le sens même de tel monde humain qui est seulement donné-là, presqu’inerte ; le décentrement n’occupe qu’une petite limite dans le monde ou le vécu, mais c’est cette limite qui attire tout le reste, le reste n’est rien en comparaison de l’exister).

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