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instants philosophie

Le moi et son symbolique, le sujet et ses signes

23 Avril 2009, 20:28pm

Publié par zward

Le langage et le groupe humain s'emmêlent et s'imbriquent mutuellement de sorte que l'ensemble fonctionne comme computations globales traitant le donné et ayant pour vérification la transmission des uns aux autres ; en quoi ce système constitue le symbolique. Tous se reconnaissent dans le même système symbolique ; qui est partagé entre tous comme machine réfléchie entre-tous.

Mais dans le langage et le groupe quelques-uns inventent un sous système qui deviendra bientôt le méga système solutionnant tous les langages en son discours. La philosophie quitte le giron du groupe et commence de désolidariser le langage et de le recomposer selon une autre densité que celle connue du symbolique.

La philosophie est l'arme décidée qui transforme le symbole en signes. Les signes tiennent leur être de leur cohérence et forment ainsi un discours unique et total. Non par ambition démesurée mais parce que ce qui prédomine dans ce système c'est la cohérence qui réclame de tout identifier (sinon il en manquerait) et que cette totalité soit compréhensible, cad une. De la cohérence découle l'uni-totalité du discours.

Il se révèle ensuite que ce discours porté à son maximum de réalisation débouche d'une part sur le monde, (qui deviendra objets de sciences) et d'autre part existe pour-un sujet. Descartes imprime expérimentalement le départ d'une seconde révolution ; le sujet est au centre (mais il ne peut se passer d'un discours cohérent pour être le sujet qu'il est) et le monde existe, mesurable et en soi (hors du champ du discours uni-total ; il nécessitera pour être penser ces autres sortes de signes dénués de symbolique, que sont les mathématiques).

Nous quittons de cette façon la vie symbolique qui se réfugiera dans l'intériorité, tandis que l'extériorité est livrée à une gigantesque objectivité. Laquelle est la vision perceptible à partir du sujet ; lequel n'est pas du tout le moi, mais est l'opérateur de toute cohérence (fondée sur le modèle du discours uni total ayant conquis absolument la réalité humaine).

De ce point de vue et bien que le moi, le vécu, soit l'effet conclu sinon concluant du sujet, le moi n'existe que de haïr la pensée ; dont il sent bien qu'elle le confronte avec ce dont il ne peut supporter la vue encore moins l'idée ; que le moi comme tel n'a pas de destinée, pas de sens, pas de vécu symbolique et qu'il est grosso modo une construction de signes non symboliques.

Or cela ne l'arrange pas ... parce que le moi , lui, pour se saisir de soi, pour mener une vie, pour emplir un ou des vécus, a besoin, réclame de fonctionner selon le symbolique... Que cela fasse Sens, son existence. Et ça ne peut pas. Non seulement il est abasourdi par la réalité qui n'est pas de signes, mais surtout pas de symbolique, mais qui est autre, entièrement autre et plongée, immergée d'altérité. Mais de plus il est, le moi, démantibulé du dedans ... par son être.

Le moi finalise une essence (« moi » tel que je suis et ne se dit pas mais se vit d'affects et de symbolique), mais il se tient d'un être, d'une structure, d'une forme (vide et plein de dents).

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La société du spectacle 2

9 Avril 2009, 21:08pm

Publié par zward

Si la société humaine selon Debord est happée dans et par le spectacle, il faut y entendre la représentation ; la représentation humaine de l'humain, cad ce par quoi l'on se sait.

Comme il se tient sur la position hégélienne, celle du savoir, celle du discours comme un et cohérent et total, qui conçoit l'être humain par et selon (et peut-être) pour le Savoir, la culture, les signes ; en tant que l'homme se réalise, parvient à exister tout son être tient en et par seulement le concept, la conscience qu'il a de soi, cad la conscience qu'il Est. Comme il part très exactement et en parfaite continuité philosophique de Hegel, (toute philosophie ne peut que se fonder en et par Hegel), il s'affole de s'apercevoir comme la conscience, le concept de l'homme par lui-même, non seulement ne lui appartient pas, (en quoi le prolétariat est la conscience qui devait , point de vue marxiste exact, aurait du être la vraie conscience de soi  de l'être humain), mais est de plus et dorénavant le concept de l'homme, « produit » ; causé entièrement de ces moyens objectifs que sont la représentation spectaculaire de l'humain.

Le spectacle est ce qui est-devant ; il est bien évident qu'alors cela s'adresse non pas à l'intelligence, mais à la perception ; le spectacle est un comportement extérieur conformiste et même bien plus que cela, duquel nous nous calquons, que nous prenons objectivement (puisque c'est dans l'extériorité) comme vrai ; il est de fait, dans le fait brut lui-même, réel, donc vrai ; il existe une croyance immédiate et absolue, une adhésion totale à sa vérité. Laquelle ne passe pas du tout par le jugement ; si il devait être jugé, le spectacle s'écrirait comme « société du spectacle » ; en ce sens le livre est incontournable. Bien plus que conformiste, parce qu'il est le vrai absolument ; de même que l'on ne saisit pas cet arbre comme irréel, on absorbe la quantité phénoménale d'images et de proto-comportements, comme tels, tels qu'ils sont ontologiquement si visibles.

Les moyens de productions sont parvenus en une telle puissance, qu'ils créent la société humaines dont ils ont besoin ; ce ne sont pas les gouts ou les besoins des gens, des corps, des psychologies qui élisent les productions ; ce sont les productions qui imposent tout inversement la réalité humaine nécessaire ; en ce sens toute la substance humaine est produite par les moyens de production. Quand bien même il peut exister des dé-goûts spontanés, des refus, ou d'autres choix élus, la pression des moyens organisés de production est en elle-même puissance unique. Les moyens sont de fait organisés ; tandis que les divergences, les différences sont dispersées, sporadiques, canalisées et puis recomposés selon les flux productifs pré-ordonnant tout ce qui est humainement exprimé, exprimable.

Or la réalité humaine est « ce qui s'exprime ». Cela c'est son être.  Ce qui l'emporte en ce cas, c'est l'organisé ; comme il n'est aucune organisation strictement individuée, mais seulement des moyens de propagation de l'expression qui conditionnent cet exprimé ; il n'est aucune pensée organisée partagée et transparente qui puisse s'assurer de moyens en propre, tels qu'ils puissent concurrencer l'hyper-organisation des moyens eux mêmes. Le flux ordonné est donc installé, continuel, auto alimenté, immédiat et immédiatement reçu comme vrai, cad réel.

La perte du réel est ce qui sous-tend la pensée de Debord ; le réel est remplacé. Cad l'intérêt humain effectivement réel tel qu'il devrait être historiquement devenu ou en devenir. Le réel remplacé par son ersatz, lequel n'est pas un accident mais une production.

Ce fût toujours le cas ; l'expression humaine de l'humain est depuis toujours soumise à une ou des dominations ; mais les productions gardaient quelque rapport avec les producteurs et/ou les consommateurs ; elles n'étaient pas entièrement préprogrammée et ne détruisaient pas absolument le milieu de leur génération, de leur production. Or dans le spectaculaire, la technologie, infinie, remplace le milieu et crée les matériaux eux-mêmes et les transforment suffisamment pour ne garder plus aucun lien avec la matière elle-même, la nature ou les besoins, etc. Elle s'illusionne de tout produire ; intégralement. Tandis qu'il existait des limites, données, naturelles ou de production proche, ou simplement des limites de moyens, pragmatiquement, il n'en existe plus aucune, dans cette illusion. C'est un contrôle total de tout ; par des flux organisés de production qui n'a aucune autre limitation que ses possibilités de ... contrôle.

Ainsi l'économie ; la science économique ne mesure absolument pas l'économie des sociétés ; mais seulement la part officielle de ces économies ; non pas le coût réel et global de tel comportement ou de telle production (c'est devenu la même chose), mais seulement le coût illusoire de cette consommation, et, de fait, chacun n'en perçoit que le coût illusoirement personnel. Il n'est qu'une seule face présentée et qu'une seule face vécue ... Tout ceci baigne dans l'irréalité complète.

Debord assiste donc et insiste sur la « production d'un monde », intégralement ; il constate que rien n'est réellement produit par les êtres humains, (qui sont eux-mêmes atomisés par et dans et pour l'activité de produire) mais que la représentation, généralisée, est en réalité induite des flux et des moyens de production. C'est cette généralisation qui parvient à SES propres fins ; indépendamment de tout intérêt humain ; si cet intérêt rencontre l'intérêt de la production, tant mieux, sinon peu importe.


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