Le moi et son symbolique, le sujet et ses signes
Le langage et le groupe humain s'emmêlent et s'imbriquent mutuellement de sorte que l'ensemble fonctionne comme computations globales traitant le donné et ayant pour vérification la transmission des uns aux autres ; en quoi ce système constitue le symbolique. Tous se reconnaissent dans le même système symbolique ; qui est partagé entre tous comme machine réfléchie entre-tous.
Mais dans le langage et le groupe quelques-uns inventent un sous système qui deviendra bientôt le méga système solutionnant tous les langages en son discours. La philosophie quitte le giron du groupe et commence de désolidariser le langage et de le recomposer selon une autre densité que celle connue du symbolique.
La philosophie est l'arme décidée qui transforme le symbole en signes. Les signes tiennent leur être de leur cohérence et forment ainsi un discours unique et total. Non par ambition démesurée mais parce que ce qui prédomine dans ce système c'est la cohérence qui réclame de tout identifier (sinon il en manquerait) et que cette totalité soit compréhensible, cad une. De la cohérence découle l'uni-totalité du discours.
Il se révèle ensuite que ce discours porté à son maximum de réalisation débouche d'une part sur le monde, (qui deviendra objets de sciences) et d'autre part existe pour-un sujet. Descartes imprime expérimentalement le départ d'une seconde révolution ; le sujet est au centre (mais il ne peut se passer d'un discours cohérent pour être le sujet qu'il est) et le monde existe, mesurable et en soi (hors du champ du discours uni-total ; il nécessitera pour être penser ces autres sortes de signes dénués de symbolique, que sont les mathématiques).
Nous quittons de cette façon la vie symbolique qui se réfugiera dans l'intériorité, tandis que l'extériorité est livrée à une gigantesque objectivité. Laquelle est la vision perceptible à partir du sujet ; lequel n'est pas du tout le moi, mais est l'opérateur de toute cohérence (fondée sur le modèle du discours uni total ayant conquis absolument la réalité humaine).
De ce point de vue et bien que le moi, le vécu, soit l'effet conclu sinon concluant du sujet, le moi n'existe que de haïr la pensée ; dont il sent bien qu'elle le confronte avec ce dont il ne peut supporter la vue encore moins l'idée ; que le moi comme tel n'a pas de destinée, pas de sens, pas de vécu symbolique et qu'il est grosso modo une construction de signes non symboliques.
Or cela ne l'arrange pas ... parce que le moi , lui, pour se saisir de soi, pour mener une vie, pour emplir un ou des vécus, a besoin, réclame de fonctionner selon le symbolique... Que cela fasse Sens, son existence. Et ça ne peut pas. Non seulement il est abasourdi par la réalité qui n'est pas de signes, mais surtout pas de symbolique, mais qui est autre, entièrement autre et plongée, immergée d'altérité. Mais de plus il est, le moi, démantibulé du dedans ... par son être.
Le moi finalise une essence (« moi » tel que je suis et ne se dit pas mais se vit d'affects et de symbolique), mais il se tient d'un être, d'une structure, d'une forme (vide et plein de dents).