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instants philosophie

Courage et passion

29 Avril 2023, 09:04am

Publié par pascal doyelle

De la liberté

de ce que notre être n’est pas un être mais un mouvement, cad une structure ou donc un rapport, formel (et qui se définit comme champ intentionnel, balisant la réalité, le vécu, le corps, le relationnel de signes qui découpent choses et êtres, ce qui veut dire structure qui les discerne, les distingue, et dont la fabrication de signifiants est potentiellement indéfinie, et qui soi-même, comme structure, est, au moins, non-finie, ne s’attachant à aucun contenu, ce qui rend possible la multiplication indéfinie, et qui à tel moment, de l’historicité, s’est désigné soi, et n’étant plus affecté aux contenus (partagés dans tel ou tel monde, égyptien, maya, etc, conservés tel le trésor même de leur monde, de leur groupe), commence de produire encore plus de signes, de signifiants, de systèmes de signifiants,

de ceci donc on indique que nous sommes libres. Lors même que l’on ajoute un seul petit signe au bout ou au milieu d’une phrase, cette simple dénotation, ce décalage rend possible de modifier la réalité, que ce soit celle extérieure ou celle intérieure. Il est évidemment infiniment facile (pour peu que l’on s’emplisse de courage à telle ou telle époque du monde, Spartacus ou Socrate ou Moïse ou Descartes ou Galilée, etc) de constamment tout chambouler par des signes ; le reste, l’intendance, la technologie, l’organisationnel humain de tel ou tel période, suivront, tôt ou tard.

Tôt ou tard si l’on est dans le vrai, ce qui signifie « dans le réel », parce que si les mots et les phrases vont et viennent (souvent en pure perte), lorsqu’ils décrivent, atteignent ou créent du réel, ils re-viennent (comme le signifiant qui a décroché votre corps de sa vie et qui revient sans cesse, camouflé ; inconscient).

Donc il y a un accès au réel et celui-ci nous fait office non de mémoire mais de report continuel ; dont on sait bien que s’il manque, on disparaît. Dans le fantasme constant (dans le champ imaginaire, autrement dit) ou disparaît tout court et pour de bon.

La liberté existe puisque notre être n’est pas un être mais un rapport, et qui, comme tel, peut s’introduire lui-même dans la représentation. Il est tout à fait logique, évident, manifeste que ce qui existe comme rapport est un champ, un champ intentionnel, marqué, balisé constamment par des signes, et que tout ce champ, cet arc, ce champ de signifiants divers et variés, se représente à lui-même et lorsque cette représentation est admise, adoubée, intégrée dans le monde humain, dans son christianisme puis dans son humanisme et ensuite dans son personnalisme généralisé (depuis les années soixante du 20éme siècle), alors ledit champ s’est déployé.

Mais son existence, pour ce je lui-même, se tient toute droite en son existence-même. L’arc impératif d’exister.

On pourrait dire que dieu se révèle ou désigne, signifie le plus grand de tous les rapports ; spécifiquement qu’il est le rapport dans et par lequel tous les rapports (cad tout) tiennent. Ou donc que le présent est in-fini au sens où tous les mouvements que sont les choses et les êtres, n’existent que dans et par le Mouvement absolu. On y reviendra évidemment, mais si ce qui est réel est le mouvement alors le mouvement est la structure. De tout ce qui est. L’exister est le mouvement de l’être divers et variés et l’exister est le Un de toutes les multiplicités (qui sont eux-mêmes des rapports).

Pareillement le sujet est la forme de tous les contenus de conscience, mais alors ce sujet est une structure qui existe telle quelle ; aussi ne doit-on pas rechercher un « être substantiel » qui serait le « moi » ou l’identité de soi (quel que soit ce soi), mais tenir que la structure du sujet est ce je ; qui est, existe en tant que mouvement. Puisque le mouvement est la structure même de ce qui est. On n’idéalisera donc pas notre « être », qui n’est pas, ou plutôt qui « est » mais relativement au mouvement de son exister, de son je ; il n’est aucun « être ontologique » ; qui est seulement une projection hontologique comme disait Lacan, mélangeant la représentation (quels que soient ses signes) et une supposée solidité, consistance, restant, en vérité, imaginaire, imaginée. À l’inverse dieu, la vérité (et l’universel), le sujet et le je, le réel instruisent des processus d’exigence, de tension, de cohérence, et tenant l’horizon même le plus fermement possible ; comme l’imposent dieu, la raison et la pensée, le christique et Descartes, le réel et l’infacilité du moi (qui pourtant tombe régulièrement dans tous les pièges du fantasme, ou tombe en dépression, névrose, psychose, perversion, borderline ou désespoir, comme autrefois ; il est très difficile d’être un « moi », ça n’est pas évident du tout).

Tout dépendra donc de son représentant. Qu’est-ce qui représente la liberté dans le champ intentionnel de conscience ?

On a vu que strictement dès qu’est lancé la « conscience », il faut entendre le « rapport » et non plus quelque contenu que ce soit ; on atteint instantanément l’ultime limite, ce qui veut dire l’illimité ; l’infini ; un rapport (dont aucun contenu n’arrivera à la cheville) n’a affaire qu’aux rapports, dieu, la pensée, autrui du christique, je du sujet, historicité de la révolution (qui change tout, tout ce qui est humain ou si l’on préfère qui acquiert ce qui se développait lentement au fil des siècles).

Soit donc il faut remplacer la « foi », la pensée, le sujet ou le réel par « le rapport ». une idée ou une représentation ou un être divin ou un fait historique monumental, on s’en tient plus ou moins à distance. Mais si la foi ou la pensée, le sujet ou le réel existent en tant que rapports, alors on y est. On existe en ce rapport.

Manière également d’expliquer que quantité de personnes aient crû. En dieu, en la pensée, le sujet ou la révolution. Parce qu’ils saisissaient bien que le rapport qu’ils étaient s’engrenaient dans le grand rapport au-devant d’eux. Arthur saisi par la poésie et devenant Rimbaud. Ça arrive comment, sinon que l’on travaille, et travaille dans l’actualité de la saisie, à établir d’autres, de nouveaux rapports. Il les Voit. Ça entre dans sa perception, son corps, ses affects ou tout ce que l’on voudra. Encore une foi question de courage existentiel.

Les sociétés cycliques répètent le même trésor (ils ne peuvent pas cesser de communiquer entre soi et de transmettre entre générations), mais si le rapport passe sur le devant de la scène, il va commencer d’inventer de nouveaux contenus, qui ne sont plus le lien lui-même puisqu’une nouvelle catégorie (dieu, la nation, la pensée, le droit, le sujet, la révolution, etc) s’imposent comme cadres généraux admis et déployés en eux-mêmes ; mais comme ces « cadres » touchent à l’intimité, l’intériorité, la mouvement même de la structure de conscience, alors chacun est concerné en (et par) lui-même ; ou donc, on ne peut plus faire semblant ou alors on fait semblant volontairement… (de là que Sartre en indique la mauvaise foi, à tort mais en vérité néanmoins, d’un vrai point réel).

Si le groupe ne tient plus les individualités, alors ceux-ci doivent intégrer l’ordre même ; indépendamment. Et cet accès trouve immédiatement son lot ; il devient qui il est, mais étant un rapport à soi, il devient son existence.

Ce qu’impose absolument, formellement et intégralement le christique ; selon le segment naissance-mort, dont il dit que la-vie n’est pas tout ; qu’il y en a une encore-plus-vivante, à savoir celle du rapport qui a conscience de toute la vie vécue, de tout ce que l’on éprouve, et qui donc n’est pas tout cela, mais porte en lui-même, en son regard de « je » ou de « moi », porte sa propre dimension ; à laquelle il faut donner une représentation.

Elle devient si immédiatement ou mieux si instantanément intégrée que chacun soit se christianise, soit (avant et) après la révolution française devient le je ou le moi comme structure universelle commune ; et l’ensemble des esthétiques, des littératures, des politiques, des morales et des éthiques (fortement individuées) se multiplient en tous les sens, orientations possibles ; c’est ce que l’on nomme l’ordre culturel, depuis que la mise en forme culturelle ; les mondes précédents la structure de conscience, comme dieu, pensée, sujet et réel, inventent le langage, les échanges, etc ; la mise en avant de la structure brise cependant quelque peu la spontanéité du langage (lorsque l’on parle on entend ce que l’on dit, afin que l’autre entende ce que l’on entende, et que l’on prononce ; dans le langage est déjà inscrit structuralement pour ainsi dire, autrui, l’autre, l’Autre ou au début donc le groupe ou la communauté).

Cet « ordre » culturel évidemment c’est ce qui envoie votre propre rapport ; jusque dans la perception, l’affect bien sûr, les signes et le relationnel ; l’ordre n’est nullement celui qui se produit des institutions, mais depuis le début c’est celui qui s’écrit par et dans des individualités ; moïse, jésus, Socrate, Descartes ou Rimbaud, Rousseau ou Robespierre, ou Sartre, Lacan, etc.Il n’existe aucun autre Ordre.

Pareillement Einstein ou Gödel ; les théories sont portées, supportées, articulées par des sujets. Mille et un sous-ordres viendront soutenir ou contredire et écraser l’Ordre effectivement manifesté (par dieu, la pensée, le sujet ou le réel), mais, et la dernière occurrence l’impose, seuls les sujets ont accès au Réel (cad aux mouvements que sont dieu, la pensée, le sujet ou le réel). Il est clair, dès l’origine, que la survenue du dieu un, unique et antérieur à tout, coupe intégralement la réalité, le monde, les mondes humains, la naturalité en deux. Les juifs ne s’y trompent pas ; c’est un chambard énorme, infini, une extraordinaire difficulté qu’il leur fait. Pareillement la pensée, un avant et un après, le christique et Descartes, la révolution et l’accès au réel pour chacun, chaque un. Le besoin universalisant communiste ou le fantasme désirant libéral s’évertuant à ressouder le réel, à recoudre, à même la peau, cad l’image (et ce faisant usent la réalité, au sens propre ou figuré ; le monde et la naturalité ou le corps des mois, qui s’épuisent pour un idéal universel ou un fantasme de soi).

Courage existentiel qui prend sur soi, on ne sait de où, à partir de quel point d’exister, ou passion existentielle, qui sait bien ou sent bien comme il n’est aucune correspondance entre le je, l’arc de conscience et quoi que ce soit dans le monde, la vie vécue, le corps, et qui surtout qui a saisi ou fut saisi de l’arc étincelant du réel pur (et brut) ayant à s’actualiser ; l’arc avant-son-corps ; puisque l’arc de conscience ne correspond à rien, c’est ainsi qu’il existe un présent en lequel « quelque réel » ou « le réel même » doit apparaître. Ce je sait l’apparition, il la reçoit.

Et non pas l’apparition du fantasme qui ne désire rien tant qu’envahir toute la mentalité (et nous rendre esclave, du pulsionnel ou des images immédiates, non celles réfléchies et difficiles évidemment qui sont créées du et par la structure, esthétiques, poétiques, etc), mais apparition du signe, quel qu’il soit et selon ce que l’on a perçu ; aussi le fantasme (qui croit que tout est possible et non pas que le possible Existe) nie-t-il qu’il se présente quelque signe que ce soit ; nous convaincant que jamais il n’y eut de signes. Ce qui est faux.

Le moi s’enroule dans le fantasme, précisément dedans, (et le libéralisme ne demande rien tant, mais les mois tout autant, qui croient contrôler leur objet, puisqu’ils sont « images », posées là au-devant, en réalité en eux) ; le je est saisi du dehors, d’un plus grand, qui n’équivaut à rien du monde. Et qui ne s’échange contre quoi que ce soit.

Tel signe, ce je l’a reçu, il lui est apparu, il l’a voulu, il s’y est entendu, ou on ne sait comment.Dieu sur la montagne qui n’est pas, nulle part et que l’on ne peut pas percevoir (puisqu’un rapport ne peut pas se percevoir, mais est cela même qui rend possible qu’il y ait perception en conscience, et non seulement en tant que vivant ; rappel ; les animaux nous perçoivent, mais ils ne se perçoivent pas eux-mêmes à partir de l’horizon ; nous sommes déjà de l’autre côté, lequel ?)

Descartes nomme clairement la liberté comme passion. 

Nul doute que la Passion du christ signifie celle bien au-delà de tout ce que l’on peut éprouver ; nous ne sommes pas dieu… Nous ne saisissons pas encore cet extrémisme réel ou supposé (selon que vous êtes croyant ou non ou troublé, pour le moins) du dieu unique qui se sacrifie ; pour « quoi » ou « qui » se sacrifie-t-il ? Qu’est-ce que cet échange ? Il faudra bien tirer, relativement, cela au clair. Avançons, à tout le moins ; afin qu’il n’y ait plus d’échange… suppression de la dette, nouveau départ, renouvellement, et renouvellement continuel et continué (ce qui eut lieu).

On a déjà dit que cela correspond, à tout le moins, au tomber-amoureux de n’importe qui, de n’importe quel moi, en lequel tomber on ne se perçoit plus, ou encore, jadis, à la foi en la Révolution ou parfois en la Littérature ou la Poésie ; donc ça n’est pas si rare que le Réel se Crée.

Rappelons que le fantasme, ce qui oriente le moi

(le moi qui seul est : le je n’est pas, il existe, il produit un arc en plus)

le fantasme est le corps vivant qui ne comprend rien à la coupure qu’impose l’arc de conscience, cad le signifiant qui tranche le corps ; et toute la réalité, de haut en bas sans reste, sauf que l’on « a » un corps qui est-là, et absorbe le signifiant premier en une part de signe et une part de « chose », que l’on ne peut pas relocaliser en tant que signifiant ; la conscience peut tisser une infinité, potentiellement, de signifiants, ou de signes, esthétiques par ex, mais ne peut absorber la massivité du corps, l’ensoïté dirait Sartre évidemment, massivité qui ne se relie pas, qui pourtant cherche à ramener à lui les signes, d’où l’image fantasmatique ou hallucinatoire, dotée de la pesanteur horrible de la jouissance, imaginaire, et pulsionnellement attirante ;

arc qui tranche la réalité et le corps puisque le rapport, qui est la structure, l’architecture du signifiant, est autre que lui-même (sinon, de rapport il ne serait pas) ;

et comme tel coupe toute la réalité.

À l’opposé le fantasme, et ce qui use du fantasme pour vendre des objets de désir par ex, le fantasme est ce par quoi le moi croit qu’il va « être », supposément, d’un objet qui, imaginairement, illusoirement paraît offrir la complétude, que le moi ne peut plus atteindre mais à laquelle il se rattache désespérément.

Inversement alors le je sait que c’est précisément la coupure elle-même qui doit être élaborer ; dieu, la pensée, le sujet et le réel déploient cette élaboration. Par exemple la révolution, depuis deux siècles, entend gérer et réguler l’impossible, la séparation, la division.

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L’immanquable « conscience »

22 Avril 2023, 11:07am

Publié par pascal doyelle

On a dit que le sujet, le je est cela même qui juge de la cohérence. Mais aussi que ça n’était pas du tout s’en remettre à la subjectivité, puisque l’arc de conscience est cela-même qui maximise absolument la plus grande possibilité, le plus grand rapport et l’ensemble de tous les rapports réalisés ou potentiels.

Et que donc toute l’historicité a pour finalité d’architecturer le sujet. Sa capacité, son jugement, son rapport au réel (qu’il soit dieu, l’universel, le sujet lui-même ou le réel). Son rapport au réel engage, envisage la totalité du spectre de ce qui existe. Et c’est à cette éducation, de soi, que l’on travaille. Aiguiser l’attention et donc opérer toutes les distinctions. Dont on comprend bien qu’il s’agit toujours d’ontologie. Puisque si l’on peut délimiter les concepts (et l’on doit), par contre tout acte, toute activité de conscience engage tout le rapport qu’est l’arc de conscience (et tous les champs par conséquent) ; de là que dieu, l’être, le sujet ou le réel sont unilatéraux, exclusifs, uniques. Formels.

Et puisque le je est un rapport et que rien ne peut se substituer au rapport qu’il existe, absolument, formellement, alors tel qu’il s’instruit lui-même en usant de tout ce qu’il peut, et étant initiateur de tous les champs, de tout ce qui est accessible. Ce qui existe en tant que rapport doit recevoir de son exister sa possibilité.

Par exemple le fondement de toute morale, de toute sociétalité, de toute réalité humaine repose sur l’arc du sujet. Ce ne sont pas des « valeurs » qui flotteraient dans l’espace intersidéral, au petit bonheur.

Jusqu’alors on échangeait des sujets. Non seulement à la ressemblance du christ, qui s’échange lui-même, ou donc qui se donne. Mais tout autant ce don somptueux de la pensée, qui n’existe pas sans penser, activement ; ce qui crée quantité de sujets « qui pensent activement ». ou encore Descartes qui impose à chacun qu’il soit un tel « je « . Ou évidemment la révolution qui crée le statut de sujet, en tant que citoyen.

Le christique est le contraire de l’échange, il se définit par et selon le don ; puisqu’il remplace la Loi ou les sacrifices ou les règles de vie et les interdits par l’Intention ; de l’Intention a priori elle sera pardonnée, ce qui signifie comprise, engageant chacun à comprendre ses propres intentions, ce qui n’était jamais arrivé où que ce soit ; vos actes, votre vie ne vous enchaînent plus, vous n’appartenez plus au monde (à la mort, aux ténèbres, etc) mais au Renouvellement de tout ce qui est (les choses) et de tout ce qui existe (les vivants).

On a dit déjà, que l’on y croit ou non, que le christique est absolument et en tous les sens fondamental. Il outrepasse l’antiquité par le souci de soi, qui recherchait une sagesse, en possibilité infinie par et pour laquelle débute la capacité de se transformer fondamentalement ; notre être ne tient plus en une essence, une connaissance, une qualité quelconque du monde, mais par l’attention envers notre intention ; que veut-on vraiment ? C’est que l’intention ayant remplacé la Loi, chacun peut, doit revenir incessamment sur ce qu’il veut ; rendant possible l’indéfinie possibilité de tous les sujets qui viendront ;

et absolument lorsque par Descartes le je se prononcera lui-même de lui-même, créant la possibilité de rapports à (soi) à partir du soi lui-même, et non plus seulement du christique.

Cette intégration en et par chacun est cela même qu’induit le christique ; cad que l’on considère que absolument initiateur, le christique envoie chacun – vers – lui-même. Hors de quoi, hors duquel mouvement, auto-généré si l’on veut, ça n’aurait pas de sens ; Descartes, littéralement, intègre en lui-même la possibilité de la possibilité, ce qui veut dire la possibilité de quantité de rapports, que ce rapport à (soi) introduit dans la réalité, la vie, la perception, l’organisation relationnelle humaine, etc.

L’intégration du je s’effectue dans la représentation même, ce que saisit parfaitement Pascal, qui crée le concept de « moi », en vis-à-vis du « je ». le je et le moi déracinent totalement la « pensée » ; qui croyait contenir, on ne sait comment, « la conscience », et tenir l’idée comme plus grande que le je, ce qui est absurde ; il est clair que si l’on s’engage dans la notion de « rapport à soi », on ne peut plus en sortir puisqu’aucun contenu de ce rapport ne peut être plus grand ou plus causal ou plus connaissant que ce rapport lui-même. Kant et Hegel l’ont effectivement compris tel (le sujet transcendantal est la structure antérieure à toute détermination et l’Esprit est la négativité qui roule l’ensemble de tous les concepts, restera à Husserl de discerner, distinguer l’activité « de conscience », intentionnelle, et à Sartre de passer outre tout contenu, idéel, idéaliste, de la « conscience » ; l’activité intentionnelle est indéfinie ou infinie, peu importe puisque c’est une structure en acte qui produit, invente ou crée quantité de signes, constamment, et à propos de tout (de tout ce qui est, dans le monde, la vie, ou de tout ce qui est possible, inventé).

Pareillement donc ; lorsque Descartes exprime, manifeste le je, il ne crée pas les je, évidemment, mais l’exprimant « techniquement » pour ainsi dire, il accélère leur profusion. Dans tous les cas il devient impossible d’ignorer la puissance, cad la potentialité, qui produit dans le langage (la représentation, la mise en forme culturelle) des possibilités, ce qui veut dire ; qui provoque des perceptions dans tout le champ du monde, de la vie vécue, du corps et des affects, et évidemment pousse à étendre la pensée ou la connaissance ou la politique, etc ; rendre possibles des sujets, c’est ouvrir tout autant les esthétiques ou les littératures ou les politiques, en tous les sens possibles, cad réalisables.

Sur le christique remarquons qu’il ouvre le champ intentionnel, il est le premier sujet en titre et celui par qui « on est Vu », engageant le regard de chaque un, qui suivront et saisiront instantanément l’engouement chrétien. Et évidemment on se voit par-delà tout ce qui est, tout ce qui est vécu, tout ce qui est éprouvé (et donc désiré) ; il existe un point en-dehors, autre manière de dire que nous existons en tant que rapport et d’un pied à l’autre bout ; le rapport est ainsi le signifiant, celui qui opère des distinctions, puisque la réalité est déterminée et donc elle-même produite comme distinctions ; il existe donc une processualité intégrale du splittage, de la division et donc de la distinction ; et ce jusqu’à ce splittage très étrange, celui qui se produit comme splittage, coupure de soi sur soi, et donc sujet, ou je ; soit donc le rapport à (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même (qui se représente) et quelque identité, et qui malgré ce vide, ce vide formel, dit « je » et donc se signifie, ce qui rend possible tous les signifiants.

Parce que ce qui engage notre être, par quoi il cesse d’être un être, déterminé et donc promis à la mort-disparition, ce sont les positions de sujet, des tas de positions de sujets ; depuis que nous sommes sortis des mondes particuliers, cycliques, selon le sacré, et entrés via le divin, séparé, et le point zéro qu’est l’universel (qui oblige de re-justifier expressément à chaque fois), et l’accès à (soi) comme unité formelle, ce qui se comprend, se voit, se décide c’est le point du réel en lequel et par lequel on existe.

Les sceptiques et les cyniques et les nihilistes conviendront tous qu’il n’est aucun point d’accès au réel. Il est bien évident, et bien certain, que l’on oppose ici tout le contraire ; l’accès au réel est déjà, depuis toujours mais plus manifestement depuis dieu, la pensée, le sujet et le réel ; qui s’imposent sur la scène (jusqu’alors occupée par le groupe, la communauté) et que ce réel, étant, cet accès, une structure cad un rapport, celui-ci est immédiatement et peut-on dire instantanément (puisqu’alors le temps ne vaut plus de la même manière), est instantanément en rapport à soi, comme rapport ; donc il se-sait ; il ne se connaît pas nécessairement (d’un discours extérieur) mais il se-sait et la formulation la plus nette est celle cartésienne du cogito.

La forme prédomine de fait sur les contenus ; ce qui ne veut pas dire qu’elle remplace les contenus, mais que ceux-ci, tout à fait préservés et admis, n’ont de sens, d’orientation, de direction, de point d’application que celui des sujets ; par ex l’universel, la pensée, n’existe que des sujets ; si on tient la « raison » comme extérieure aux je, on perd tout ; la raison ne serait alors que des programmatiques tout à fait abstraites, voire des programmes, ni plus ni moins.

Mais en vérité et originellement la raison, la pensée s’exercent individuellement ; la raison n’est pas la connaissance mais le jugement ; ou dit autrement on ne voit pas ce qui doit être perçu par la raison, mais par l’intention. Et le jugement s’effectue d’un point donné tel que « là » vers l’horizon du monde, le monde comme horizon, autrement dit l’être, et que de ceci le sujet est intégré ou devrai être intégré dans ce jugement sur « ce qui est » ; et si le sujet est intégré alors le « ce qui est » c’est « ce qui devient », et rien ne devient plus que dieu, la pensée, le sujet ou le réel.

Pourquoi ? Parce qu’ils existent formellement, en tant que mouvements, et non pas déterminés (et donc destinés à disparaître). À l’inverse de quoi ils peuvent devenir et sont même le seul facteur, les seuls opérateurs qui se transforment ; leur « substance » est un mouvement et ce mouvement se transmet et se transmet tout aussi bien à lui-même.

Soit donc la structure du mouvement qui est le devenir pur et brut tel qu’il s’est dévoilé lui-même (ou fut révélé), tel quel, dans notre historicité même, puisqu’il n’est une historicité que depuis l’émergence de la structure ; dans tous les autres cas il s’agissait de mémoriser des états, et non pas mémoriser des mouvements ; pour mémoriser un mouvement il faut des êtres qui ne sont pas des êtres (déterminés) mais, donc, ce que l’on a nommé « des sujets ».

évidemment les mondes humains, qui inventèrent le langage, la mise en forme culturelle, le groupe humain, etc, étaient eux aussi des mouvements, mais la différence, pour illustrer, est ce que les sujets bougent très vite, accélèrent, traitent autrement la détermination mais également les autres sujets ; et si il y a « un sujet », il y aura « des sujets » ; sujet devient la règle ; c’est pour cette raison que le christique débute par autrui.

De fait et instantanément articulé comme rapport, l’arc de conscience communique absolument, formellement, son arc-boutant, impératif, universel, exclusif, unique ; soit dieu, la pensée, le christique, Descartes ; impératif puisque l’on ne peut pas échapper à l’intention, forcément unique, de dieu, qui manifeste absolument que l’intentionnel est, existe séparément et tient entièrement en son unité, son essence, il est le premier et le grand rapport ; universel pour tous, ce qui veut dire pour tous les rapports possibles exprimés ; exclusif en ceci qu’un seul a pu appeler, et nommer, chacun par son nom ; unique de sa prononciation en propre « je », plusieurs n’auraient pas pu dire « je » ; beaucoup s’y sont essayés, de reformuler le sujet, mais recouvrant le dit « je » par quelque détermination, contenu, définition, intuition ; Descartes, non, rien que le « je ».

c’est de l’ordre de la dimension absolue (ce qui veut dire formel, de même que infini signifie rapport) ; je suis celui qui est en cours d’exister ; l’être est ; moi je suis (le christ) ; je pense donc je suis. Les marqueurs ontologiques, seuls réels, sont purement formels. Qui ouvrent absolument l’ensemble de ce qui les suivra à chaque fois ; nation, savoir et universel, individualité, révolution.

Donc l’enquête se tient de cette forme-même.

Et l’enquête (ou la révélation) s’est lancée dés la sortie de tout monde clos, cyclique, communautaire, puisqu’au sortir des mondes chacun particulier, c’est la structure (de conscience) qui avance sur la scène, dans la manifestation, qui se nomme donc elle-même comme Intention, dieu, réseau intentionnel, idées et systèmes et connaissances, individualité du je (christique et puis cartésien), réalisation et réel (révolution, humanisation et personnalisation, sciences et États, mass et micro médiatisations, etc).

Puisque cette structure, de conscience, est actuelle, elle n’existe que de et par son actualisation, ou son introduction dans le champ de la représentation, elle se rend réelle toujours et forcément ; elle est l’actualisation, l’actualité en marche, avançante ; il existe mille et une projections du possible pur, des utopies, à commencer par le messianisme, jusqu’à l’eschatologie ; et jusqu’aux paradigmes individuels. Ce qui peut paraître contradictoire, paradoxal ; mais la forme « sujet » est absolument ce qui existe formellement et qui rend possible l’historicité, les œuvres, les nations et les finalités. Le point d’accès au réel c’est précisément l’articulation rendue en sa cohérence la plus forte et celle-ci n’est pas autre chose que le Créé ; il est avéré que les mathématiques peuvent s’étendre en leur règne propre ; que l’universel s’impose comme variations infinies de l’être ; que les sujets initient et organisent l’entièreté de l’arc du réel, qui contient comme sous-structures tous les champs ; autant dire que cette articulation du sujet, et donc du je (qui est le sujet en tant qu’il se prononce), porte intégralement la plus grande cohérence ou possibilité ou accès possible.

Sinon quoi ? Le réel ou la « conscience » ou le savoir seraient contenus « dans la pensée » ? Ou il existerait un « ordre » quelque part qui serait, bizarrement, « conscient de lui-même » ? On voit bien par là que si on introduit l’idée, la notion, le concept de « conscient » on suppose une conscience ; on ne peut plus ne plus poser que l’arc de conscience soit premier et en tous cas dernier (et donc premier, puisque ce sera un rapport qui s’initie lui-même, qui s’enflamme lui-même de son propre arc). Dire « conscience » ou conscient, c’est installer de fait un je, un rapport qui ne peut pas être plus petit que ses contenus (comme si une « pensée » était plus essentielle en elle-même, que ce qui la pense) ; et un rapport qui est-plus-grand c’est ce rapport lui-même en tant qu’il se signifie et donc formellement ; reste donc alors que le je soit non seulement « d’une cohérence » (quelle qu’elle soit) mais la cohérence même ; cad le rapport qui se tient (mais il existe à vrai dire que des rapports cohérents, cad des distinctions, qui ne distinguent évidemment pas sans raison, sans universels et/ou spécificités ; en un sens, très inaccessible, il n’y a pas de « sans raison », soit déterminée, soit intentionnelle, cad libre ; le libre étant l’instance de la décision, certes, mais également de la Création, du Créé, du possible tel qu’il se donne à lui-même la possibilité d’exister).

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La perte du réel

15 Avril 2023, 08:42am

Publié par pascal doyelle

On a dit qu’aucun discours ne tient de par lui-même. Mais ça ne signifie pas qu’il faille ignorer les objectivités ; il y a de la connaissance et c’est immanquable.

L’arc de conscience est celui, tendu, par-dessus les savoirs, et c’est ce qu’il fut réellement, dans l’effectivité même, durant les siècles précédents ; c’est compte-tenu des sciences et des connaissances, du droit et des institutions, des esthétiques et des littératures (et non forcément toutes les occurrences à la fois, évidemment).

C’est pourtant cet objectivisme des discours qui a poussé à rétrograder la conscience en tant que ‘subjectivité’. Tout s’organisait tout à fait convenablement ; il restait au subjectif un terrain de jeu. L’ensemble de l’objectivité pouvait alors tenir le naturalisme et le réalisme. Dit autrement il n’existait plus de possibilité pour que l’intentionnalité, l’arc intentionnel puisse établir son champ de réel au-delà des réalités déterminées, cad organisées politiquement et pensées objectivement ; tout était livré à la détermination et la détermination ne nous parle que via des discours, qui sont pris comme étant la réalité même (et non pas comme figurant cette réalité, et donc alors sujette au doute ou à la remise en question). La subjectivité n’affectant qu’une certaine détermination spéciale, tout à fait limitée et sécurisée pour ainsi dire.

Ce qui avance de plain pied d’avec le gel de l’historicité ; il n’y a qu’une révolution, elle a eu lieu et reste à aménager ici ou là, des accommodements, mais plus aucune nouvelle compréhension ne permettrait quelque nouvelle pensée de cette idée étrange de ‘révolution’.

Reprenons ; la révolution est le programme qui n’en est pas un, aboutissant à donner à chacun sa possibilité en propre. Programme qui n’en est pas un, sauf que … on verra.

Évidemment pour le libéralisme économique qui va courir tout au long du 19éme (et du 20ème et du 21éme du reste), il y a en aura qui posséderont plus de possibilités que d’autres ; ils seront récompensés. Moyen pour réduire ou annuler l’ensemble des libertés au profit de quelques unes, dans une oligarchie. On ne se pose alors pas même la question de redistribuer les possibilités afin que véritablement le maximum d’individus puissent accéder à leur réalisation, ce qui veut dire, de manière formelle, absolue et universelle, de manière à ce que chacun atteignent à tous ou une partie certaine, certaine, de rapports réalisables.

L’idéal se réalise en France et ce sur deux siècles, puisque la « France » est ce peuple qui sait articuler la liberté et l’égalité (en ceci par ex qu’autrui est déjà-toujours admis et choyé dans et par la littérature, les esthétiques, etc) ; soit donc l’intégration, l’incorporation du christianisme en un peuple puis une nation qui est saisie de son historicité en propre, à savoir se rendant compte « qu’elle existe » en tant que nation. Liberté, égalité et fraternité miment la coordination interne, intérieure et intime du réel d’un peuple. Et inventant à l’occasion l’État moderne.

Rappelons que le christique impose par-dessus la Loi (du judaïsme, qui nous trouve toujours coupables) la supériorité de l’Intention ; par laquelle il est toujours possible de nous pardonner ; et que cette intentionnalisation de l’humain impose la liberté, égale, de tous et de chacun. Puisqu’il s’agit toujours du même rapport de conscience (la conscience n’étant rien que ce rapport lui-même, en personne en fait, puisque l’on fait « un » avec soi, une unité formelle et non pas déterminée), la pensée grecque qui relève de la même structure intentionnelle, pourra être reprise intégralement par la théologie.

On soumet ce qui précède par exemple à la théorie d’E. Todd, sur les systèmes familiaux, et épinglant qu’effectivement la famille nucléaire égalitaire (frères et sœurs égaux dans l’héritage, ce qui n’est pas le cas en Angleterre par ex, liberté distinctive oui, égalité non) et système qui caractérise absolument le centre et le nord de la France, effecteurs de la dite unique Révolution (il y eut cent variations mais une seule forme).

Lorsque l’on dit que l’arc de conscience est recadré dans le subjectivisme (et les romantiques auront beau faire les jolis cœurs ou désespérer infiniment) c’est que le dit arc ne peut plus, ne pourra plus s’élancer comme mise en forme structurelle absolue, cad formelle, de la réalité ni de l’historicité.

Tous les rapports sont monopolisés par le libéralisme économique bien sur mais également par la formulation objectiviste de toute la naturalité et de toute la réalité, y compris la dite ‘subjectivité’.

Puisque finalement ce qui fait office de « pensée » c’est ce qui s’est nommé « idéologies ». Il n’y eut aucune autre pensée ou méta pensée que ces idéologies. Des discours. Qui n’offraient aucun point de vue structurel, excepté le fondateur, celui de Rousseau.

Or les discours, qui passent comme étant les réalités elles-mêmes que, pourtant, ils exposent, diversement du reste, et donc de seconde main, ces discours sont construits par d’autres que soi, par d’autres qui sont  « quelques-uns », et absolument pas « tout », ni aucun des je. Outre évidemment qu’un de ces discours ne peut prétendre à saisir l’ensemble de tout ou l’être ou la forme du réel, encore moins ; ce ne sont pas leurs objets, qui sont toujours limités et dont on ne peut déduire ou induire le réel.

On en a vu la raison ; le réel est formel et revient à la décision et donc plus profondément à l’intention que l’on en a. Or évidemment c’est « le réel » qui est en jeu en chaque je, puisque chaque je manifeste « le rapport lui-même » (et donc tous dans l’unique horizon universel).

Comme la réalité s’est engagée comme discours, clos, ou comme fantasmes, le réel s’est dissout dans la détermination, étant entendu que nous ne sommes accrochés au réel que via dieu, l’universel, le sujet ou le réel. Pourquoi ? Parce qu’ils sont des rapports et qu’ils imposent que cet arc soit hyper structurés, au-delà donc de tel ou tel contenu (qui finit par coller à la conscience, et qu’elle croit être).

Le réel est formel et à vrai dire les points de structure, cad les œuvres, qui comptent, échangent non pas des discours ou des parties de discours, mais des points de vue ; non pas des mesures ou des objectivités mais des sujets ; Descartes ou Rembrandt sont des je ; ce sont ces je que l’on rencontre (avant de n’avoir plus affaire qu’à des objets ou des images d’objets).

S’il est une insistance du rapport que seuls existent les je, c’est que c’est bel et bien en ce lieu là que se présentent ou non les possibilités, cad les possibilités de rapports. Vos rapports dépendent-ils ou pas des moyens que l’on vous octroie ou qui vous appartiennent ou devraient être vôtres ? Mais ne le sont pas. De même qu’entre les deux, idée et image, les objets sont les médiations même que sont les rapports sociaux. Si la description des rapports est réduite aux discours, alors vous en êtes coupés de cette capacité.

Que les idéologies soient l’expression, cachée ou non, des rapports sociaux (Marx) aboutit à la Société du spectacle, en tant que les images sont la conscience (fausse) des mêmes dits rapports. Mais sans idéologie… cad sans même plus d’idées et ainsi totalement dissimulés. Rien que des images et donc des rapports encore plus dissimulés ou des images encore plus cruelles ; qui rendent les gens fous ou idiots.

Ce qui revient à dire qu’une société humaine est astreinte à subvenir à chacun, et qu’aucune excuse, justification, prétexte, interprétation ou finalité prétendue, ne peut s’y soustraire. On n’a même jamais tenté de mesurer, de calculer, de paramétrer, de délimiter l’ensemble des nécessités humaines suffisantes ; on s’est contenté de suivre les désirs et les décisions des uns et des autres en pariant ou admettant d’office leurs justifications ; entreprenez ! Entreprenez !

En vérité les nécessités internes aux sociétés furent remplies plus ou moins et plutôt moins que plus (sauf en France) en usant du surplus généré par l’extension des activités humaines, par l’économie et la technologie décuplées ; retirez ces hyper production et hyper consommation et tout l’ensemble, la sécurisation, n’étant pas institutionnalisée, régresse. Les retraites par capitalisation, par ex.

Schématiquement ou caricaturalement plus on produit plus il y en aura pour tous, mais en aucune manière il n’est requis, demandé de réfléchir aux besoins ou aux désirs, ni à la régulation, ni à la compréhension préalable.

Il n’y a rien d’organisé dans une société humaine qui compte sur ses surplus, sa plus-value ou même le fragment de quota de cette plus-value pour subvenir aux besoins et au minimum de désir ou plus exactement en contrôlant la production et la consommation fantasmatique des objets. Il n’existe aucune théorie du minimum acceptable (ni même vital).en réalité tout est dans le laisser être du « désirable » et du « réalisable » ; rien n’est pensé.

Ce qui veut dire que l’on se fie, se confie à la naturalité des besoins et des désirs supposés spontanément eux-mêmes, et au « réalisme » des solutions au petit bonheur, la loi du marché par exemple ; il n’y avait aucune raison de réguler les industries exploitant les ouvriers au 19éme, tout comme celles qui polluèrent outre mesure au 20éme ou celles qui surfinancinarisent au 21éme ; une sorte de synthèse toute benoîtement immédiate et sans aucune réflexion, un laisser-aller généralisé. Ça n’est pas du tout un ordre ou une organisation, mais simplement le surplus de l’accumulation.

Évidemment le communisme a cru être en mesure d’établir l’humain selon ses besoins, universels, une régulation, abstraite, cad universelle (selon les besoins naturels et universels) et le libéralisme selon les désirs, constamment réinventés ; impliquant l’augmentation continuelle de la production et admettant l’humain comme infini invention de soi mais selon le monde et la détermination ; l’économie est dans les deux cas l’idéologie du corps.

Et pas du tout une science, qui devrait se fonder à tout le moins dans une anthropologie, et en vérité dans une philosophie (puisqu’une science se définit par son objet, donné, là, déjà constitué alors que notre être est une structure, ce qui veut dire formellement un rapport, non fini, non déjà donné, non immédiat (un rapport immédiat n’a aucun sens) ; c’est ainsi le possible qui devait, aurait dû, aurait pu s’envisager comme science, mais alors ç’eut été une philosophie. Qui eut lieu, en partie ; la philosophie eut lieu, Rousseau par ex est effectivement réel ; et Kant qui attendait les nouvelles de France.

La non immédiateté du rapport que l’on existe (et que l’on n’est pas, puisqu’un rapport n’est pas) fut absolument insistée philosophiquement ; Sartre et Lacan analysent cet « être » qui n’est pas un être mais un mouvement (le pour-soi) et une coupure (le signifiant dans un corps-vivant) ; impliquant ceci que pour la première fois est analysé cela même qui existe, dans l’antériorité à tout ; le champ intentionnel antérieur à tous les autres ; la pré-organisation structurelle de tout le possible humain (et donc bien antérieur aux besoins ou désirs). La série indéfinie de signifiants (qui viennent tenter d’exprimer, et recoudre, la coupure qu’impose le signifiant à un corps vivant qui n’en demandait pas tant) équivaut à la série indéfinie des objets ou des images d’objets ; qui ne satisferont jamais le « désir » puisqu’il n’a pas de correspondant, dans le monde ou le corps, et puisque de « désir » il n’y en a pas, pas vraiment.

Lacan peut bien en référer au « ne pas céder sur son (vrai) désir », sous-entendu les autres sont des relais (pour que le désir continue, et ne s’absente pas comme dans la dépression), des fétiches, des illusions, nécessaires (sinon on devient ou on est fou ou malheureux, etc) mais faux, Sartre en fin de compte nie qu’il y ait désir, fondamentalement, mais décision (cad engagement, renvoyant la psychanalyse évidemment) ; mais il n’y a pas une nature humaine ou une identité (du moi) qui soutienne le champ intentionnel de la conscience actuelle mais il, le champ, s’élabore de sa propagation structurelle ; il élabore son actualité, son actualisme, sa présence active et extrémiste ; et on a reconnu en dieu, la pensée universelle, le sujet ou le réel la signifiance même qui s’ébauche de cette pré-organisation. Seuls dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le je, et le réel supportent l’arc de conscience. Et exigent que le pont, l’arc-boutant soit tissé.

S’il n’y a pas de désir, c’est qu’il n’y a pas de manque, mais l’entière possibilité de positivité brute. Dieu, l’universelle ampleur, le sujet ou le réel sont l’immense devenir, et donc l’infinité, la non finité, des rapports possibles. On ne trouvera donc pas dans le monde ce qui correspond à la structure (et ainsi n’est pas un désir) mais ce qui correspond à la structure est Créé, est le possible en tant que Créé. C’est le sens du terme de « rapport » ; on ne sait pas à quoi, vers quoi, pour quoi il se dirige ; or on considère qu’il est la structure ou le réel lui-même.

Bien évidemment on ne peut pas vivre, quotidiennement, dans et par et pour le structurel, mais y atteindre ici et là, et cela, la remodélisation du possible (via dieu, l’universel, le sujet ou le réel donc) change tout.

C’est bien ce que l’on éprouve dans la religion, la philosophie, la liberté, l’existentiel (ou la poésie ou l’esthétique, etc). Sous-entendu, on l’éprouve mais difficilement, ou si l’on préfère c’est une épreuve, littéralement ; on est un moi et, parfois, avec un peu de chance ou de constance, un je et cette expérimentation, rare, du je ne doit pas s’oublier ; il faut en élaborer une théorie spécifique pour mémoriser et tenir cette structure expérimentée ; sinon cette ex-stase s’échappe. Il y a des évangiles, des systèmes, des poésies, puisque les signes en sont autant de distinctions qui splittent ou déplient la vision du structurel, et ce non comme discours extérieurs (et objectivistes) mais en tant que l’on n’échange véritablement que des sujets. Ce qui veut dire non des échanges mais des dons.

Il n’est aucune réconciliation qui refermerait le corps sur une totalité ou une représentation « qui serait éprouvée », la chose hallucinatoire, le poursoi-ensoi de sartre ; le regard se clôt, le champ s’épuise à investir une « chose » innommable, si il n’est pas tendu par tel ou tel rapport de structure, absolument externe ; sans tension il se tue dans la chose, dans l’image, dans le discours ; il se retire de sa propre vue, de la vue distinctive parce que distincte de dieu, de l’universel, du sujet ou du réel. Il n’est aucune réconciliation mais l’augmentation de la coupure, de la division : en tant qu’elle se comprend elle-même et pousse jusqu’au bout cette division, ou dit autrement cette distinction, qui est la première de toutes, puisque dieu, universel, sujet ou réel. Ce que les sujets échangent ou donnent ce sont donc les coupures elles-mêmes (et on a tué les prophètes ou Socrate, pour cette raison même).

Résumons ; on a instauré la structure du réel, à partir de dieu, de la pensée, du sujet et du réel, pour tout oublier dans l’ensemble de tous les contenus, rendus possibles par et via les structures, structures noyées dans ces acquisitions, mais qui n’ont de finalité que dans les structures de dieu, de l’universel, du sujet et du réel. Parce que sinon images et choses s’enfoncent dans la répétition psychologique puis psychique et la nuit métaphysique ou les ténèbres ontologiques. Rien de ce qui est déterminé ne tient le réel. La question est ainsi ; comment reprendre l’ampleur qui fut ?

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La perte du réel

15 Avril 2023, 08:34am

Publié par pascal doyelle

On a dit qu’aucun discours ne tient de par lui-même. Mais ça ne signifie pas qu’il faille ignorer les objectivités ; il y a de la connaissance et c’est immanquable.

L’arc de conscience est celui, tendu, par-dessus les savoirs, et c’est ce qu’il fut réellement, dans l’effectivité même, durant les siècles précédents ; c’est compte-tenu des sciences et des connaissances, du droit et des institutions, des esthétiques et des littératures (et non forcément toutes les occurrences à la fois, évidemment).

C’est pourtant cet objectivisme des discours qui a poussé à rétrograder la conscience en tant que ‘subjectivité’. Tout s’organisait tout à fait convenablement ; il restait au subjectif un terrain de jeu. L’ensemble de l’objectivité pouvait alors tenir le naturalisme et le réalisme. Dit autrement il n’existait plus de possibilité pour que l’intentionnalité, l’arc intentionnel puisse établir son champ de réel au-delà des réalités déterminées, cad organisées politiquement et pensées objectivement ; tout était livré à la détermination et la détermination ne nous parle que via des discours, qui sont pris comme étant la réalité même (et non pas comme figurant cette réalité, et donc alors sujette au doute ou à la remise en question). La subjectivité n’affectant qu’une certaine détermination spéciale, tout à fait limitée et sécurisée pour ainsi dire.

Ce qui avance de plain pied d’avec le gel de l’historicité ; il n’y a qu’une révolution, elle a eu lieu et reste à aménager ici ou là, des accommodements, mais plus aucune nouvelle compréhension ne permettrait quelque nouvelle pensée de cette idée étrange de ‘révolution’.

Reprenons ; la révolution est le programme qui n’en est pas un, aboutissant à donner à chacun sa possibilité en propre. Programme qui n’en est pas un, sauf que … on verra.

Évidemment pour le libéralisme économique qui va courir tout au long du 19éme (et du 20ème et du 21éme du reste), il y a en aura qui posséderont plus de possibilités que d’autres ; ils seront récompensés. Moyen pour réduire ou annuler l’ensemble des libertés au profit de quelques unes, dans une oligarchie. On ne se pose alors pas même la question de redistribuer les possibilités afin que véritablement le maximum d’individus puissent accéder à leur réalisation, ce qui veut dire, de manière formelle, absolue et universelle, de manière à ce que chacun atteignent à tous ou une partie certaine, certaine, de rapports réalisables.

L’idéal se réalise en France et ce sur deux siècles, puisque la « France » est ce peuple qui sait articuler la liberté et l’égalité (en ceci par ex qu’autrui est déjà-toujours admis et choyé dans et par la littérature, les esthétiques, etc) ; soit donc l’intégration, l’incorporation du christianisme en un peuple puis une nation qui est saisie de son historicité en propre, à savoir se rendant compte « qu’elle existe » en tant que nation. Liberté, égalité et fraternité miment la coordination interne, intérieure et intime du réel d’un peuple. Et inventant à l’occasion l’État moderne.

Rappelons que le christique impose par-dessus la Loi (du judaïsme, qui nous trouve toujours coupables) la supériorité de l’Intention ; par laquelle il est toujours possible de nous pardonner ; et que cette intentionnalisation de l’humain impose la liberté, égale, de tous et de chacun. Puisqu’il s’agit toujours du même rapport de conscience (la conscience n’étant rien que ce rapport lui-même, en personne en fait, puisque l’on fait « un » avec soi, une unité formelle et non pas déterminée), la pensée grecque qui relève de la même structure intentionnelle, pourra être reprise intégralement par la théologie.

On soumet ce qui précède par exemple à la théorie d’E. Todd, sur les systèmes familiaux, et épinglant qu’effectivement la famille nucléaire égalitaire (frères et sœurs égaux dans l’héritage, ce qui n’est pas le cas en Angleterre par ex, liberté distinctive oui, égalité non) et système qui caractérise absolument le centre et le nord de la France, effecteurs de la dite unique Révolution (il y eut cent variations mais une seule forme).

Lorsque l’on dit que l’arc de conscience est recadré dans le subjectivisme (et les romantiques auront beau faire les jolis cœurs ou désespérer infiniment) c’est que le dit arc ne peut plus, ne pourra plus s’élancer comme mise en forme structurelle absolue, cad formelle, de la réalité ni de l’historicité.

Tous les rapports sont monopolisés par le libéralisme économique bien sur mais également par la formulation objectiviste de toute la naturalité et de toute la réalité, y compris la dite ‘subjectivité’.

Puisque finalement ce qui fait office de « pensée » c’est ce qui s’est nommé « idéologies ». Il n’y eut aucune autre pensée ou méta pensée que ces idéologies. Des discours. Qui n’offraient aucun point de vue structurel, excepté le fondateur, celui de Rousseau.

Or les discours, qui passent comme étant les réalités elles-mêmes que, pourtant, ils exposent, diversement du reste, et donc de seconde main, ces discours sont construits par d’autres que soi, par d’autres qui sont  « quelques-uns », et absolument pas « tout », ni aucun des je. Outre évidemment qu’un de ces discours ne peut prétendre à saisir l’ensemble de tout ou l’être ou la forme du réel, encore moins ; ce ne sont pas leurs objets, qui sont toujours limités et dont on ne peut déduire ou induire le réel.

On en a vu la raison ; le réel est formel et revient à la décision et donc plus profondément à l’intention que l’on en a. Or évidemment c’est « le réel » qui est en jeu en chaque je, puisque chaque je manifeste « le rapport lui-même » (et donc tous dans l’unique horizon universel).

Comme la réalité s’est engagée comme discours, clos, ou comme fantasmes, le réel s’est dissout dans la détermination, étant entendu que nous ne sommes accrochés au réel que via dieu, l’universel, le sujet ou le réel. Pourquoi ? Parce qu’ils sont des rapports et qu’ils imposent que cet arc soit hyper structurés, au-delà donc de tel ou tel contenu (qui finit par coller à la conscience, et qu’elle croit être).

Le réel est formel et à vrai dire les points de structure, cad les œuvres, qui comptent, échangent non pas des discours ou des parties de discours, mais des points de vue ; non pas des mesures ou des objectivités mais des sujets ; Descartes ou Rembrandt sont des je ; ce sont ces je que l’on rencontre (avant de n’avoir plus affaire qu’à des objets ou des images d’objets).

S’il est une insistance du rapport que seuls existent les je, c’est que c’est bel et bien en ce lieu là que se présentent ou non les possibilités, cad les possibilités de rapports. Vos rapports dépendent-ils ou pas des moyens que l’on vous octroie ou qui vous appartiennent ou devraient être vôtres ? Mais ne le sont pas. De même qu’entre les deux, idée et image, les objets sont les médiations même que sont les rapports sociaux. Si la description des rapports est réduite aux discours, alors vous en êtes coupés de cette capacité.

Que les idéologies soient l’expression, cachée ou non, des rapports sociaux (Marx) aboutit à la Société du spectacle, en tant que les images sont la conscience (fausse) des mêmes dits rapports. Mais sans idéologie… cad sans même plus d’idées et ainsi totalement dissimulés. Rien que des images et donc des rapports encore plus dissimulés ou des images encore plus cruelles ; qui rendent les gens fous ou idiots.

Ce qui revient à dire qu’une société humaine est astreinte à subvenir à chacun, et qu’aucune excuse, justification, prétexte, interprétation ou finalité prétendue, ne peut s’y soustraire. On n’a même jamais tenté de mesurer, de calculer, de paramétrer, de délimiter l’ensemble des nécessités humaines suffisantes ; on s’est contenté de suivre les désirs et les décisions des uns et des autres en pariant ou admettant d’office leurs justifications ; entreprenez ! Entreprenez !

En vérité les nécessités internes aux sociétés furent remplies plus ou moins et plutôt moins que plus (sauf en France) en usant du surplus généré par l’extension des activités humaines, par l’économie et la technologie décuplées ; retirez ces hyper production et hyper consommation et tout l’ensemble, la sécurisation, n’étant pas institutionnalisée, régresse. Les retraites par capitalisation, par ex.

Schématiquement ou caricaturalement plus on produit plus il y en aura pour tous, mais en aucune manière il n’est requis, demandé de réfléchir aux besoins ou aux désirs, ni à la régulation, ni à la compréhension préalable.

Il n’y a rien d’organisé dans une société humaine qui compte sur ses surplus, sa plus-value ou même le fragment de quota de cette plus-value pour subvenir aux besoins et au minimum de désir ou plus exactement en contrôlant la production et la consommation fantasmatique des objets. Il n’existe aucune théorie du minimum acceptable (ni même vital).en réalité tout est dans le laisser être du « désirable » et du « réalisable » ; rien n’est pensé.

Ce qui veut dire que l’on se fie, se confie à la naturalité des besoins et des désirs supposés spontanément eux-mêmes, et au « réalisme » des solutions au petit bonheur, la loi du marché par exemple ; il n’y avait aucune raison de réguler les industries exploitant les ouvriers au 19éme, tout comme celles qui polluèrent outre mesure au 20éme ou celles qui surfinancinarisent au 21éme ; une sorte de synthèse toute benoîtement immédiate et sans aucune réflexion, un laisser-aller généralisé. Ça n’est pas du tout un ordre ou une organisation, mais simplement le surplus de l’accumulation.

Évidemment le communisme a cru être en mesure d’établir l’humain selon ses besoins, universels, une régulation, abstraite, cad universelle (selon les besoins naturels et universels) et le libéralisme selon les désirs, constamment réinventés ; impliquant l’augmentation continuelle de la production et admettant l’humain comme infini invention de soi mais selon le monde et la détermination ; l’économie est dans les deux cas l’idéologie du corps.

Et pas du tout une science, qui devrait se fonder à tout le moins dans une anthropologie, et en vérité dans une philosophie (puisqu’une science se définit par son objet, donné, là, déjà constitué alors que notre être est une structure, ce qui veut dire formellement un rapport, non fini, non déjà donné, non immédiat (un rapport immédiat n’a aucun sens) ; c’est ainsi le possible qui devait, aurait dû, aurait pu s’envisager comme science, mais alors ç’eut été une philosophie. Qui eut lieu, en partie ; la philosophie eut lieu, Rousseau par ex est effectivement réel ; et Kant qui attendait les nouvelles de France.

La non immédiateté du rapport que l’on existe (et que l’on n’est pas, puisqu’un rapport n’est pas) fut absolument insistée philosophiquement ; Sartre et Lacan analysent cet « être » qui n’est pas un être mais un mouvement (le pour-soi) et une coupure (le signifiant dans un corps-vivant) ; impliquant ceci que pour la première fois est analysé cela même qui existe, dans l’antériorité à tout ; le champ intentionnel antérieur à tous les autres ; la pré-organisation structurelle de tout le possible humain (et donc bien antérieur aux besoins ou désirs). La série indéfinie de signifiants (qui viennent tenter d’exprimer, et recoudre, la coupure qu’impose le signifiant à un corps vivant qui n’en demandait pas tant) équivaut à la série indéfinie des objets ou des images d’objets ; qui ne satisferont jamais le « désir » puisqu’il n’a pas de correspondant, dans le monde ou le corps, et puisque de « désir » il n’y en a pas, pas vraiment.

Lacan peut bien en référer au « ne pas céder sur son (vrai) désir », sous-entendu les autres sont des relais (pour que le désir continue, et ne s’absente pas comme dans la dépression), des fétiches, des illusions, nécessaires (sinon on devient ou on est fou ou malheureux, etc) mais faux, Sartre en fin de compte nie qu’il y ait désir, fondamentalement, mais décision (cad engagement, renvoyant la psychanalyse évidemment) ; mais il n’y a pas une nature humaine ou une identité (du moi) qui soutienne le champ intentionnel de la conscience actuelle mais il, le champ, s’élabore de sa propagation structurelle ; il élabore son actualité, son actualisme, sa présence active et extrémiste ; et on a reconnu en dieu, la pensée universelle, le sujet ou le réel la signifiance même qui s’ébauche de cette pré-organisation. Seuls dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le je, et le réel supportent l’arc de conscience. Et exigent que le pont, l’arc-boutant soit tissé.

S’il n’y a pas de désir, c’est qu’il n’y a pas de manque, mais l’entière possibilité de positivité brute. Dieu, l’universelle ampleur, le sujet ou le réel sont l’immense devenir, et donc l’infinité, la non finité, des rapports possibles. On ne trouvera donc pas dans le monde ce qui correspond à la structure (et ainsi n’est pas un désir) mais ce qui correspond à la structure est Créé, est le possible en tant que Créé. C’est le sens du terme de « rapport » ; on ne sait pas à quoi, vers quoi, pour quoi il se dirige ; or on considère qu’il est la structure ou le réel lui-même.

Bien évidemment on ne peut pas vivre, quotidiennement, dans et par et pour le structurel, mais y atteindre ici et là, et cela, la remodélisation du possible (via dieu, l’universel, le sujet ou le réel donc) change tout.

C’est bien ce que l’on éprouve dans la religion, la philosophie, la liberté, l’existentiel (ou la poésie ou l’esthétique, etc). Sous-entendu, on l’éprouve mais difficilement, ou si l’on préfère c’est une épreuve, littéralement ; on est un moi et, parfois, avec un peu de chance ou de constance, un je et cette expérimentation, rare, du je ne doit pas s’oublier ; il faut en élaborer une théorie spécifique pour mémoriser et tenir cette structure expérimentée ; sinon cette ex-stase s’échappe. Il y a des évangiles, des systèmes, des poésies, puisque les signes en sont autant de distinctions qui splittent ou déplient la vision du structurel, et ce non comme discours extérieurs (et objectivistes) mais en tant que l’on n’échange véritablement que des sujets. Ce qui veut dire non des échanges mais des dons.

Il n’est aucune réconciliation qui refermerait le corps sur une totalité ou une représentation « qui serait éprouvée », la chose hallucinatoire, le poursoi-ensoi de sartre ; le regard se clôt, le champ s’épuise à investir une « chose » innommable, si il n’est pas tendu par tel ou tel rapport de structure, absolument externe ; sans tension il se tue dans la chose, dans l’image, dans le discours ; il se retire de sa propre vue, de la vue distinctive parce que distincte de dieu, de l’universel, du sujet ou du réel. Il n’est aucune réconciliation mais l’augmentation de la coupure, de la division : en tant qu’elle se comprend elle-même et pousse jusqu’au bout cette division, ou dit autrement cette distinction, qui est la première de toutes, puisque dieu, universel, sujet ou réel. Ce que les sujets échangent ou donnent ce sont donc les coupures elles-mêmes (et on a tué les prophètes ou Socrate, pour cette raison même).

Résumons ; on a instauré la structure du réel, à partir de dieu, de la pensée, du sujet et du réel, pour tout oublier dans l’ensemble de tous les contenus, rendus possibles par et via les structures, structures noyées dans ces acquisitions, mais qui n’ont de finalité que dans les structures de dieu, de l’universel, du sujet et du réel. Parce que sinon images et choses s’enfoncent dans la répétition psychologique puis psychique et la nuit métaphysique ou les ténèbres ontologiques. Rien de ce qui est déterminé ne tient le réel. La question est ainsi ; comment reprendre l’ampleur qui fut ?

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Le Je du Bord du monde

8 Avril 2023, 09:46am

Publié par pascal doyelle

Il est tout à fait impossible de prouver objectivement un discours, par contre il faut amener les propositions dans le champ de chaque conscience, afin que celle-ci puisse vérifier dans son expérience même, dans l’immense champ de son expérimentation, les dites propositions et qu’elle puisse constater qu’elles les « voient ».

chaque conscience est un arc (intentionnel qui crée le dit champ intentionnel) et donc un rapport (entre signifiants ou entre signifiant et perception) ; ce qui entre dans le rapport est Vu (et doit être pensé, représenté, imaginé, ressenti, organisé, coordonné entre tous, etc).

Cette perception structurelle est le dernier et le seul champ de vérification ; et donc fait appel au consensus ; on peut contester Descartes (est-ce bien sûr?) mais on en passera par Descartes ; on peut ne pas croire au christ mais on en passera par le christique, puisqu’historiquement c’est ce qui eut lieu (on a vue pourquoi ; c’est le corps du christ, ce qui veut dire le corps de chacun jeté dans le monde, et ajouterons-nous le corps de chacun jeté dans le monde grec, unique, universel, donné « là »(selon donc l’être qu’est ce « là »). au point que la pensée, universelle, la connaissance (il faut soi-même penser pour penser … on ne peut pas faire autrement) ou le christique sont (devenus) l’historicité même. Hors cette historicité, on trouvera généralement des mondes humains particuliers cycliques et sacrés (qui se réservent une part du donné comme sacré, tandis que le divin existe séparément, en dehors).

Cette ‘démocratie’ pour ainsi dire du consensus nous indique, à chacun, que « ça passe par là », par Platon ou Kant ou Rimbaud ou Einstein ; ici et là il existe quantité de bifurcations, qu’il n’est pas du tout louable de condamner ou refermer ; c’est un ensemble sinueux et complexe.

Pourquoi tout cela, tout cet ensemble relève-t-il de consensus divers et variés et d’une orientation plus ou moins générale (malgré la richesse dont nous sommes issus, tous) ?

Parce que le réel est jugé par chacun du point où il existe ; ce faisant chacun valide ou non ; et crée de fait sa propre élaboration ; son expérience ; chaque je est en quelque sorte la « résolution potentielle ». et que les dites propositions ne sont pas des « idées », puisqu’une idée est elle-même un regroupement de signifiants (regroupant de signifiants, regroupant encore d’autres signifiants), et que ces signifiants sont des relations, des rapports et que le rapport final, pour chacun, est sa propre existence. Ce sont exclusivement les je qui tiennent l’horizon effectivement réel ; celui du monde donné là, de la vie vécue, du corps, mais aussi de l’historicité (et de la connaissance et des esthétiques et des éthiques, etc). Une pensée ne voit rien, tout ce qui est en nous ne naît que de la coupure signifiante, du rapport dru et sec du signe (dont le premier et en vérité le seul est ce rapport à (soi) qu’est l’arc de conscience, à l’image duquel tous les autres sont possibles, puisque ce rapport est formel), coupure qui coupe de haut en bas ce corps vivant et crée le champ intentionnel.

Il n’y a aucun ordre autre que celui-là ; celui des je. Étant entendu que la cohérence, cad la Cohérence, est toujours activée, actualisée, instanciée par et pour un arc de conscience ; ce qui ne retire rien à l’objectivité ou l’hyper objectivité des propositions, des expressions (esthétiques par ex), puisque tout cela ce sont autant de Possibilités. Des Possibilités au sens où on aime Picasso non seulement de ce qu’il fait voir, mais de la possibilité qui se manifeste parfois ici et là en telle ou telle œuvre ; et c’est cette possibilité, la continuité possible des traits, des couleurs, que l’on perçoit et surtout que l’on retient. C’est pour cette raison également qu’il existe une historicité ; parce que des possibilités du possible on n’en voit pas le bout. Ce qui est normal et logique étant donné que d’une possibilité on ne voit pas « toute la réalisation » ; sinon ce serait une chose donnée.

De même un mot, une phrase, les signifiants donc se continuent constamment et ne cessent pas ; puisqu’un signifiant c’est un rapport et qu’un rapport n’a pas seulement un être (déterminé) mais une existence, ou donc une temporalité, est le temps lui-même. Il y a des signifiants (et des êtres qui naissent et disparaissent, se composent et se décomposent) parce qu’il y a le temps et qu’ils sont le temps lui-même. Le temps est la racine continuelle de tout ce qui est, parce que tout ce qui est, existe et que l’exister est plus grand que tout être (déterminé).

On a vu l’exister est le possible (tout ce qui est possible existe, ça ne veut pas dire que tout l’imaginable existe ; une licorne est un cheval avec une corne, des parties de monde ; par contre le néant existe autant que l’être, le néant n’ayant rien à opposer à l’être, donc le possible est la Règle) ; et que notre être n’est pas un être, déterminé, mais un rapport et plus précisément le rapport du rapport à lui-même ; dire « je » c’est se signifier, mais se signifier en tant que je (et non seulement comme un tel ou une telle) ; donc le rapport se signifie lui-même, est donc purement formel et ainsi peut se permettre de créer les signifiants ; qui sont des rapports ; même les maths, le nombre est un rapport (de tout ceci avec lui-même compté comme un, dix est dix fois un ou dix comme unité, il est possible de tout signifier en tant que telle ou telle unité et donc de calculer ou mesurer).

Ainsi chacun, chaque je est situé au Bord du monde (et non pas perçoit l’horizon du monde mais se perçoit à partir de l’horizon, puisque chacun existe comme rapport, déjà autre que soi, autre que tout soi ; de même que tout vivant ne comprend par qu’il soit perçu par sa propre conscience, qui est Autre, de même le moi navigue ou passe des compromis avec le regard du je sur le moi qu’il est ou qu’il croit être).

Ce Bord du monde est non seulement l’horizon visible (potentiel, puisque l’univers est probablement infini) mais le présent ; le présent est le Bord effectivement réel de tout ce qui est ; le présent que l’on ne quitte jamais (sinon de mourir, évidemment, encore que…) ; et ceci nous jette dans la structure du réel ; non pas la structure de la réalité seulement mais du réel ; la verticale qui existe formellement, et d’autant que précisément l’exister est lui-même le fait structurel absolu ; qui déploie intégralement le long du présent la totalité du possible, de la réalité, des réalités, de la réal-isation, si l’on veut. On existe toujours au Bord mais également au Bout ; qu’il y ait un « réel » implique qu’il soit toujours à l’extrémité de lui-même, puisque de sa, de ses possibilités ; ainsi du je, ou de l’arc de conscience (ou du moi, quoi qu’il ne le veuille pas, puisque le moi fonctionne par identité et non pas possibilité, selon l’être rêvé et non selon la capacité existentielle).

L’arc et le je s’imposent irrémédiablement la difficulté ; que puis-je ?

Ce qui indique non les possibilités du monde , mais la possibilité structurelle de l’exister, le possible du possible lui-même, au sens où il faudra se conformer, s’organiser ou se pré-organiser afin qu’au sortir (ici ou dans l’autre version du monde) nous soyons plus grands en capacités. Par « préorganisation » il suffit de saisir que la philosophie ou la religion ou l’esthétique ou la politique depuis leur naissance même sont ce en quoi consiste la dite préorganisation. Qui paraissent « abstraites » mais c’est justement leur but, leur finalité ; prédisposer l’arc de conscience avant (ou après ou pendant) qu’il s’emplisse de contenus divers et variés. Dieu est absolument, cad formellement, cela même, exemplairement, qui pré-voit l’arc de conscience, dieu qui vient en-plus, soudainement ou selon un plan qui déroute totalement et ainsi, en l’occurrence, crée une nation, la nation du Livre. Ou, d’un autre temps, la Révolution même, l’idée-même, organisée, de la « Révolution », qui se travaille en tant que principes et applications, durant deux siècles à vrai dire.

Il faut donc comprendre que certes il est possible de développer raisonnements et systèmes, et que c’est même impératif que cela fasse cohérence sinon on ne comprend pas même ce que l’on dit, mais la dite cohérence est l’actualisation qui ouvre et rend possible tel ou tel champ intentionnel du sujet, du Sujet au sens absolument objectif, hyper objectif, cad structurel ; c’est ce structurel que ciblait Kant, qui voulait, à juste titre, remplacer le discours étal et unilatéral de la métaphysique (dont il voyait bien que Descartes avait court-circuité à la racine) et admettait devoir situer les notions dans un plan, dit transcendantal ; puisqu’il n’est pas question d’imposer une raison (toute faite) à une conscience mais que cette conscience-même est le véritable système ; notre être ne reçoit pas extérieurement une raison tout ordonnée, parce que si notre être est libre, et qu’il n’est pas un « être », alors le système réel est celui de la liberté ; ou donc du possible…

C’est bien là le sens seul réel, et donc absolument ouvert, et renouvelant constamment sa possibilité même. Or on ajoutera que le possible, qui n’est simplement d’agencer les parties du monde ou les contenus de conscience, c’est absolument parlant la création ; tout je crée.

Le je en tout moi, quel que soit ce dernier, crée ; et il n’y a même de « moi » que tenu par et selon un je, par ex devenant chrétien ou assumant sa citoyenneté (qui, on l’a vu, n’est pas évidente, puisque la révolution n’est certes pas achevée!) ou admettant en son corps la poésie (Rimbaud, adolescent par qui les phrases courent sur le corps, tout neuf, en vitesse infinie) et quantité d’autres possibilités. De manière générale le structurel articule bien plus rapidement le réel, que l’agencement des mois ou des sociétés humaines (qui doivent se coordonner en elles-mêmes évidemment, ce qui prend du temps, ce qui est le temps même ; la distance qu’introduit la réflexivité transcendantale, depuis Descartes jusque Lacan en passant par Sartre et les autres, c’est la distance temporelle ou, risquons, para-temporelle, qui ne s’emplit plus des contenus mais prévoit, pré-organise et donc court-circuite ou étend la temporalité ; on peut lire Rimbaud comme un précipité de temporalité, ou la révolution qui contient soudainement la structure, qui enthousiasmera quantité d’individualités, ou le christique qui exige une foi absolument eschatologique, dès le début, ou faut-il cité dieu « je suis celui qui est en cours d’exister ».

lorsque donc l’arc de conscience s’introduit lui-même dans son propre champ, il doit déployer une élaboration absolument spécifique et donc une certaine catégorie de « discours », qui passe en revue ou énumère ou invente et crée non tel ou tel contenu de monde ou de vie vécue, mais le possible même d’exister ; on le voit résolument avec le christique, qui nous parle, signifie à partir d’un point-autre, autre que la vie vécue et autre que le monde, puisque par lui vous vous jugerez et par lui le monde, qui a été fait, sera re-Créé.

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Le moi comme bricolage, collage

1 Avril 2023, 07:22am

Publié par pascal doyelle

Nous voici donc dans cette époque livrée au fantasme, ayant oublié, lorsqu’il n’est pas méprisé, l’universel et de manière confondante abolissant même le réel. Puisque seul compte, existe le fantasme.

C’est finalement ce que raconte Lacan ; que le moi, dans son organisation, est tendu par et même dans le fantasme. Le fantasme fondamental c’est spécifiquement « l’être » ; Lacan retient la con-fusion décrite par Sartre ; le pour-soi se rêve comme en-soi (mais si il est en-soi il ne peut pas exister comme pour-soi). L’être est apparemment une idée, rationnelle, mais en vérité c’est une confusion, et d’abord une fusion ; l’idée, la raison, la pensée ne donne jamais, n’aboutit jamais à « l’être » ; de même l’infini, on ne sait pas du tout ce que c’est. Peut-on même penser l’infini ? Aussi Descartes prend bien soin d’identifier l’infini à la volonté, cad à l’intention, ou donc au « rapport » ; ce qui existe en tant que rapport n’est le début ni le terme mais le mouvement, et comme le comprendra Hegel le mouvement même de la pensée absolue qui tourne indéfiniment en système, savoir absolu (qui revient et reprend toutes les pensées, dont le « système » est l’ensemble de toutes les pensées, qui eurent lieu).

Descartes dit bien et en vérité que la volonté est la marque de l’infini, le sceau de dieu en nous et même et donc ce par quoi nous existons ; qui dit « volonté » ou « intention » ne dit « rien ». et ceci est la véritable liberté. Puisque cela impose que le réel soit ce mouvement ; cet arc de conscience qui crée un champ, lequel est constitué de rapports (idées, signes, sentiments, perceptions, amour ou haine, etc, bref tous les champs).

Descartes ne dit pas que nous sommes absolument et tout entièrement cette liberté ; il met simplement, et en vérité très simplement, en lumière ce petit écart ; bien suffisant, puisque l’on a vu que dans une situation donnée, par ex, ce qui va compter ça n’est pas la masse de choses ou d’informations données, mais la petite différence qui détonne et ouvre sur le possible, cad la modification, aussi fragile soit-elle, de cette situation, de cette identité, de cette essence, etc ; le signe, les signifiants du langage permette d’introduire, à peu de frais, une telle distinction, un tel écart. On peut difficilement déplacer les choses ou les êtres physiquement, on peut aisément mouvoir leurs signes (et organiser ensuite les moyens).

Lacan, par-dessus, vient bien appuyer sur l’état global de notre être, de notre être déterminé ; mais il sait que cet être n’existe que de l’ouverture d’un champ intentionnel ; il a lu Sartre.

Ce champ intentionnel (version Sartre, qui est un champ impersonnel, bien qu’il y ait eu quelques variations, mais qui au début pose le « moi » comme un « objet » dans le champ impersonnel, ce qui, cette impersonnalité, lui permettra, pense-t-il, d’évaser vers l’universel, comme natif)

ce champ intentionnel donc est pour Lacan le signifiant ; ou plus exactement le signifiant est l’effet, réel, de la conscience (que Lacan ne prend pas en compte) et qui coupe et ouvre … ce-corps-vivant, qui inversement n’y comprend rien.

Le fantasme est le rapport qui va venir ou qui va croire réaliser la jonction de ce corps-vivant (de là l’étayage sur le « pulsionnel », mais en partie halluciné, cad pris dans un champ intentionnel) et la réalité.

Le corps vivant est tourné vers lui-même (il doit survivre avant tout, il est au milieu de son milieu), mais le signifiant le coupe de haut en bas. Sans reste, sans qu’il ne reste rien. Sauf que, quand même, il est véritablement un « corps vivant », et cela fait masse, poids, ancrage, pivot inamovible, mais difficilement compréhensible ; on ne connaît spontanément ce qui se passe dans le corps, il est opaque comme une chose, excepté ici et là ce que Freud nommera les pulsions par ex. Corps qui est et qui n’est pas signifié ; il est signifié, accolé à un (ou des) signifiant (Jean Pierre par ex, mais c’est rarement aussi facile) ; le signifié de ce signifiant « moi-même » échappe, il est massif, donné là, immobile pour ainsi dire ; ce corps qui est-là et qui résiste ; qui résiste à la pression qu’exerce le flux humanisé de tel ou tel groupe et qui résiste au conscient d’un «moi-même ».

C’est ce sur quoi compte Lacan ; le sujet inconscient résiste ; que le pli interne du moi, à partir duquel il y a un moi, qui ne préexiste pas à cette coupure, si difficile et violente, que ce pli re-vienne constamment, puisque, elle, la coupure, n’appartient à rien, n’appartient à rien qui soit du signifiant, puisqu’il s’agit du signifiant spécial dont le signifié est le corps, comme masse (et masse pulsionnelle qui plus est, mais on ne s’engage pas là-dedans). Ce qui veut dire a contrario que tous les autres signifiants sont ordonnés dans tel ou tel ordre … les signifiants sont des organisations et toutes ces organisations sont contraignantes et mensongères. Y compris le mensonge, ordonné, que l’on se raconte à soi-même ; ordonné puisque sinon on n’y comprendrait rien, à ce que l’on raconte ; au sortir du rêve ou du cauchemar on réorganise, et cette réorganisation peut être lue mais « au travers », décryptée, elle dit et ne dit pas le magma.

Que le magma interne soit marqué des signifiants, veut dire que c’est par et dans un champ intentionnel, dans la coupure (la castration en somme, le « je ne suis pas le centre », et donc « il y a un regard » au-dehors, étrange, inquiétant, totale panique, je suis « vu », mais de « où »?) ; pour nous n’apparaissent que les réalités marquées par des signes ; la prise en charge du corps par le champ est évidemment ce qui fait problème (il faut mouvoir le corps, qui tire, parfois, vers d’autres réalités éprouvées, mais qui tire toujours vers sa propre masse, puisqu’il est la part coupée, et annulée, qui n’apparaît plus).

Et donc il faut s’illusionner, sinon on tombe dans le signifié massif, qui est inatteignable mais absolument puissant, toujours-là du vivant, d’autant plus imposant qu’il ne peut pas être relié aux autres signifiants, qu’il est un demi-signifiant qui ne se relie pas et donc ne s’explicite pas ; parce que tous les signifiants on peut dire qu’ils sont constitués eux-mêmes de signifiants et donc ordonnés ; pris dans le réseau, les réseaux de signifiants on peut contrôler le monde, autrui, les peuples ; on peut tout aussi bien croire que l’on contrôle le réel. Mais le corps est tout à fait autre.

Un tel système, qui s’installe toujours (du groupe ou du conscient personnel) renie le corps mais aussi le réel de la réalité (qui est réduite en petits morceaux, découpée, par les nombres, les signes, et aussi les images, ou si l’on préfère synthétise en un bricolage, afin de se gérer, comme communauté ou comme vie vécue, sinon ce serait invivable et comme d’habitude il faut cependant que cette synthèse bricolée n’occupe pas tout le champ) et il renie également dieu, la pensée, le sujet (qui n’est pas le moi), autant que le réel. Ou si l’on préfère ; on va croire aux signifiants (en imaginant leurs signifiés, qui sont en vérité encore des signifiants qui appartiennent au groupe ou à l’élaboration consciente que l’on s’est fait de soi), y croire en les hallucinant ; on va désirer.

En somme le langage fut créé par et dans le groupe humain et sans cesse il revient à son origine de mise en forme culturelle ; dès que l’on parle on appartient au groupe natif et celui-ci (qui doit absolument se comprendre, sinon tout se désorganise et on ne survit pas) se referme sans cesse ; par la télévision le groupe se resserre, de même internet se recentre « autour de lui-même », tandis que les individus font figures d’électron libres (un temps).

Il y a toujours une perversion, une névrose, une hallucination dans le désir, et c’est très bien comme ça ; parce que sinon, donc, on deviendrait fou (ceci étant il est possible de parvenir à un équilibre, il ne faut pas exagérer). Mais, en même temps, il faut, puisque l’on ne sait pas où est la conscience-de,où est le regard, il faut se tenir lointainement et admettre un autre-champ, ce qui veut dire un autre champ intentionnel ; le troisième genre en somme.

On ne sait pas « où » est la conscience et donc elle se loge tout spontanément dans, à l’intérieur de tel objet de désir ou de vue ou d’affect et l’on s’y perd (puisque c’est cette conscience en quoi l’hallucination ou la perception ou la relation consistent ; le tomber-amoureux on ne sait plus qui quoi par où on voit ou on est vu; décentrement que souvent, mais pas toujours, on adore (on peut aisément en souffrir de tel désir). Et plutôt que d’être le jouet de cette insituabilité, qui alors nous possède, autant se jouer de ce « où » inconnaissable.

Dieu, l’universel, le sujet ou le réel, ou la poésie ou la révolution s’utilisent afin de non-situer l’arc de conscience ; une non-situation (hors du monde et hors de la vie vécue) qui nous sauvent de son insituabilité (qui nous piège ; où est le regard dans le monde ? S’interroge-t-on) ; regard qui sinon emplit tel objet fascinant, telle chose du monde, tel être captateur, tel groupe refermé. C’est bien pour cela le non-regard est passionnant, et non pas subjuguant. Le regard non-situé est séparé, tout comme le divin est séparé tandis que le sacré se réserve une part du donné et sacralisait le groupe, le monde, la perception en telle ou telle réservation.

Captivé, capturé on en adore la passivité, celle du moi hypnotisé, résumé, clos, investissant une chose ou un être ou une identité. Tandis que le je, qui n’est pas de tout repos, se consacre, au sens propre, à l’activité et même l’activisme (songeons au poète mais aussi au révolutionnaire).

L’un n’est pas moins fou que l’autre. Non de la même folie. L’énergie du moi n’est pas la même que l’énergie du je.

Le moi désire être immédiatement lui-même. Le je l’est instantanément mais il ignore totalement où il existe et quel est ce mouvement si inhumain, ou surhumain, ou divin, ou cette impossibilité ; il est libre parce qu’il en est l’esclave (comme Saint Paul, du christ). Ça ne sert même à rien de le dire, ou de se le dire, puisque l’on est déjà au-delà ou antérieurement au dire. Et donc on fait.

Puisque si le moi fantasme, le je veut. Et donc il veut le réel, parce que l’on ne voit pas ce que l’on peut « vouloir » d’autre, que le réel, ce à quoi l’intentionnel se confronte, aboutit, obtient ou non un résultat et sur lequel il peut encore ajouter de l’encore-plus (puisque les réalités, les images sont seulement, elles, dévorées ; la forme accumule, le monde entasse et puis se décompose).

Ça ne veut pas dire du tout qu’il faut être Rimbaud ou rien, ou Robespierre ou Einstein ; parce que chaque je doit lancer ses propres ponts dans le réel, et n’obtient de dépassement que de ses propres possibilités ; en vérité si des fantasmes il en existe des tas, des possibilités réclament d’elles-mêmes et structurellement qu’elles se rendent réel, aboutissent au réel ; penser au 6éme av.JC, devenir chrétien au 1er siècle, se soulever en 1789 ou inventer du neuf en 68, le psychanalysant (actif forcément c’est lui qui travaille) adopte soudainement le point du je, qui décroche, relativement, le moi de son collage ; le moindre devenir formel du je dépasse, outrepasse tous les fantasmes du moi ; c’est pour cela que le fantasmatique se répète, le structurel avance ; un chrétien ou un philosophe ne se figent pas (ou alors ce sont des pharisiens), il progresse, sinon ça n’aurait aucun sens ; le structurel devient, et même on le dit, le structurel est cela seul qui avance, le réel est plus grand que lui-même, le monde, le donné, le déterminé disparaît ; rien n’est facile mais les possibilités sont posées et elles ne rêvent pas, elles réalisent le réel, le créent, d’une part, en tant que chacun, sous le forme de son je, est concerné ou en tous les cas atteint (chacun est investi par la révolution par ex, et par la révolution française on voit que cet engouement universel est en vérité un enthousiasme pour l’individuel, puisqu’alors l’égalité est absorbée, intégrée en la liberté, et non pas la liberté isolée ou l’égalité imposée).

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