Différence entre métaphysique et ontologie
La réalité n’est pas mauvaise, ou méchante ou diabolique ou absurde, elle est brutale. Et elle est brutale parce que sans l’altérité il n’est aucune réalité, aucun monde, aucun univers qui soient possibles. Et il existe des révélations ou des Possibilités et un présent afin que cela qui n’est pas encore, soit. Un jour. Un jour éternellement, ou atemporellement. Si vous ne tenez pas, si vous vous laissez convaincre par l’altérité seule (sans voir qu’elle suit son immense logique, extrêmement difficile ou terrifiante) alors vous perdez le peu qui vous soit atteignable. Vous perdez la Possibilité. Il se révélera à la fin des temps, ou atemporellement, que la Possibilité sera réelle ; comment ce qui est en attente comme présent ne serait-il pas existant ? (La question est ; comment y existerez-vous ? En quel état et de quelle manière ?)
La finalité des réalités sera elle-même radicalement Autre et ajoutera de la distinction à la distinctivité (à l’altérité). C’est si l’on veut une fuite en avant mais précisément est un Créé.
Ce qui n’est pas. L’être est tout ce qui est, mais le réel ça n’est pas l’être, c’est le présent, soit donc ce qui devient, ce qui arrive, ce qui sera (réservant de comprendre ce « sera » de telle ou telle occurrence, ce qui n’est pas du tout évident ; ça n’est pas forcément l’avenir).
C’est le présent, le possible qui attire toutes les réalités vers l’avant, par l’avant ; il n’aura échappé à personne que la partie qui seule vaille la peine n’est pas ; il est seulement possible ; ce qui mesure l’être c’est le présent ; c’est là, dans le présent, dans l’en-avant généralisé que réside le réel ; et si vous ignorez le possible, la Possibilité, alors vous vous contentez de l’être, du réalisé, et non de la réalisation comme mouvement ; vous considérez par ex que le donné seul explique le donné (ce qu’est la rationalité et la causalité), alors que, de fait, il existe un présent (et que donc le donné n’est pas donné, nulle part).
Si vous restez sans foi, idée, image, ou intentionnalité aucune en la Possibilité, vous vous effondrez. Ça prendra un temps peut-être infini ou vous vous écroulerez en une seule fois mais même alors vé
Évidemment vous disposez déjà d’une projection (aucune conscience n’existe sans intentionnalité et donc sans à-venir), mais élaborer cette projection native requiert précisément une tactique, mieux une stratégie, ou une élaboration ou une architecture.
Vous considérez par ex que durant votre vie il vous faudra, au plus, entièrement « être vous-même » (ce que l’on parvient très rarement à croire d’effectivement ayant eu lieu, puisque que l’on ne parvient jamais à acter l’image, l’imaginaire dans l’épaisseur du monde, du vécu ou du corps). Mais là où vous existez ça n’est pas de l’ordre du monde, du vécu ou du corps. Vous n’apparaitrez pas dans le monde ; la part de vous la plus exacte est en dehors du monde ; vous avez perçu, décidé, imaginé à partir du Bord de votre vécu et c’est dans la ligne, l’horizon de cette Possibilité que vous existez. Se considérer comme ayant à se réaliser, c’est se perdre (et c’est bien de ne mener aucune stratégie suffisamment élevée que toutes les intentionnalités s’effondrent vers le bas) ; c’est bien pour cela que la pensée ou le christ ou dieu ou l’idéal kantien ne sont pas, ni et pas plus la volonté nietzschéenne ou l’Etre de H ou la liberté actualisée sartrienne ou la satisfaction lacanienne ; tout cela est reporté tout au Bout. C’est de là que l’on perçoit.
C’est bien pour cela qu’il faut penser (et on pense toujours, sauf que ne le sachant pas on imagine le pire et se noie de dépression) ; pour (se) tenir en réserve et être capable de, selon cette restriction, de mener des intentionnalités élevées ou complexes ou distordues (et donc de l’esthétique, éthique, politique, idéel ou philosophique, etc). Sinon, sans cette stratégie, on pense mais entremêlé du monde, du vécu poisseux, de la douleur et de la saleté ou la méchanceté ou de l’illusion, et généralement de l’imaginaire : ce qui n’est pas « penser » à proprement parler.
Reprenons.
On nommera donc métaphysique l’acquisition du discours parfait, ayant pour centre l’idée de l’être (ou équivalent) et disposant là au-devant (de nous) une exposition compréhensible de tout ce qui est dans sa formulation universalisée (par des idées, des raisonnements, des dépliements d’intentionnalités emboitées les unes dans et par les autres, le tout s’auto-impliquant et permettant, ainsi, d’organiser toute intentionnalité possible à propos du monde, de la vie, des autres, des perceptions, etc, et donc de telle manière que plus rien ne s’oppose à la transparence, en interne, de l’intentionnalité). C’est parce que la pensée métaphysique est un discours auto-organisé qui permet le déploiement de toute l’intentionnalité possible en idées sur le monde, qu’à la fin du fin ce discours re-vient toujours vers lui-même (vers le sujet qui est alors impensé) que de l’être, l’idée (du Bien, de la pensée de la pensée) du Un,
Et on nommera ontologie toute la pensée à partir de Descartes qui commence un nouveau tour et qui signifie, désigne, montre que ici et maintenant, ici même le sujet existe et qu’il n’est pas qui il est. Que donc dès l’abord le sujet empêche qu’il puisse exister une pensée qui soit un discours (étal et aplati là devant nous) et non pas que le monde, l’être est brisé, mais bel et bien que l’être est l’exister lequel est structurellement non pas scindé mais articulé ; puisque l’on y juge et perçoit de l’exister ici et maintenant et que l’exister est le réel, alors on agit directement dans l’ontos et la pensée ontologie est activité, activisme pur et brut, serait-il très brut. Kant, Hegel, Husserl, Kierkegaard, Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan poursuivent la même articulation (puisqu’il n’existe que celle-ci et que le reste est effets, effets innombrables, de la même jointure, le rapport conscience/présent. il s’agira alors de creuser la structure elle-même et de même que la métaphysique développait toutes les possibilités intentionnelles cohérentes et ce donc objectivement, de même l’attention portée à l’articulation explore sa propre possibilité et ce en maniant ce qu’il faut dénommer hyper-objectivité ; la capacité de se tenir à la fois le même et autre que soi, afin de percevoir la forme-de et non plus seulement les contenus (c’est ce que Kant désigne comme criticisme ; il s’agit surtout pour lui de continuer de penser par d’autres moyens que la métaphysique, de même la dialectique du négatif de Hegel, la phénoménologie, la théorie de la volonté, l’existentiel, etc).
La philosophie voulut saisir le réel en une fois et en une pensée de sorte que déroulant celle-ci on obtienne tout ce qui est. L’être était le point absolu qui se devait de se déplier.
Rien ne fonctionnait, comme de juste.
D’abord le point unique ne parvenait jamais à se poser tel quel, mais toujours comme un retour, jusqu’à ce que Descartes introduisit le soupçon qu’ici même le sujet était précisément ce retour, transformé en re-tour, un nouveau tour.
Et ensuite parce que les réalités ne se réduisaient jamais, de fil en aiguille, d’idées en Idée et qu’en définitive la réalité s’imposait comme réalités, à n’en plus finir et qu’aucune universalisation de déterminations n’établit une détermination comme maitresse de toutes les autres et qu’au final l’universalisation, la pensée, revenait à un sujet (qu’il soit Idée, pensée de la pensée, Un, dieu). Or cependant, notons le, il existe forcément une unité, un Un, puisqu’ici même chacun présuppose cet Un.
Enfin cela n’aboutissait pas puisque jamais, jamais le sujet ne s’identifiait à quelque contenu que ce soit (rappelons que dieu et plus encore le christique suppose que vous soyez distinct et autre, et que c’est exclusivement par et dans cette distance que votre conversion a quelque valeur, ni dieu ni le christique ne rentre dans l’universalisaiton, Hegel n’y parvient qu’en instituant une fonction, la négativité, soit donc la conscience ou les deux phénoménologies, celle du devenir de la conscience et celle du savoir, et pas plus Rimbaud ou quelque créateur ne peut être pensé, tout créateur renvoie aux sujets qu’il signifie ; c’est votre conscience que Rimbaud travaille, œuvre).
De ces impasses on se prenait ici et là à déprimer. On ne voit pas pourquoi. Parce que lors même du recul indéfini du Un, de la multiplicité des réalités irréductible, du déchirement de soi à soi ou à tout autre ou à tout contenu, de toutes les pistes il en ressortit une continuelle et prolixe invention, création en tous sens. Le temps ne fut absolument pas perdu, pas un iota de temps.
Si l’on attendait que le Un ou Dieu ou le sujet puise apparaitre tel quel en personne devant nos yeux évidemment cela relevait plus de la pensée magique que de la pensée réelle.
On implique donc ceci ; qu’effectivement l’être, dieu, le surdivin, le sujet furent réellement approchés et que l’on en a retiré une richesse formidable. De même qu’effectivement on s’est retrouvé face à l’altérité pure et brute ; l’absurde ou l’univers ou l’existence ou l’irraison de la volonté ou l’angoisse de l’Etre. Une richesse disait-on « conceptuelle » mais en vérité bien plus étendue que cela ; puisque visiblement c’est l’ensemble de toute l’intentionnalité qui est sans cesse relancée, démultipliée, au point de perdre tout un chacun ; c’est cette richesse qui nous déchire, mais peut-on s’en plaindre ? Et ne faut-il pas justement requérir ici à précisément l’apanage nietzschéen de vouloir ce que l’on veut ? D’intentionnaliser l’intentionnalité ? Ce que cible Nietzsche ça n’est pas tant la « Volonté » comme un fétiche, serait-il ontologique, ontologique à nouveau (qui réintroduit celle-ci dans l’historicité que la rationalité plate pensait avoir évacuer), ce qu’il théorise c’est non pas que l’on désire ceci ou cela, mais que l’on prenne de la hauteur et que l’on pense la désirabilité, le choix, l’intention elle-même et ce qu’il nomme « volonté » est de fait ce que par « intentionnalité » il faut entendre ; de sorte à tenir face à face que tout est construit, tout est artificiel et que rien n’est désirable ou choisi « naturellement », selon par exemple une plus grande adéquation à notre « nature humaine ».
(Rappelons que Nietzsche et Heidegger ou Kierkegaard réintroduisent l’ontologie dans un monde très humanisé et rationalisé, ontologies selon l’altérité, de dieu, de la volonté ou de l’être)
Mais sitôt que l’on présente l’artificialité de tous nos désirs … le désir lui-même cesse. On désire ce qui est naturellement ou spontanément ou objectivement ou communément désirable, objet dont la valeur vaut en elle-même et nous parle, nous attire. Mais non pas que cet objet soit juste un prétexte (à un diagramme mental complexe qui se singularise ou se dérive par tel objet) ou soit seulement une construction ; si tous les objets sont construits (ou brodés sur une pulsion biophysique ou psychologique démontable) alors cela seul qui est désirable au sens propre c’est cette structure en elle-même qui est seule créatrice … que l’on nomme cela Volonté (de N) ou volonté de Descartes, dont il dit que le seul véritable bonheur est la liberté elle-même, cette suspension du regard (qui ouvre quantité de possibilités).
C’est ce qu’opère la philosophie (ou l’amour du christ ou de ceci ou cela) ; on ne s’occupe que de ce qui origine. Par la philosophie on remonte à la source, structurelle. De même que telle œuvre vient chercher votre arc, l’élever à sa hauteur et déplier toute la perception (esthétique ou narrative ou poétique, etc) ; à condition que vous vous éleviez à la hauteur de Rimbaud ou de Debussy (ou selon votre héroïsme en propre) ; ce qui n’est pas évident du tout (les distractions du moi habituel ont inventé toutes les représentations mass médiatiques qui emplissent tout le champ, et parfois ici ou là se détache une élévation, un auteur, une vision, une possibilité qui se tienne non en-deçà de l’horizon, mais sur l’horizon lui-même). De même que le christique n’est pas simplement croire mais c’est entrer dans la structure du regard qui crée tout sujet (non pas de tel ou tel autrui mais de l’autre Regard en-plus, surdivin) et à partir duquel effectivement chacun eut droit à son chacun (que chaque individu soit un sujet, in-fini, les grecs eux-mêmes n’en avaient pas l’idée ; on s’élève par la pensée (ou l’héroïsme) mais on n’est pas en soi élevé).
S’attacher à la structure ou à la liberté seule c’est s’offrir toutes les constructions. Et oui, ça n’est pas se contempler narcissiquement dans le miroir, c’est devenir le miroir et donc atteindre toues les images (ou le plus grand nombre d’images possibles) d’une part et d’autre commencer de devenir la mise en forme du miroir lui-même ; entrer dans la complexité du miroir, augmenter l’inépaisseur du Bord – du monde, du vécu, du corps, de et qu’est la structure elle-même.
C’est en ce sens qu’attendre l’apparition fantasmatique du christ ou du surhomme ou attendre que telle esthétique ou telle œuvre vous confère on ne sait quelle sublimation ou quelle extase, est absurde. Ça n’est absolument pas d’un apparaitre dans le monde, le vécu, le corps (et cela vaut également pour le tomber-amoureux, la grande expérience ultime du moi), la satisfaction en un apparaitre que l’on doit rechercher. Ou inversement cela revient à dire que le christique, le surhomme ou le sujet ou le surdivin, ou l’œuvre, récit ou esthétique, font signe, signifient et signifient-pour-une-structure et c’est elle qui doit être mise à jour, et puis reloadée, relancée, réinitialisée. Et cela ne se peut qu’à partir de l’initialisation originelle. Laquelle est toujours déjà là. Elle est, origine, ce qui ne quitte jamais, parce que l’origine est parfaitement ce présent ici même.
La réinitialisation est l’enjeu maximum qu’une conscience puisse supporter. La réinitialisation est in-finie, est une structure, un mouvement, un rapport.
Or ce qui se remet à jour ça n’est pas telle ou telle partie de nous-même mais l’aiguillon, la pointe fine, l’ancrage surdimensionnel, celui qui n’est nulle part dans le monde, le vécu ou le corps et par laquelle pointe se promeuvent ici et là des objets de désir, des contenus de conscience, des signes du corps et des mouvements dans le donné ; ce par quoi il existe du construit, de toutes ces artificialités qui nous attirent apparemment d’en-avant ; c’est l’arc de conscience qui sort de la cervelle vers le monde donné là et qui revient vers le corps et le regard comme signes dont ils se couvrent et s’emplissent ; sans cet arc il n’y aurait pas de signes (et pas de langage, pas d’œuvres, pas d’objet, pas de réalités distinctes, et donc pas d’horizon sous lequel se placent toutes ces constructions, et c’est en ce sens que l’arc est archi-tectures et archi-textures).
On sait que dieu est au-delà (il ne s’inscrit pas dans le monde, n’est pas selon un de ces mondes humains particuliers et donné là, comme fleuve ou soleil ou animal divinisés), on sait que le christique veut dire que pourtant ici même, le vécu, quelque surdivin nait ou plus exactement s’instancie. On sait que certes le surhomme n’est pas, mais Rimbaud lui existe. Quelque Réel se réalise, même si ça n’est pas « ce que l’on attendait » ; il faut comprendre alors que probablement on se trompait sur notre attente, et que c’est le réalisé effectif qui a raison et non pas nos attentes, imaginaires, égarées, mélangées. On n’attendait ni la pensée, ni dieu, ni le surdivin christique, ni le sujet, ni la révolution, or pourtant tout cela nous pensait, nous percevait, nous affectait déjà. De où ? Il y a un vide en interne et ce vide n’est pas vide mais est une forme, celle que l’on décrit depuis que nous sommes sortis des mondes particuliers (depuis dieu, el christique et la pensée).
Il n’y a aucune trace de l’être comme idée-principe ; parce qu’aucune, aussi utiles et pertinentes les universalisations soient-elles, aucune universalisation ne peut rejoindre le Un (ou ce que l’on institue comme tel, cette limite du monde qui nous re-vient par le devant) ; le Un est le Bord et comme Bord il ne rentre pas dans le monde ; c’est du monde dont il est le Bord. Et ce Bord du monde ne fait référence possiblement qu’à la seule structure qui en a conscience, qui en est l’arc de conscience (lequel est spécifiquement adapté à précisément qu’un horizon, réel, existe, et pour nous, ici, cet horizon est désigné comme présent, le Bord sur lequel on est toujours perché, de fait).
Dans la mesure où la possibilité ontologique est intentionnelle, elle creuse intégralement tout ce qui est réel, toute la réalité, toutes les réalités. Aussi est-ce l’ensemble de la vision, de la perception, du langage, de la représentation, du corps, du relationnel humain qui sont recréés constamment. Puisque le Bord activé ne cesse de reconstruire la réalité. Le Bord activé crée des réalités, les réalisations humaines, afin de conformer des arcs, chaque arc de conscience, en usant de toutes les distinctions, toutes les acculturations inventées, jusqu’à parvenir à saisir (comme sur la poêle) chacun des sujets, des consciences en instance de sujet. Chacun est appelé, comme cela fut dit depuis toujours. Et dans l’immense pluri-déterminations en tous sens qu’est ce monde moderne, c’est devenu factuel, c’est devenu un fait. On ne peut plus ne pas savoir. (C’est ce que voulaient dieu, le christ mais aussi la pensée, ou la révolution, soit dit en passant, mais également la mass-médiatisation ou alors médiation généralisée, médiation du corps dans sa propre image ayant à devenir le miroir lui-même, mais comment ?)
Et chacun le fut. Et chacun s’est lui-même dénommé. Puisque finalement si le Un existe-existera-a existé, c’est de s’être voulu lui-même : le Un ne peut être voulu ou être causé, pour la raison que le Un n’est pas ; toute l’activité, par quoi se signale le présent, est un activisme, un en-avant. C’est la seule manière pour le Un d’être à lui-même originel. C’est d’être intégralement artificiel. Créé.
Et c’est en ce sens que le réel est plus grand que lui-même, sinon où serait l’enjeu, l’enjeu d’un univers ultra-méga déployé et sans doute infiniment réalisé, qui s’effondrerait dans la dispersion et le néant abyssal, une quantité telle d’énergie vouée à la destruction pure et simple ?