L’unité de conscience n’est évidemment pas du tout ce que l’on a pu présager autrefois ; c’est qu’autrefois il fallait imposer qu’il puisse exister une unité forte, ce qui veut dire capable d’intentionnalisations.
Il s’agissait de mettre en marche l’activisme de la conscience non en tant que ce serait une identité (l’humain en soi, un sujet, un moi etc) mais en tant qu’elle est un mécanisme ; il faut s’en tenir au ré-enroulage nietzschéen, à la mise en place heideggérienne, à la cure sartrienne (qui dénude la conscience de la phénoménologie husserlienne et y suppose une structure formelle axée en un corps et adjacent au regard des autres), au tourment lacanien qui lance tout conscient s’écraser sur la jouissance, du "corps" ; tout cela concoure à décentré ce qui autrefois occupait le centre du monde.
Mais la centralisation de l’attention sur ce qu’il faut bien nommer un hyper contenu supposé de conscience ( en quoi l’acte de conscience est juste une fonction d’une identité qui existerait en soi, pensée ou moi, un moyen pour une fin intérieure ; l'attention y est fonction de l'Etre, du Bien, du Un, de Dieu), que cette centralisation a permis d’explorer et d’inventorier, comme un sous-marin jaune, toutes les possibilités d’intentionnalisations, mécanisme extrait créant des machineries extrêmes, les systèmes intentionnalisateurs, et qu’une fois atteint Hegel nous voici rendu ; rendu au sol même, à la racine de Sartre, au monde autre de Nietzsche, au gouffre heideggérien, au maelstrom compliqué de Lacan ; on n’est plus chez nous. Et quelque chose existe en nous, qui n'est pas une chose, mais une structure, une forme, un ex-sister spécifique.
Et ce quelque chose n’est pas une chose d’abord, et ensuite est un mécanisme fragile, éphémère, externe, sans intériorité, et, comble, doué, doté d’une structure, et d’une structure ayant à s’élaborer en archi-tecture, mais que pour cela il faut s’abandonner à l’architectonique, à l’interne apesanteur, au creusement, au-dedans sans dedans, en bref au Bord du monde, d’une part et au Bord du corps, d’autre part. L'architectonique est à la fois la forme déjà existante et d'autre part les possibilités de dépliement du fil du corps et du Bord du monde, de la réalité ; le réel comme Bord.
Soit l’autre surface nommée. La surface du corps qui perçoit mais on ne sait pas quoi, on l’ignore, on le perçoit sans savoir. C’est en ceci que l’on voit bien que la philosophie est un jeu second (une réflexion sur la réflexivité, qui ,elle, expose à tout va selon les esthétiques, les poétiques, les politiques, les idéels et tout autant les éthiques, les éthiques très étranges, les malodorantes ou les sublimes écrasantes ; l’éthique n’étant pas du tout la morale ; l’éthique est l’ascèse inventée par l’occidentalisation, celle de Rimbaud, de Nietzsche, de Sartre hyper exigeante et straight, ou celle du pop-rock, l’étrangeté et le bizarre ; éthique comme désorientation ou plus ou moins orientation). Et bien que jeu second, venant en observation de « ce qui nous arrive » et essayant d’identifier cette structure (qui nous prit au Vème siècle avant JC, à tout le moins, et en fait tout autour de la méditerranée), et de dresser la verticalité de cette dimension, puisque, répétons-le, nous nous tenons sur le Bord du monde, bien qu’en jeu second (de réflexion sur la réflexivité), cette philosophie est aussi elle-même active et activiste ; elle crée autant sinon plus de réflexivité (que l’esthétique, éthique, politique et idéel, dégagés, débarrassés de tout groupe et ajoutant leurs propres langages au langage), de réflexivité en plus et ce par la réflexion sur ce retour de conscience sur l’arc de conscience. Autrement dit la philosophie (tout en assurant une réflexion sur la nouveauté de l’arc de conscience extirpé hors du groupe et de tout monde humain) est elle-même réflexivité en action. Et se déploie, déploie cet-être-arc. Qu’elle croit clore d’une certaine manière, par le Bien, le Un ou le sujet, mais qui renforcent en fait l’articulation-même et ce en usant du Bien, du Un, et évidemment en usant de Dieu; ce qui tombe dans la machinerie philosophique est redistribué, relancé comme ici-maintenant radical. .
On se tient sur le Bord du monde, depuis que tous les mondes synthétiques nous ont lâchés (nous expulsant hors du groupe, langage, immédiatetés, qui étaient eux-mêmes construits mais enroulés autour de l’ontos non encore extrait, de l’arc de conscience qui se focalisait sur, dans ses contenus, tandis qu’au sortir de tout cela nous ramenons les contenus en deçà vers la forme, la structure ; auparavant nous pensions, synthétiquement, désormais nous savons que nous pensons, ce qui n’est plus du tout le même régime ; nous avons inventé non pas un monde de plus mais le monde même, le Sol-qui-ne-pense-pas, ne parle pas, celui sur lequel reposent tous les mondes et nous voici plantés sur la surface du monde, sur la surface du réel, sur son Bord).
Expulsés de tout monde synthétique, clos, fermé sur soi (en un sens parce que tout monde est intérieurement ouvert sur sa perception de ses réalités et de leurs proximités), nous voici donc dépourvus et sans rien ; on ne peut plus percevoir sans le vouloir, et il faut donc mobiliser volontairement de nouvelles possibilités qui n’ont pas de correspondances dans les mondes ; les grecs, penseurs, inventent un autre vocabulaire et modifient le langage commun, construisent de nouveaux pré-mondes, des systèmes d’intentionnalisations, qui permettent d’ajouter de nouvelles différenciations ; la philosophie s’utilisant à cette fin.
Autant dire que tout l’ensemble (philosophie, esthétiques, éthiques, idéels, politiques, etc) est renvoyé à un être-là, la structure, purement formelle, sans rien et qui produit de nouveaux contenus ; qui de fait ne s’obtiennent plus « naturellement », au-dedans d’un groupe, mais doivent être voulus, intentionnalisés, décidés, inventés, créés ; la séparation et la division remplacent le tout et l’uni plan de la Vérité dans un groupe. Et c’est pour cela que l’on ne va plus annoncer telle ou telle Vérité, mais objectiver la question de la vérité, ce qui est détourner absolument l’attention sur l’attention même, la focalisation de l’arc de conscience, qui instruit effectivement la réflexivité (le retour de cet être sur lui-même, de cet être comme activité de conscience, purement formelle) ; et que l’on va glisser, de fait, à ce qui conditionne la vérité, et instantanément produire le système formel de toute vérité quelle qu’elle soit (produisant donc le système formel antérieur à toute vérité, système formel qui devient lui-même le vrai ou plus exactement la consistance ici et maintenant de ce qui était jusqu’alors supposé ailleurs et au-delà, réservant à chacun de croire à cet ailleurs et au-delà, mais décrivant de manière rigoureuse par où « cela commence dans le réel ici même » ; la structure de base, la structure commune de toute, chaque conscience-de (soi) ) ; c’est que l’on est passé de l’autre côté ; du côté de l’altérité (qui n'obtient aucune représentation adéquate, et qui est en elle-même unilatérale, tournée d'un seul côté, vers le devant, soit donc le seul présent) ; mais que l’on s’obstine à présenter comme le Bien ou le Un ou le moteur immobile ou la pensée de la pensée, etc ; et peu importe puisque toute nomination de la réflexivité accélère le présent, le un non pas substantiel mais formel, et que ce qui fut lancé n’est pas idéel , idées ou systèmes, mais système intentionnel axé sur le présent et par le présent en tant que c’est ici que l’on veut que cela soit (et effectivement ce qui est, de toute manière, c’est ce qui existe et n’existe en constatation qu’un unique présent constant); tout présent concourra donc à dresser l’architecture du Un, du présent pur et brut. Qui signifie ; ce qui est, est ici et maintenant et nous en tenons la piste.
La réflexivité, le retour sur cet être qui existe, entend manifester, exposer, décrire la constitution même de cet être, l’arc de conscience (tension structurée vers, sur, par le réel, et selon d’une part le monde, grec, et le corps, christique, et le sujet impossible, et les grands sujets épouvantables qui suivront, et les pensées de l’altérité, et la précision chirurgicale de Sartre et de Lacan) ; on est depuis la réflexivité (la machinerie gigantesque des systèmes grecs qui épuisent l’intentionnalisation du monde et la réflexivité sur le corps, sur l’ici et maintenant d’un arc qui se perçoit mort, né et mort, déjà) dans la description du curieux interstice de l’arc qui se sait, qui se-sait et se sait au travers des représentations, des images, des langages, du conscient mais aussi des signes, puisque tout cela est engendré dans le retour-vers le corps, retour qui n'atteint jamais l'arc lui-même qui continue de resurgir de la cervelle, comme si de rien n'était, ou presque ; qui déplie l’actualisme de son arc, et se transforme en un activisme et une radicalité intégrale ; il n’est rien antérieurement à cet être qui est antérieur à toutes les pensées, les imaginations, les relations, les langages, les mondes humains, aux corps, etc ; il n’est rien d’antérieur à cette antériorité qui doit être établie par une métaphysique, d’abord (usant du Bien, du Un, de Dieu qui s'utilisent constamment comme dépliement du Bord du monde, du corps ; ils sont faits pour cela ....) et puis une ontologie ensuite ; selon la machinerie intentionnalisatrice qui crée quantité de systèmes donc et selon l’ontologie de l’acte de (soi), qui débute par Descartes (qui expose là-devant que cet-être est justement un être-là (que Heidegger prendra en concurrence rageuse, le doublant d’être-le-là, pensant qu’il soit possible de penser le « lieu » (hyper ontologique et hyper métaphysique en lequel l’être-là cartésien est posé).
Comme la réflexivité, le retour sur cet être qui s’active, n’offre aucune représentation, n’est lui-même aucune image, aucun mot, aucune imagination, aucune représentation, il va user toutes les images, idées et représentations ; c’est ce que pour quoi on aboutit au fin du fin à Husserl, Heidegger, Nietzsche, mais aussi plus techniquement (pour ainsi dire, cad sans fioritures et dans, au-dedans de la structure, qui pourtant n’a pas d’épaisseur, c’est un Bord) Sartre et Lacan ; remarquons que l’on dégage finalement de plus en plus précisément ce qui était déjà engagé par Descartes, Kant, Hegel ; sur la piste du fil, qui parfois apparait comme le fil qui tisse et relie, et d’autre fois comme ce qui file droit sur la crête ; lorsqu’il divise ça n’est jamais sans arrière fond (toute découpe s’effectue sur l’horizon unique) et lorsqu’il relie jamais sans arrière pensée (le Un qui use les choses et les êtres). Il n’est pas de consistance dans les idées ou les contenus, (ni même dans les choses (qui disparaissent constamment). Il n’est de consistance que dans et par la structure, en un sens tout à fait étrange et incompréhensible ; la forme est la consistance parce que le présent est la seule constante.
Qu’il ne soit aucune image, pensée, représentation implique que l’on ait à le saisir du dedans sans dedans, sans épaisseur ; mais ruse et vérité radicale, Lacan nous dit qu’il est, le trou, sur le corps, ou plus exactement que ce trou est une surface du corps, extrêmement complexe et tordue (l’arc de conscience est quand même la structure la plus étrange que nous connaissions, ça n’est pas une « chose » ni une objectité et encore moins une objectivité) ; le degré de précision atteint est non seulement rigoureux (ce qu’il fut toujours, depuis les grecs et le christique) mais tellement proche en raison de ce que justement chaque arc de conscience est devenu, dans sa manifestation de « moi » ; un moi est la bizarrerie et la douleur structurelle (cad antérieure à toute douleur selon l’ontologique) de la proximité d’un corps et de l’arc qui lui sort de la cervelle.
C’est, donc, l’interstice ouvert par cet arc qui lui sort de la cervelle, qu’explore, inventorie et littéralement cartographie cette discipline nommée philosophie. Et comme cet interstice est dans l’antériorité, c’est l’ensemble de tous les processus et procédés, qui sont ressoudés par la forme, et puisque cet arc est dans le sol même (du présent), il faut comprendre que par cet arc l’os du réel, l’os qu’est le réel des réalités est atteint.