Le micro-système débile et le Grand Système possible
Voici donc que nous sommes en mesure de produire beaucoup, très vite et quasi parfaitement. Les besoins sont couverts depuis bien longtemps et si la consommation (ou donc la fameuse « croissance ») bât encor son plein, c’est afin de nourrir un système productif hyper performant qui, pour subvenir aux exigences de profits, démultiplie par cent la capacité consommatrice ; ce qui rend fou.
Le faux système
Par ailleurs les besoins, réels, de quantité d’êtres humains sont abandonnés ; c’est que ces besoins ne rentrent pas dans les attributions des quelques monopoles, (on ne va pas s’amuser à produire des céréales alors que les automobiles, qui rapportent beaucoup plus, réclament leur quantité de carburant végétal) et de toute manière les populations pauvres ne sont pas suffisamment solvables (alors même qu’il serait possible de leur payer correctement leur exploitation, des sous sols ou de travail) qui puissent participer au commerce mondial ; lequel est donc cette sombre captation d’un micro système, quasi intégralement à côté des besoins réels de l’humain, (et de plus totalement ignorant des dégâts qu’il cause, tant il n’est aucune, aucune pensée efficace quant aux conséquences de nos actes, de nos décisions, et une inintelligence flagrante de tous nos comportements) et pourtant capable de produire abondamment, qui se maintient dans les circuits organisationnels privatifs et décérébrés.
Le faux système redoublé
L’illusion libérale consistant à nous faire accroire que le déploiement sur toute la planète du même micro système (détenu par quelques uns de plus en plus dévorateurs) serait un équilibre retrouvé entre peuples pauvres et riches ; alors que ce sera seulement la séparation encore plus abyssale entre pauvres de tous les pays et riches de tous les pays. De telle sorte que le même système de captation puisse se reproduire, et que donc l’inventivité générale soit strictement figée, annulée, écartée de l’historicité. Absence d’inventivité essentiellement constitutionnelle ; par laquelle il faut inscrire dans le marbre que la privatisation n’est pas le sommet du monde réel, mais bien une exceptionnalité accordée selon tel ou tel critère (humains et écologiques, sociaux et collectifs). C’est dans la constitutionnalité qu’il faut écrire les règles du Jeu, du vrai Jeu, opposé au mini-game des demeurés.
L’impasse historique du micro système, annulant le Grand Système possible
C’est de toute manière ce qui se décide ici ou là mais dans le plus grand désordre, et évidemment chichement, juste ce qui est nécessaire à la validation du micro système qui freine de toutes ses puissances afin que le Grand Système (des besoins réels et des nécessités structurelles aux sociétés complexes organisées) ne voit pas le jour. Que ce Grand Système est là, bien présent prêt à exister historiquement, tout le démontre et le montre ; mais le micro système clos sur son intérêt, cad sur ses quelques capacités productives monopolisées, détruit constamment les avenirs possibles, qui ne paraitront pas : jamais.
Le Grand Système déjà possible partout
On argumente en général, ou cela revient au même, que l’on se sait pas comment organiser la réalité humaine selon un Grand Système (réel celui-là), et que donc le micro système (celui qui s’ordonne sur la propriété privée) est le seul que l’on connaisse (par exemple ; le libéralisme est le seul système qui « fonctionne » dit-on, ce qui revient au même et on vient de noter qu’en réalité il ne fonctionnait pas vraiment sauf limitativement et cette limite est purement arbitraire ; décidée par qui démocratiquement et rationnellement ?)
Il est clair qu’il ne nous faudrait pas énormément d’efforts de mise en ordre pour créer le Grand Système (des échanges judicieux et fondés réellement, plutôt que ce micro système fantasmatique) ; de fait toutes les techniques et technologies sont effectivement réalisées historiquement ou n’attendent que d’être vraiment promues. Il apparait de plus en plus nettement que l’appropriation et la captation (de la richesse cad de l’investissement cad des avenirs possibles, bannis à jamais autrement) est un système vieillot et inadapté aux enjeux du Gand Jeu.
La destruction intérieure
Les petits joueurs détruisent la conscience même, qui n’existe que de s’augmenter, et non pas de se désirer, désirer, en de pauvres, de si pauvres finalités. Il est curieux de constater qu’il n’existe aucune conscience mondiale valide, mais seulement de pauvrettes consciences de soi incapables d’organiser autrement et qui se coulent dans le micro organisationnel, dont la privatisation, la propriété privée demeure l’essence ; soit donc la plus limitée et la plus inconséquente mise en forme de la réalité humaine.
La démocratie totale
Non qu’il faille bannir la propriété privée, mais l’utiliser ; dans une démocratie il est une place pour tout et tous ; il est du libéralisme, nécessairement, mais aussi du communisme et de l’anarchisme et tout ce que l’on voudra bien y adjoindre, mais pour cela il faut de l’intelligence réelle, individuelle et collective. Nous ne disposons apparemment ni de l’une ni de l’autre.
L’échec
Ce ne sont pas nos faibles réalisations intellectuelles (tant objectives, scientifiques ou étatiques par ex, ou subjectives, nos « personnalités », toutes si mal foutues) qui prouvent quoi que ce soit. C’est bel et bien lamentable.
Inversement
Inversement on peut penser autrement ; que tout le déploiement débile est précisément ce qui est requis pour que par-delà son gaspillage éhonté (de tout, de toutes les ressources et de toutes les possibilités, naturelles ou humaines) s’élargisse la possibilité elle-même. Autrement dit ; au sein et au-delà d’un tel micro système déployé partout, tirant dans tous les sens, il est requis un organisationnel qui précisément ayant à réguler de tels tiraillements, il sera nécessairement en lui-même un Grand Système