Déambulation sur la ligne
Si le réel tient en une formulation de Rapport, alors la forme l’emporte sur le contenu.
Et l’éducation à la forme, du rapport, est déjà (en partie) inscrite, dans cette historicité qui est nôtre. Et est devenue mondiale, mondialisée, par le capitalisme ou le communisme ou les religions monothéistes (et les autres, mais on n’en jugera pas, par manque de connaissance précise).
Notre être n’est pas un être mais un mouvement, cad un rapport, un arc de conscience, se communique à lui-même, instantanément, mais il ne sait pas, ne comprend pas ce qu’il raconte, et pur et brut mouvement il rend possible la création de signifiants (en des systèmes de langage, sinon ils ne seraient pas mémorisés, mémorisables ; on ne pourrait pas retenir les signifiants, qui sont des rapports et doivent être organisés), et par ces signifiants retrouver la réalité, toute la réalité accessible tout au moins, et inventer, créer de nouveaux signifiants.
Mais il n’est, en vérité et en réalité, qu’un seul rapport initial ; l’arc de conscience qui re-vient à chaque fois, nu et sans rien (la conscience est toujours conscience de quelque chose, mais ne se limite à aucun de ces « quelque chose », sinon elle serait l’un d’entre eux, et donc cesserait).
Et si il n’est qu’un seul rapport initial (que l’on nomme dieu, ou la pensée, ou le christique ou le sujet ou le réel)alors il n’est pas de la même nature ; ce que l’on réassemble en tant qu’il s’agit d’une part de l’exister (ce pur possible) et d’autre part l’être en tant que déterminé. L’être est pris-dans l’exister qui est le seul réellement.
C’est le rapport qui est venu au-devant de nous (manifesté ou révélé comme on veut) sous la formulation de dieu, de la pensée, du sujet ou du réel.
Remarquons bien ceci ; qui est extrêmement important ; on peut s’effaroucher ou s’indigner de l’absolue exigence du rapport ; rien ne vaut sinon dieu, la pensée, le sujet ou le réel. Ce qui semble condamner tout le reste, le monde, la vie vécue, soi-même, etc. Mais si il est absolument vrai que rien ne vaut hors de dieu, de la pensée et de l’universel, du christique et du sujet, du sujet (cartésienne) et de la révolution, du réel, c’est que rien ne tient dans le monde, la vie vécue, le donné ou la perception, l’organisé humain ou le moi, si, à la racine, on n’est pas implanté, incrémenté dans la structure. Ou dit autrement et à l’envers ; une fois que l’on tient (plus que tout) à dieu, à l’universel, au sujet ou au réel, on peut retourner vers le monde, la vie, autrui ou les champs de perceptions ou d’expressions. Si on croit s’en passer, on tombe, vers le bas, dans l’immédiateté ou la facilité, les méprisables tactiques sans stratégie.
On supprime la tension (qu’est l’arc de conscience) par ses tensions supposément résolues (ce qui est absurde ; rien ne peut résoudre le rapport qu’est l’arc de conscience, sinon le mouvement lui-même, que l’on ne sait pas, que l’on ignore, que l’on ne comprend pas, dont on obtient cependant depuis toujours une extra-ordinaire intuition, puisque nous l’existons).
Et ceci puisque tous nous sommes sortis des mondes « clos », des mondes particuliers, liés, chacun séparément, à son langage, son système d’échange, son caractère cyclique, etc. Et incommunicable ; puisque chacun de ces mondes séparés est à lui-même son horizon.
Tandis que inversement les grecs tiennent l’horizon du monde donné « là » (l’être), universel, ou si l’on préfère la pensée comme horizon d’effective universalisation (transformant les perceptions en réseaux intentionnels, les idées, et arc-boutés sur la perception de et par chacun tel qu’il se hausse en cette pensée).
Ou encore de même que le christique qui impose à chacun qu’il soit sa propre vie vécue ; et donc ne l’impose pas … puisque renvoyant chacun à lui-même et ce, en l’occurrence, via le christique.
Il fallait un regard qui puisse tenir comme miroir et soutienne l’intentionnalité et puisse créer un rapport ; lequel créera quantité de rapports entre sujets, de là que la règle soit celle d’autrui, sujets dont chacun est à lui-même un rapport, cad une conscience, qui-existe-avec-elle-même, et qui étant son propre horizon peut produire quantité de signifiants, qui sont des rapports, comme tout ce qui existe.
Ce qui demande de choisir. À savoir ce qui compte ou pas. Si ce qui existe est la forme, aucun contenu ne vaut si absolument. Ce qui ne veut pas dire qu’ils soient sans valeur, utilité, etc. Mais que le rapport initial, celui qui n’apparaît jamais, est seul réel. Le reste ce sont des réalités, des effets, des effets de la cause. Et donc ce que l’on a voulu c’est entrer dans la cause, dans la structure de la cause.
Laquelle nous est offerte, puisque nous sommes ce rapport ou si l’on préfère nous ex-sistons ce rapport (que l’on ne peut pas « être » mais exister, activement donc). Et que la difficulté est le supporter, de le porter, de l’assumer et de l’assurer, en tant que rapport. Le pur et absolu rapport tel que, probablement, il est tenu à son maximum, cad à son maximum de possibilité, est cela christique. À son maximum de possibilité étant entendu qu’ici le possible est la Règle de tout ce qui existe. Et que donc à son maximum de possibilité veut dire, bien que l’on ne comprenne pas bien ce dont il s’agit, au maximum de la possibilité de l’existence.
Il faut comprendre par là que l’on considère,a priori, que toutes les séries de paramètres du possible sont inscrites dans le christique et que l’on ne parvient en vérité pas à les extraire et les analyser une par une. C’est trop grand.
Ce qui en soi est pourtant saisissable ; on ne peut pas saisir le rapport en lequel et par lequel toutes les séries, les contenus, les réalisations, les possibilités existent. Rien de ce qui se tient des effets ne peut remonter dans la cause et épuiser cette cause. La pensée, anciennement, métaphysique, croyait possible de déterminer la cause, auquel cas, se retrouvant avec une cause limitée (puisque déterminée) elle se perdait en chemin. Si le rapport est ce qui produit les réalités, alors le rapport ne peut pas être compris. On peut seulement de très loin l’exister et on ne sait pas comment. On ignore le, les ressorts que cet effort impose, implique, intègre.
Si le réel et spécialement notre être est structurel, cad rapport, on pourrait penser qu’il faudrait se concentrer sur sa seule formulation ; mais il est le rapport de tous les rapports, cad de tout. Il n’y a rien qui ne soit pas rapport, ou mouvement. C’est le rapport, le mouvement qui existe et c’est lui qui se-structure. Dont l’activité et même l’activisme consiste à se transformer en tant que tel (on a vu que seul le formel devient, puisque ce qui est déterminé devient certes mais pour, assez rapidement, disparaître, ou se disperser). Le réel est un mouvement qui tient de son mouvement, sans aucune inertie et dont la finalité consiste à augmenter sans discontinuer sa potentialité ; ce qui se nomme par ailleurs et autrement élévation, puisque ça ne sera évidemment acquérir plus de pouvoir ou de domination, qui provoquent toujours un resserrement et non une capacité plus étendue ; c’est justement, en toute justice, la différence entre le pouvoir et la potentialité, dont on sait à tout le moins, depuis le christique, qu’il revient à césar et la possibilité à dieu. Pas même à chacun ; au cas où l’un ou l’autre prétendrait s’approprier sa propre volonté, mais uniquement par et selon la grâce, hors laquelle on ne peut rien.
Et ceci est, mine de rien, absolument fondamental. La volonté existe mais elle ne peut rien remuer du tout selon le monde. Lorsqu’elle n’est pas insufflée, elle retombera dans le monde ou la vie vécue, parce que toutes ces, et ses, motivations n’ont jamais appartenu qu’au monde ou au corps, ou aux autres ou aux pouvoirs. En vérité on ne peut vouloir que par-dessus et en plus. Soit donc selon ces faits majeurs historiques qui outrepassent l’intention seule, de là que de grandes quantités de volontés ont pu adhérer au christique, à l’acculturation généralisée (le roman par ex), à la révolution ou aux années soixante ou à internet. Cad à des outrepassements. Massifs et ultra pointus, puisque ce qui y est engagé c’est l’arc de tension qu’est une « conscience », ce rapport. Et qu’engager tel ou tel nouveau rapport comprend, com-prend les rapports qui en seront créés, et les effets d’effets. Massifs et ultra pointus puisque, de rapport, il n’en existe qu’un.
Qu’il ne soit incarné en aucun et qu’il ne soit reconnu pleinement au final qu’en un seul (que l’on y croit ou non, ça n’influencera pas l’historicité acquise), à savoir le christique, et que précisément celui-ci atteint le point ultime par lequel il rend possible pour chacun de devenir sa propre vie mais selon la règle, difficile, dont il nous prévient et que l’on ne comprend pas ; qu’il faut en passer par lui, ou par autrui ou donner sa vie ou tout sacrifier. Toutes impossibilités puisqu’un arc de conscience s’utilise dans ce monde, dans cette vie, avant tout pour, au minimum, gérer son devenir possible et possible dans le monde (des nécessités à une certaine liberté, d’un manque de moyens à une profusion de ressources, qui viendront à manquer, c’est certain, ou d’une gestion communautaire, collective, selon le groupe, à l’afflux et l’enrichissement de l’universalité (révolution, État, droit, acculturation) par l’individualité, de plus en plus civilisée ou stylisée ; de la poésie à internet en passant par les mass médias, du roman à la tv).
Autrement donc unité de gestion « minimum » de l’arc de conscience, c’est dans ce monde (livré aux ténèbres, cad étouffant le rapport dans les contenus, la forme dans les effets, la stratégie dans des tactiques) ce minimum est le maximum que l’on puisse atteindre, « je fais le mal que je ne veux pas, et je ne fais pas le bien que je veux » St Paul ; aussi doit-on attendre de dieu, du divin (quel qu’il soit), de l’historicité, de la révolution, du sujet pur, de ce que l’on voudra (de la poésie par ex) qu’ils nous libèrent, nous délivrent, nous assujettissent, a sens seul réel (ce par quoi, par qui le moi, la conscience fixée en un moi devient, momentanément, un je) et enfin à un réel et effectif maximum (pour peu que l’on convienne d’une stratégie, d’un ensemble potentiel qui suppose quantités de rapports).
Ces arcs d’historicité expérimentaux pour ainsi dire, s’imposent structurellement pourtant. Et c’est en et par eux que nous existons ; si l’on adhère au je que l’on existe, c’est que ce je est plus grand que « moi » (adresse de Blaise Pascal à Descartes, qui ne l’entendait pas autrement par ailleurs). Ce pour quoi un rapport est fait, est cela qu’il ex-siste. Un rapport, tout comme le réel, se situe toujours en son extrémité (et les choses, qui sont, selon l’être et non selon l’exister, qui aboutissent à leur extrémité, tombent, se dissolvent) ; le rapport est toujours déjà purement et si l’on veut brutalement vide et formel, formellement un, en son mouvement.
Ce je-là n’est pas le moi et encore moins le moi tel qu’il s’est installé bien benoîtement depuis les années soixante (dont la clef est précisément que par là chacun a pu obtenir l’unité psychologique, psychique, imaginale, en somme existentielle, et ensuite médiatisée et peut-être médiée (garantissant une connaissance et non seulement un miroitement), médié au sens de Hegel, en gros de sa vie vécue qui, ainsi, au grand bénéfice du marché, a pu se délivrée, idéalement, dans toutes ses qualités, et s’incorporer directement du fait qu’il s’agissait d’images intégrées aux corps eux-mêmes ou spectacularisés, si on ne garde que la désappropriation de la-vie, mais au prix justement de n’obtenir plus aucun accès à son unité cette fois structurelle, et au prix de renier dieu, la pensée et l’universel, le sujet et la révolution, bien que proclamant celle-ci à tout bout de champ). Le je est, lui, cela même qui doit, devait, aurait dû supporter, et porter tout court tous les accès au Possible de structure. Et ne rien renier de ce qui avait eu lieu. Depuis 3000 ans.
Si les signes (dieu, la pensée, le sujet, le réel) ne sont pas placés et déplacés sur le champ intentionnel, et de perception comme d’expression, l’arc de conscience ne s’active pas puisqu’il ne se structure pas ; étant un rapport, l’arc de conscience, la conscience même n’est pas, elle existe, et existe, donc, activement, elle tient à son activité et cette activité est dite extrémiste ou instanciée dans et par l’horizon du réel. Autrement dit l’arc de conscience met en une foi tout en œuvre, à tel point qu’il faut suffisamment de dizaines d’années, de siècles ou de millénaires pour commencer d’en rendre réels tous les effets. Dieu par ex ou le sujet ou le réel sont incalculables. La révolution on ne sait pas où l’arrêter ; de sorte que l’on a cru pouvoir la geler, historiquement (elle aurait pu, û se continuer). Le sujet on ignore comment le discerner, le cerner, puisque c’est à partir de lui que l’on délimite quoi que ce soit ; ce sont des Rapports de rapports en nombre indéfini. Indéfini puisqu’il s’agit de les créer ; on remonte, par éthique, esthétique, ascèse ou pensée ou ce que l’on voudra, dans la Cause, qui évidemment est infinie (rappel ; elle n’est parce qu’elle est infinie, elle est ceci et cela, autant que l’on sache arc de conscience dans l’arc du présent et leur activisme, et donc en tant que tels la Cause, le système de cause non-fini est in-fini ; si elle était fini elle se disperserait, s’effondrerait, disparaîtrait).