Dieu, la pensée, le sujet, le réel
La finalité, de tout ce discours, est donc de concevoir à quel point l’arc de conscience est tel le kaléidoscope, dont nous disposons de quatre petites mollettes, dieu, la pensée, le sujet et le réel.
Petit tube dont le fond est occupé par des fragments mobiles de verre colorié qui, en se réfléchissant sur un jeu de miroirs, y produisent d'infinies combinaisons de motifs symétriques.
Et qu’alors chaque déplacement d’attention modifie le réel. Pourvu que l’on puisse appliquer la petite molette tournée en tel ou tel sens, vers le haut, vers le bas, de gauche et de droite.
Prenant donc phénoménologiquement intégralement au sérieux tout ce qui fut énoncé (outre les limitations immédiates que chacun peut éprouver ; on n’est pas infini).
Et que ces déplacements sont déjà effectivement référencés, dépendant de notre expérimentation, celle qui eut déjà lieu, et qu’ainsi nous ne sommes pas sans rien, pas sans outils, ces petites mollettes.
C’est par simple vanité et inattention et obsession pour notre temps que nos yeux ne sont pas du tout ouverts, mais clos et donc morts. Nous rendant inaccessibles les quatre stases, immobiles puisque parfaitement accélérées, de vitesse infinie, ou qui passent pour « infinies », ces stases, mais ce sont en tant que visions du même-réel.
- Dieu l’intention unique exclusive formelle, une et antérieure (à tout ; forcément, puisque formel)
- la pensée universelle du réseau des intentionnalisations (idées) qui donne à voir le monde tel que là
- l’égalité de tous les sujets du christique (le christique prenant en charge ensuite le corps, et non plus le monde)
- le rapport à soi de tout sujet cartésien, la liberté
(l’intentionnalité établissant les rapports égaux et le rapport à soi,
par quoi existent l’humanité et l’individualité, le rapport lui-même, qui est un se-savoir, soi et les-uns-les-autres, un se-savoir qui se réal-ise ici-même ; il existe donc une ontologie, qui n’est plus celle de dieu, ou du un ou de l’être ; le je, un rapport qui ex-siste actuellement, et ce je doit savoir autrui, afin que sa liberté soit égale aux autres, afin que son rapport entre en rapports avec les autres rapports, et primitivement, premièrement ; c’est seulement si il identifie les autres rapports, comme tels, qu’il devient un rapport adéquat ou susceptible ou capable, sinon il est juste égocentré)
- le réel tout à fait autre, à quoi se heurte absolument le rapport à soi ;
le réel tout à fait autre (la révolution, l’humanisation, sciences et technologies et idéologies,la concrétisation de toutes les intentions, les années soixante du moi-même, mass et micro médiations, tv, internet, etc ; le réel au sens strict est la position du réel, le réel historiquement est « ce qui se découvre à partir du sujet, cartésien ou kantien et autres, soit donc l’étendue, des mathématisations aux idéologies en passant par les sciences et tout autant la matérialisation des intentions, typiquement l’entreprise économique ou tout projet cherchant à se rendre réel)
tel l’encore-plus-grand-rapport,
perspective absolument formelle, divine, universelle, fonctionnelle ou dimensionnelle
et selon la structure-sujet qui seule (puisqu’elle est un rapport) tient la Possibilité ontologiquement première et dernière,
ouvrant la Dimension (qui n’est plus seulement ailleurs, dieu par ex, mais ici et maintenant) ;
que le possible est cela seul réel et qui se rend lui-même capable de (e qui définit le véritable Possible, qui n’est pas affecté à ou par quelque « quelque chose » que ce soit, qui passe par-dessus tout quelque chose, qui existe antérieurement à tout quelque chose.
La nature même de ce qui est désigné comme structure, et fondamentalement en tant que rapport, nous laisser envisager dieu, l’universel, le sujet et le réel, comme les pointes les plus extrêmes, les plus actives et les plus effectivement réelles ; les pointes inaccessibles mais opératoires, oh combien, qui renvoient du fin fond du réel vers notre activité et même notre activisme foncièrement. Pointes dont on comprend instantanément que nous sommes de même structure. Et si l’on n’y voit rien, c’est que l’on interpose quantité de fantasmes, d’images, de représentations, d’affects seconds, afférant à divers désirs qui se croient réels, mais dieu, la pensée, le sujet et le réel se sont bel et bien effectivement déjà introduits dans notre perception, notre affect, notre vision, notre concept.
Le réel, que ce soit comme une horreur sans nom qui rompt le cercle que l’arc de conscience imaginait, de ses beaux rêves, refermer,
mais auquel cas il ne serait plus un arc et n’entrerait plus en rapport avec qui ou quoi que ce soit
(et cesserait de fait d’exister).
ou que ce soit ainsi selon sa véritable fonction ou dimension : qu’il est un arc qui transforme l’être immédiat qui ne se-sait pas (mais se perçoit, sans se savoir), en un « rapport » à proprement parler ; soit donc le savoir de (plus loin) soi, la désignation (distanciée) de soi ; conscience /de/ soi qui n’est pas une connaissance, ou si l’on préfère dont la connaissance est si simple et immédiate qu’on peut la dire instantanée, et fort heureusement parce que sinon il faudrait attendre de connaître pour avoir conscience (ce qui est absurde, Descartes ne démontre pas une essence mais signifie un je) ; en effet il ne passe aucun « temps » en ce court-circuit qu’est « conscience de soi », puisque cette conscience naît au moment, à l’instant de son apparition à ses propres yeux ; ça n’est pas qu’elle soit antérieurement puis ensuite qu’elle existe, elle existe instantanément sous ses yeux du fait de son propre regard qui, par là, se crée.
Ce qui se nomme une performance, une réussite divine, une extase, une illumination, une révélation, une performativité.
Elle est le retour sur un corps, sans qu’elle soit ce corps, puisqu’installant son rapport (à elle, et non au corps) lequel rapport exclut toute autre relation, le temps de son rapport. Et n’ayant de toute manière affaire avec rien, exclusivement attachée à sa formulation pure et nue, étant entendu que n’étant rien elle ne doit pas se prendre pour quelque contenu que ce soit et demeurer un arc (et non un cercle).
Ainsi le réel est in-fini. Ce par quoi, la technique, le processus, le truc, l’astuce, par quoi le fini ne l’est plus. Ou de manière absolument logique, cet être qui est son rapport et donc n’est pas un être, mais un exister, absolument et totalement activité, sans reste aucun, et qui use de morceau de détermination (les signifiants) pour relancer, rebondir hors du monde, du donné, de la vie qui ne serait que vécue, du corps ; le seul être, que l’on sache, qui soit rapport à (soi). Les autres réalités sont ce qu’elles sont. Celui-ci se-sait, qui n’a pas à voir avec la connaissance.
C’est bien entendu ainsi qu’elle est un rapport, un signifiant pur, sans rien qui s’empruntera à lui-même la capacité de trouver plein de signifiants seconds, sans que lui-même puisse être signifié, on ne peut pas se signifier, se rendre chose ou objet. Ce qui revient soit dit en passant à ne pas être, à abandonner son rêve d’être (sans que l’on puisse vraiment l’éradiquer, c’est le fantasme de base).
Et que donc ces modifications, dieu, pensée, sujet et réel, existent vraiment, au sens où ils ne sont pas des jeux d’esprit, des idées, des images, superficiels, mais atteignant la substance même ce qui est, de ce qui existe, substance non consistante (sinon elle ne serait pas le rapport, le mouvement qu’elle existe) substance en tant que structurelle. Ce sont les modifications de la structure du rapport à, les modifications du possible lui-même en tant que possibles.
Et ce parce que ce qui est, réel, est pluriel.
Non seulement la réalité, les choses et les êtres sont multiples, mais ce qui est réel, le-réel, est, lui, pluriel ; il peut subir, accepter, aimer, adorer une pluralité de formulations, d’accès, d’atteintes et de devenirs. Puisque le-réel est justement cela qui devient et qui devient dans sa structure même (ensuite surviennent des effets en nombre indéfini ou infini, peu importe puisque l’on ne tient plus «l’infini » pour une marque du-réel). En vérité cela seul qui est formellement, qui existe formellement (et qui donc n’est pas en soi déterminé) peut admettre des variantes, qui sont des variations (non pas donc des variantes exprimant un même, mais des variations du même lui-même ; qu’il existe de telles variations est tout à fait stupéfiant ; c’est ce qui couvait sous la détermination de « infini » (et que l’on ne pouvait approcher) ; le privilège du réel, qu’il puisse s’exprimer autrement sans s’épuiser … puisqu’il est le Possible-même. Soit donc le rapport.
On lâche que le réel soit une essence déterminée, une identité, mais c’est pour basculer vers une identité formelle absolument singulière et évidemment unique (puisque formelle sans composition), et, en cette unicité, plurielle. Ou comme disait Spinoza un infini d’infinis peut-être, on n’en sait rien, on juge seulement ici de ce que l’on a acquis, depuis 3 000 ans ou plus, sous des dénominations telles qu’elles permirent de les scruter, d’en tirer toutes les capacités, étant entendu que dieu, la pensée, le sujet et le réel sont des possibilités rendues ouvertes, expérimentables et non pas du tout idéelles.
Dieu devient nation, la pensée devient connaissance, le christique et Descartes deviennent des je, le réel devient ce monde humanisé et personnalisé et chaque moi susceptible d’accéder à son je.
Et c’est parce que l’on a découvert la nature intime du réel, sa vision interne que l’on peut toujours instantanément le retrouver et ce sous la forme d’en être saisi (puisqu’il n’est pas un contenu déterminé il ne nous appartient pas, mais nous lui appartenons, ce qui n’est pas grave, si l’on veut, puisque ce caractère formel renvoie précisément à notre être spécifique, qui n’est pas un être, déterminé et qui s’imposerait, mais une forme qui nous libère, ce que dieu, la pensée, le sujet et le réel opèrent de fait et s’annoncent littéralement comme tels, à chaque fois) ; et d’en être saisi en relançant justement la forme même de notre conscience, de chaque conscience.
Chaque conscience se révèle soudainement par dieu, la pensée et l’universel, le christique ou le sujet, la révolution ou le réel, et peut alors entamer un autre voyage, un nouveau cheminement. Il est aberrant, au fond, de tomber dans le piège qui voudrait nous contraindre au nihilisme, qu’il ny’ aurait rien d’autre que la détermination du monde (quelle que soit sa formule ; économie, biologisme, naturalisme, psychologisation, ou autres) ; en quoi dieu peut-il mourir, la pensée disparaître, le sujet se dissoudre ou le réel s’irréaliser ? En rien.
C’est uniquement lorsqu’un filtre, une facilité, un masque ou un fantasme viennent annuler l’accès de chacun à la forme de sa conscience-de, de son attention-à. Et c’est tout un monde, un monde humain, qui fut fabriqué afin de faire écran au passé ; ce monde, celui des sciences, de la technologie, mais aussi des industries et des mass-médiatisations ferme l’accès à la forme pure et brute de la conscience, qui pourtant, elle, s’étend jusqu’à 3 500 ans antérieurement ; le moi, qui est la concrétisation véritable et généralisée, dans le monde donné, devait aboutir au je, dont le moi est la concrétisation et l’accession de chacun à son corps, sa vie vécue, son expérience totale de tout au sens où le 20éme réalise absolument et dans tous les sens tout le possible humanisant en poussant cette humanisation jusque dans la personnalisation la plus exhaustive possible (à quoi tout veut, par ailleurs et par pur mercantilisme, nous convaincre ; réaliser intégralement notre vie vécue). Mais dans cette vie, il devait, il y a eu peut-être une Existence. Soit donc que tout moi soit susceptible d’atteindre son je. Il est une part de révélation, ce qui veut dire d’apocalypse, dans ce 20éme et 21éme.
Et ceci parce que l’arc de conscience est en un moi, un moi déjà tout entier réalisé par le monde humanisé personnalisé, en une proximité effarante d’avec son Intention, l’intention de son je (aucun écran, filtre, groupe ou communauté ne viennent s’interposer… sauf l’ensemble de tous les écrans précisément que l’épopée moderne et contemporaine produisit industriellement telle une bulle occupant toute la visibilité, il s’étouffe d’images et de sons en quantité).
L’inaccessibilité pour le moi de devenir selon son je est son épreuve ; pourquoi ne serait-on que ce moi ? De où cela nous contraindrait-il ? Alors même que dieu, la pensée, le sujet et le réel indique justement tout l’inverse ; que la forme du monde est plus grande que le monde, ou que la forme d’une vie est plus étendue que cette vie. Sans doute auparavant, les destins succombaient les uns après les autres, esclave vous étiez esclave à vie, et sans doute depuis lors les vies humaines se sont emplies de cent mille figures, objets, désirs, aventures, libertés, obsessions ou folies folles, bien réellement folles. Mais tout cette extensivité est bel et bien l’épuisement de tous nos désirs et rêves, réalisables ou non, afin que nu et sans rien le je puisse affleurer, à condition qu’on le pêche.
Or donc pour que notre conscience se désenclenche d’elle-même, il faut lui faire voir, percevoir comme de tels glissements de possibilités sont effectivement accessibles.
De là que l’on délimite, au moins, les quatre possibilités ; dieu, la pensée, le sujet et le réel.
Plus les variantes internes.
Comme le-réel est formel, il supporte, porte, apporte, rend possible quantité de compositions structurelles à propos de cet « être » qui n’est pas déterminé (une infinité de compositions déterminées) ; le rapport premier pousse vers quantité de rapports dans tous les sens, tous les sens possibles.
Évidemment cette importation dans le monde donné, de la structure colonise le monde et le donné ; il existera à partir des acquisitions de structures, toujours plus de signifiants et donc de perceptions, de champs entiers de perceptions, d’expression et d’inventions, de créations.
Et ce jusqu’au corps même de chacun, soit donc le moi.
Antérieurement est présupposé que le réel, pour ce qui est de notre part, dépend du mouvement. Si on s’arrête on tombe. C’est très simple. Et on ne peut pas s’arrêter (c’est rassurant), mais on peut freiner et alors on souffre (ce qui l’est moins). Dit autrement on ne peut que monter, vers le haut, mais plus ou moins vite et plus ou moins haut.
Ou donc ; le réel, le-réel, est intégralement positif (mais un ralentissement coûte éventuellement beaucoup). Dieu, la pensée, le sujet, le réel, on ne peut que percevoir du point de vue de dieu, on ne peut que penser, on ne peut qu’exister comme sujet, on ne peut que percevoir l’étendue de tout le réel. Mais plus ou moins.
Le but, ici, est de se rendre compte, d’intégrer, d‘absorber la pluralité structurelle et de la faire nôtre. Comme une seconde nature, disait Blaise. Dont on admet, a priori, qu’elle puisse devenir réellement en nous. Ce qui heurte fort notre croyance, celle que nous sommes ce que nous sommes ou au mieux que nous sommes qui nous sommes, cette identité. Ce qui est, pour nous ici, dubitable. Puisque si nous sommes libres, alors la liberté est notre être véritable, et c’est précisément cet être, cet exister brut qui est rétabli dans sa fonction ou sa dimension même.
Que le libre brut atteigne sa structure spécifique est évidement l’ambition, mais pour cela il faut montrer quels sont ses points de chute. Dieu, la pensée, le sujet, le réel. Puisque notre principe est de ne pas s’envoler vers des notions abstraites éthérées ou vagues, mais de désigner les points de fixation ou pour mieux dire les points d’articulations ; ce qui nous est facilité de ceci qu’historiquement, selon notre historicité, ces points furent effectivement atteints. Il s’agit juste, somme toute, de les reprendre et de les récupérer, de les réintégrer.
Que gloire soit rendue à ceux qui y atteignirent.
Et ne pas s’en apercevoir c’est donc demeurer coincé dans son temps, ne pas percevoir par-dessus, ou antérieurement, et se laisser dévorer par la réalité (ainsi ne plus même être capable de remonter à la révolution et l’universel, l’humanisation, puisque le moi fait obstacle à cette compréhension).
Mais… il faut considérer que ces pointes conservent en elles-mêmes leur pure capacité et qu’elles sont donc recouvrables en et par chacun au moment où il existe. Et de fait dieu, la pensée, le sujet et le réel ne nous quittent pas, pas d’un seul pouce, et qu’aucune dégradation ne dissipe la puissance de ces quatre strates dimensionnelles.
C’est la raison d’être du feuilletage de la conscience que l’on avance ; toute conscience est kaléidoscopée et il lui suffit de mouvoir sa tranche pour glisser d’une planification de son être en une autre, de permuter d’une tranche à l’autre du réel ; a priori rien de ce qui est structurellement n’est étranger à ce qui existe structurellement.
Ceci puisque, en tant que principe général, il ne s’agit pas du tout d’idées (dieu, la pensée, le sujet ou le réel) mais d’une structure, solide, réelle, dense, consistante en elle-même et que l’on ne manque jamais de retrouver aussi loin se soit-on éloigné ou égaré.
Le kaléidoscope doit cependant parvenir à élaborer ses propres critères ; l’ennuyant consistant en ce que l’on ne sait l’être ou dieu ou le je ou le réel qu’une fois ceux-ci advenus ; auparavant on n’en pouvait formuler aucune idée et encore moins image ; ce qui veut dire qu’à chaque occurrence les pointes du réel viennent avec leur propre registre qui emplit la totalité de son possible effectif, à chaque fois. Dieu emplit tout, la pensée emplit tout, etc.
Mais aucune ne vient à bout de la structure réellement réelle ; ce sont des feuilletages (et en tous cas ceux que l’on a expérimenté, tout laissant supposer qu’il en existe d’autres, puisque l’on ne connaissait pas ceux-là avant qu’ils adviennent et qu’ils deviennent évidents une fois advenus ; ils s’intègrent parce qu’ils intègrent, comme existant antérieurement).
La disjonction de la conscience en tant que rapport veut dire évidemment qu’il en manque toujours un bout ; c’est le Bord. De même le présent. C’est la même structure parce que la nature du réel est le possible ; non le possible de quelque chose, mais le possible du possible (raison pour laquelle le sujet est ce qui revient sur lui-même). Le bout qui manque rend possible les signifiants (dont un signifiant qui s’auto désigne ; puisqu’il se-sait, il doit se signifier, mais ne peut pas être un signifié, c’est un signifiant de signifiant en somme ; ce qui veut dire qu’il s’échappe toujours et non pas qu’il se maîtrise, il lui faudrait être quelque chose).
La disjonction de la conscience (que le corps vivant ne comprend pas du tout, mais le moi qui se fie, se confie au corps qu’il croit être, qu’il rêve d’être, n’y comprend pas plus ; tout dépendant alors de ce qu’il se cherchera plus ou moins hors de lui-même, le psychotique n’ayant plus ou pas d’altérité, d’autrui ou de réalité à part, et le névrosé plus ou moins coincé dans la toujours-même réalité, en rond, le peu de liberté jouant, bien suffisamment par ailleurs, de ce que l’on écrira, cad désirera encore du nouveau, non plus en rond mais en spirale, et le je s’élançant de tel ou tel grand saut, la poésie ou la révolution ou jésus ou la pensée, ce que l’on veut, au prix d’une éthique, évidemment : on voit par là l’étiage, l’ensemble des possibles réellement actualisables, qui deviennent, pour le je concerné (ou le moi ou le dit corps), son actualisme, son activisme (de l’hystérique au mystique, du sujet rationnel au transcendantal en passant par le le pur et brut je cartésien qui dit « là, je suis », des domaines, esthétiques, etc, aux engagements divers).
Le tout est ainsi pour chacun de parvenir à au moins un excès, un activisme, une folie ou une sagesse ou les deux, qui l’expulse hors du donné, parce que le donné renvoie au donné, tandis que le structurel renvoie à la forme (de tout donné). C’est bien à ceci que l’on a accès.
On peut rencontrer autant de signifiés que l’on pourra, ou que la vie nous offrira, mais ils ne vaudront jamais le signifiant. On ne rencontrera pas le Signifiant, ou donc le possible pur.
Mais au moins la pluralité structurelle du signifiant ;
- dieu si l’on aime dieu ;
- la pensée si on la comprend ;
- le christique et son royaume d’égalité des sujets ;
- Descartes s’entendant soi-même selon la liberté du je ;
- et le signifiant « brut » est le réel, cad le « là » de l’être ou de l’existentialisme, à quoi se confronte, nu tel qu’il est, le moi, dépourvu de groupe ou de représentation pour le protéger ; le réel existentialiste est un pur signifiant ; le moi est nu jeté là dans le monde ou encombrer de ce corps massif, délaissé et exposé par le vécu de cette vie, livré de plus à la mort et aux ténèbres.
Non seulement nous ne sommes pas sans rien, sauf à manquer de courage, mais tout nous est (déjà) offert.
Ce serait vraiment une faiblesse, une lâcheté que de ne pas renouer les fils tendus, et de ne pas poursuivre la trame, la trame non finie, celle infinie donc ; puisque depuis Descartes on sait que l’infini existe réellement ici-même ; ce que nous a prouvé le christique, mais dont on pouvait hésiter à suivre la surtension, étant entendu que, lui, il est le Fils ou donc dieu tel quel, en personne, redoublé d’abord et puis triplé par le Saint Esprit (attendant la révolution française, c’est évident) ;
mais par Descartes l’infini se montre existant et existant dans ce monde-ci et on ne peut plus douter ; si jamais cela fut possible ; le diabolique, la ténèbre, la dissolution indéfinie n’étant jamais qu’une pauvre position de repli, un pli secondaire du Grand Pli du Réel, une vaguelette négative qui croit ce qu’elle raconte, et ce dans l’infinie positivité de l’exister, qui, lui, ne s’écoute pas, qui agit, le Grand Agissement, et dont la parole est agissement,
comme absolu et formel mouvement de réalisation intégrale de toute la Possibilité.
Ce qui veut dire que c’est uniquement, uniquement, par effort sur soi que la disposition infinie (le rapport qui n’a pas de rapport avec quoi que ce soit du quelque chose) s’arrime à elle-même, elle décide, elle veut, elle croit, elle (se)-sait, elle maintient son intention, elle ne se laisse pas couler.
Et elle ne se laisse pas transformer dans le signifiant. Elle en use (c’est pour cela que l’on admire l’artiste, l’écrivain, celui qui joue des signifiants, sans en jouir comme ça pourrait être halluciné, sans en jouir parce que c’est un agir, un travail, un ouvragé, une difficulté qui recherche toujours la difficulté, sinon elle s’ennuie).
Par quoi ça n’est plus la jouissance (qui s’hallucine et entraîne vers la folie ou l’hystérie ou l’angoisse, etc), ni un plaisir (qui venait aider à subsumer la jouissance, et permettait une régulation, une régularité, un ordre susceptible d’échanges, du côté extérieur, qu’il y ait un extérieur veut dire que vous percevait l’autre-conscience ou le signifiant comme autre, le symbolique donc),
mais un ouvragé ; une insatisfaction qui échappe au corps (à la satisfaction hallucinée ou attendue en échange de), mais une insatisfaction qui a effets… Il y a des Effets, et si il n’y a pas d’effets, ça ne vaut pas ; il faut que « ça » avance.
Ce que l’on nomme le Créé.
Par quoi le christique est, outre toutes les possibilités qu’il ouvre, est celui-là qui relance la Création. Il est la re-Création, puisqu’il lance l’Intention (par delà toute Loi, qui vous juge, tandis que l’Intention vous par-donne, cad ajoute la possibilité de rapports absolument en plus) ; la création nouvelle et en vérité selon d’autres règles, d’autres signes.
Le réel enfin continué. Le royaume, cela même qui autrement serait le monde ou l’histoire, mais ici, par lui, c’est enfin le Royaume. De là qu’il insiste, absolument, qu’il faille agir d’une part et que d’autre part la « foi » ça n’est pas la loi ou le droit ; inaugurant que chacun aura à se charger et à rassembler sa force intérieure ou interne (de l’attention même, de la conscience-de quelque ceci ou cela, et non plus même de seulement se concentrer dans l’universel ; le christique rassemble intérieurement bien plus au dedans et au dehors, décuplant les esthétiques ou les éthiques ou la politique, etc, chacun ayant à en découvrir les possibilités).
Et que l’intention, qui ne mènera pas immédiatement aux achèvements, à la fin, réussira, de par son ampleur inattendue, jamais attendue ; elle est entrée dans le circuit de la réalité, et on l’a dit, on l’a énoncé, l’intention travaillera, chacun ; l’intention n’est pas la volonté mais bien plus étendue. L’intention est bien plus grande. Vous ne savez pas jusqu’où elle vous conduit, et pour cause elle vous (se) crée. Et bien loin de retirer du mystère, elle est le mystère, l’autre côté du rapport, que l’on ignore complètement.