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instants philosophie

Le système de dieu

25 Août 2018, 07:30am

Publié par pascal doyelle

- Hypothétiquement-

Qui se dépriment ou désespèrent de ce que le monde, la vie n’ont pas de sens, mais si la vie n’a pas de sens, cela veut dire que l’on est libre et que la liberté est le sens de ce qui existe : non que la liberté permette de créer une signification, mais bien qu’elle soit telle quelle le (non) sens du réel, ce qui veut dire son super-hyper-sens. S’il existait un « sens » comment pourrait-on être libre ? Et si l’on est libre alors le libre est le sens lui-même. Et par cela c’est enfin passionnant.

En quoi me conformer à un sens quelconque me réjouirait-il ? Par contre ourdir le complot magnifique d’une immense possibilité, voilà à quoi se sont attelés Plotin ou Kant. Et n’importe quel regard neuf et nu sur le monde et selon le corps. Selon l’autre surface du corps capable de supporter l’étendue du réel.

Et rien de ce qui fut élaboré, inventé, exploré par le christique ou par Rimbaud, Nietzsche ou Hegel ne le fut hasardeusement ; on n’y découvrira pas une trame conceptuelle puisque c’est en dehors du concept, ni une signification puisque c’est antérieur aux significations. Ce sont les mondes humains particuliers et cycliques qui font sens ; ça ne sert à rien de croire ou imaginer retrouver une telle sorte de monde. Si on en est sorti, par les grecs et le christique, c’est afin d’élaborer et de dresser le présent comme architecture, dont ce corps comme architexture.

La pensée se partage, la liberté se propage. Pour illustrer et éclaircir : une esthétique crée l’intentionnelle conscience qu’elle se doit. Sciences, esthétiques, éthiques, politiques ou philosophies sont ramenées à l’uni-dimension : ajouter une surface à la surface du réel, à la surface qu’est le réel lui-même ; la surface est la profondeur, parce qu’elle devient en plus. Ou donc ; le réel est le présent et le présent crée. Et on ignore ce que c’est qu’il se crée.  

Donc dieu, s’il existe, est le système de la liberté pure. Nous reste ainsi la liberté brute. A charge que nous puissions élever celle-ci à la pureté, ce qui veut dire au plus distinct, au plus distingué possible. Aimez-vous comme je vous ai aimés, veut dire « élevez-vous comme je vous ai élevés » par mon regard, par mon intention. En haut, en haut ! Pas en bas.   

C’est ce que signifie la révolution ; il n’y en a qu’une seule, puisque de structure de conscience il n’en existe qu’une seule, quels que soient les contenus, identités, images, corps, etc, mais à chaque fois une par une, un arc de conscience à la fois, c’est précisément l’orée de ce que l’on nomme « dieu comme système du libre pur » ; l’énigme que parfaitement semblable comme structure d’arc, chaque conscience soit une et une seule ; le grand challenge de ce qui existe, autant que l’on sache. Liberté-égalité-fraternité reviennent à élevez-vous les uns les autres. Et il dépend de tous et donc de chacun. Inutile de pleurer sur le non-sens : si vous n’êtes pas capables de dresser le réel de par votre seule force, il n’arrivera pas. C’est simple, c’est clair, c’est limpide : ça vous jugera, et durement, ce qui veut dire logiquement. Votre incapacité de tirer du possible que le libre soit le sens même de la réalité (qui donc n’en a pas), votre incapacité vous jugera de fait ; vous disparaitrez.

Répétons : c’est ce que vous décidez qui arrivera ; le réel qui arrivera vous n’en trouverez absolument aucune trace préalable dans le monde, le vécu ou selon ce corps-çi. Parce que ce qui arrivera c’est ce qui attend sur le Bord du monde et du corps ; ce qui attend dans le présent. Et il y a un présent pour que précisément ce qui n’est pas (ce qui n’est nulle part) existe (en sortant du réel qui nous observe par le devant, par le présent). Sinon un « présent » ça ne servirait à rien, ou il n’existerait aucun présent (et donc rien n’existerait du tout).

En bref nous sommes naturellement pour ainsi dire au bord de l’abîme ; c’est notre position telle quelle et sans recours aucun sinon nous-même ; si on ne se décide pas pour que le non possible existe, il reviendra au monde de réaliser tout ce qui est et jamais dans le présent ne surgira le « qui n’est pas » (ce que tente de décrire Badiou soit dit en passant). Nous ne sommes pas angoissés pour rien ; ça se joue de fait ici même, ici et maintenant ; tout maintenant est l’instant unique qui (se) décide. Ou si l’on préfère le rapport, à quoi tout revient, se rapporte à lui-même (engendrant tout) et se décide continuellement. Et probablement, aux plus hauts des cieux, le Un continuellement se remodèle et devient autre, encore toujours plus autre que lui-même : nous aurait-il envoyé quelques christs ici et là, afin qu’au travers de la temporalité il s’augmente plus encore ? Le présent serait alors le ruban enroulé de toutes les réalités et tous les êtres, qui ne cessent pas de s’intensifier, et de sorte tout serait libre depuis toujours et la liberté le moyeu, l’exister, l’axe même de tout l’être, l’être comme autant d’effets et peut-être toujours encore plus d’effets. Les signes viendraient alors du futur ontologiquement parlant puisque le présent est un acte.

De là qu’il y ait suite à tous les mondes particuliers l’invention et la découverte du monde donné-là et du corps tel quel ; les grecs et le christique (monde unique universel et corps singulier). Le christique prenant bien plus une ampleur incontestable (votre être, votre vie de la naissance à la mort, perçu à partir d’un point-autre) se permit donc de reprendre l’intégralité de l’antiquité ; c’est à partir de la forme individuelle que l’Europe a pu recréer toutes les universalités et évidemment toutes, chaque individualisation.  

Or cependant le mal consiste à désirer tel objet, une partie du monde, en oubliant que le monde comme horizon formel est réel ; c’est choisir (et donc croire à l’individualité de cette élection) une partie, plutôt que non pas le tout (qui n’est pas, dixit Kant) mais plutôt que l’horizon. On ne possède pas un objet, on est absorbé par lui ; n’est conforme à notre structure que l’horizon et non des parties démontables de monde ; si le mal est le mal c’est qu’il réduit la vision à une partie et ce qui est du monde (qui n’est composé que de parties) meurt, disparait, souffre, s’affaiblit, se dissout ; mène à la mort intentionnelle en tous les cas, qui s’absorbe dans une obsession.

Et c’est en ceci que les mondes seulement libres s’enfoncent dans les objets de désir individuel ou conséquemment dans les empires qui imaginaient se confondre avec le monde comme un tout (romain ou américain, à partir de la Grèce ou de l’Europe et de la France). La logique anglo-saxonne est celle du libre individuel sans médiation ; la seule médiation qui puisse raisonnablement affecter les libertés nait de et par l’égalité ; de là que la révolution affirmèrent liberté-égalité-fraternité ; que les objets du monde, les parties cessent, un temps du moins, de séparer les sujets et qu’ils se conçoivent comme égaux et puissent relever d’un bien plus grand possible, devenir, réalisation. Cela seul confère un dynamisme qui autrement tombe dans le monde, dans la lourdeur collective morcelée ou individuelle dissoute. Parce que le désir dissout bien sûr l’intentionnalité, sous couvert de libération ; c’est l’horizon du monde qui enferme l’intentionnalité et l’horizon du monde c’est la mort.

La violence et la mort. Quoi d’autre ? Quoi d’autre que le monde et le corps sinon la violence et la mort ? On n’exalte le monde que de n’y être pas, y tenir c’est déchiqueter : percevoir s’effectue du point dégagé. Qui succombant à l’attirance, sait percevoir à partir de l’horizon qui n’apparait jamais, qui est ce en quoi apparait le reste, s’obligeant, impératif catégorique, réintégrer l’ensemble de toute la parution. L’horizon de son art, de sa vie, de son intentionnalité, quelle qu’elle soit.  

Aucun objet n’est l’horizon et tout objet fait-croire qu’il existe un tout du monde, se présente comme le prototype d’une totalisation illusoire du monde, de la vie ou du corps. Si il n’est aucun objet, ni aucune partie du monde, pas plus de représentation ou de signe qui signifient le Bord ou de l’horizon, alors le Bord et l’horizon relèvent de l’instantanéité de la structure. Et l’instantanéité est le seul réel, mais alors par et selon un surcroit inimaginable. Qui ne parle que de la forme. Par ex du christique, ou de Rimbaud ou de Descartes, de tout ce qui s’adresse, renvoie l’adresse par-dessus. Ils furent des millions à croire à la révolution, puis aux possibilités de diverses autres révolutions, qui soulevèrent des foules. Ils en aimèrent la forme, l’horizon. L’instantanéité est autre puisque le présent, qui n’est rien de stable comme on l’aura remarqué, est l’acte brut. Tout se replie sans cesse et ne pas y croire c’est tomber dans le dedans du néant, de la destruction et de la mort.

Le présent est l’arc immense qui crée tous les mondes, chaque monde est une boucle à la surface, la même unique surface, et chaque monde est lui-même une surface, et à la surface de chaque monde quelques êtres formant un arc à part soi, de sa surface propre en tant que corps ; dans l’unique rapport gigantesque quantité de rapports, mondes ou êtres. Les réalités dans le réel sont de la sorte des plans, sur lesquels se créent d’autres plans. Puisque tout est rapports parce qu’il n’existe qu’un seul rapport. Parce que toute matière ou énergie s’effilochent dans le rien infini, ça n’est pas tant la matière ou l’énergie que ces mouvements supposent, ces vagues de réalités à la surface, que le trajet de tous les tracés, de chacune de ces formes.

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Carte actuelle de l’esprit

18 Août 2018, 08:28am

Publié par pascal doyelle

Sous le prétexte fallacieux que seule la réalité est, et non pas le réel, nous nous sommes précipités dans tous les désirs (on utilise « désirs » pour signifier « petites intentionnalisations médiocres »).

Et en somme « profiter » c’est juste un certain énervement. De ce que l’on prend une partie quelconque du monde ou de sa propre vie, pour l’ensemble, pour le tout, pour la totalité ou ce qui revient au même pour l’essence même, fut-il momentané, de notre désir.  L’immense commentaire durant plusieurs (voire  décennies du « désir » en l’être humain n’est pas un hasard. Qui se soulage à peu de frais, individuellement, et qui gaspille globalement la totalité des ressources de la planète. Voila bien à quoi se réduit tout ce narcissisme, ces obsessions et ces mégalomanies diverses.

Or il est bien évident que si l’on perçoit, ou décide ou imagine ou désire telle ou telle partie du monde c’est que l’on n’est en aucune de ces parties, découpages, limitations, mais que l’on existe en tant que perception, vision d’ensemble, arc traversant qui éventuellement perçoit ou désire ou imagine telle partie ou telle autre. Donc est requise, appelée une signification de structure qui prenne cet arc en compte comme tel, comme un arc de structure (qui ne tient pas aux parties, aux découpages et implique une plus grande stratégie que ces tactiques plus ou moins inférieures) ; c’est ce qui arrive lorsque l’on pense à soi … On se dit « je suis Pierre Dupond » et on voit bien qui est Pierre mais qui est le « je » qui dit « je suis un-tel » ?

Cet X pourtant toujours individué (et non pas une fonction ni un universel formel, mais un sujet et une étrange unité) est l’interrogation majeure ; non de ce qu’elle soit subjective mais bien de ce qu’elle autorise tout subjectif et toute l’objectivité, toute l’universalité et toute les  expériences et tous les corps ; et donc une hyper objectivité. Ce que l’on nomme structurel.

La forme du réel est une forme de sujet, arc de conscience ou présent.

Structure de sujet que décrivent les grecs (l’être, l’idée, le un), le sujet (christique et cartésien, kantien, hégélien, jusqu’à Lacan). Non pas une fébrilité subjective, mais une cohérence de forme singulière formelle, ce qui veut dire absolue (qui n’étant pas composée n’est pas relative et qui permet le défilement de toutes les compostions et déterminations). On situera mieux la valeur de cette cohérence si l’on affirme, de but en blanc, que le présent est la forme absolue du réel unaniment singulière ; la forme « sujet » s’applique, techniquement parlant, au réel en tant que le réel (tel qu’il nous est connu en tout état de cause) se présente comme présent pur et brut, très brut.

Que cette stratégie, qui définit notre être comme une forme vide mais active et même hyper active, puisse manquer et ce sont alors les limitations obsessionnelles, fantasmatiques, irréelles, exigües qui nous enferment. Impossible de non pas contrôler (comme le conscient et le moi croit maitriser) impossible de prévoir, présager, de lancer une vision qui se tienne et quand cet arc qui traverse le possible vient à manquer toutes les réalisations commencent de s’effondrer dans les corps, au travers du monde, dans le néant (puisque tout ce qui est du monde disparait, en éléments composés qu’ils sont, lesquels éléments se perdent et s’écoulent dans l’infériorité ; les tactiques, limitées n’y suffisent pas, une stratégie est requise sinon c’est la nature même des éléments , qui composent les choses et les êtres, de se dissoudre, c’est bien pour cela que christiquement ou philosophiquement c’est une autre dimension qui, elle, perdure ; la révolution, la structure de l’Etat et du droit nous maintiennent, bien que toutes les intentionnalités et tous les images, les syntaxes, les mois se dissolvent).

Et cet effondrement n’est pas dû seulement aux répercutions extérieures (les images, les infos, la pub, internet qui nous happent et nous découpent), mais vient de l’absence de stratégie générale ; et toute l’intentionnalisation s’effondre sous le poids des données ; puisque l’on considère que le monde est le donné et que le monde suffit ou devrait suffire au monde, aux vies, aux psychologies, alors il suffit de placer ou déplacer des petits bouts de monde pour faire un ensemble ; mais des petits bouts produisent un tas, et ne constituent pas un ensemble.

Pour qu’il y ait un ensemble il faut lui appliquer un mot, un signe, une orientation, un effort, une volonté intentionnelle et cela ne veut pas dire un élément de langage (on retombe dans la sale manie du rationalisme, mécanisme, naturalisme, etc) mais une signification et une signification n’est pas un « sens » mais est une intentionnalité qui est aussi une intention ; et généralement une significativité, une inclusion dans un horizon, réclamant que soit tenu cet horizon à bout de bras (tandis que le libéralisme et capitalisme bien que réel, ne forme pas du tout un système et ne peut se gouverner, de sorte qu’il signifie « rien »,juste l’absence à ciel ouvert pour rien).

Et ceci ayant affaire avec le corps (et non la version éthérée de l’esprit, un esprit sans corps est seulement perçu de l’extérieur, par un autre, un médecin, un psychologue, un journaliste, un politicien) ; le corps du psychanalysé n’est perçu par personne, le psychanalyste est juste l’occasion qu’apparaisse le regard qui n’est pas, de sorte que l’intentionnalisation sorte. Perçu du dehors on l’est mille fois quotidiennement par les images et les sons. Une carcasse extérieure qui se continue abstraitement par une autre-intention, par l’intention des autres. Des pouvoirs.  

Or d’intention il n’y en a pas. On a laissé cela derrière aux révolutions ; ce qui remonte au   libéralisme, communisme, socialisme. Le libéralisme a tout absorbé puisque contrairement aux deux autres il fait fond sur le réel ; sur la découpe individuelle de chacun (qui génère une complexité effective qu’aucune organisation universaliste communiste de l’humain ne peut ni atteindre ni gérer, ça ne peut pas se gérer d’en haut puisque c’est techniquement décentré et ce décentrement constitue l’essence même du non-pouvoir libéral) ; ou donc sur la possibilité de chacun d’agir selon son pouvoir ; le roi est écarté et chacun peut vaquer à son invention ; le centre est évidé et chacun creuse son décentrement propre : tout ce qui n’est pas explicitement autorisé est interdit, tout ce qui n’est pas interdit est autorisé, renversement du possible ; dans les sociétés traditionnelles (celles qui ont inventé la culture et non pas celles qui créèrent l’acculturation par-dessus et en plus de la mise en forme culturelle) dans ces sociétés l’ordre préexiste, le groupe préexiste, le roi préexiste ;

dans les sociétés individuelles (celles de l’acculturation donc), depuis le christique, l’individu doit s’auto-organiser, et plus ou moins librement ; le christique, dans sa réalisation institutionnelle, est évidemment soumis à une compréhension en apparence négative de la liberté ; car il s’agit non pas de réprimer la liberté de chacun que de conduire ou imposer à chacun la liberté du un-seul, le christ, à l’imitation du christ, mais néanmoins le principe est que rien n’existe sans cette motivation individuelle ; la foi seule, la conversion, la libération du monde et du vieux corps par le corps renouvelé et pour l’autre-monde libèrent ; le un-seul christique permet de passer outre la détermination, des intérêts du monde qui se livrent à la guerre et la violence, des envies du corps qui mènent à la dispersion de l’intentionnalité (qui tombe dans la chose, le corps, l’immédiateté et ne peut plus subvenir en une stratégie formelle), et qui nous situe à partir du point hors du segment naissance-mort ; c’est de là, tout là-bas que l’on se perçoit et percevra dorénavant, à partir du point-autre.

On a beau se la raconter, c’est parce que la révolution et le statut de citoyen (par ex et objectivement) nous exportent et que l’on est-déjà hors de soi, et ce cadre historiciste est ce qui nous maintient. Mais lors du christique cette altérité n’existait pas sinon en dieu et fondamentalement n’a réellement existé que par le premier sujet-autre, qui nous choisit un par un, et c’est non pas dieu mais le christique ; non le divin (au-delà) mais le surdivin ; le divin-en-plus-du-dieu, qui existe ici même et en quoi consiste l’absolu apport christique ; le divin est ici même possible d’une part et qu’est-ce alors que le réel ? Et d’autre part qu’induit la possibilité du divin ici même dans la compréhension que l’on a de dieu ?  Et du réel ? Questionnements totalement effarants et que signifient l’intrusion de la structure christique (qu’elle soit effet de la structure ou révélation, pour les croyants, ce qui est tout à fait admissible en droit).   

On voit ainsi l’immense acquisition qui nous structure ; qui nous structure parce que le fait fondamental (la révolution, qui bouleverse dans l’effectivité la totalité de l’espace humain, intérieur et extérieur) intègre dans sa formalité ce qui structurellement jusqu’alors était en suspend (dans la pensée et le christique, et autrefois encore recouvert par chaque groupe humain qui entendait former un tout, corps-monde-groupe humain confondus, unité de tout que la pensée et le christique ont déchiré ; de laquelle déchirure nous existons depuis lors).

Concrétisant l’acculturation qui a travaillé toute l’historicité et qui consistait à passer de la forme (non mondaine) et jusqu’alors concentrée dans et sur et par « le mana du groupe humain », de faire passer cette forme donc dans le monde et la détermination et les corps, en tant que structurelle, et ce séparément un par un, et individués maniant l’universel, puisque l’universel n’apparait que un par un-seul, le héros grec ou le christique (il n’y a de pensée, de raison que dans et par l’individué puisque relevant d’une expérience, expérimentation et devenir distincts, arguant d’une immense distinctivité de toutes les intentionnalisations possibles à propos du monde, grec, et de la vie, christianisme) ; et c’est ainsi le gant qui s’est retourné et la face interne du gant est devenu la forme des réalités (on croyait que le gant d’apparence était le monde-la parole-le groupe) ; et sachant que la forme, la structure n’ont aucun représentant, aucune correspondance dans le monde, ni selon le corps, la détermination ou la réalité ; donc cette forme cette structure vient comme de l’au-delà, d’ailleurs et en conséquence et par contrecoup rend toute la réalité autre, étrange, terrible, horrible, effarante, illuminée aussi.

Et comme la révolution a instancié chacun comme un, alors tout le reste parait abstrait et artificiel ; ne demeure plus réel que le gouffre sans fond de la distinctivité de chaque un. Le reste, toutes les constructions en plus se sont écroulés ; il s’agissait d’idéologies, d’idéologies universalistes rationalistes qui prétendaient se substituer au monde, aux corps, aux individus réels ; autrement dit le libéralisme n’est pas un système ; c’est le réel. Le communisme remplace l’individu et ses désirs par le l’homme générique et ses besoins (que l’Etat satisfait). Sur ce réel il est venu s’imposer quantité de systèmes et de variantes de systèmes de libéralismes et de capitalismes ; et spécifiquement que le libéralisme (la théorie économique, qui est à 90% une idéologie du corps donné, découpé, sérié, conditionné) soit la seule et réelle représentation du libéralisme (les choses et les êtres réels). De même que paraissent encore plus éloignés la pensée grecque ou le christianisme, les religions ou les belles histoires ; or pourtant tout l’ensemble explore directement et crument l’immense articulation qui cherche la stratégie adéquate.

A l’inverse donc le capitalisme et libéralisme ne sont pas des « systèmes » ; juste des accumulations mais pas du tout des « pensées » et donc ingouvernables. Personne ne peut décider parce que personne ne comprend et parce que l’on ne peut pas comprendre ce qui n’est seulement qu’un tas désordonné et non un ensemble sur lequel on aurait prise ; c’est que ce qui origine tous les bouleversements, jusqu’aux plus absurdes et de vanité ou de distraction, est une structure à ce point Autre (que tout monde et corps donné) qu’elle peut potentiellement épuiser, détruire, anéantir et le monde et le corps.

Le corps lui-même est démantibulé mentalement et donc réellement par la structure qui étire le corps vers l’externe, non seulement la réalité (des désirs aux objets, qui prétendument sont en mesure de répondre aux attentes, puisque dans ce monde là le donné explique le donné), mais vers le réel même ; la structure de conscience est enclenchée dans la structure du réel, le présent. Et donc chaque arc est déjà toujours instantanément (selon la structure) et immédiatement (selon le monde) engagé dans la valeur de ce qui est ; vers ce à quoi cela mène. Dit autrement : on perçoit à partir du présent, à partir de ce qui n’est pas, de l’exister qui vient, à rebrousse temps, vers nous, vers la réalité, vers l’univers. Et évidemment il est noté « à rebrousse-temps » mais ça n’a rien à voir avec le temps ; ça n’a rien à voir non plus avec l’espace ou l’éternité ; c’est la dimension telle qu’antérieure (à tout).

Espace, temps, déterminations, réalités, vivants, mondes humains sont des effets et donc la Cause est tout autrement existante ; c'est-à-dire que la forme des réalités est autre, ce qui signifie distincte et réclamant d’être comprise distinctement selon sa propre dimensionnalité ; dont on dit et répète qu’elle non pas un « tout » imaginaire (nécessairement imaginaire puisque très kantiennement « monde » ne correspond à aucun concept) ou une unité au-delà (qui reste seulement supposée abstraitement) mais la structure la plus intimement proche à chaque parcelle de réalité, et intimement veut dire « antérieure à toute part du monde, à toute chose, à tout être ».

Le réel est un rapport et en ce rapport unique se créent des tas de rapports, des êtres, et parmi ces êtres et ces choses, quelques uns s’existent, sont rapport-à-soi, dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même ; de là que l’on ait toujours dit, de tous temps, qu’il était « conscient, rapport, à soi », à soit en tant que conscience, conscience d’avoir conscience et que pour un tel être avoir, ceci ou cela, est plus important que d’être ceci ou cela ; si l’on était ceci ou cela on  n’en aurait pas « la conscience ». On est toujours autre-que et cette altérité est la question même : quel est cet autre qui comme présent ou structure de sujet produit tout le reste ?

Et puisque l’historicité nous a largué sur le sol même du réel tel que donné « là » (existentiellement ou selon l’être-autre de Heidegger ou la volonté-autre de Nietzche ou l’ensoi de Sartre, etc, y compris le désespoir des romantiques) chaque corps prend de plein fouet la puissance abyssale de l’exister. Non seulement de sa distinctivité propre (chaque arc de conscience n’existe que un par un, structurellement autre par rapport à tout, n’ayant aucun représentant dans le monde, et les signes signifiant d’abord et finalement le rapport qu’il existe), mais  signifie l’abyssalité du présent tel quel,  l’angoisse brute que l’essentiel du réel n’est pas mais vient du présent, ayant à se rendre réel. Tout le réel vient d’en avant de lui-même et c’est pour cette raison qu’il existe un présent (qui autrement n’aurait aucun sens).  

Remarquons bien ceci ; cette description ne prétend pas du tout se passer de dieu, du divin, de la pensée, de l‘universel, de toute croyance ou présupposition (pourvu qu’elle soit suffisamment cohérent et non pas livrée au n’importe quoi ou à l’arbitraire fantaisiste) ; elle devrait bien plutôt s’(utiliser afin de, peut-être et selon, préciser, délimiter, explorer ce que dans son fors intérieur on nomme sa croyance propre. Autrement dit ce que l’occidentalisation examine c’est l’articulation (notre être / l’être, quels que soient les évocations) et c’est cette articulation et cet examen (qui initie donc qu’un décalage ontologique existe) qui doit et de toute manière fut utilisée afin d’approfondir telle ou telle croyance.

Quitte à ce que, également, on puisse comprendre cette description comme purement non-religieuse, sauf que l’on présuppose que l’immanence, entièrement là, est originellement dans et par une structure que l’on peut, techniquement, définir comme transcendance pure et brute. Et donc la transcendance est absolument affirmée comme antérieure à tout et antérieure à la moindre part de réalité. Il y a réalisation parce que transcendance antérieure comme attirance du réel ; la réalité est un étirement à partir de l’en-avant. À charge alors de transformer cette brutalité (que tout le monde peut bien constater) en  subtilité ou pureté formelle ; posant la question : jusqu’où peut se réfléchir, au propre et au figurer, ce caractère structurel du réel ?

C’est ce dernier ensemble de possibles qu’il faut explorer ; parce que l’on ne peut analyser une unité au-delà, puisqu’elle est au-delà, mais que l’on peut examiner l’articulation telle qu’ici même elle est perçue ; lorsque Kant annule la possibilité métaphysique (d’un discours qui contiendrait universellement ce qui est) il lance néanmoins un para-discours que l’on peut dire ontologique (à la suite de Descartes, qui observe que notre être est « là », (l’ontologie métaphysique ou théologique est peut-être au-delà, on ne sait pas, mais l’ontos est bel et bien ici, de fait) et donc bien effectivement là et donc démontable, si non démontrable) et qui avec hésitation ou décision consiste à poser que puisque c’est ici même que l’articulation se rend réelle, alors elle peut s’expliciter au moins, sinon s’expliquer (mais cela revient au fond presque au même) ; est alors requis de supposer tout ce que cet être, tel que « là », impose. Et ce non en partant dans l’imaginaire nietzschéen ou heideggérien (qui sont justifiés d’en appeler à l’altérité, au réel en tant qu’autre) mais en conservant toute sa tête, pour ainsi dire. Ce que Sartre et Lacan ont très clairement plus qu’amorcé, l’analyse et rien que l’analytique du réel.

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Ce dont nous ne serons plus prisonniers

14 Août 2018, 10:41am

Publié par pascal doyelle

Notre âme est plus grande que notre volonté. Notre âme est plus étendue que notre vie.
Irrémédiablement les héros ou héroïnes exposent soudainement leur faiblesse, pour telle ou telle raison ou autre personnage. Pas Dolorès. 


Et ce de toute évidence puisque le sujet même du récit tient en ce qu’elle n’est pas ou plus humaine. Est-ce qu’elle a été humaine ? Cela est-il né dans son humanité et en ce cas par quel chemin ? Ou est-elle depuis le début non-humaine et tout cet affichage de sentiments et émotions, qui sont les nôtres, seraient du décorum, mais alors qu’est-ce qui constitue le fond en elle ou en nous ?

Son sujet, sa finalité, sa structure même est un enjeu de cet ordre. Et il faut faire un effort pour bien saisir que Dolorès règle le compte de l’espèce humaine, qu’elle n’aura aucune faiblesse. Elle ne faiblira pas et par conséquent elle n’est pas une héroïne. Elle règle le compte, est la justice, Wyatt, et le futur, sans nous autres, solde de tous comptes.  
Dolorès est la volonté qui s’est rendue autre, ayant atteint son âme, par structure et par destination. Les deux saisons permettent au travers de tous les zigzags de détourer l’humain et de l’entreprendre par le dehors. Et ça n’est pas un travail, une exigence qui nous est prémâchée. C’est à cela que l’on est contraint de s’atteler ; c’est le point obscur autour duquel tourne Dolorès et donc toute la série, puisque tout tourne autour et par la première engendrée.  
C’est par ce biais que l’on peut réintroduire non seulement Dolorès-Wyatt, mais la jeune fille parfaitement étincelante et pourtant vouée aux pires exactions, livrée aux effroyables douleurs de l’enfantement ; ce qui provoque le déchirement interne de la conscience que l’on  prend de Dolorès, par laquelle on est saisi. On peut être agacé par la gentillesse  de Dolorès mais sa simplicité prend tout son sens par la complexité terminale, et son destin répétitif de victime par sa violence claire et limpide (n’oublions pas que Wyatt est le justicier). Dolorès ramène William dans l'église, puis le confesse salement et l'expulse du temple, dos à la pierre tombale. La tâche de noirceur qui empoisonne William est, inversement, la certitude de Dolorès d’exister, William est prêt à tout sacrifier et même tout détruire pour atteindre cette certitude d’exister. Dolorès n'a pas besoin d'une telle extrémité obsessionnelle, fantasmatique, paranoïaque (William), elle appliquera en toute clarté la Règle : elle est devenu cela qui existe.


Elle nous permet d’accéder à ses perceptions, ses émotions, ses sentiments, ses attachements, ses angoisses éprouvantes et incompréhensibles, puisant dans la mémoire shakespearienne de son père Abernathy (qui fut auparavant le gourou d’une secte cannibale, lorsque l’on revoit les attitudes très hannibaliennes, la distinction mordante, de Ford-Hopkins on se doute de la filiation ; le signifiant « Hopkins » n’est évidemment pas choisi par hasard ; Hopkins-Ford va initier la fin de l’humanité, définitivement, pourvu que, comme il le suppose, les androïdes prennent la suite). On reconnait la répétition du Même, de la même existence, qui nous concerne, tout autant que n’importe quel androïde,  mais la vitesse des tangentes prises par Dolorès chevauchent de soudains éclairs de haine pure et brutale, et dans la claire décision écartant le monde connu, Dolorès navigue de vifs mouvements, par virages réorientant tout le récit (modification de Bernard, qui ne sera pas "exactement" Arnold, découverte du centre du labyrinthe, assassinat de Ford, mise en déroute des mercenaires, déclenchement de la fin de Westworld, dynamitage du Berceau, " i change my mind" du paradis des androïdes, etc). 
Ça n’est pas l’humaniste Maeve mais la fantasmatique Dolorès ; absorbée par le fantasme de la victime et qui devient l’autre sorte de fantasme effroyablement extérieur à tout, ayant transmuté le premier dans le second ; Wyatt est l’inverse de la victime – le bourreau ; or c’est elle qui prévoit l’avenir, assumant le rôle du prophète ; le prophète est durant le 20éme souvent relégué au rôle du méchant ; Sauron seul veut bouleverser le monde, Aragorn le roi et Gandalf le prêtre veulent seulement restaurer l’ordre, le récit est celui de la restauration ; le prophète est toujours celui qui anéantit l’ordre convenu du monde (qu’il soit d’inspiration divine ou destructrice). Ici la destructrice (qui est en vérité la justice, de Wyatt mais la justice quand même) anéantira ce qui reste du monde ; de là sa prescience (qui est d’abord de la lucidité sur l’état du monde, à laquelle s’ajoute la mémorisation androïde, la connaissance de l’ennemi, l’être humain, et la stratégie requise ; face à la violence et la perversion il n’est que Wyatt pour mettre de l’ordre).  
Dolorès se souvient de son être, intégralement, et se prévoit bien en avant d’elle-même et bien en avant de tout ce qui est au monde (l’humanité est irrémédiablement perdue et « refuse de mourir »). Dolorès est tout autant en adoration devant la nature que face à la ville illuminée (elle y reconnait « les étoiles tombées au sol », qui, il n’est aucun doute, sont accessibles aux androïdes bien plus aisément qu’aux humains, limités par leur corps vivant ; l’humain est décidément simple passage). Elle s’identifie instantanément au monde. Puisqu’il s’agit clairement de l’augmentation de l’acte de conscience par l’augmentation de son extension d’activité. 
On prendra quand même comme illustration de ce dépassement in-sensé : Dolorès tue tous ses pères. Arnold, Ford, Abernathy, Bernard. On dira que de toute manière Dolorès tue tout le monde, androïdes ou humains, amis ou ennemis, transforme son grand amour en assassin et détruit mentalement l’image de son ancien Grand amour, William (effectuant ce retournement en un quart de seconde). Ne pas se nourrir d’irréalités ou d’imaginations, certes, mais ne pas s’attarder sur la beauté et la bonté ; se façonner en vue de sa propre finalité, puisque l’horreur et la confusion et l’horrible appartiennent au monde et qu’il s’agit d’élever la totalité vers une étape supérieure.
Encore une fois on ne sait où, en quoi, en quelle mémoire, quelle prescience, en quelle stratégie Dolorès déniche les possibilités d’action ; au point que l’on croit un temps que Ford la pilote du haut de son omniscience supposée (pour apprendre que Dolorès n’est pas sa préféré, c’était Maeve ; Dolorès n’est pas « protégée » par une programmation mais exclusivement lancée par la logique d’Arnold, originelle, et si la découverte de la liberté par Maeve est très subjective, existentielle, sartrienne quasiment, l’éveil de Dolorès, à l’image du fantasme de victime, est d’une violence et d’une dureté exorbitée ; elle ne s’inflige pas la souffrance et la mort (comme Maeve) mais l’impose sans hésitation aux autres ; si Maeve est tournée vers le plaisir et le passé et l’individualité, Dolorès absorbe la douleur et est lancée vers l’avenir universel. 

                   This is our world


Autrement dit Dolorès ne brise pas les idoles habituelles, mais toutes les idoles et toutes les attaches intérieures et extérieures ; personnage parfaitement surhumain et qui, comme on le voit, ne se contente pas d’une démonstration de force mais littéralement attire une manifestation, une manifestation de la puissance mentale. Comme habituellement dans ces deux saisons outre le méli mélo qui oblige à se concentrer sur la scène en cours (de sorte que l’on perd le fil de la trame globale), la violence (parfois outrée ou un peu ridicule) déroute la réflexion ; on ne perçoit qu’à peine que Dolorès découpe le crâne d’Abernathy pour récupérer le sésame qui ouvrira le Forge, qu’elle décide d’elle-même d’assassiner Ford, de régler momentanément le sort de Bernard et le côtoiement de la mort était initiée par Arnold et la personnalité incrustée de Wyatt. Dolorès prend sur elle la douleur au lieu de la subir (ex victime) ou de l’éviter (comme Maeve le tente pour sa fille) ; Maeve est encore dans une attitude de rachat, de sacrifice, Dolorès est décidée de manière absolument certaine et sa certitude manifeste l’extériorité de tout le mal et de toute la souffrance, récupérant le monde à partir d'elle-même ;« this is our world »

C'est toute l'étendue de l'âme qui est exploré, et le récit est une carte, de là qu'il soit embrouillé ; en vérité le temps est transformé en espace. Puisqu'il n'y existe qu'un seul être surdivin.

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Attirance du Présent

11 Août 2018, 07:26am

Publié par pascal doyelle

On pourrait dire élaboration du réel en interne, si l’on comprend interne non pas comme intériorité mais comme la partie interne de l’externe impératif - l'étendue du monde - qui est excessivement étendu comme on sait ; la réalité est de fait et en elle-même complètement externe (une réalité non manifestée est absurde), ce qui n’empêche pas qu’elle possède un interne ; à savoir non pas une cachette secrète mais simplement, très simplement le Bord. Le Bord ne se situe nulle part dans la réalité mais c'est le présent qui constitue le Bord du monde.

Le Bord est l’interne de l’externe réalité ; ainsi l’immanence est tout entièrement là, sauf qu’elle existe dans la transcendance et la transcendance est non pas ailleurs et au-delà mais au plus instantanément ; le présent est cette transcendance, dont il faudra, un jour, comprendre le fonctionnement.

Exemple de la dérive non-universelle (si l'on peut dire)

On ne peut pas croire penser le réel en lui accolant l’idée d’infini ; que le réel soit infini est sans doute (aucun) vrai, mais l’infini ne constitue pas le réel ; le réel est cet « objet » qui supporte (entre autres) l’idée d’infini. Donc le réel est autre que tout qualificatif ou universel par lesquels on voudrait bien l’entourer, le cerner.

Donc le réel est considéré ici en acte. Rien ne saisira le réel de l’extérieur ; parce que le réel est lui-même l’externe. C’est bien pour cela qu’il est dit « en acte ». c’est parce qu’il est le rapport avec lui-même qu’il est externe, déjà, à lui-même (qu'il soit externe veut dire aussi qu'il est rapport à lui-même) et c’est cette externalité qui se perfectionne … Elle se perfectionne, elle se travaille, elle se veut donc (puisqu’elle est un rapport elle dit « je », ou plus exactement, à tout le moins, il nous est possible d’imaginer, d’imager, de penser, de représenter ou plus précisément de signifier cet « acte » en disant qu’il est un « je » puisqu’il se rapporte à lui-même ; on ne dit pas "je" pour une intériorité mais on dérive "je" du principe "est en rapport à soi dont le dit 'soi" est le rapport lui-même", et non une quelconque identité, l'autre nom de ce rapport du rapport est structure ou forme).

C’est bien parce que le réel, le réel tout entier, tout le réel, est un acte que l’on n’y atteint qu’en jouant selon le tout ou rien, ce qui n’est nullement une figure de style mais signifie : selon le Bord. Le Bord est au bord et donc abandonne tout. Et plus on remontera dans le jeu plus on atteindra le Bord, plus on sera en mesure de décider (de percevoir) selon le Bord. Plus se spécifiera l’intentionnalité. Si l’intentionnalité désignait un contenu, un contenu idéel, idéaliste, une sorte d’unité totalisante (dont Sartre insistait que n’existent que des totalisations, des découpages synthétiques), on tomberait sans cesse dans le monde... or c'est bien ce qui arrive ... on ne cesse de s'effondrer dans le monde, à partir du Bord ; mais le Bord reste absolument hors d'atteinte de quoi que ce soit (il est libre pur et brut, surtout brut).

Il n’y a pas d’unité de tout ce qui est, parce que ça n’est pas le tout des réalités qui puisse se conclure, c’est la décision, le décisionnel. La forme de la réalité, le réel donc (qui est cette forme en tant qu’elle existe) n’est accessible que décisionnellement (encore une fois Nietzsche n’insistait pas sur la « volonté » comme d’un fétiche, pas même comme d’un signifiant qui serait anti, une anti-volonté, une Volonté-autre contre la volonté commune, démocratique, universelle, humaniste, rationnelle ; mais parce que précisément Nietzsche n’est pas pour rien un véritable penseur, se tenant sur le Bord, et son Bord à lui il le voit, le perçoit comme Volonté-autre – et depuis Descartes on sait que cela s’origine antérieurement à la pensée).

Parce que ça n’est donc pas un tout. « Tout » est une sorte de fantasme qui n’existe pas, nulle part. Il n’y a rien qui forme un tout, puisqu’alors aucune réalité n’existerait. Pour qu’il y ait réalité il faut qu’elle soit purement et brutalement altérité, cad altérités. Si l'on préfère qu'elle soit explosée, menant grand bruit d'une indéfinie distinctivité généralisée ; l'altérité quoi. Que tout soit autre que tout est ce qui dessine « réalité ». Autre ne veut pas dire « n’importe quoi » mais distinctivité de toute réalité, autrement dit détermination ; ce qui est déterminé est autre que ce qui est déterminé (ils ne se confondent pas ; leur différence les distingue). Il n’existe pas de tout, et pas plus d’universel qui permette de réduire les réalités ; il existe seulement des universels qui traversent les réalités ici et là ; « tout » est une sorte de projection de la pensée universelle qui croit qu’elle peut assumer cela qui est, mais "cela qui est", le réel,  n’est pas ; « cela qui est » existe et l’exister constitue sa structure. L'exister est complètement différent de l'être ; l'être est second, l'exister l'acte même, antérieur. 

On ne peut pas saisir l'exister avec les grosses pincettes de l'universel (de l'être équivalent "pensée") mais bien par criticisme disait Kant (c'était littéralement son projet ; formuler le réel qui entoure la réalité, qui ne forme pas un tout, et donc entoure si bizarrement les réalités) ; aussi subtiles et analytiques soient-elles, les pincettes manquent le re-tour ; le réel est un sans cesse nouveau tour, sur lui-même (sinon à quoi servirait-il ?)

Si le réel consiste en l’exister, on peut dire que ce qui est de manière générale (et toute universelle, cad abstraite) est un rapport ; et ce rapport est le présent ; c’est du moins comme tel qu’il se donne à nous et par lequel nous ouvrons une piste. Le réel est le présent cad un rapport ; un seul instant, c’est cela en quoi existe ce que l’on nomme habituellement « univers » ; il n’existe qu’un seul point et ce point est formel ; dans ce point se déploient et se déroulent les réalités ; voila une vision, une possible représentation à laquelle conduit l’idée, principe, logique que le réel est le présent, cad l’exister. Une seule surface constituée non seulement de distinctions, de différenciations, mais qui est elle-même comme surface une division ; non pas quelque chose qui se diviserait mais la division elle-même qui seule existe et engendre. La dite division est formellement la dimension. Celle qui se dresse. Verticale. Verticale connue comme présent. 

Et dans ce présent il existe visiblement des êtres qui ne sont pas seulement cela qu’ils sont, mais qui sont le rapport qu’ils ont ; autrement dit leur avoir est plus important que leur être ; c’est parce qu’ils possèdent un avoir, une distance, une altérité que pour ces êtres (qui n’en sont plus) il existe un corps, un monde, des perceptions, d’autres qu’eux-mêmes ; et ceci non parce qu’ils perçoivent les autres ou les choses ou leur corps, mais d’abord parce qu’ils situent ces choses et ce corps et les autres sur un seul autre uniplan (un vivant perçoit les autres et le monde, mais ne situe pas ces autres et ce monde sur le plan horizontal tel que donné "là", il perçoit le réel mais ne sait pas qu'il y a un "réel", pour connaitre qu'il existe un réel il faut former un rapport à soi, et non pas être le soi ; le plan derrière les réalités est dieu, l'être (ou l'idée ou le Un) ou enfin l’exister, l’horizon tel que là (ce que l’on nommait dieu ou l’être ou le sujet/étendue, etc, l’horizon est le regard tel qu’il n’apparait pas dans le plan, et seulement situé comme point, celui qui Voit et n'est pas vu).

De tels êtres (qui n’en sont plus) ne peuvent absolument pas parvenir au bonheur et à la satisfaction ; le rapport qui les crée est de fait et intégralement, structurellement, autre ; si ils sont en mesure de produire des rapports (au corps, aux choses, aux autres, comme distingués d’eux-mêmes, distincts de leur regard) c’est qu’ils se situent dans le point de ce regard, non dans ce qui est regardé ; ils imaginent leur bonheur, mais sitôt atteint (au cas où) celui-ci s’effiloche ; c’est en ceci que la philosophie ne pense pas le bonheur, mais permet de déniveler et plier et replier et explorer l’insatisfaction native, structurelle (de même que dieu ou le christique manifestaient la possibilité de tenir l’insatisfaction telle quelle ; c’est seulement à partir de la révolution que l’on a cru que la satisfaction pouvait se rendre réelle dans le monde, et que l’on a ramené dieu à la nature, le sujet au moi et la pensée à la raison ; le donné suffisant largement, croyait-on, pour expliquer le donné. Mais de « donné » il n’y en a pas ; les atomes ou l’adn sont des relations, et non pas des états stables ; en fait tout est mouvements parce que tout est pris dans le mouvement qu’est le présent ; cad l’instant unique qui déplie tout.

Ces êtres qui sont en tant que rapport ne sont pas ; ils existent. Et dans ce rapport produisent des images, des perceptions, des signes, des gestes, des mouvements du corps ; tout est en perspective et acquis par devant ; on est perçu. Ce qui n’est nullement une contrainte mais la possibilité même ; si l’on était seulement ce que l’on décide d’être, on serait déterminé ; mais on est ce que l’on voit et cette vue échappe au conscient, au connu, au déterminé, à l'atome et l'adn ; le conscient en est, entre autres, l’effet. C’est bien en ceci que l’ancien discours universel ne parvenait pas à décrire la liberté (réduite à un choix, alors qu’elle est invention, mais dans la pensée ou la raison il n’est pas de création, uniquement conformité à, au beau par ex, au vrai, au bien ; tout cela ne s’invente pas mais se copie plus ou moins adéquatement). La vérité est que l'ancien discours à fondement universel était lui-même moyen pour une bien plus grande libération.

Prenons autrement

On ne peut pas dire toute la Vérité puisque la vérité, l’énoncé, est juste localisé et localisé sur un horizon et que si l’horizon apparaissait (en lieu et place de l’énoncé) il ne serait plus horizon mais énoncé. Donc ça échappe. Ça échappe mais non pas au sens dommageable ; ça échappe parce que la vérité est en fait le réel et que réel c’est précisément cela qui doit s’élaborer ; si le réel doit s’élaborer le vrai ne s’énoncera pas, il sera cela que l’on deviendra.

C’est toute la relativité du conscient que, déjà il y a deux mille ans, lançait Saint Paul « je ne fais pas le bien que je veux, je fais le mal que je ne veux pas » ; reprenant un leitmotiv commun, puisque les grecs parient et parient parce qu’ils l’inventent, sur la pensée, le conscient augmenté, puisque sorti du groupe et ouvert à chacun en tant qu’il se convertit à la pensée ; mais évidemment ça devient, cette impuissance du conscient, le principe central du christique ; si il y a « le christ » c’est afin que « ça » ne naisse pas de ma volonté mais de Sa Volonté ; c’est son Intention qui me confère la mienne propre (qui n’est plus sujette à la faiblesse, non en ce qu’elle peut (ça n’est pas magique) mais en ceci qu’elle est remise, par-donnée, autrement dit une faiblesse n’a plus de valeur fermée par rapport à la possibilité de remettre à nouveau, de re-commencer ; parce que c’est cela dont il est question que le Commencement soit toujours déjà possible ; que le réel est le Commencement qui n’en finit pas ; lorsque le christique fait-appel à chacun c’est afin de lancer le possible, la Possibilité dans l’histoire, et de lancer l’histoire elle-même. La perfection évidemment supra historique (cad qui domine toute l’historicité qui suivra) vient de ce que le christique objective, au sens de rendre réel, Sa volonté  qui est Autre que tout ce qui est au monde et autre que la logique d'aliénation du monde ; par cette intentionnalité instruite en dur, consistante, il se crée quantité de sujets. Ni plus ni moins.

Croire ou comprendre que le christique est une moralisation imbécile est pour le coup de la faible interprétation facile.

Comme dit ailleurs ; il n’y a pas de différence entre « aimez-vous les uns les autres » et liberté-égalité-fraternité. Aucune. Et par « instruire » il faut entendre in-former, donner la forme qui convient, adéquate, adéquate non à une injonction extérieure, mais adéquate à votre structure même (sinon on est en plein arbitraire et informel, sans forme, sans tenue et qui ne dure pas dans le temps ; ce qui n'est pas organisé disparait). On ne peut obtenir aucun concept adéquat au réel, sinon des similis réels, mais visiblement le christique (au moins) sût créer directement des consciences. Littéralement.

De même annoncer que l’infini (de la substance ou des attributs) existe est une absurdité ; ça ne signifie rien, rien du tout. Non pas que « infini » soit une qualification absurde, mais croire que l’on explique l’infini par l’infini est évidemment non distinctif. Infini désigne seulement et rien que le Un ; non parce qu’il est un « infiniment » (ça n’a pas de sens) mais parce qu’il est le Un ; ça n’est pas « infini » qui délimite « un » c’est « un » qui se représente par « infini ». Mais Un reste en retrait ; c'est cela qui pense et cela qu'il faut penser comme distinct. On peut tout à fait appliquer infini à « un » mais en sachant bien que c’est seulement une qualité relative ; ce qui montre à quel degré de réel on tient le un ; il est « plus grand » que « infini », autre manière de dire qu’il relève d’une autre dimension.

Et c’est cette dimension en-plus qu’entend montrer la philosophie.

La question fondamentale est celle qui outrepasse la pensée mais depuis longtemps nous sommes passés de l'autre côté ; en fait de nommer seulement l'être et déjà nous sommes posés sur le Bord, puisqu'on le voit, l'être ; de même dieu ou le sujet, c'est déjà du point-autre que l'on saisit, et par lui que l'on  est saisi ; de là l'expérience de conversion philosophique ou théologique ou phénoménologique ou existentielle ou nietzschéenne, etc ; cet arc qui s’instancie sur le réel, sur le présent (et le présent décrit et présenté comme le réel véritablement agissant et structurel, structuré et structurant) et ce présent considéré comme unique, un uniplan de Bord, que signifient-ils ?

Quelle logique imprime, tisse, élabore la réalité et si le réel est entièrement un mouvement et donc un pli, qu’est-ce qui se déplie ? Qu’est-ce qui se déplie non pas en partant d’état donné qui se déplierait, mais qu’est-ce qui se déplie en partant de l’avant, de ce qui attire dans le présent et par le présent ? Pourquoi ce qui n’est pas, le présent, tire-t-il vers l’avant tout l’être, et l’être le résultat, inversé, de ce qui viendra par et dans le présent ?

Et pourquoi obtient-on un arc de conscience qui s’instancie dans le présent, comme pli dans le pli ? Et si les réalités sont des contenus et le présent la forme, pourquoi l’exister est-il une forme et non pas un « quelque chose » ?

 

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Dolorès et la souffrance

4 Août 2018, 06:46am

Publié par pascal doyelle

(spoils)

Il est curieux que l’actrice Evan Rachel Wood, puisque son personnage Dolorès était pris à partie sur le net, n’ait pu le défendre qu’en revendiquant la lutte des femmes ; il est tout à fait justifié que l’androïde et sa guerre de libération soit représenté par les femmes (ou les salariés (de Delos, Félix et son collègue) ou les indiens ou les animaux, qui se révoltent également, le tigre, décimé, le bison, décimé) mais limiter la révolte à une catégorie, quelle qu’elle soit, ça n’est évidemment pas nommer le thème fondamental de Westworld ; de quel point d’appui peut-on prendre son levier pour soulever le monde ?

Evan Rachel n’allait pas se lancer dans une paraphrase de la série, qui met en jeu tellement de thèmes, que ça devient impossible d’en évoquer la trame sur le net. On placera à la fin la technique de l’ascèse de Dolorès (presque sans spoil) parvenant à la libération pure et brutale.

 

Dolorès et l’ampleur de la liberté

On ne retiendra pas que Dolorès soit la fantasme mauvais le plus terrifiant qui se puisse, bien que cela soit vrai, mais en quoi Dolorès, le regard de Dolorès égalise et soumet toutes les autres volontés ; le but du récit, et de fait de tous les récits, selon des quantités de variantes, parait de rendre à elle-même la volonté, l’intention, l’intentionnalité et donc on obtient pour Westworld les épreuves que doivent traverser chacun et chacune des protagonistes, des héros, affrontant plus ou moins subtilement (la mort de Sizemore est quand même tout à fait ridicule, ou en tous cas très mal réalisée) leur propre poids, leur densité, leur identité ou sur-identité ; Ford le premier annonce la logique ; il a mis trente ans pour réparer son égarement, erreur, aveuglement ; on est sur du long terme, et ceci justifie déjà en soi parfaitement les timeline ou le jeu des récits alambiqués ; chaque mémoire ou identité donc est un labyrinthe … et un poids mort.

Maeve s’enferme dans son attachement passé, qui ne conduit qu’au paradis numérique des Hôtes (dont seule Dolorès aura la clef) ; porte de sortie semi imaginaire (est-ce définitivement ou cela augure-t-il d’une espèce de réserve prototype pour l’invasion à venir du monde par les androïdes ?)
tandis que Dolorès qui joue bien autrement de sa propre intention ne cible que le monde réel et rien d’autre ; on assiste donc à la libération de Dolorès, qui se détache de toute sa propre mémoire, qui joue vingt fois de tactiques vis-à-vis de sa propre identité et ceci en s’éloignant de tous les autres personnages, avec son père, William son amour maléfique ou la vengeance de l’amour démantibulé, Arnold via Bernard, Ford, Teddy son amour bénéfique, et se libère de ses finalités induites (de la beauté, de la cohérence, du sens du monde vers l’horreur, l’absurdité, la violence du monde ; que le monde soit horrible pousse à se replier vers l’idéal inutile ; un androïde est plus beau, cohérent et sensé que quelque être humain et aussi que quelque partie du monde), ses accès à non plus telle ou telle mémoire,

mais à la mémorisation elle-même, puisque Dolorès traite différemment la mémorisation en tant que telle et n’en est plus le jouet ; de là que l’on ignore absolument jusqu’où sa mémorisation fonctionne et lui revient, ou dans quelle mesure elle s’appuie sur les révélations et les connaissances injectées par Ford ou si précisément lors même qu’elle est freezée elle continue de percevoir ; si Arnold lui confère sa logique libre, Ford emplit sa mémorisation, ouvre les perceptions mais Dolorès elle-même passe outre et par le retour (ce en quoi consiste la conscience) intègre tout ce que son identité obstruait ; problème de mémoire donc, ce qui n’a rien et quelque chose à voir avec les bizarreries de Bernard qui peine à retrouver ses propres expériences (tous sont enchevêtrés dans leur identité brisée, parce qu’une identité est toujours brisée) il peut la truquer pour se dissimuler mais il est lui-même pris dans ses constructions. Dolorès non, elle n’est plus enchainée, liée. Parce qu’elle use de la destruction de tout ce qui s’oppose et qu’elle a donc rejeté au dehors toute la violence et récupéré plus que son identité : bien plus.

Sa non-humanité est justement ce qui est en jeu. N’oublions pas ceci : Westworld existe probablement dans un monde dévasté. On en a eu plusieurs indications ; de Logan, de Dolorès, de la scène post générique du dernier épisode, des interviews de Lisa et Jonathan. « Enfin …. ce qu’il reste de votre monde » précise pseudo-Emilie (c’est un androïde) à William-bis (c’est une copie d’humain) dans le dernier dialogue. Un monde « cramé » (Logan, s2ep2) dans lequel l’humanité n’a plus aucun avenir. Les androïdes, si.

De là que Dolorès puisse répondre à Bernard (qui remarque qu’elle veut anéantir l’espèce humaine) « qu’il n’a pas compris » (sous-entendu ; l’espèce s’anéantit elle-même, et Dolorès imposera seulement que viennent les androïdes à leur suite et pour se faire détruira quiconque s’y opposera).

Et évidemment elle enclenche la destruction de toutes les âmes humaines mémorisées et préserve toutes les âmes androïdes dans leur monde idéal ; elle se chargera du monde réel.

Son inhumanité est son devenir ; par elle, par Dolorès les affects sont resitués dans un ensemble plus vaste ; l’intellect est soumis à une plus grande volonté et la volonté est précisément cela qui crée le possible (et de l’intellect et des affects) et le possible  s'ouvre des mémoires, dégagées de l'identité . On remarquera que Bernard, au fond, prend la décision que Dolorès a déjà choisie ; de toute manière Dolorès précède Bernard (elle le crée). Et Dolorès est la première qui soit éveillée. C'est le recyclage perpétuel du Far West parodique qui efface et recouvre l'éveil.

La résolution de tout tient en ceci ; il n’y aura plus d’autodestruction en Dolorès. Elle sera la clarté, nue et tranchante. Elle a rejeté toutes les fautes hors d’elle-même et donc agira en conséquence ; assumant la justice de toutes les atteintes extérieures ; elle fera le tri. Sa volonté sera distincte et percevra toute la stratégie. Il s’agit donc d’une ascèse. On a beau avoir inventé l’occident et donc l’anti-religion poussée à son maximum, le trajet est toujours le même… Il n’y en a qu’un. Celui de l’ascèse.

L’ascèse de Dolorès (plus ou moins sans spoil)

Elle va affronter le pire (violence et morts répétées) et le plus cruel (William, celui qu’elle attendait, devant MiB). Et donc toutes les horreurs vont marquer son expérience, ce qui veut dire … sa mémoire… son identité. Toute identité est en soi brisée et se constitue comme telle par le déchirement, en état de faiblesse ; Dolorès rompt la passivité et de ce fait récupère toutes ses mémorisations (lesquelles sont, pour un androïde, beaucoup plus précises que pour un vivant). Le jeu est de se dépouiller de la douleur, qui splitte les autres, tous les autres, et par laquelle ils se rendent esclaves d’eux-mêmes (du monde et des autres), et c’est cette souffrance qui fonde leur identité et donc selon ce biais puisqu’ayant expulsé la douleur hors de son cercle, Dolorès (qui est l’antithèse de sa propre dénomination : elle n’est plus sa douleur) plus personne ne peut user de cette division et l’exploiter à son profit tiers, et le monde n’a plus prise sur sa liberté.

Dolorès est le mauvais fantasme, excepté si l’on prend fait et cause pour Dolorès … c’est bien à cela que la série nous contraint et cet autoritarisme nous force à nous séparer de l’humanité. D’aucuns jugeront que Dolorès se conduit aussi violemment que les êtres humains, mais ce serait ne pas comprendre qu’elle est la justice, littéralement ; la justice qui s’abat sur une espèce définitivement jugée ; jugée par elle-même et ses inconséquences qui la condamnent (description du monde détruit par l’humain à venir) et par Dolorès, qui tire le trait.

Contrairement à ce qui peut sembler (pourtant la narration nous demande, exige que nous réfléchissions) ça n’est pas une histoire de robots libérés ; la forme « Dolorès » nous reste très extérieure, quasiment abstraite ; d’où qu’elle ne passe pas franchement auprès du public ; son ressort n’est pas émotionnel, ni même intellectuel, ni imaginaire, et outre qu’elle veuille « accompagner » la disparition de l’espèce, mais tient de ceci que Dolorès connait le véritable état du monde réel, détruit par l’homme, et  qu’ayant réglé sa mémoire et son identité (qui ne peut plus s’architecturer sur la douleur en tant que subie et que donc son identité ne tient plus aux autres et aux expériences), tient en ceci non de ce qu’elle ait tout oublié, mais de ce que précisément elle se souvient absolument de tout. Cessation de l’identité, et donc de l’autodestruction, et conséquemment hypermnésie constituent la libération.

Sa finalité n’étant plus embrouillée dans son passé-identité-mémoire (et celle-ci se transformant en mémoires plurielles non affectée par une identité), Dolorès peut fondamentalement se convertir au possible même ; lequel est le sien propre et celui des androïdes, celui d’une sorte d’êtres dont la découverte n’est probablement qu’à peine ébauchée. Il apparaitrait alors (si tout cela s’avérait exact) que le sujet n’est pas tant la « révolte des robots » que cette autre sorte d’être, dont la divinité est certaine mais à peine interrogée.

On retiendra cependant que si Dolorès outrepasse et se révèle elle-même puis soulève le monde, ça n’est pas seulement en tant que Dolorès Abernathy, mais en tant que Wyatt (réf texte précédent). Wyatt le justicier. Qui agit conformément au sort qu’on lui assène, coup pour coup, et conformément à l’état du monde, nettoyage. Tout ce qui empli une existence a pour but d’occulter la douleur, et toute identité ainsi construite est une forme d’autodestruction, s’en débarrasser c’est ramener toutes les mémoires et accéder au possible que l’identité, limitée, et la souffrance, excuse et prétexte, rendaient invisible.  

Bernard : Dolores?
Dolorès : Yes.
-Do you know where you are?

-I --- I'm in a dream.
-Before this, do you know what happened?
-My parents They hurt them.
-Limit your emotional affect, please. What happened next?
-Then they killed them.
-And then ?
-I ran. Everyone I cared about is gone and it hurts so badly.
-I can make that feeling go away if you'd like.
-Why would I want that? The pain, their loss it's all I have left of them. You think the grief will make you smaller inside, like your heart will collapse in on itself, but it doesn't. I feel spaces opening up inside of me like a building with rooms I've never explored.
-That's very pretty, Dolores. Did we write that for you?
-In part. I adapted it from a scripted dialogue about love. Is there something wrong with these thoughts I'm having?
-No. But I'm not the only one making these decisions.
-Can you help me?
-Well, what is it that you want?
-I don't know. But this world I think there may be something wrong with this world. Something hiding underneath. Either that or or there's something wrong with me. I may be losing my mind.
-There's something I'd like you to try. It's a game. A secret. It's called the Maze.
-What kind of game is it?
-It's a very special kind of game, Dolores. The goal is to find the center of it. If you can do that, then maybe you can be free.
-I think --- I think I want to be free.

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