Le Je : interstice antérieur
Dès que « cela » qui produit les contenus apparaît dans le champ de sa perception, cela se dit dieu, la pensée, le christique, le sujet ou le réel, ou l’humanité de la révolution ciblée comme telle et non de par telle ou telle identité ; alors la structure (de conscience) affleure.
Ça n’est pas une « idée » mais une structure réelle qui sort du sol, et ce sol est le réel, qui jusqu’alors se prenait comme monde(s). Elle s’instancie comme une structure qui ne varie pas et s’étant repérée comme telle quantité de contenus commencent de se multiplier. Jusque chacun soit à lui-même sa propre apparition ; évidemment depuis toujours chacun se-sait, mais depuis peu chacun sait qu’il se sait, ou donc peut développer une tactique, une stratégie (qui n’existait pas auparavant ; n’était pas autorisée ou ne pouvait même s’envisager).
Il faut que ce mouvement cette sortie du cercle survienne pour qu’elle devienne la forme même.
- sitôt que dieu est un et tout-autre (que tout et donc non identifiable par une partie ou une qualité du monde),
- une fois que la pensée se signe comme cohérence en elles-mêmes des intentionnalités (les idées),
- lorsque les autres je sont tenus comme égaux d’avec l’unique je (le christ) et donc égaux entre eux (de sorte que l’ampleur de toute intention se propage à toutes et chacune des consciences),
- si le sujet se tient dans sa propre vue et se suspend on ne sait comment ni où (en lui-même, par quoi il existe effectivement ici même et maintenant),
alors la structure du réel s’impose comme Bord de ce qui est ; et ce bord est son exister. L’exister est le bord du monde (qui n’a sans doute pas de « bord » en tant qu’univers ; son bord est interne à toute cette surface externe exposée, d’exposition, et l’être effet de l’exister qui est cause).
À partir de l’élaboration structurelle ; par la philosophie, les sciences et plus surprenant la politique et la révolution ; il devint possible d’inventer un monde humanisé puis personnalisé.
Si on admet une logique méta, qui passe par-dessus les historicités, c’est afin de sortir du monde donné, de la détermination, de la pluralité des systèmes (qui se contre-disent, comme le remarque Kant), des objets de désirs, des images recyclées (qui notamment récupèrent les années soixante et laissent chacun d’entrer dans la « modernité » par diverses sortes de révoltes qui font office de motivation, et dorénavant souvent motivations industriellement produites ; l’adolescence captée par de fausses vraies révoltes, ou originalités ou narcissisme, etc).
Le monde humain fabriqué depuis 2 siècles est à la fois la réalisation de l’humanisation et de la personnalisation et un piège historique fondamental. Par quoi on ne parvient pas, plus, à dépasser la réalité qui s’impose comme monde humanisé et personnalisé, lequel monde actuel réalise, rend réel, concrétise, impose absolument la seule formulation possible d’un monde « humain », sauf qu’il s’entretient continuellement dans l’incapacité de susciter de nouvelles perspectives ; ce monde humain consiste à dévorer le monde.
Et parfois ou souvent aboutit à épuiser le vivant que l’on est, lors même que tout s’emploie afin de sustenter ce corps, de démultiplier ses désirs, de maximiser ses affects ; tout ce dont est fait le piège ; étant entendu que l’économie est l’idéologie du corps, ou donc de l’arc de conscience pris dans et en tant que corps ; celui-ci offrant une substantivité, un substrat donné là qui unifie les intentionnalisations, au lieu que le je ou la pensée ou dieu ou le réel imposent leur logique immense : nous voici donc résolus à tel petit intérêt.
Jamais aucune religion ni quasiment aucune philosophie n’a poussé aux désirs et aux intérêts du monde, à ce semblant de ‘débauche de tout’ qui nous paraît si commune, cette ivresse, cet excès, ce surmenage. Puisque dans les religions ou les philosophies (ou les éthiques) il s’agit toujours d’interposer la gestion au moins des intentions ou des intentionnalités, face aux accès, excès immédiats, et si possible, outre la gestion, l’invention de nouveaux systèmes, intentionnels, puisque l’on se fonde non sur des idées, mais sur une structure ; laquelle s’impose comme universelle. Ce qui régule ipso facto les intentions, les intentionnalités ; la régulation ou la création des rapports compte-tenu de la logique du rapport possible, de la plus grande activité non selon le monde mais selon l’intention (ce que privilégie dieu, la pensée, le sujet et le réel, au lieu que le monde humain donné, le moi tombent dans l’immédiateté et ne maintiennent que péniblement l’architecture de structure).
De cela donc que notre conception d’immédiateté de la liberté ne supporte plus l’altérité et l’exigence (que lient dieu, la pensée, le sujet et le réel), lors même que l’on s’oblige de simuler une exigence, laquelle se glisse en fin de compte comme imaginaire (emplie de facilités et d’images), et non s’architecture comme intention ; dans l’imaginaire on y suppose un signifié des signifiants, et ce signifié imaginé est un mélange de corps et d’esprit, qui ne vérité tire vers le corps.
De là que Descartes commence par découpler l’esprit du corps. Puisqu’il comprenait la spécificité de notre corps comme passion et par passion l’intentionnalisation du corps (il n’est pas pour nous, êtres humains, de corps donné là, mais seulement un corps pris dans le champ intentionnel).
Par-dessous ou par-dessus tout contenu il y a un arc de conscience.
Il n’y a pas trente-six manières d’être conscience-de. Partout, quel que soit le langage, la société humaine, la civilisation, la personnalisation il n’est qu’une seule forme de conscience.
Croire que la conscience, cette forme en structure, se modifie de par quelque contenu que ce soit est absurde. Et c’est justement de dénoyauter cette structure de tout contenu en quoi consiste penser. Les philosophies, les systèmes développent avant tout des systèmes intentionnels ; ce qui ne consiste pas à apprendre le système par cœur, mais à penser, à reproduire et produire son intentionnalisation propre ; la formulation même de « la vérité » (quelle qu’elle soit) revient à postuler non pas tel discours, tel corpus, mais la capacité de signifier une mise en forme de la réalité, qui ne soit pas contradictoire d’avec notre être, cad notre structure. Aussi toutes les expérimentations, toutes les formulations, tous les contenus sont requis ; parce que l’ensemble de tous les discours s’attachent à délimiter la forme active de cet être. Et cet être n’existe qu’activement.
Son activité est son être, et sitôt qu’il sort de tout monde particulier, holistique, cyclique, communautaire, tout monde humain clos, il produit l’historicité, il invente le développement réel. L’arc intentionnel est instantanément en contact avec le réel brut (et prend position divine, métaphysique ou ontologique ; il crée ces catégories) et immédiatement avec le monde, le donné, le vécu, le corps, la perception, qu’il modifie concrètement.
Non en tant qu’effets, mais en tant que cause ; il médiatise la structure même de la conscience, de chaque conscience (et donc dieu s’adresse à chacun, la pensée doit être pensée, le christique vous convertit, Descartes vous l’imitez, de sa simple lecture, la révolution s’impose à tous, ou ensuite l’existentialisme est une révélation, sur la terrifiante présence du réel brut) et ces mouvements rendent possible que chaque conscience soit non pas le centre mais le lieu de l’expérimentation en propre (n’appartenant à rien que sa dépendance à dieu, à la vérité, l’universelle égalité de tous en jésus, à la liberté, cartésienne et révolutionnaire, au réel donné « là »). soit donc le lieu d’un saisissement. Par quoi l’arc de conscience n’est pas du tout du subjectif mais de l’hyper objectif.
Ainsi la pensée inaugure que la vérité existe indépendamment de tout groupe et de toute représentation et de toute subjectivité ou immédiateté ; sans cette évidence monolithique d’une altérite du Vrai, pas de sciences.
La restructuration du rapport tel qu’ici et maintenant permet de dénouer la structure réelle. En somme tout a corniste à découpler la vérité et le réel ; même si il s’agissait au débit d’acquérir la vérité comme principe en soi, il vint qu’il y a vérité parce qu’il y a réel, et non pas de la vérité on en déduirait le réel. Mais cela veut dire que la source de la vérité n’est pas l’auto-cohérence du discours lui-même mais son rapport au donné et au donné ‘là’ qui plus est ; étant entendu qu’il ne s’agit pas seulement du là immédiat de la perception, mais de la position existentielle du je, son instanciation dans le réel-même, l’actualité de la présence, la motivation et la mobilité de la, des capacités et la puissance, cad la potentialité de l’intentionnalité que l’on peut mener ; ce qui suppose l’intégrité et l’intégralité de l’activité de conscience ; que l’on veuille vraiment la vérité, et ce vraiment librement. Pour elles-mêmes : pour la vérité et pour la liberté. Ce qui veut dire parce que l’on a compris, intégré, admis, s’est pénétré du principe que le Rapport est plus grand que lui-même ; il n’est pas seulement plus grand que moi ou que quoi que ce soit dans le monde (de sorte qu’il est vain de l’identifier à tel ceci ou cela), il est plus grand que lui-même.
Ceci est la structure intime du rapport (et plus loin du réel), en quoi il est fondé de par son exigence même ; rétrogradant à vrai dire le bonheur ou la réalisation de soi ou de quoi que ce soit (ce qui se nomme humilité, pour le christique, ou abandon quant à la liberté, ou saisissement dans l’ex-stase).
Aucun contenu de conscience ne remonte dans la structure de conscience. Et nous existons donc à fleur de peau du rapport lui-même sans que jamais il nous soit possible de le tenir en dépendance d’une expression (bien que ce soit à partir de lui que se créent tous les champs, de perceptions mais aussi d’expression) nous existons, dit autrement, sur le Bord du réel, et ce instantanément (ce qui signifie antérieurement à toute constitution, identité, contenu, mais tout autant et cela nous concerne encore plus, nous implique absolument, nous existons au Bout de notre existence.
L’humilité est la finalité, et la fin de l’épisode terrestre ; à savoir que rien n’existe sans le Père (même si c’est « par le Fils », ça n’est jamais sans le Père, qui seul veut, cad intentionnalise). Seul moyen de se hisser au niveau, si l’on peut dire, de l’inconcevable Intention, du Grand Rapport qui inclut tous les rapports, certes (les ayant créés) mais également qui rend possible qu’il soit lui-même en devenir ; étant entendu que le christ est la seconde personne (intention) divine et qu’il nous nomme « ses frères », créant la troisième ; le saint-esprit. Que l’on tombe dans un abîme de stupéfaction (comment cela a-t-il pu être pensé?) ou que l’on croit ou se convertit, à chacun de voir.
L’abandon est la consistance même de la liberté, au contraire de ce que l’on entend habituellement ; ce par quoi la liberté se sait comme n’étant pas subjective mais structurelle ; c’est par là qu’elle se joint à l’égalité ; il s’agit d’abandonner le moi, et non pas de la haïr, de le juger selon une excellence dont il se jouerait lui-même, réinstallant un « autre-moi », de sa superbe morale, mais techniquement d’un je d’origine, un je dont la capacité resterait intacte et toujours accessible (rendant possible que l’on crée de l’intention, de l’intentionnalité) et ce à partir d’un point stratégique formel, blanc, neutre, vide, libre, détaché et investi à la fois et dont l’investissement se mesure à son détachement, à son ampleur ou à l’amplitude de son angle (de conscience, d’intention, d’universalisation, de réel), ou l’inverse (ils basculent l’un par l’autre).
Le détachement est la forme positive de la perspective pascalienne du « le moi haïssable », qui s’oppose frontalement à Descartes, lequel est celui qui met en jeu, sur la table le sujet tel quel ; et si détachement est la première partie (Eckhart par ex), il faut l’entendre, donc, positivement ; comme investissement. C’est le point qui surnage en psychanalyse lorsque le moi parvient à réintégrer on ne sait comment le Regard (qui le clouait sur place, il faisait ‘du surplace’, coincé) et par laquelle réintégration le moi peut se sentir soulagé, en quelque manière libéré, un regard extérieur capable de lui « pardonner » son état de faiblesse, de petitesse, d’inachèvement, son inégalité par rapport à sa propre vue (il se sur ou mésestime) ; ce que, soit dit en passant, opérait le christique … c’était déjà littéralement pré-vu.
La différence est celle-ci ; le christique ouvrait un champ immense de réel (dieu, pour le dire, et sa capacité, invraisemblable, à s’incarner dans la réalité ; la réalité supportant le divin et rendant la vie vécue, la subjectivité et l’objectivité possibles). Dans le cas du moi, psychanalysé, il libère sa vie vécue, pas plus, pas beaucoup plus… donc il remplace dieu par le psychanalyste (son regard « bienveillant » ou celui psychédélique de la pharmacopée diverse et variée) ou par la dépression, l’intentionnalité annulée à sa racine, à la base, antérieurement, l’asséchement de la source, de la vie vécue, de la réalité, du réel (la dépression est fondamentalement grave).
Lorsque Lacan invoque la capacité du sujet de se délivrer c’est lorsque celui-ci abandonne toute image de soi, toute identité, et que cette identité ne s’offre plus comme une norme mais comme une possibilité et c’est là que joue à plein le réel ; cette possibilité, sans norme, est celle qui a pu intégrer la logique du sujet. Lorsque le pouvoir être est également le devoir être ; ce que visait Nietzsche mais comme il se passait de l’universel et du sujet (ne s’abandonnant, encore, qu’en la Volonté, l’énergie, la positivité, l’affirmation de l’affirmation) il lui était quasi impossible d’élaborer une logique de la liberté qui soit tout aussi bien universel.
Le laisser-être de la psychanalyse, laisse être l’être… il ne laisse pas s’imposer ceci ou cela, mais le déroulement de l’être, en l’occurrence de ce que l’on est et que le moi, le coinçage du moi empêtrait, empêchait, mais s’il laisse devenir le désir (qui se caricaturait, se haïssait ou se vomissait ou s’obsessionnait ou s’angoissait, bref ne se reconnaissait pas) c’est à condition d’élévation ; le je sait que quelque objet que ce soit (du désir) il ne viendra pas, plus dévorer le moi, puisque le moi si il ne sait pas ou ne connaît pas à proprement parler le sujet, il se ressent, l’adopte, y adhère ; le je est en ce moi, cet ex-moi (ou plutôt cet ex-seulement-moi), comme le regard dégagé qui non seulement s’acquiert lui-même mais rend possible d’autres désirs (« que le désir continue de s’écrire » là où jusqu’alors, avant la cure, la « guérison » le désir bafouillait ou se répétait ou se normait, en prétendant par exemple se pré-voir, alors que justement il doit suivre les aléas, les ouvertures, les imprévisibilités, etc, du monde, de la vie, d’autrui, et de soi-même) ; et notamment d’autres désirs que ceux imprimés par l’autre, et ces substituts de l’autre que viennent préempter les industries, les images, la publicité, la pression ou l’omniprésence sociétale.
De là que l’invention, la création, découverte cartésienne délivre, littéralement, le je du carcan (certes pensé, intellectif, intellectuel, empli de connaissances) scolastique ou téhlogique ; rendant le je à la conscience ou la conscience au je ; puisque le je est hyper-objectif et non pas subjectif ; c’est plutôt le je qui admettra la subjectivité comme tel, puisque assigné, à ceci ou cela, il ne l’est plus, il se tient en retrait, à revers, à rebours, antérieurement, intouchable dans sa capacité, laquelle doit mais aussi peut dès lors se prouver, se chercher, s’explorer, aborder au monde, mais aussi au vécu, à la perception, qui ne sont plus régulés de l’extérieur mais de l’interne du je ; là où l’interne du je touche l’externe « qu’une réalité il y a » et un corps, un donné là, et quantité de champs de perceptions (qui viendront historiquement emplir le possible).
Tout ce qui revient à dire que le sujet, et tel qu’il existe pour nous et nous est accessible en tant que le je, est mouvement ; qu’il ne peut être saisi, défini, fixé, identifié, déterminé, objectivé, et qu’il ne peut se re-tenir d’un regard-autre, ni sociétal (qui cache toujours des groupes de domination, qui soumettent votre regard, cad votre intention aux leurs) ni selon le moi (le chosifiant psychologiquement ou l’engluant psychiquement, selon l’inconscient gelé par son passé, et dans l’impossibilité d’aborder actuellement le vécu, autrui, le désir ou de nouveaux objets imprévisibles).
Autre précision ; le regard est l’enjeu maximal, puisque sauf si il est libéré, on ne sait jamais « où » il est. Cet objet me fait de l’œil, cette image est plus vraie que moi, ces mots m’ont encerclé ; on ne sait pas qui regarde (ce dont la vie, les autres, les dominations ou le passé hérité ou pesant se font les choux gras, se nourrissent). Mais libéré cela veut dire qu’il est « nulle part » ; on peut être certain qu’il n’appartient plus à qui ou quoi que ce soit. Ainsi il est faux de dire que le sanhédrin, l’église, l’état possèdent la vérité ; ce sont eux qui appartiennent à la vérité, au réel, au peuple, au christique, à dieu … ça n’est pas du tout la même chose (ou dit autrement, du point des institutions il faut, c’est impératif, tuer les prophètes…).
C’est en ce sens que Lacan fustige « la science » qui sous couvert d’objectivité, impose une vérité (or pour Lacan il n’est de vérité que du sujet, ce qui veut dire que dans la science le moi se ment, ce qui vaut aussi bien pour tout « objet », comme si son désir étant mu par l’objet, tel objet, alors que ‘désir’ est un universel). Plus s’imposent les objectivités (dont la psychologie scientifique lorsqu’elle prétend prendre la place, occuper le sujet) plus nous nous emplissons d’angoisse et d’angoisse absolue ; est niée notre « subjectivité », lourdement ou subtilement. L’objectivisme éteint l’intentionnalité. L’objectivité veut se substituer au regard ; un monde d’objets séparés ou enchaînés par des lois (l’objectivisme c’est Platon sans Platon, c’est Descartes, le sujet mais évidé, abstrait, le néant qui absorbe). Dans l’objectivité c’est l’objet qui « est » le regard même, et qui supprime qu’il y ait une vue, une vision, un champ mouvant intentionnel.
Mouvement que seul le je perçoit ; cet interstice illimité antérieur à toute volition, imagination, pensée, désir, et antérieur à toute perception, est ce qui rend possible (tout le reste, qui paraît dans un champ intentionnel de signifiants, cad de rapports et de rapports sur un horizon mais aussi, dés lors, autour d’un « je ») mais ce je ne peut pas paraître dans son propre champ et c’est donc cela même qu’il cherche constamment à signifier. Il le reçoit mais en tant que signifiant (vide) de son sujet et ne peut pas le signifier en tant que contenu, déterminé, substantiel, ontique (relatif aux étants) ; il sera donc ontologique, ce qui veut dire logique. Le je est le logos en tant que le logos n’est pas le cosmos (ordonné et fixé) ou la métaphysique (le discours ou la pensée et l’universel ou les lois) mais l’ontologie qui avance en tant que structure, en tant que mouvement. C’est le mouvement qui est structure ; pourquoi serait-il mouvement sans structure ? C’est justement parce qu’il est organisation en lui-même comme forme qui se meut, qu’elle se meut.
C’est pour cela que l’univers réalise quelque « réel » inconnu qui est le sujet même de tout ce qui est ; ce qui « est » est pris dans l’exister qui se manifeste afin de se modifier (seul un sujet, cad un rapport, peut modifier son « être » qui n’est pas un être mais un mouvement).
Et le réel qui se crée comme je, obtient une face cartésienne et une face pascalienne ; l’investissement et le détachement. Ce qui vient, apparaît, se dialectise spontanément tel quel. L’affirmation du sujet et le silence des espaces infinis. L’un est plus accommodant que l’autre qui est violent. La violence divine de Pascal et la lucidité passionnée de Descartes. Le On heideggerien (versus le Sens de l'Etre) ou la motivation nietzschéenne (versus le nihilisme).
Sartre traque la distraction et veut à tout prix imposer l’investissement et sa dureté, et Lacan poursuit patiemment l’entracte, la suspension qui ouvre sur la positivité de la motivation étrange qui vient-en-plus (ce qui veut dire par dessus le moi et son image imaginaire). Et inversement Lacan et Sartre en exposant, exhibant les voies diverses, les intentionnalisations, la diversité des récits (dont « la vie » donnée à voir et à entendre, vécue selon des millions de versions différentes, déborde) assèchent les affects, les faux fuyants, les faire-semblants, les pseudo-désirs, les objets illusoires, et se laisse venir l’intention interne, celle qui existe antérieurement à tout ce qui vient ensuite, qui ne pense plus se résoudre dans les effets et les miroirs d’effets (quantité infini de miroirs de notre humanité), mais laisse venir la Cause, celle qui ne peut pas se représenter dans le monde, ni même nous venir du dehors, quand bien même autrui, puisqu’il faut d’abord savoir « comment il nous a aimé » avant de « s’aimer les uns les autres ».
Or il est dit que les uns-les autres offre le « comme je vous ai aimés » en une certaine forme, mais on ne saisit pas encore vraiment pourquoi ou comment (lors même que l’on a compris l’égalité des rapports, qui démultiplie ceux-ci ; ça n’est pas la seule raison).