L'historicité et le mouvement
Au début il n'existe que des mondes particuliers. Il faut être maya pour comprendre, percevoir, parler, se vivre dans le monde maya. Les mondes particuliers sont dits tels, particuliers, parce qu'ils créent, inventent chacun sa mise en forme culturelle ; ils créent la culture humaine, avec chacun son langage, ses échanges, son système familial, sa représentation ou sa mythologie (qui explique le monde et sa présence dans le monde), et globalement son système de perceptions. Ils inventent réellement la mise en forme culturelle, dans et par un groupe qui voit, parle, perçoit, se communique à lui-même et se transmet (dans la rigueur parce qu'il est impossible de perdre une partie de la mise en forme, sous peine de ne plus rien comprendre) ; le groupe qui vit et qui parle est la vérité, la véridicité, et de manière figurée ou non, le groupe pense ensemble.
Dans la conflagration généralisée (de multiples influences, de l’Asie à l’Afrique, du nord au sud) il se produit autour de la méditerranée une nouvelle mise en forme culturelle qui ne peut plus recevoir ce qualificatif ; on le nommera acculturation. À la fois parce que c'est une situation privative de la culture (les gens sont jetés dans les milieux humains divers et variés, ou à un moment déplacés dans la Pax romana, dans l’État romain universel) et en même temps ils apprennent à réunir toute cette dispersion ; mais alors ce ne sera plus une culture en elle-même mais les deux possibilités manifestes ; d'une part qu'il y a un monde (universel, unique, au dessous de tous les mondes humains divers) et d'autre part que chacun soit sa vie, individuelle (unique et en ceci que chacun a un corps, et donc Un corps dans Un monde).
Nb ; la pax romana est le milieu en lequel apparaît le christique ; il peut bien tendre la joue, puisque la paix est assuré par un État, le dieu des armées ne l'entendait pas ainsi, puisqu’il se devait de défendre, évidemment, son peuple élu.
Les grecs se chargent de l'universalité du même unique monde universel. Le christique (et antérieurement et postérieurement le monothéisme) désigne l’individualité comme Une en tant que ton-corps est le tien (ou dans le christique ; ton corps est le sien, crucifié, honni, banni, torturé, méprisé, destiné à la mort mais qui te regarde par dessus la mort et l'horreur et par delà ta propre vie, du vivant vers l'Existant).
On a vu que le monothéisme manifeste non pas que le divin soit ceci ou cela (le soleil, le principe, l'esprit du monde, etc) mais que dans le monothéisme le divin est l'Intention. Il est tellement l'intention qu'il a créé tout le reste. D'un côté l'intention, seule, nue, sans rien, et de l'autre le monde, les choses, les vivants, les humains, les anges (y compris révoltés), l'histoire.
L'hypothèse générale est qu'il y eut de la sorte ré-anthropologisation à partir des deux évidences ; qu'il y a un monde (et un seul) et que chacun est ce corps (et celui-là seulement et rien que celui-là). L'hypothèse sous l’hypothèse est que s’applique alors une réflexion, littéralement une réflexion ; un retour, on se regarde, s'observe, s'analyse ; parce que notre être est un tel regard, une perception détachée et autre que ce qu'elle perçoit et que prenant cette perception comme moyen on extériorise tout ; la pensée (universelle) est hors du monde, dieu, le christique sont hors du monde et hors de la vie de chacun ; nous entraînant à percevoir et donc analyser tout le visible à partir de ces points extrêmes découverts (ou révélés, comme on veut).
Dit autrement au lieu de produire un monde humain et de le considérer comme « naturellement » donné là, (on naît maya, on est maya), on s'aperçoit que c'est nous qui produisons ces mondes ; et on peut commencer d'en créer des tas ; des mondes philosophiques, politiques, éthiques, esthétiques, personnels, universels, etc. Nous prenons conscience de notre capacité de créer des systèmes de perceptions et il faut bien réguler, régler, organiser, partager, communiquer et transmettre ces mondes créés un par un et souvent relatifs à un tel ou tel autre individu ou selon cet étourdissement assez stupéfiant des Faits Majeurs universels ; à savoir qu'il y eut la pensée grecque, l’État romain, le christianisme, la renaissance, la révolution, la mass médiatisation généralisée (macro, les années soixante, et micro, internet). Rendant au fur et à mesure accessible que chacun soit à la fois séparé et coordonné avec tous les autres et non pas baignant dans un même-monde ; ce qui veut dire que chacun doit s'efforcer, prendre sur soi, admettre, instancier, organiser l’articulation de chaque chacun , pour ainsi dire, aux autres ; et ce par effort, par retour sur soi. Difficile, supposant l'unité du sujet, de relier les sujets ...
Les mondes particuliers furent dissous par l'acculturation généralisée qui eut lieu autour de la méditerranée, puis sur la planète entière. Mais dans un monde particulier (lorsque le groupe supporte la véridicité), il n'y a pas d'universalité (un seul monde) ni d'individualité (sinon le chef, le roi, l’empereur, etc, mais c'est une fonction) ; et si l'on veut Platon, Michel-Ange, ou Rimbaud ou Newton, il faut que chacun soit délivré et séparé, à chaque fois, et que cesse le poids organisateur mais écrasant, de la véridicité imposée par le groupe. Remarquons que la science, l'objectivité, la connaissance au sens moderne ne peut pas s'instancier elle-même, mais par une vision, une organisation externe, un se-savoir du sujet (qui s'initie centre et finalité, sous condition de cohérence ; le sujet n'est pas le subjectif).
Si dès lors la dite véridicité revient hors du groupe et à partir des sujets (entendant sujet non comme subjectif mais en tant que capable de tenir toutes les objectivités, subjectivités, perceptions, expressions, et donc d'une puissante cohérence s'instancient ces sujets) alors l’historicité non seulement naît (au sortir des mondes cycliques qui devaient préserver leur mémorisations intentionnelles, mot à mot, perçus comme monde donné là)
mais de plus cette historicité se démultiplie ; chaque arc de conscience étant en capacité d'augmenter l'ensemble de la mémoire (cad des intentionnalisations et des systèmes différents).
La quantité faramineuse des créations, des individualisations, ont pour finalité d'augmenter la capacité de chacun ; que vous soyez convertis par le christique, décuplés par Platon, éblouis par Vélasquez, étourdis par Mozart, exorbités par les Rolling Stones : peu importe vous serez touchés d'une manière ou d'une autre ; de même que le statut de citoyen (argumenté à celui de peuple, selon l'égalité) ne peut vous laisser indifférent mais vous crée (ce que vous avez de toute manière déjà appris à imaginer depuis tout récit, tout roman, et toute individuation de la perception) .
L'ensemble du mouvement veut atteindre chacun, par ses moyens et ses finalités, et dupliquer le dispositif-sujet ; ce qui ne se peut que si chacun sinon crée du moins invente et au minimum se modifie, se réoriente, étend sa probabilité, mesure son extension et préserve sa capacité ; que l'on ne se croit plus limité par son être donné, par sa vie, son passé, son héritage ; tout héritage est dynamité depuis 2000, 2500 ou 3000 ans, étant entendu que ce qui vient sur la scène ça n'est plus tel ou tel contenu, mais la structure qui produit des contenus et qui donc, elle-même, se définit, se visualise, s'imagine, se représente et programme, prévoit ses déplacements, ses possibilités.
Dieu, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel formulent cette représentation de l'irreprésentable mais qui si il échappe à la connaissance est absolument, formellement signifiant pour tout sujet. Pour tout sujet qui ne se prend pas pour une partie de monde, mais intuitionne le caractère formel de ce qui n'est plus son être (situé, hiérarchiquement par ex ou catégoriquement, esclave/libre, homme/femme, pauvre/riche, etc) mais est son ex-sitence. Qui relève à la base du Regard "qui s'est élevé" hors du monde.
Il s'agit d'admettre puis d'observer ce qui se passe ; pour les grecs, la découverte de la production effective de contenus outrepasse tout contenu immédiat (immédiat en et par un groupe, immédiat selon la perception naturelle) ; par le christique le dépassement de l'immédiateté de la vie et l'intransigeance qui remonte bien antérieurement ; bien antérieurement à tout contenu et à toute intention immédiate et donc requiert un point-autre qui organise cette antériorité ; nous ne sommes pas notre vie mais le point de regard sur cette vie, en l’occurrence le christ ; point-autre qui sera réinvesti ensuite de plus en plus distinctement, mais sans parvenir à l'envergure sidérante du christique ; chaque sujet sera à son imitation, serait-elle contradictoire.
Christique reconnaissant l'intégral renouvellement continuel que suppose l'Intention (dieu, le christique, l'esprit, le sujet, mais également la vérité au sens grec comme principe et non pas comme contenu) et christique situé plus avant dans l'antériorité (on ne sait « où » s'initie l'intention ni comment elle aboutit) le christique pourra reprendre à son compte la totalité de la pensée et des intentionnalisations (que sont les idées et les systèmes, éthiques ou politiques ou les connaissances au sens métaphysiques, etc) ; au lieu de « seulement » contrôler les contenus (par la pensée), on cherche à contrôler le processus même d'intentionnalité et de le distinguer, le percevoir, le découpler de ses opérations. Et ce jusqu'à Lacan (et s'ajoutant à la phénoménologie durcie de Sartre) qui tente de cartographier les effets dans un corps, un vécu, un moi, les affects, jusqu'à délimiter la cause interne des effets (nous sommes les effets, elle est la cause ; ceci n'a pas pour but de nous clouer au donné, au vécu ou au corps, mais parvenir à user de l'intentionnalité, ou donc de l'articulaiton qui évidemment modifie le corps en tant que surface, subissant psychanalytiquement ou intensifiant que des signes s'écrivent).
Que le christique imprime le renouvellement continuel, revient à réaffirmer l'intention initiale et lance sa conséquence fondamentale ; le pardon, ou donc, pour le dire, qu'aucune intentionnalité vécue, éprouvée, perçue ne détruit l'intention en tant que structure (puisque tout ce qui arrive c'est par, selon et pour la structure intentionnelle). Ce qui revient au principe (double) liberté-égalité, lequel est en lui-même beaucoup plus précis que n’importe quel autre ; si l'intention est le chantier, le processus toujours en fonction, toujours actif et toujours renouvelé alors soi-même et autrui s'organisent , surtout comme historicité et comme vivant selon l'Existant qui re-Crée à chaque fois.
La philosophie
Pour ce qui est de la philosophie, elle est passée, très sommairement, de la découverte de la capacité à créer des contenus (les idées) à la situation très précise de cela même qui crée des contenus. À savoir l'arc de conscience, l'intentionnalité, l'intention. Les idées sont elles-mêmes des intentionnalisations auxquelles parvient chacun lorsqu'il pense ; de ce qu'il produit lui-même ces pensées il perçoit plus et plus loin et de façon plus ordonné que selon le groupe humain ou la mise en forme culturelle ; ainsi a-t-il affaire directement au monde donné « là » ; le « là » monumental étant dénommé l'être, le fait d'être universalisable dans des intentionnalisations, qui prennent immédiatement cette formulation, universelle ; parce qu'intentionnalité est un rapport, qui ne tient pas au contenu de départ ou à celui d'arrivée (il ne désigne pas la chose là, dans le monde, particulière), mais ce rapport signifie l'universalisation elle-même. De la sorte peuvent se construire des systèmes qui recherchent leur cohérence puisque par là l'intentionnalité ne se perd pas et assure son maintien, reliant et liant continuellement ; non seulement cohérence et réflexion du contenu électif (les idées) sur lui-même mais cohérence dans la pratique, la perception, l'éthique, la politique, la connaissance, etc ; l’adéquation globale intérieure et extérieure. La pensée ne fut jamais séparée du monde, même platonicienne, puisque par les idées on perçoit beaucoup plus.
Or la philosophie ne s'est nullement limitée à la « connaissance » ; elle est réflexion, retour sur, et retour sur cet être étrange qui-pense, cad intentionnalise (de là qu'aucun domaine ne lui est extérieur, puisqu’elle s'attache au noyau, au mouvement réel qui-pense, qui-relie). Et réflexion sur cet être qui le découvre, cet être, comme n'étant pas un être (par ex à l'origine nous sommes volonté-cartésienne), mais ensuite on en vient à considérer et admettre que l'intentionnalité est en elle-même ce qui décrit le mieux ce mouvement ; par Husserl et Sartre ; Husserl demeure dans l'idéal idéaliste, Sartre l'instancie dans ce-corps, ce-regard, cette-vie, dotée de ses affects propres, qui sont bien plus précis, que ceux de Heidegger par ex, et en attente de Lacan qui va analyser les plis et replis de l’articulation (sur-un-corps, vivant et qui en souffre) de conscience (Lacan est obligé de nier la conscience, sartrienne, pour faire émerger et percevoir les tours et détours existants et mouvants, et l’ensemble des affects encore plus profondément instanciés dans et à la surface de ce corps).
Ce qui est objectivé ça n'est plus la pensée (on en a fait le tour et déplacé toutes les occurrences, qui attendront Hegel pour dresser leur double phénoménologie, de la conscience en devenir et du savoir des idées, des déplacements de la conscience) mais la nature de cet être qui n'est pas un être (ne serait-ce de ce que quantité de contenus divers et variés lui sont accessibles d’une part et possibles d'autre part, ceux qu'il crée) ; son analyse débute par Descartes jusque Lacan. La pensée et l'ensemble de son domaine cède le pas à la réflexivité, au retour sur cet-être étrange ; dont on croit qu'il désigne avec Husserl une unité idéelle, idéale, mais dont on commence de saisir également et ce dès ce deuxième début, cartésien, qu'il est comme une île, voire une absurdité dans ce que l'on va nommer l’univers (le silence des espaces infinis). Nous sommes à ce point impressionné par son gigantisme que paraissent ridicules nos attentes. Lesquelles seront alors interprétées par et selon la disproportion de la réalité : égarés dans son immensité. Et l'idée même de « conscience » est alors bannie, on tente de la démonter, mais aucun concept selon le monde ne peut atteindre l'articulation intentionnelle (puisque toutes sont produites dans cet articulé).
Et l'énormité de l'univers a-t-elle quelque rapport avec la puissance propre de cet arc de conscience ?
Si l’intuition interne à la structure était du même ordre que le monde, aussi énorme soit-il, elle doublerait la réalité donnée là ; elle laisserait supposer une « autre sorte de réalité » mais qui ressemblerait quasiment à cette réalité donnée ; quel intérêt ? Retenons que si ce dont nous obtenons la prééminence existe, l'articulation, le regard, la structure, ça ne sera certes pas à la ressemblance du monde donné, du vécu ou du corps. Si elle existe, elle est non déterminée. On devra donc définir l'indéterminé. Ce qui est le but.
Et il faut au minimum supposer une telle distinction puisque notre capacité, susceptible de prendre à rebours n'importe quel donné (au point de remettre en cause toute la planète, et plus évidemment capable de remettre en cause les conditions de telle situation), cette capacité ne fonctionne que de s'articuler extérieurement, du dehors ; quel dehors ? (On a nommé cela le Bord du monde). On a un corps, on ne l'est pas. On a une vie, et bien que beaucoup s’emploient à nous convaincre du contraire, on ne l'est pas (le christique initie que nous ne sommes pas, du monde, du vécu ou du corps) ; nous ne sommes pas de l'ordre de l'être (L'objectivisme reste, quant à lui, coincé dans le principe de l'être et demeure extrêmement métaphysique, tandis que la philosophie est passée depuis longtemps dans la structure, depuis Descartes, et en vérité les grecs supposaient déjà le retournement étrange de toute pensée, selon l'être, le bien, le un, etc).
C'est pour cela, entre autre, qu'il faut supposer un dispositif sujet ; rappelons que le sujet est seul capable d'être destiné à la perfection, et dès l'abord au perfectionnement continué ; le mouvement qu'est le réel ne peut pas s'arrêter, il ne s’arrêtera jamais et s’élèvera sans cesse, pour peu que l'on s'y engage ; une perfection fixée, figée, est un non sens.
Les devenirs
Tel ou tel à tel moment de telle époque de l'historicité un je prend sur soi, en tant que dispositif-sujet, et s'attache non seulement à la réalité, aux réalités, mais au réel, à la structure (de toutes réalités) et remodèle le champ. Un groupe concocte son monde, un sujet est face au donné "là". Le je, le sujet est non seulement capable mais crée l'objectivité, l'altérité, et relève d'une énorme cohérence interne au confluent de tout ce qui vient, monde, vécus, perceptions, corps, désirs, bref tout. Ce qui engendre un certain chaos, mais c'est qu'il revient au sujet, et en définitive à chacun, de s'élaborer suffisamment et c'est le but de toute une historicité de créer un royaume de sujets, assez bien ordonnés eux-mêmes, qu'il puisse reposer sur sa propre force, sa propre capacité. Sujet ordonné et non pas assurant sa subjectivité, ni même une certaine composition de contenus, plus ou moins originaux, mais la structure, abstraite et existentielle, argumentée et vivante, éprouvée et créant les affects adéquats, les perceptions et les couleurs, et fondamentalement amène la structure elle-même (qui est universelle et unique, purement formelle et pourtant absolument singulière, puisque formelle) au plus près, au plus proche. Cent mille créateurs, dix mille artistes, mille poètes, adoration des créateurs, ce qui se mène depuis la Renaissance (et bien avant) en noms propres et non plus sous le couvert ritualisé d'une église, ou d'une communauté.
Or il s'agit précisément de propager l'esprit, même en dehors de l’église, puisqu’il ne convient pas que l'esprit soit accaparé. Si l'esprit doit descendre en tous c'est en chacun ; ce qui manquait à toute église s'obtient historiquement comme déploiement de toute individualité, mais de toute individualité déjà élevée et organisée (et non pas laissée à la naturalité ou à l’immédiateté ou aux seules vies déjetées, ni aux mois donnés là) et ainsi déjà une individualité architecturée et reliée, coordonnée, partagée. C'est parce que ceux-là furent déjà ordonnés intentionnellement qu'ils seront en mesure de remodeler les champs de perceptions et l'unité de liberté, en tant que cohérence et non pas comme battant la campagne.
Répétons que l’articulation, cad le mouvement, est cela même qui doit se propager. La vérité se partage, la liberté se propage, et jamais l'un sans l'autre, de même que s'affirmer soi comme libre inclus de fait la liberté d'autrui.
Le christique est d'abord venu éclairer l'égalité parfaite (en intention, relativement à cette structure de l’intention, qui étant autre, que toute part du monde ou du vécu, est semblable en chacun et indéfiniment renouvelable, avec ou sans le Regard christique) et ensuite il fallut en tirer la liberté pure et brute ; ce que fit Descartes en amenant la pensée à son origine ; la « volonté ». Qui deviendra l'intentionnalité (après être passée par Kant, Hegel, Husserl). Il faut du temps pour que ce qui est en dehors de la scène de la représentation passe au-devant de la scène et se montre ; il faut que tel ou tel sujet parvienne à suffisamment de clarté et au travers de sa propre épreuve (et cette épreuve est sa preuve, comme le cogito cartésien). Tout ce qui touche à l'intentionnalité transforme la totalité des intentionnalisations ; c'est bien pour cela qu'il existe cette fonction qu'est « la conscience » ; pour intégrer dans son propre champ et de par soi ce qui paraît (et ne peut être ni perçu ni mémorisé autrement ; ni dans l'atome, ni dans l'adn, et non plus par les mises en forme culturelle de groupe, puisque nous sommes passés à plus précis et plus resserré ; que chacun centralise l'expérimentation au lieu que ce soit la communauté dans sa mémoire culturelle ; l’universalisation qu'opère le langage devient l'universalisation en elle-même, grecque, l'individualisation de l'intention devient la règle absolue, dieu lui-même faisant foi ; le christ est dieu, rappel).
Chacun ses repères, cad son repérage. Il existe dix mille entrées immédiatement accessibles, puisque nous nous sommes ingéniés à organiser quantité de "musées", de toute sorte, de répertoire, de catalogues, et que nous précédant cent mille créateurs ont exploré et donc Créé les lignes effectivement réelles de la Possibilité. Le Créé est finalité même ; continuer la Création. Or on s'aprçoit, ce disant, que l'on ne peut créer sans liberté pure et brute ; quel sens cela aurait-il sinon ? Il faut, pour que le perfectionnement s'acquiert, qu'il repose sur sa propre force, son propre mouvement, sa capacité exclusive ; cette exclusivité semble non universelle... mais c'est l'inverse, il n'y a d'universel que par la forme-sujet, cad par un rapport qui est à lui-même son propre rapport et sa puissante cohérence, plus puissante que quoi que ce soit au monde et bien plus que toute vie vécue. Le rapport seul crée, le rapport est déjà toujours universel.
Laquelle, bien qu'elle soit l'essence du réel, cette Possibilité, rend impératifs les devenirs dans tous les sens ; puisque ça n'est pas une essence... Que le réel ne soit pas une essence ne laisse aucune autre caractérisation que celle du Créé ou de l'acte. Et aucune compréhension qui soit inférieure en niveau à celui de l'acte pur et originellement brut ; lequel lentement tendra à se subtiliser, à s'élever. Étant entendu que l'acte est lui-même toujours actif et toujours le plus-grand-réel, et ce en un sens spécifique ; il continue de s'élever, et nous ignorons jusqu'où il peut s'élever. Et dépendront encore et dépendront toujours de votre engagement (dans l'existence, dans l'exister) les hauteurs de cette réal-isation du pur et brut réel.
C'est par cela que se délimite le plus fortement la capacité (du réel et donc de chaque arc de conscience) ; comme l'énonce presque clairement le christique, c'est déjà commencé, c'est commencé depuis le début. Le réel est un commencement continué, sera toujours un Commencement absolu. (Tout est transcendance, cad Articulation, et les immanences, qui sont bien concrètes, sont dedans).
Ce que l'on nomme le dispositif-sujet (seul susceptible de lancer et relever constamment la perfection) est probablement une pâle évocation de l'activité-sujet, aux innombrables devenirs, bien au-delà de nos intuitions. Mais comme l'Acte, la structure existent comme formes, alors l’inauguration, l'initiation, l'initialisation d'une intuition est déjà pourtant tout entièrement la forme elle-même qui ne peut pas se scinder. Aussi lorsque le christique se désigne en personne comme étant ici même le divin, il suppose le complet activisme du réel. Il peut exister une indéfinité de compositions, mais le mouvement est unique et continu, et on a vu qu'il existe plus fondamentalement que n'importe quelle détermination, destinée à la disparition. Seul le mouvement existe, le rapport, la structure.