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instants philosophie

Le moi et la liberté

26 Février 2014, 14:41pm

Publié par pascal doyelle

Si l’on passe outre les agrippements modernes ou post modernes qui voudraient nous convaincre de la discontinuité de la pensée, il faut alors considérer la totalité du déroulement du sortir des mondes locaux (monde immédiat-langage-groupe) jusqu’à l’explosion contemporaine ou peu s’en faut de la personnalisation.

Notre monde humain se caractérise par ceci qu’au 20éme il fut inventer le moi. Le moi comme continuation de l’humanisation elle-même fondée par l’universalité (de la raison, des sciences, du conscient, de l’Etat ou du droit, de la culture universelle nommée acculturation généralisée, etc). La personnalisation est donc un acquis absolu par lequel chacun fait retour à soi, mais contrairement à l’humanisation et l’universalité, le moi est fondé structurellement sur le libre-même (et non sur l'autre principe ; celui de vérité-il-y-a).

Il faut donc en conclure que le libre est lui aussi la réalisation de l’universel, en tant que l’universel, devient, s’incruste, se réalise, se rend réel ici même en et par chacun. On voudrait nous convaincre que le libre (puisqu’il est retour sur soi) se fonde lui-même et n’a d’autre paramètre que sa seule volonté. En réalité le libre n’est possible que comme surcroit de l’universalité et de l’humanisation ; sans quoi le libre disparait, cesse, s’anéantit, se rend en un mot impossible.

C’est que l’on crut pouvoir se passer de l’universel et de l’humanisation, et les remplacer par une sorte de spontanément soi et d’évidences des finalités qui naîtraient de la nature humaine en tant que libre, en tant qu’êtres libres, qui seraient si immédiatement eux-mêmes qu’ils trouveraient bien les fins leur convenant et de cela automatiquement réelles et donc vraies. (on voit donc que le principe s'inverse ; le vrai ne résoud plus le réel, mais le réel le vrai).

En fait chacun peut bien croire en cette finalité immédiate, mais chacun se situe déjà dans un monde humain (d’Etat et de droit, d’acculturation généralisée, de science installée, etc). de sorte que l’on ne peut qu’opérer une relativisation sur ce point de vue qui ne perçoit plus réellement ce qui est en jeu, faute de comprendre comme son être « spontané » est construit et préélaboré dans et par l’universel et l’humanisation.

Chacun en tant que moi tend à considérer son être comme absolument spontané, et croit en cette vérité. Il est absolument impossible de réduire cette croyance ; elle est incrustée et pourvoit à l’ordonnance même de son vécu ; le moi est indissolublement lui-même et reconstitue sa racine, son immédiateté et sa synthèse totalement en soi, au point qu’un décrochage hors de cette racine est une angoisse absolue, un déraillement, une perte ou qu'une synthèse absconse, absurde, délirante, rend impossible le vécu lui-même. Et cette synthèse est profondément enfouie dans le donné même du vécu.

C’est donc en plus, en-plus, que s’installe non seulement l’universel (qui décentre le moi, ou la synthèse fut-elle celle d’un groupe) mais aussi que s'anime le libre réellement consenti ; le libre comme élaboration. Ce qui n’est pas évident du tout, tant le libre se confond pour le moi avec son désir (et fondamentalement son désir d’être, jusqu’au sens psychanalytique lacanien ; dans la ou les racines de sa synthèse immédiate, du corps-le-là).

Pour tout moi, incrusté en sa synthèse indissoluble, non seulement la vérité et l’universalité, mais aussi le libre-même sont non pas de l'immédiateté mais une construction, une élaboration ; on n’est pas né réflexivement, on le devient, et on le devient forcément (conformément à notre être, au sens où l'on est-libre de fait, mais non pas tel un état inerte, évidemment), mais l’on peut accueillir, ou recueillir ou augmenté (par l’universel) ou accéléré (par le libre assumé) cet être. Sauf qu’il faut bien être conscient qu’en aucun cas l’accession au libre et à la vérité comme principe, est périphérique, en-plus, et ne dénoyaute pas le moi dans sa synthèse spontanée.

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L'invention de la pensée (la réflexivité systématique)

22 Février 2014, 10:05am

Publié par pascal doyelle

La philosophie est ainsi ce qui prend en charge ce qui arrive à l’humain, lorsque les mondes particuliers s’avèrent insuffisants (en leur synthèse immédiate qui admet son monde localisé et accepte la parole comme telle) ; le dépassement en et par la réflexivité qui commence d’apparaitre esthétiquement, éthiquement, politiquement et idéellement. Il fallait une théorie qui puisse rendre compte de ce surgissement ; la philosophie est la réflexion sur la réflexivité.

De là qu’elle s’intéresse aussi soudainement à tous les dépassements ; elle se mêle du beau, du vrai, du bien ; mais elle développe également son propre champ ; elle ramène toute la réflexivité en ces diverses compostions et poursuit sa propre fin ; le savoir.

Puisque le savoir n’est pas distinct des sciences à ce moment, qu’il fait office de science en ce début, il serait possible de caricaturer la philosophie comme intellectuelle (et promotionnant et déployant l’idéel), mais à condition, déjà, qu’elle soit en même temps intellective (statuant sur « ce qui est » du point de vue de la réflexivité) ; auparavant il était une vérité, (tenue pour telle dans chaque groupe humain), il est maintenant posé au préalable « il y a de la vérité », mais on ne sait pas quelle elle est. Or néanmoins il est Certain qu’il y a de la vérité ; laquelle vérité s’affirme comme principe fondamental (et non plus comme contenu).

Mais malgré l’extension de l‘intellectualité (d’un savoir-science) en l‘intellectif (le fondement de ce qui est, connu métaphysiquement, ou pour mieux dire ontologiquement ; on déléguera métaphysique à l’ordre du discours, de la pensée, et ontologique à la précision de « cela » qu’est ce-qui-est, sa caractérisation en propre ; de sorte qu’il est deux réels ontologiques, l’être et le sujet cartésien), la philosophie est en elle-même, plus que cette théorie : elle est la pensée entendant par là qu’elle se finalise à partir de rien ; elle fait sortir de terre son être.

Et puisqu'elle prend en charge de révéler ce qui arrive à l'humain, elle manifeste l'être de l'homme en tant que formel (il y a de la vérité et non pas une vérité).

La réflexivité est en effet absolument vide et sans rien ; elle ne peut compter sur le groupe, le langage, l’immédiateté, le corps et la perception ; elle doit donc élaborer sa propre compréhension. Elle doit se finaliser et découvrir son but. Il serait faux de croire qu’elle se limite à présenter la nature intellectuelle, ni même intellective de notre être ; son programme complet consiste à faire-être cet être de la réflexivité, qui n’a ni nom, ni mot et encore moins de phrases qui l’énoncent ; elle doit l’inscrire comme être réel et effectivement actif.

En cela la philosophie n’est pas du tout essentiellement idées ou système d’idées, mais présence active qui s’élabore et qui se fait-être en même temps que se dire, que se signifier. C’est un être, solide et existant dans les faits, qui se construit et se consolide de son mouvement même. Il est clair que ce qui parait n’existait pas auparavant et qu’ensuite se surprenant lui-même, il est.

Ce qui apparait est une structure qui se met en place et utilise les idées mais également toutes sortes de signes qui puissent indiquer les points et les retours de réflexivité ; son attention aux élaborations qui se remarquent de dépasser l’emploi d’un monde particulier pour subvenir enfin au monde général, au monde universel. C’est donc un être agissant dans le monde (unique cette fois) qui réemploie ce monde unique afin d’en élaborer ses activités de réflexivité.

Antérieurement

Un tel monde (l’être) et son être adéquat (la réflexivité) ne s’étaient pas réalisés antérieurement ; ou plus exactement ils étaient tenus sous le boisseau par un groupe-langage-monde local. Lequel clôturait la réflexivité dite synthétique en retour vers le groupe et la parole faisant office de vérité (stricte, comme contenu et non comme principe). Evidement lors même que réflexivité synthétique, il s’élaborait des réflexivités (éthiques, esthétiques, idéelles, d’humanisation et de personnalisation, etc) mais comme éléments limités ; par les grecs le réflexif se veut lui-même et se sait tel. il le sait dés le début et instantanément de par soi, puisqu’étant réflexif il serait incompréhensible qu’il ne se sache pas lui-même, d’où sa certitude, quand bien même était-il vide et seulement formel ; cela n’influe aucunement sur son être d’être dépourvu de vérités ou de se contredire, et si la vérité comme technologie est si insistante ça n’est pas seulement pour effectivement détenir telle ou telle vérité, mais afin que la construction de cet être puisse se repérer elle-même dans et sur le nouveau monde découvert par le surgissement du réflexif ; que cet être puisse s’élaborer en dur et solidement.

De sorte qu’il ne faut pas seulement lire telle ou telle vérité, mais ce que telle ou telle vérité inaugure de présences au monde, au donné, au vécu ; c’est même là les raisons d’être de l’esthétique, de l’éthique, du politique ou de l’idéel ; que monde-vécu-donné puissent être recomposés par et dans cet être réflexif. Qu’il se compose donc par ex un corps adéquat ; un corps universel susceptible de recevoir les nouvelles quantités de perceptions, de ressentis, de possibilités qu’ouvrent la pensée. Etant entendu que la pensée excède le pensable, la théorie, mais qu’elle est elle-même présence au monde, au donné là et au vécu.

Et évidemment présences très précises … sinon on ne voit pas qu’elle serait réflexive ; la réflexivité est retour-sur et donc ne se retourne pas sur « rien », elle est prise en compte de tel élément (donné, perçu, parlé, etc). La caricature d’après laquelle la philosophie ne penserait rien (ou du bavardage), est une absurdité ; c’est seulement une mésinterprétation rétroactive (on juge de cela qui fut en fonction de ce que l’on est, là à tel moment, alors que ce que l’on est actuellement, est « ce qui fut » tel que devenu ; sans la pensée antérieure et l’élaboration réflexive, on ne serait pas). La réflexivité, de fait et au départ de toute son intention, re-prend tel donné, monde ou tel vécu ; elle ajoute un autre devenir. Elle est le monde voulu systématiquement.

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L'intensité et le nihilisme

19 Février 2014, 15:04pm

Publié par pascal doyelle

On peut dire donc que lorsque la philo invoque dieu ou le sujet ou la pensée ou l’être, etc, elle ne les évoque pas (comme des miasmes brumeux ou des flocons inidentifiables), elle rapporte très exactement ce qui est par chacun (pourvu qu’il philosophe : on n’a rien sans rien ...) constatable.

Il se trouve qu’embarqués comme nous le sommes chacun dans notre moi, notre personne, à l’aboutissement de processus de personnalisation très concrets et absolument valides mais restreints et limitatifs, on conçoit difficilement autre chose qui puisse outrepasser le moi ou donc ce qui lui correspond intellectuellement ou pour mieux dire intellectivement ; ce qui lui correspond étant le sujet absent de la science. On ne pourrait plus dépasser le sujet absent de la science… Tout montre par ailleurs le contraire mais on est en panne de le penser…
Tel n’est pas le cas philosophiquement. En philosophie le sujet n’est pas absent mais investi et intensément. La philosophie est l’intensité maniée avec rigueur puisque intensité ne signifie pas quantité mais qualité et concentration ; ce que Nietzsche relève bien effectivement. Et le sujet philosophique est investi mais en sa qualité propre qui est de ne pas succomber au subjectivisme, qu’elle maintient pourtant tout autant, tout en absorbant n’importe quel objectivisme. Le sujet philosophique est celui qui porte à l’excès le total investissement qui expose jusqu’à son être même (à subir les foudres ou les affres de ce qui est). Et ce non par sacrifice mais parce que notre être n’existe que dans l’explosion et l’exposition.
C’est donc par frilosité que l’on s’entoure de théories objectivistes et de délires subjectifs, le philosophe non. Le nihilisme est précisément ceci ; que l’on n’a plus l’envie ou l'idée ou l’ouverture nécessaire à soupçonner le passage de notre être à l’ensemble de tout ce qui est ; on croit que cette ouverture est restreinte, limitée, pauvre, négative, faible, etc. On critique constamment, ce qui est bien, mais sans être en mesure d’assurer quelque certitude que ce soit ; alors que la pensée grecque, Descartes ou Nietzsche sont précisément d’affirmer instantanément que la vérité est et que l’on est libre.
De cette manière il devient impossible de comprendre adéquatement ce que les autres, les précédents, les très anciens ou les fougueux voulurent et pensèrent ; on se contente d’interprétations réductionnistes et qui ramènent très littéralement telle certitude à une idéologie ou une illusion ou un bavardage ou ce que l’on voudra. Ils ne sont juste plus capables d’admettre en eux la certitude qui fut, tant ils s’identifient à leur limitation sous la forme du moi (et toute espèce d’identités qui lui sont accolées, le corps, l’inconscient, la société, etc, ou de se situer en position dans le sujet absent de lui-même). Il devient en ce cas impossible de s’enflammer à nouveau et de souffler l’universel ou pousser le libre plus loin, tout se fige et stationne.
La philosophie anime donc du dedans la structure puissante de notre être, et c’est son articulation qui est essentiellement débordante de variations et de possibilités d’où les multiples pensées qui en désire les conditions, en décrivent les points d’ouverture, d’ouverture à « ce qui est tel que cela est », tout cela demeurant intensément vivant parce que pluriel. La certitude est à un autre niveau que celui immédiat de la pluralité des discours, elle est un système formel en seconde puissance, (au sens propre et figuré), et c’est donc cette articulation qui est décrite, élaborée, et qui avance au fur et à mesure de sa description, pensée, intensifiée. Cette capacité de vérités et de libertés;

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La possibilité de la philosophie

16 Février 2014, 13:42pm

Publié par pascal doyelle

La philosophie n’est pas un discours, une théorie, mais est une conscience. Elle ne rentre en aucune formulation et les utilise toutes, les use et en abuse autant qu’il faut. Pourquoi la philosophie est-elle difficile ? Voir incompréhensible ? Ou apparemment dépourvue de sens ?

Parce qu’elle ne s’obtient pas sans diverger d’un rapport à qui l’on est ; elle n’est pas un discours plaqué extérieurement et demeure incompréhensible tant que l’on ne saisit pas qu’elle remplace la conscience (personnelle, individualisée, celle du moi) que l’on est, par une autre-conscience. C’est comme ça ; on ne peut pas comprendre ses « objets » sans s’apercevoir que ces « objets » sont des rapports, des liaisons, des relations entre ; que donc ces objets existent en et par une conscience qui rebrousse chemin en son être même.

De là que si l’on demeure extérieur, que l’on croit pouvoir exposer objectivement ces relations qui existent en interne (à cette réflexivité, la réflexivité n’a pas d’intériorité, l'interne n'est pas l'intériorité mais se dit de la structure, vide et formelle), on tombe sur des mots, du langage apparemment, des signes, des renvois on ne sait où, des transcendances auquel visiblement il faudrait « croire » pour les approcher et comme on n’est pas disposé du tout à « croire », ces transcendances sont rejetées. En ceci on a tout à fait raison ; il ne faut pas croire (philosophiquement s’entend, hors philosophie on fait ce que l’on veut). Mais justement la philosophie ne « croit » pas en ses, ces objets transcendants ; elle les manipule.

La plus jolie manipulation est évidement celle de Descartes … Manipuler l’idée de dieu jusqu’à la transformer intégralement en quelques mots ou phrases qui marquent définitivement tout l’être de dieu (et ce sans le déguiser ou le détruire, comble du comble …) est une absolue folie pourtant radicalement réalisée, rendue réelle, active et profonde.

Si l’être de la philosophie (cad non pas son essence mais sa structure ; elle n’a pas d’essence, en fait rien n’a d’essence ; et si on lit la philosophie on s’apercevra que c’est de dia-lectique qu’il s’agit ce qui veut dire d’un mouvement constant et d’autant plus réel qu’il est plus soutenu) est le sujet indéfiniment ouvert, il faut le comprendre tel quel ; comme le sujet de la phrase.

Il faut donc réaliser la pensée en interne ; de l’intérieur de notre être et cela signifie du dedans du moi. En tant qu'il se retourne, comme un gant, en tant que décentrement. De là que l’on ait un mal fou à admettre d’une part et ensuite à s’y tenir (parce que c’est impossible ; on ne peut pas exister « décentré », il faut entrainer le moi, cette identité qui repose en définitive sur le corps et la cervelle, « là », hors de lui-même). A admettre parce que de quitter le moi, ça ressemble à une conversion ou une secte ou un parti communiste (!) ; les grecs ont conçu cette dépendance de « qui l’on est » envers, vers la pensée, parce qu’ils ont vu instantanément que la pensée est plus grande que le moi, l’individualité, et que puisqu’elle est « ce que nous sommes » il est un bien absolu à dépendre de « qui nous sommes ».

Ceci repose donc sur cela ; en tant que l’on pense on obtient très exactement de réaliser, faire-être, rendre réel « ce que l’on est ». Ou donc : lorsque nous sortons des mondes immédiats la réflexivité qui s’empare de toute l’humanisation (des grecs, des chrétiens, de Descartes, des sujets, etc) est « effectivement réelle », elle est « ce qui doit être », parce qu’elle est « ce qui peut être ».

De même le moi est un bricolage, une synthèse immédiate du vécu (si ce n’est que par ailleurs il est l’idée de soi, existant comme libre pur, très limité mais suffisant puisque par nature limité, ça n’est pas un manque ou un défaut, et on n’imagine même pas ce que « entièrement libre » veut dire), et sortir du moi est non pas l’annuler (comme on a pu l’interpréter diversement selon telle dogmatisme ou religion), mais le rendre à son être de base ; le sujet, le sujet de la phrase.

La phrase se distingue du nom en ceci que l’on ne sait pas ce que ça signifie sinon d’arriver au bout de la phrase ; le sens se délivre à la fin. La philosophie produit des phrases, dont le sens des noms n’est pas fixé sinon par la, les phrases. Ou donc ; pour un moi (qui croit qu’il est la phrase et que le reste ce sont des noms) il lui faut se substituer, se remplacer ; par cela seulement il peut devenir la phrase (mais comme une phrase ne suffit pas, il faut des phrases pour élaborer des phrases, d’où le sentiment d’incomplétude de toute pensée philosophique, mais elle n’a pas pour but de fixer, mais de faire se mouvoir).

Encore une fois le décentrement, hors du moi, cad hors de cette unité vivante, parlante, existant comme corps « là », indissoluble, est ce qui pourtant d’une certaine manière peut être dissous, en une ruse. Cette ruse est vécue par le moi comme autre ; ce qui est le fondement de l’objectivité (la science est d’un sujet oui, cad autre, mais un sujet qui s’absente) , mais bien que fondement de l’objectivité, ce décentrement existe en et par soi ; et donc la pensée est d’un sujet qui non pas s'absente mais qui joue à s’absenter, ou plus exactement qui se prend lui-même comme une partie de l’équation complète tandis que la science établit uniquement l’équation des objets.

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Raison et réflexivité

12 Février 2014, 21:47pm

Publié par pascal doyelle

La version habituelle voudrait que la raison se révèle à elle-même par les grecs.

La raison était la pensée et cette pensée vécue comme le nœud de la réalité. Ce par quoi littéralement les choses apparaissaient. En cela il ne faut pas tomber dans le piège d’une erreur de perspective ; ce qui s’animait n’était pas la « raison » qui reçoit bien plus tard d’être une manipulation objective par une conscience abstraite, cad absente, qui s’absente, disparaît.

Pour les grecs la raison était le sujet même ; et devrait bien plutôt se dénommer comme étant la pensée, la pensée de ce monde ; en personne. Evidement les grecs ne posent pas l’individualité du sujet ; ce qui se développe est la pensée universelle par laquelle tout individu en son vécu et perception limités se réalise mille fois plus compréhensif qu’il n’était. L’individualité infinie n’apparait pas (au sens où elle n’est pas représentée comme sujet individuel dans l’expression, dans la phrase), mais c’est parce que l’on se rend instantanément compte que l’individu limité se dépasse en et par la pensée.

La pensée n’est donc pas « ce que pense » un sujet, mais ce par quoi un individu se réalise et se réalise comme monde ; aussi est-il assez absurde de condamner un idéalisme de cette pensée, ou un mépris du corps et du monde. il se trouve que le monde, charnel, ne s’anime pour-nous, en compréhension, que dans la mesure où il bascule dans et par la pensée du monde ; et c’est sans temps d’arrêt que les grecs s’avancent dans et par et vers le monde, en tant que l’énonciation de la pensée démultiplie les apparences (qui ne sont pas des « apparences » d’autre chose, qui sont des apparaitres immédiatement perçus Et pensés, perçus en eux-mêmes parce que pensés, et réciproquement).

C’est lorsque la pensée sera détachée d’elle-même, que se sera imposé un sujet (quel qu’il soit, le sujet chrétien réuni par le sujet divin et à son image, le sujet individué cartésien, le sujet infini allemand ou le sujet désarçonné existentiel, etc) que l’on quittera la pensée, que l’on comparera la pensée, à son détriment, aux mathématiques ; la pensée à la remorque de la perfection mathématique (au lieu que les maths sont un apprentissage préalable à la pensée dialectique platonicienne ou que la logique est un moyen de l’intellection existant en elle-même).

Cette distance entre la pensée et le monde, est la médiation radicale qu’introduit le sujet ; on pourrait croire que d’installer un sujet rend vaine dès lors toute pensée parfaite, mais en réalité, ça n’a pas empêché du tout la philosophie de philosopher, autrement dit de réfléchir. C’est que l’essence, la nature de la philosophie n’est pas la pensée, mais la réflexivité. Et qu’il ne lui importe que relativement quelles que soient les pensées ; la pensée n’est pas la finalité, mais le moyen du « sujet » (lequel n’est de ce fait ni l’individu ni le subjectif, mais autre chose).

Qu’il y ait introduction du sujet, n’est pas un recul de la philosophie mais son advenue à soi (à l'être de la philosophie et à l'être qu'est l'humain) ; de même que la pensée grecque était la réflexion sur la réflexivité commençant de se généraliser et qui se reprendra en cours de route comme pensée chrétienne (qui pose un super sujet au-delà de tout monde). Si c’est la réflexivité (qui dépasse tout monde humain particulier) qui se prend soi comme réflexion par la philosophie grecque, c’est de même la présence, en chaque conscience, de l’être réflexif qui se représente, instantanément (en premier par descartes).

Autrement dit il n’est pas un être subjectif qui s’aperçoit qu’il pense et que donc toute pensée serait relatif à un subjectif. Comment le subjectif pourrait-il concevoir la pensée ? Le sujet qui se pointe, qui émerge, qui pointe le bout du nez donc, est la structure « sujet » de la réflexivité ; mais non pas au sens où la pensée adopterait le mode d’un « sujet » (Hegel), mais au sens où sujet et réflexivité sont le Même. Il n’existe pas de réflexivité sans qu’elle soit Une, cad de par soi. Le subjectif en cela serait bien plutôt effet d’un individué, d’un individué, de ce qui ne peut pas être divisé, antérieur, en -deçà du subjectif et de l’objectif ; et ce non pas comme substrat mou, mais parce qu’étant déjà instantanément réflexif. Pensée, esthétique, politique, éthique, idéel (sciences) sont les moyens de l’articulation structurelle ; du réflexif tel qu’il veut se penser par les grecs et tel qu’il se-sait par Descartes et tente ensuite de cartographier cette position. qui par conséquent avance plus loin qu'éthique, esthétique, etc, ce qui se propose via les sujets délirants, absurdes, existentiels, ontologiques (bergson par ex), et qui marquent la carte même de ce qui est.

C’est cette réflexivité sur l'être qu’entame Heidegger. Il avance plus loin le pion sur le jeu général.

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L'animal, la cervelle, la conscience-de

8 Février 2014, 11:03am

Publié par pascal doyelle

Si notre être de conscience n’est pas du tout une forteresse repliée sur ses atouts mais ouverte de fait et structurellement au donné « là », cela revient à dire que la conscience est et n’est que perception.
Le monde dedans
Que cette perception soit « pour-elle-même » est l’effet instantané de ce retour ; autrement dit qu’il y ait une mémorisation étendue, intensive, qui produit un « monde interne », ou donc qui soit une cervelle. La cervelle est ce qui produit un monde du dedans ; lequel est par report plaqué sur le donné là, et de cette production d’un monde interne, il se produit une conscience ou plutôt sans doute, elle s’y ajoute ; il est clair qu’il est nécessaire que ce soit d’un être vivant.
L’animal corps
Autrement dit tout animal (pour peu qu’il puisse établir plus ou moins en gradation un rapport entre son déplacement et le monde) est une telle « conscience ». Il n’y a pas une surnaturelle distinction, mais la conflagration d’un monde interne au monde externe, un monde interne qui selon qu’il est plus ou moins complexe et imposant ; de là qu’il y ait une progressivité dans l’animalité elle-même ; du plus ou moins de monde in-conscient interne, qui amène à plus ou moins de conscience du donné « là ».
Le vivant
Le bien et le mal s’inaugure d’un vivant ; et les notions de bien et de mal s’étayent de la douleur et de la satisfaction (ou donc de l’insatisfaction et du plaisir). Qu’il s’y ajoute un étage de plus est tout à fait clair, mais ça ne peut laisser ignorer que la conscience de l’interne à l’externe est la même capacité.
Cervelle et langage
Si la cervelle est un milieu interne (un rêve, un inconscient, une mémorisation énorme plus ou moins), la développement de cette cervelle qui contient plus ou moins, commandite qu’il s’installe un rapport vers le donné plus ou moins médiatisé ; il apparait donc que le langage est un marquage de la cervelle, qui permet de scinder la masse des mémoires, de la découper et donc de l’amplifier par distinctivités, subtilités. Le langage est donc mémorisé lui-même dans la cervelle, dans le rêve (sans rien du tout en supprimer mais au contraire en gonflant cette cervelle de distinctivités), et cela ne tient au fond que d’être vivant ; la vie, le corps est ce vers quoi s’écoule l’ensemble des étages ajoutés (de langage, de conscience vers le monde externe, etc) et bien que ceux-ci s’imaginent nécessairement exister en soi, le corps est ce vers quoi ou en quoi cela aboutit.
Devenir gradué
Ça s’imagine donc sortir du corps, mais c’est uniquement en vue de construire une identité dans le langage (qui marque la cervelle, qui se produit comme monde interne, qui donc est in-conscient, et le marquage et le rêve de la cervelle), et si il n’est aucune raison de remettre en cause cette séparation du conscient de la cervelle, il serait absurde de nier qu’il y ait là une unilatéralité (complexe, coupée, séparée, scindée, étagée, étayée, etc) qui d’un corps existant vivant.
La bizarrerie
Elle tient à ce que de la cervelle entremêlée et distinguée de langage, produit de toute évidence une conscience ; ou donc plus précisément d’une conscience-de (la conscience n’étant pas un être « en soi » (qui serait un contenu) est un rapport-à). Que cette conscience de ou conscience retour, (qui compare donc, pour faire vite, un contenu à un donné ou un contenu retenu à un contenu exposé là, écrit par ex ou parlé à l’origine ; puisque je m’entends dans l’oreille de l’autre) soit un se-sachant.
Ce se-sachant existe de et par soi (parce qu’il se-sait ; de fait il est à disposition, peu ou prou, et de fait très limitativement compte tenu de tout ce qui précède et le précède), on n’en peut rien conclure qui soit extrapolé, (cela relève de la croyance ou de l’imaginaire), mais il faut bien constater que chacun existe pour soi-même… ou plutôt que cette conscience existe pour elle-même (ce qui n’est pas vraiment exactement exister comme un moi, une identité, un conscient, un parlé). Une conscience ça n’est pas un moi, c’est un rapport ; on pourrait même dire qu’une conscience est plutôt l’advenue du corps. Ce rapport là. Puisque l’externe, le monde extérieur, le donné « là » est prédominant sur la cervelle (même si en intériorité, la cervelle est pour elle-même tout ce qui est, elle se rêve).

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la question de l'être

5 Février 2014, 11:09am

Publié par pascal doyelle

Si l’on en demeure à la recherche de l’Etre, on ne parviendra pas à saisir au vif ce que la philosophie renvoie.
Et elle renvoie à ce sujet ou cette structure qu’est toute conscience en ce que cette conscience est, est l’articulation au moins au donné, là, et peut-être à l’être en tant que « ce qui est ». c’est ce que veut Heidegger qui est le seul à prendre notre être tel que là, dans un monde certes mais en ce que ce monde est et qu’ainsi l’humain et le monde sont ouverts, exposés dans l’être.
Le sujet cartésien est posé sur le monde étendu, et attaché par son être propre, la volonté, à l’antériorité absolue qu’est dieu ; il est absurde de préjuger de cet attachement en arguant d’un athéisme ou agnosticisme. Il faut au contraire comprendre que le pont lancé entre l’infini et le fini, est très exactement positionné afin de faire surgir notre être en sa structure ; par dieu notre être se lance sur le monde et par ‘l’infinie volonté au travers de tout. il est de cette manière articulation pure et simple, quand bien même Descartes entoure-t-il cette structure de ses et ces formulations propres ; on ne peut lui demander phénoménologiquement, il n’est pas Husserl, et on ne peut que le comprendre selon cette avancée husserlienne pour ce qui nous occupe.
Or tout ceci, plus Nietzsche ou Kant ou Hegel, etc, vise à réorganiser l’ancienne articulation qui était grecque et qui administrait notre finalité en tant que recherche de l’idée de l’Etre. Il s’agissait d’augmenter notre limitation, individuelle, donnée, vécue, immédiate, par et dans cette élaboration seconde, en seconde puissance du langage, que l’on nomme la pensée ; la pensée est la cessation du langage et de la parole ; le langage est plié et réorganisé en et par une expérience radicale ; celle qui pose notre être comme vide, formel (l’idée de l’être est purement formelle et donc soumise à des contraintes, de cohérence en tant que compréhension, qui sera ensuite par Descartes des contraintes ontologiques, relatives à notre être précisément) et tel que son énonciation (cohérente) décentre cet être immédiat ; hors du groupe-langage-monde immédiat.
Cessation du langage, du groupe et du monde immédiat (de même que la science sera la mathématisation ; on connait le donné non de ce qu’il est expérimenté d’(abord mais de ce qu’il est réorganisé par « le plus cohérent qui soit », les mathématiques et le calcul ou les mesures), mais cessation et reprise du langage ; l’idée de l’Etre (ou du un ou du tout ou de la vérité, etc) est imposée au langage et le remodèle. C’est cette expérience radicale de « vouloir penser l’être » qui ré-administre tout ce qui est. C’est uniquement de maintenir une telle cohérence exigée que l’on passe de l’immédiateté (du monde particulier, du donné immédiat ou du vécu limité individuel) à son augmentation par et dans l’universalisation ; on perçoit plus, veut plus, pense et parle plus selon l’universalisation comme processus nouvellement découvert qui surpasse l’unilatérale parole dans un monde-groupe particulier.
N’étant plus unilatérale, la pensée est en elle-même et par elle-même contradictoire ; c’est que l’on est en la puissance seconde, celle qui se découvre après le langage et la seule vérité ; la vérité est devenue un principe et non pas un contenu. De même la liberté ne définit aucune finalité sinon celle d’être ou de décider ou inventer librement et donc la liberté est un système formel indépendant de quelque choix ou invention ; par contre comme système formel, elle les rend possibles. Ce sont ces deux systèmes formels qui s’imposent puisque nous basculant d’une saisie immédiate de telle ou telle vérité (il y en a des tas et des tas de mondes) en un seul, purement formel, qui les autorise toutes (à condition de respecter cette formalité de ce qui est ; puisque c’est cela… c’est que tout l’humain existe dès lors formellement d’abord et puis ensuite de telle ou telle vérité, choix, invention, etc).
Il n’existe donc pas de vérité en soi, mais seulement des vérités relatives à un principe de vérité généralisée d’une part et au fondement de cette vérité principe articulée à un être-libre.
On dira qu’alors les vérités sont disposées par l’arbitraire de cet être libre. Mais si elles sont relatives à cet être libre, cet être libre n’est pas relatif. En tant que système formel il est absolument certain de lui-même ; ce qui est marqué dès le début par la philosophie ou par l’extraction du sujet de Descartes (il est absolument certain qu’il est, même ne ignorant ce qu’est cet être ; cet être est formellement indépassable).
Autrement dit depuis le début nous sommes à l’extrême bout du monde, de tout monde, de toute vérité relative, et le principe de la vérité (généralisée) est en soi l’ultime. Le principe de liberté est indérivable ; il est ce à partir de quoi le reste, tout le reste se dérive. Pareillement il est inutile de comprendre la philosophie comme système de l’Etre ; ça ne fut jamais le cas, sinon par caricature. Ce qui révèle ensuite comme devenant système du libre.
Lequel ne veut pas n’importe quoi et n’importe comment ; il explore et s’aventure (en ordre et tout autant sinon plus en désordres évidement, heureusement) et est sa propre loi, mais il Est cette Loi, il est, en tant que libre, le système du libre lui-même. C’est systématiquement que le libre parcourt tout ce qui est au monde, et qui multiplie et diversifie les mondes possibles ; et que chacun est en sa personnalisation propre l’accès ultime à son être propre (tout autant subjectivement qu’objectivement, selon les sciences ou selon son vécu, selon non pas la soumission à ses conditions mais selon la reprise de ces conditions, selon donc ses délibérations et libérations successives et plurielles, le champ du libre est absolument ouvert et partout ; que l’on y regrette un ordre ancien est encore une décision et un positionnement face à un prétendu « désordre calamiteux»).

Pour les grecs la pensée, la raison, l’universel, n’est pas une contrainte abstraite ; ils découvrent cette possibilité indéfinie. Elle est une libération totale et intense. C’est devenu pour nous très limitatif, parce que nous nous situons dans le second principe, du libre pur ; lequel n’a pas seulement affaire à la pensée mais aussi au monde donné là, et sa variété à démonter, remonter, composer et inventer. le monde est contrairement aux grecs, le champ ouvert de ses possibilités (il était pour les grecs le champ ouvert de l’augmentation universelle de tout l’immédiat au-delà de lui-même, et non plus la clôture des mondes particuliers qui pensait le donné là particulier comme étant la vérité apparaissant et parlée dans le groupe).
L’idée de l’Etre était certes un discours objectivement réalisée par la pensée, et donc s’appliquant en tout et partout (en tant que non pas rouleau compresseur, mais à l’inverse comme révélateur de toutes les profondeurs du perçu, du vécu), mais la philosophie est passée outre depuis longtemps. Ce qu’elle recherche (ayant inventorié le pensable à partir de l’universalisation) ne se lilmite pas à la structure du « sujet » (entendu péjorativement) mais inclut dans l’idée formelle de l’être qu’il n’est pas seulement « ce qui comporte des choses définissables » mais contient aussi un être étrange qui ne correspond à rien du monde donné vécu.
Il faut donc comprendre Nietzsche ou Husserl ou Marx (sous la règle de l’être commun ou générique) ou Kierkegaard ou Heidegger comme décidant de recomposer l’idée de l’être en tant qu’il admet un tel-être étrange. C’est la même question qui est posée constamment ; au lieu d’appliquer la cohérence à un compte rendu strict selon ses contraintes et ses conditions de vérité, il est apparent qu’il cherche selon les conditions et contraintes du sujet ; c’est l’être du sujet qui est mis en place d’exploration en exploration, d’expérimentation de cet être-çi, lequel, c’est visible, ne le cède en rien à l’exigence de cohérence. C’est avec acharnement que les sujets tentent de mettre en exposition, d’exprimer, de représenter, leur être, leur structure réelle. il n’est pas de désordre ou de subjectivisme, ou de dépression généralisée suite non pas à l’abandon de la pensée-raison-vérité, ou de l’idée de l’Etre, mais suite à la poursuite de la même cohérence telle qu’elle s’investit, s’intensifie, se rapporte à son altérité fondamentale. C’est que l’être libre qui suit la pensée de l’Etre, si il est la suite de celle-ci, reprend intégralement sa cohérence et son exigence ; l’être libre est tel ; il est l’exigence ou l’intensité comme il se le dit à lui-même, et manie la plus grande précision (en sa description de et aussi à partir de sa structure) et la plus forte pénétration dans, vers « ce qui est, et qui pour lui se nomme le réel.
C’est donc une zone étrange et autre radicalement qu’explore le sujet (de là les départs et déboitements qui s’avancent en tous sens que ne peut pas prévoir l’ancienne vérité-raison-pensée) ; et il faudrait demeurer aveugle pour mésinterpréter ces explorations advenues (comme simplement révoltes, folies, subjectivismes, bavardages, dépressions, désespérances, etc) et/ou en rester à l’ancienne interprétation qui rechercherait encore une pensée de l’Etre, (caricaturant tout, y compris la pensée libératrice ancienne, et surtout les « subversions » dites telles comme cacophonies) ; laquelle pensée de l’Etre est non suffisante pour aborder les lancements, les advenues des structures-sujets que nous sommes devenus.

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Le plus fragile et le plus instantané existant

2 Février 2014, 11:27am

Publié par pascal doyelle

Ce qui est le plus petit et fragile, est le déterminant ; ce qui décide et change l’orientation, la surface des signes de « ce qui est » donné là, dans la matérialité, les signes, le corps, le langage, etc. Ce qui est le plus minuscule et à peine perceptible est la conscience comme nue et déjà toujours réflexive.


Elle n’est pas une forteresse posée dans la cervelle qui contiendrait des contenus ; tous les contenus sont extérieurs, puisqu’elle n’est que l’articulation ; le rapport ; le rapport sur tel ou tel contenu. Il faut toujours qu’il y ait un contenu, un signe, une perception, un état du corps, pour que la conscience en lance un rapport. Elle est uniquement ce rapport entre tel contenu vers le monde, ou plus exactement vers le donné « là », l’exposition dans l’externalité, le dehors, le non maitrisable ; elle relie la cervelle au monde, ou au corps comme étant dans le monde, ou au langage comme parlé par les autres, ou l’objet du désir ; une extériorité que l’on ne maitrise pas, dont on ne sait pas ce que « ça peut devenir ». Telle intention vers tel objet, on la prévoit mais on sait que ça ne correspondra pas, en tout ou en partie, que ça glissera, s’échappera, et que l’intention deviendra autre qu’elle est.
Cette incertitude de l’intentionnalité, est de rapporter la cervelle au donné « là » inconnu. C’est par cette articulation que la conscience « se produit », elle survient, se surprenant elle-même ; elle est surprise constamment. C’est son être, ce à quoi elle sert. Elle est en ce sens fonction d’altérité.
Mais il se produit également qu’elle est par elle-même surprise ; puisque son être est de ramener en visibilité ce qui est extérieur, elle découvre instantanément qu’elle est telle, que son être est étrange ; elle se pense, elle se pense toujours nécessairement ; elle s’étonne d’être telle, elle s’en fournit une explication ; elle théorise qu’elle soit de s’étonner constamment à tout bout de champ (que ce soit par le grand manitou ou l'esprit hégélien).


Autrement dit il n’existe pas de conscience sans un monde humain, sans un langage, un groupe, un monde (localisé ou unique et universel), de conscience sans un contenu, de perception, parmi les autres, etc ; tout cela forme les conditions de fait de l’apparition d’une conscience. Mais elle vient en plus afin de disposer de l’étonnement, cad de la capacité de rapports tout à fait externes ; non maitrisables par quelque système que ce soit (de langage, de société, de signes, etc). Tout cela conditionne qu’il y ait conscience, cette activité purement de rapport. Elle admet donc toutes les contraintes (qui ne sont pas des contraintes mais les conditions qu’elle soit, si le corps se détraque, elle s’amenuisera, mais statiquement et ayant acquis un minimum viable, elle est à peu près équivalente à toute autre ; on voit par là que cette équivalence est idéale et théorique, puisque si l’on souffre d’une névrose ou psychose, on obtient une conscience, à n’en pas douter, mais sinon amoindrie du moins divergente … or pourtant cette personne sait parler ou montrer ceci ou cela, sauf cette disfonction).
Mais on table donc sur une équivalence de toute conscience ; quel que soit le langage, le groupe humain, la culture, etc. C’est à la fois une réalité statistique et un fait idéal proprement positionné.
La philosophie admet cette équivalence et en extrapole sa dimension ; il est une dimension de conscience égale et accessible à toute conscience. Ce sur quoi tombent à bras raccourcis tous ceux qui n’admettent que les conditionnalités ; de langage, inconscient, groupe, neurobiologie, tout ce qui existe de fait et réellement. Les deux positions sont vraies en leur lieu propre.
Pour exemple , Lacan qui affirme la toute prégnance de l’inconscient, du sujet inconscient, doit bien s’en référer au sujet abstrait de la science ; celui là qui lui permet de penser l’inconscient justement, qui autorise que l’on puisse formuler objectivement les règles de l’inconscient, formulation sans laquelle on ne comprendrait rien et qui se positionne extérieurement à tous ces sujets-inconscients que nous sommes.


Autrement dit il faut toujours affecter un lieu qui corresponde à une équivalence générale. Que ce lieu soit réduit par la science au sujet abstrait (celui qui s’absente pour qu’ait lieu l’expérience ou l’observation) ou qu’il se conçoive comme dimension à part, philosophique ou lorsque l’on dit « je suis libre », est le même lieu. Le point externe.
Et donc on admettra que ce point externe est toujours déjà là, puisque la conscience est justement de lancer une articulation avec l’externe, le donné, le là, le monde ou même le langage ; puisque de poser objectivement telle ou telle phrase laisse entrer la conscience dans cette extériorité ; des phrases changent le sens, l’orientation de ce dont pourtant elles sont issues. Il est ainsi un devenir propre de l’articulation de conscience ; non pas l’imposition d’un contenu supra réel ou dans le genre, mais la réorganisation potentielle de s’affecter autrement en et par l’externalité du réel, non maitrisable et dont la conscience est non pas l’unité mais le point d’attirance fragile qui suffit à remodeler, modifier, ressaisir le devenir. C’est de se tenir de et dans l’extériorité que toute conscience est plus ou moins de manipuler sa dimension.

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