L'être et l'Exister
Ayant remplacé la logique des mondes particuliers (construction à partir d’un donné immédiat et d’une expérience communautaire, qui se crée comme synthèse particulière, de la tribu aux royautés et empires, qui se soutiennent encore du sacré, de la révélation, de la filiation),
par la découverte de l’activisme de conscience, de décuplement de l’attention qui évidemment pour se saisir d’elle-même crée sa propre logique ; que tout soit ici même, ici et maintenant. Rassemblé.
Le rassembler ne s’effectue pas du tout dans la réalité ; la réalité est dispersée ; les lois déterminées des choses sont dans les choses mais produites par celles-ci, ou plutôt attenantes des choses mêmes, du dedans, il n’est pas de lois sans les choses. Les lois paraissent s'appliquer de l'extérieur, peut-être, mais aucune chose n'existe sans un univers alentour, pour ainsi dire ; l'extérieur est la soupe des particules ou la cadre de l'espace temps. Lorsque l’on pense les lois dans les choses, on les extrait et les maintient dans l’existence telle quelles, nues ; il est même envisageable que les quelques lois extraites ne soient qu’une partie et qu’il puisse exister d’autres séries de lois selon d’autres efficacités non aperçues ; la réalité serait tel un texte dont on peut tout à fait comprendre quelques significations pertinentes mais l’épaisseur du texte est un feuillage énorme, relié de pliures ; la sureté d’un résultat ne signifie pas que toute la complexité soit mise au jour.
C’est en ce sens que Descartes se rendait à l’évidence que la pensée, la philosophie maniait plus certainement la vérité que les mathématiques ou la mathématisation du donné ; la pensée de dieu, utilisée comme hypothèse au même titre que le doute utilisera la folie ou le rêve ou l'angoisse, et la création du monde par dieu ne nous sont livrés que chichement et dieu lui-même, idée pharamineuse de René, ne est su que de l'indéfinie volonté...Dieu (ou la nature ou le monde) sont bien plus étendus, a priori, que les quelques lois découvertes ; a priori parce que la pensée, la réflexivité (qui n’est pas la réflexion mais situe cette réflexion dans la plus grande ampleur de la réflexivité) est précisément ce qui mesure la possibilité, dès la racine. Le recours à dieu, à l’infini, à la volonté tout à fait autre que l’entendement n’est pas une planche de salut, mais la comparaison du possible, du possible pur, cad de la Possibilité même ; ça n’est pas par faiblesse mais par excès significatif de prise de conscience de l’arc et de l’acte de la réflexivité.
La possibilité même parce que Descartes sait bien qu’il a atteint la pointe extrême en-deçà de laquelle il n’est plus rien (et qui renvoie par conséquent à tout ce qui est « là devant », la reprise antérieure, le levier, très court, de la Possibilité même, laquelle ne tient pas dans le monde seulement mais réclame dieu ou l’indéfini ou l’infini ou l’ampleur ou donc en un autre sens encore ; le Virtuel ontologique, ou pour nous ici la sstructure et l'arc de cosncience) ; la philosophie est précisément le lieu premier, antérieur à tout ; non de ce que ce lieu soit la détermination fondamentale mais de ce qu’elle est l’indétermination et que cette indétermination n’est pas une privation mais une nature, une structure, une activité, une forme, un être spécifique ; l’acte, l’arc de conscience n’est pas un programme mais une forme dont le programme est sa structure même et rien que ; autrement dit on n’est pas conscience de ceci ou de cela, on est conscience de l’activité même de conscience ; le rapport premier, qui permet de produire quantité de rapports déterminés, est son propre sujet (dont on ne peut dire ni qu’il soit objet si qu’il soit sujet); de là qu’il soit le sujet impossible, et sujet parce qu’impossible.
Il n’est rien antérieurement à l’arc de conscience et ce depuis le début si l’on interprète la pensée non comme la raison (programme dans le programme, donné expliquant le donné), mais comme réflexivité de l’intentionnalisation, du processus qu’est l’intentionnalisation en tant que jusqu’alors cette intentionnalisation croyait à ses contenus (de tels ou tels dieux à telle nomination du monde partagée par la communauté, le groupe, dans la parole et les échanges), tandis que la pensée est justement ce qui cesse d’admettre les contenus et crée, de toute pièce, le système formel et non plus tel ou tel système essentiel ; si les grecs parlent des essences, des idées, élaborent quantité de systèmes, c’est que justement c’est non pas de système essentiel dont il est question mais des cadres structurels de tout système , quel qu’il soit ; soit donc les conditions de la pensée ; comme Descartes, Kant et Hegel lanceront les conditions du sujet (impossible) jusqu’à Husserl, et comme Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan exposeront les conditions de l’altérité.
Que le structurel du système des conditions d’exister (puisque ce système formel est actuel et ne tient que de se saisir de l’actualité de l’être, de ce que les grecs nomment l’être, le réel, et que nous nommons l’exister, ici et maintenant, ici même et qu’il demande à ce que l’on convertisse tous les contenus de conscience, quels qu’ils soient, vers la pointe nue et sans rien de conscience qui est saisie comme notre exister réel, ce qui veut dire ; dont s’abandonnant on est saisi)
cible la dimension formelle (de toute pensée, et donc, par réduction, de toute raison, mais aussi de toute perception, nomination, idée, loi, science ou savoir, etc, y compris expérience éthique ou esthétique, qui n’existent que dans la plus radicale actualisation possible ; la perception d’une œuvre est une actualité exigenate et non une consommation, une décision morale ou une ambition éthique vaut de cette orientation là, pareillement la révolution, la politique est un affrontement infiniment profond)
implique que ce Un formel emporte et re-Crée, littéralement, le donné ; lui impose un autre Créé, en plus , (étant entendu que l’exister, le présent est en-plus de l’être) ; par quoi l’exister est la porte qu’il faut franchir, comme pointe, pour lancer le Créé (inscrit comme structurel); le donné-là est pris dans et par le « là » du donné, la réalité par le réel ; la réflexivité, formelle, re-Crée le monde, le donné ou le vécu ou le corps, ce qui veut dire les Crée à nouveau selon le chas de l’aiguille, de la pointe de conscience, ce qui n’a d’expérience que « là », sur et par cette pointe, une par une et telle qu’il faut s’y astreindre, ça ne vient pas tout seul, le Un ne peut pas ne pas se vouloir, décider, ni se-savoir ; ce qui veut dire s’ajoute et ne s’ajoute que par ce moyen (éthique, esthétique, idéel, etc, définissant l’absolu comme le Un cad la potentialité et le présent et non plus l’absolu comme finalité et éternité, ce qui en un sens revient au même … )
lui impose l’être, cette idée des grecs (ou l’infini volonté de Descartes ou l’altérité des suivants), ce rapport, vient en premier qui inscrit le donné là dans l’actualité-seule et unique (il n’y a qu’un seul présent) ; l’idée grecque de l’être n’est pas ce que plus tard on caricaturera comme « l’être », chosifié, et qui n’existe que dans la visée des détracteurs (on caricature l’autre afin de le contredire plus facilement); mais celle de l’écriture par la pointe active de conscience qui se-sait (hors de toute détermination, non pour un « sentiment éthéré » on ne sait de où ni de quoi, mais qui s’assure de sa structure) ;
ce qui se sait ça n’est pas la conscience comme contenu (qui n’existe pas vraiment puisque c’est l’exister qui seul existe et l’être en est le dépôt, tout passe sauf le présent) et dont toutes les dénominations de contenus sont des symptômes ; en ceci on a raison de ne pas essentialiser ce qu’est le moi, qui est seulement un sujet impossible, le monde qui est mouvements et devenirs, les choses pleines de vide ; ce qui existe, mais n’est pas, c’est le rapport qu’est la pointe de conscience et qui se redouble comme « qui se-sait comme pointe », comme pensée grecque intentionnalisatrice, exposition du corps christique ou sujet impossible ou altérité existante comme structure (et non pas altérité pour n’être qu’altérité, en révolte simple, mais en ceci que Nietzche, Heidegger, Sartre ou Lacan ne nous abandonnent pas dans la dispersion mais imposent que l’altérité soit structurée et qui plus est fortement structurée).
La pointe vide de conscience, qui écrit, ne retrouve pas seulement ce qui est déjà dans le monde, elle fait être en plus, par l’exister de dernière instance, ce qui n’est nulle part. Pour cela l’arc de conscience n’est pas la réplique du donné (tel la raison, la réflexion ou tel le moi qui se croit lui-même éternellement pour ainsi dire) mais l’ajout au donné là, en creusant cela même qui existe dans le monde ; qui creuse le présent qui s’augmente de la dimension.