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instants philosophie

Le moi et le propitiatoire

25 Septembre 2021, 05:41am

Publié par pascal doyelle

Il paraît donc qu’il fallut décider. Que cette décision est à la fois déjà prise et encore indécidée. On sait très bien que parfois on se convertit ; vers dieu, pour la pensée, par le sujet, selon la révolution, soudainement illuminé par la poésie, pris de passion pour quelqu’un d’autre, et autres phénomènes étranges. Dit autrement : il arrive des choses. Non soupçonnables antérieurement et par lesquels événements c’est le possible qui se révèle antérieur à ce que l’on croyait être. Soit donc des devenirs infinis.

Puisque l’infini est la substance, cad le mouvement, de ce monde, de cette réalité et ainsi de cette vie. À voir comment et jusqu’où il est possible de comprendre l’infini, ou donc l’indétermination. Rappelons qu’il n’est que de la détermination. Mais que celle-ci est prise dans le non-visible ; l’acte d’exister (qui se donné pour nous comme présent) et l’arc de conscience, dont nous ne saisissons que les contenus (sans qu’aucun ne puisse remonter dans l’arc).

L’articulation décisive que ces extases provoquent modifie le déroulement de l’attention, non pas « seulement » de la conscience ou de l’intention, mais de l’attention. De la capacité de faire attention à ceci ou cela et en général ces grandes configurations passant via le menu poinçon de l’attention, parviennent durablement ou momentanément à bouleverser l’entièreté de ‘qui’ l’on est.

En quoi, par ailleurs, on éprouve la résistance de notre fidélité, comme dit Badiou (qui n’annonce pas que des choses compliquées et incertaines).

Ou selon Descartes, égaré en peine foret il faut avancer tout droit. La structure de l’attention se doit à elle-même (l’estime de soi, sous condition que l’on se donne du mal, sinon il s’agit juste d’une tautologie, égocentrée, il faut que l’on se donne des preuves).

C’est bel et bien du fait de son exiguïté que l’attention, l’activité de conscience, cad l’intentionnalisation, qu’elle peut se permettre de passer partout. Elle peut se nier dans un discours, qui prétend à l’objectivité ou plutôt à l’objectivité totale (ne laissant aucune autre possibilité que la réduction objective, l’objectivité oui, mais l’impérialisme de l’objectivité non, puisqu’elle ne fournit que des discours, vrais et réels, mais localisés et limités, hors de quoi il s’agit d’une idéologie qui ne peut plus revendiquer le titre de « science » qui ne se définit que par son objet, toujours précis et borné). Mais toute science relève de sujets, lesquels doivent à tout prix s’établir par un autre discours, cette fois idéologique mais au bon sens d’expression de la vision que l’on retient (de l’humain, de la société, de la morale, du vrai et du bien, ce que l’on voudra). Et cette mise en forme idéologique doit s’exprimer selon et par son argumentation et son architecture propre ; il est inutile et stupide de censurer la pensée (de quoi que ce soit) au nom d’une véridicité qui se voudrait scientiste (et non pas scientifique, puisque l’on se retrouve là dans la caricature d’une position forcée). Dénier la possibilité d’une argumentation sous prétexte de sa non scientificité, de son non empirisme, de son « illogisme », c’est la faillite de toute argumentation et organisation qui outrepasserait le dit scepticisme prétendu. Et ainsi rendre impossible à quiconque de s’ordonner lui-même autrement qu’en s’érigeant en censeur, n’instrumentalisant qu’une critique inadaptée ; inadaptée à la construction même de l’activité de synthèse et d’analyse de toute conscience existentielle qui, elle, a affaire au tout, à l’ensemble des activités humaines, à tous les registres de perception, à tous les affects et non aux conditions prérequises des laboratoires scientifiques (ce qui est juste) ou scientistes (ce qui illégitime et injuste).

Ce repli dans un criticisme ne permet pas de manifester, d’exprimer l’architecture de l’activité de conscience en tant qu’elle se révèle comme ceci ; détenant la décision conclusive, sans cesse ajournée (puisque prise dans le temps et existant en tant qu’actualisation, en tant que présent universel).

Ceci pour insister sur le fait majeur, et à vrai dire absolu, qu’en définitive tout vient à se décider en et par la conscience individuelle ; non pas qu’elle puisse occuper tout le terrain, c’est un fantasme irréaliste et lui-même idéomaniaque ; mais elle est conclusive. Ce qui veut dire qu’évidemment nous sommes multi-causés et informés par quantité de systèmes, mais le dernier mot, celui qui peut changer, en partie à tout le moins, le jeu des causalités, nous revient. Ce qui ne se peut que difficilement si on ne le sait pas ; cad si on n’a pas, préalablement à tout, posé, supposé la liberté et le sujet (avant Descartes il n’existe qu’un seul qui soit sujet, le christ, et une seule pensée, la pensée métaphysique et théologique, c’est à peu près la même ; Descartes, qui n’est pas le seul ni le dernier, qui n’invente pas le sujet mais qui l’exprime et rendra possible, de ce fait, une accélération des sujets). Exprimer, représenter le sujet c’est ouvrir la porte, la possibilité.

Il faut que le sujet, qui est un rapport, entre dans son propre champ et évidemment s’y introduise de telle ou telle manière et non pas n’importe comment, livré aux immédiatetés auquel cas la liberté ne servirait qu’à de faibles finalités (orientées par le poids du corps, ses envies immédiates qui engagent une réponse facile et effective). Et cette éducation s’installe depuis longtemps comme littérature, récits, poésie, lesquels ne sont plus ritualisés et donc reliés à la communauté mais dans le silence de la conscience, sa distance, et fondamentalement l’altérité du monde, du vécu, du corps ; mettant en jeu non seulement les éléments de disposition que l’on perçoit, lit, mais l’aperception de soi, la vue globale du corps affecté.

L’aperception est ce lieu qui retient ce qu’il voit, ressent, pense, imagine, désir et les résultats, les effets, les conséquences de ses actes et activités ; il voit ce que cela donne et ce qu’il donne lui-même et en retire et ce que cela cause dans le monde, parmi les autres, vis-à-vis d’autrui, des choses naturelles, des objets produits, des œuvres créées, au sens large (de l’éthique aux esthétiques en passant par l’idéel, la science, les théories, les systèmes).

La constatation des effets n’est nullement objective, ou alors partiellement, ou encore totalement objective au sens étendu ; à savoir que c’est tout entier que l’on reçoit et ressent les effets affectants.

C’est pour cela que toute l’historicité, effective, les événements et les faits, les systèmes économiques et les États, aboutit au moi-même ; une société humaine non universelle est particulière, aussi la révolution (et la forme moderne de l’État mais aussi de la Constitution, et de la société civile donc) hausse la réalité humaine à l’universel (de quoi tentera de se satisfaire le communisme dans et par les « besoins »), mais cet universel n’a de sens que si je, chacun, y trouve son compte, ce qui veut dire sa vie, sa vie en tant que vécue ; et le libéralisme parie sur le désir et non le besoin.

Ce qui veut dire que chacun aura en charge ou plus exactement aurait dû… aurait dû… se personnaliser, organiser son être, qui n’est pas naturel, qui est construit. Il y eut substitution, le je remplacé, comme par magie, par la version fantasmatique du moi ; qui n’est plus du tout le moi engoncé, c’est vrai, dans l’universel d’avant, si l’on peut dire. Le moi, engoncé, coincé, ne pouvait pas ne pas se rebeller (et il y eut quantité de ‘libération’, vraies ou fausses, mais pas de je.

Sans doute le moi doit-il croire en la spontanéité de son identité ; il est « lui-même » et ainsi se baser sur cette hypothétique d’évidence forcée (sinon il lui faudrait constamment penser à son existence). Il est clair que ce constructivisme s’oppose radicalement à la spontanéité entretenue par l’ensemble de l’idéologie (au sens large et à la fois péjoratif et non péjoratif) ; rappelons qu’entrent en concurrence la « gauche » qui veut perfectionner l’humain (par les besoins communistes et le collectif et puis par le désir ‘libérateur’ et donc le libéralisme…) et la « droite » qui considère que l’homme est déjà irrémédiablement qui il est, ses envies, ses désirs, ses objets, sa rivalité, sa hiérarchie (les anglo-saxons prédisposent que chacun est libre et en cette liberté originelle égal à tout autre, mais ensuite… c’est la loi du plus fort, et pas du tout d’égalité)

parce que si chacun des mois s’imaginait, se pensait comme élaboré il ne manquerait pas, en transformant son identité en je, en sujet, d’envisager un débouché sociétal, comme on sait, social, par revendications, politique, par décisions valant en elles-mêmes (selon l’ordre politique et non sous influence) existentiel (sortant les mois de leurs enfers), métaphysique (l’universel ne se suffit pas) ontologique en ce que les contenus du rapport de conscience, quels qu’ils soient, n’atteignent pas et ne satisfont pas le rapport lui-même.

Si le je se sépare de son être direct, spontané, supposé, il se construit, d’expérimentations, d’aventures, d’explorations, de créations en créations. Selon ses efforts. De toute manière « la vie » se chargera de remodeler son image de lui-même. Même lors qu’il réaliserait ses projets. Il existe une lutte interne entre l’idée de soi et la réalité de soi, l’une couvrant ou étouffant l’autre, selon. La structure de conscience est celle-là même qui revient non pas à un être immédiat mais synthétise l’historicité, tout comme elle avance dans le temps ; le moi demeurant déséquilibré entre un inconscient irrémédiable antérieur, coupé par le signifiant (en gros par le regard, l’intentionnel qui porte le signifiant, qui n’existe pas ‘en soi’) et une structure en-avant propitiatoire ; dieu, la pensée et l’universel, le sujet et la révolution et le réel et leur prédisposition de l’aperception de soi, du soi non-visible, alors que moi ne désire que cela ; se rendre dans la visibilité ; mais on ne peut pas à la fois se voir, et tant qu’à être vu, autant que ce soit de dieu, de la pensée (et de l’universel, y compris dans les domaines esthétiques, poétiques, éthiques, idéels, etc), du sujet et du réel, qui sont en-avant. Dans son entre-deux le moi est obligé de faire comme si ; comme si il était vu tel que se voyant (ce qui est le fantasme, en ce sens ou en sens inversé, dans les deux cas il est pris-dans, comme une image entre deux miroirs, jamais l’image ne rejoindra aucun des deux miroirs).

Le je est celui qui sait se confier, abandonner son être, pour son existence, qu’il ne saisit jamais mais dont « il est saisi » (par dieu ou la poésie ou la révolution, etc) ; il n’y voit goutte mais au moins il a cessé d’être (ou de croire qu’il est). Ça ne résout rien du tout, mais permet de créer des stratégies ou de s’approprier quelques-unes préexistantes (dont la philosophie ou la politique, etc).

Seules les élaborations de structure (dieu, la pensée, le sujet, le réel) avancent dans le temps et par le temps, le reste est miroitant et bien joli, mais se répète ; chacune des possibilités du je, du sujet furent acquises de par leur actualisation (au moment de leur émergence) ; la cessation, la dispersion, l’évanouissement dans les miroitements du monde immédiat de cette montagne ontologique élaborée c’est le déni. Que le je se perde dans les confins, cela fait beaucoup rire le moi ; qui ne voit pas du tout ce que quiconque de sensé peut « voir » dans cet état ésotérique du je ; or pourtant même que tout file et se désagrège dans la vie vécue du moi livré au monde et dont la finalité incline vers le corps, vers le bas, et non vers le haut ou le temps.

Le je sait tôt ou tard que le temps est précisément l’inverse de ce que l’on imagine ; le temps est l’actualisation brute, et non « le temps qui passe » laissant les choses et le moi inchangés, alors même que le moi et les choses se décomposent, le corps y compris. Et peut se remémorer les actualisations passées, les restructurer en lui-même ; l’actualisation est toujours déjà jamais ici même et maintenant ; c’est cela le sujet, la structure-sujet, le réel qui contient la réalité.

Comme le moi se dissout, il voudra constamment tout remplacer et faire comme si ça n’avait pas bougé. Et remplace, notamment, dans la roue des finalités naturelles ; imaginées ou idéologiquement empruntées, qui se recyclent continuellement dans toute la densité publicitaire, ce qui inclut les productions industrialisées de la personnalisation, par ex depuis le rock et le pop, il « convient » de se révolter…, c’est devenu un signe, de même l’épopée « nihiliste » se poursuit, et donc la certitude (on ne sait à partir de quelle argumentation, parce que le moi veut seulement par là justifier son laisser faire et continuer l’apparence du monde et sa vie apparente) la certitude que le réel, la réalité, la vie sont absurdes et vides de sens ou que la liberté n’est pas ou que le désir seul nous constitue de pied en cap, que chacun soit telle une somme de déterminations (définissables via tel ou tel discours « objectif », ,et que les discours découpent), de déterminations et d’images de ces déterminations, des images qui ne sont pas des pensées, mais l’apparence du corps. Et ainsi ne sont pas le corps lui-même ; on l’a dit déjà, ça n’est pour rien que l’initialisation de notre temps est le christique, qui dit ; « ceci est mon corps », sous-entendu, cela n’est pas le vôtre, vous avez un autre-corps, une surface autre du (même) corps. Rimbaud re-crée votre corps, lui-même ne sachant pas trop quoi faire du sien.

Dit autrement l’accès des mois au sujet est limité et expressément limité ; quantité de théories et d’idéologies et d’images anéantissent cet accès, niant qu’il existe un tel sujet. Que tout soit entièrement là, monde étouffant sans aucun en dehors dans le donné, vous livre aux discours extérieurs, qui ne naissent pas de n’importe où, mais dans d’autres consciences. Ce monde refermé implique, selon son idéal (parce que cette « objectivité » est un idéalisme ; Descartes n’est pas du tout idéaliste, qui ne définit pas « la pensée » par la notion, ni les mathématiques ; qui sont seulement des moyens ; Descartes invente la chose-en-soi, il n’est de chose que réelle, il n’est d’objet que construit, mentalement)

selon cet idéal donc cela veut dire que le désir du moi sera satisfait, idéalement (on est en plein rêve éveillé, l’évacuation du tragique ou du mal et donc de l’existentiel et de la liberté, mais également le remplacement même du « bonheur » ou de la sexualité, puisque ce sont les images du bonheur et les images du sexe que l’on consomme) et l’homme comblé et l’humanité réalisée, et bien sûr transhumanisé ; hypothétiquement et imaginairement en vérité, cad que l’on croira « avoir vécu » l’imaginé, de ressemblance aux images déjà perçues ; moyennant quelques aménagements, colossaux avec le communisme ou le fascisme, ou quelques adaptations avec le libéralisme et ce avec le consentement enthousiaste des consommateurs et puis des salariés… (c’est une foi qui ne dit pas son nom, on « devra » y croire), s’engageant dans une sorte d’auto-transformation, transhumanisme psychologique généralisé mais individualisé, immense déploiement mass-médiatique, et de là l’auto-conviction psychique et la torsion ou torture que tout moi subit, alors même qu’il en est l’agent essentiel ; la difficile conformité de l’image qui pénètre la rétine et donc le corps au je.

Le je qui n’en peut mais de cette identité ; lui qui n’en est pas une, et qui cependant n’est pas du tout l’universel, mais une unité spécifique et autre qui ne se rencontre nulle part ailleurs, qui est à elle-même son propre formalisme, qui donc du cœur de cette formalité doit se signifier comme dieu, pensée et universel, christique, sujet et singularité, révolution et triade de la liberté, égalité et fraternité, et finalement du je dans le moi.

Rien ne vaut sans la liberté, mais la liberté n’est cohérente que de reconnaître l’autre liberté (sinon elle perd de vue sa structure même, qu’elle envahit, remplit d’immédiatetés ou d’intérêts légitimes mais limités, et limités de par leur nature de déterminité même), et fraternité afin qu’il y ait un monde commun, ce qui veut dire que chacun non seulement reconnaisse autrui mais qu’il le connaisse comme centre de signes, qui crée et réclame et absorbe quantité de signes (cette historicité donc), par un récit culturel, civilisationnel complet ; soit donc que chacun se sache, se connaisse, se reconnaisse lui-même comme je et comme sujet. Tout tient dans l’aperception structurelle du sujet ; les mathématiques, les sciences, la littérature, la politique ou les sciences humaines n’existent que du fait fondamental, absolu de l’accès du je au réel donné là, et donc au réel donné « là », au « là » qu’est le réel.

L’actualisation.

Comme ce qui vient, ce qui est venu, ce qui doit venir dans le champ d’actualisation, qu’est le champ intentionnel, est « en personne », ce qui veut dire le contrôle par le je du champ du sujet, alors le je doit se délester du moi et comprendre que ce je est bien plus important ou comme disait St Augustin plus lui-même que lui-même (à propos de la volonté de dieu), et que son « identité » réelle n’est pas du tout ce moi construit (qu’il prend pour spontané et argent comptant et supposé content, heureux, satisfait, alors que seul un corps vivant peut se considérer repus mais non pas un arc de conscience), et que le sujet dessine seul des intérêts bien plus complexes et des finalités plus dégagées que la coercition qu’opère sur le moi les images du moi (dont la production s’avère au bout du compte celle industrielle et technologique et non plus du tout d’une spontanéité naturelle désirante, ce qui n’a pas grand sens ; personne n’a vu jamais un animal vivant mené un tel « désir » au train d’enfer et surhumain ou inhumain, c’est juste notre invention au centre du 20éme).

Lorsque l’on invoque le contrôle du moi par le je, il s’agit exactement de « la sorte de contrôle qui caractérise le je ». Et non d’une main mise…

Comment alors comprendre la saisie du je sur l’intentionnalisation (dont dépend le moi et qu’il laisse indifféremment, comme de sa « nature spontanée ») ? puisque cette saisie si elle passe via l’objectivité ne fonctionne pas ; raison de la présence du psychanalyste à côté du divan ou du psychologique qui vous intime l’ordre (pour caricaturer) de changer, de renforcer votre moi, de prendre des distances avec vous-même (ce qui peut aboutir, mais c’est néanmoins très étrange).

Ou de dieu, qui est-autre, mais structurellement puisque l’on ne « sait » pas ce qu’il njous veut (on n’a pas encore bien compris). Tandis que les images sont-comme un regard extérieur qui « voit » pour vous et qui vous voit. C’est bien là le piège.

Aussi les techniques qui n’adressent plus des contenus mais une activité (la philosophie, l’esthétique, la politique, etc) seront annulées, dépériront lorsque vous serez immergés dans un milieu et non plus dé-placés dans un horizon qui vous force à restructurer votre horizon ; évidemment l’esthétique ou la poétique (etc) formulent dans leur manifestation même qu’il existe un tel déplacement. De ceci qu’aucune œuvre n’est accessible immédiatement, sinon par malentendu, ce qui peut aider, comme chacun sait, et que doit être informée l’attention qui en est transmise (des signes de l’œuvre qui restructure l’attention et donc possiblement tout, de par ses approximations et ses certitudes). L’intentionnalité naît de la disposition des signes (ce qui veut dire que si évidemment le langage est fondamental, la signifiance ne s’y limite pas ; de même que pour chacun le nœud du langage rend possible d’autres signes qui s’empruntent alors des perceptions, du corps, des affects, du passé, etc. C’est en traversant le langage, et toute langue que le signe, la capacité de signifier, de créer des rapports, est transporté dans le réel, dans les réalités, dans le donné là ; c’est bien pour cela qu’il y eut un tel déploiement, durant 25 siècles et plus, s’adressant directement aux arcs de conscience ; la capacité d’inventer des langages, des plus objectifs (les mathématiques) aux plus subjectifs, qui de fait sont aussi efficaces que les premiers et même plus puisque s’adressant à, potentiellement, tous, comme la politique est structurelle, instituant chacun dans une Constitution ou l’œuvre toujours amenant sa prédisposition dans la vue de chacun.

Donc les aventures, les explorations, les inventions, les créations de toute structure-sujet sont réelles. C’est sur cette ligne, du Bord du monde et du Bord du corps, l’autre-surface qu’ordonnent les signes, cette ligne du Bout de la vie vécue, que l’on se tient en suspension, puisque notre être est un acte, soit donc une actualisation et que celle-ci est in/déterminée, à la fois déterminée, déjà, et jamais complétée, étant un rapport dont on ne connaît pas l’autre bout, que ce soit celui initial ou terminal ; un rapport du rapport n’est jamais un être.

Les réalités sont tirées du donné vers l’universalisation, ce qui veut dire « ce qui se tient dans la vue de la structure-sujet » : il n’y a aucun autre sens à l’universalisation que de se créer du sujet. Lequel est, on le rappelle, un rapport, un (soi) en tant que rapport (et donc le se-savoir de ce rapport est le seul et unique rapport, qui se tient selon dieu, du divin, de la « substance » en tant qu’acte, du présent, du réel brut, de la dimension). Le je est un rapport et donc instantanément plus universel que l’universel abstrait, tout comme les contenus sont des figurations de la configuration, des tactiques dans une plus grande stratégie.

De cette stratégie il n’est aucun contenu, mais des signes, que seuls les sujets, et donc pour nous les je, saisissent, sous la forme d’en être saisis. Ça ne naît pas du moi (ni de l’humanisation de telle ou telle époque) mais de l’actualisation, de « cela qui arrive » du vivant comme révélation, foi, extase, illumination esthétique, poétique, révolution.

 

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Première et deuxième existence de la liberté

18 Septembre 2021, 09:03am

Publié par pascal doyelle

La vérité est donc que chacun est appelé tel qu’en lui-même, et selon sa décision. Non pas une courte décision fébrile qui se prend dans le moment, mais la longue décision qui dure toute une vie durant, soit donc qui transforme cette vie vécue en Existence.

Et qui modifie son intentionnalité, depuis le judaïsme le sens, la signification de la communauté en « esprit », le déploiement des idées, intentionnalités déployables à propos du monde et de la vie humaine, depuis le christique la portée de l’intention de chacun, l’actualité du je depuis Descartes, son poids, la concrétisation de cette intention à partir de chacun par la révolution (qui fut mondialisée, partout, en tant que « moi », qui est devenu absolument crucial).

Et c’est ce qui arrive toujours constamment à chacun. Et immanquablement. Puisqu’il ne peut pas exister de conscience sans qu’elle se sache elle-même (selon le se-savoir et non selon la connaissance, c’est ce qu’introduit Descartes il y a longtemps), ni sans qu’elle sinon se définisse (puisque c’est un rapport et non un être) du moins et au minimum se délimite, ou dit autrement s’oriente (ou se désoriente). Il s’agit d’une tendance au cours de la vie, d’une tangente ontologique étant entendu que l’arc de conscience se situe sur le Bord du monde, du donné, de la vie, du corps, et que cet arc étire une telle tangente, tangente au cercle, le Bord du monde ou de la vie s’instanciant à partir, par et pour le présent (lequel est l’exister, le temps lui-même, l’instant unique qui déplie tout ce qui est, et donc dont l’être devient, l’être, le temps, la réalité sont fonctions de l’exister, du présent qui actualise (tout), du réel comme structure et non comme réalités).

Tangente ontologique qui décrit un arc à son tour, autour du temps, du présent, sur la durée ou par à-coups (mais préalablement médités, préparés, influés, insufflés par « notre insondable décision de nous-même », pour paraphraser Lacan « l’insondable décision d’être »), et arc qui tisse un trajet, global, de tracés, ponctuels, par tout cela le je configure son Exister pur mais aussi brut, son image inapparente, son empreinte existentielle, le sceau de son propre ontos réel (sous la forme de ; que voulez-vous ou donc à terme que vouliez-vous vraiment ?)

la finalité étant évidemment ; jusqu’où l’arc de votre conscience peut-il se tendre ? Jusqu’à quel degré de tissage, votre intellect ou vos actes ou activités ? Jusqu’à quelle gradation votre intention d’exister ?

Que chacun décide et que l’on ne connaît pas, ne comprend pas ce que l’on décide, veut dire que tout connaître est fonction (à nouveau) d’un décisionnel, lequel ne s’effectue pas selon la volonté (cette facilité théorique) mais selon l’intention, l’intentionnalité, la pluralité des champs que l’on met en œuvre en et par son existence.

Une autre manière est donc d’aborder via la propagation des champs ; pour obtenir, en sa propre vie, vécue, un champ intentionnel certains sont plus ou moins reçus, mais même alors ils requièrent une activité (puisque notre être est dynamique et jamais statique), mais certains devront, par chacun, s’inventer, se créer, créer leur propre possibilité. Et d’autres encore seront reçus de l’extérieur ; les machineries publicitaires (y compris les arts et évidemment les industries) produisent de tels champs. Imposent une extension de quantité de champs. Toute la surface de notre contemporaine société qui a étalé son propre monde (qui depuis 60 ans, au moins, n’a plus rien de commun avec tous les précédents, oubliant son propre patrimoine, son historicité, par ex le moi ne sait plus du tout l’universel, il imagine, puisque son registre n’est pas l’intellect ni même le général, mais l’imaginaire et l’image, spécialement sa propre image, l’image étant une détérioration de l’imaginaire, mais l’imaginaire de son coté ayant été maximisé ; le cinéma est envahi par le fantastico-science-fictionnesque, mais de même que l’éros, ou le sexe, est, devenu, une imagination).

L’imaginaire paraît sans limite mais il use des cordes du monde, des apparences, de la multiplicité sans cesse recyclée, pleine de couleurs et de sons, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des nuages de perceptions rêvées, fantasmées. C’est en vérité la substance même du je qui investit et nourrit l’imaginaire ; il croit que l’image est plus que le regard. Que l’objet est en lui-même désirable, qu’il est le désir même. Chacun sait que la massivité de l’objet est rêvée, que la satisfaction est prospectivement récupérée à partir de l’hypothétique massivité du corps, qui se transfigure en ceci ou cela ou en autrui (de manière immédiate ou médiate, à peu près respectueuse ou plus ou moins perverse par ex).Le bonheur selon le monde est très bien mais ne mène pas du tout au je, au sujet, à la délimitation du monde, du vécu ou du corps ; qui se situe, comme dit, au Bord.

Et qui requiert l’architecture de conscience, cette structure, qui se supportait de dieu, de la pensée, du sujet, de l’universel de révolution (liberté-égalité-fraternité).

Dit autrement : donc l'arc de conscience est plus grand que tous ses contenus. Il n'y a aucun contenu pour manifester le rapport. Mais comme c'est un rapport, il se manifeste au sens de se signifier (indiquer vers) et donc peut se penser, dans la formulation du se-savoir (et non pas se connaître d'abord, la connaissance n'est pas biffée, mais vient du se-savoir, comme le cogito). Ainsi il est requis que le rapport se déplie, en tant que rapport (et non comme tel ou tel ceci) et réclame son propre vocabulaire. Et s’il se signifie, cela veut dire qu'il ne tient pas dans tel énoncé, mais dans le retentissement que tel signe obtient en et par un sujet, un je. Un je seul Voit ce qui est Signifié.

Il faut reconduire en soi-même l'instruction, sinon ça n'apparaît pas, le champ ne se crée pas.

Et donc n’apparaît que dans un dispositif. Qui a un nom. Platon, Descartes, Sartre, qui l’on veut. Rimbaud fait apparaître tout un champ, qui a pour nom Rimbaud. Sans cet enjeu, sans tel ou tel système de mises et d’enjeux, qui pèsent de leurs propres poids et sont disposés sur la table, sur la scène, la scène qu’est le champ intentionnel nommé un-tel, et l’art qui en cadre la mise en scène de cette scène, ça n’apparaît pas et ne se maintient pas ; les dissoudre dans une connaissance ‘objective’ les annule. Et même de « petits noms », et, toujours, pour tout le monde, chacun, tel autrui, tel autre je, le tomber amoureux du moi, qui ne manque jamais. Et c’est évidemment particulièrement invraisemblable, d’outre proportion, le tomber amoureux structurellement dépasse notre être, par quoi il voit, de visu, qu’il est, existe hors de lui-même ; d’un point absolument impossible à atteindre, après lequel on court. On sait, ainsi, « ce que cela fait », que l’arc de conscience, c’est un acte à partir d’un Bord. L’écho d’affect extrême et extrêmement spécifique d’un point-autre, puisque notre être est un rapport et né d’ailleurs, de l’autre Bout, et sur le Bord du monde, du donné, du vécu et du corps.

Si l’arc de conscience crée un champ, que celui-ci est étendu à tout le donné (qui n’apparaît qu’au-dedans d’un tel champ, reprenant les perceptions du vivant, redisposé sur ces perceptions et sur l’énergie du corps vivant, la fameuse ‘libido’ par ex, mais plus largement l’électricité du vivant), alors il s’agit de commanditer, de loin, de très loin, du plus loin possible, la mise en forme de ces percepts, d’une part, première liberté, préorganiser l’organisé, subtilement et antérieurement et dans la retenue, et d’autre part décider ensuite d’une orientation globale, mais compte-tenu que cette décision est déjà prise, qu’elle constitue la structure réflexe du je, qu’il fut, pour lui-même, soudainement ou invisiblement presque, son image et idée, sa représentation telle que ressentie, la réaction de ce je lancé dans l’existence, son aperception toujours flottante de ce qui arrive. Cela même que dieu, la pensée, le christique, le sujet (cartésien, kantien, sartrien, etc) voudraient rendre passionnel, installé dans le corps vivant, en l’attirant par le haut, le Bord.

Le moi-même essaie péniblement de mettre en place  au cours du 20éme, que chacun soit immédiatement et imaginairement concerné par l’humanisation et la personnalisation ; notamment en se représentant à foison via les mass médiatisations (roman, cinéma, télévision, internet, entre autres) qui devaient, auraient dû, sont devenus effectivement des mass médiatisation, médiatisant le rapport à « soi », préorganisant de fait le champ intentionnel tout autant.

Préorganisation du champ de la perception même, et organisation de l’aperception globale de la logique, du principe, de la règle en un mot, qui devrait prédominer en nous et pour nous. Ni l’une ni l’autre ne se prévalent d’une décision de but en blanc, stricte, roide, figée, schématique, mais la préorganisation (première liberté) et l’aperception de soi (deuxième liberté) admettent la souplesse du vivant d’une part et la volubilité de la conscience d’autre part (la possibilité du signifiant en somme, l’erreur, l’égarement, le péché autrefois consistant à l’oublier et de se croire fixé, jugé, gelé, identifié).

Compte-tenu que quelque part, en un instant, jadis, autrefois, ce je s’est déjà-toujours-jamais décidé.

Alors même que l’on croit tenir la cause alors que c’est seulement tel ou tel effet. La cause n’est pas dicible, parce qu’elle n’est pas de l’ordre du déterminé. Le rapport à (soi) n’est jamais un rapport à un soi quelconque et cette insatisfaction est sa marque ; elle n’est reproductible que d’un je à l’autre. Puisque de toute manière et au bout du compte, de chaque compte, tout je est le seul à décider. Ainsi, par exemple, la philosophie déroule tous ses systèmes, et vous seuls êtes juges. Le critère de la décionnabilité, pour ainsi dire, c’est ce que paramètre la philosophie ; non pas fournir un contenu mais manifester l’activité intentionnelle, la qualité, la qualification de l’attention, littéralement ; de « ce à quoi on fait attention ».

Si je ne crois pas que Descartes ou Nietzsche ont vu, Vu, quelque réel, tout dispositif s’effondre. Mais cela veut dire que tous les contenus sont approximatifs (voire faux, évidemment). Sans cette croyance il ne reste que des réalités, sous la forme d’objectivités ou de subjectivités (qui sont réduites à des déterminations psychiques, etc, et non à des je, déterminations qui de toute façon sont prononcés par d’autres consciences, qui, elles non plus, ne perçoivent pas directement la réalité ou le réel, elles établissent des discours qui, ensuite, se reportent à la réalité supposée ; ce qui ne veut pas dire que ces discours, de seconde main si l’on veut, soient faux mais à tout le moins ne décrivent pas toute la réalité, mais seulement une partie, aussi exacte cette partie décrite soit-elle ; les mathématiques sont vraies, a priori, mais sont-elles le tout de la réalité ? Elles peuvent très bien n’être qu’un moyen, entre autres, pour la réalité, d’exister).

C’est uniquement si je crois en Descartes ou Nietzsche que je me lis, m’offre une lecture suffisante qui permet de percevoir (ce que l’un et l’autre montrent, montrent du doigt). Puisqu’ils se situent, littéralement, sur le sol du monde donné réel, et ont vu quelque chose ou quelque réel qui n’existent que « là ». sur le sol même du réel. C’est bien ce qui rend possible ou intéressant de les relire, de les relier, à nouveau, à ce qu’ils ont perçu et que je dois moi-même percevoir, dans le même monde, le même donné, le même réel. Et bien sur dans la même structure de conscience (puisque peu importe les contenus il n’existe qu’un seul arc de conscience, bien que chaque fois ce soit un je, par quoi on s’introduit de fait à la bizarrerie, l’étrangeté, le mystère ou l’énigme, comme on veut de cette structure et du réel comme structure ; par ex tout existe au présent, en son point, et même si il faut du temps, parce que de l’espace pour rejoindre Alpha du Centaure, il s’agit de la même trame ; les points s’instancient en et par eux-mêmes).

Ce qu’il faut cibler, vouloir c’est l’adéquation au plus prés possible de notre situé. Notre situé c’est le point par lequel on saisit l’horizon, ou donc par lequel on est saisit de l’horizon ; puisque nous sommes un rapport et que l’un des bouts manque, il est « là-bas » et ne peut se désigner que d’un sujet pour un sujet ; le sujet étant une forme-structure hyper, cad méta-objective.

C’est pour cela qu’il faut lire, lire les signes (quels qu’ils soient). Ça n’arrive que là. Lorsque votre conscience, ou donc votre attention, se calque sur le point autre. Et cela dessine un dispositif.

Du reste notre être est fait de signes, de signifiants qui produisent des champs.

Les mots, le texte, et son propre contexte (y compris la réinterprétation de l’historicité de la poésie, ou de l’historicité effective) ne sont pas des mots, mais des dispositions du corps, du vécu, du donné, du monde à partir du point Rimbaud (ou qui vous voulez, et bien sur il existe quand même une gradation sur le degré de disposition et l’étendue d’acquisition qu’offre tel dispositif plutôt que tel autre, sa capacité d’extension à toute la perception, triée, organisée, pensée ou re-créée). Disposition donc qui ramène soudainement et le plus exactement possible tout le déroulement du temps ; puisque si le présent est l’acte même, il est l’acte de tout.

Il lui convient de rassembler dans sa structure tous les rapports suffisamment retors qui purent s‘actualiser, en nous, cette espèce dite humaine, étant entendu que l’on ne peut pas prévoir ou imaginer une création structurelle ; avant le dieu un tout-autre, la pensée universelle, le christique et le sujet, la révolution et la concrétisation nous n’en avions aucune « idée », pour la raison que ce ne sont pas des idées mais des positions, des positions de structure à la surface du réel, sur la surface qu’est le réel.

Et positions qui prennent en compte le monde et le Bord (dieu crée le monde et se situe au-dehors), le donné et l’universel (donné qui autrefois appartenait à tel et tel groupe dans un contenu particulier, ou un sacré spécial et limité, est soudainement pris dans un réseau intentionnel qu’il faut créer comme tel, n’existant en aucun groupe), le vécu (et sa survivance, ce qui veut dire perçu d’un point-autre, au-dehors, au-delà de la naissance-mort, d’un regard, christique, divin, ce qui veut dire séparé, contrairement au sacré, qui occupe une partie de l’espace et du temps du même monde) et le corps, concluant individuellement que la structure naît et se déploie à partir du corps-qui-perçoit (désire, imagine, s’affecte, etc, doute, se-sait, développe son intentionnalisation propre).

L’actualisation du je veut dire d’abord que ça n’est plus le groupe humain qui pense, qui compute, mais que cela revient au sujet (le prophète juif, le philosophe, le christ, le sujet, la science, le citoyen, le moi).

Que lui seul a accès au donné là, même lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des pratiques complexes (comme les techniques de science qui découpent via une instrumentalisation des plages de réalité ou plus exactement des mises en forme de perceptions sélectionnées). Aussi est-il crucial que ce champ phénoménal soit cerné (Kant), et de plus, par ailleurs, que l’on puisse tourner le champ idéel (Hegel). De même il se doit de penser cette historicité puisque la structure ne répétant pas un ordre, un cosmos ou un monde, s’ajoute à elle-même ; le dispositif mis en place ici et là se rassemble au fur et à mesure, entre à partir du se-savoir dans la connaissance de soi en tant que structure.

Sitôt qu’il sait le rapport, il ne peut plus le quitter, tant qu’est maintenue l’historicité ; la foi, la conversion, la connaissance, la conscience de soi, le réel.

Le réel donc. Prédisposition du « là » comme absolument autre. Ou de sorte que le rapport ne se connaît pas, ne se représente pas, ne s’image pas, mais naît de l’autre Bout du rapport. Et il devient difficile sinon impossible et même absurde de croire que le « là » du monde serait simplement, si l’on peut dire, de la matérialité (ou de l’énergie refroidie, l’énergie « infinie » se dégradant en matière finie).

La matière, finie, invente (ou est créée) en tant qu’elle est dans le fini la conscience de (soi) ; dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non une identité. La forme pure mais aussi brute est ainsi introduite dans le monde ; dans ce qui apparemment est juste une étendue de déterminations, de réalités, de choses, d’êtres déterminés, mais le rapport lui ne l’est pas, déterminé.

On ne peut pas dériver le rapport (la conscience) d’autre chose (ou alors on ignore comment, on n’en a obtenu que cette forme-ci, dieu ou la structure-sujet ou la grande structure absolue de l’actualisation, de tout, existent peut-être ailleurs, en parallèle, et en son rythme inconnu, le structurel n’étant pas expérimentable mais éprouvé ; la « conscience » est notre horizon qui ne peut pas être réduit. Ce que l’on peut dire c’est : cette structure de conscience est celle d’un être qui est à lui-même ce rapport ; rien ne peut s’y substituer (à moins de détruire le dit rapport, les idées, les images, les signes et donc les langages, ne sont que produits par un rapport de tous ces rapports (ce ne sont que des rapports). Et « conscience » est cela seul que l’on repère d’un être qui n’est pas son être et qui est ce qu’il a. Et cet avoir se reporte lui-même à et en une actualité ; l’horizon du monde (ou du corps ou du vécu ou de l’historicité de tel ou tel moment). On a reconnu que l’horizon absolu du monde est le présent ; le monde, la réalité a un bord et ce bord n’est pas dans le monde, ni l’espace ni le temps, mais en tant que présent. Le présent est l’actualité. Pure et brute.

Il faut peut-être imaginer, imager que l’actualité est la vraie seule dimension. Le reste ce sont des fonctions. Et ce qui s’actualise c’est le possible. Ce qui signifie que le possible est ce qui arrive au possible ; soit donc le réel ne peut jamais cesser puisque son aventure est le possible brut qui se travaille, lui, en tant que Possibilité (de tout).

L’actualisation du je naît forcément (sinon on ne serait pas la conscience que l’on est, de fait) mais l’actualisation étant d’un rapport ne se peut pas sans qu’il le veuille. Tout dépendra alors de la nature de la décision de ce « vouloir », et il vaut mieux dire de son intentionnalisation (ce que l’on nomme depuis un siècle ou plus « volonté » est autrement et mieux dit comme intentionnalité, par Husserl, depuis Hegel et antérieur, spécifiquement Descartes ; l’intentionnalisation s’étend comme tension le long de l’existence, et se déploie de la perception à la pensée universelle et au un philosophique, théologique ou mystique ou structurel, en passant par l’affect et l’imagination, bref tout, puisque tout se produit par et dans des champs intentionnels ; nous ne sommes naturels que de reprendre cette naturalité, ce vivant dans un tel champ, lui-même étant par structure formelle il est perméable à tout ce qui se présente qui puisse se signifier).

Aussi peut-on dire que la décision, étant non selon la volonté (de décision consciente par la pensée ou la raison ou une moralité aussi souhaitable ou détestable soit-elle, peu importe) mais selon l’intention est forcément une décision intentionnelle existentielle. Ce que Nietzsche imposait comme auto-affirmation (imaginairement mais non sans raison profonde), ou ce que Sartre recherchait et analysait partout où cela était possible (Flaubert ou la révolution ou la littérature ou le regard des autres, etc), ce que Lacan nommait, donc, l’insondable décision d’être (névrosé ou psychotique ou obsessionnel ou pervers, ou d’autres variations du moi qui, en tant que corps vivant, ne supporte pas mais ne comprend même pas qu’il soit divisé par le signifiant, cad l’autre-conscience, la conscience Autre, et par laquelle division on est attaché, lié, prisonnier du réel, au sens où « me réveillant d’un rêve ou d’un cauchemar, je me réveille et c’est là que je m’endors », ayant entraperçu le réel-en-moi, l’angoissant absolu).

On a toujours/déjà/jamais pris la décision de l’intention que l’on existe, ce qui veut dire qu’elle peut toujours/jamais/déjà se reprendre ; raison pour laquelle le christique qui initie cette infinie possibilité renvoie au pardon ; on juge un fait (le péché) selon la Loi (juive), mais on pardonne selon l’intention, sur quoi nous porte le christique ; que voulez-vous vraiment ? Non pas d’y répondre mais de se le demander, à soi-même, créant cet interstice, le Bout de l’existence au Bord du monde, nous existons toujours au plus extrême parce que l’arc de conscience est fait pour et par cet extrémisme. Nous risquons toujours de tomber, sans que jamais cela n’arrive, sauf à se croire fixé, figé, identifié, chosifié, réifié, gelé, condamné, jugé (de sorte que le christique ne nous juge pas, nous nous jugeons nous-même et on comprend bien que l’on ne peut pas s’auto-pardonner sans coordonner l’intention de se reprendre, de réorienter, de rediriger son existence. Mais il faut continuer de croire à cette Possibilité formelle d’échapper au fait et à la condamnation (cad au péché ni plus ni moins, de passer outre, on est entré par le christique dans autre chose autrement) et alors d’admettre parallèlement que l’on s’est égaré, a perdu son temps, manqué de lucidité ou de clarté (Descartes, qui commence d’examiner au plus près l’attention que l’on porte-à, et non la notion ou l’idée abstraite enveloppée dans un discours d’auto-cohérence, et qui voit aussi que l’on reçoit beaucoup, du donné, du vécu, du corps et de notre esprit lui-même qui se perçoit et ressent vis-à-vis de lui-même, avec passion, puisque notre être est un rapport, dégagé, et non pas un être qui s’opposerait frontalement à l’autre être, la nature, la passion, l’immédiateté ; l’esprit est poreux, c’est sa nature même et non une identité ‘notionnelle’ forteresse, qui ne s’envisage qu’en terme objectif, clos et restreint ; la performance du cartésianisme consiste précisément à biffer ces notions et montrer le sujet-esprit-vivant et agissant, aussi bien activement que passivement, sa passivité instanciant une effective capacité)

et reconnaître sa faiblesse, ce qui veut dire la possibilité a contrario de perfectibilité (s’il le sait, s’il se-sait, le rapport, que l’on existe, ne se défait pas face à l’altérité, il cherche à l’absorber, le digérer, l’intégrer dans une stratégie, lorsque les diverses tactiques tentent de colmater, plus ou moins à perte, mais utilement parfois) ; étant un rapport on ne peut pas le supprimer, cesser de l’exister, mais alors le considérer comme étant notre être réel, il faut déplier toute l’étendue de la structure et c’est cette extension effective et efficace (au sens y compris de la grâce, comment avoir envie d’avoir envie, comme dit l’autre, la grâce étant que le divin a l’initiative, la pensée, grecque, nous vient, on ne sait comment) augmentation de l’attention que l’on recherche.

Un système philosophique n’est après tout que la capacité d’auto-déploiement de l’attention, son éducation, son instruction, son information, et comme c’est une structure que cette attention, elle s’installe immédiatement à partir de son extrême, l’autre bout du rapport, qui contient en lui-même son acte formel (et sans doute l’acte formel lui-même ou une version de cette dimension, que l’on ne peut pas imaginer) ; dieu, l’être, le un, le sujet, le réel. De même les esthétiques, éthiques, politiques, idéels et évidemment comme on l’a vu l’humanisation de la révolution universelle et ensuite la personnalisation intensifiée, et accélérée (au cours des années soixante).

La différence entre des théories ou des représentations qui prennent les effets pour des causes et les pensées qui veulent délimiter la cause (et donc permettront généralement d’apercevoir encore plus d’effets) tient à ce que les secondes se saisissent ou sont saisis à partir du sol ou le plus près possible du sol, du sol du réel (au plus proche de l’intention-dieu, du corps-christique, du sujet-ici même cartésien, de la société humaine révolutionnée, du moi et de son vécu, ou de la perception esthétique ; les éléments, les matériaux se dévoilent à partir du sol même, de la perception, de l’acte de conscience, de la densité du réel, le plus fameux restant l’idée de l’être, le « là », revu par ex selon Sartre, comme ensoi).

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Cette histoire de l'être

11 Septembre 2021, 07:41am

Publié par pascal doyelle

Qu’en est-il de cette histoire de l’être ?

La philosophie paraît débordée ; comment penser un tel univers dont on suppose, peut-être, qu’il est infini, et même qu’ici et là il existe dans un grand vide (on ne sait pas) des tas d’univers éventuellement tous infinis ? En conséquence il devint tout à fait impossible de penser la réalité métaphysiquement ; impossible d’intégrer non pas tant une question comme « pourquoi quelque chose plutôt que rien ? » mais de caractériser, catégoriser les choses elles-mêmes (en séries donc, régulées par des idées, alors que l’on ne comprend pas trop ce que sont les particules, l’explosion initiale, l’éventuelle dispersion dans un espace-temps éparpillé par l’expansion, etc).

Remarquons donc que ça ne change pas fondamentalement la question de pourquoi l’être, mais puisque celui-ci n’est plus pensable (personne ne croit que « la pensée » existe comme substance de cette immensité) depuis Descartes Spinoza et Leibniz ont tenté de convertir l’étendue en principes distinguables.

Mais on a vu que depuis longtemps la philosophie est passée à un autre niveau, à savoir qu’il ne s’agit pas tant de penser tout ce qui est, que d’introduire dans la pensée ce sujet, que l’on juge, a priori, comme la limite la plus extrême, à tort ou à raison mais en tous cas relativement à notre expérience (on ne sait ce qu’il en est ailleurs, si il existe d’autres types d’existants, d’une autre nature). La compréhension de ce sujet, depuis Descartes, d’une part incline à analyser les distorsions que notre réalité même opère sur toutes nos activités (analyser le langage par ex, l’inconscient, la sociologie humaine, etc) et d’autre part creuser la différence ; entre nous et tout le reste ; en quoi nous distinguons-nous ?

Tandis que la théorie des réalités (psychologies, analytique du langage, sociologie, économismes, biologie et sciences dures) nivelle, forcément et par destination (ça n’est pas une critique) l’humain et le naturel, le donné, nivelle (ontologiquement) mais produit quantité de distinctions tout à fait passionnantes (relatives à chacune leur objet),

à l’inverse la philosophie pare quand même aux plus extrêmes ; on ne dira pas que Descartes, Kant ou Nietzsche ou Heidegger, Sartre ou Lacan nous facilitent la tâche. Puisque dans tous les cas il faut à toute force distinguer ce qui nous sépare de la réalité, de la vie, du monde. Propulser dans le champ de l’analyse notre être lui-même.

Aussi est-on poussé à s’aventurer sur cette ligne de séparation ; si nous appartenions au monde, nous serions « du monde », des morceaux de monde, coagulés, (et pas en mesure de détruire toute la planète, entre autre, remplaçant tout milieu délimité de capacités par l’horizon, de toutes réalités, effectives ou potentielles). Que nous puissions outrepasser les limitations (naturelles, la dépendance à tel ou tel milieu, ou la capacité de modifier la base de ressources, la nature même de l’énergie qui nourrit notre activité, et ce jusqu’à l’épuisement de chacune, ou plus généralement qu’il nous soit possible de créer des mondes culturels différents et même des civilisations modulables en elles-mêmes ou en devenir). Bref l’écart se creuse à mesure que l’on a compris que nous ne recevons pas des Contenus (sacrés) configurant le monde et participant au monde, mais que nous produisons ces contenus, qui dès lors se sont mis à proliférer. Et lorsque chacun comprend qu’il produit sa vie vécue, bien certainement il s’est inventé quantité de vécus différents, depuis les années soixante.

Et ce en vertu de cet écart, de cette séparation, qui au fur et à mesure, se connaissant comme créatrice, a pu développer non plus seulement telle représentation ou opérativité mais toutes les opérativités possibles (de la technique aux idées diverses et variées, cad à des processus organisationnels).

Les dernières philosophies ont pour but de définir ou d’approcher la dite séparation ; les allemands idéalistes ont tenté de penser la division comme fini/infini ; Descartes l’entendait autrement, en préservant l’infini de tout rapport au fini et en constatant simplement cet être fini, ici et maintenant, concevait sans le comprendre l’infini. Il apparaît que maintenir cette approximation selon la contradiction du fini et de l’infini c’est seulement utiliser une catégorisation selon la raison, l’universel et non pas avancer dans le creuset lui-même ; et qu’il fallut inventer, cad Créer, une nouvelle distinction ayant de moins en moins, au fil de la succession des analyses, de rapport avec l’universalité. Et donc d’avancer dans la singularité.

Le problème étant qu’une fois posée, la singularité se retrouve partout. La loi de la réalité comme du réel est la singularité ce qui paraît jeté là, au hasard, les choses et les êtres, puisque plus aucune idée, cad essence (de la chose) en tant que pensée, ne peut plus rassembler la diversité. Sinon dans des plans ou des historicités spéciale (l’atome d’hydrogène par ex, sa naissance, sa vie, sa mort). L’idée de l’être, ou du bien ou du un ou de dieu (comme Gros Étant, celui de la théologie, sinon que St-Thomas précise bien qu’il est l’exister même, qui nous est inaccessible, et il s’en voudra à la fin de n’avoir pas précisé et insisté), ces idées d’unité ne sont pas ou plus admissibles ; on pourra remplacer dieu par la Volonté ou l’Être, qui semblent capables de rendre compte de la multiplicité, mais en vérité dans ce cas on ne comprend plus rien (si l’idée de l’être était tout aussi obscure, au moins les variations permettaient de réunir des faisceaux ou la totalité de faisceaux intentionnels, les idées, en un système).

Il ne faut cependant pas se tromper ; le discours métaphysique rationnel ou universel, grecque ou théologique, ne réifie pas la chose en ‘objet’ ; l’idée, la position d’objet n’est pas celle qui suivra Descartes et son sujet ; l’idée, originellement, est vivante et le logos même, la vie du monde comme cosmos, et non comme monde donné là, tel une étendue par ex. Et pour que logos soit vivant il ne faut pas qu’existe un sujet, qui lorsqu’il paraît ramène à lui toute la « vie », le sens, la signification, l’unité. La liberté qui est son propre rapport récupère toute la vie et l’énergie. Qu’on le veuille ou non. Parce qu’il est toujours possible de tricher, de jouer comme Kant entre un nouménal dont le je est émergé, on ne sait comment ; le nouménal semble coaguler la solidité, la consistance, la « masse sans masse » de l’être, et à l’opposé la phénoménalité sa volatilité.

Donc résumons ; on utilise l’être comme principe général (ou le bien, le premier moteur, le un, dieu théologiquement pensé, la substance, l’esprit hégélien, le nouménal, la super-volonté, l’Estre, ou quoi que ce soit) principe qui permet non de penser « l’être » mais d’organiser ce qui le précède. Et cette idée de l’être ne demeure, stable, que si on s’en fascine ; on focalise sur « la pensée explique tout et donc la pensée est (ou le un la super volonté, etc) ». c’est le phare dans la nuit qui éclaire, et quant à l’être même, on ne sait pas (puisque l’on ne peut pas le réduire dans un autre-horizon qui prendrait, encerclerait cette idée). De là que Lacan s’aperçoit que c’est un fétiche si l’on veut (une honte-ologie, hontologie), ce qui veut dire une imagination (réductible donc au moi et donc au sujet inconscient). Trouver l’horizon qui encercle l’être, c’est déjà ce qui eut lieu par Descartes (qui dit ; la pensée est pensée, par un je, « qui pense » mais dont on ne sait pas ce en quoi ça consiste de « penser », et ensuite tous viendront pour comprendre ce que ou qui pense, qui n’est plus lui-même, ce « qui », de la pensée, mais alors quoi ? Un sujet transcendantal, l’esprit mais dialectique usant de la négativité, l’intentionnalité husserlienne, la super volonté, l’angoisse de l’être, et plus précisément le pour-soi sartrien et le signifiant lacanien, à gros traits).

Donc pour réintégrer ce fait majeur, absolu, que la pensée est pensée (et donc pensées qui n’ont pas d’unité en elles-mêmes et avancent dispersées, contradictions des systèmes) il faut penser le sujet (parce que l’on ne veut pas, et ne peut pas, laisser en « blanc » cette zone du réel, le je, sans laquelle le reste n’est pas, ni n’existe). Et le je doit ainsi être engagé en tant que je, cad rapport, cad mouvement.

Et on s’aperçoit, ensuite et par ailleurs, que le réel lui-même est mouvement ; le présent. Soit donc l’exister. Le réel est une structure (le présent est ‘invisible’, non mesurable et notionnellement, conceptuellement indéterminé) qui avance, qui devient ; le devenir est la substance-même, c’est lui le sujet, et il n’est pas abstrait mais bien effectif, il est même la seule activité (toutes les autres, qui existent évidemment, sont les effets ; si la substance est rapport, elle crée ou produit ou invente, comme on veut, tous les rapports). De fait ‘substance’ change de signification.

Or pourtant il faut saisir que quittant la métaphysique, introduisant le sujet, cela revient à placer celui-ci dans le champ de la réflexion, et donc pousse à une plus grande cohérence. La pensée ne donnait pas sa propre origine ; elle s’imposait comme finalité, indiscutable en soi, puisque ce par quoi on comprend le reste et quant son essence propre cela se terminait par une tautologie ; la pensée pense et pensante tout est (ce qui sera applicable à dieu… sauf pour Descartes, ça n’est parce qu’il pense que dieu crée, on ne sait pas comment il fait, il « signifie » et ce faisant il crée la pensée elle-même, qui aurait pu tout aussi bien être autre, ce qui pour toute attitude métaphysique est absurde).

La plus grande cohérence (qui intègre le sujet) ne va pas sans mal.

D’abord le statut de la réalité, le monde là, au-devant de vous, change. Il existe au moins matériellement et (depuis Galilée) on sait qu’il se soutient ou obéit à des lois et donc n’échappe pas à la pensée (de là que Descartes envisage la pensabilité de l’étendue et des figures, etc, en tant que mathématisables). On ne peut plus absorber la réalité dans des « idées » notionnelles (aristotélicienne ou scolastiques et variantes) ou via des « qualités » mais selon des catégories qui seront inventées pour leur emploi même (scientifiques donc). Et derechef tout le donné échappe (à la pensée pensante) et s’impose comme réel effectivement là.

Que l’on se soit rabattu vers des notions apparemment tenues de cette réalité (la matérialité, les empirismes, les exégèses scientifiques, l’économisme, des idées de « force », etc) n’est pas très étonnant, quitte à les monter en épingle, comme les mathématiques de Badiou, mais cela vaut aussi pour la poésie de Heidegger. Jusqu’à ce que le processus de produire des idées soit isolé, comme conscience phénoménologique, même si on ne saisit pas bien puisque l’on s’y attache surtout aux noyaux intentionnels, cad aux idées comme si elles existaient en elles-mêmes (on fait « comme si » la raison d’être de la conscience était « la pensée » mais la phénoménologie parvient à rassembler beaucoup plus que les seules notions catégoriales, des grecs ou des théologiens, aristotéliciens ou des platoniciens, toute « idée » cad représentation, contenu de conscience, peut faire l’objet de description et mener à une organisation, une mise en ordre de ce qui auparavant paraissait jeté là au hasard ou selon l’inspiration hors catgéories).

Mais si ce processus de pensées, ce penser intentionnel, se transforme, c’est celui que Hegel libère, mine de rien ; tout a été pensé, sur le mode objectif, dans une série de discours organisés en eux-mêmes et ordonnés historiquement, et rassemblés en un seul ; le savoir absolu. Qui n’est pas le savoir absolument objectif (quoi que en vérité on n’en sait rien, peut-être le développement de l’universel est-il tout à fait ou plus ou moins exact), pas le savoir objectif absolument mais à tout le moins la phénoménologie (comme donc les idées et les systèmes paraissent dans la processualité de la pensée, de la conscience qui pense, conscience qui prend la dénomination de « négativité ». ce qui veut dire néant. Le néant, le rien travaille le donné, en extirpe des données, universalisées, qui s’organisent.

Doublé évidemment par le processus historique phénoménologique également de « la phénoménologie de l’esprit ».

de tout, ce qui fut pensé, il ne reste que ce néant, qui ne comporte rien en lui-même, et dont la finalité, toute la finalité se justifie des contenus eux-mêmes, substance des substances, parce qu’enfin ici la pensée ne se déporte plus dans un « être », le un, le moteur ou dieu, mais dans un véritablement effectif savoir qui s’est auto-acquis. Le mystère reste entier.

Comme la pensée est l’effectuation même, tout le reste sort d’elle et elle-même est tout court. On ne peut pas du tout la dériver de quoi que ce soit, on ne peut pas la comprendre. Et c’est vrai ; c’est par elle que nous pensons et que donc les choses, les faits, les perceptions apparaissent.

Or donc si on présuppose que la pensée est l’activité ou plus vraisemblablement une des activités d’un être qui est signifié comme « conscience », une structure, dite intentionnelle, qui lie perceptions et signes, alors il devient possible d’identifier l’origine, la cause de la dite pensée. Et de plus si cette structure est juste, seulement un collage signe/perception, alors la dite activité est également celle qui non seulement produit des langages et des mathématiques, mais tout aussi bien qui crée esthétiquement et politiquement des cohérences intégrales, lesquelles précisément ne se contentent pas de s’envoler telle la chouette au soir des batailles historiques, mais qui crée des possibilités entières et indéfiniment ou infiniment vivantes. L’historicité est créée de et par l’activité de structures intentionnelles, en ce qu’elles ouvrent des champs entiers de réal-ités et de réal-isations.

Y compris des mois, des personnalisations, qui tirent leur « être » de ce statut de citoyen, de la société civile, de l’individualisation accélérée (et hyper trophique parfois ou essentiellement, puisque chacun existe à l’extrémité de lui-même, qu’il le sache ou non, et l’effet de la compréhension ou non de cet excès est fondamental, de là qu’il est absolument crucial, au sens propre, concernant la totalité de la vie, de l’existence possible de sinon cerner du moins s’approcher de « notre être »).

ça n’est pas, contrairement à ce que l’on a pu proposer au fil de l’histoire, renier l’universel ou la pensée selon ‘l’esprit ou l’intellect ou l’intellectivité ou la raison, puisque si un être produit la pensée, cet être est « plus grand ». et de fait menant une politique générale des champs intentionnels, bref une stratégie extraordinairement capable de cohérence, et de cohérence qui ne tient pas à un corpus ou un texte établi ou un système (lequel ?) mais relatif à une structure, qui, en quelque domaine que ce soit (éthique, esthétique, idéel, personnel, collectif, etc), agira, décidera, désirera ou organisera de par sa structure même et s’adressera à son alter ego en tant qu’ego ; il n’y a pas trente-six manière d’être « conscience ».

Soit il s’agit d’une mise en forme culturelle selon le groupe, soit il faudra instaurer des sujets.

Que ceux-ci s’instruisent de dieu, de la pensée, du christique ou du citoyen ; ce qui veut dire qu’il faudra que les sujets s’instancient d’eux-mêmes via une grande articulation, dont ils reçoivent la rectitude et l’exigence, sujets qui établiront un rapport avec le divin, la vérité, la liberté ou le réel, un rapport dans lequel ils seront engagés en tant que rapport.

Ou donc, la vérité, l’être, la question du réel est dynamique ou n’est pas. C’est ce dynamisme et conséquemment cette motivation qu’il faut lancer.

Mais alors ça n’est pas un objet.

On peut bien diviser la réalité en réalités, en champs, qui sont du reste nos champs opératoires, relatifs à telle ou telle pratique (une observance de règles d’expérimentations, etc) mais même la somme de ces pratiques (seraient-elles encore plus étendues, et non limitées à quelques sciences), ça ne formerait pas « la réalité ». Évidemment on ne trouverait pas, par cette accumulation, la réponse à la question ; pour « quoi » cela existe-t-il ?

Et ce pour « quoi » n’interroge pas non plus selon le temps ; cet univers gigantesque est destiné à la dispersion indéfinie. La question est littéralement d’une autre nature, d’une autre substance, d’une autre structure. D’où vient-elle ?

Dans une outre-métaphysique, ce qui veut dire une ontologie, cela revient exactement à se demander ; pour ‘quoi’ la « pensée » existe-t-elle ? Où l’on voit bien qu’elle se positionnait comme finalité ou être en soi, mais ininterrogeable en elle-même. On pouvait ajouter le bonheur, la béatitude, la contemplation, qui sont des stations, des stationnements, mais un tel état de satisfaction comblerait-il notre être ?

Si nous sommes en et par la liberté (d’un sujet, ce qui veut dire en tant que rapport) rien ne peut nous fixer, figer en quelque état. Si nous sommes ce (rapport) alors le mouvement est notre être, et n’est donc pas un être.

C’est cette limite, haute, à laquelle sont parvenus Descartes, Kant, Hegel (qui nous renvoie à « rien », le rien qui met en branle la pensée), sur laquelle tombe Husserl et que tentent de remplir diversement les 2 derniers siècles ; les empiristes (une sorte d’accumulations de sensations ou de perceptions ou de langages divers et variés, un remplissage donc), les scientistes (je ne dis pas les sciences qui travaillent très bien chacun selon son objet, local, sans se mêler trop de théorie méta), les idéologies évidemment (offrent des réponses selon le monde, la société civile, l’Étatisation, etc) ou les religions (tentaculaires parfois), ou donc Nietzsche ou Heidegger ; en tant que puisqu ça n’est plus l’être, c’est autre chose, une chose imaginaire, un être suréminent mais on ne sait pas comment ni pourquoi, et surtout si c’est un tel rapport Autre et surhumain ou inhumain (on voit en quels sens), alors cet Autre nie ou absorbe le rapport que l’on est, que chacun est ; les français et un peu tout le monde, n’ont, en vérité, pas compris, que l’analytique existentiale de Heidegger n’a pas pour but d’affirmer le je … mais de le noyer dans la clairière de l’Être, pour ainsi dire ; l’Être est ce « néant » inapparent (dans son repli) qui écrase notre sujet, il n’y a pas de sujet, excepté cette altérité bizarre « qui viendra », un jour, dans l’histoire des hommes, tel un « dieu » ; ensemble de contresens tout à fait stupéfiants, et pour le dire significations païennes hypertrophiées.

D’abord parce que le divin est séparé, qu’il n’y a pas de messianisme effectif (cad concret) qui ait un sens, qu’il faut alors nier l’individualité (et donc tout sujet en tant qu’il est rapport à (soi) et qu’alors c’est affaiblir l’ensemble de la capacité humaine) et que de l’indistinction (du divin comme forme néant, non qu’il soit du rien du tout mais une vague forme fumeuse) on ne peut rien récupérer qui soit utilisable. Heidegger veut fondamentalement anéantir le dieu divin, juif et christique, et le sujet du même coup. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait rien à tirer de Nietzsche ou Heidegger mais qu’il faut se déprendre de leurs imaginaires ; l’auto-affirmation de ‘soi’, qui est impossible sinon sous le signe de l’Autre, cad de la Volonté-autre (que la mienne) ou de l’Être comme vide, et donc remplissable par du rêve, plutôt dérangeant à vrai dire (à savoir le Peuple élu … dont la langue est seule à manifester l’Être ésotérique) ;

Or le réel est un « vide » mais un vide formel, et cette forme existe d’une part et ex-siste d’autre part ; Sartre et Lacan mettent tout à bas, reviennent à la stricte analyse, non allemande pour ainsi dire, du sujet. Sartre et Lacan prédisposent du vide en cherchant sinon sa structure propre, en tous cas ses effets ; par de longues, longues descriptions du je vécu et intentionnalisant et coupant le moi (et par laquelle coupure il est un moi, effet d’une cause de structure, le signifiant pour Lacan, le néant agité pour Sartre). Millimétriquement, regard par regard, intention par intention, et mot à mot. Requérant les perceptions et les regards et les affects.

Remarquons bien que le signifiant n’est nullement ‘en soi’, mais effets d’un sujet ; sans ce sujet il n’est aucun horizon sur lequel se dessinent les signifiants (et ceux-ci s’utilisent depuis leur invention comme action organisée dans des situations perçues et réorganisées, par une ou des intentions, puisque sitôt que l’on découvre la capacité de signifier on signifie, tout le temps et tous, jusqu’à ce que l’on comprenne qu’ils ne sont pas reçus du monde, mais produits, produits soit du divin qui est-autre, hors du monde, soit de soi-même, pensée ou sujet). Retirez le sujet, l’horizon, il reste telle ou telle idéologie, un alignement de signifiants prescrits, qui remplace le sujet, le rapport que vous existez.

On veut dire par là que quoi que l’on puisse penser ou imaginer on n’échappera pas à la structure. Elle traverse les systèmes différents parce que, elle, elle existe et en deçà des mots et des représentations ; on peut s’en distraire ou dérouter, mais elle se maintient puisqu’elle existe en tant que structure réellement là. La structure de l’arc de conscience, le champ intentionnel que le sujet (-structure) existe concrètement (réel dont la nature est précisément ce qui doit être saisi) ; non seulement historiquement et dans la réflexion ; sur cela qui est et qui pense (grecs et théologie métaphysique), qui existe en tant que je (Descartes et suivants) ou qui ex-siste, existentiellement réel et en tant que je brut, en tant que réel ici même, et en tant que mouvement ; le mouvement est ce qu’il faut penser (et non la fixité de l’être) et précisément c’est le mouvement qui fut pensé…

C’est seulement lu extérieurement que l’on ne comprend pas que Platon a raison ; les idées font voir les réalités (que les groupes humains dans leurs mondes particuliers et cycliques et ordonnés ne Voient pas) ; le christique a raison, que nous sommes ce-corps et que rien, nulle part, n’équivaut et que donc il faut élaborer une représentation de ce-corps ; et en conséquence de quoi il s’est élevé quantité de corps, crucifiés, partout, « ceci est mon corps », sous-entendu le vôtre, votre être-corps, tel que pris dans un champ intentionnel spécifique et unique, absolument singulier, et moi, le christ, je suis la singularité même, le rapport-unique de tous les rapports uniques, et en tant qu’uniques, sans réduction possible à quoi que ce soit, sauf à l’Unique des uniques, notre frère, dit-il, frères par adoption divine, que rien dans le monde donné ne peut toucher réellement.

En ce cas ce-corps se voit mort, parce qu’il perçoit dans un rapport qui n’est pas ce qu’il est ; votre vie est extérieure et ainsi devient votre vécu, obtient une valeur en elle-même (n’est donc plus pris dans un rapport extérieur de domination, et le divin dès lors libère, littéralement, il impose un autre-rapport et un rapport-Autre)Que ce-corps (la troisième substance cartésienne, dont personne n’est venu à bout … dont personne n’est venu à bout du tout) est à lui-même le rapport initial dont tous les autres ressortissent. Que ce rapport, que l’on ne connaît pas (et que Hegel ne peut pas enrégimenter dans un système, voir Kierkegaard et d’autres), il peut néanmoins se constituer, en Constitution, en société humaine de sujets ; puisque ce rapport et les rapports que les uns et les autres tissent sont des effectivités et non un corpus de connaissance qui s’imposerait ; l’effectivité, la performativité, la fonctionnalité des je s’impose comme telle ; elle ne dépend pas des contenus (et en crée à foison).

C’est cela même, le mouvement, qui fut pensé et conséquemment tout système, effectif et suffisant, désigne, au bout du compte, de son compte à lui à chaque fois, un réel surnuméraire pour ainsi dire, un excès, une tautologie, un devenir infini ou l’infini même. Et non une chose serait-elle un concept déterminé qui serait, en comparaison, toujours quelconque.

Le principe est toujours le même, depuis l’origine ; il faut trouver un concept qui fasse office d’horizon qui permette de penser le concept précédent. Et l’infini on ne comprend pas. Mais on peut le penser (mathématiquement c’est déjà le cas). En somme l’infini est juste une « mesure », et la question est « qu’est-ce qui reçoit cette qualité ? » l’infini se soutenait de dieu ou de l’esprit hégélien ou de l’être, etc. C’était ces notions (qui désignent d’une manière ou l’autre un être, réel, supposément réel, effectif) qui comptaient. Ici tout réel supposément infini est dit en tant que présent. Non pas le moment entre le passé et le futur, mais l’acte d’exister, celui en lequel nous ne cessons jamais d’exister (sauf à cesser tout court) ; le problème étant ; si le présent est le réel, jusqu’où existe-t-il ? Puisque si le présent est le Bord de toutes les réalités, il est aussi l’acte d’exister qui entoure toutes les réalités (de l’autre bout de l’univers, si il a un ‘bout’, au passé-présent-futur du temps, de l’organisation évanescente de l’énergie-matière à la conscience-de-soi au final tout à fait bizarre ou étrange ou mystérieuse ou en tous cas énigmatique dans son être, son exister même).

Dit autrement, le présent-exister dure. Il est ce qui dure depuis toujours-déjà (-à jamais, peut-être). Il n’y a qu’un seul Instant unique qui se déplie en lui-même et ce « en-lui-même » est la totale externalité qu’est ‘la réalité’. Il Existe absolument, et peut-être il ex-siste incessamment, sans cesser, il ex-siste précisément de ce qui caractérise absolument une « réalité », à savoir qu’elle se voit. Et donc se modifie.

Si le réel est la Possibilité (le néant existe autant que l’être, l’être est dans l’exister, l’arc de conscience est ce rapport qui se-sait et donc existe comme rapport et non comme être, etc) alors la finalité d’une « réalité il y a » est de se transformer, d’avancer plus loin, et encore plus loin, toujours. Si tant est que le ‘temps’ a un sens pour ce qui existe antérieurement et au-delà de tout. Étant la forme même qu’est l’Exister.

Que donc ce sujet est en lui-même, et, si l’on est inspiré, peut être analysé, décortiqué même si cela requiert une certaine constitution de soi assez spéciale qui puisse penser la limite extrême (depuis Descartes, c’est cette « réduction phénoménologique » qui compte, Husserl s’y reconnaîtra, littéralement) et ainsi ajouter que toujours constamment chaque je, chaque sujet est en son moment toujours situé au bout du bout, ou au Bord du monde, de la réalité, de l’histoire, et pas ailleurs. La constitution spéciale on y reviendra (la préemption existentialiste 19éme/20éme en offre une idée mais la certitude du je est bien autrement architecturée et plus étendue). Le réel est une exposition tout à fait extrême, extrémiste, qui se positionne toujours au bout de lui-même, puisque suivant ce que l’on dit, le réel est le Possible-même, et veut à toute force créer et recréer la plus grande Possibilité possible.

Ou donc, le réel n’est pas le possible de quelque « quelque chose » ; c’est le possible-même qui est structure-sujet, et les quelques choses sont des effets. Remarque ; c’est bien pour cela que la métaphysique, l’universel, les rapports universels ne sont pas du tout extérieurs mais intégrés au possible pur, de même que les mathématiques furent de fait admises dans une plus grande conception du mathématique (et on peut présager qu’il pourrait à nouveau être absorbé par une nouvelle extension du concept, pareillement antérieurement au dieu un-tout-autre, nous n’en avions pas l’intuition, ou précédemment à la révolution elle était inimaginable, pour devenir la norme ; le structurel se distingue de ce qu’impossible, cad non possible dans tel état du monde, il s’installe comme possible brut). Mais si le possible est purement cela seul qui existe alors il ex-siste, il ouvre toujours plus avant la capacité, son mouvement de plus en plus ample puis de plus en plus précis, distinctif, puisqu’il est substantiellement le réel (et qu’il n’existe rien d’autre, le reste est mais n’existe pas) et qu’il est in-fini.

Si le mouvement est le sujet, il est la substance-même, le Possible est la substance telle quelle, ce que l’on nomme approximativement (afin de l’analyser) le rapport.

L’idée, principe, de l’être n’est pas une « idée » à proprement parler et requiert un ou des qualificatifs, ce qui sème quantité de troubles, contradictions, incompréhensions, imaginations, etc. Dit autrement l’idée de dieu n’est pas équivalente à dieu tel qu’il se dit, ou plutôt se signifie dans le texte même ; si nous n’entrons pas en rapport le sujet qu’est dieu disparaît, remplacé par une idole, un concept, une image. Ou aucune énonciation ne parvient au Un plotinien, ni à l’être spinoziste, à l’esprit hégélien, au sujet transcendantal kantien ; il n’est en vérité que le sujet cartésien (qui refuse de caractériser le je) et qui se permet, s’autorise de laisser non déterminé cet « être » (pensée, émotion, sentiment, image et imagination, amour et haine, bref tout, et puisque notre être est fini (seul dieu est infini et on ne le connaît pas) mais cet être fini est infiniment fini ; ou donc la réalité, le donné, la nature, l’univers ou dieu ont réussi à produire par et dans la finitude une infinité.

Sauf que l’on ne peut pas penser cette finitude infinie comme finitude, et le problème est qu’alors cette infinité devient la règle …
de là qu’il s’agit d’avancer que le réel est de, par et pour des singularités ; ou que l’infini du réel sert à produire encore plus d’infinité. Au sens alors où le véritable infini est celui qui se modifie lui-même, infiniment ou indéfiniment perfectible. La perfection n’est pas et en peut pas être amorphe, inerte, fixe ; elle est mouvement, ce qui veut dire toujours en instance de perfectibilité et ce via ce moyen : elle se Voit et donc elle change.

La logique veut que le réel soit plus grand que lui-même. Il y a une expansion au-dedans du réel (et non dans son extériorité ; il n’existe pas d’extériorité au réel, cad au possible). Parce qu’après tout nous partons généralement que le quelque chose c’est cela qui ‘est’, mais nous n’en savons rien du tout, et le paramétrage interne à notre conception, notre conscience se fascine si naturellement pour ses contenus (et les choses qui paraissent si concrètes), mais on a vu qu’ici on suppose que la ‘substance’ est mouvement, modification.

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Passion de la liberté

4 Septembre 2021, 07:43am

Publié par pascal doyelle

On recherche donc ce qui apparaît. Et on a vu, multiplement, que ça n’apparaît pas ; la forme de ce qui apparaît, de tout ce qui apparaît, est le présent, et le présent, ce « moment », n’est pas visible. Au lieu de croire que le présent est juste un résultat, dont on ne sait pas trop quoi faire, que l’on ne pense même pas, mais qui se signifie (chacun existe et n’existe qu’au présent, on se souvient de soi, mais remarquons que ce sera toujours une interprétation ou une réinterprétation, comme quoi on ne sait pas, on ne connaît pas ou plus ce que jadis on « était », ça n’existe plus, mais c’est bien suffisant, que dans un « nouveau projet de soi », aussi abîmé ou ample qu’il se peut ou que l’on subit , ce qui est c’est le moi, mais ce qui existe c’est ce que l’on fait de ce moi).

Si le présent est inversement cela même qui existe (et rien d’autre n’existe, cad que tout, l’être, n’arrive que via le présent), alors tout est mouvement. Et effectivement tout est mouvements. Ça bouge, ça se meut. Le présent comme activisme ontologique. On dit aussi que le présent n’est pas seulement un état mais l’attirance ; tout avance (même vers sa, ses dispersions, et tout est destiné à disparaître) parce que le présent pousse à être ou attire en avant. Mais si le présent est la dimension en et par quoi tout est, alors cet « en avant » est vertical ; puisque les choses s’effondrent et qu’il ne restera, à terme, presque plus rien. Je disparaîtrai, les choses se dissolvent, les soleils et les galaxies, l’univers est condamné, bref plus rien, ou presque, cad une dispersion, une indistinction (tandis que les réalités, qui sont déterminées, sont distinctes, les une des autres, et apparemment une des distinctions générales c’est l’espace-temps, une différence de position, au moins).

Dans ce présent il y a une activité spécifique ; l’arc de conscience, cad un champ intentionnel, qui consiste à coller des perceptions et des signes. Soit une production collective, communautaire (le groupe fait office de vérité et d’identité), soit comme production individuelle ; il s’impose alors une séparation. Le sacré est une région ou une temporalité réservée du monde donné là (qui fusionne constamment entre perceptions et parole échangées, qui doit se répéter sinon à se perdre de vue, y compris entre les êtres parlants, échangeant, rituellement, l’esthétique est ritualisée par ex). Le divin est séparé (c’est pourquoi il crée le monde, cad tout, sauf lui, et lui-même n’est rien que l’Intention, de tout le reste) et qui oblige à la séparation ; au début les juifs ne forment pas une théocratie mais une Loi, cad une série d’intentions. Le divin vient tout à coup dans le monde (pour repartir presque aussitôt et nous laisser là) ; que le séparé non plus s‘introduise dans le monde mais qu’il s’incarne est stupéfiant (et que l’on y croit ou non, on peut très bien traiter ceci comme le fait absolu historique de représentation par lui-même de l’arc de conscience, chacun choisi). Et depuis lors, la question est qu’est-ce que cette séparation qui n’est plus seulement ‘en-haut’ (séparée) mais ici même.

Le christique, le sujet, la révolution des citoyens, la société civile (dans le cadre d’une Constitution, ce qui est désormais la forme même de toutes les sociétés, plus ou moins ‘démocratique’, évidemment) la société civile donc et le moi, les romans ou le cinéma, les esthétiques, innombrables, et l’individualité, l’inconscient de chacun ou les libérations diverses et variées (réelles ou médiatiques). Tout traite de cette séparation. Et des moyens d’y remédier, mais en vérité plus on s’y emploie, plus la séparation s’intensifie (le moi, de chacun depuis le 20éme, est extrêmement séparé et même divisé en lui-même).

Cela pose quand même qu’alors si le présent existe, et que les réalités sont, alors le seul réel est le présent ; le reste est relatif. Ce qui seul est absolu c’est le mouvement. Il n’y a, dit autrement, que peu de consistance dans les réalités (et les contenus de conscience, de tous les champs intentionnels), et beaucoup sinon infiniment dans le présent (et l’arc de conscience logé dans l’arc du présent). On a vu que l’on désigne l’infini en tant que présent (le problème étant ; jusqu’où existe le présent ? Quelle est cette dimension, unique puisque formelle, et jusque « où » ? parce que si le réel est le présent, comment est-il organisé, architecturé et en nous architexturé, comme corps?)

Bref.

La séparation règne et ainsi il y a une réalité. Et donc nous. Un arc de conscience est un rapport qui en lui-même st structurellement séparé, de tout, y compris de lui-même ; il n’es tpas un rapport qui arrive à quelque chose de déjà là, c’est le rapport qui est d’une nature spécifique et qui existe comme tel. Le réel est de son côté, le reste ce sont des effets.

Ce qui ne détruit pas la réalité (au profit du réel) ou n’implique pas du tout que l’être soit écrasé par l’exister (ni l’universel par le signifiant, ils se tiennent ne leur lieu et place), mais qu’il s’agit d’un seul et même mouvement ; la nature du rapport ou sa logique est de produire des rapports. Et donc au réel s’ajoute de fait les réalités (les effets de la cause, dont on ne comprend pas encore les possibilités internes). Le mouvement est en lui-même absolument positif ; ce qui existe en tant que rapport s’ajoute à lui-même. Pareillement tout est donné tel quel ; « il y a » de la réalité dans le réel.

Et des rapports très précis de telle ou telle précision ou qualification ou élévation. De plus en plus dans un certain sens du mot « distinction » (et la question de notre séparation veut découvrir quelles sont nos distinctions exigées ; elles sont ‘exigées’, parce que sinon on tombe, dans plus ou moins d’indistinctions). En un mot, si dieu existe (on ne choisit pas ici) il est instantanément donné tel quel ; tout le possible (néant, être, exister, sujet, dieu) est donné en une fois, et c’est seulement ensuite que tout commence (la perfectibilité de tout l’ensemble, et non pas leur « perfection », qui serait inerte).

L’intime est évidemment la plus proche limite du moi. Et c’est de ce bord que ça bascule, vers l’inconscient. Étant entendu qu’il ne s’agit pas de n’importe lequel ; celui de Lacan. En quoi l’inconscient est un « sujet ». Il voulait remplacer celui de Descartes. Et montrer que le moi est tout à fait relatif. Une sorte de version abrégée et pauvre du sujet inconscient qui déplie constamment sa toile (puisque le débusquer en tel signifiant pousse celui-ci à se replier encore, au sens stratégique, ce qui est fort étrange). Et donc l’intime ne débouche pas sur l’intériorité, mais sur une construction objective, mitoyenne du corps et du monde, du regard du moi et de l’autre regard, des affects et des signifiants, bref un maelström tout à fait objectif même si très difficile à visualiser (il est vivant).

Cette intériorité objective aboutit d’un côté au réel, au sens que l’articulation de conscience intentionnelle crée une coupure dont la dureté et l’a-humanité est un résidu insolvable, un reste continuel, soit donc le signifiant (dans la conscience qu’a le moi) qui désigne le corps, l’affection, le sentiment corporel, et ce signe ne peut pas traduire cette sensation dans le langage (et forcera ainsi les signifiants à se démultiplier, indéfiniment, puisqu’ils s’usent à ‘ne pas dire’).

Autant postuler donc que le signifiant qui me-signifie (qui désigne mon-corps, mon état-vivant) est juste un rapport, une articulation qui tourne en boucle (et ne cesse qu’à la mort), mais qui, ce faisant, rend possible qu’il y ait un moi et donc plus haut encore un je (qui se dirige lui vers le sujet, vers la structure-sujet ; c’est un ensemble de mouvements qui, donc, ne se contredisent pas, mais s’empilent ou plus véritablement s’ajoutent ; il faut que le corps soit affecté d’un signifiant mais celui-ci ne peut pas se dire, puisque c’est un affect originel ; évidemment il arrivera des mésaventures ou pires, qui se grefferont sur cet affect, ce sentiment de vivant).

On en conclut pour notre propos que « l’intériorité » est en-avant ; n’est pas un donné là, mais la capacité de projection (comme on disait autrefois) et l’unité ou le principe ou la loi que l’on se donné et qu’il faut, à chacun, rechercher. Ou donc ; que veut-on vraiment ? Et ne faut-il pas précisément en décider, ou commencer d’en décider ? Et lequel par contre, un continuel commencement qui, si la décision n’est jamais assurée, doit toujours être recherché en tant que commencement, et qu’il ne faut justement pas céder là-dessus. Continuellement re-venir puisque le réel est qualifié de Commencement (le christique insiste sur la perpétuité de la décision, en tant qu’intentionnelle, et non comme fait acquis).

Et le sujet inconscient c’est la rupture dans le vivant, ce corps vivant, rupture qui met en jeu tout le reste ; que le signifiant donc crée notre réalité, et c’est à ce vertige, ce gouffre certes mais surtout ce rond-point (qui est beaucoup plus utile, mine de rien) que nous sommes redevables. On va repréciser, repositionner la problématique générale de l’individualité.

La coupure (soit la castration, formule bizarre) ; le fait que soudainement et au sortir de l’enfance nous ne sommes plus au centre du monde, mais nous nous percevons du dehors. D’un point autre. Encore faut-il qu’il soit constitué en nous ; ce qui n’arrive pas à tout le monde, certains restent dans l’affect général qu’ils sont au centre, ou plus exactement tout le monde se croit, au fond, au centre du monde, mais pour la plupart il est un atermoiement, un décalage, au moins joué, un semblant, et lorsque l’on fait trop semblant on en souffre, on se ressent comme le centre mais rien n’y correspond, et nous-même nous n’y sommes pas ; nous ne sommes pas nous-même notre propre centre, contrairement à ce que l’on, pourtant, croit. Bref la contradiction et l’incompréhension régisse notre vie. L’incompréhension qui cause cet affect-même, et tout à fait réel, l’affect de l’incompréhension, qui ne correspond à rien, qui doit se sustenter d’un autre affect (l’angoisse, tel trouble ou tel autre, bref un symptôme, plus ou moins difficile à gérer et ce dans la vie quotidienne, puisqu’il atteint l’attention, la conscience-de elle-même). Cette incompréhension qui vient de ce que la résolution du moi ne se trouvera nulle part dans le monde, mais ajoutera à sa confusion.

Tout ceci de ce que l’être n’est pas. Que seul le mouvement existe ou encore que si le mouvement existe alors il n’existe que le mouvement et que le sens de ce qui est devient et deviendra encore. Que le moi ou la conscience spontanément fixent le réel comme être, identité, contenu, déterminations. Et effectivement les déterminations, les réalités sont ; mais cet être est pris-dans le mouvement. Et un mouvement brut.

La brutalité du mouvement est indubitable. Et cela nous tire les larmes, en apparence cela détruit notre spontanée conscience de nous-même, l’enfance, et durant toute la parfois difficile adolescence et se perdurant jusqu’au bout. Que cette forme du réel, le mouvement, soit cela seul qui existe, veut dire que l’on n’obtiendra jamais la tranquillité, le repos, la contemplation, cad l’objet, au sens spécial du miroir qui serait l’image dans le miroir (on sent bien que ça ne marche pas ainsi ; il y a un miroir et beaucoup d’images, un signifiant et beaucoup de signifiants qui s’imaginent comme signifiés, ce qu’ils ne sont pas, et que donc il n’existe qu’une porte de sortie ; le signifiant même).

 

On ne traduira jamais notre être (qui est un mouvement et donc pas un être) en objet. Qu’il pourrait percevoir du dehors. Il n’y a pas de dehors (objectal) ou plus exactement il n’y a que cela (tout est dans la Vue du sujet, sauf que cette Vue n’apparaît, et se nommant elle se signifie et non pas se perçoit, ni ne se pense ; Descartes est au-delà de la pensée, ou si l’on veut en-deçà, dans la structure antérieure, dans l’ontologie antérieure à toute métaphysique ; c’est pour cela que le cogito est la preuve ontologique et non pas métaphysique ; Descartes a très bien approché la complexité ; nous ne sommes pas dans le texte mais le texte signifie un réel, de même que l’on ne connaît pas l’infini, mais on le sait, le signifie, le signe, immense désignation de dieu comme « im-possible » selon le monde et la pensée et le moi, voir Pascal, qui rebondit sur ceci, à la lecture de Descartes) ; et plus loin donc, comment en définitive peut-on croire que cela même qui nous rend possibles (le mouvement, de percevoir, de décider, de désirer, de l’intention donc) puisse cesser  au sens de se reposer ?

Si par ailleurs le réel est non pas constitué de choses, de déterminations, mais que le réel est mouvement, alors le réel est devenir pur. Sa nature, sa structure est de mouvement. Ce qui déplace quand même bien le problème.

Mais pour ce qui est de nous autres, il ne faut, derechef, pas se laisser faire par la spontanéité qui voudrait que l’on croit saisir ce qui se présente là au-devant, comme un objet, ou une chose, dont on ne perçoit en vérité pas du tout la continuité, la solidité, la consistance et qui, au fond et en fait, est seulement l’image dans le miroir ; la psychanalyse applique cette logique ; la représentation que se fait le moi est non le moi mais l’inconscient, les objets ou la science ou la pensée ou quoi que ce soit, sont les faire-valoir ou faire-voir imaginaire d’un miroir caché (qui lui est réel, le réel signifiant inaccessible), et logique que l’on peut appliquer inversement, ce que Sartre cherchait, que l’objet soit l’image de l’intention qui s’étend au travers du temps, du vécu, des autres, de projets et qui nous attend tout au Bout de l’existence (intemporellement, comme une éternité proustienne).

De cette solidité (toujours sinon factice du moins non-réelle) ce serait même le contraire ; on voit bien que tout se dissout, se disperse, et puis disparaît. La solidité que l’on suppose à la chose ou à l’objet (technique ou pensé) est imaginée ; on transfère à la chose l’unité de notre intention qui la perçoit. On peut bien imaginer un gros objet, l’être, ou un être en lui-même, dieu, comme monolithique, mais là même tout nous indique, cad les textes de religions eux-mêmes, qu’il est structurellement une activité. Et non un être.

Par quoi le « temps » que nous avons dans la tête n’est rien d’autre que l’intemporalité, ou comme autrefois l’éternité. Qu’on le veuille ou non notre intentionnalité qui est un rapport se Voit éternelle, hors temps, doté de la perdurance de ce rapport ; à voir si l’exister, cad l’actualité du présent dresse infiniment la totale potentialité hors du temps, ou de l’espace ; ce sera l’objet de l’ontologie très effective.

De là les multiples précautions qu’au fond les pensées, les systèmes imposent ou supposent, implicitement ou explicitement, quant à la véritable nature du réel, quant à leur unité terminale, au sens ultime de ce qu’ils racontent. Qu’est-ce que l’esprit hégélien, le nouménal ou l’énergie nietzschéenne ou l’Être de Heidegger, ou l’idée du Bien ou le premier moteur ? On ne sait pas.

On ne sait pas parce que le réel est formel. Et on a nommé cette structure, formelle, donc, en tant que présent. Ce qui veut dire le plus « intime-extime » de tout ce qui est.

Le présent est cette forme qui tire hors de l’indistinction et parvient à distinguer. Par le présent se créent des déterminations et une de ces déterminations, au moins (on ne sait pas ce qu’il se passe sur d’autres régions de l’univers), a pu se déterminer de telle sorte que la déterminité s’inverse ; à savoir qu’il lui est possible de revenir sur sa détermination et ce par la raison que cet être (qui n’est plus un être) est arc de conscience.

Que l’on délimite comme tel ; une conscience de (soi) dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non le contenu de conscience ; une conscience est un être qui-se-sait (qui ne perçoit à partir de l’horizon) et ce savoir est non une connaissance, mais un savoir, ou si l’on préfère un signe qui se désigne. Et il se désigne parce qu’il se perçoit du bout du monde, ou du Bord de la réalité. Quant à « expliquer » ce que ce je, ce sujet, ce rapport est en lui-même, il faut le prendre inversement et admettre que l’exister existe et que l’arc de conscience existe de ce qu’ils se désignent eux-mêmes, et se désignent eux-mêmes dans un rapport, ce qui signifie à distance, en dehors, dans l’extime absolu, formel, vide si l’on veut, et qu’il ne s’agit dès lors jamais, jamais, d’égocentrisme ou de tautologie ou d’unité morte ou inerte ; il n’y a, il n’existe que le mouvement.

On comprendra que si l’unité est ex-time, en dehors, externe, cela ne veut pas dire extérieure (cad jetée dans la détermination, soit particulière soit universelle selon des notions, selon le concept peut-être, le Un par ex ou l’esprit hégélien, mais la notions déterminé et objective non, l’objectivité, tout àf ait valide, reste extérieure, ce qu’elle est donc), si cette unité du réel, qu’est le réel, est extime alors il est également intime… Puisque c’est le sujet.

Le sujet à destination de sa propre modification (par quoi, en un sujet, on obtient une détermination capable de se modifier elle-même, comme détermination et donc créant, créant du créé).

Ce qui se crée, cause quantité de modifications ; l’extériorité du monde qui était jusqu’alors l’intériorité du groupe, devient l’occasion de construire notre propre intériorité, cette fois individuée, et non plus collective ; le monde n’est plus empli de vision, mais, dans le cadre objectivant de la société humaine (portée par un cadre non plus de fusion mais de coordination), dans ce cadre général (et non plus global) chacun est animé de sa propre vision intérieure (celle-là même que voudrait récupérer, absorber, digérer les machines à rêve, du cinéma (et auparavant du roman) au publicitaire et à la mass médiatisation totale, la production industrielle d’intériorité ; et chacun est tout aussi bien tout à fait soulagé d’être mangé par une production industrielle de personnalisation, puisque le langage dans son essence même est né dans et par un groupe holistique, communautaire et qu’il en garde la mémoire, le regret en l’occurrence, la douleur m^me ; tout individu se retrouve nu et sans rien dans un monde silencieux, sans signification, sans relais dans une « grande intériorité » jadis et originellement partagée et qui se donnait là dans tous les aspects énoncés, parlés et partagés du monde naturel et sacré (le monde naturel en soi n’existe pas pour nous, mais naturel et sacré oui).

La matrice du monde, intériorisé en communauté, est une douleur pour l’individu (ce vers quoi, ce regret, il développe sans doute ses névroses de non-intériorisation et ses psychoses d’intériorité intégrale, on parle en lui, la parole, les signes paraissent venir du monde et les autres parlent dans la tête). Séparé il existe pourtant pour lui-même et le cadre généralisé (en l’occurrence l’universel de la révolution, ou autrefois la royauté très chrétienne et l’église) ne sont pas une aliénation mais précisément la possibilité d’être « soi ».

sans doute l’intériorité de départ est tout à fait christique ; et chacun dispose d’une intériorité de fautes, mais aussi d’erreurs, de péchés mais aussi d’égarements, qui ne sont pas forcément écrasées et déniées, mais en un sens reconnus et même appréciés, les bienfaits du monde, de la vie ne sont pas bannis ; le christianisme est justement cette religion qui malgré tout le désordre que vous pouvez engendrer, pardonne. C’est son propre absolu ; évidemment on va fauter à nouveau ou s’égarer mais c’est le jeu ; et surtout cela permet à chacun de commencer de mesurer son calage et son décalage, de se créer comme vie intérieure. Accompagnée.

Le christianisme n’est pas soumis à la Loi (du judaïsme) mais existe par et en vue de l’Intention. Vous serez jugés sur votre Intention (votre ex-sistence), et c’est même celle-ci que vous découvrirez « à la fin ». Dieu, celui de la trinité, révélera à chacun son « être », ce qui signifie ses décisions, l’orientation, la direction de son existence. Bien sûr il ne faut peut-être pas anéantir ses contemporains.

La question n’est pas de ce jugement, éventuel, mais de ce que cela imprime en chacun ; le récit de soi, l’orientation, et la, les décisions, et comment elles se prennent. Ça n’est évidemment pas de but en blanc et « en toute connaissance », mais sur la longueur, la durée d’une vie ; ce qui ouvre tout un champ absolument effarant et difficile. En vérité, ce qui veut dire dans la vie réelle, chacun est un sac de nœuds. On ne sait pas du tout ce que l’on fait, or pourtant on en intuitionne quelque chose.

Que ce quelque chose possède un préalable d’inconscient est tout à fait avéré. Mais aussi il existe une pré-disposition à-venir.

La personnalisation est devenue en elle-même un enjeu puissant ; toute l’intériorité qui était celle du groupe holistique immergé dans le naturel et le sacré, est effacée et ne demeure que l’extériorité, très froide et difficile du cadre général (cad universel). Mais cette universalité n’impose pas un contenu (qui serait « la raison », serait-elle hégélienne), mais une forme tout à fait extrême ; le sujet, individuel.

En un sens donc le sujet existe dans une « communauté » qui n’en est plus une mais une coordination (chacun décidant de son rattachement à ce cadre général, ce qui cause pas mal de soucis, d’adolescence ou de moralité ou de légalité parfois ou d’addiction, de dégradation de soi ou des autres, etc), ce sujet dispose d’un espace-temps à lui (de toute manière le sacré n’oblitère plus telle ou telle partie du monde ou de la vie ou du commun). Qu’il doit récupérer par et pour lui-même (désordres mentaux et désordres moraux ou légaux y compris).

Et c’est une énorme élaboration qui joue en parallèle l’individu et le commun. Mais l’universel en question, donc, est exclusivement la forme même de sujet ; laquelle seule est universelle. La capacité de la liberté de chacun. En quoi on voit bien que la « liberté » n’est pas « subjective » au sens d’arbitraire, de n’importe quoi ou de fantaisie, mais d’abord un processus d’organisation. Et ce au sens fort et pour le dire absolu.

La formulation essentielle c’est que l’individualité devient un principe d’organisation radicale. Dont le communisme a cru se dépêtrer en ramenant l’universalité seule (cad un certain contenu s’imposant à chacun, niant donc que « la liberté » soit le principe organisateur lui-même). L’histoire en retour promeut l’individualité qui seule permet de monter de niveau ; il faut que chacun se rende complexe si l’ensemble doit s’élever. Mais par ailleurs le cadre général (l’universel seul réel de l’organisation) ne peut pas ou ne devrait pas s’effondrer dans, cette fois, l’arbitraire des libertés rendues folles ; et c’est de folie dont il est véritablement question, une folie « collective » ou plus exactement généralisée (qui suit l’universel mais en le perdant de vue).

De ceci chacun tombe dans le piège historique de sa propre réussite, de notre réussite collective, de notre méga-organisation, qui ne revient plus à une hyper-organisation (insistant sur l’individualisation), puisqu’elle a abandonné le méta (la réflexion sur cette individualisation). Dit autrement à la volonté on a substitué le désir.

Le méga est une sorte de monstre préhistorique, une mésinterprétation selon la seule multiplicité, la détermination et l’immédiateté. Et dont on a vu que le fondement est la déchéance de l’arc de conscience (qui ne trouve plus ou ne veut plus d’une régulation haute) et qui se confie à son corps, à son bien-être, son confort ou ses facilités et surtout fondamentalement à ses fantasmes, à son « être rêvé » (dont la substance n’existe pas du tout, puisqu’elle est conférée, cette solidité, par l’intentionnalité qui se transfère dans la chose imaginée, la vie mangeable, le désir concrétisé, dont l’imagerie publicitaire n’est qu’une variante au fond) ; le corps fait office de réalité, alors que l’arc de conscience devrait ou devait s’instituer comme unité, remplaçant la « satisfaction » (fantasmée) par l’insatisfaction structurelle (l’intentionnalité, l’arc de conscience ne correspondent à rien dans le monde, le vécu ou le corps ; il doit être sa propre Loi de structure, mais ce ne sera pas sous la forme objective de loi, Descartes et les autres à la suite ne formulent plus une objectivité, mais taillent dans l’épaisseur et donc l’inépaisseur du je).

Il est tout à fait évident qu’il ne s’agit pas de renier le désir, le bien-être, etc, mais que cela ne s’impose pas au point d’étouffer, d’annuler la liberté et que donc la liberté, le sujet puissent dégager, séparer leur propre suréminence (laquelle étant relative à la liberté, n’est accessible que créée par ce rapport qu’est le sujet, on ne peut pas imposer le champ, l’espace-temps propre au je, il se le doit à lui-même ; toute l’ambition cartésienne que de transformer la liberté en passion, il ne concevait pas que la liberté soit séparée du monde, du corps ou de la représentation, il n’y a rien d’idéaliste chez Descartes, ou dit autrement le sujet doit instancier sa propre puissance, sa potentialité, et ce en l’inscrivant dans son propre champ et ce lentement, et c’est bien le sens de la troisième substance « la seule réelle », les deux autres, l’esprit et le corps, étant des distinctions théoriques, de raison).

Étant entendu que si liberté il y a, elle est « tout », au sens où c’est par elle que le reste vaut (la peine), et que sans elle le reste peut bien être agréable mais non pas valoir en soi.

S’il n’est pas pris-dans la capacité de la liberté, le désir tombe vers le bas, échange ses finalités de structure pour celles de l’immédiat ; notamment en ceci que le mythe, le rêve de la satisfaction assurée, suppose que dans la réalité ou la vie l’objet correspond à notre attente ; qu’il est « naturel » donc. Alors que l’on a vu qu’il n’y a pour un être qui se constitue comme un champ (actif donc, et dont la passivité même est déjà une activité), rien de naturel. Tout est construit ; raison pour laquelle la faiblesse qui tombe vers le bas produit ses propres artefacts, ses folies, ses délires, ses rêves en ramassant toutes sortes de déterminations, mais en les composant comme de pseudo-nouveautés, des désirs au sens le plus largement partagé, compositions qui ne se retrouvent pas dans le règne naturel des vivants et obéissent à la détermination concoctée dans la résolution basse de notre réalité, suivant les lignes de signifiants, ceux qui coupent le corps vivant et incrustent de pseudo-résolutions de cette coupure ; on produit du fantasmatique afin de coudre notre être, ce qui ne se peut, ce qui est une hérésie.

Que le je dans le moi découvre son unité de structure (ce qui a débuté radicalement par Sartre, qui dépouille toute conscience de ses atours idéalistes), et que le moi de la psychanalyse réduit, opère la réduction de ce moi sur son versant fantasmatique ( admis comme plus réel que tout conscient ou représenté, et traitant donc de l’hontologie comme dit Lacan, la honte qu’est l’ontologie, bien que réservant à Descartes une notation spéciale ; ça n’est pas le « je pense » mais le « j’existe », étant entendu que cet existe est dans le réel, cad le signifiant coupant, qui seul a affaire au corps, au vivant et bien qu’il recule toujours constamment si on le poursuit), et ces deux opérations, sartrienne et lacanienne, reviennent à dénuder les fils du réel lui-même, là où ils se touchent pour ainsi dire ; comme je intentionnel (ni un ‘sujet’ idéel, ni une intention, mais un rapport intentionnel, qui signifie vers le Bout ou vers le Bord) et donc de possiblement dresser la logique actualisatrice de l’exister de mais aussi dans l’arc de conscience.

Tout se comporte, se dialectise comme un seul tenant d’articulation actualisatrice du pur et brut rapport, lui seul est vivant, ce qui veut dire existant.

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