Le moi et le propitiatoire
Il paraît donc qu’il fallut décider. Que cette décision est à la fois déjà prise et encore indécidée. On sait très bien que parfois on se convertit ; vers dieu, pour la pensée, par le sujet, selon la révolution, soudainement illuminé par la poésie, pris de passion pour quelqu’un d’autre, et autres phénomènes étranges. Dit autrement : il arrive des choses. Non soupçonnables antérieurement et par lesquels événements c’est le possible qui se révèle antérieur à ce que l’on croyait être. Soit donc des devenirs infinis.
Puisque l’infini est la substance, cad le mouvement, de ce monde, de cette réalité et ainsi de cette vie. À voir comment et jusqu’où il est possible de comprendre l’infini, ou donc l’indétermination. Rappelons qu’il n’est que de la détermination. Mais que celle-ci est prise dans le non-visible ; l’acte d’exister (qui se donné pour nous comme présent) et l’arc de conscience, dont nous ne saisissons que les contenus (sans qu’aucun ne puisse remonter dans l’arc).
L’articulation décisive que ces extases provoquent modifie le déroulement de l’attention, non pas « seulement » de la conscience ou de l’intention, mais de l’attention. De la capacité de faire attention à ceci ou cela et en général ces grandes configurations passant via le menu poinçon de l’attention, parviennent durablement ou momentanément à bouleverser l’entièreté de ‘qui’ l’on est.
En quoi, par ailleurs, on éprouve la résistance de notre fidélité, comme dit Badiou (qui n’annonce pas que des choses compliquées et incertaines).
Ou selon Descartes, égaré en peine foret il faut avancer tout droit. La structure de l’attention se doit à elle-même (l’estime de soi, sous condition que l’on se donne du mal, sinon il s’agit juste d’une tautologie, égocentrée, il faut que l’on se donne des preuves).
C’est bel et bien du fait de son exiguïté que l’attention, l’activité de conscience, cad l’intentionnalisation, qu’elle peut se permettre de passer partout. Elle peut se nier dans un discours, qui prétend à l’objectivité ou plutôt à l’objectivité totale (ne laissant aucune autre possibilité que la réduction objective, l’objectivité oui, mais l’impérialisme de l’objectivité non, puisqu’elle ne fournit que des discours, vrais et réels, mais localisés et limités, hors de quoi il s’agit d’une idéologie qui ne peut plus revendiquer le titre de « science » qui ne se définit que par son objet, toujours précis et borné). Mais toute science relève de sujets, lesquels doivent à tout prix s’établir par un autre discours, cette fois idéologique mais au bon sens d’expression de la vision que l’on retient (de l’humain, de la société, de la morale, du vrai et du bien, ce que l’on voudra). Et cette mise en forme idéologique doit s’exprimer selon et par son argumentation et son architecture propre ; il est inutile et stupide de censurer la pensée (de quoi que ce soit) au nom d’une véridicité qui se voudrait scientiste (et non pas scientifique, puisque l’on se retrouve là dans la caricature d’une position forcée). Dénier la possibilité d’une argumentation sous prétexte de sa non scientificité, de son non empirisme, de son « illogisme », c’est la faillite de toute argumentation et organisation qui outrepasserait le dit scepticisme prétendu. Et ainsi rendre impossible à quiconque de s’ordonner lui-même autrement qu’en s’érigeant en censeur, n’instrumentalisant qu’une critique inadaptée ; inadaptée à la construction même de l’activité de synthèse et d’analyse de toute conscience existentielle qui, elle, a affaire au tout, à l’ensemble des activités humaines, à tous les registres de perception, à tous les affects et non aux conditions prérequises des laboratoires scientifiques (ce qui est juste) ou scientistes (ce qui illégitime et injuste).
Ce repli dans un criticisme ne permet pas de manifester, d’exprimer l’architecture de l’activité de conscience en tant qu’elle se révèle comme ceci ; détenant la décision conclusive, sans cesse ajournée (puisque prise dans le temps et existant en tant qu’actualisation, en tant que présent universel).
Ceci pour insister sur le fait majeur, et à vrai dire absolu, qu’en définitive tout vient à se décider en et par la conscience individuelle ; non pas qu’elle puisse occuper tout le terrain, c’est un fantasme irréaliste et lui-même idéomaniaque ; mais elle est conclusive. Ce qui veut dire qu’évidemment nous sommes multi-causés et informés par quantité de systèmes, mais le dernier mot, celui qui peut changer, en partie à tout le moins, le jeu des causalités, nous revient. Ce qui ne se peut que difficilement si on ne le sait pas ; cad si on n’a pas, préalablement à tout, posé, supposé la liberté et le sujet (avant Descartes il n’existe qu’un seul qui soit sujet, le christ, et une seule pensée, la pensée métaphysique et théologique, c’est à peu près la même ; Descartes, qui n’est pas le seul ni le dernier, qui n’invente pas le sujet mais qui l’exprime et rendra possible, de ce fait, une accélération des sujets). Exprimer, représenter le sujet c’est ouvrir la porte, la possibilité.
Il faut que le sujet, qui est un rapport, entre dans son propre champ et évidemment s’y introduise de telle ou telle manière et non pas n’importe comment, livré aux immédiatetés auquel cas la liberté ne servirait qu’à de faibles finalités (orientées par le poids du corps, ses envies immédiates qui engagent une réponse facile et effective). Et cette éducation s’installe depuis longtemps comme littérature, récits, poésie, lesquels ne sont plus ritualisés et donc reliés à la communauté mais dans le silence de la conscience, sa distance, et fondamentalement l’altérité du monde, du vécu, du corps ; mettant en jeu non seulement les éléments de disposition que l’on perçoit, lit, mais l’aperception de soi, la vue globale du corps affecté.
L’aperception est ce lieu qui retient ce qu’il voit, ressent, pense, imagine, désir et les résultats, les effets, les conséquences de ses actes et activités ; il voit ce que cela donne et ce qu’il donne lui-même et en retire et ce que cela cause dans le monde, parmi les autres, vis-à-vis d’autrui, des choses naturelles, des objets produits, des œuvres créées, au sens large (de l’éthique aux esthétiques en passant par l’idéel, la science, les théories, les systèmes).
La constatation des effets n’est nullement objective, ou alors partiellement, ou encore totalement objective au sens étendu ; à savoir que c’est tout entier que l’on reçoit et ressent les effets affectants.
C’est pour cela que toute l’historicité, effective, les événements et les faits, les systèmes économiques et les États, aboutit au moi-même ; une société humaine non universelle est particulière, aussi la révolution (et la forme moderne de l’État mais aussi de la Constitution, et de la société civile donc) hausse la réalité humaine à l’universel (de quoi tentera de se satisfaire le communisme dans et par les « besoins »), mais cet universel n’a de sens que si je, chacun, y trouve son compte, ce qui veut dire sa vie, sa vie en tant que vécue ; et le libéralisme parie sur le désir et non le besoin.
Ce qui veut dire que chacun aura en charge ou plus exactement aurait dû… aurait dû… se personnaliser, organiser son être, qui n’est pas naturel, qui est construit. Il y eut substitution, le je remplacé, comme par magie, par la version fantasmatique du moi ; qui n’est plus du tout le moi engoncé, c’est vrai, dans l’universel d’avant, si l’on peut dire. Le moi, engoncé, coincé, ne pouvait pas ne pas se rebeller (et il y eut quantité de ‘libération’, vraies ou fausses, mais pas de je.
Sans doute le moi doit-il croire en la spontanéité de son identité ; il est « lui-même » et ainsi se baser sur cette hypothétique d’évidence forcée (sinon il lui faudrait constamment penser à son existence). Il est clair que ce constructivisme s’oppose radicalement à la spontanéité entretenue par l’ensemble de l’idéologie (au sens large et à la fois péjoratif et non péjoratif) ; rappelons qu’entrent en concurrence la « gauche » qui veut perfectionner l’humain (par les besoins communistes et le collectif et puis par le désir ‘libérateur’ et donc le libéralisme…) et la « droite » qui considère que l’homme est déjà irrémédiablement qui il est, ses envies, ses désirs, ses objets, sa rivalité, sa hiérarchie (les anglo-saxons prédisposent que chacun est libre et en cette liberté originelle égal à tout autre, mais ensuite… c’est la loi du plus fort, et pas du tout d’égalité)
parce que si chacun des mois s’imaginait, se pensait comme élaboré il ne manquerait pas, en transformant son identité en je, en sujet, d’envisager un débouché sociétal, comme on sait, social, par revendications, politique, par décisions valant en elles-mêmes (selon l’ordre politique et non sous influence) existentiel (sortant les mois de leurs enfers), métaphysique (l’universel ne se suffit pas) ontologique en ce que les contenus du rapport de conscience, quels qu’ils soient, n’atteignent pas et ne satisfont pas le rapport lui-même.
Si le je se sépare de son être direct, spontané, supposé, il se construit, d’expérimentations, d’aventures, d’explorations, de créations en créations. Selon ses efforts. De toute manière « la vie » se chargera de remodeler son image de lui-même. Même lors qu’il réaliserait ses projets. Il existe une lutte interne entre l’idée de soi et la réalité de soi, l’une couvrant ou étouffant l’autre, selon. La structure de conscience est celle-là même qui revient non pas à un être immédiat mais synthétise l’historicité, tout comme elle avance dans le temps ; le moi demeurant déséquilibré entre un inconscient irrémédiable antérieur, coupé par le signifiant (en gros par le regard, l’intentionnel qui porte le signifiant, qui n’existe pas ‘en soi’) et une structure en-avant propitiatoire ; dieu, la pensée et l’universel, le sujet et la révolution et le réel et leur prédisposition de l’aperception de soi, du soi non-visible, alors que moi ne désire que cela ; se rendre dans la visibilité ; mais on ne peut pas à la fois se voir, et tant qu’à être vu, autant que ce soit de dieu, de la pensée (et de l’universel, y compris dans les domaines esthétiques, poétiques, éthiques, idéels, etc), du sujet et du réel, qui sont en-avant. Dans son entre-deux le moi est obligé de faire comme si ; comme si il était vu tel que se voyant (ce qui est le fantasme, en ce sens ou en sens inversé, dans les deux cas il est pris-dans, comme une image entre deux miroirs, jamais l’image ne rejoindra aucun des deux miroirs).
Le je est celui qui sait se confier, abandonner son être, pour son existence, qu’il ne saisit jamais mais dont « il est saisi » (par dieu ou la poésie ou la révolution, etc) ; il n’y voit goutte mais au moins il a cessé d’être (ou de croire qu’il est). Ça ne résout rien du tout, mais permet de créer des stratégies ou de s’approprier quelques-unes préexistantes (dont la philosophie ou la politique, etc).
Seules les élaborations de structure (dieu, la pensée, le sujet, le réel) avancent dans le temps et par le temps, le reste est miroitant et bien joli, mais se répète ; chacune des possibilités du je, du sujet furent acquises de par leur actualisation (au moment de leur émergence) ; la cessation, la dispersion, l’évanouissement dans les miroitements du monde immédiat de cette montagne ontologique élaborée c’est le déni. Que le je se perde dans les confins, cela fait beaucoup rire le moi ; qui ne voit pas du tout ce que quiconque de sensé peut « voir » dans cet état ésotérique du je ; or pourtant même que tout file et se désagrège dans la vie vécue du moi livré au monde et dont la finalité incline vers le corps, vers le bas, et non vers le haut ou le temps.
Le je sait tôt ou tard que le temps est précisément l’inverse de ce que l’on imagine ; le temps est l’actualisation brute, et non « le temps qui passe » laissant les choses et le moi inchangés, alors même que le moi et les choses se décomposent, le corps y compris. Et peut se remémorer les actualisations passées, les restructurer en lui-même ; l’actualisation est toujours déjà jamais ici même et maintenant ; c’est cela le sujet, la structure-sujet, le réel qui contient la réalité.
Comme le moi se dissout, il voudra constamment tout remplacer et faire comme si ça n’avait pas bougé. Et remplace, notamment, dans la roue des finalités naturelles ; imaginées ou idéologiquement empruntées, qui se recyclent continuellement dans toute la densité publicitaire, ce qui inclut les productions industrialisées de la personnalisation, par ex depuis le rock et le pop, il « convient » de se révolter…, c’est devenu un signe, de même l’épopée « nihiliste » se poursuit, et donc la certitude (on ne sait à partir de quelle argumentation, parce que le moi veut seulement par là justifier son laisser faire et continuer l’apparence du monde et sa vie apparente) la certitude que le réel, la réalité, la vie sont absurdes et vides de sens ou que la liberté n’est pas ou que le désir seul nous constitue de pied en cap, que chacun soit telle une somme de déterminations (définissables via tel ou tel discours « objectif », ,et que les discours découpent), de déterminations et d’images de ces déterminations, des images qui ne sont pas des pensées, mais l’apparence du corps. Et ainsi ne sont pas le corps lui-même ; on l’a dit déjà, ça n’est pour rien que l’initialisation de notre temps est le christique, qui dit ; « ceci est mon corps », sous-entendu, cela n’est pas le vôtre, vous avez un autre-corps, une surface autre du (même) corps. Rimbaud re-crée votre corps, lui-même ne sachant pas trop quoi faire du sien.
Dit autrement l’accès des mois au sujet est limité et expressément limité ; quantité de théories et d’idéologies et d’images anéantissent cet accès, niant qu’il existe un tel sujet. Que tout soit entièrement là, monde étouffant sans aucun en dehors dans le donné, vous livre aux discours extérieurs, qui ne naissent pas de n’importe où, mais dans d’autres consciences. Ce monde refermé implique, selon son idéal (parce que cette « objectivité » est un idéalisme ; Descartes n’est pas du tout idéaliste, qui ne définit pas « la pensée » par la notion, ni les mathématiques ; qui sont seulement des moyens ; Descartes invente la chose-en-soi, il n’est de chose que réelle, il n’est d’objet que construit, mentalement)
selon cet idéal donc cela veut dire que le désir du moi sera satisfait, idéalement (on est en plein rêve éveillé, l’évacuation du tragique ou du mal et donc de l’existentiel et de la liberté, mais également le remplacement même du « bonheur » ou de la sexualité, puisque ce sont les images du bonheur et les images du sexe que l’on consomme) et l’homme comblé et l’humanité réalisée, et bien sûr transhumanisé ; hypothétiquement et imaginairement en vérité, cad que l’on croira « avoir vécu » l’imaginé, de ressemblance aux images déjà perçues ; moyennant quelques aménagements, colossaux avec le communisme ou le fascisme, ou quelques adaptations avec le libéralisme et ce avec le consentement enthousiaste des consommateurs et puis des salariés… (c’est une foi qui ne dit pas son nom, on « devra » y croire), s’engageant dans une sorte d’auto-transformation, transhumanisme psychologique généralisé mais individualisé, immense déploiement mass-médiatique, et de là l’auto-conviction psychique et la torsion ou torture que tout moi subit, alors même qu’il en est l’agent essentiel ; la difficile conformité de l’image qui pénètre la rétine et donc le corps au je.
Le je qui n’en peut mais de cette identité ; lui qui n’en est pas une, et qui cependant n’est pas du tout l’universel, mais une unité spécifique et autre qui ne se rencontre nulle part ailleurs, qui est à elle-même son propre formalisme, qui donc du cœur de cette formalité doit se signifier comme dieu, pensée et universel, christique, sujet et singularité, révolution et triade de la liberté, égalité et fraternité, et finalement du je dans le moi.
Rien ne vaut sans la liberté, mais la liberté n’est cohérente que de reconnaître l’autre liberté (sinon elle perd de vue sa structure même, qu’elle envahit, remplit d’immédiatetés ou d’intérêts légitimes mais limités, et limités de par leur nature de déterminité même), et fraternité afin qu’il y ait un monde commun, ce qui veut dire que chacun non seulement reconnaisse autrui mais qu’il le connaisse comme centre de signes, qui crée et réclame et absorbe quantité de signes (cette historicité donc), par un récit culturel, civilisationnel complet ; soit donc que chacun se sache, se connaisse, se reconnaisse lui-même comme je et comme sujet. Tout tient dans l’aperception structurelle du sujet ; les mathématiques, les sciences, la littérature, la politique ou les sciences humaines n’existent que du fait fondamental, absolu de l’accès du je au réel donné là, et donc au réel donné « là », au « là » qu’est le réel.
L’actualisation.
Comme ce qui vient, ce qui est venu, ce qui doit venir dans le champ d’actualisation, qu’est le champ intentionnel, est « en personne », ce qui veut dire le contrôle par le je du champ du sujet, alors le je doit se délester du moi et comprendre que ce je est bien plus important ou comme disait St Augustin plus lui-même que lui-même (à propos de la volonté de dieu), et que son « identité » réelle n’est pas du tout ce moi construit (qu’il prend pour spontané et argent comptant et supposé content, heureux, satisfait, alors que seul un corps vivant peut se considérer repus mais non pas un arc de conscience), et que le sujet dessine seul des intérêts bien plus complexes et des finalités plus dégagées que la coercition qu’opère sur le moi les images du moi (dont la production s’avère au bout du compte celle industrielle et technologique et non plus du tout d’une spontanéité naturelle désirante, ce qui n’a pas grand sens ; personne n’a vu jamais un animal vivant mené un tel « désir » au train d’enfer et surhumain ou inhumain, c’est juste notre invention au centre du 20éme).
Lorsque l’on invoque le contrôle du moi par le je, il s’agit exactement de « la sorte de contrôle qui caractérise le je ». Et non d’une main mise…
Comment alors comprendre la saisie du je sur l’intentionnalisation (dont dépend le moi et qu’il laisse indifféremment, comme de sa « nature spontanée ») ? puisque cette saisie si elle passe via l’objectivité ne fonctionne pas ; raison de la présence du psychanalyste à côté du divan ou du psychologique qui vous intime l’ordre (pour caricaturer) de changer, de renforcer votre moi, de prendre des distances avec vous-même (ce qui peut aboutir, mais c’est néanmoins très étrange).
Ou de dieu, qui est-autre, mais structurellement puisque l’on ne « sait » pas ce qu’il njous veut (on n’a pas encore bien compris). Tandis que les images sont-comme un regard extérieur qui « voit » pour vous et qui vous voit. C’est bien là le piège.
Aussi les techniques qui n’adressent plus des contenus mais une activité (la philosophie, l’esthétique, la politique, etc) seront annulées, dépériront lorsque vous serez immergés dans un milieu et non plus dé-placés dans un horizon qui vous force à restructurer votre horizon ; évidemment l’esthétique ou la poétique (etc) formulent dans leur manifestation même qu’il existe un tel déplacement. De ceci qu’aucune œuvre n’est accessible immédiatement, sinon par malentendu, ce qui peut aider, comme chacun sait, et que doit être informée l’attention qui en est transmise (des signes de l’œuvre qui restructure l’attention et donc possiblement tout, de par ses approximations et ses certitudes). L’intentionnalité naît de la disposition des signes (ce qui veut dire que si évidemment le langage est fondamental, la signifiance ne s’y limite pas ; de même que pour chacun le nœud du langage rend possible d’autres signes qui s’empruntent alors des perceptions, du corps, des affects, du passé, etc. C’est en traversant le langage, et toute langue que le signe, la capacité de signifier, de créer des rapports, est transporté dans le réel, dans les réalités, dans le donné là ; c’est bien pour cela qu’il y eut un tel déploiement, durant 25 siècles et plus, s’adressant directement aux arcs de conscience ; la capacité d’inventer des langages, des plus objectifs (les mathématiques) aux plus subjectifs, qui de fait sont aussi efficaces que les premiers et même plus puisque s’adressant à, potentiellement, tous, comme la politique est structurelle, instituant chacun dans une Constitution ou l’œuvre toujours amenant sa prédisposition dans la vue de chacun.
Donc les aventures, les explorations, les inventions, les créations de toute structure-sujet sont réelles. C’est sur cette ligne, du Bord du monde et du Bord du corps, l’autre-surface qu’ordonnent les signes, cette ligne du Bout de la vie vécue, que l’on se tient en suspension, puisque notre être est un acte, soit donc une actualisation et que celle-ci est in/déterminée, à la fois déterminée, déjà, et jamais complétée, étant un rapport dont on ne connaît pas l’autre bout, que ce soit celui initial ou terminal ; un rapport du rapport n’est jamais un être.
Les réalités sont tirées du donné vers l’universalisation, ce qui veut dire « ce qui se tient dans la vue de la structure-sujet » : il n’y a aucun autre sens à l’universalisation que de se créer du sujet. Lequel est, on le rappelle, un rapport, un (soi) en tant que rapport (et donc le se-savoir de ce rapport est le seul et unique rapport, qui se tient selon dieu, du divin, de la « substance » en tant qu’acte, du présent, du réel brut, de la dimension). Le je est un rapport et donc instantanément plus universel que l’universel abstrait, tout comme les contenus sont des figurations de la configuration, des tactiques dans une plus grande stratégie.
De cette stratégie il n’est aucun contenu, mais des signes, que seuls les sujets, et donc pour nous les je, saisissent, sous la forme d’en être saisis. Ça ne naît pas du moi (ni de l’humanisation de telle ou telle époque) mais de l’actualisation, de « cela qui arrive » du vivant comme révélation, foi, extase, illumination esthétique, poétique, révolution.