En résumé, le devenir
1- Dieu
Il se produit une absolue intrusion dans le monde ; dieu, le un tout-autre, absolument formel puisqu’il est purement une intention, et donc unique, étant entendu qu’il n’est aucune composition en lui et qu’il ne peut se distinguer d’un “autre dieu”, ça n’aurait aucun sens ; il est ‘l'intention qui prédomine et antérieure à tout le reste ; aussi est-il le créateur (de tout ce qui est, puisque lui n’est pas, il existe).
Que l’on admet qu’il s’agisse de révélation ou que l’on préfère que dieu signifie le rapport de conscience, le symbolise, représente ce rapport, qui en ce cas serait produit par la nature ou la réalité, soit comme arc de conscience de fait, soit comme implémenté par le signifiant, le langage. Peu importe.
En tant qu'intention, dieu crée à partir et par et pour cette intention une nation, une nation de volontés, de prêtres, de saints (de justes, ce qui veut dire qui pratique l'égalité des intentions, des rapports). Le judaïsme, tout comme l’islam, le christianisme et l'Église, la révolution et la France.
L'absolue intrusion, c’est la suspension de toute détermination, de tout monde dit sacré, et le divin rendu un et séparé, en tant que pure intention.
2- La pensée
Il se produit la pensée, qui s’instaure comme réseau d’intentionnalisations, autrement dit d’idées (et de systèmes d’idées). Ce qui ouvre la capacité de créer un nombre non clos de rapports ; de rapports entre perceptions et représentations de perceptions, en tant que ces rapports seront partagés ; puisqu’il est dans la nature même d’un rapport d’être transporté de l’un à l’autre individu, tels quels, tels qu’ils sont en tant que rapports. Aussi est-ce du dedans même de la représentation qu’est inscrite la transparence.
C'est évidemment la clarté du rapport qui est attendue ; aussi les mathématiques, platoniciennes, paraissent le summum de l’organisation idéelle, cad intentionnelle au sens de conforme à l’ordre des rapports établis en conscience (avec la compréhension du rapport qu’est l’art de conscience qui com-prend ce qu’il pense) et puisque le nombre est le rapport à soi de toute unité. Mais cela entraîne pour la pensée de devoir se comporter en système ; tout élément énoncé doit être explicité par les autres éléments énoncés et la « réflexivité », à ce moment, se concentre, idéalement, en cette autorégulation du systématique ; s'il manque un élément, le cercle de compréhension est pris en défaut et court le risque que le système ne tienne pas puisqu’il comportera au moins un élément étranger non identifié ou faussement placé.
Le réseau de la pensée doit être pensé, et ce par une conscience qui active les rapports-contenus sur l’horizon du même monde ; puisque cette fois, on n’est plus situé par, en monde ordonné particulier, mais jeté sur le là du monde effectivement universel et unique ; ce qui se nomme l'être, bien que l’on ne sache pas dans le régime de la “pensée” si l’être est idéel ou réel.
3 - Le sujet christique puis cartésien
Survient ce qui était évidemment inattendu ; mais dieu ou la pensée sont eux-mêmes absolument stupéfiants dans leurs surgissements ; qui deviennent ensuite parfaitement évidents et tenus tels. Et c’est le sujet qui apparaît ;
en tant que christique (il fallait bien dieu pour que le sujet naisse effectivement dans cette existence, mais la pensée était elle-même qualifiée de divine, par les grecs). Ce que le christique instancie, impose, c’est le-corps ; le corps, très simplement, de chacun. Et l’on suit la vie telle que vécue du christ Jésus ; qui incarne l’Intention toute-autre, mais ici-bas et en un corps, ce qui n’est pas du tout évident, si l’on y réfléchit ; qu’est-ce donc que le divin (cad l’unité séparée de tout ce qui est, au lieu que le sacré est une part réservée de ce monde, là où (ou bien quand) il se renouvelle) qu’est-ce donc si dieu peut exister en tant que corps ?
On a vu que pour nous ici ce qui s’ouvre absolument, cad formellement, c’est le champ intentionnel, qui rend possible les signes, les signifiants et les langages ; la “conscience” est le rapport à (soi) dans lequel rapport le “soi” est le rapport lui-même (qui se dit je , sujet , intentionnalité) ; le champ intentionnel n’est pas, ici, un champ impersonnel mais un champ absolument singulier et un à chaque fois ; il ne peut pas être ramené ou réduit à l’universalité ; c’est au contraire parce qu’il est un, parce qu’il forme “un” qu’il cause l’universel ; étant donné qu’il forme un en tant que rapport (et il ne peut exister de “un” que du rapport, sinon on a affaire à du composé, et donc non-un) ; seul le rapport est un et l’universel n’est rien que le dépliement du un, du rapport (que ce soit en math ou en philo, ou en quoi que ce soit, y compris les langages, qui sont des signes, des rapports).
Aussi chacun acquiert-il une vie vécue en elle-même, mais pour et par le détour du christique ; puisque ce regard vous confère l’intentionnalité qui vous instruit sujet. certes sujet via le christ lui-même (qui donc est avant tout opérateur, absolu et formel, d’égalité, attendant Descartes pour que cette “conscience de soi” devienne libre et déclarée telle).
La « communauté » qui se crée alors n’est plus une communauté naturelle ou mondaine (comme les mayas ou les égyptiens), mais les juifs n’étaient pas eux-mêmes « naturellement » donnés là ; sans territoire et créés par et dans la parole de dieu, et seulement acquérant une terre après l’exode. La communauté est dite alors “en esprit” ; en tant que reconnaissance par chacun de chacu. Ce qui s’enroule immédiatement de ce que l’accès au soi-même de chacun passe par l’égalité de tous.
La seconde partie viendra de descartes mais évidemment dans tous les cas, chacun se savait libre avant le christique ou descartes (spartacus par ex), sauf que ça n’est pas la question ; par ces signifiant snouveaux c’est dieu et l’intention, la pensée et l'universel, le sujet d'égalité et de liberté qui, nommés, entrent dans la représentation et démultiplient, pour le dire rapidement, tous les effets dont ils deviennent les causes (et comme ce sont des causes infinies, cad structurelles, ils instruisent une indéfinité d’effets).
4 – Le réel, ou donc d’abord la réalisation
Puisque le sujet est acquis, alors il possède à lui même et à lui seul dieu, la pensée et le sujet christique ; pourvu qu’il comprenne que sa liberté ne peut pas ignorer l'égalité (cad le christique) sous peine de se dévaloriser, de se recroqueviller, ou si l’on préfère en perdant l'égalité il réduit et considérablement les raports dont le rapport qu’il est pour lui-même serait capable ; ou encore sa liberté tendrait à tomber dans le monde immédiat, et il s’emplirait de choses, d’objets, de théories, d’images, de facilités… ce qui est effectivement arrivé dans la version anglo-saxonne du sujet (livrant l’historicité aux empires, selon la ,spatialité, anglais ou américain, de même que l’Urss, dans la version de l'égalité exclusive).
Ayant acquis le sujet (et donc à sa disposition la pensée universelle, les sciences par ex, mais aussi le droit et l'État, etc), on pourra déployer la totalité des intentionnalisations possibles ; de toutes les créations à toutes les technologies, à tous les objets, industries, entreprises, toute l’économie, tous les mass et micro médias qui suivront. tout ce qui est (humain) sera réalisé.
Dit autrement ; l’introduction de l'individualité (de ses possibilités, de tous ses rapports possibles ; on ne s’organise pas et encore moins ne crée pas de la même manière dans une royauté ou dans une démocratie, avant ou après 1789) permet que ces individualités s’ordonnent et soient capables de pousser plus avant une auto-organisation généralisée ; la démocratie a autorisé la démultiplication des décisions, des projets, des créations, des sciences, des intentionnalisations de manière générale. Il est impératif de fait que ces individualités s’organisent elles-mêmes, sinon elles ne s’articulent pas elles-mêmes, et elles resteraient incapables de tisser des relations, des rapports suffisants avec les autres, les choses, les objets, les images et les imaginaires, bref tout ce que l'on veut. C'est pour cela qu’il est tout aussi impératif qu’autrui soit figuré absolument dans la représentation, et que donc antérieurement encore cette représentation soit tenue pour chacun comme totalement constitutive ; de là qu’il s’agisse initialement de littérature et spécifiquement de ce dépassement inespéré, inattendu de celle de l’antiquité par celle du moyen-âge, qui impose dans le récit lui-même d'abord qu’il soit un récit (un roman donc) et le roman dit courtois, imaginant dans sa trajectoire même une société courtoise.
Il fut donc découvert dans la réalité et le vécu et le relationnel humain, une unité, en droite file de la logique du christique, un point de repère radical et appartenant à cette vie vécue et autre que dieu, à savoir; l’autre conscience (sous l’apparition initiale mais généralisée de la relation homme et femme). Dès lors, une société humaine nouvelle est lancée, qui en un sens est secrètement réaliste et païenne, de là qu'elle puise sa féerie dans le monde celte, le folklore, le légendaire et qui comprend très bien que ce monde qu’elle crée originellement est un carrefour fondamental, qui réunifie ici et maintenant une humanisation originale.
Ce qui eut lieu ; l’incroyable devenir qui sût tirer des avancées formelles une humanisation et une humanisation personnalisée, pénétrant jusqu'au cœur de chacun, en son corps vécu lui-même. Ce qui se nomme un “moi”. Dernière réal-isation du spectre humain du champ du possible.