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instants philosophie

Perception du Bout du monde

25 Janvier 2020, 08:56am

Publié par pascal doyelle

Ce faisant donc, et compte tenu de ce qui précède, on présente donc l'intégrale positivité du réel ; il n'y a rien, absolument rien, dans le réel qui soit négativement. Le réel est même cela qui redouble sa positivité (sinon elle serait immédiatement là et donc déjà disparaissante, donc elle re-vient, elle re-vient toujours à nouveau, au sens de « elle re-vient en-plus » d'elle-même). Cependant tout s'impose à nous selon une brutalité que personne ne peut nier ; le réel est un processus extrêmement brutal, voire absolument excessif.

De même le réel ne parviendra pas à une « réconciliation », un état d'assouvissement, et à une pseudo satisfaction ou béatitude, mais, étant mouvement, n'existe qu'en tant que mouvement ; le réel ex-siste. Il sort de lui-même afin d'avancer encore et toujours plus loin.

Aussi le devenir deviendra. C'est son but, sa finalité parce que c'est sa structure.

 

La question ; qu'est-ce qui deviendra ? On la reporte à plus tard.

Étant entendu que tout ce qui est de manière déterminée est en soi-même intégralement destiné à disparaître ; rien de ce qui est déterminé, cad limité, ne passe outre sa limitation. Donc soit on croit que le sens de tout est la disparition, totale, sans aucune mémoire de quoi que ce soit (pourquoi pas). Soit on commence d'envisager autrement.

On ajoutera ceci que la forme des réalités, la forme en laquelle les réalités sont, telles que prises dans le mouvement (du temps, et plus exactement du présent) qu'elle ait, cette forme, une dimension réelle surabondante ou non il n'empêche qu'elle ex-siste ainsi ; soit donc comme articulée. Il y a rien dans le monde, l'univers, les univers ou quelque réalité que ce soit qui passe outre l’articulation ; c'est parce qu'il y a articulation que sont les mondes, les réalités. Autrement dit pour «éprouver ce qui existe tel que cela existe (qu'il soit question d'une dimension ou non, valant en et par elle-même) il est explicite qu'elle doit être perçue, tout entière, sans un seul iota qui puisse y échapper, comme un mouvement, articulé ; le réel consiste en cette articulation (il n'y a pas quelque chose qui, ensuite, est articulé, mais articulation qui produit des effets, les quelques choses). Donc dans tous les cas, qu'il y ait dimension ou non, on obtiendra une description de ceci-qui-existe et tel qu'il existe.

 

Ce à quoi se confronte toutes les pensées, même celles qui se comprenaient comme métaphysiques ; au bout du compte (des réalités et de la réalité une et totale qui était supposer chapeauter toutes celles-là) devait se positionner un réel, tel un retour vers le donné, une reprise organisée des idées (le Bien, le moteur ou la pensée de la pensée, le Un) ou des systèmes (Hegel), ou du moi ou du monde (Descartes ou Kant).

Qui ne voit que la pensée de la pensée n'est pas, justement, de la pensée mais l'activité de conscience ? Qui prit nom d'intentionnalité 25 siècles plus tard. Mais si acte de conscience il y a, alors cet acte est le réel ; aucune pensée qui en est issue n'est supérieure, en rien, à la structure qui l'a rendu possible.

Si la structure existe alors par elle se dessine la réelle dimension de ce qui non pas est mais existe ; parce qu'une structure est un rapport et consiste en ce rapport, d’une part mais aussi et peut-être surtout parce que le sens, la direction de l'être (du donné là déterminé) est l'actualité ; si il se passe quelque chose (et donc quelque Réel) c'est dans l'actualité du champ de la perception.

Que l'on soit selon l'exister et non selon l'être veut dire que l'être était une station momentanée et que depuis Descartes nous sommes passés de l'autre côté ; Descartes ne prélude pas à la raison abstraite et théorique (qui sera annulée par Kant de toute manière) mais inaugure la possibilité de prendre conscience de la conscience ; comme activité, comme activisme, comme source et comme structure.

Aussi est-il tout à fait inutile de tenter de redéfinir ce qui remplacerait l'être comme tel ceci ou cela ; il n'y a aucune « réalité » qui puisse se substituer à la forme du réel ; et même l'intentionnalité ou encore la représentation « sujet » ne sont que des ébauches de ce que par sujet, structure, réel on pourrait entendre. Ce qui existe en tant qu'antériorité (à tout) doit ainsi se retrouver soi dans la forme la plus exacte possible ; parce que toutes les déterminations qui paraissent autres que la forme-réel, autre que la dimension en elle-même (de l'exister), sont les effets, les splittages de ce qui dans sa structure propre est précisément de distinction.

 

De là à penser que si la distinction joue infiniment (ce qui veut dire que nulle part deux réalités son identiques … ce qui est le cas) alors la surface (de perceptions) que cela élabore est précisément la plaque photographique ou cinétique du réel.

Le réel, cette surface, qui doit impérativement (se) percevoir (comme toujours absolument Autre) pour se distinguer (et donc parvenir à la perfection effarante du devenir-plus-grand) jouxte absolument le moindre déplacement. Ce qui revient à dire que toujours et continuellement le présent accompagne la moindre des réalités. Toujours le présent est en-avant et re/vient (cad revient et vient à la fois, puisque le temps ne fonctionne pas dans et comme présent mais comme effet de cette structure qu'est le présent, qu'est l'exister, à savoir l'instant).

Bref.

En passant de l'être à l'exister il s'avère impossible de définir l'être comme « réalité  des réalités » puisque ces réalités précisément ne sont pas résumables ; elles s'étalent au devant, comme surface, comme univers, comme champ, et il est rigoureusement inimaginable et impensable que l’ensemble des réalités soit « une réalité » ; c'est bien l'évidence cartésienne qu'il y ait, là au-devant, un monde, et que l'on ne peut pas, peut plus le « penser » selon les qualifications scolastiques, et plus loin selon la pensée grecque ; puisque quand bien même cette opération permettrait de définir un « gros objet », on sait depuis Descartes que le sujet, lui, est à l’extérieur et autre (que tout monde et que toute pensée, au sens large cartésien, de tout ce qui est représenté, implémenté en nous à partir des perceptions, ce que Kant analysera).

Il est évident par ailleurs qu'il est impossible d'inscrire notre être (qui n'est pas un être) dans la détermination... ça n'est pas ce monde, ce vécu ou ce corps, ni cette communauté ou ce langage. C'est une structure et une structure antérieure à l'universel mais qui promeut l’universel comme son moyen et retraduit toutes les réalités en systèmes de signes, et ouvre ainsi des champs de perceptions (typiquement les esthétiques mais aussi les éthiques ou politiques ou idéels (sciences, théories, idéologies, etc) ; il est hors de question d'abandonner l’universalisation, qui est l'universalisation des intentionnalisations possibles. Non seulement des intentionnalités telles que données, acquises, perçues, mais des intentionnalités inventées et créées ; l’universalisation est une des possibilités de la structure mais la structure est plus rationnelle encore que l'universalisation . D'une manière générale il est non seulement non souhaitable mais irrationnel de considérer que tel ou tel système serait erroné, puisque nous n’en jugeons pas selon un « super contenu » qui serait « le système » de savoir ou de connaissance mais selon « quel champ ce système_me ou cet autre ouvre comme champ de perception ? ».

il faudrait donc décrire l’universalisation élargie qui est impliquée par ceci que, par ex, les esthétiques, bien que n'étant pas pensables universellement (en prenant comme base la raison classique, on ne peut pas réduire les esthétiques à un corpus), les esthétiques manifestent une universalité autrement plus étendue que les « simples » doctrines massives et par rapport à la différenciation élevée des esthétiques, des doctrines monolithiques.

Or il est probant que les esthétiques qui œuvrent des champs entiers de perceptions, à chaque fois, en chaque occurrence, exclusive, ne seront pas réduites à une unité de connaissance. Donc ça n'est pas la connaissance qui est en jeu, mais l'activité des sujets ; l'activité des sujets en ceci que les sujets, seuls, ouvrent le réel, et le réel non pas donné là (comme le ferait une connaissance selon son objet spécial) mais aussi et plus encore le donné Possible.

Et de fait le possible ne peut pas se transformer en universalisations qui seraient fixées, voire figées, mais bel et bien en universalisations pro-actives ; qui consistent à créer les universalisations potentielles, lesquelles n'engendrent certes pas un champ infini de possibilités, mais un champ indéfini (on ne sait pas vers quoi les créations se dirigeront et on ignore quelles créations antérieures seraient susceptibles de valoir indiscutablement ; tout dépend de l’orientation, au sens quasi physique, de votre regard, adorant Beethoven plutôt que Mozart ou l'inverse, Led Zep ou Dylan).

Or donc le seul point général commun serait chaque sujet lui-même, au sens de percevoir ; toute universalisation, élargie, permet de regarder la réalité à partir du point le plus extrême ontologiquement, toute esthétique, poétique manie l'ontologie, puisque l'on a dit que l'ontologie n'est pas la métaphysique ; qui tient à toute force à ramener, et non pas réduire, la réalité à une généralisation ; et cette opération n'est pas une réduction parce que les idées et les systèmes d’idées exposent, montrent, dévoilent des réalités qui autrement ne seraient pas perçues et requiert l'expérience individuelle, au-dessus et en plus de la perception commune ou langagière habituelle, et donc ces idées permettent d'inventer des signes vers des choses réelles, des mouvements réels, des systèmes réels ou des champs entiers de perceptions non seulement donnés mais créés.

Si le réel ne tient pas dans un corpus ou une matérialité consistante, alors sa vérité devient « cela qui est créé », la suspension au possible ; il y a un monde, une réalité afin que le possible se déploie, et donc ce que l'on voit selon les esthétiques est perçu du point le plus éloigné ; le divin qui était sensément le point du lointain, s’avère le plus proche et tellement proche qu'il est ce par quoi se produit un monde, en occurrence la possibilité de champs de perceptions créés.

 

C'est bien pour cela que le christique ou le sujet ou le réel (mais aussi dieu et l'être, juif, monothéiste et chrétien) pré-dispose du monde (dieu), du donné et de la perception (grecs), du vécu et du corps (christique), du monde-étendue et de l'existence (de Descartes à Lacan) ; on y perçoit à partir du Bout. On y est déjà tout au Bout, qui en venant vers nous pré-dispose le monde, la réalité, l'existence. Le Créé est la catégorie qui les surpasse toutes, et qui vient avec dieu, le christique, l'être (bien que les grecs ne s'en rendent pas compte à eux-mêmes ainsi, mais plus comme la mise au jour de l'ordre qui doit être appliqué par tous et selon le monde-cosmos, mais ce faisant ils créent quantité de systèmes d'idées, de perceptions possibles).

Tout engagement dans une Œuvre (esthétique, poétique, philosophique, éthique, politique, idéelle) creuse la réalité (donnée) à partir du Bout et donc Crée. La règle n'est pas la conformité à un ordre mais comme le christique et le monothéisme l'imposent qu'il s'agit de continuer l'Œuvre de dieu, ce qui est Créer, à proprement parler.

Dieu se libère des anges (qui sont tellement parfaits qu'ils ne comportent pas l'imperfection nécessaire à une « encore plus grande perfection ») et lance sur la piste les êtres humains, lesquels seront chargés de se rendre eux-mêmes encore plus capables ; et donc imparfaits dans un monde de terreur et de douleurs, sans doute, puisque précisément il s'agit pour tous et pour chacun d’acquérir, de trouver, de fabriquer la certitude malgré et au travers de la terreur et de la douleur. Lancement que certains anges n'admettront pas, puisque parfaits, et manifestant par leur révolte que justement parfaits ils ne l'étaient pas... Que la perfection (celle réelle) est bien toute autre et bien plus étrange.

La question est donc devenu ; quelle perfection suffisamment parfaite ?

On sait alors qu'elle consistera au minimum en la traversée de la terreur et de la douleur. Qu'elle sera plus grande (que tout). Qu'elle sera créée. De l'ordre, de la dimension du Créé. Que dieu lui-même n'y suffit pas, qu'il a envoyé son « fils » (cad lui-même selon une de ses faces, un de ses visages), son fils le sur-divin, le dieu en plus du dieu unique, et que ce dernier nous a dit ; cela a déjà commencé.

Le christique est le deuxième visage du divin, en ceci que le premier, le père est l'intention (ce sur quoi se fonde toute nation de croyants) tandis que le christique est la marque de cette intention, et comme il s'agit de l'intention de dieu on ne s'étonnera pas que cette marque contient tous les signes ; les mondes, les petits oiseaux et les vers de terre. Le signe de l'unique intention est indéfiniment diversifiée en quantité de signes, de réalités. Et cet ensemble-signe du Verbe devient ce corps singulier par lequel cet ensemble reçoit un autre-nom, qu'il Crée instantanément dans le temps de son apparition ; le christ. Avant qu'il soit le christ, il n’existe que le verbe, mais ensuite il existe le christ ; le christ est la nouveauté, par qui toute la création, justement, est re-Créée.

Et donc ce par quoi à toute la création et l’histoire et le temps s'ajoute une sur-dimension absolument inimaginable et qui s'impose pourtant comme étant celle à partir de laquelle on va percevoir dorénavant.

C'est pour cela qu'il faut insister sur cet immense dispositif (que l'on y croit ou non) qui se met en place dans l’historicité ; ça rend possible tout le reste (et donc nous, chacun en tant que chacun, toutes les nations et toutes les esthétiques, etc).

Or bien sur il ne s'agit pas de créer n'importe quoi... Ce qui veut dire que toutes les réalisations qui en feraient que reprendre les déterminations, n'inventent pas une voie, mais réintroduisent les mêmes déterminations dans un sans doute nouveau circuit mais non pas un circuit en plus. Il ne s'agit pas de miroiter selon d'autres compostions, mais de créer la voie ; non pas une seule et même voie, mais la seule et unique voie parce qu'elle se situe avant tout, avant tout ce qui est, tout ce qui fut réalisé déjà. Encore plus en amont et encore plus en aval.

Alpha et oméga.

Et à chaque fois n'étant pas une composition, cette nouvelel autre voie (qui est la même et continue la Création d’une part et le Créé d'autre part) est inimaginable. Et qui plus est elle ne sera pas imaginable en seconde part, on veut dire une fois créée et donnée à la vue de tous et chacun on ne pourra absolument la reprendre pour la réinterprétée, puisque c'est précisément ce à partir de quoi on interprétera ; l'arc permet de produire mais ne peut pas être reproduit. Sinon dans une autre et par une autre création. On peut comprendre Descartes par Kant, mais du point de vue et de rupture de Kant … Descartes sinon est ininterprétable en soi ; on ne peut pas contredire, mais seulement ajouter à.

Ou donc un diagramme (une esthétique, une philosophie, etc) est donnée à voir à nouveau à partir d'un autre diagramme (mais qui est lui-même programmatique et non pas une théorie de la théorie, parce qu'il ne s'agissait nullement d'une théorie-système-pensée mais d’une position ; on peut avancer dans le point lui-même de la position mais non pas déduire un achèvement.

Ainsi parlant de dieu on ne l’intègre pas dans une théorie ; comment cela se pourrait-il ? De même le christique mais aussi Platon ou Descartes. C'est bien pourquoi rien jamais ne dispense de lire et d'explorer dieu, Descartes ou Lacan ; rien.

De même on en dit pas « le centre de tout est dieu » ou « il est le sujet » ou « il est l'exister pur et brut » ; ce sont à chaque fois des versions (cad des possibilités ou même des créés) à partir d'un centre que l'on discerne très loin et si immense (étant le centre à partir duquel tout est perçu, cad réalisé, comme mondes, ou comme vécus, et ce à partir duquel tout est réel...)

On ne dit pas ; il s'agissait de dieu, ou du sujet ou de l’universel (substance, idée des idées ou esprit hégélien, etc). On dit que le centre est signifié plurielle ment, ajoutant ceci que si le centre est le centre alors sa perfection est de se Créer. Et non pas la fixité ou la perfection morte. Et donc il est, dans la nature, la structure même du centre de se mouvoir et de se projeter effectivement dans et par une pluralité.

Ce que paraissait inaccessible jusqu’alors (la pluralité des orientations du centre) est rigoureusement instancié ; il est pluriellement parce qu'il se Crée.

 

Autre manière de dire ; on constate que le centre se présente, à nous, diversement donc il est dans la logique du centre (pour employer un terme neutre si l'on a compris) de se présenter pluriellement.

Au lieu de croire péremptoirement que toutes les voies sont des erreurs ou des illusions ; ce qui serait une considération totalement irraisonnée, et en outre d'une telle arrogance et pour le dire bêtise. Pourquoi les juifs ou l'islam ou Aristote ou Eckhart ou Hegel ou Nietzsche seraient plus stupides que nous-même ?

Et au lieu de pleurer sur l'abandon du divin, ne faut-il pas précisément affirmer que si il nous échappe c'est que justement il ne peut pas être saisi : on en est saisi (et il est inimaginable, c'est autre chose que l’imagination, la composition de déterminations qui s'impose à nous). C'est la volonté de le saisir à toute force qui nous en écarte absolument.

Toute manière de se saisir, volontairement, techniquement (ou orgueilleusement selon les termes du croyant) du divin, du centre ou du réel retentira d’intérêts quelconques du monde, du vécu, du corps, d’intérêts pauvres et qui ne parviennent pas même au début du commencement de la pointe des babouches du divin ou de la structure. Laquelle n'existe pas selon le monde, ni d'aucune séparation ou réunion, composition du monde ou du moi. Les intuitions dites métaphysiques (au sens vague habituel ou précis de la philosophie) ou ontologiques (au sens strict depuis Descartes) existent en plus et valent antérieurement à tout monde ou tout état du monde.

Et effectivement si cette altérité (en quoi consiste que nous ne sommes un mouvement, un rapport et non un être ou un état) ne nous appelle pas, ne vient pas vers nous, nous n'en obtiendrons aucune intuition réelle mais seulement un masque ou une image ou une imagiantion ou un concept ... Ce qui se nomme la grâce divine ; mais elle est accordée à chacun, sous condition de l'accepter, de s'y humilier ou d'en être saisi (cela revient au même) ; il n'y a aucun autre moyen, tous les autres sont composés d'une part et de vanité d’autre part.

Le fer de lance de l'expérimentation depuis la méditerranée, lorsque la structure (vide et formelle) passe au devant de tout monde et de tout langage : pour explorer sa propre perception de structure (hors du monde), rendant possible d'inventer et de créer quantité de vérités, esthétiques ou éthiques, etc ; si nous les produisons c'est que nous existons en dehors, mais où ?

C'est la réponse à cette interrogation qui est en jeu, depuis le début ; « où » est dieu, l'être, le sujet, le réel ) Il s'agit depuis le début de décrire l'architecture de cette structure. Et comme c'est un mouvement il s'agit d'entrer dans la dimension du Créé. Puisque le Créé est directement issu de la structure ; il y a un réel afin qu'il se crée un Réel.

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La deuxième naissance du réel

18 Janvier 2020, 09:46am

Publié par pascal doyelle

Pourquoi veut-on toujours à tout prix que la conscience prenne tout, absolument tout en charge ? On nous dit "ah mais regardez vous n'avez pas conscience du mouvement de votre bras!" Oui évidemment ... qui a jamais prétendu le contraire ?? L'acte de conscience est enchâssé dans la perception mais ici et là il se crée de larges ou de précis mouvements d'attention et la plus minime intervention peut tout, absolument tout changer ; la conscience est inventée par la nature ou la réalité pour réagir et agir au plus près et dans l'imminence ; de façon à intégrer dans la cervelle et la perception et la transmission (aux autres) l'inattendu. Ce que ni les mémorisations ni l'adn ne peuvent intégrer.

Le règne de l'inattendu naît en et par l'actualité ; il se passe quelque chose, qui est repéré (mis en signes), et puis ensuite mémorisé (soit individuellement, soit collectivement). Il s'agit d'intégrations qui n'usent pas de la mémoire héritée ou de l'adn, en somme d'une mémorisation ultra rapide et très précise et infiniment souple (n'importe quoi peut être signifié, même des erreurs).

On nomme le règne de l'inattendu la mise en forme culturelle (puis ensuite individuelle et générale, nommée ici acculturation universelle ou généralisée) du monde donné, par ajout de champs de perceptions (les esthétiques qui ajoutent sans cesse de nouveaux champs, par ex, ou les éthiques ou les politiques, toutes activités qui restent incompréhensibles si on ne s'y investit pas).

 

On reprend donc de zéro. Dans un premier long, très long temps, nous nous sommes accoutumés à l'activité de conscience mais selon ses contenus ; nous créons des mondes, ce qui veut dire que les groupes humains (dispersés sur la planète) inventent la mise en forme culturelle (langage, échanges internes au groupe, ou plus ou moins externes, représentation, mythologisation, ce qui veut dire représentation de lui-même du groupe dans son monde à lui, et surtout nécessité impérative, sous condition de survie, de la transmission, de chacun à chacun et d'une génération à la suivante, donc le groupe et son monde sont ou font office de vérité, de véridicité).

Il arrive, soudainement (si l'on peut dire), que s'avance sur la scène du monde non plus tel ou tel monde ou contenu, mise en forme culturelle, langage, vérité définie, mais nous prenons conscience de l'activité de conscience, de l'activité comme telle ; la forme qui permettait de produire des mondes, cette forme se nomme elle-même, soit donc dieu et la pensée  (les juifs, les grecs).

D'une part une Intention, formelle, dieu, et d'autre part non plus telle vérité définie mais le principe de la vérité en général (et s'en suivront quantité de systèmes qui inventent des versions plurielles de la vérité, qui reste supposée mais seulement approchée et ne s'incruste pas comme monde et communauté).

Dieu (l'intention) et la vérité (l'être, l'universel) essaient de manifester là au-devant la forme, la structure qui existe antérieurement à tout monde humain, mais aussi tout système de pensée ou de représentation, et donc encore antérieurement à tout corps, individuel.

Et là c'est plus compliqué.

L'étape suivante consiste à vouloir d'abord préciser ce que par cette structure, cette forme on peut comprendre (le sujet, Descartes, Kant, Hegel, Husserl) et puis de plus tenter de saisir ce sur quoi, en quoi, sur quelle surface cette activité, ce sujet existent ; déjà Descartes (le monde est ce sur quoi existe le sujet), Kant (monde phénoménal, nouménal), Hegel (l'histoire, la détermination/indétermination), Husserl (intentionnalité dans un monde culturel), ensuite la Volonté ou l’Être de Heidegger, et enfin les français qui ramènent au réel le plus proche ; Sartre et Lacan ; le premier en jetant notre structure dans le monde, parmi les autres, et dans l’histoire (individuelle ou collective), le second en analysant l'intériorité, supposée qui est plus exactement l'arc de conscience dans un corps, dans un moi ; l'intériorité lacanienne n'est évidemment pas une « intériorité » mais une exposition du « dedans », de la machinerie interne à la structure de conscience, mise à nu. Lacan décrit scrupuleusement les effets d'un arc de conscience (il prend en réalité la conscience pour le cos nient, mais ce détour lui permet de montrer par la négative dans-un-corps-vivant les bouleversement de cette puissance de l'arc de conscience, qui décentre intégralement tout être-là), tout corps, puisque par un arc « on est perçu »).

On a donc analysé, durant ces siècles, la présence hyper active d'un fait de structure qui au lieu de se déduire du donné, du monde, de l'adn ou de l’héritage, invente et réinvente et crée constamment le champ exposé là au-devant ; la mise en forme culturelle puis d’acculturation (depuis la méditerranée) s'effectue du « vivant » de chacun, de son existence, de son actualité et raison pour laquelle elle est capable d’infiniment de variations, d'inventions, de créations. Y compris chacun qui bricole, fabrique, invente sa personnalisation (évidemment tout cela en récupérant toutes les mémorisations que l'on voudra ; on ne se crée pas ex nihilo, mais dans la potentielle réinterprétation, réintégration nouvelle et parfois effrénée de l'actualité de l'existence, nous ne somme spas selon l'être mais selon l'existence).

 

Il faut donc partir du principe que l'on naît deux fois. La première est celle selon le monde, et la seconde selon la perception. L'une plonge dans le passé, et l'autre naît là au-devant, instantanément, soudainement.

Nous n'avons pas seulement atteint la forme qui prélude à tout monde, à tout champ de perception (dieu, l'intention, et l'être, autrement dit la pensée), nous avons basculé dans l'antériorité même ; antérieur à nous-même. Lors du passage de l'enfance à adolescence, plutôt que de simplement percevoir le monde, l'adolescence se signale à elle-même qu'elle ne perçoit plus seulement, elle est perçue.

Et que l'on soit perçu ne veut pas dire que nous « nous » percevons nous-même, mais que nous sommes perçus : de l'extérieur. Le regard est tout à fait Autre. Que l'on puisse se percevoir soi à partir de soi, certes, mais ça ne sera jamais que second. C'est lorsqu'il se confond trop que l'on est fou ou pervers et lorsqu'il est trop éloigné que l'on est névrosé ou obsédé. Et lorsqu'il cesse que l'on entre en dépression et tombe dans l'angoisse. Pourquoi ne mouvons -nous pas nous percevoir ? Parce que cela signifierait que quelque chose percevrait quelque chose. Qu’une identité se connaîtrait comme cette identité qu'elle est. Or quelque chose de déterminé ne peut pas advenir à, saisir, percevoir une identité de même que l'on ne peut en tant que pensée être déjà quelque idée ou quelque système et connaître une autre idée ou un autre système ; un animal connaît selon son adn (il peut percevoir des situations nouvelles, mais ne peut pas les intégrer durablement à moins que ça ne passe, s’inscrit dans son adn) ; le connu connaît le connu. Nous ne sommes ainsi pas limités à une langue, un langage ; il nous est possible d'apprendre d'autres langues et d'autre slangages ; nous ne consistons pas en telle ou telle détermination, même si effectivement nous sommes écrits ou marqués par telle ou telle perception mémorisée, mais dans l'actualité, l'actualité du réel, l’instanciation du « là » est lancée une indétermination ; l'acte de conscience fonctionne en et par lui-même, aussi infime et hasardeux soit-il c'est ce qui dénote qui compte, qui ouvre un autre-compte de signes.

La question qui se pose est ; va-t-on rendre possible, construire une capacité de mener cet autre-compte à bien ? Puisque l'on est passé du compte communautaire (d'un groupe spécifique et limité, quant bien même serait-il un empire et un empereur, divin d'ascendance) à un compteur individué ; même la structure grecque (qui pourtant ne connaît pas, n’admet pas, d'intègre par individualité qui sera dite infinie par le christique ; on s'élève par l’héroïsme ou la pensée ou telle ou telle qualité) inaugure un comptage individué ; pour penser il faut élaborer des significations qui existent en plus du langage commun et opérer sur soi une conversion ; on se décentre par l'universel. De même que l'on se décentre de sa simple vie en devenant Existant au regard du christ, qui crée, de fait, votre âme.

De là que via le christique il s'agit de substituer à votre corps (qui suit ses propres finalités, biophysiques, etc, mais aussi ce corps pris dans les rets de l'esprit d'un groupe ou d'une communauté ou d'un statut (homme-femme, esclave-homme libre, riche-pauvre, etc), de lui substituer un autre-corps ; et c'est ce qu'effectivement il s'est réalisé, puisque l'on sculpte l'image de notre corps tout au long des mass et micro médiations (tout comme il le fut durant 20 siècles ; cela s'est démocratisé et on a du ou pu adapter à la multiplicités des corps et des vécus, puisque par « corps » il faut encore plus entendre le vécu, son organisation, ses finalisations, que l'on ne pouvait pas laisser au donné biophysique, qui n'a en lui-même aucun sens spécial, qui était jusqu'alors ordonné par la communauté et le groupe, et n'a jamais été laisser « à lui-même ».

c'est à partir de l'antériorité à nous-même que nous avons commencé de projeter au devant toutes les possibilités (qui n'étaient pas permises dans quelque groupe humain et de mise en forme culturelle que ce soit ; c'est pour cette raison que l'on parle d'acculturation généralisée depuis les grecs et le christique, depuis plus globalement la méditerranée), de projeter au-devant l’ensemble in-défini des champs de perception accessible depuis le Bord, depuis l'arc créé des grecs et l'arc créé du christique (ou révélé, puisque ces deux extrémismes, qui sont devenus la règle même, les fondations absolues, cad formelles, s’originent comme divins, et l'on n'ira certes pas contre).

 

Rappelons que le christique lance dans l'historicité le règne de l'intention (de même que dieu abolissait toute formulation mondaine du divin ; il n'est qu'une intention qui crée l’ensemble de toutes les réalités mais aussi donc des possibilités) ; de là que le christ s'en réfère toujours au Père (il ne peut rien sans le Père, il est la manifestation, le verbe, la parole, les signes, et donc également les corps, les vécus, les mondes, la manifestation de la volonté, de l'intention du Père). Passant du régime de la Loi (et du jugement) à celui de l'intention, christique, celle du dieu qui vient-en-plus, c'est votre intention et non plus vos actes, votre conformité, ou vos erreurs ou vos fautes, qui comptent ; or l'intention, contrairement aux actes qui sont accomplis une fois pour toutes, peut être remise continuellement (et donc pardonnée indéfiniment, en vous posant la question ; que voulez-vous vraiment ? Inaugurant qu'il y ait un récit individuel, et par ailleurs une liberté de chacun). Le un tout-autre (dieu) correspond aussi au un tout-seul ; la souffrance du christique n'est pas un dolorisme ; il vous dit que vous souffrirez, que vous serez rejetez, honnis, battu, mis à mort (malade, désespéré, écœuré, etc) et que lui, le christique, vous y a précédé ; il existe dans le plus infime et le plus dérisoire et le plus abattu. Par là celui par lequel tout a été fait (le verbe, le signe qui crée les mondes, les vécus, les corps) devient, renaît pour ainsi dire, et devient celui par lequel tout sera élevé.

Que l'on y croit ou non, c'est la structure fondamentale, celle sans laquelle rien de ce qui suit n'aurait existé, et on y reviendra largement parce que l’initialisation du récit-de-soi, de l’individualité, est écrite par le christique avec une telle précision et logique qu'aucun autre récit, second qui suivra n'y atteint. LE but étant une plus grande complexité (qui n'est plus seulement ordonnée par le groupe humain) et une plus grande complexité gérée individuellement.

 

De là que se déploient tous les champs, des esthétiques aux politiques. Et ce durant 21siècles. Ce que l'on nomme la ré-anthropologisation. Qui s'ajoute à l'anthropologisation précédente, celle de la mise en forme culturelle des mondes, puisque les grecs aboutissent au monde donné là, et le christique au corps de chacun, ce qui sera totalement partagé par le prototype de la révolution, liberté et égalité, partagé sur toute la planète ; en ce sens le capitalisme ou le communisme en son temps, sont des effets, des tentatives de résolution de l'équation imposée par la révolution liberté/égalité, des variantes, et nous nous sommes encombrés, emmêler les pinceaux par et dans ces résolutions, en grande partie imaginaires et non pas réelles, c'est bien pour cela qu'elles vont nous tuer, en particulier la pseudo résolution capitaliste, puisqu'elle rêve beaucoup, elle permet à chacun de rêver … ce qui n'est absolument pas une bonne chose, parce que ces rêves ressortissent sans doute de l'accès de chacun à la personnalisation, absolument nécessaire. Après l'humanisation, universelle, de la révolution est forgé en même temps la personnalisation potentielle ; l’humanisation ne réussissant que si chacun y est investi. Mais ce rêve de soi est également absorbé par les finalités immédiates et perd continuellement sa capacité d’articulation, de projet et de coordination, lequel devait se maintenir par ex par la vertu de Robespierre, certes très roide. Mais il connaissaient les hommes.

Cette absorption dans l’immédiateté est à terme le dépérissement et le mort de la coordination ; coordination que portaient et la pensée universelle grecque et le christique ; l'un selon le monde, l'autre selon le corps.

Au fur et à mesure au lieu de se structurer (selon la structure) tout un chacun a plié sa finalisaiton, ce principe de toute intention, aux finalités données là, et ce d'autant plus qu'au fur et à mesure nous les inventions ; on a créé cent millions d'originalités et de variations, on s'y est investi de toutes nos forces, ne laissant plus même d'énergie pour instituer une coordination générale et individuelle.

 

Le chevalier est devenu un héros (de roman ou de cinéma classique), puis un anti-héros, puis un super héros (qui ne conserve plus qu'un ou deux traits psychologique et livré à la vanité de la surpuissance mollasse), et le sens des séries télévisuelles se scinde entre l'exposition de la noirceur substantielle du monde et de la vie (Twin peaks, le prisonnier, etc) et l’impossible coordination de chacun avec les autres (Lost, GOT ou TWD, Westworld comme coordination intrinsèque, puisque ce sont des androïdes comme principe sur-divin, l'humain étant par avance, et physiologiquement, condamné). C'est ce qui arrive lorsque l'on croit que le monde nous bouche l'horizon et que l'on cesse de croire dans la structure ; on lui préfère alors un monde, un vécu, une humanité désespérée et mortifère, c'est juste du découragement ou de la faiblesse.

C'est que l'on a construit une architecture gigantesque, une architecture de structures, et tout cela pour basculer, au final, pauvrement, dans une version immédiate de ce qui est tel que là, bêtement, et se lamente de l'insatisfaction (bien que nous n'ayons jamais été aussi riches et dans la facilité) et abandonnons cela qui ex-siste, ce qui ex-siste comme sujet et comme coordination potentielle ; un moi n'est pas un sujet et les mois tous ensembles ne forment pas du tout une logique, un relationnel, une coordination, un universel. Ça se disperse. Ça tombe. Vers le bas. Et la coordination est délaissée et ceci pour les intérêts du monde ; alors que nous sommes sortis de la nécessité depuis longtemps, nécessité que nous réintroduisons par la rivalité, aberrante et pour le dire délirante. Et nous exhibons toutes les noirceurs illustratives pour nous convaincre de l'inanité de tout effort, comme des petits chiens apeurés, qui se rêvent en super-héros mollassons, de caoutchouc que les coups n'atteignent pas, parce qu'effectivement nous sommes en dçà de la souffrance et n'affornotons rien de réel.

 

Lorsque l'on naît une deuxième fois, de l'enfance à l'adolescence, on surgit du réel tel que donné « là » ; existentielle ment. On naît dans le champ de perception et non plus seulement de la mémoire, de la mémorisation, de l’héritage ; on a l’impression donc d'être en mesure de devenir « ce que l'on veut » et en un sens c'est vrai.

Sauf évidemment que le monde alentour, les autres, et soi-même, tout cela aura tôt fait de nous réimprimer les mémoires. Excepté quant à ne pas se laisser faire, avoir, empoisonner, infecté, absorbé. Et pour ne pas succomber il faut juste comprendre que ce ne sera pas du tout une libération dans le monde et donc pas non plus dans le vécu... mais dans l'esprit, comme l'on disait autrefois. Il n'y a aucune autre porte de sortie. On n'a pas créé la pensée ou le christique pour rien ; ils savaient bien, les précédents, comment le monde tournait. Il tourne toujours court et la pensée ou le christique, ou le sujet ou la révolution voient loin, bien plus loin.

 

Lorsque l'on naît, une deuxième fois, dans l'actualité du champ de perception si on ne se dirige pas vers le haut, on tombe vers le bas.

Ce qui revient à ne pas « croire ». Si l'on ne naît que dans le champ de perception, actuel et actualité pure et brute (parfois très brute), alors ce qui existe vraiment n'est pas, nulle part. Et ne peut ainsi qu'être l'objet d'une foi. La foi est la capacité de l'impossible. Mais on a vu que le réel existe de telle sorte que précisément c'est l'impossible qui conduit ; la forme de tout ce qui « est » (déterminé) est l'exister (présent) et il y a un présent afin que quelque réel s'y produise. Et si il doit s'y produire alors il y existe déjà ; parce que l'on ne peut pas supposer le mouvement et croire que ce sont les résultats du mouvement qui sont ; si on suppose le mouvement alors le mouvement est cela même qui existe, qui ex-siste ; il n'y a rien de plus grand que le mouvement ; le reste ce sont des effets de la cause et la cause, étant formel, non composée, est une et unique.

 

Et, seconde raison du présent, fondamentale, cela même qui fonde tout le mouvement, seconde raison donc de la forme « présent », il est ce en quoi le mouvement se prend et se reprend ; le mouvement revient sans cesse sur son propre déroulement afin d'encore plus se mouvoir (la perfection consiste non pas en la fixité mais en la capacité de redevenir encore plus parfaite ; il y a un réel afin qu'il soit plus grand que lui-même, l'infini produit des infinis, la perfection avance encore plus loin qu'elle-même, et donc nous demande de pousser plus avant la possibilité, à nous qui existons dans et par l'actualisme absolu du présent. C'est ce que l'on nommait autrefois « esprit », mais qu'il faut tenir pour la structure même du réel instancié dans son antériorité. Le présent, bien que ce soit purement hypothétique, est sous sa propre influence et re-vient en sa concrétisation, en ces mondes afin d'élever toujours plus ce dont il est la finalité ; la perfectibilité. Ce qui signifie le possible même, dont nous avons dit et vu qu'il était la structure même de ce que par « réel » il faut comprendre.

 

La question est donc ;

en quel sens avancer si l'on veut non seulement réaliser, ceci ou cela (qui sera destiné à disparaître, tôt ou tard)

mais si l'on veut augmenter, intensifier, accélérer, instancier non pas telle ou telle part du monde ou telle partie du vécu, mais l'arc de conscience lui-même ?

Augmenter (grecs), intensifier (christique et monothéismes), accélérer (Descartes et suivants et révolution).

Et enfin instancié ; le réel et l'attachement à « ce qui se passe réellement », le 20éme et Sartre et Lacan et toute l'attention dont nous avons fait preuve durant ce dernier siècle et le poids fondamentalement majeur du corps et du vécu pour chacun durant le dit siècle. Si l'économie est l'idéologie du corps, comment ne pas voir que les choix opérés par chacun en constituent le moteur... Le réel dans sa perception (et le réel n'est que perception ; il y a détermination afin que « cela soit perçu », aucun échange, aucun atome, aucun adn, aucun champ de réalité sans perception, et donc aucune détermination n'existerait) le réel se décide en et par notre intention la plus conséquente.

L'arc de conscience est cela qui décide du champ de perception, ce qui signifie décide du réel. Et comme on a dit cet arc de conscience, par nous éprouvé, est probablement une des variations de ce que l'on nomme « sujet » qui étend son règne bien au-delà de subjectivité ou objectivité (et dont on ne peut pas imaginer les autres versions, ni la structure même ; elle ne peut cette structure qu'être éprouvée, de même qu’antérieurement à dieu, l'être ou le sujet il nous était impossible de prévoir, de visualiser ces interventions là. C'est bien en ceci que les intuitions ontologiques relèvent de leur propre dimension, séparément de tous les autres domaines.

Étant entendu que c'est de toute manière ce qui est arrivé, ce qui arrive, ce qui arrivera ; puisque l'on ne peut en aucune direction échapper à la structure antérieure à tout monde, à tout vécu, à tout corps. Déplacer l'arc de conscience revient à modifier la structure de l'attention, à orienter les finalités de ce que l'on imagine, décide et perçoit, dans le détail et dans les plus grands projets possibles.

C'est le réel qui naît, là, dans l'actualité, et s'offre une seconde naissance, une naissance supposément renouvelée, incessamment ; sa perfection s'augmente et se réalimente, son autonomie étant rendue possible de ce que justement elle se crée une « intériorité » qui est une extériorité radicale, d’altérité, une externalité qui s'ouvre continuellement et se décide et se redécide en menant sa propre connaissance, sa propre exploration. Il y a une altérité constitutive du réel afin qu'il puisse puiser en lui-même (qui existe hors de lui-même) sa capacité et ses possibilités.

C'est bien de ceci que l'ancienne version de « l'être » ne fonctionne pas (ou de l'interprétation monolithique de dieu si l'on n’écoute pas ce qu'il dit de lui-même et de nous). Elle fige ce qui est structurellement mouvement.

Si il est mouvement, il ne cesse d'ex-sister.

La deuxième naissance du réel est la logique, la finalité, l'élaboration du réel.

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L'enroulement de la Possibilité

11 Janvier 2020, 10:00am

Publié par pascal doyelle

On n'abandonne pas du tout la connaissance ; on a vu que la philosophie n'a pas pour finalité la connaissance exclusivement, mais bel et bien de concrétiser en chaque conscience le passage, le mouvement, la possibilité en chaque arc de conscience ; aussi tisse-t-elle selon la même logique ; une esthétique, une poétique aboutit à ceci qu'elle crée en vous un champ de perception. Il est évident que toute esthétique ne comporte pas seulement un « jeu » de couleur ou de sons, mais qu'elle porte une position face au donné là, au monde, au corps, à l’individualité, la communauté, ou l'historicité, y compris interne à son domaine esthétique propre ; il y a esthétiques ou poétiques ou récits ou politiques ou éthiques parce que s'ouvrent des champs qui permettent de créer d'autres champs de perceptions.

Et cette position indique un sens ; non pas la libération de l'humain, comme si il existait une « nature humaine » des anciennes collectivisations ou intégrations, mais l'ajout à tout ce qui précédait d'un réalisme, lequel devait s’inventer. Il n'attendait pas sagement qu'il soit, mais il fallut le fabriquer ; et le fabriquer de telle sorte qu'il sorte de tout monde particulier et que chacun accède au donné tel que là par ex selon les sciences ou la perception et ses jeux indéfinis, permettant une libération de la perception du réel dans quantité de réalisations, d’œuvres, de réal-isation, et donc à la variation de champ, de champs de perceptions dont on a vu et dit qu'il constituait l'essence même de ce qu'est une « réalité » et ce qui est donc excessivement important, que l'on perçoit et éprouve la forge du réel à la fois brut et subtil ;

par quoi ainsi rien n'est présenté sans subtilité, la réalité, ce qui veut dire la détermination, la déterminité comme processus, voire comme procède, est distinctive en elle-même, en essence ; elle se crée non seulement comme universalisation, sinon elle ne tiendrait pas, organisée, dans la durée, mais aussi comme particularité, particulier absolument distincte, partout et pour tout en toutes ses parties aussi infimes soient-elles ; la réalité est radicalement et de a à z distincte d'elle-même en tout ; de là l'aspect, l'apparence étrange du donné, qui ne se répète jamais, par quoi on mesure, à peine, la puissance absolue qui s'étend partout.

Et c'est bien en cette effarante capacité à produire de la brute et pure particularité qui fait sortir la réalité de ses gonds universels ; il n'y a pas que des lois, mais la particularité qui surgit en dehors des lois et ouvre son soudain propre champ de perception. Aussi la réalité est toujours plus avancée qu'elle-même ; sa systématique est proprement hallucinante ; sa structuralité est dévouée à la production d'irrégularités qui deviennent des champs complets de rendus réels et sur lesquels àç nouveau il se produira d'autres champs particuliers.

Ainsi sur les nuages si peu distincts (mais non pas indistincts réellement) de particules à peine existantes, se produisent des « choses » de plus en plus massives et consistantes ; sur l'éphémère se crée de la matérialité et celle-ci se concrétise de ce qu'elle se perçoit et donc établit des liens, des relations, des rapports (il n'est rien d'absolument consistant dans la réalité). C'est aussi la raison de la possibilité de la liberté ; il n'est nul besoin impératif de connaître (rationnellement) la réalité pour y ajouter ; le champ brut du donné tel que « là » est en lui-même délivré et neutre.

Pareillement on est libre en soi-même et par soi-même mais le collectif, le système organisationnel collectif fait office de mémorisation (des choix et des inventions et des créations et donc disions nous de l'organisationnel), et ceci relève du mouvement général de la liberté telle que structurellement elle se produit dans le champ commun ; fondant soit dit en passant le dit champ-commun … la nation juive se tient de l’Intention de dieu, de même que l'énoncé de nation est spécifiquement créé par la révolution française ; rappelons que dans la révolution, a priori et purement théoriquement, cad ontologiquement en fait, il ne s'agit pas d'une « identité française » qui préluderait à la nation, mais de la création de but en blanc d'une « identité » universelle radicale ; la nation est l'idée elle-même des volontés ; il s'agit d'une nation qui imagine naître et se constituer et continuer l’universel et la liberté elles-mêmes, c'est son essence (absolument et absolument politique). La liberté n'y est pas non plus la « raison » (qui serait tel un corpus complet venu on ne sait de où) mais la faculté de juger, en somme la liberté d'être à soi-même son repérage (compte tenu qu'il pourra en exister une indéfinité de différents).

La finalité de l'historicité était de toute évidence la création d'une humanisation d'une part sous l'égide de l’universalité, et d'autre part d'une individualisation ; la personnalisation suit et se construit dans et en plus de l'humanisation ; de telle sorte que chacun obtienne son propre corps-autre ; un corps suffisamment recouvert de signes, ce qui veut dire d'un champ perceptif.

Autrement dit il y a une réalité, un monde afin qu'il existe un champ.

Or humanisation et personnalisation (outre les avantages que cela inclut, de nous débarrasser des nécessités et d’atteindre une facilité, si nous ne l'avions pas recouverte d'un autre nécessitarisme contraignant nommé « économie ») aboutissent en leur finalité à ceci que peut se déployer la capacité même ; cad la capacité de rendre possible le possible (quitte à souvent inventer tout et n'importe quoi, qui aurait du être régulé, et plus encore auto-régulé).

Que chacun donc puisse atteindre et entamer la vraie et réelle activité ; l'activisme (ce qui encore une fois ne signifie pas le « tout et n'importe quoi » pour lequel on a pris cet activisme). Que chacun soit à disposition, lâché en et par et vers sa possibilité même. Que chacun rencontre le réel de l'exister, du fait brut du réel.

Il est évident (bien que très difficile à admettre et à concevoir, dans l'ordre) que tout moi (personnalisé dans humanisation généralisée) est en approche absolue de soi, de soi en lequel la question est celle justement du « soi » ; autrement dit de la structure même qui prélude (ontologiquement) à l'apparition de notre espèce (et qui se définit comme « arc de conscience » soit donc cet « être » qui est à lui-même le rapport qu'il est, et donc qu'il ex-siste ; il n'est pas, il ex-siste, et cela se produit dans le champ phénoménologique de perception, le langage par ex).

Ce par quoi on reste confondu de la difficulté et de l’étrangeté de cet avènement ; une conscience se sécurise en pensant, interprétant, imaginant qu'elle est la conscience de un-tel ; la conscience de Pierre est pourtant plus grande que Pierre lui-même ; et c'est cette explosion, interne, qui est en jeu.

C'est ce que signifie, implique, comporte, intègre qu'il y ait des éthiques, politiques, esthétiques, poétiques, récits, et en bref des œuvres qui augmentent, intensifient, accélèrent ou densifient tout regard, toute intentionnalité. Et raison aussi pour laquelle nous eûmes un tel déferlement de mass et micro-médiations dans tous les sens possibles depuis la révolution. Et depuis les années soixante du dernier siècle.

Et que dans ce champ qui est un rapport (un tissage de rapport et qui se tient lui-même en tant que rapport de rapports) il en existe au moins un qui soit le rapport à (soi), dans lequel rapport le « soi » est non une identité (toujours quelconque, toujours frustrée, toujours mensongère ou illusoire) mais est le rapport lui-même et qu'il puisse développer sa propre perception de ce « soi » énigmatique et ce afin de rendre possible encore plus de relations. Plus de relations parce que cette structure du « soi » se situe avant tout le reste, avant tout ce qui est dans le monde et selon le monde, le vécu ou le corps ; autrement dit ce qui existe vraiment, en nous, est-avant, soit donc ex-siste.

Et évidemment qu'il connaissance le réel en tant que transcendance. Et la transcendance existe ainsi « avant ». Tout est dans la transcendance qui ex-siste. La positivité est absolument première et ce qui est en jeu c'est en quoi il serait possible d'augmenter cette positivité.

En langage de religion ; dieu existe avant et donc le Bien, le mal est seulement une infra-position qui agite peut-être le néant et le vide et la destruction mais reste et restera absolument seconde ; il n'y a aucun avenir pour ainsi dire dans le néant ou la négation, c'est seulement que l'on croit un moment, de sa vie par ex, qu'il est l’horizon, mais ontologiquement ça n'a aucun sens, aucune direction ; le néant est non directionnel, il tombe, il s'échoue dans le néant, le rien du tout, qui existe en deçà de ce qui est ; dont on avait dit que le néant est, tout comme l'être, mais comme le néant est « rien du tout » il n'offre aucune résistance à l'être ; aussi dans l'être (qui est composé si l'on veut de des contenus et de la forme, des déterminations et de l'exister) le néant est la dispersion presque indistincte, sans jamais parvenir à l’indistinction totale, au pur néant, qui ne peut pas se « présenter », matérialiser ou se concrétiser ; ce qui se concrétise, ce qui se détermine, est toujours un « quelque chose », même qui parait à demi-existant.

Ainsi il y a toujours quelque chose, pris dans la forme de l'exister. Et rien dans le monde, le donné, et aucune dispersion de détermination (serait-elle la plus négative) ne peut remonter et atteindre la forme, la structure, le rapport exclusif ; le seul rapport qui puisse être exclusif et unique c'est celui du formel, cad le rapport lui-même. Le présent comme mise en présence de tout qui produit (selon la causalité hors monde) qu'il y ait un champ de perception, cad de différenciations.

Et il y a un champ de différenciation pour le Un qui constamment re-vient dans ce champ lui-même ; il s'y annonce. Toute entreprise de destruction ou d'isolation d'une unité qui « existerait » dans l'unité est absurde et se confond avec le mal et est destinée au/vers le néant, la dispersion, la disparition.

Non pas qu'il n'y ait pas d'unité qui existe, dans le réel, mais toute unité qui se prendrait pour l'unité-même est condamnée ontologiquement ; de ceci que l'on dépend de la vérité, de l'être, de l’universel, du sujet, du réel ; le rapport ne peut pas se limiter et si il se croit lui-même il se détermine et donc se rend au donné, tel ou tel, et meurt. C'est pour cela que l'on a créé la « foi » (quoi que l'on place sous ce nom ; dieu, l’universel, le sujet, la révolution, l’esthétique, l'éthique, etc). Et c'est ce qui horripile toujours ceux qui croient, encore, qu'ils sauront se maîtriser de leur seule force, mais leur force alors est isolée, dans le noir de plus en plus complet (bien que cette croyance, qui n'est pas une foi, paraisse attirer toute la lumière du monde ; en fait elle ne manifeste que soi).

On a vu qu'hormis cette explicitation (à partir du donné observable, de tout le donné observable, y compris les explorations menées par chacun des arcs de conscience, y compris donc les possibilités de structures qui sont si effectivement exposées par les explorateurs, des mystiques aux philosophes, des créateurs aux éthiques, dans les Œuvres donc) il ne reste plus que le seul monde donné ; celui de la disparition.

Parce qu'il est voué à la disparition, à l’absence totale de toute mémoire de tout ce qui aurait pu avoir eu lieu ; rien de tout ce qui est n'aurait alors de souvenir de soi ; rien ne demeurerait et tout, absolument tout, se disperserait dans le néant, le froid abyssal qui à jamais régnerait (ou la fournaise du big crunch). Et il est dans la nature même de la réalité, qui est seulement déterminations, cad splittage continuel de différenciations, de s'effacer ; aucune détermination ne tient dans le réel comme mouvement, seul existe le mouvement. Il n'est donc aucune porte de sortie dans la réalité. Et si on n'admet que la réalité comme seul réel, on se voue à la disparition.

Or on a vu que la réalité est prise dans et par le mouvement ; raison pour laquelle on ne peut pas, par ex, fixer la pensée, sur quelque concept que ce soit. Rappelons également que les mathématiques qui paraissent receler le réel des réalités, sont, en elles-mêmes, des tissages de rapports ; le un ne définit rien, sinon le rapport-soi de n’importe quel objet ; qu'il y ait un calcul de tout rapport à soi est tout à fait étonnant mais en somme extrêmement logique ; ce qui est déterminé supporte, admet, accepte la distinction et n'est pas « n'importe quoi » (auquel cas l'univers se serait effondré, ce qu'il a peut-être connu, laissant perdurer seulement ce qui était ordonné, l'ordonnance est cela qui, organisé, dure dans le temps).

Les dilations des systèmes philosophiques ne sont plus, ici, contraints de subir la réduction objective ; d'une chose on peut affirmer ceci ou cela, mais de la structure de toutes les choses et de tous les êtres il ne résulte qu'une interprétation, une interprétation non pas « de plus » (parmi d'autres), mais en plus et à chaque fois en plus, puisque la nature même du regard (de l’intentionnalité) est de se diviser infiniment ; une approximation si l'on veut, ou une approche d'un centre qui n'a pas, n’aura jamais de correspondance dans le monde, ou dans la, les réalités ; c'est à ce point là. C'est à ce point-là, si extrême, que le divin, l'universel ou l'être, le sujet ou le réel, le un ou la structure sont portés ; il y a un regard qui regarde. Et qui n'est jamais ce qu'il regarde (sinon il ne verrait pas), aussi tout système ne se dépose pas là comme un colis, mais remonte dans le regard et doit être lu, et cet arc de conscience emprunter la voie suivie par le précédent.

Aussi tous les systèmes désignent, cad non pas connaissent mais signifient le même centre. La structure. Dieu, l'être et l'universel, le sujet et le réel approchent du centre, ignifugé.

La nature du regard, de l'intentionnalité, cad en somme du rapport (à (soi) comme rapport) est non épuisable ; son réel est tout à fait autre que les « choses » (qui sont épuisables par nature, déterminées et donc dans la limitation).

La pluralité des approches du réel est structurellement non pas comme une nécessité tout à fait extérieure (en tant que nous serions condamnés à la limitation) mais est précisément la finalité même ; il FAUT que le réel devienne, qu'il soit plus grand que lui-même (de manière générale ou de manière absolue mais aussi en et par chaque sujet tel que nous l'expérimentons, et il ne fait aucun doute qu'il existe, ailleurs, d'autres sortes de « sujets », de même qu'avant dieu un tout-autre il était inimaginé et inimaginable, pas de l’ordre de l’imagination, et de même que le sujet était absurde avant Descartes (ou ce que Descartes exprime, décrit, manifeste et invente à la fois) ; l'invention est le fait du réel ; il est fait pour cela.

Il y a un enroulement de la possibilité hors d'elle-même, parce que c'est à cette fin que tout est assigné ; il y a un Dehors et le Dehors est la structure elle-même.

De même que le centre de toutes les réalités est en tant que regard, pareillement tout arc est lui-même en réserve et de ce point-là perçoit. Or si ce point est indistinguable dans le monde, la détermination, le vécu ou le corps, ni dans les champs de perceptions, et ne peut être que signifié, signifié veut dire alors « n’apparaître intuitionnellement que pour lui-même, pour lui seul », personne ne sait « ce que » il est, parce qu'il n'est pas justement, il ex-siste. Et c'est ce point qui se restructure sans cesse. Personne ne le sait et lui-même se-sait mais ne le sait pas, au sens de « ne le connaît pas ». et il est cependant évident qu'il ne peut exister sans cet en-dehors ; ce regard Autre.

 

Si le Un ou Dieu ou le Sujet étaient monolithiques ou  imaginaires tel « l'être », que pourraient-ils ?

Rien, cet être serait, il serait tout simplement condamné à n'être que lui-même et il n'aurait même pas lieu de devenir une réalité, un temps, un possible, et rien n'existerait, parce que rien ne serait sorti de lui. Parfait et monolithique. Parfait d'un point de vue d'objet (pour une conscience qui s'ignore comme arc ou comme intentionnalité ou comme sujet ; si elle est sujet alors elle est mouvement).

Ce n'est pas une perfection souhaitable. Sinon d'espérer un quelconque repos, une félicité inactive, un bonheur confortable. Comment ce qui ex-siste pourrait-il seulement nous conforter dans l'être ?

En aucune manière. Le devenir du réel, en tant que structure, est Œuvre et activisme. Seul le mouvement devient plus grand, toujours plus grand et sa finalité est de découvrir par quel moyen et selon quelle voie l'activité peut grandir plus qu'elle-même.

Il est très évident qu'il ne s'agira en aucune manière d'égoïsme ou d'égocentrisme, par quoi l’individu se prend pour le centre du monde, celui à qui tout est dû. C'est au contraire qu'il ne faut pas saisir le réel mais en être saisi. Ce qui présuppose qu'il existe une articulation (on ne peut pas désigner le Verbe, Dieu, le Logos, la Raison, ou l'Universel en soi, et quant au sujet il est spécifiquement individué et donc libre mais fragile. Il ne peut s'affirmer selon la puissance qu’imaginairement ; or nous avons affaire avec le structurel ni à la raison ni à l'imaginaire mais à ce qui existe antérieurement à toute faculté, y compris la perception ; y compris la perception, puisque ne vient à nous que ce qui est intentionnalisé et qui entre dans un système de signes.

Et ce autrefois à l’intérieur de chaque groupe qui veillait rigoureusement à l’utilisation du système de signes (il ne fallait pas perdre la transmission, question de survie). Mais il y eut donc d'une part l’universel grec (ou l’État romain) puis le christique individualisant, qui permit un desserrement de l'étau de la représentation mondaine (formant monde clos) du collectif et une intériorisation de l'intentionnalité individuée; chacun pouvait alors se livrer au donné, au vécu et au corps ; de là que l'on devait veiller néanmoins et pour cette raison même à intégrer le sujet de structure dans l'individué ; lui fournir ou imposer une morale, une conduite intentionnelle, une objectivité universelle, un cadre ontologique de telle sorte qu'il ne s'enroule pas sur son seul et son propre donné, ce qui serait sa perte.

C'est ce qui arrive au sortir de l'enfance ; en prenant conscience que l'on n'est pas le centre. Que l'on est autre et perçu du Bord, du dehors. Ce qui se passe plus ou moins bien … parce qu’imaginairement on appartient toujours à cette centralisation égocentrée, sauf que l'on n'existe pas du tout (en tant que sujet) dans l’imaginaire. Il est logique que l'on ne perde pas la centralisation, puisque c'est l’opération même qui consiste à représenter le donné, le vécu, la perception.

Mais s'y ajoute, en plus, dans la structure de l'arc de conscience, qu'il (se) perçoit, et que de ce fait ça n'est pas lui qui se perçoit … Et c'est la rupture adolescente qui menace toute l'enfance et qui consiste à passer du percevoir au se-percevoir (en s'assujettissant à l'Autre, non pas à autrui, qui est le plus souvent un point imaginaire, mais à l'Autre comme structure). Puisque la structure-autre est seule réelle, de même que le présent est cela seul qui existe.

On commence par percevoir, (comme un corps représentant et imaginant) puis on (se) perçoit sans savoir de « où » l'on est perçu et mais laquelle perception-autre on ne serait pas (on ne serait qu'un corps représentant, si cela était possible). On se tient, soi, toujours forcément du dehors, du Bord.

En un sens tout autre origine de soi revient effectivement à l'imaginaire (et l'infantile), comme Lacan l'avait découvert ; et lorsque l'on cesse d'être infantilement c'est pour ne plus être mais être perçu.

Et Lacan eut tort de croire que toute « pensée », toute conscience (qu'il confondait avec le conscient) tombait dans l’imaginaire ; et ce bien qu'il se doutait que Descartes prenait pied en-dehors... Il aurait du comprendre que si tel était le cas pour Descartes, alors il s’agissait de toutes les structures, et même se prenant les pieds dans le tapis chaque système s'articulait sur le réel et non selon la réalité, et engageait non pas le conscient de chacun, pas seulement, mais l'arc de conscience de chacun, déployé selon l'altérité structurelle ; ça se percevait et était en mesure de s'élaborer (cad de tenir la distance universelle, divine, du sujet ou du réel) parce qu’arc bouté sur le réel.

Sinon les systèmes n'auraient que bafouillé, ce qui est en partie vrai aussi ; il est impossible de tenir l'ensemble du « réel » selon un système de déterminations universalisées, sinon de le confronter à la « substance », au Bien, au Un, à Dieu, etc, qui n sont compréhensibles qu'en tant que signifié et non pas en tant que connus, par un sujet et non pas comme « objets », et c'est donc l’élaboration de ce sujet et de cette signifiance que crée la philosophie, la pensée au sens structurel, et non pas une connaissance ; on ne peut pas y atteindre sans s'y convertir, c'est une évidence depuis le début.

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La possibilité et le mouvement

4 Janvier 2020, 13:15pm

Publié par pascal doyelle

Rappelons que si le réel est le mouvement (et ici le mouvement est tenu pour cela seul qui existe, comme présent dont le mystère est « infini », ou ce que l'on nommait autrefois infini) et donc alors le mouvement ne cessera jamais. Ce qui « est » de manière déterminée, peut bien terminer un jour, c'est même ce qui de par cette nature même (de « déterminé ») est déjà inscrit dans sa réalité.

Ici c'est la structure du mouvement qui est engagée. Et qui nous engage, de fait, quoi que l'on fasse ou pense. C'est déjà commencé.

L’idée principale est que le mouvement reviendra, revient, est revenu déjà sur la réalité et qu'il perfectionnera toujours plus sa potentialité.

Ce retour est la prérogative de ce qui est organisé. Ce qui n'est pas organisé tombe dans le monde donné. Et ce retour est toujours un re-tour, un nouveau tour ; afin que le réel soit plus grand que lui-même ou que l'infini crée encore plus d'infini.

 

On a vu que l'on pouvait, ou devait, comme l'on veut, définir dieu selon l'Intention, celle qui existe avant tout et qui n'est pas pris lui-même dans le monde, le donné, les réalités (il n'y a plus « la-réalité » qui formerait une unité cosmogonique, puisqu'il y a création et que celle-ci dépend non d'elle-même dans son ordre mais de l'intention première)

que la pensée, grecque, imposait l'intentionnalisation ; soit donc la capacité pour chacun d'advenir à nouveau à la réalité en activant, en lui-même, la sur-intentionnalisation ; celle qui s'ajoute au groupe, à la pensée et donc à la perception commune ; et que donc Platon a raison puisque sans la pensée on ne perçoit pas, c'est d'attacher des signes et des phrases et donc des systèmes aux perceptions que celle-ci apparaissent et se mémorisent (et donc se communiquent et de transmettent). Ce qui s'ajoute au groupe humain puisque chacun doit s'efforcer de créer en lui l’ordre de raison ; si on ne comprend pas ce que l'on dit, on ne pense pas. C'est un activisme.

Sauf que dans la pensée si vous agissez bel et bien, la catégorie « sujet » n'est pas retenue. Pour être retenue (cad mémorisée et qu'elle entre dans le bien commun, ce qui veut dire non seulement ce qui appartient à tous, mais aussi le bien qui vous appartient parce qu'il est nommé, assigné et que vous pouvez ainsi en disposer pour-vous-même) il fallait le christique (dont on ne préjuge pas qu'il existe ou non, mais dont on constate tel quel le Fait absolument majeur historiquement). Le christique qui par son Regard crée votre regard ; par son Intention il crée votre intention, il l'appelle. Jésus crée Jésus et Saint Paul crée le moi-même. Dépassant de cela le jugement qui devait vous élever et vous rendre méritant ; peine perdue, la loi vous enfonçait et vous désespérait mais aussi accumulait l'orgueil de votre imaginaire perfection.

Le christique non seulement remplace le jugement (juif et son ambition de perfection par sa propre force) par votre réelle intention (vous vous demandez alors ce que vous voulez vraiment, qu'elle est votre véritable intention et comment organiser celle-ci et pour quoi, vers et par quelles finalités, rendant possible une enquête sur les motivations et une exploration de toute votre finalisation) mais de plus vous révèle que cette intention ne tient pas toute seule et s'articule à plus grand qu'elle-même ; on en peut pas témoigner de soi, on dépend de la vérité ou de l'être ou de dieu ou d'un tel regard qui attire et étend infiniment votre possibilité (on ne peut pas, autrement dit, imaginer l'intention de dieu, il faut l'accueillir). Autrement dit par le dépassement du jugement vers l'intention et par la suspension de cette intention non à ce que vous pouvez mais à ce qui vous tient étant plus grand que vous-même, ce à quoi on assiste c'est à la naissance de la intensification des intentionnalités possibles et à leur interrogation sur la nature même du « je veux » qui écarte le « je peux » juif (être irréprochable et tenir mon être de moi seul) et le « je suis » (grec qui ne réclame que la connaissance) ; il ne s’agit plus de seulement vouloir ou de seulement comprendre, ni un mélange des deux, mais de ceci que l'intention et l'intentionnalité s'élabore dans et par sa propre et seule dimension ; c'est cela même qui fut créé en plus de la connaissance et de la volonté, de qui est grec et de ce qui est juif.

La connaissance ne peut pas faire le tour de l'intentionnalité et le vouloir ne peut pas décider de la structure, du structurel intentionnel … Donc l'arc de conscience existe séparément et si il existe séparément il est à l’origine et de la connaissance et du vouloir. Et c'est ce que montre, littéralement, Descartes ; que le je est à jamais en dehors et ce à partir de quoi le reste apparaît, tout le reste. Le je suis n'est pas la pensée et donc il existe une dimension bien plus proche de nous et elle est telle qu'elle ne sera pas préhensible par la pensée, la représentation, l’imagination et qu'elle déroulera, elle, sa « volonté ».

Après Descartes c'est encore ce qui est désigné par Kant ; la pensée n'est pas notre être, notre être est autrement et plus grand que la pensée.

Le délicat c'est précisément que l'arc de conscience n'est pas le conscient, n'est pas la raison, et ceci, faut-il préciser, non parce que l'arc est hors raison mais puisqu’il est plus grand, plus souple et empli du possible même et que rien dans le monde, le vécu ou le corps ne le contiendra jamais.

Ce que l'on nomme conversion. Les grecs se convertissent à la pensée, tout comme les chrétiens au christique ou après Descartes on devient des sujets (Descartes instaurant ici et maintenant la structure de sujet que créait en chacun le regard christique). Pareillement si l'on cesse de croire en la liberté et l'égalité, on retombe dans une société d'injustice (cad une société qui non seulement pratique l’injustice mais qui valide, théorise ou justifie l'injustice, pour quelque retorse raison que ce soit ; la nôtre par ex).

Et dit autrement la philosophie (ayant par ailleurs lancé le processus de connaissance, qui passera de l'objectivité potentielle des énoncés au calcul et mathématisations, mais la mise en forme objective est débord celle des idées, des notions, des concepts) ne se contente jamais de la connaissance, mais manie le se-savoir, non pas de « soi » mais de la structure ; il s'agit de prendre au piège la structure, de montrer comme elle se déplace (étant structure, rapport, mouvement) ;

 

Le réel est en réserve et c'est lui qui se veut (il existe comme articulation, c'est pour cela qu'il existe et non pas qu'il « est » et ce qui existe comme articulation est un rapport, le rapport dans et par lequel il est moyen de lui-même ; cad crée, selon une autre-causalité, une réalité, ce qui veut dire une détermination, une déterminité en nombre indéfini ou infini, peu importe). La forme (des réalités ou des contenus) est plus grande que ces contenus. De même que la philosophie se tire elle-même de l'inconséquence par la vérité, qui porte à conséquences (ce qui est seulement particulier s’écroule à plus ou moins brève échéance ; seul la réalité ayant acquis un certain ordre peut durer dans le temps).

Pareillement par le christique l'individu doit venir hors de lui-même ; il ne peut pas se disperser dans la suite indéfinie et incohérente ou immédiate des intentionnalisations ; toutes sont possibles, et tous les signes peuvent s'accoler à n'importe quoi et le moi le plus restreint s'élève structurellement et immédiatement au plus haut ; parce que la forme prévaut sur le contenu. Mais le plus haut doit réellement atteindre sa capacité ; positionner les réalités et l'altérité, et qu'il puisse subir, encaisser les contraintes, la dureté ou la difficulté.

Ceci toujours dans l’impératif de délimiter sinon définir le mouvement lui-même, en tant que tel.

Le mouvement de la pensée, grecque, de l'intention, de dieu, du sujet, christique et cartésien, ou du réel.

Le contenu organisé est ce qui s'est nommé « raison » ou pensée ; non pas seulement l’organisation de la pensée elle-même (en auto-référence, ce en quoi on se trompe lourdement de croire qu'il est possible d'ordonner les intentionnalisations dans un système lorsque ces intentionnalisations passent pour des « idées » au sens objectif)

mais il faut entendre conformité de notre regard à notre situation, conformité et reflet approchant de notre position, lorsque donc on positionne le réel comme « là » (dieu, l'être, le sujet ou le réel) ; il est de notre situation par exemple que nous soyons jetés dans l'existence, ou que dieu soit une exigence ou que le sujet puisse se décrire tel que selon le « là ».

Et donc le véritable système est la description de la structure telle que du réel elle nous vient ; ce à quoi s’attellent Descartes, Kant, Hegel (avec ses deux phénoménologies et son présupposé de la négativité brute), Husserl, Nietzsche et Heidegger (à leur manière, en grande partie imaginaire), Sartre et Lacan. Il existe, réellement, une adéquation, ce qui veut dire une lucidité et une rigueur et exigence dans la description même ; en quoi il ne s'agit plus seulement de réflexivité du discours sur lui-même (idéal ancien métaphysique, remis au goût du jour par Spinoza et Leibniz , postérieurement à Descartes, qui pourtant lance le double saut arrière qui désigne le réel comme « là » et pas ailleurs, pas dans la pensée)

mais réflexivité sur le réel tel que « là ».

C'est le « là » qui est agissant et fait l'objet d'une réflexivité, d'un retour et donc d'une observation quant à sa structure.

On aboutit ainsi à un énorme ensemble de descriptions de notre être tel que situé « là », en quoi cela ne doit pas nous étonné puisque c'est le nœud absolu, cad formel, du réel, du réel tel qu'il nous est perceptible, et œuvrant en tant qu’expérimentation tout à fait décisive, pour tout : valable en tout et pour tout. Notre « humanité », cette espèce vivante, a déjà touché le Bord du monde, de la réalité ; c'est venu instantanément, que l'on croit en dieu, l'être et l’universel, le christique et le sujet ou le réel, ou que l'on se borne à exposer ce qui, cela même qui s'est décrit comme tel ou tel

(que Jésus par exemple est une personne, réelle, soudainement inspiré et lucide, ou que les juifs ont de fait créé une nation selon et par un Intention, et non plus selon un état de fait, un monde supposé tel ou tel, égyptien par ex ; dire que les dieux ont créé le monde ça n'équivaut pas à avancer qu'un dieu unique et irreprésentable a créé le monde ; qu'il soit une Intention présuppose d'une part qu'il ne l'est pas, représentable comment pourrait-on la représenter ? Et d'autre part annonce qu'il faut continuer le dit monde … il n'est pas terminé, il attend notre intention, que l'on soit juif ou musulman ou chrétien).

 

On a touché le Bord de la réalité et ce Bord est déjà venu dans le champ de perception en faisant « signe ». Il fait-signe en ce qu'il faut arc-bouter sa propre conscience pour saisir l’articulation ; ça n'est pas une chose du monde ou une perception ; c'est une position dans le donné ; l'horizon est non pas que nous percevions cet horizon, mais que nous nous percevons nous-même à partir de cet horizon ; comme on se perçoit à partir de la mort par ex. cette distance interne (interne et non pas « intérieure », c'est parce qu'il existe une distance interne-externe qu'il est comme ceci ou comme cela une « intériorité » de chacun, le sujet est plus grand que le moi) est d'altérité pure et brute ; c'est une brutalité effarante pour un corps, vivant, que d'exister-autrement, d'un point-autre. Le christique est une réponse à cette division interne, ou la pensée-raison ou l'humanisme de la révolution, etc. de courber quelque peu la distance afin qu'elle soit supportable mais aussi qu'elle puisse continuer ses effets, ses conséquences les plus durables (les plus humaines particulièrement) dans ce monde, elle qui vient du Bord et se tient par le Bord (et rien d'autre, comme on va voir ; par la foi, au sens étendu et structurel, technique presque).

 

Puisque donc on valide, ici, le principe qu'il existe une structure antérieure à tout contenu, représentation, image, et même corps dans la mesure où un être humain superpose au corps donné là une autre-surface du corps, sur laquelle (et par laquelle) il produit des signes.

Contrairement à toute interprétation objective, notre être n'est pas une composition, de déterminations, mais une unité et comme telle vide. On a vu également que si l'on nomme cette structure « arc de conscience », « conscience » signifie « qui a rapport à soi » ; mais qui a rapport à soi comme rapport, dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non pas telle ou telle identité (lequel signifie que seul un rapport est libre et seule une liberté peut avancer dans le réel bien plus loin et recule le possible toujours plus loin, en bref explore ; ce qui dépend de soi peut prendre sur soi, s'attirer, se positionner plus avant).

Mais tout autant la structure n'est pas non plus une détermination qui relèverait d'une cohérence intérieure ; n'est pas non plus raison, pensée, système, universalité. Ce qui ne signifie pas que l'on puisse s'en passer ; c'est juste que cette cohérence intérieure n'est pas suffisante ; ce qui revient à dire que le système, toujours validé en son principe, doit s'étendre à l'observation ; l'observation telle que le réel la déroule et telle qu'on observe de visu, dans l'opération vivante, existante ; ce qui est Existant, pour nous, apparaît comme Vivant.

Il n'y a pas à choisir entre le vivant et la sainteté … autrement dit entre la noirceur et la juste conscience. La foi (quelle qu'elle soit, dieu, le décentrement universel, le christique ou le sujet, le réel) consiste à toujours tenir la forme (de toute réalité) plus grande que les contenus (toute détermination ou quel que soit votre vécu). Perdre la « foi » c'est s’abaisser, s'abîmer, se perdre dans les contenus, les images, les affects, les immédiatetés.

Il est fondamentalement une perversion entière qui croit saisir dans le monde, le vécu ou le corps, seraient-ils enluminés des mille feux de l'infinie diversité de la réalité ou animé d'idéal et d’imagination. La « foi » n'est pas de cet ordre du monde ou de la vie.

On a cru, un temps, qu'il fallait désirer les réalisations dans le monde. Et tout cela est très bien, qui puisse rendre l'existence plus humaine, mais insuffisant. C'était nécessaire pour s’investir en cette production totale de tout un monde humain et toutes ces personnalisations en nombre indéfini.

Mais c'est insuffisant. Parce que tout le déroulement bascule dans le règne de la facilité, ce piège mortel et pousse vers l'indéfini, l'indécision, le manque intentionnel (la dépression, la déperdition, la perte d'énergie, l’incapacité de sup-poser un ressort étrange qui s’effondre alors dans le bizarre), la répétition, le kitsch, le baroque.

Cette perte interne à la structure se juge précisément de ce qu'elle croit intérieurement. Or la foi est tout à fait autre ; elle consiste, se tient et se maintient d'une absolue extériorité. Elle n'est nullement une motivation... Elle naît non de saisir ou de se saisir elle-même (par auto conviction pour ainsi dire, plus ou moins crédible), mais d'être saisie. Le contraire du volontarisme. Pareillement on a dit déjà qu'il ne s'agit pas d'être « heureux » (mais qu'il vaut cent mieux ne pas survivre dans les nécessités toutes affreuses et que c'est afin d'éviter ces cruautés que l'on aurait du organiser l'humanité).

Remarquons bien que l'on n’insiste pas du tout sur la croyance ; on en prétend nullement installer la certitude de dieu, du christique, du sujet ou de l'universel bien (et de la vérité en elle-même). La foi n'est pas la certitude, du tout.

La différence est celle-ci ; les fortes têtes préfèrent se confier à des certitudes (qu'elles soient matérialistes, scientistes, rationalistes, religieuses, imaginaires, etc) qui ne s’avouent pas comme foi véritable et réelle et donc s'illusionnent eux-mêmes (en plaçant dans leur objet la densité supposée, rêvée, intentionnalisée), et ne se déclarant pas comme telle, selon la foi, ils retirent un peu ou beaucoup de l’exigence (qu'ils confient à l'objet de leurs soins, leur précieux à eux). Tandis que selon la foi, celle-ci garde et préserve le doute et donc les rigueurs les plus extrêmes possibles (ce qui ne veut pas dire que l'on n'y succombe pas à la facilité).

La foi est très exactement ce qui autorise les plus grandes variations ; étant entendu qu'il ne s’agit nullement de la confier à n’importe quoi et encore moins à n'importe qui... Mais de ceci qu’elle en s'adresse à rien qui soit au monde, on passe outre toute fascination ; Descartes est décédé depuis longtemps et finalement très difficile (comme toute philosophie, non sans raison profonde) et Jésus est, dit-il, parti, de lui-même (ou selon le Père), hors ici, il s'est éloigné hors maintenant ; on échappe alors à la confiscation de sa liberté (il n'est plus là comme partie du monde) et on réserve entièrement selon la foi.

C'est bien pour cela qu'il y eut de telles architectures argumentations (théologiques, dans tous les sens du terme) ; ce qui veut dire de distinctions, de différenciations : que la foi puisse s'étayer, s'élaborer, et vouloir dans toutes les capacités actualisables. Comme on ne peut pas situer l'objet (dans le monde qui prendrait telle ou telle imagerie ou fétiche) on remue ciel et terre. Ce qui peut et doit se lire soit comme croyance soit comme technique généralisée de soulèvement de tous les possibles. Parce qu'il y ait un christ (quel qu'il soit) veut dire qu'il y aura des romans, littéraires. Les effets d'une cause.

 

Et on peut également lire les esthétiques, éthiques, poétiques, récits et romans, et tout ce que l'on veut, comme les distinctivités requises appelées qui entendent attirer toutes les réalités, les vécus et les corps, les champs de perceptions, créant ceux-ci du même coup. Ce ne sont pas les contenus qui tiennent la logique réelle, mais l'intentionnalisation, comme processus.

 

Et d'autre part en engageant, selon la foi, la guerre fondamentale s’acquiert du même coup le doute lui-même (ça n'est pas pour rien que Descartes s’adapte selon le doute tout puissant) mais surtout l'intentionnalité s'ouvre par cela à de formidables régimes d'exigences, en nombre indéfini et qui varient, de telle sorte que ce qui est en jeu ça n'est plus tant l’objet (de foi ou pareillement de certitude) mais la qualification, l’augmentation ou l'intensification (grecque et christique), l'accélération ou la densité (cartésienne et suivants, et post révolutionnaire) qui en résultent, de cette intentionnalité (et non de la déportation vers quelque objet que ce soit). Autrement dit on comprend parfaitement que selon la foi c'est l'intentionnalisation elle-même qui est une (grande) partie de l'enjeu.

Ce que Kant comprend par le nouménal n'est rien que l'intuition d'une mise en forme potentiellement plus adaptée à cette structure (qui ne peut plus se penser, cad en fait s’imaginer, selon l'être et le métaphysique) ; ce qui ensuite sera mis en chantier et en œuvre par Husserl jusque Lacan, en passant par Sartre, etc.

Dès lors ce qui sera « mesurera » c'est le retentissement que telle manifestation produira ; le christique est, déjà, dit, la plus grand manifestation possible qui nous soit accessible (au point que quantité d'autres avanceront, certes, mais dans l’imitation préalable). Cela s'effectue toujours d'un sujet et on a reconnu que la structure absolue, formelle, autant qu'elle nous soit atteignable est celle dite structure-sujet, celle de la liberté qui seule rend possible le possible, cad qu'il y ait des réalités dans la forme absolue du réel ; seul ce qui ex-siste, librement donc, possède les ressources de la plus grande capacité, celle qui est plus grande qu'elle-même.

 

Si on ignore cette foi décisive, on est perdu.

Répétons. Il n'y a qu'une seule puissance réelle, tout le reste, tous les mondes, tous les vécus, tous les corps sont largués dans la dispersion indéfinie et néantisante. Ce qui se nomme ailleurs le diabolique, la déconstruction du possible, ce par quoi le possible s'annule et dès il n'est plus que le seul poids des choses et des êtres, donnés, déterminés, et ceux-ci s’effondrent, continuellement. Il n'existe, réellement, que la Possibilité (ce qui veut dire l’impossible selon le monde, puisqu'il s'agit de la forme de toutes réalités) et hors cette possibilité tout s'écroule continuement dans la néantisation ; rien dans le monde, ni aucune intention ne peut être sauvée. Si on oublie ce rapide mouvement hors de tout monde, de tout vécu, c'est que l'on tente de pendre appui sur la réalité ou la vie et que rien de tout cela n'est réellement ; on ne peut prendre appui que sur le mouvement lui-même, l'exister.

Accompagnant le présent qui se déroule (et qui déroule toutes les réalités) mais cependant arrimés selon la structure dont nous gardons une trace impérissable, nous sommes rendus au monde et à la vie, et impossible alors d’oublier l’illumination, la révélation ou comme vous appelez ce qui vous est arrivé, l'intuition soudaine de la structure se communiquant à elle-même ; étant rapport elle se-sait, sans se connaître puisque son savoir n'est pas de l'ordre de la connaissance ; c'est ainsi que la révélation ou illumination ou cruauté ou dépression, etc, n'est pas en elle-même « oubliable » ; elle creuse la structure intentionnelle telle quelle, puisque ce qui s'oppose à elle, le statut, la position qu'un réel il y a, qu'une Intention plus grande enveloppe ou appelle, attire ou avance vers l'intention de chacun, qu'il existe une distance kantienne entre l'apparescence de tout et le nouménal en dessous, que la liberté est plus grande que le conscient, limité, que l'on en a, que le corps porte déjà une autre-surface, en bref tout ceci est inoubliable ; au premier abord cela semble déstructurer la structure, enlever à toute l'intentionnalité tous ses contenus, par un seul, autre, magistral, infini, décalé, inhumain, totalement externe ou totalement interne ; c'est que l'intentionnel se croyait destiné à un contenu, dont il était présumément la fonction et donc il s’aperçoit qu'il est, lui, la porte, mais qui ignore sur quoi elle est, dorénavant, ouverte.

Le paysage est tout autre, et sans correspondance ; aussi demande-t-il une autre architecture que ce sont attachés à élaborer les méta structures, cad en somme celles qui essayèrent de prendre en charge le réel ; le réel dont il devint admis, de gré ou de force, qu'il était mouvement (et on l'a vu, sitôt que l'on admet le mouvement, et on ne peut pas faire autrement, il n'existe plus que le mouvement même, et donc l'infini, certes, mais l'infini qui crée l'infini).

Dieu, l'être et l’universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel définissent les paramètres que l'on a pu expérimenté ; il faut supposer qu'a priori il y en ait d'autres, puisque nous touchons là, nous avons déjà atteint la borne, le Bord de tout monde, de toutes réalités et donc il est indéfiniment ou infiniment existant, non épuisable, aussi ce que l'on nomme « sujet » ou « dieu » ou « réel » ce sont des approches, non pas fausses du tout mais approchantes.

Ceci ne dit absolument pas si quelque réel comme dieu, le sujet ou l'universel (nous ne percevons vraiment que des universalisations, diverses et souvent bien moins qu'approchantes, approximatives et toujours ou souvent annulées et dépassées, y compris en sciences), si toutes ces structures donc existent en elles-mêmes... ça reste et restera une foi, ce qui veut dire une décision (à vous de voir jusqu'où pourrait porter cette décision, cette possibilité). Ce qui compte, ici, c'est que c'est seulement à ce niveau-là, à ce degré qu'est instauré le réel, ici même et maintenant, mais non forcément plus loin et plus haut.

En somme on pousse jusqu’au bout ce qui était présupposé jusque là. Et non plus en terme de contenus (dont on sait bien au fond qu'ils ne supportent pas, physiquement pourrait-on dire, le poids existentiel) mais de structure, que l'on adapte précisément à sa conformité ; la description de l'exister tel quel. Or l'exister est mouvement, ou donc « vivant » ou vaut-il mieux dire « existant », articulation en laquelle on doit entrer et avancer (étant un rapport il peut devenir en et par son propre ressort). C'est dans le pli du pli que se crée les infinis potentiels (ce pour quoi existe un « exister », qu'existe une ou des réalités).

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