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instants philosophie

Charger son propre corps

28 Novembre 2015, 09:11am

Publié par pascal doyelle

On peut se demander ; comment Rimbaud a-t-il fait ?

Parce qu’il parait impossible de comprendre l’ensemble de ce qu’il a écrit. Les interprétations s’y épuisent, s’y dispersent, et le texte seul parait assurer une unité ou un gouffre, de sorte qu’il faut toujours y revenir. Il est le seul repère.

C’est que Rimbaud a écrit à partir de son corps. Il a chargé son corps de la plus grande quantité possible de signes. Et les signes incrustés dans la peau du corps. Jusqu’à ce que ça se joigne mais aussi se disjoigne comme les os, les muscles, les intestins, les nerfs. Ayant accumulé tous les signes possibles, qu’il lui était possible de consigner, de co-signer il a laissé l’incrustation se suivre là au devant dans le monde ; il ne cesse jamais de parler selon son corps dans le monde, la perception dans le donné, la pensée (l’imagination et la vision) dans le réel.

Rattraper la puissance d’investissement de ce corps, ça ne se peut pas.

Il fallait que ce soit un adolescent. C’est évident. Rassemblant toute la puissance et tout l’investissement disponible. Et il est clair tout autant que ça ne fait pas semblant. Il l’a voulu. C’était « cela » qu’il voulait. Et encore vouloir est un bien faible mot ; il fut saisi de sa propre volonté, décision, vision, perception ; sa saison en enfer et ses illuminations. Il se commente et assiste à la perception intègre et la plus intégrale possible, poussant la ligne encore plus loin, la limite du corps qui perçoit ce qu’il rassemble de tous les signes qu’est son corps-devenu, interrompu, interloqué, fermé à tous, ouvert à tout, dans l’actualité inabordable du monde, allié et horreur du corps ; il se commente tout le temps, tout le long, il en appelle à lui-même à sa décision de jadis. Une décision non temporelle, qui assemble le monde épars, en montrant l’éparpillement partout sur le corps toujours déjà happé dans le monde, l’histoire, la décision invraisemblable ; fantastiques villes à venir ou humanité idéelle, morsure acide sur tous les idéaux, incorporation du christianisme et abomination de la malédiction pourtant dérisoire, le combat et le guerrier, la mort avant la mort, de multiples manières de cesser d’être, et n’existant que dans l’instant invivable de produire par son corps, étendu, étendu sur toute la réalité, dans la concentration des signes en une fois, puisque l’on n’existe qu’une seule fois, dans un seul unique présent.

Sitôt que l’on sort de l’instant unique, y ayant goûté, on est perdu.

Aussi horrible et invivable soit-il, il vaut mieux que tout le reste puisqu’il est l’originel (il n’y a rien d’autre).

Alors il a écrit sur son propre corps tous les signes, et de ce fait il est devenu infiniment rapide. Ça va beaucoup plus vite. D’écrire sur son corps plutôt que de raisonner ou composer. Et d’architecturer beaucoup plus loin que d’aligner des suites, puisque le corps fait office d’exister. Parce que lorsque le corps pense, il est partout dans le réel et distinctement (il s’agit d’un corps nucléaire, allumé sur sa surface, portant distinctement les perceptions des signes, et les signes sont des rapports ; ouvrir les signes c’est assumer l’ensemble de tous les signes, plus ou moins de signes, plus ou moins de surface, jusqu’à ce que la surface soit le corps lui-même).

C’est toute la différence entre la réflexion, lourde et plate, qui pense en deux dimensions, et la réflexivité qui élabore en trois, et lorsque l’on possède les trois (ce qui est le propre d’un corps, à condition d’en être pris) outre que l’on ne peut plus s’en passer, on entre au-dedans sans épaisseur de la quatrième dimension. Le dedans sans dedans. Et un corps, transmuté, peut accuser le coup. Mais à grands frais. Depuis que l’on a nommé « l’être » c’est du point de vue, évidemment, externe ; du point de vue de l’exister on a nommé l’être, on l’a relativisé.

C’est pour cela qu’il n’est pas d’authenticité, d’être naturellement ce que l’on est, ou d’être empêché par la loi ou par l’aliénation de se réaliser soi ; tout cela n’a pas grande signification. L’exister n’est pas de ce monde, il existe du Bord, du Bord du monde et du Bord du corps tout comme du Bord du vécu. Une toute autre affaire ; pour l’exister on n’est jamais que le corps externe d’un rapport interne (sans rien et nu).

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Ruse vers l’horizon

26 Novembre 2015, 11:23am

Publié par pascal doyelle

L’arc de conscience est donc ce qui a retourné intégralement l’humanisation. L’humain se définissait jusqu’alors par la communauté (le groupe), le langage et le monde immédiat localisé. Mais autre chose a eu lieu.

On a cru un temps que ce retournement se limitait à l’acquisition de et par le raison ; on ne sait pas trop ce que la rationalité signifiait ; elle n’est somme toute définie que par Kant à peu près telle qu’imaginée par le siècle des lumières, la création d’une épistémologie en propre et tout à fait valide, mais c’était aussi bien oublier que Kant lui-même pensait manifester une suréminence dite transcendantale et ayant en charge l’étrangeté ontologique de notre être ; c’est cette même étrangeté qui reviendra par Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan, mais entre temps par Husserl qui détaillant considérablement le transcendantal, en le renommant et précisant dans le donné là ici même que c’est l’activité d’un minuscule mécanisme (que pourtant il entoure encore d’un contenu, serait-il privilégié, mais qu’il décrit dans ses structures potentielles, les prolégomènes en somme à l’acquisition des contenus idéels, et prolégomènes décrits qui constituent réellement son apport, et non ses conclusions ou résultats).

Mais par ailleurs en chaque monde humain s’est élaborée tout activement une synthèse, qui tentait de prendre en compte, en l’acceptant, tout le donné là disponible et ayant à légitimer son propre accès de groupe qui parle, échange, vit, perçoit ; de mythologiser son propre monde mais aussi les liens qui l’unissait et tel que la parole (de tous vers tous, de chacun vers l’ensemble) faisait office de trésor commun absolument nécessaire et impératif ; sans communication s’assurant d’elle-même et donc avançant jusque dans le corps de chacun signifié et porté par les autres dans un seul monde parlant, sans ce retour de synthèse le groupe risquait constamment la dissolution.

Mais il se produisit autre chose. Ayant épuisé tous les mondes humains particuliers ou découvrant soudainement une autre astuce, s’est inventé un accès tout à fait différent et il ne consiste pas comme on a apprit à le croire en la « raison » (qui est une traduction tardive du fait Autre qui se produisit, est une interprétation).

Ce qui s’est activé c’est l’arc de conscience (qui n’est pas le conscient) tel qu’il se surimposât intransigeant tout monde particulier, et s’imposât comme structure par dessus tous les occurrences mondaines et tous les langages et tous les groupes humains. Par les grecs, les chrétiens et tout autour de la méditerranée.

On a pris l’habitude de nommer cela l’humanisme ou la raison ou la réflexion ou la liberté, etc. Mais c’est évidemment plus complexe. Humanisme et raison paraissent aplanir la visée vers et dans le donné là du monde, en tant que notre nature humaine, notre corps, du langage. Ce qui fut mis en jeu est bien plus grave et approfondissant, et c’est de cet incompréhensible que se sont tenus les élancements bizarres de la philosophie, de nos esthétiques, de nos politiques ou éthiques, de nos humanisations « humanistes », de nos personnalisations dont chacun dans sa chair, son corps, son moi est, qu’il le veuille ou non, titulaire.

On remarquera que depuis il n’y eut jamais autant d’exploitations et de massacres ; c’est un fait. Les guerres précédentes étaient limitées de par les moyens, les enjeux et les étendues, voir quasi absentes durant des millénaires, étant donné la faible population et les distances et la limite de survie qui restreignait les possibilités comme les ressources. Lorsque la « raison » s’est développée, tout fut décuplé et donc les investissements et les concurrences, jusqu’à la mobilisation totale de toutes les richesses d’une société visant à écraser, dépouiller, annihiler l’autre.

C’est que le surgissement de l’accès Autre qui s’est surimposé aux sociétés humanisées simplement dans leur particularité, chacune séparée, est le déchainement intégral d’un petit mécanisme de rien qui jusqu’alors était absorbé par ses productions - le langage, le groupe, le monde local, les échanges entre soi, sa mythologisation, sa représentation à ses propres yeux, son propre corps - qui était utilisé par ces contenus-là ; chaque contenu de conscience entourait, enrobait, humanisait ou parlait l’arc de conscience, bien au chaud, lové, tandis que sortant l’arc hors de tout monde, la Possibilité même, le Possible, la potentialité, la puissance au sens strict (et non pas irréalisé) se sont déchainés sur le monde, dans l’humain, dans les corps eux-mêmes.

Le strict minuscule mécanisme de conscience est la pointe aiguë qui s’interpose dans le présent même et commence de restructurer toute réalité, parce que recomposant toute énonciation, toute parole, tout langage, mais aussi toute la perception ; en laquelle transformation furent appelés les esthétiques, éthiques, politiques, idéels, etc, qui servirent d’éducation pour cette pointe d’attention hyper précise et attachée, acharnée à couper et découper tout ce qui lui venait sous les yeux.

Évidemment ce qui conquît le monde, la planète, n’est pas la configuration pensée (grecque), dimension-autre (chrétienne), sujet (cartésiens et suivants) mais leur transformation et adaptation en figurations de ces configurations ; soit donc la raison, la naturalité et le moi. Quiconque sur la terre succombe au moi (et comment ne le pourrait-il pas) entraine instantanément son adaptation comme raison, et naturalité, quand bien même il n’aurait pas lu ou se serait instruit de la pensée ou de dieu-le christ ou de Descartes et de la philosophie en général. C’est une structure qui a perforé le monde, le donné, le vécu et le corps ; non pas des « idées » (les idées étaient seulement des mises en forme potentielles de l’arc de conscience passant par-dessus les langages et les mondes humains, les corps et la perception, le localisé et l’immédiat, etc).

Rappelons que la philosophie ne crée pas l’arc de conscience (qui se débrouille pour se réaliser en quantité de domaines) mais qu’elle est la discipline qui veut saisir « ce qui est arrivé » à l’humain, et dépourvu de tout monde donné là, parlé ou lové sur lui-même, et donc jeté dans le Grand Monde, l’universel monde donné « là » (de ceci que la philosophie extrait soudainement l’être, qui est une formule abstraite vide mais sur- efficace … l’être est le « là » de tout donné, le « là » antérieur à tout monde humain particulier qui nous précipite dans l’universel, qui n’est pas l’universalisation de la raison seulement mais le « là » absolument présent partout, l’exister pur ; c’est si l’on veut bien le Un de Plotin et l’exister de St thomas).

Dès que l’on a un moi (ou dès que l’on croit être un moi), on se charge immédiatement de toute l’ampleur du mouvement. On active en soi la pointe acérée de l’arc de conscience qui « fait attention à tout », au moindre fait, signe, perception, et c’est cette engeance, absolument stricte, qui s’est emparée via le moi et n’est plus protégée dans la gangue d’un groupe ou d’un monde, d’une communauté, d’une parole partagée (entre tous et entre les choses).

Engeance parce que le Un activé, l’arc de conscience est bien plus vaste que ce que l’on désigne par la réflexion et la raison et le conscient ; et c’est cette ampleur dont fait fond la philosophie, soit donc non pas seulement la réflexion (de la nature humaine sur elle-même) mais la réflexivité de la structure vers elle-même (l'arc conscience-réel) qui décrit cent fois et originalement et originellement, à chaque fois, l’articulation suréminente incompréhensible et récurrente (puisque d’une structure il s’agit) ; Descartes, Plotin, Lacan ou Nietzsche vise une Altérité si évidemment Autre qu’elle ne rentre pas du tout dans la limitation que l’on a voulut opérer comme raison, humanisme court et psychologie plate ou composite.

Absurde de renier la raison, la naturalité et le moi (cad nous-mêmes … de fait). Et absurde aussi de comprendre l’arc fantastique de conscience comme irrationnel et désigner son altérité comme un fantasmatique règne d’on ne sait quoi ; l’arc de conscience est précis, inventif, créateur, déchainé, hors de tout horizon, puisqu’il constitue les horizons (quels qu’ils soient et y compris les horizons inclus dans tous les mondes particuliers antérieurs, il était seulement enrobé dans le langage-groupe-localisation de chaque monde séparé), mais il ne s’active qu’au contact du réel « là », embarquant toute donnée dans son effort.

L’arc de conscience est incontrôlable ; il passe outre, c’est clair, outre l’humanisation comme humaniste et la personnalisation (il s’en prend au corps, à la satisfaction, au bonheur du corps, du moi dans son corps, le désir dont on fait ses choux gras, est une symbolisation, un symptôme, et effet et non pas cause). Et c’est précisément, très précisément, ce que cible la philosophie ; la stase cartésienne mais tout autant la pensée grecque veulent parvenir à se saisir de « ce qui nous saisit » ; ce qui vient d’outre réalité (et que l’on n’a pas situé ici comme absolu-au-delà mais comme Un-ici-même en tant que Bord du monde ; transcendance dans l’immanence même, en ceci que c’est visiblement plutôt la transcendance, définie structurellement, qui crée, engendre, fait exister l’immanence …).

Contrôler le non contrôlable. Puisque l’arc de conscience est justement « ce qui se précède » ; ce qui se tire de son avenir, et par avenir il ne faut pas entendre seulement le temps et c’est pour cela qu’est requise l’ontologie (c’est encore une réduction, mais très perspicace et éclairante, qui voudrait que la réflexivité, l’arc de conscience se comprenne selon ce qui reste néanmoins une détermination du monde, le temps ; « ça » n’a pas de temps) ; l’ontologie cad la philosophie, soit comme métaphysique, grecque, ou comme dimensionnalité, chrétienne ou comme méta, cartésienne et suite ; seul savoir qui permette de « vouloir saisir » l’insaisi ; « conscience » est ce qui se tient en-avant de soi, puisque le soi est un (soi). Un rapport. Et que rien ne peut pénétrer ce rapport, pas même lui-même.

Et puisque c’est non pas une idée mais une structure, c’est elle encore qui se veut par la structuration nietzschéenne, heideggerienne, sartrienne, lacanienne ; la structure use de tout ce dont elle peut être pour manifester ce qui n’est pas, pour précisément retourner antérieurement selon l’exister en plus de l’être.

Rappelons que la structure est l’arc de conscience ; rapport de (soi) vers (soi), en lequel rapport ça n’est pas le moi, la pensée, dieu qui forment le soi, mais le rapport lui-même qui est son propre (objet)-sujet. Soit donc une forme pure et simple qui est Autre (par rapport à elle-même) et ce sans raison, sans détermination, de manière incompréhensible ; elle ne peut pas être comprise dans un rapport, le rapport revient toujours purement « sans rien » ; ou ce qui est le même l’arc de conscience surgit de la cervelle et aucun contenu ne remplace cet arc, lequel est seulement arcbouté au réel, au brut et donné « là » réel. Il se précède donc en ceci que sa forme, sa nature, son exister est toujours vide et en retour.

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Sens de l’historicité

21 Novembre 2015, 10:43am

Publié par pascal doyelle

Retournement de la réalité par le réel, l’historicité avançant.

Tous les mondes humains fonctionnent en vue de leur synthèse ; qu’ils opèrent sur le donné là, le monde d’une part mais aussi leur auto expérience dans leur communauté propre (de là que pour nombre de mondes humains il faut être né au-dedans de tel monde pour le saisir, en être saisi, dans le corps, la perception même, le langage, les échanges, etc).

Il fallait bien que cela arrive, il est quelques expériences qui tournèrent courts ; un raccourci fut inventé. On situe ce retournement avec les grecs et le chrétiens (et en partie les monothéismes). Mais grecs et chrétiens ont néanmoins continué d’assumer leur propre monde particulier ; les grecs n’ont pas converti intégralement leur monde en la philosophie, la pensée ; les chrétiens, les églises n’ont pas réalisé absolument le christique. Parce que la pensée et le christique ne sont pas tels quels traduisibles dans le monde, le donné là, le corps, le vécu.

Pensée et christique formulent deux points d’attirance qui viennent aimanter les intentionnalités et les intentions (soit donc les pensées ou les volitions ou désirs d’être). Ces deux points d’aimantation, d’orientation sont aussi de désorientation (parce que ces deux points sont à ce point Autre et exogènes au monde donné vécu qu’ils interrompent radicalement tous les mondes et déportent les contenus de conscience qui ne se fixe plus sur l’énoncé mais sur la forme de l’énoncé et la structure de cette forme ; développant un sur-discours pour ainsi dire à propos de la finalité, de la mise en forme qu’opère cette aimantation ; soit donc l’ontologie ou auparavant la métaphysique ; rappelons que l’on réserve ontologie pour la description de notre-être transformé en cet-être par Descartes et suivants).

Les points d‘attirances n’ont aucune épaisseur et aucun contenus mais consistent en un réarrangement ; soit un retournement (de la pensée sur la capacité intentionnalisatrice, ce que l’on nomme alors « idées » et puis machineries intentionnalisatrices, les systèmes), soit un renouvellement (de la conscience prise de soi-même, par le Point-Autre exogène, l’au-delà que signifie le christique, le regard tout externe qui crée l’interne de la forme de « soi » ou de (soi)).

Cette rupture est expérimentée en interne de l’arc de conscience, de l’attention à exister, est prise en charge par la philosophie qui se dévoue à penser cette rupture mais la rupture est bien plus extensive et intensive ; la philosophie en rend compte mais ne l’incarne pas (en réalité étant activiste la philosophie va modifier considérablement, pour sa part, cet arc lui-même ; on ne touche pas à l'arc en butée sur le réel sans s'y réorienter) ; cette rupture est relative à elle seule (et se déploie dans l’éthique, esthétique, politique, ou humanisation ou personnalisation, ou instanciation dimensionnelle qui débute par le christique, instaurant un Point-Autre par lequel chacun se saisit hors du couple naissance-mort).

N’ayant aucune représentation dans le monde, le donné, cet arc de conscience doit créer sa propre dimension ; laquelle n’est donc pas la « raison », ne consiste pas en un corpus, mais en un effort, une tension, un rapport en plus, qui demeure toujours et constamment en plus (de n’importe quel donné ; puisqu’il est un rapport, il est ce rapport et donc exclut tous les autres, les exclut formellement, puisqu’il est clair qu’il autorise quantité de vérités, d’intentionnalisations, aussi bien grec que chrétien, qui ouvre instantanément que chacun « ait » une conscience-autre). De sorte que le monde grec continue d’être grec et synthétique, le monde chrétien rétablit une synthèse tout autant et ainsi de suite. C’est uniquement dans la périphérie, le bord des mondes que l’on s’aimante ou non, et que l’on s’y investit et ceci plus ou moins, étant entendu que jamais (étant un bord formel) la dimension de l’arc de conscience, de l’attention à exister, ne pourra basculer tel quel lui-même dans le donné. Il est toujours à distance, étant absolument, parfaitement Autre ; il n’est aucune détermination qui définit son altérité par rapport à lui-même ; nous existons comme rapport à (soi), où le « soi » est le rapport lui-même (et non un contenu serait-il électif). Esthétiquement ou éthiquement, etc, on n’est jamais ce que l’on cible selon l’aimantation ; l’esthétique nous dé-laisse toujours sur le Bord, mais sans cet être-impossible (puisqu’il existe et n’est pas), nous n’aurions aucune expérimentation de notre bordure existentielle.

Et cela signifie donc qu’alors même que nous nous imaginons être, (comme un moi par ex), en réalité nous sommes positionnés sur le Bord, le bord du corps, de la pensée, du monde, etc.

C’est une adaptation de la pensée (grecque) qui constituera la raison, une adaptation que la naturalité (la nature comme donné là ou la nature humaine supposée) remplaçant dieu-le christ (dieu ayant hypothétiquement créé le monde et le christ convertissant notre vieil homme dans la nouvelle conscience), une adaptation que le moi comme version mondaine et corporelle du sujet ; lequel est tout à fait abstrait, extrait, en plus et doit le rester ; c’est non un défaut mais sa spécificité même que de l’abstraire, c’est parce qu’il est, comme la pensée et dieu le christ, impossible qu’il se tient comme sujet ou comme christique ou comme pensée.

C’est parce que ces configurations pensée-dieu-le christ et sujet sont abstraits qu’ils tiennent et s’instancient du point-autre d’attirance ; et c’est uniquement une réinterprétation par la raison, la naturalité et le moi humanisé qui critique ces configurations. Et tout à fait justement si l’on tient à ce que le donné soit la seule réalité, mais injustement et follement si l’on tient qu’en plus de la réalité il existe le réel, que le monde soit doué d’un Bord et que ce Bord non seulement s’existe dans le donné en tant que présent mais que de plus notre être, cet-être étrange, est lui-même existant au bord de son être, que tout corps est extrinsèquement tenu comme Bord (pour lui-même, pour le moi et l’humain).

L’interprétation réaliste de la raison-naturalité et moi humanisé tend à geler ce qu’elle conçoit et à comprendre comme fixations ce que la pensée-dieu/le christ-le sujet proposent (et à engendrer ainsi des pensées de l’altérité nietzschéenne, heideggérienne, sartrienne et lacanienne et autres qui vont en partie rétablir dans le donné là et la réalité une dimension ontologique, une réflexivité ; par la Volonté, L’Etre, l’inconscient, l’historicité marxiste, le langage, etc).

Rappelons le principe ; tout est bon à prendre. Il est hors de question de renier la raison pas plus que la pensée, la nature plutôt que le christ, le moi plutôt que le sujet ; ce sont juste des ajouts du Même et le Même est l’attention à exister ; soit donc le présent et l’arc de conscience sur ce présent. Hors de question d’ignorer l’hindouisme ou le zen ou quelque formulation que ce soit. C’est uniquement qu’il y eut un dépli soudain autour de la méditerranée qui plutôt que de supposer l’absolu au-delà (sous quelque appellation que l’on veuille) a recherché le Un ici même (le Un est de fait ici même, puisque l’on existe ou comme disent les grecs c’est ici que l’on est) et que cette opération de trouver ici même n’est pas de remplacer l’absolu par le monde, mais de réellement se saisir du Un, de l’absolu entendu comme un, dans le donné « là » ; ça n’est en aucune manière une abdication de l’absoluité, mais son renouvellement sous un point de vue exclusivement présent.

Et c’est pour cela que cette aventure dans le donné « là » (le donné là et le « là » du donné, à la fois puisque soulevant le Un, l’être, le réel on relève le monde, la réalité, le Un n’étant pas autrement que monde, mais forme du monde ou son Bord), cette aventure prend ontologiquement les expériences de la pensée, du christique, de la dimensionnalité, du sujet, puis de ce sujet ignoré dans le moi, absenté dans la raison (et la science), annulé dans les théories ontologistes directes ou les pensées de l’altérité (réintroduisant pourtant l’altérité formelle tout comme l’être des grecs ou le christ imposaient l’altérité structurelle tout aussi Autre).

Les dites expériences ; soit les aventures des arcs de consciences, instanciées par un tel ou tel autre, par Descartes ou Mozart, par Rimbaud ou Rabelais valent force de Règle ontologique sur et dans le Bord formel du réel ; c’est la même structure de chaque conscience arcticulée au réel qui avance ; pluriellement. C’est dans l’apparescence du monde, l’épaisseur des corps, la déflagration du réel, la division indéfinie de la matière énergie que toute l’ontologie se cherche ; et puisque ce qui applique la loi du réel dans l’ici même est l’arc de chaque conscience, c’est tout aussi bien en tant que se réalisant comme mois que la structure veut s’interposer dans la réalité, le corps, la tenue de « soi » ou de (soi) (selon que l’on tendra vers le donné là ou le « là » du donné).

Il n’est donc qu’une seule structure que l’attention, commençant de s’architecturer selon le Un (cad le présent et la précision constatable) par les grecs puis les chrétiens, que l'attention a pu extraire et élaborer, et qui ne tient pas aux grecs ou aux chrétiens mais étant forme supporte tous les mondes humains ou toutes les pensées ou toutes les personnalisations, etc. Qu’elle soit formelle signifie qu’elle est purement agissante ; elle est un rapport et ne possède aucune autre « être » que son exister. Et c’est cette dimension de l’exister qui fut ajouté à l’être, littéralement.

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La souffrance des mois

18 Novembre 2015, 16:18pm

Publié par pascal doyelle

Toutes les pensées ont ainsi non pas tenu pour vrai ceci ou cela, mais se sont servies de ceci ou cela afin de montrer l’activité propre de notre être en tant que cet être est un rapport.

De même que les idées ne sont pas des « idées » mais des intentionnalisations et les systèmes des machines intentionnalisatrices ayant affaire au monde, et élaborant par-dessus le groupe-langage-immédiatetés une architecture de structure, de même les pensées en imposant des dénominations ne figent pas et ne chosifient pas leur construction mais exhibent le mouvement même qui redimensionne l’intentionnalisation du réel ; c’est à partir de là, du réel, du bord du monde, que l’on expose le mouvement du réel.

Le dit mouvement ne peut pas se connaitre autrement. Il faut admettre que l’on se tient sur la pointe du réel et que cette pointe ne peut pas s’objectiver mais que c’est à partir d’elle que l’on a débuté et inventé et précisé l’objectivisation.

Sauf que ceci ; on ne peut pas objectiver la pointe elle-même et on doit avoir recours à une hyper objectivisation, laquelle est manifestée par la philosophie. Ce qui veut dire, exprimé autrement dans l’autre sens (de circulation), que chacun n’y a accès que par son « chacun » en propre. Il est évident que par exemple on ne philosophe pas sans modifier la pointe de notre être, cad l’attention, et que c’est précisément ce report qui est explicité, cent fois approchantes, par toutes et chacune des philosophies.

Si l’on se demande ; mais alors il faut être ou devenir « philosophe » pour s’atteindre soi-même (dans la forme qu’est la structure). Il faut repenser à ce que nous disions de la succession à l’humanisation (qui se charge de vouloir réaliser dans l’humain la forme de l’universel, par l’Etat, le droit, le vrai, le bien , le beau, etc), à savoir succession qui crée l’impératif de la personnalisation ; la forme du Moi est la continuation de l’humanisation, entamée par l’universalisation mais approfondi ; chacun doit réaliser, rendre réelle la structure dans la densité de son-corps (on note « son-corps » parce que c’est un corps susceptible de supporter la bizarrerie d’être conscience de (soi) ; qui est une gageure et une douleur et une absurdité et une impossibilité, qui cependant doit se créer, se produire). Bizarrerie qu’est la pointe extrême, qui est forcément extrême puisqu’elle est la pointe de notre être ; qu’est l’attention à exister par quoi on reprogramme, pour ainsi dire, la cervelle, et tout ce qui s’y trouve, autant que possible cela va s’en dire et d’une manière tout à fait spécifique, on y reviendra.

La reprogrammation s’effectue exclusivement sur le bord de notre être, et doit lourdement constamment reprendre ce qui dans une cervelle est déjà programmé ; or cependant une cervelle crée de nature un arc de conscience vers le réel. dans une cervelle l'arc de conscience apparait, mais un arc de conscience est un Rapport à (soi), et de cela est ingérable.

Et donc le projet philosophique qui consiste à faire Exister, ce qui s'est décidé extensivement et grec, intensivement et chrétien, et dimensionnellement, cartésiens et suivants ; à faire Etre ce qui Existe et c'est cela qui est une impossibilité ; c’est pourtant ce qui est tenté, et en vérité la seule voie possible. Et ce projet se réalise non en tant qu’il impose la pensée (grecque), la dimensionnalité-autre (christique), la méta dimensionnalité (Descartes, Kant, Hegel, Husserl), mais ce qui ayant eu à se traduire dans le monde, le donné, le vécu, s’est inventé comme raison (remplaçant la pensée), naturalité (se substituant au dieu-le christ) et le moi (en lieu du sujet). Et c'est ce qui fut voulu par Nietzsche, Heidegger, Sartre ou Lacan ; que la dimensionnalité de l'Exister (dont on ignore tout) traverse l'être et s'y retrouve.

Autrement dit c’est ainsi que la réflexivité, le mouvement de retour sur notre être par lui-même, s’est propulsé dans le donné là. Et que donc chacun, chaque moi, via l'universalité mais continuée et approfondie et creusant à même la chair, est installé comme saisie de « soi ». Ce qui, on l’a dit, est impossible. Mais qui est tenté et qui inquiète, absolument, tous ceux qui s’y retrouvent engagés. Chaque moi est le sujet inquiété, angoissé, éperdu, rendu fou ou douloureux et qui ne comprend rien à rien, puisque le moi dans son idéal, sa projection est poussé à croire qu’il peut être ce qu’il pense ou imagine être, dans le monde, le vécu … Or il est comme tout ce qui existe ; il n’Est pas, il Existe.

C’est ainsi que la réflexivité inaugurée comme pensée, dieu-le christ, le sujet, s’est investie et s’est emparée du monde, du donné, du vécu, du corps. En croyant qu’elle est la raison, qu'elle est la naturalité, aussi bien la nature que la nature humaine, et qu'elle est le moi, humanisé d’abord et personnalisé ensuite.

Si elle croit qu’elle est un tel moi, c’est qu’elle doit assumer la densité ; la densité prend la succession des deux autres formulations de la réflexivité (de l’extraction de la forme « conscience-de » hors de toute synthèse de monde humain d’un groupe donné là dans on monde localisé et immédiat et par une parole isolé, séparé, de son extraction dans une élaboration en-plus, archi intentionnalité des grecs, hyper intentionnalisation des chrétiens et monos, méta intentionnalisation à partir de Descartes qui propose notre être comme étant cet-être, déposé « là » sur l’étendue du monde) ; en plus de l’extensivité grecque, de l’intensité dite chrétienne (mais plus techniquement comme dimensionnelle, et plus encore comme dimensionnalité-Autre, incompréhensible en soi ; le point externe par lequel on ‘se’ perçoit, au-delà de tout donné-vécu-monde, le point au-delà, qui dépose un « corps » ici même dans le monde ; d’où le christ), il est la densité ; l’assumation par quelqu’un de l’investissement qu’est l’attention, la conscience-de, l’intentionnalisation, et ce dans-un-corps.

La douleur est intacte qui nous forge du dedans, du dedans sans dedans ; de la forme même de conscience que l’on a, et que, de ce fait, l’on est, que l’on ex-siste. Et c’est effectivement de faire sortir l’attention de son chapeau ; ça ne peut exister que sans raison, étant à soi même sa propre finalité étrange qui n’est pas du monde ; et ceci non seulement pour les grandes créations ou les grandes inventions et productions, mais tout autant de ce qui doit se tirer du moi, de la personnalisation humanisée, ou plutôt de l’humanisation personnalisée ; de là qu’il soit crucial de creuser dans la re-présentation de « soi » ou de (soi) (selon que l’on se risque du corps ou du structurel). Ça n’est pas seulement l’humanisme qui aurait du se développer, mais littéralement et dans les corps ou dans l’attention à exister la personnalisation et au-delà ; ce sont les raccourcis qui se devaient d’être des courts-circuits que sont les mass et micro médiatisations et les mass et micro médiations ; que la médiation ait dérivé en médiatisation figure la réflexivité au cœur des mois (et donc de leur humanisme incluant l’universel en plus de la singularité individuée).

Cela revient à ceci ; par la représentation l’humain affronte le jugement dernier ; ce par quoi il admet ou non l’exister (et si non se réfugie dans le fantasme d’être, d’être ceci ou cela et non pas d’assumer la structure, la forme, le réel). Il se peut qu’il ne l’accepte pas et qu’il s’effondre. Mais ce qui vaut universellement est d’une certaine manière encore plus cruellement déchirant pour chacun ; c’est par l’universalisation que chacun devrait trouver secours et recours, plutôt que de s’abimer dans la délaissement et les dissolutions de l’universalité dans la privatisation à outrance (parce que c’est l’outrance de la privatisation qui rend aveugle et concrètement stupide, idiot) et que la privatisation est la boucle indéfinie et épuisante qui recycle le moi, l'humain, la naturalité.

Autrement dit il manquera au moi, au naturalisme et à la raison à la fois l’objectivité de l’universel (cad la pensée) et la singularité (à savoir le sujet).

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Le fou, le martien et l'idiot

11 Novembre 2015, 20:15pm

Publié par pascal doyelle

Chacun est largué dans le désert. Il est deux synthèses opérantes ; d’une part l’humanisme, fondé sur l’universel, le partage du beau, du vrai et du bien, et d’autre part la personnalisation, le moi, le vécu, le corps. La vérité se partage (comme universelle) et la liberté se propage d’un moi à l’autre ; le réalisme de la rationalité remplaçant la pensée, de la naturalité se substituant à dieu-le christ (ou toute forme de "spiritualité", organisation religieuse du monde donné vécu), du moi humanisé s’imposant au sujet réel, le réalisme est ce qui se déploie intégralement sur toute la planète.

Le réalisme de la raison-naturalité-moi humanisé a remplacé les réflexivités archi (grec), hyper (chrétienne et monos), méta (Descartes et suivants) ; puisque ces configurations n’étaient pas en mesure d’assumer telles quelles un monde, un donné, un vécu et qu’il devait se concrétiser un réalisme de figurations adaptées à tout le donné. C’est contre ce réalisme que s’insurgent absolument les sujets fous ou les grands sujets mais aussi les déchainements qui devaient autodétruire l’humain ; fascismes, communismes (pour des raisons et des logiques évidemment différentes) mais aussi auto destruction de l’humain par ce qui apparemment assume plus concrètement la réalité, auto destruction donc par le libéralisme ou l’ultra libéralisme.

Parce qu’en toutes ces options il n’est aucune intelligence réelle. Le fascisme est dans l’image du retour du groupe, langage et monde localisé, qu’il prend pour la réalité totale du monde (la race, une idéologie délirante, une mythomanie hallucinatoire, etc). Le communisme croit encore que la Vérité (universelle) doit s’imposer à l’humain (recyclant donc une vieille version de la raison) et ce indépendamment de l’individualité, qui ne peut être pris en compte que dans le libéralisme et la réflexion sur soi qu’est chacun, de fait, dans cette redistribution qu’opère le renvoi de l’Etat vers, par, pour chacun (du moins idéalement).

Mais le libéralisme se prend lui-même les pieds dans le tapis, parce qu’en approuvant l’individualisme il oublie totalement qu’il est un humanisme et donc qu’il se doit à l’universel ; en somme il faut impérativement qu’une société humaine soit à la fois communiste et libérale ; que soit abolie la hiérarchie des salaires, des revenus (du moins qu’il existe un minimum assuré pour chacun, une redistribution fondamentale qui permette à l’économie, enfin pensée, de se soustraire à l’économisme, d’échapper au nécessitarisme et qui annule la ligne de mort, de massacre et d’exploitation généralisés), que l’intégralité de la société humaine soit délivrée de la privatisation (comme unique mode d’organisation des réalités, ce qui est une aberration).

Autrement dit on a choisi au plus immédiat, au plus court ou au plus stupide. Soit l’idéologie délirante du groupe humain mafieux, soit une version recyclée de « la vérité », soit un individualisme effondré vers son immédiateté. Dans les trois modes, aucune réflexivité interne à l’humain, au moi, à l’organisationnel de la société, aux finalités électives.

Pas de finalités électives en ceci que dans les trois cas il est laissé à la discrétion du donné là (qui diffère à chaque option) que notre réel soit plié en des désignations tout à fait mondaines et pauvres ; le groupe rendu fou, la vérité abstraite ou le moi imbécile.

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L’arc d’exister

7 Novembre 2015, 10:58am

Publié par pascal doyelle

La philosophie est donc la discipline qui se charge de rendre compte de ce qui est arrivé à l’humanisation (son impossibilité à renouer avec des mondes clos, avec l’unification en un groupe-langage-monde localisé) et la grande rupture qui se dresse, dresse une barrière infranchissable, est précisément ce qui inquiètera au plus extrême toute notre réalité.

Les grecs tentent d’apprivoiser le donné là, et le là du donné (l’être comme position formelle abstraite, comme formule), mais la pensée ne suffit pas à saisir l’être articulé et pur mouvement que nous sommes ; une plus grande précision s’impose qui puisse capter l’ampleur de l’altérité qui surgit hors de tous les mondes clos, et comme restructuration de l’attention à exister ; le christique est ce redoublement qui consiste à se percevoir selon un Point-Autre.

Dans l’arc de conscience il est impossible de se saisir de sa performance ; l’arc impose une racine qui se crée dans le mouvement même de son exister ; et l’arc bouté se produit sur le réel, ce qui veut dire sur le présent.

Sans aucun doute la philosophie attachée strictement à discerner ce qui surgissait hors de tout groupe-langage-monde immédiat (et donc hors du corps), a cru être en mesure de définir cette articulation comme si il s’agissait d’un être ; ce faisant elle a créé à chaque fois un archi, hyper, méta contenu (soit donc l’archi des grecs, l’hyper des chrétiens, le méta de Descartes et suivants, jusqu’à Husserl en passant par Kant et Hegel). Il est clair que ce contenu à chaque fois est distordu puisqu’il doit recevoir la structure qui est purement formelle ; ce qui signifie n’est que et rien que rapport et non pas stabilisation en quelque contenu que ce soit ; de ceci que les supra contenus (comme on dirait supra conducteurs) sont intégralement toujours traversés par leur supposée unification et que la pensée, l’être, le un, dieu ou le christ ou le sujet se constituent non pas comme clôture mais comme division et s’imposent comme opérateurs de distinctions, de distinctions en plus.

Puisque nous existons bien en aval de cette opérativité formelle, nous considérons comme contraintes ces constructions internes à la forme ; mais dans le creux de leur historicité les (pseudos) unifications furent l’intervention du Un diviseur et séparateur ; de brutales altérités qui s’utilisèrent à partir de la découverte de notre être structurel de conscience actuelle articulée au présent. La pensée grecque, le christique, le sujet sont des diviseurs absolus (cad formels, de brutes formules archi, hyper et méta actives).

De fait puisque c’est cette structure qui sort du monde clos, et lance l’arc de cercle vers le réel (d’un réel non qualifiable par un contenu), il faut user de stratagèmes, d’une pensée retorse, qui répercute le mouvement lui-même ; puisque c’est un rapport, il est impossible de le figer ; la pensée, les idées, l’idée des idées, le moteur, le un, dieu ou le christ, le sujet ne sont pas des objets décrits là au-devant mais via cette description (unique à plusieurs entrées)ils se réintroduisent et ce mouvement de description permet à chaque conscience qui y pénètre de se réintroduire elle-même, de ré-actualiser sa structure ; de là que les grecs demandent la performance hors de soi (par la pensée), le christ la conversion et le sujet la suspension de son être (au profit de son Exister, qui durera jusqu’à Sartre et même Lacan, via Kant et le sujet transcendantal et Husserl et l’épochè, y compris la reconduction de la phénoménologie hégélienne).

Notre être articulé hors de soi, vers le réel, est le pur et brut mouvement, rapport, et ce qu’il nomme dès le début absolu ou éternité ou infini est en fait l’altérité dressée dans l’instanciation du Un, de la forme du présent qui réclame ici même que tout soit appelé. Le Un est la forme et la forme est le présent.

Si l’on prend le problème à son terme on devra donc imposer ceci ; l’exister ici même s’est décidé comme forme agissante, dont le donné, la ou les réalités sont les effets ; tout le donné est produit du seul exister, toutes les choses sont des mémoires des présents, ou plus exactement du seul et unique présent ; et notre être lorsqu’il sort de sa gangue monde-langage-communauté instancie un renouvellement toujours constamment instantané (étant entendu que dans l’instant tout ce qui fut revient et doit être réorchestré). L’actualisation de notre être, très étrange, qui rompt toute la réalité, sa propre réalité, son corps, son immédiateté, ses mondes, son vécu, est indéfiniment ré actualisable ; même pour un moi, une personnalisation, un vécu, cette réarticulation menace toujours et constamment ; toute conscience se tient sur le Bord, littéralement, du monde, du donné, du vécu, et sur le Bord du corps.

C’est donc la forme qui prédomine et ce non seulement en notre être (que Descartes en posant « là », sur l’étendue, transforme en cet-être, méritant ainsi qu’il soit méta, « après lui-même »), mais dans la réalité même, le monde ; le présent est la réflexivité interne-externe de la réalité ; la réalité se réfléchit, se renvoie hors d’elle-même. Et ceci au plus intégral degré ; ça n’est pas seulement que le présent relance la réalité, c’est que le présent est le seul réel et produit la réalité.

Tout est question de technologie ; la structure de conscience est une technologie inventé par le donné là et plus exactement le « là » du donné, aussi pour comprendre ce que « conscience » signifie faut-il se plier à la compréhension technique de la torsion de notre être, de la pointe de cet-être que nous sommes ou dont nous sommes l’effet ; la structure de conscience qui nait dans la communauté-langage-monde localisé et immédiat, prend le pas sur la masse des données et réorchestre à partir de la forme arcbouté au présent.

C’est ainsi dans l’arc d’exister pur et brut que l’arc de conscience s’est branché, arcbouté, et par lequel il surexiste.

Et ce qui fut produit à partir de cette rupture n’est pas un défaut, un manque, une négativité, un néant mais lorsque la cadence de la structure de conscience se calcule au plus près du rythme du réel, comme présent ici même.

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Spectacle hors de la folie

5 Novembre 2015, 10:03am

Publié par pascal doyelle

Puisque les théories, diverses et variées, sont si obnubilées de définir notre être comme désir, il faut bien voir que ce faisant c’est juste une manière de laisser libre court au corps, et bien que de cela on traficote tellement notre supposé désir qu’il n’a plus rien de naturel, de donné, de déterminé, mais s’ébaudit d’une surnaturalité très bizarre, voir au pire d’un fourre tout qui laisse passer les plus immédiates expériences, très amusantes sans doute, mais qui ne mène qu'au retour, à la dissolution dans le monde (le monde étant naturellement porté à se dissoudre, voir à mourir, comme chacun sait).

Donc pas de sortie de ce côté-là. De ce côté-là on va recycler mille fois les mêmes déterminations ; et ce pour une logique très simple qui consiste à présupposer que dans le monde il n’est que du monde, que de la détermination ne résulte que de la détermination, et que sinon on ne peut pas penser ; sinon de croire, s’imaginer, hypostasier, s’illusionner que dans le monde, dans le vécu, dans le corps, il est autre chose que le monde, le vécu ou le corps.

On peut saisir ce dont il est question dans un tout autre registre ; l’Etre heideggérien n’est rien qu’un fantasme philosophique et ce bien que l’intuition, la perception, la saisie heideggérienne du problème essentiel soit parfaitement juste et extrêmement clairvoyante ; autrement dit la question est formidablement posée (comme elle ne le fut jamais), mais la réponse est délirante, structurellement délirante (ce qui veut dire que même cette erreur est significative au plus haut point, c’est la différence entre une erreur banale et une erreur philosophique … comme la philosophie part, et revient, de la réflexivité, lorsqu’elle se trompe ce sera si rigoureusement, étant pris-dans la structure même, que les déviations sont excessives et excessivement parlantes ; elles montrent).

Et donc le désir est une sorte de prétexte qui sous couvert de localiser notre être dans le monde (le désir est censé appartenir ou se causer du monde, ce qui rassure en ceci que si il est du monde on trouvera les idées qui le répertorient) ne manque pas pourtant de s’évaser infiniment, selon l’inconscient, le langage, le corps, le sexe, la mort, les autres ou l’Autre (autre sorte de succédané de dieu ou plus réellement du christ, ce qui est encore plus retordu), et de la sorte tout en faisant semblant de théoriser en dur (par des déterminations, du mondain, du donné, du corps, des pulsions ou des sortes de trucs dans le genre) on s’évade infiniment, et on ment à tout le monde.

L’ancienne métaphysique (des grecs à Descartes) ou l’ancienne ontologie (de Descartes à Husserl) ne mentait pas ; elle dénommait littéralement notre être comme pensée (cad un vide formel ; l’être, de si grande renommée, est forme abstraite vide, et c’est pour cela que via l’être on a pu découper extensivement ou intensément toutes les réalités) ou comme sujet (un vide structurel, et par ce sujet on a créé Kant, Hegel, Husserl).

Tandis que lorsque l’on en a voulu à la pensée et au sujet (de ne pas tenir ses promesses … on se demande ce que l’on entend par là, parce que la pensée a créé des quantités de possibilités, des universalisations dans tous les sens, des systèmes et des vocabulaires entiers, et que le sujet cartésien est au fondement de toute révolution, un sujet qui se tient de par soi est libre, au sens ontologique, et on passe sur l’Etat, le droit, la constitutionnalité des sociétés humaines, les sciences, etc),

tandis que l’on en a voulu à la pensée et au sujet, on a remplacé ceux-là par des « choses », des trucs, des machins, encore plus abscons (l‘inconscient, le corps, le langage, l’économisme, la neurobiologie, le structuralisme, tout ce que l’on voudra), et plus abscons non en eux-mêmes (il est tout à fait nécessaire de penser ces compositions) parce que l’on a chargé ces représentations de la puissance du structurel (que formulaient la pensée et le sujet) alors que justement ces représentations, très déterminées, sont dans l’impossibilité d’assumer ce qui dans le vide de l’abstraction « être » ou dans la positon excentrée du sujet se traduisait sans s’épuiser ; on obtiendra alors une « volonté », un inconscient, un langage, super doués, qui tiennent leurs fabuleuses possibilités on ne sait de où ; et chacun y va de sa recette, toute grosse de capacités nerveuses en somme.

La position de base est tout à fait simple (bien qu’incompréhensible si l’on veut s’en saisir métaphysiquement ou ontologiquement) ; lorsque l’on aboutit au sujet (qui n’est pas créé par Descartes mais dont Descartes rend compte, il le montre, il montre ce qui est et ce qui sera actif, y compris en de tout autres domaines que la philosophie, évidemment), aboutissant au sujet on y reste. On va s’imaginer, à partir du sujet, comme « volonté », comme désir, comme structuralisme ou comme neurobiologie.

Et de la position du sujet (qui est alors rapidement partagé par tous et partout), on théorise la science, le droit, la révolution, le langage ou l’inconscient, autrui ou la matière énergie, etc. Depuis que l’on a obtenu le sujet, on n’a plus besoin de la métaphysique (Descartes le sait et pense ce fait monumental), et on n’a même plus besoin de Descartes ; le sujet n’est pas une création culturelle, c’est une position acquise dans le réel ; pas besoin d’avoir lu Descartes pour être sujet et du reste une révolution, un Etat, un droit se chargeront de propager tout structurellement le statut de sujet à quiconque (et ce quiconque s’en formera un Moi).

Les idéalistes allemands s’aperçoivent bien de ce fait énorme ; mais ils s’embarquent pour penser ontologiquement le sujet dans de tels circonvolutions (toutes absolument passionnantes) qu’elles sont impraticables (et pourtant toutes nécessaires, à la pensée exacte près). Le fait majeur étant ; un sujet sait qu’il existe. Et dans cette tenue vers lui-même il sait tout ce qu’il y a à savoir, mais on ne comprend pas ce que cela signifie…

Il faut voir que l’on ignore en quoi on s’engage ; on n’y comprend rien du tout, mais on avance. Il est extrêmement difficile de se mouvoir d’une seule avancée minimale : c’est lutter à chaque fois contre toute, toute la pesanteur, aussi bien psychique que physique.
Et si on y comprenait quoi que ce soit ce serait beaucoup moins amusant.

Et comme on n’y comprend rien, il faut saisir comme c’est une structure, un arc de conscience vers le réel, qui inventorie chacun de ses déplacements sans percevoir où il met les pieds ; le réel sur lequel on avance ne peut pas être circonscrit.

Il faut assumer Descartes pour discerner sur quoi il progresse, ou Nietzsche, ou Lacan. On ne peut pas faire autrement que de prendre la forme de conscience de l’un ou de l’autre, parce qu’il est clair que chacun s’est instancié là très exactement en assumant tout le possible de son ici même, et que celui-ci n’apparait sinon d’y exister.

Et comme chacun est, en notre temps, bloqué, figé, gelé dans sa forme de moi, il devient de plus en plus difficile de penser-autre, et pourtant c’est comme cela que l’on pense. Aucun autre moyen.

Ou donc ; si l’on croit que l’on a tout compris parce que l’on pense selon une reprise du nietzschéisme, d’Heidegger ou de Marx, on n’a rien compris. On se tient encore de et dans le sujet cartésien (non qu’il soit de Descartes mais dont Descartes décrit la structure ou commence d’exposer le méta, la réflexivité, qui attendra encore, cette même structure, Kant et puis Hegel et puis Husserl, Sartre et en opposition Lacan). Si on ne comprend pas cela, on ne sait pas de où l’on pense et on s’use à agiter mille déterminations à partir de cet être structurel, formel donc, abstrait, vide et sans rien ; des déterminations que l’on prend pour « soi ». Qui seront donc, puisque le moi est ce qui opère dans le monde la transcription du sujet, qui seront donc des symptômes du moi ; nous enfonçant encore plus lourdement dans l’épaisseur du moi, abolissant et noyant le peu de sujet que l’on est dans des figurations pathétiques. Le moi voudrait observer dans le donné là, la division dont il est l’effet (qui est littéralement son sujet, lequel on l’a dit est impossible ; si le sujet était possible, il ne serait pas sujet, c’est évident) et ainsi le moi désire des objets splittés, composés, qui lui remémorent sa séparation, de tout avec tout (puisque la conscience est autre-pour-elle-même, elle est la forme qui est rien que Autre, autre sans raison, sans détermination, une pure et brute altérité).

Car comme on l’a vu, sous prétexte, en partie justifié, les configurations de la pensée, de dieu-le christ, du sujet ont été remplacées par la raison, la naturalité, le moi humanisé (adaptant au donné là ce qui relevait du « là » du donné, adoptant dans la réalité la puissance du réel, du Un) ; et on a définit comme principe dit « réaliste » (sous caution qu’il se produit là sous nos yeux, sous les yeux du sujet justement, sujet que la science absente, le moi ignore et les théories négatrices annulent) cette logique qui voudrait trouver là sous la main ce qui n’est nulle part dans la réalité ; le réel n’est pas dans la réalité ; le réel est le Bord de toutes les réalités, y compris les vécus et les corps.

Il est tout à fait légitime de substituer à la pensée, dieu-le christ, le sujet, de leur substituer la raison, la naturalité, le moi humanisé … mais il ne fait en nier la source interne et externe structurelle ; les grecs seuls parviennent à désigner le réel, soit donc l’être formel (hors les grecs cela se transforme soit en sujet et réflexivité, philosophique donc, soit en ces divisions sujet-objet, subjectif-objectif, raison-psychologisme), et les chrétiens (et affiliés) seuls se situent du Point-autre absolument externe qui permet que chacun soit un Point interne (cad une conscience de (soi). Hors ces configurations, aucun salut. Le marasme d’une détermination qui, oubliant les formes arc-ticulées au réel, s’effondre dans le donné.

Et si l’on a voulu définir notre être comme « désir » aussi alambiqué soit-il, c’est afin d’éviter ceci ; que le Un, le formel, le vide structurel dont nous existons, ne présuppose rien. De le poser comme désir pouvait laisser soupçonner, espérer qu’il comportait une résolution quelque part, dans le monde, le corps, le vécu ; mais il n’y a aucune résolution de l’équation, parce que c’est l’équation qui existe. Elle engendra quantité de solutionnements, mais n’en sera aucune.

On comprend bien que positionner la pensée ou le sujet, comme formes abstraites vides de notre être (cad de notre exister), c’est supposer d’effroyables distorsions, d’indéfinies possibilités, et que ces formes vides on ne les saisit pas (comme d’un objet objectif) mais qu’on en est saisi, et la philosophie est précisément ce mouvement ; appréhender, admettre, accepter comme on est saisi, tout cru, de la structure arc-boutée au réel que l’on existe.

C’est pour cela que la pensée ou le sujet sont saisis de l’Autre (tandis que le moi se morfond de n’être que lui-même, de la composition, de la décomposition).

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Spectacle de ce qui nous est donné

3 Novembre 2015, 10:28am

Publié par pascal doyelle

Nous sommes ainsi encore gouvernés par la ligne de mort. La ligne de mort est ce vers quoi nous contraint toute définition naturaliste de la réalité ; tout aboutira à un conflit et la mort de l’autre soldera celui-ci. Si l’on veut abolir, terminer la ligne de mort, son emprise, il faut requérir une dimension en plus ; soit un horizon.

Le réalisme a voulu promettre et tenir un tel horizon, mais ne définissant pas notre être dans la dimension en plus, il a usé de déterminations et toute déterminations revient à s’imposer dans le donné, le monde, le vécu, le corps. Soit donc notre propre mort ou la mort de l’autre ou les deux.

Les pensées du doute ont raison de ne percevoir au travers de tel ou tel énoncé qu’un symptôme ou une illusion ; mais les pensées du doute remplacent l’énonciation par une autre et ramènent, c’est un fait, une ligne de mort encore plus dévastatrice que celle « naturellement » admise ; puisque leurs énoncés sont créés d’une espèce de méga pensée, qui sous des couverts d’hyper réalisme (pour contrer le réalisme de la raison, de la naturalité communément ou scientifiquement admise, du moi humanisé, entrainant leur haine de la démocratie, du commun, du peuple, de l’ego, etc, on ne compte plus leurs détestations diverses et variées), ces mégas énoncés trinqueballent une plus énorme dose d’irréalisme, de folie, d’illusion, de rêve ou de rêvasserie, d’authenticité ou de spontanéité insituables, irréelles, réanimant les vieux, bien plus vieux cadavres de la cervelle engluée dans son éternité. Il n’y a pas de Volonté, pas de Désir, pas d’Universel pur, pas d’Etre supra réel, pas d’Authenticité.

Pareillement le libéralisme, fondé sur la fameuse « nature humaine » (soit donc la réflexion comme retour sur elle-même cette nature humaine, et non pas sur la réflexivité qui, elle, dresse sa dimension, qui n’appartient à rien de ce monde, de ce vécu, de ce corps, et s’instancie dans l’exigence pure et brute ; la réflexivité est sa propre différence, distinction, une altérité fondée sur le décalage dru et sans détermination (et donc formellement absolu) entre soi et (soi) ),

le libéralisme donc recycle imperturbablement les mêmes imageries, la surenchère quant au moi, l’humanisme s’effondrant dans la vanité de ses pseudo attributions, et comme aucune, aucune, de ses déterminations ne sort du monde, du vécu, du corps, tout y revient ; et cela aboutit nécessairement à la mort ou à l’exploitation des autres, mécaniquement pour ainsi dire, ou alors pour chacun à la dégradation « intérieure » du moi, folies et autres auto destructions et en tous cas abaissement des finalités, qui relèveraient autrement du sujet-impossible, aux finalités du moi, aimantées dans et par ce-corps, le corps constituant la dernière finalisation possible dans le monde ; ça revient, pour chacun, en tant que corps, comme la fameuse jouissance inutile, inutilisable, nourrissant, parait-il, un désir fou ; la vérité étant qu’il n’y a rien du tout de ce côté.

Tout cela tourne salement en rond. Pour que l’on cesse, un peu, de se cantonner à cette catégorie du moi, il faudrait qu’il puisse se soutenir d’une consolidation de son être structurel dans l’universel humain ; or l’humain universel est définit comme « nature humaine » et non pas comme universel réel et effectif ; en somme l’universel est utilisé (comme moyen) d’une identité (commune ou individuelle) qui plie celui-ci à ses finalités, qu’il trouve ici et là dans le monde donné, et le monde n’a qu’un seul sens ; la mort.

Supporter l’universel réel cela signifierait continuer la révolution ; à savoir que l’universel parvienne jusqu’à l’individuel et qu’il cherche ou lui ouvre les conditions de son sujet (le sujet étant de par son réel même impossible, sinon il ne serait pas sujet). Ce qui veut dire partage de la richesse (et non pas des richesses, c’est différent) et communauté des ressources. Ce qui ne signifie pas communisme, mais régulation des privatisations.

Réguler les privatisations est autrement complexe que décréter le communisme dont on ne sait pas du tout ce qu’il signifie ; à qui appartiennent les réalités dans un supposé communisme ?? À tous, à chacun, à personne, tout cela ne veut rien dire du tout. Il faut que les réalités appartiennent, sinon elles sont littéralement insituables et cela n’a jamais existé, mais que cette appropriation soit régulée (entendons par là que ce qui revient à l’Etat est soumis à Regard, de tous et de chacun, et que l’Etat est assujetti aux individus ; ce qui implique ceci ; on produit non pour produire, engendrant indéfiniment une machine, mais à partir de chacun ; à chacun doit être prévu la sureté réelle et non son esclavage salarié ; il faut doubler l’économie irrégulée par une économie attribuée).

Mais ce qui veut dire qu’en lieu et place des finalités si « naturelles » il est exigé que soient définies, explicitées, fouillées, replacées des finalités dépliées, manifestées, et que chacun (de par soi) et tous (dans la coordination représentative générale, ce qui se nomme démocratie) pensent … Qu’ils sachent où conduit ceci ou cela, plutôt que laisser glisser les actes, les activités, les décisions, les investissements, les projets au petit bonheur la chance (cad selon le plus fort et le recyclage du nécessitarisme qui est l’effet de la ligne de mort). Pour cela, en raison de cette absence de pensée, nous vivons dans un monde qui aux trois-quarts ne signifie rien, rien du tout ; ça « tombe » dans le monde, là, ça s’effondre et se gaspille en pure perte. On passe notre temps dans la dissolution subjectivement et objectivement cela nourrit une machinerie non pas intégralement mais aux trois-quarts absurde et sans pensée.

Aussi bien les ressources que la richesse, la nature que les mois eux-mêmes, l’humain que l’universel se dispersent sans aucune vérité ; ce sont juste des déterminations (et interprétés voulument, goulûment comme telles) et les déterminations se dissolvent (ça ne sert qu’à cela somme toute) les univers eux-mêmes disparaissent dans le néant.

Le goulûment est l’affectation de l’intentionnalité (qui se tient du structurel qui-n’est-pas, qui se tire de lui-même) à la jouissance du corps ; évidemment un corps non pas physiologique seulement, mais le corps travaillé, torturé, enfermé en quelque sorte par le maniement rendu absurde de la conscience agglutinée à un contenu (forcément quelconque). N’ayant pas de manifestation (en propre et articulée) l’activisme de conscience se retourne contre le corps et épuise, mord, déchire le corps ; et on aura beau chercher les causes de cette macération intérieure, en fait la cause est la bizarrerie qu’en un corps il y ait un arc de conscience (qui comme on l’a vu sort de la cervelle, est ce qui, dans la cervelle, sait le réel, ce que la cervelle en soi ignore ; elle rêve). Le goulûment est la soif débile qui définit notre structure par le désir ; désir de quoi ?? Notre être structurel ne désire pas ; il faudrait qu’il soit précédemment un quelque chose qui attendrait sa satisfaction ; or il n’est rien sauf forme d’exister pure et brute qui nait ici e maintenant dans le présent continuel.

Ça n’est pas de tout cela que l’on nait. On ne vient pas du monde pour y retourner, ce qui ne veut pas dire que l’on sache de « où » et pour « quoi ». On nomme ce lieu le Bord du monde (ou du donné ou du vécu ou du corps) ; le Bord n’est pas dans le monde.

Le problème étant que le Bord n’a pas de réalité. Et pour cause ; il est « ce qui se tire de lui-même », qui fait-exister ce qui n’est pas, par quoi l’exister (l’im/possible) est en plus et autre que l’être (ou donc il n’existe que de l’altérité, puisque l’être tombe dans la dissolution, constamment, tandis que l’exister s’instancie).

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L'en-avant de soi

1 Novembre 2015, 17:06pm

Publié par pascal doyelle

On a pensé depuis le début que le contenu de conscience nous reviendrait et qu’il nous livrerait le monde, le donné, le vécu, le corps ; l’énoncé équivalait au désigné.

Depuis la philosophie, qui acte que l’absolu devait se signifié comme étant le Un, il faut prendre la réalité à l’envers ; c’est la forme qui prédispose au monde. Soit donc pour nous la conscience qui fait être (en tant que la conscience est l’exister qui s’ »ajoute constamment à l’être) et pour la réalité c’est le présent qui attire le donné, la détermination.

On a dit déjà que le présent est ce qui se rencontre partout ; évidemment partout où il y a le présent… Autrement dit les autres présents, qui ne sont plus là, ne sont plus du tout ; tous ont disparu parce qu’en somme de présent il n’y en a qu’un. Un seul présent ; de sorte que chaque point (de réalité) est (pour lui-même) le point Réel (et qu’il est impossible de rejoindre un autre point dans l’espace sans « avancer avec son propre point » ; ou donc « ça met du temps »). On considère ainsi que la pointe absolue de toute réalité est à chaque fois la pointe où l’on existe.

Sur cette pointe, au lieu de considérer qu’il est possible de supposer un Point absolu, hors de tous les points, qui serait comme le contenant de tous les points qui furent, seront, qui existent actuellement, la pensée oblige d’admettre que c’est seulement ici et maintenant qu’il existe un Point.

Comme ce Point est instantanément perçu, ressenti, éprouvé, compris, comme le-Point, on tend à l’hypostasier comme absolu, éternel, totalisant, un au sens d’unifiant tout le donné, etc.

En fait le point ici-même est juste et rien que le point qu’il est (sans épaisseur à proprement parler), mais il est vrai que si le présent est le seul réel, le dit présent est originellement la source de tout ce qui est. Avançant que le présent est le seul réel, il faut donc en conclure qu’il est la source de tout le reste ; qu’aussi innombrables soient les réalités, les mondes, les univers, les déterminations, il n’est à proprement parler que le seul Présent absolument existant.

Absolument parce que seul il est formellement ; il est impossible de caractériser le présent ou le point ; il est la forme en laquelle tout est. Autrement dit il y a l’être, tout le donné, les réalités, et d’autre part l’exister et rien que.

On obtient le même résultat si l’on se demande ce qu’est la « conscience » ; conscience est ce qui désigne cet-être, (qui est « ce qui a rapport à (soi), le soi étant le rapport lui-même et non un contenu) et qui formule la base même au-delà de laquelle on ne peut pas remonter. Et cela, cette limite, ne signifie pas qu’il est quelque chose d’antérieur à cette limite ; il n’y a rien antérieurement à l’exister et à la conscience en acte.

Ceci expliquant pourquoi il y a un présent (un réel) et pourquoi il y a des « consciences » (des rapports à (soi)) ; c’est parce que tout le donné est prospectif et en-avant de lui-même ; le réel est « ce qui est en-avant de soi ».

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