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instants philosophie

L'intentionnel ou la dépliure de soi

28 Avril 2010, 20:39pm

Publié par zwardoz

L’intentionnalité est visée d’une chose, d’un objet, d’une idée, d’une manière de se comporter, de se signifier à quelqu’un, d’utiliser les mots dans une phrase, et elle est exemplifiée idéalement dans l’intention morale ; qui est censée se tenir idéalement identique à sa source. Au point que l’on a pu entendre le signifiant « conscience » qu’en tant que « conscience morale »… et l’on peut ainsi remonter jusqu’au kantisme pour comprendre qu’alors la seule façon d’aborder l’intention ne s’effectuait que selon une validité de décision volontaire tenue dans le Bien. En sa source signifie que l’intention ferait retour sur soi en ayant exposé son contenu ; en l’occurrence la moralité, et plus particulièrement la pureté de son intention ; en quoi il faut entendre ; sa transparence…

Or à l’inverse, il faut prendre distance de toute intention en tant qu’idéale, et se démonter, non pas en ses contenus ou ses orientations exprimables, mais démonter l’intention ; en sa complexité construite et bien plutôt amenée en l’unité via une pluralité et une hétérogénéité continuelle. Ce qui contredit absolument l’attitude naturelle, et pour tout dire fonctionnelle ; qui tient pour une la finalité de toute intention (afin que cette intention naturelle se consacre à cette finalité seule, cet objet, cette décision, cette perception, cette configuration, cette situation et ne se préoccupe pas de ses sources plurielles).

Remonter dans le dedans de l’intentionnalité, ce n’est pas recomposer les contenus qui identifient telle finalité, c’est surtout décomposer les contenus dans les intentionnalités qui, elles, portent plus loin chaque contenu. Le jeu étant de diversifier ce qui se donne comme Un contenu, en ses intentionnalités qui, elles, se rendent en faisceaux et dispersions. Au lieu de considérer telle raison de désirer tel objet, et de démonter cette raison par ses causes internes ; on éparpille la motivation par telles causalités mais aussi par ses sous intentionnalités dont cette motivation a bien voulu se fournir. C’est la différence entre confondre l’intention et la pureté morale d’une part et la décomposition de toute intention dans non plus des contenus mais des motivations hétérogènes ; psychanalytiques, structurales, mondaines, existentielles, sociétales ; autrement dit la différence entre la raison théorique (des grecs à Kant) et la raison fonctionnelle de Freud, Marx, Nietzsche, Sartre, de Lévi Strauss, et de Lacan.

C’est être capable de mesurer, de caractériser, de dénommer, de distinguer dans la spontanéité de l’intention, ce qui suit ; qu’elle est effectivement une opération spécifique qui dresse de par soi un plan, une ouverture, une régulation qui n’appartient pas à l’ordre ou au désordre du monde, qui passe outre les contenus de cette intentionnalité et remonte au-dedans de ce qui pourtant est sans épaisseur, sans saisissabilité. Qui joue donc de ses contenus pour fabriquer une arborescence ; de se manifester, et distinguer dans la masse des contenus, de se distinguer donc cette arborescence se cristallise et se fait apparaitre. On voit par cela que l’on rejoint les distorsions sartriennes et les incertitudes psychanalytiques ; que veut-on vraiment ?

Saisir non pas les contenus des intentions dans leur identités (qui conforteront l’identité finale de « qui l’on est »), mais sauter d’une cristallisation intentionnelle à l’autre, en percevant l’ensemble non pas comme centre, mais l’intentionnalité comme décentrement constant et hétérogène.

Mais dans le même temps, ce qui est seulement fonction d’identité (identité de soi-même ou de l’objet finalisé), devient l’essence même paradoxale de ce que l’on est ; ce qui fait frémir c’est non pas la solidité identitaire (que pourtant l’on désire), mais la dés-identité que provoque l’intentionnalité en ce qu’elle déploie ses cristallisations. Lesquelles n’ont pas seulement affaire aux contenus mais au(x) déploiement(s) des faisceaux intentionnels.

Ceci en vue de quoi ?

De ce que notre être se développe dans au moins deux directions ; des contenus (parfois) prétextes à une élaboration uniquement fonctionnelle et de structure. Passion ou dépression, systèmes de signes ou esprit théorique, perception accélérée ou diagramme relationnel ; ça n’obéit pas nécessairement aux contenus en cause.

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De l'intentionnalité majeure

23 Avril 2010, 21:00pm

Publié par zwardoz

On voit bien que la faculté de lire est un exemple de ce qui est en jeu intentionnellement.

Il apparait que dans l’intention que l’on a de ceci ou de cela, ça se complique ; ça se donne comme un ; tel désir de tel objet, telle phrase qui se clôt et donne sens, telle action qui se finalise, etc. mais la vérité ne réside pas dans cette intention vécue comme une ; la vérité habite l’intention elle-même.

La vérité est dans la déconstruction de cette intention et de dérouiller ces contenus ; ce qui est pris d’évidence, devient pluriel, multiple, difficile. On ne procède pas autrement si l’on s’interroge sur telle option morale d’une action ; on ne mesure pas seulement ses conséquences, ni même la volonté, bonne ou mauvaise ou indifférence, qui initie cette action. Mais les motivations dans leurs détails et les effets tels que voulus bien qu’ignorés ou involontaires bien que prévus…

Non pas pour juger de la pureté morale de l’intention donc, mais pour prendre distance de toute intention et être capable de mesurer, de caractériser, de dénommer, de distinguer dans la spontanéité de l’intention ceci ; qu’elle est effectivement une opération spécifique qui dresse de par soi un plan, une ouverture, une régulation qui n’appartient pas à l’ordre ou au désordre du monde, qui passe outre les contenus de cette intentionnalité et remonte au-dedans de ce qui pourtant est sans épaisseur, sans saisissabilité ; qui joue donc de ses contenus pour fabriquer une arborescence ; de se manifester, distinguer dans la masse des contenus, cette arborescence se cristallise et se fait apparaitre. On voit par cela que l’on rejoint les distorsions sartriennes et les incertitudes psychanalytiques ; que veut-on vraiment ?

Mais loin de penser la moralité ou la vérité ou le vécu de l’intentionnel , c’est de l’intentionnalité même qu’il faut s’étonner ; en fait l’interrogation morale est semblable à la saisie esthétique de ce que l’on perçoit des formes, couleurs, sons et notes de musique, d’incomplétudes des phrases, de détours des récits , des tiroirs et des impossibilités explicatives ; dans une œuvre l’intention prend toutes les formes et tous les contenus ; de même dans les vécus. C’est uniquement par réduction au simple, voir au simplissime que l’on perd son temps à ne pas vivre ; d’un désir complexe et scrupuleusement enchâssé dans la réalité perçue, on ne retient qu’une antienne fade et facilement récupérable dans de plats et mornes discours. L’esthétique ou l’éthique ou la littérature ou l’angoisse et la dépression, sont des plongées non dans les contenus mais essentiellement dans l’arborescence intentionnelle ; dans sa capacité d’extension et dans ses tentatives d’auto explicitation.

Ce que relève la psychanalyse fait partie de cette entière complexité, mais tout autant la compréhension sartrienne de l’invinciblement retors d’une personnalité ; pareillement rien de ce que l’on veut, désire, perçoit, pense ne se soumet , en fait, à la simplicité de n’importe quelle énonciation ; considérer que tout énoncé, toute finalité, tout objet attirant, toute chose manifeste sont susceptibles d’être accédées vi non plus les contenus (plus ou moins distincts) mais dans l’arborescence d’intentionnalités difficiles, c’est admettre que notre être n’est pas de solidités, mais de fugacités et de pluralités et ce dans son unification même ; il est de la nature de L’intentionnalité(une) d’être selon le multiple, le pluriel, la difficulté, l’incompréhension.

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La faculté de lire

17 Avril 2010, 16:45pm

Publié par zwardoz

La faculté de lire ne se déroule pas de comprendre ce qui est lu ; mais de permettre au flux de se déverser. Peu importe de saisir nommément ce qui est exprimé ; il faut au contraire que hors des ramassis éculés, ce qui transperce se soit l’intention.

Si l’on parvient à laisser les mots, nominatifs, remonter jusque dans l’intention, il se passe ceci ; au lieu de jouer des définis précis, des mots ou des significations limitées, dans une combinaison déjà connue, on se réalise comme étant seulement de l’intention, de l’attention, du flottement ; lorsque les mots parviennent à un état d’inattention, on ne navigue plus dans le définissable , toujours très connu, mais dans le jeu de l’intention porteuse.

C’est que certains écrivent non afin de poser-là un texte clos, mais de par leur corps, leur corps entendu comme surface globale de perception ; à la fois neutre et par conséquent précis ; où l’on parvient donc à ce que les signes n’aient plus un retentissement intérieur ; l’intériorité est une facilité, bien pratique mais qui stoppe net la perception ; le texte le plus abstrait doit parvenir jusqu’à l‘orée du corps ouvert sur le monde tel qu’il se propose ; et non plus le monde clos du monde déjà énoncé, à quoi se réduit n’importe quel moi : que le corps et le monde soient plus grands que cette identité qui est-déjà-là, autorise une navigation supplémentaire qui passe de l’énoncé, le déposé-là, à la rigueur de l’intention énonciative ; où cela avance-t-il ? doit être la question que l’on devient.

La vraie poésie, la réelle musique, les couleurs et les lignes, les compositions et les assemblages remontent du descriptif à l’abstraction, toujours ; et cette abstraction ça n’est pas celle d’un contenu intellectuel, mais c’est la forme, forme dite intellective, c’est l’ensemble des formes qui sont non objets de contemplation ou de passivité, mais qui s’activent comme intentions porteuses ; celles qui substituent au corps clos, image de-soi, vers le corps-surface purement percevant.

La difficulté est non pas de lire tel empire de signes, mais d’incarner selon cet autre corps, cette nouvelle perception ; le seul réel. Les autres corps sont tous emprunts de signes à destination toute faite des autres ou de soi tel que l’on se traduit selon cette expérience limitée qu’est le vécu. L’empire des signes est le règne total d’au-delà des limitations.

En régulation de quoi, ce qui se tient, ça n’est pas l’énoncé, scolaire ou objectif, mais l’énonciateur ; on ne comprend rien à Descartes si on ne voit pas que c’est son corps qui perçoit et donc il pense.

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Sang et terre

16 Avril 2010, 23:35pm

Publié par zwardoz

Notre être n’est pas de ce monde, ça ne veut pas dire qu’il n’existe pas.

La vie, le vécu n’accorde jamais rien, quoi que ce soit, mais il n’est pas que la vie seulement ; il existe par ailleurs l’esprit ; et l’esprit est nôtre. (Mais qui sommes nous en ce cas ?)

On attend considérablement quelque chose dans les vécus, et ce que l’on trouve ne ressemble jamais à rien ; ce sont juste des bricolages. C’est qu’il s’agit de ne plus rien attendre, mais de faire exister.

Ce que l’on est n’existe pas, mais cela ne signifie qu’il soit sans effets. C’est de plus (puisqu’il s’agit d’un emprunt à Lacan) que notre être n’existe que du retour sur eux-mêmes de ces effets ; alors seulement quelque chose de nous, innommable, existe ; au travers.

Nous ne sommes pas limités par la réalité, les réalités diverses rencontrées ; elles sont seulement l’occasion de notre être. Et notre être est plus imposant que ce vécu, ce monde et plus éreintant que n’importe quel monde à vrai dire ; celui-ci ou un autre.

Le monde, le vécu, la réalité, tout cela n’a aucune importance ; seul l’esprit compte. Mais l’esprit en tant que via les systèmes de signes bien cohérents et rigoureux nous poussent-à-être.

Passer de l’essence de ce que l’on est, ce bricolage incessant qui se tire de la nature, de l’humain, du relationnel ou des hasards, bref de n’importe quoi, à notre être tel qu’il se plie et se déplie, respire et souffle de son altérité aussi loin qu’il le veut, en cesser avec le capharnaüm stupide, c’est en terminer d’avec le repli des mensonges qui envahit la cervelle et la cesse d’être.

Autrement dit il est un point (du discours) qui inverse la cervelle par quoi elle se sait elle-même ; le discours devient un texte (un système ; de sons, de couleurs, de lignes, de signes, de logique existentielle et de cohérence intellective).

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De l'humain (en peu de mots)

14 Avril 2010, 21:28pm

Publié par zwardoz

Il est donc un paradigme absolu qui tient au fait du langage ; qui consiste à tout donner en une fois pour tous dans un partage complet et sensé qui soit accessible en tant que monde ; en tant qu’il est, ce partage, ce monde même. Mais qui ne peut être tenu et transmis et mis en œuvre que dans l’espace tribal ; dans la mesure où chacun y demeure à portée de voix. Espace tribal qui perdura longuement antérieurement à l‘époque historique humaine ; antérieurement à l’écriture, lorsque les échanges eux-mêmes adoptaient une voie significative et cérémonielle.

La déclinaison de nos règnes, royautés et empires tentèrent de réguler sous l’égide d’un seul ou de quelques uns, la parole, mais confisquée ; amenant une paupérisation langagière parfois quasi intégrale du peuple. Et qui se manifeste intégralement dans la suprématie sans contexte de la dite « culture » ; réservée à et par et pour une élite ; soit dogmatiquement par une caste sociale, soit plus subtilement par quelques-uns occupant et investis dans les stratégies intellectuelles et intellectives.

La confiscation de la parole est aussi la séparation sous-jacente de tous envers tous, et de toute chose hors de toute chose ; par quoi plus aucun, ni rien ne s’entend ; ça parle mais la parole n’organise plus le flux global de l’humain ; en fait il n’est plus même de globalité mais une dispersion de tous les êtres.

Dispersion qui est pourtant régulée quelque peu par la rationalité ; qui se fonde sur la séparation radicale de tout et de tous, mais qui dans le même temps relie intellectivement les choses et les êtres dispersés.

Ceci pour installer la Loi ; la loi est le code du message en tant qu’explicite et comme tel à la vue de tous. Mais la loi si elle fixe les règles, ne relie pas le vivant, le mouvant ; elle découpe. La loi (de droit) ou les lois (des connaissances et des systèmes esthétiques par ex) cautionnent des êtres, des objets, des unités, des configurations, mais tout ceci dans la stricte observance de codes précis et séparés.

Il est donc un méta système qui régule et fonde les dispersions ; celui de la séparabilité intégrale médiée par les codes et les systèmes attenants.

Or cependant de même que l’inconscient remonte de l’individuel jusqu’à noyauter ses fins explicites et explicitement conscientes ; de même il est une non conscience qui se glisse partout entre les codes et les systèmes (tous limités et jamais régulés globalement) et qui parcoure invisiblement les détails comme les ensembles impensés. L’entre-deux est envahi par son individuel inconscient comme les finalités humaines globales ont glissé hors de tout contrôle. Le contrôle, tout relatif, ne s’exerce que dans la partie médiane des êtres et des choses, des organisations et des relations, de l’inter individuel et des échanges (eux-mêmes incluant donc les productions de ce qui s’échangera).

Tout cela est rejoint, dans ses fins conscientes, par ses inconscients et la pauvreté de sa réflexion de l’humain sur soi nous confond de son  immense lassitude.

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