Le sujet, l'autre et les jeux idiots qui s'ensuivent
Il n’existe pas d’accès à notre être, puisqu’il est l’accès lui-même.
Parce que le sujet est simple
Contrairement à ce que l’on se présuppose il n’est pas double ; de lui ne surgit pas une identité, mais c’est l’identité qui est fonction d’une simplicité. Celle-là même qui ne dit rien, mais qui se sait immédiatement telle qu’elle est.
Qu’il ne soit pas double, il s’en effondre constamment ; il est happé par le dedans, mais ce dedans est structurel, il n’est pas une intériorité comme on sait, mais existe en interne dans la structure elle-même. Cette internalité est entièrement projetée dans le monde, donné, vécu, dans la perception et l’idée, dans l’exposition intégrale, mais en est retenue par cette identité, par cette intériorité du moi-même.
Mais brûlé par les rayons du sujet, il en ressent la morsure jusqu’au travers de la peau, jusqu’au corps-même, au corps comme surface perceptive et comme unité des unifications qui courent le long du vécu, mais au-delà, au-delà des expériences pourtant bouleversantes. Il veut un autre corps ; le Même.
L’absence de contrôle de soi
Cependant, si il est simple et non pas double, ce ne sera jamais de penser se contrôler qu’il y parviendra à circonscrire l’incendie ; si son être est simple, si il est forme, c’est une forme sans épaisseur, un simple tourment, et il peut bien se supposer en et par un autre, ou un Autre, qui l’inclinera comme çi ou comme ça, le sujet en lui demeure instamment simple et unique. Les suppositions que l’on fait de l’autre, retombent en deçà. Elles visent la hauteur ou l’idéal ou la compréhension ou l’élévation, tout cela est très bien. C’est immanquable et nécessaire, mais ça ne discute pas de la forme-même, de la structure intentionnelle.
Il n’est rien que libre …. et pis c’est tout
Elle n’appartient pas, à rien ; elle est intégralement (et seule une forme peut exister intégralement, sinon tout le reste est composé), mais en tant que pure activité. Et elle n’existe à proprement parler qu’active, de cet activisme cartésien bien noté, et encore donc des seuls moments que son activité ; hormis ces moments elle se fond dans la masse, dans les identités, et disparait dans l’autre comme supposition. Mais sans oublier que n’importe comment et en toute intensité, sécrétée des fonctions et facultés physiologiques et psychologiques, elle peut réapparaitre de par soi, pur feu follet inexistant.
L’autre supposé, comme seule défense
On peut remonter bien loin de ce qu’elle suppose l’Autre (et l’autre, autrui). Elle est dans la nécessité de se saisir de soi en supposant l’autre ; parce qu’elle n’est formellement rien ; supposer l’autre c’est admettre que l’on n’a pas accès à son être et qu’il, pour se saisir quelque peu, doit être-voulu, décidé, imaginé, du point de vue d’un autre ; sinon il ne se voit pas. Il est un pur miroir. Il reflète quantité de déterminations, mais aucune qui puisse remplacer ou figurer ou représenté le cadre lui-même ou la surface lisse du miroir ; et être-saisi de l’autre c’est comme de croire que le cadre et la surface, le miroir a cessé d’émettre des images seulement et que le cadre-surface existe en propre.
Miroir sans âme
Donc on n’a que des images, sans que le miroir soit saisissable ; et d’être tenu comme Autre, est l’illusion par laquelle notre être peut influencer son destin, sans en avoir l’air parce que si il admet qu’il se connait, il ne pourrait plus se savoir, puisqu’il admettrait qu’il est une décision et comme telle dépourvue de vérité.
On voit donc bien que l’être-libre n’a affaire qu’à la vérité, au fond, et qu’il est, donc, pour lui-même et quoi qu’il puisse en penser, une Idée. Et non une image. Ce qui change tout. Mais une Idée en un sens et un réel spécifique; qui est l'originel des idées habituelles.