L'entre-deux du corps et de l'esprit
Structure intentionnelle, identité essentielle ou re-présentation du rêve. En cela trois réalités ; le corps, le langage, l’attention.
Il est à parier que l’attention est fondamentale ; au sens non pas où elle contiendrait tout l’humain, mais en celui où elle est déterminante. La question est : comment peut-on maitriser l’attention ?
C’est en fait la question philosophique même ; le discours cohérent est dit dès le début cohérent certes, mais en fonction de « l’être ». Autrement dit ; la cohérence conduit de l’attention que l’on porte à l’énoncé en tant que cet énoncé donne à voir l’être ; c’est le circuit complet qui forme cohérence. L’intentionnalité doit correspondre à l’être tel que véhiculé par l’énoncé. Mais aussi c’est l’articulation de l’intention à l’être (via le système cohérent) qui est la finalité de l’activité engagée.
L’articulation de notre être à l’être même s’est dérivée en cette concomitance de notre personne à sa vérité ; on sait donc que puisque l’Etat est réalisé, et que l’Etat plus ou moins nous dépose-là, dans le monde, comme tout armé de notre propre indivisibilité, il nous faut faire-avec ; le bonheur est une idée neuve en Europe. Cela veut dire que la vérité s’est infléchie en tant que ici et maintenant, et dans le monde, parmi les choses, les objets et les autres êtres, la vérité doit être vécue.
Il parait assez évident que la vérité, l’universel, ça n’est pas fait pour cela ; ça n’est pas fait pour être heureux a priori, mais d’abord pour que une fois réel, nous soyons, en plus, heureux. Au lieu que poser le bonheur comme la finalité rabaisse la vérité à un fait du monde, aboutit en ce que ce corps soit satisfait.
Parce que au bout du compte et quels que soient les atermoiements, (cad les complexités dont on étage le corps ; le moi, psychologique, le relationnel, la réalisation de « soi », le perfectionnement du vécu dans le monde et parmi les autres, etc), il y a à choisir entre le corps comme centre immédiat imaginé comme « fondamental », et l’esprit comme centre inexistant de notre être.
Par esprit, on peut supposer toute sorte de béatifications, ou d’objectivités de faux-fuyants. Et la question se pose ; qu’est-ce que l’esprit, clairement entendu, si l’on ne veut pas tomber dans ces autres sortes de complexités imaginaires ?
Admettons qu’il s’agisse de la simple intentionnalité. Soit ; la faculté de faire-attention-à. En entendant par là ; le refus de laisser aller à énoncer n’importe quoi, auquel cas on retombe instantanément dans le donné, l’immédiat, le connu, le corps, le fade ou comme dit l’autre l’inauthenticité ou donc l’imaginaire indéfini ; sauf que d’authenticité, on ne voit pas du tout ce que ça signifie, on sait seulement qu’il ne faut pas faillir.
Où l’on voit que si l’intentionnel, qui n’est rien, est notre être, alors nous sommes inexistants. Il se situe au bord du monde, du donné, à l’extrémité du corps, hors de champ. Sauf qu’en ce sens au lieu que ce soit le corps, le moi, le vécu, le relationnel ou l’humanisation qui s’y tiennent, c’est l’attention pure et dure. Mine de rien.
Mine de rien, parce que n’étant rien du tout, il lui est difficile, voir impossible, de s’y maintenir (Nietzsche). Or pourtant c’est par une sorte de ruse qu’elle y parvient ; de là où elle est, le bord de tout ce qui est, ce qui est-là sous la main ou visiblement, de là où elle est, elle perçoit.
D’un objet, elle le travaille et en fait « quelque » Chose. Une Chose. Un Là. Elle est négativité, pure, et hégélienne … peut-être. Mais négativité, ne nous apprend rien. Ça fait valoir seulement (la raison, l’Etre heideggérien, le possible à venir (quand ?) nietzschéen, etc) ; or on n’interroge plus dans les grands champs de blé historiques ; mais ici même dans une indivisibilité, individuelle. En laquelle c’est aux objets, aux autres, à soi-même comme étrangeté, que l’on a affaire.
Au sens où la question de la vérité c’est bigrement rétrécie et concentrée ; resserrée en notre être, là où il est et que toutes les problématiques qui nous assaillent, ne sont pas vaines du tout. Être un homme, ou une femme, (ou la sexualisation en général par ailleurs), la dépression, ou le dégoût, l’horreur ou le plaisir, les regards des autres ou la reconnaissance (hégélienne dans la signification interne au sociétal, éminemment politique au fond), la transmission de génération à génération, etc.
La vérité, qui s’est déversée en chacun, formelle, en même temps que le bonheur, peut-être substantiel, (sait-on jamais), s’utilise à tirer les petites questions invraisemblables qui nous occupent, à les tirer donc de leur ornière réductrice, afin qu’effectivement le vrai se découvre ici.
Autrement dit, si vous êtes malheureux, dépressifs, incertains du plaisir ou épouvantés de la non vie, excités à foison, rembobinés par un bout, mais aussi ne comprenant pas ce que démocratie signifie, ou dans l’oubli quasi permanent de l’ambition culturelle (qui seule importe pourtant), ou mal embouchés de ceci ou de cela, ça n’est pas sans Raison.