critique (mortelle) de la philosophie
La philosophie crée son objet : l'être .
Qui est sensé se refléter dans un discours : le discours est le logos . Il montre les enchaînements en dépliant l'objet absolu . Il donne à comprendre la logique de tout ce qui est du début , du un , à la fin , au tout ; mais non plus le tout comme Un , le tout comme déplié , cad multiplement lui-même selon les réalités entièrement démontées et reliées et unifiées.
Ça n'a pas fonctionné : le média utilisé , les mots , transformés en concepts , (et articulés entre eux en système ) ne peuvent pas résoudre la multiplicité du monde , sa diversité et son énorme organisation (ou désorganisation ) .
Il est nécessaire de créer un outil plus pointu et qui comporte le moins possible d'humanisation : soit le nombre . Qui ne dit rien . Il manifeste , laisse parler les réalités telles quelles (ce qui ne signifie pas nécessairement qu'il exprime l'objet entier et tel qu'en lui-même absolument : il le laisse tel quel dans le cadre de ce qui expérimental ; est-ce le « tout » de la réalité ? On n'en sait rien ). Et il sort le sujet de l'objectivité .
Mais le sujet tout sorti qu'il est , est encore celui qui manipule le nombre (et la tenue expérimentale du donné objectif) . Donc sorti ,oui, mais où ?
Le lieu du sujet est une inquiétude constante : il ne sait pas comment se tenir dans ce lieu où il est .
Ad: le sujet est sorti de l'appréhension traditionnelle , psychologique et affective , entourée , où les mots sont des choses imaginaires. Le monde est un ensemble vivant tel que donné mythiquement , mais depuis longtemps traversé par de fortes découpes objectives : les intérêts économiques et politiques que recouvrent , au final , les littératures religieuses et mythiques . (sans parler des architectures du langage , architectures imaginaires et symboliques , qui monopolisent peut-être et l'économique et le politique et le culturel : qui régulent ou règlent comme un immense mécanisme de possibles qui se croisent et se travaillent et conduisent les petites vies selon une logique plus ou moins exploitable par l'humain )
De passer au monde froid et objectif , en somme , ça ne fait que découvrir ce qu'il en est vraiment.
Capitalisme ou libéralisme (éveillé ou dogmatique , cad idéologique) ne manifestent rien d'autre que ce qui fût toujours. Donc , nous sommes dans le monde réel.
La philo est-elle le résidu d'un ensemble psycho-affectif , qui tenterait d'instaurer ou de recréer une tenue sacrée , dimensionnelle , valorisante absurdement , immédiate malgré toute cette médiation (du concept , de la réflexion , du savoir qui recouvrent à nouveau une réalité plus croustillante) dans le lieu isolé qu'est le sujet ?
Auquel cas , ( la philo simple résidu) il n'y aurait de réel que le moi , et son auto-organisation adaptative (ou pas) au monde humain donné .
Il n'existerait pas de « sujet » , au sens d'une individualité consciente qui aurait à établir une vérité hors de toute humanisation donnée, une vérité ontologique. Ce serait pure et simple théorisation idéaliste d'un état de fait définitivement autre : le codage des comportements effectifs et leur assumation par chacun (plus ou moins assurée , cette assumation ) .
Et en ce sens , la philo serait uniquement le désir (illusoire ) de créer un lien explicite (sous couvert de clarté donc de la mystique passe par là ) , et tenu par le sujet , entre le monde isolément et le sujet esseulé .