Lignes de possibilité du moi
Tous les champs d’expression nous propulsent à partir du Bord. Percevoir un tableau c’est remonter jusqu’au Bord de la perception. Un récit est une vie humaine perçue à rebours. La musique s’impose par-dessus le temps. Les images renvoient au miroir, lequel n’est représenté en aucune image.
Cette impossibilité est structurellement présentée comme regard venu d’ailleurs ; puisque la structure de conscience st un rapport mais qui ne se représente pas lui-même, sinon dans la mystère ou l’illogisme de la conscience/de soi (puisque l’on ne peut pas lui appliquer la logique d’objet, un égal un, ce qui ne veut pas dire qu’il soit « illogique » à proprement parler ; il relève autrement d’une autre), et que l’on est toujours focalisé sur le contenu ; un signe exprime un contenu ; il s’agira donc de mobiliser un signe qui renvoie à un non-contenu. Nul ne peut contempler sa face, étant entendu qu’il est impossible de percevoir selon le monde (qui se tient du côté des effets) la forme (qui se tient du côté de la cause).
L’impossibilité de matérialiser le réel formel est ce qui scandalise le plus le rationalisme naturaliste ou le réalisme (pour qui tout est donné tel que là, le passé explique le présent, le contenu seul est, ne sont que les déterminations et rien n’est indéterminé). Et cette impossibilité, l’indétermination, est ce qu’il faut penser, au sens spécifique, et c’est ce qui fut penser depuis le début ; évidemment la pensée mobilise l’universalisation (cad l’intentionnalisation qui agrandit les possibilités intentionnelles, les sort du groupe et du langage et fait appel à la perception individualisée ; l’individu voit le monde donné là que le groupe ne perçoit pas, mais l’individu voit le donné à condition de le re/construire, à quoi s’utilise la cohérence de l’universalisation ; le sujet individuel est la cohérence qui supporte, porte, crée la cohérence universalisante, puisque l’intentionnalité est toujours déjà un signe, le rapport entre déterminations, et non pas un contenu immédiat).
Ce qui perd le rationalisme c’est qu’il ne pose pas les questions (répudiées dans l’illusoire et l’inutile) et qu’ainsi il ne sait pas augmenter, élever le niveau ; c’est en élaborant les questions que les consciences, qui sont des rapports et qui génèrent instantanément les plus grands rapports possibles, que les consciences s’intensifient. On ne peut pas exister comme arc, tension, attention, intention sans projeter toute la potentialité sous une forme ou une autre. Le rapport ne rentre en aucun signifié et n’existe qu’en tant que signifiant (signifiant du signifiant, comme étant le rapport qui crée des signifiants et qui, lui-même, ne peut se dire mais se montrer et se montrer à lui-même, qui seul comprend ce qu’un rapport est, ou à et pour une autre conscience).
L’universalité ouvre le champ de la création de signes (hors du groupe), champs qui s’organisent instantanément, et produisent une historicité (puisque le territoire, l’espace ne peuvent plus limiter le signifiant et sa prolifération ; restera le peuple et la nation comme maître-signifiants, puis dans une nation le moi, et puis le moi tout seul et dès lors sans rien pour le soutenir, sinon le devenir planétaire destructeur ; il n’y a pas suffisamment d’énergie pour alimenter tous les corps humains). Et dans cette historicité (ce qui veut dire cette Intention, depuis les juifs qui instaurent le temps linéaire et donc absentent le cosmos) esthétiques, éthiques, politiques, technologies (la pensée et plus tard les sciences) apparaissent telles qu’en elles-mêmes, livrant intégralement leur logique ; et chaque je est saisi (ou peut y succomber) selon la perception même, selon le vécu ou l’éprouvé ; il ne se perd pas dans son objet, c’est cet objet qui reflète totalement ou le plus loin possible l’activité de conscience en tant que, donc, cette activité révèle le monde donné là.
Ce qui veut dire aussi bien le monde (la totalisation de l’expérience à tel moment, époque, selon tel groupe humain, etc), le donné (la perception et la manière de percevoir, l’impressionnisme n’est pas le surréalisme, le roman n’est pas le cinéma ; l’intériorité n’est pas l’extériorité, l’extériorisation du moi) et le « là » ; ce qui signifie « l’arc de réel tel qu’il se présente » au sens de « où se situe-t-il ? »
il existe de la sorte une progression qui prenant appui sur l’arc du je (du je face à l’intention absolue de dieu, jusqu’au je en tant que moi, qui perçoit toutes les nuances accessibles à une conscience formée par et dans une psychologisation extrêmement précise et donc percevant quantité d’informations, et non plus seulement la perfection grecque, idéale, ou la souffrance christique, non pas condamnant mais fixant le monde et le vécu)
l’arc du je donc qui est en capacité de renouveler la réalité bien plus loin que la seule proposition de cette réalité ; l’intention initiale divine, l’universalisation grecque, l’intentionnalité christique, la matérialisation révolutionnaire et technologique, poussent le monde donné et le là dans une plus grande décision, possibilité ; l’universalisation crée de la réal-isation nouvelle ; le monde humain organisé autour, par et pour les mois n’était pas prévu, ni détectable auparavant, en aucune version ; c’est rétrospectivement que l’on présuppose que tout le précédent se dirigeait vers cet avenir, qui est notre présent depuis 50 ans, de sorte qu’il s’impose à nous comme si naturel ; il ne l’est pas, mais il correspond à la restructuration autour et par chaque conscience ; en quoi le devenir devait, aurait du, aurait pu s’assurer autour de la conscience de soi, mais il fut absorbé par le devenir (en boucle, en rond) du seul moi.
Dit autrement le sujet devait réguler les désirs du moi ; qui n’existe, lui, comme il le sait bien au fond, de ces seuls désirs, en tant que le corps forme son substrat effectif, et non le sujet comme il aurait du. Le moi qui s’égare hors du sujet (notre cas à tous).
Aussi le moi peut-il se présenter bien plus ardu et complexe et organisé que toutes les versions qui furent. Lors même qu’il désirerait une facilité d’être, qui n’est, bien sur, que fantasmatique ; le désir à proprement parler est seulement un mélange de structure et de déterminations, de forme de conscience et de contenus, lesquels « se rêvent » et se confèrent des qualités (de satisfaction présumée) qui n’existent pas, n’existeront jamais, sont imaginées.
Cependant donc ici l’humanisation aboutit à son règne tel quel, jusqu’au point limite du moi ; au-delà il n’y a rien de possible. Et le moi devient (un sujet) ou l’ensemble de la complexité redescend, se re-transformant en groupe, en esprit d’intérêts ou de communauté ; dit autrement la complexité ne peut pas se réaliser plus avant que lorsqu’un corps se connaît comme réalité vécue, laquelle se retrouve instantanément à proximité même du je (qui jusqu’alors se représentait, se symbolisait si l’on veut, se proposait un apparaître ou un concept, comme dirait Hegel, mais un concept inadéquat ; on peut dire que l’esprit de Hegel est jugé lui-même non adéquat ; il se donne comme abstrait et non pas en un je.
De même on dit soit le moi devient un sujet ou l’ensemble redescend, mais c’est aussi bien l’ensemble que le moi qui doivent devenir ; se réguler ; il est clair que ce monde dominé par le moi et par l’organisation correspondante, est invivable ; ce qui veut dire qu’il ne survivra pas. On ne peut pas désirer sempiternellement dans une réalité finie, de même que l’on ne peut pas régénérer constamment le moi, les désirs du moi par injection de fantasme, qui, progressivement, se détériorent eux-mêmes et tombent de plus en plus bas ; la différenciation opérant du plus honorable vers la bassesse ; le spectateur « effectivement méprisable » de Debord ; le « ne pas céder sur son désir » de Lacan, sous-entendu le désir suffisamment qualitatif et non sa dégradation, pousser le désir dans l’autre sens que celui d’en bas. Qui de toute manière bien qu’il suive le corps, ne respectera pas du tout le corps mais le fantasmera.
Encore une fois, ici également, il ne s’agit nullement de séparation stricte mais d’une dynamique ; on ne peut pas ne pas partir du bas… il faut juste penser à remonter.
Soit donc ce que Freud nommait ou essayait de nommer la sublimation ; dans la perspective relativement humaniste ; laquelle est quasi totalement débordée par la personnalisation qui dérive en psychologique et psychisme très dilué, dilué dans le monde humain de la production des images, des objets et donc des désirs ; le circuit s’est inversé.
Le sujet abstrait ,hégélien tenait de l’État, et tout l’humanisme, mais nous voici ayant abordé le territoire historique du moi et de ses délires généralisés qui occupe tous les champs possibles ; produisant cela étant effectivement un monde (complet, de A à Z) à sa mesure ; mais oubliant du même coup tout le reste. Toute l’historicité, qui se visite vaguement et encore pour quelques intéressés, dans des musées, et dont la propre création fut tellement prolixe (notamment durant les années soixante, soixante-dix) pour déniveler ensuite, en se singeant (en répétant la révolte, répétant la création, répétant le Bd ou la Sf-fantastique, la pop ou les « mouvements de jeunes », la télévision se recyclant elle-même abondamment).
Le sujet abstrait qui se tient de l’État était profondément une vérité, la réalisation universelle elle-même, mais un « sujet » cela ne s’acquiert pas exclusivement de l’extérieure (de son statut de citoyen, étant entendu qu’il faut quand même une «nation » entière qui puisse approuver ce projet, ce programme, qui est civilisationnel, ni plus ni moins, qui est le nouvel Israël, le Royaume lui-même) ; ça ne se décide pas du dehors mais du dedans (et donc il est appelé un « dedans » justement, constitué culturellement durant de longs siècles, de grandes et de petites expériences vécues, éprouvées, individuelles et relationnelles, dont le rapport homme/femme soit dit en passant, toute la poétique, toute la littérature, toute la science et pas tellement l’économie même si le libéralisme lui-même naît théoriquement dans ce pays-là, bien qu’il soit appliqué en Angleterre, sans parler de Marx qui en passe par la France… comme tout le monde, comme le monde entier dans le chas de l’aiguille qui coud l’historicité elle-même).
On comprend bien qu’il peut paraître idiot de préjuger que le simple sujet, l’arc de conscience, qui n’est délimité par Hegel que comme négativité ou moyeu qui fait avancer la roue, seule réelle de la connaissance universelle, que ce sujet rikiki puisse rivaliser avec l’Esprit absolu de la connaissance (du savoir) hégélien (dont par ailleurs on ne sait toujours pas ce qu’il est… qu’est-ce que la « pensée » en soi ? Existe-t-elle « toute seule » sans rien suspendue dans les airs ? ) qui expose toute l’ampleur des développements du notionnel, des idées unifiées en une seule idée, mais laquelle idée se résume au se-savoir du concept ; qui d’enveloppé (dans l’idée, abstraite, d’être par ex) se développe, déroule tout au long de l’historicité et du temps. Ce que Hegel nomme le concret réel, l’effectivité ; que l’on ne reconnaît ici qu’encore tout à fait abstraite (la concrétisation du « concept », cad de la conscience, ou, pour Hegel, de la négativité, qu’il traite comme d’une fonction et non comme une structure, idée négative de la conscience qui durera jusque Sartre, Heidegger la prenant plus ou moins pour la « néantité » ou quelque chose dans le genre ; le vide heideggerien n’étant pas le rien du tout, mais une sorte, dirions-nous, de mouvement, en tant que temps).
Pour nous le concret vraiment concret, suivant en cela l’initiation christique, ce sont des je. Des sujets. Et la voie pour que l’acte de conscience tourne le regard vers la structure est celle du moi, singulièrement individualisé. Remarquons que le christique redistribue le transcendant ; l’immanence est relevée par et dans le transcendant qui élève le corps (et l’enfantement dans la réalité de la nouvelle transcendance qui se perçoit dynamiquement dans et par le monde et l’humain). À partir de là le transcendant entoure le monde et chaque existence.
Mais de tout ceci rien n’est expliqué. On ne sait pas pourquoi, à quelle fin tout existe tel. Ici nous disons que la finalité n’est pas la perfection, cad en l’occurrence l’achèvement du savoir absolu qui se sait, se connaît en soi et pour soi, mais la perfectibilité ; la capacité de, une fois limitativement, relativement, achevé, de re-venir à nouveau et d’agrandir le possible en relançant la possibilité ; de sorte que la possibilité (cad le réel) ne soit plus le même à la fin qu’au début.
On ne sait pas le début du commencement de l’état potentiel acquis, mais on a vu comment cela opère (tout au long d’une historicité).
Le moi, puisque lui ne remplace pas la vie (comme le christique, même si ce dernier est absolument l’initiateur d’un tel je instancié en et par chacun via le un tout-seul et unique christ), mais non plus n’idéalise en l’unifiant dans la seule universalité (du beau, du bien et du vrai) comme d’un Ordre ; le moi est bien plus souple et adaptable et créateur d’une civilisation assurée dans son principe même comme relevant de chacun ; ce qui est un tour de force.
La présence du je dans le moi est la capacité elle-même (il n’y a de moi que dans le champ d’une conscience intentionnelle) ; on a dit que si les mathématiques ou les abstractions ou les idées ou les organisations et méta-organisations (comme une Constitution et le droit) existent c’est en, par et pour le rapport qu’installe l’intention ; l’acte de conscience construit tout cela, et il le construit à ce point adéquatement que quantité de systèmes de rapports (d’idées, de calcul, de mises en forme culturelle, de relationnels, d’échanges) fonctionnent ; dit autrement l’arc de conscience sait organiser les réalités ; il est indéterminé mais sait régler au plus exact les déterminations ; la souplesse de la structure (qui ne tient qu’en un rapport qui n’est « rien » sinon formellement) permet de saisir les choses, les êtres et elle-même dans son propre champ (puisqu’elle doit au final se modifier elle-même en tant que telle ; dans le christique anéantir son être pour en dieu devenir le rapport (fils) qui s’ajoute au Rapport (père), ou l’intention à l’Intention, ou dans la liberté et l’égalité du devenir-ensemble millimétré en et par chacun, ce qui veut dire coordonnés les uns aux autres et en tant qu’un soi-même (et non pas écrasés par l’universel triomphant) et non plus seulement posés-là comme des choses ou des identités ( ou des statuts, des rôles, des castes, en somme on peut s’élever individuellement mais si le mouvement n’est pas généralisé, est-ce efficace ?) ou encore dans la liberté du sujet, il lui faut se-savoir ; amener de plus en plus précisément son être (déterminé) au contact de sa structure (indéterminée), parce qu’il n’existe de déterminations que dans la dynamique de l’intention et cette dynamique n’existe qu’exprimée, à, par et pour elle-même (et non dans l’ignorance ou la négation de son individualité). Ce dont la connaissance ne peut s’effectuer que sous la forme du sujet ; par décision intentionnelle, perception de champ, distinction élaborée qui ne peuvent s’acquérir que dans une civilisation d’intentionnalités, d’individualités, ayant fabriqué les paramètres de sa conscience, de son attention (aux champs expérimentaux de la réalité, réclamant le déploiement des domaines, esthétiques, éthiques, politiques, etc , et du réel, de la liberté et de l’égalité, de sorte à formuler des propositions égales, ce qui veut dire universelles, l’universel est l’accès, puisque la structure du sujet, comme rapport, est universelle de fait ; on désigne donc comme universalité l’activité même du je et non un certain contenu trié et restreint.
Il est une continuité de l’immédiateté qui apparaît au travers des signes (via n’importe quel langage) et l’activité de cohérence qui tente de matérialiser, d’énoncer, d’organiser la réalité en champs distincts. L’arc de conscience ci-inclus dans un vivant est la relève, l’élévation de la réalité dans et par la forme de structure ; à savoir l’atemporalité et aspatialité de l’arc de conscience et l’hors-temporalité et hors-spatialité du présent, autre nom de l’exister (qui contient tout l’être, toute la détermination).
Il est impossible d’imaginer (faculté qui tire ses éléments du monde perçu) la structure a-temporelle et a-spatiale. De même dieu, l’être, le bien, etc, le sujet ou le réel.
Or il faut pourtant fixer ce qui relève de l’absolu, l’infini, l’éternité, le divin, le transcendant et le fixer en désignant ici même et maintenant, dans l’instant dimensionnel, ce qui les représente. Et ce qui représente toute cette dimension est supposé ici en tant qu’arc de conscience dans l’arc du présent.
Le moi vient donc à instancier le transcendant pur dans l’immanence brute, et cette manifestation du transcendant est l’altérité, absolue, du réel (qui remplace, glisse sous le sujet cartésien ou kantien, etc, sous l’être grec et dessous dieu lui-même ; de même que la liberté de Descartes remplace la pensée et tout ce qui précède, de même le réel impose sa transcendance brute) ; soit donc que « ça existe », que « le réel existe » (Sartre et Camus perçoivent parfaitement « le réel » comme Altérité absolue).
Et pour que chacun ait accès au je, il est requis que tout sujet sache sa mesure et sa mesure est l’équivalence des libertés ; tout sujet est égal à tout autre (ce qu’impose le christique, sous la conscience de l’unique, du un tout-seul, tous voient : si vous m’avez vu, vous avez vu le Père). On se rend compte à quel point la structure libre d’égalité vient contrecarrer la seule « volonté », qui peut très bien exister en ne se référant qu’à soi seule (César délirant, qui rêve comme roi) et croit écraser la réalité et autrui dans sa seule domination.
Le vieil homme, l’homme ancien de Saint Paul est celui de la domination, des puissances du monde, des royaumes ou de soi sur soi-même qui s’enorgueillit (la Loi aboutit à la vanité de la volonté, qui se glorifie en respectant scrupuleusement le rituel, le pur et l’impur, ce qu’abolira le christique).
Aussi faut-il le dire, puisque ça n’est pas apparemment compris (à raison puisque l’on ne « peut pas comprendre » sa toute-grandeur-divinement pure, on ne comprend toujours pas ce qu’il dit ; que le transcendant soit au plus près de l’immanence par ex, au plus prés de l’immanence la plus fragile, lui le divin absolu); le christique ne relève pas de la Loi mais de l’Intention ; on ne peut plus juger et à vrai dire que christ de la fin des temps ne jugera pas ; c’est chacun, vous-même, un par un qui se jugera lui-même ; sa structure de son intention lui ouvrira ou non le Royaume. Aucune loi ne peut atteindre l’intention et rien ni personne ; excepté elle-même. Toute transformation du principe de l’intention en ce caractère figé d’une perfection morale est absurde et ramène la société humaine (au sens du relationnel) à la moralité extérieure d’un groupe. Les sujets libres des Usa sont spécialement préoccupés de juguler leur liberté (qui reste constamment débordée et affiche mille apparences de moralité, chacun étant responsable selon sa seule liberté, et devant dieu, transformé en juge, et pas tellement christique au fond), puisqu’ils ont abandonné le principe externe de l’égalité ; les libertés sont égales, en elles-mêmes, ensuite il ne s’agit nullement de redistribuer selon une égalité (qui dépend dès lors de la bonne volonté, de la charité), même si évidemment il fallut quelque peu pallier étatiquement aux désordres humains, inhumains que cela entraînait (et obligeait également à un continuel hyper développement délirant, sous la forme impérative de l’empire ; l’empire remonte dans sa causalité à la redistribution non pas sociale, comme on dit, mais d’hyper développement ; le gâteau doit grandir pour chacun puisse imaginer en profiter, plutôt que de répartir le gâteau acquis entre tous plus ou moins selon les besoins, au minimum).
Dieu, la vérité et l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution, le réel imposent un point du dehors. Lacan qui décortique le moi dans tous ses états invisibles, se heurte au réel (à l’impossibilité qui virtuellement dissout tout l’être, l’être sous-tendu par le désir, par le fantasme, par le désirable, par l’imaginé ; le réel est ce à quoi on se heurte, qui ne ressemble pas plus à la raison, construction sans doute rationnelle mais entourée d’images, d’imaginaires). De même que le moi et son intériorité élaborée dépendent bien sur de la complexité extérieure de tel monde humain et en l’occurrence humanisé. La finalité conséquente (qui porte donc immédiatement à conséquences dans la vie des gens) se tient de l’élévation ; nul ne peut s’élever si tous (ou un maximum) ne s’élèvent pas.
Il n’y a pas de conscience (de quelque époque ou géographie) qui ne soit arcboutée au dehors. Durant un temps le groupe est ce dehors ; on parle aux autres qui sont le-même-groupe dans le-même-monde. Chacune existe en écho du monde-même (il n’y en a qu’un ; on est maya si l’on naît maya, sinon on ne comprend pas, et chaque monde est sa propre carte, puisque les signes sont l’organisation qui doit communiquer et se transmettre, entre générations).
Nous pouvons tellement peu nous en passer que même dans une société, une organisation humaine athée et matérialiste et toute entière extérieure à elle-même, par les images et les canaux de diffusion des images, nous obtenons de nous-même la prescription, la prescription qui nous oriente ou nous désoriente. Elle vient d’ailleurs ; de la religion (de dieu puis du christique, qui sont autre, même si l’altérité s’approche soudainement de l’humain, du corps, du monde, du temps, et du temps à venir), du roman (de chevalerie puis don quichottesque, le roman jusqu’au feuilleton, avançant dans la distraction ou le n’importe quoi mais aussi la précision et la concrétisation bien réelle de l’humanisation et de la personnalisation, dans l’imagination et la représentation, cas spécifiques de la Sf et de la Bd), du cinéma, de la télévision généralisée, mais aussi des idéologies et la « non » idéologie prétendue (moins elle est explicitement idéologie, plus elle s’identifie à l’immédiateté, et cette immédiateté c’est celle produite industriellement, technologiquement, c’est l’idéologie absolument concrète qui fait-monde, et supprime le sujet en l’encadrant dans un moi, par ses objets, produits).
La structure de conscience est la possibilité ; pour nous c’est elle qui crée tout ce qui apparaît, y compris nous-mêmes, et nous apparaissons dans notre champ et par lequel nous avons un corps, une vie que nous ne sommes pas ; nous sommes sortis de l’être pour la structure antérieure à l’être.et c’est ce point de vue, externe (qui tient tous les autres points de vue), que nous ne cessons de rechercher, de cerner. Afin que nous puissions le contrôler ; or si il est effectivement externe on ne peut pas nous-même, le manipuler. Il échappe à notre volonté ; en ceci nommer ce point en tant qu’intentionnalité, soit donc une capacité plus grande que ne le signe la « volonté », est un énorme progrès (que l’on doit à Husserl, qui se tient de Hegel, de Kant, de Descartes et que clôturera Sartre).
La volonté ou le conscient ou l’universel ou la pensée présupposent trop, beaucoup trop ; que la structure serait un super-contenu (qui permettrait de traiter tous les autres, de les sous-traiter, subsumer, et l’ensemble s’incluant comme Ordre en soi du désordre donné là).
Que dieu serait en-soi un tel absolu écrasant qu’il n’éprouverait que l’adoration des ses ouailles, que nous n’aurions rien qu’à nous conformer, nous écraser devant son infinité, suivre ses commandements ; or nous ne sommes plus au temps du judaïsme. Le christique réclame notre participation, notre action, notre activité, et pour le dire le Saint-Esprit qui est la communauté en esprit, cad dieu lui-même, n’existe pas sans nous. On dira mais comment se pourrait-il (dans cette perspective là de la foi) que dieu n’existe pas ? Mais c’est que l’on ne saisit pas la compréhension qui s’y fait jour ; il s’agit du début à la fin d’une dynamique. Il y a un monde en lequel dieu, le christique n’existent pas ; la lumière est venue et les ténèbres ne l’ont pas connue. Les ténèbres se sont enfermées dans la noirceur, la petitesse, l’immédiateté, la bassesse. Elles ont ignoré la lumière et se sont livrées à elles-mêmes, sans extériorité de l’être ; que l’on croit ou non, il faut lire que l’immédiateté (la fixité du désir lorsqu’il cède à sa facilité) peut se refermer sur notre conscience. Et on cite Lacan c’est que le dit enfermement concerne, au final, au plus haut point la complexité du moi (dernière version possible de l’humain) ; Lacan n’apparaît pas par hasard (de même que Freud au début 20éme), mais à point nommé.
Le moi qui se fixe sur ses immédiatetés oublie la liaison dynamique des rapports (pusiqu’il n’est que cela, il n’existe que dans le mouvement dans son ampleur et non pas découpé en segments ; le christique permettait de délimiter en une fois la naissance/mort à partir d’un point, sur lequel et par lequel il devint possible d’élaborer).
En quoi justement on remarquera que l’arc de conscience sait extrêmement bien intervenir là où il faut et comme il le faut, dans la précision et l’intellectualité, le plus concret et le plus formel, tout comme en n’importe quel champ de perception et donc d’expression, acquérant la connaissance d’un donné déjà réel ou créant de nouveaux champs jusqu’alors inexistants (la capacité du signifiant n’est pas dans la seule connaissance, ou donc l’universalisation est bien plus grande que le copié-collé d’un Ordre ; il crée de la possibilité nouvelle, un surplus de loi et de capacités) ; il n’existe rien de plus précis (et de plus créatif, ce qui est encore plus important) que l’arc de conscience ; le sujet est la Capacité même du réel (et ce autant qu’on le sache, sans préjuger de toute la capacité possible au-delà de notre accessibilité ; la finalité n’est pas celle du plus-de-monde mais du plus-de-possible, le réel plus grand que lui-même).