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instants philosophie

Lignes de possibilité du moi

27 Mars 2021, 09:14am

Publié par pascal doyelle

Tous les champs d’expression nous propulsent à partir du Bord. Percevoir un tableau c’est remonter jusqu’au Bord de la perception. Un récit est une vie humaine perçue à rebours. La musique s’impose par-dessus le temps. Les images renvoient au miroir, lequel n’est représenté en aucune image.

Cette impossibilité est structurellement présentée comme regard venu d’ailleurs ; puisque la structure de conscience st un rapport mais qui ne se représente pas lui-même, sinon dans la mystère ou l’illogisme de la conscience/de soi (puisque l’on ne peut pas lui appliquer la logique d’objet, un égal un, ce qui ne veut pas dire qu’il soit « illogique » à proprement parler ; il relève autrement d’une autre), et que l’on est toujours focalisé sur le contenu ; un signe exprime un contenu ; il s’agira donc de mobiliser un signe qui renvoie à un non-contenu. Nul ne peut contempler sa face, étant entendu qu’il est impossible de percevoir selon le monde (qui se tient du côté des effets) la forme (qui se tient du côté de la cause).

L’impossibilité de matérialiser le réel formel est ce qui scandalise le plus le rationalisme naturaliste ou le réalisme (pour qui tout est donné tel que là, le passé explique le présent, le contenu seul est, ne sont que les déterminations et rien n’est indéterminé). Et cette impossibilité, l’indétermination, est ce qu’il faut penser, au sens spécifique, et c’est ce qui fut penser depuis le début ; évidemment la pensée mobilise l’universalisation (cad l’intentionnalisation qui agrandit les possibilités intentionnelles, les sort du groupe et du langage et fait appel à la perception individualisée ; l’individu voit le monde donné là que le groupe ne perçoit pas, mais l’individu voit le donné à condition de le re/construire, à quoi s’utilise la cohérence de l’universalisation ; le sujet individuel est la cohérence qui supporte, porte, crée la cohérence universalisante, puisque l’intentionnalité est toujours déjà un signe, le rapport entre déterminations, et non pas un contenu immédiat).

Ce qui perd le rationalisme c’est qu’il ne pose pas les questions (répudiées dans l’illusoire et l’inutile) et qu’ainsi il ne sait pas augmenter, élever le niveau ; c’est en élaborant les questions que les consciences, qui sont des rapports et qui génèrent instantanément les plus grands rapports possibles, que les consciences s’intensifient. On ne peut pas exister comme arc, tension, attention, intention sans projeter toute la potentialité sous une forme ou une autre. Le rapport ne rentre en aucun signifié et n’existe qu’en tant que signifiant (signifiant du signifiant, comme étant le rapport qui crée des signifiants et qui, lui-même, ne peut se dire mais se montrer et se montrer à lui-même, qui seul comprend ce qu’un rapport est, ou à et pour une autre conscience).

L’universalité ouvre le champ de la création de signes (hors du groupe), champs qui s’organisent instantanément, et produisent une historicité (puisque le territoire, l’espace ne peuvent plus limiter le signifiant et sa prolifération ; restera le peuple et la nation comme maître-signifiants, puis dans une nation le moi, et puis le moi tout seul et dès lors sans rien pour le soutenir, sinon le devenir planétaire destructeur ; il n’y a pas suffisamment d’énergie pour alimenter tous les corps humains). Et dans cette historicité (ce qui veut dire cette Intention, depuis les juifs qui instaurent le temps linéaire et donc absentent le cosmos) esthétiques, éthiques, politiques, technologies (la pensée et plus tard les sciences) apparaissent telles qu’en elles-mêmes, livrant intégralement leur logique ; et chaque je est saisi (ou peut y succomber) selon la perception même, selon le vécu ou l’éprouvé ; il ne se perd pas dans son objet, c’est cet objet qui reflète totalement ou le plus loin possible l’activité de conscience en tant que, donc, cette activité révèle le monde donné là.

Ce qui veut dire aussi bien le monde (la totalisation de l’expérience à tel moment, époque, selon tel groupe humain, etc), le donné (la perception et la manière de percevoir, l’impressionnisme n’est pas le surréalisme, le roman n’est pas le cinéma ; l’intériorité n’est pas l’extériorité, l’extériorisation du moi) et le « là » ; ce qui signifie « l’arc de réel tel qu’il se présente » au sens de « où se situe-t-il ? »

il existe de la sorte une progression qui prenant appui sur l’arc du je (du je face à l’intention absolue de dieu, jusqu’au je en tant que moi, qui perçoit toutes les nuances accessibles à une conscience formée par et dans une psychologisation extrêmement précise et donc percevant quantité d’informations, et non plus seulement la perfection grecque, idéale, ou la souffrance christique, non pas condamnant mais fixant le monde et le vécu)

l’arc du je donc qui est en capacité de renouveler la réalité bien plus loin que la seule proposition de cette réalité ; l’intention initiale divine, l’universalisation grecque, l’intentionnalité christique, la matérialisation révolutionnaire et technologique, poussent le monde donné et le là dans une plus grande décision, possibilité ; l’universalisation crée de la réal-isation nouvelle ; le monde humain organisé autour, par et pour les mois n’était pas prévu, ni détectable auparavant, en aucune version ; c’est rétrospectivement que l’on présuppose que tout le précédent se dirigeait vers cet avenir, qui est notre présent depuis 50 ans, de sorte qu’il s’impose à nous comme si naturel ; il ne l’est pas, mais il correspond à la restructuration autour et par chaque conscience ; en quoi le devenir devait, aurait du, aurait pu s’assurer autour de la conscience de soi, mais il fut absorbé par le devenir (en boucle, en rond) du seul moi.

Dit autrement le sujet devait réguler les désirs du moi ; qui n’existe, lui, comme il le sait bien au fond, de ces seuls désirs, en tant que le corps forme son substrat effectif, et non le sujet comme il aurait du. Le moi qui s’égare hors du sujet (notre cas à tous).

Aussi le moi peut-il se présenter bien plus ardu et complexe et organisé que toutes les versions qui furent. Lors même qu’il désirerait une facilité d’être, qui n’est, bien sur, que fantasmatique ; le désir à proprement parler est seulement un mélange de structure et de déterminations, de forme de conscience et de contenus, lesquels « se rêvent » et se confèrent des qualités (de satisfaction présumée) qui n’existent pas, n’existeront jamais, sont imaginées.

Cependant donc ici l’humanisation aboutit à son règne tel quel, jusqu’au point limite du moi ; au-delà il n’y a rien de possible. Et le moi devient (un sujet) ou l’ensemble de la complexité redescend, se re-transformant en groupe, en esprit d’intérêts ou de communauté ; dit autrement la complexité ne peut pas se réaliser plus avant que lorsqu’un corps se connaît comme réalité vécue, laquelle se retrouve instantanément à proximité même du je (qui jusqu’alors se représentait, se symbolisait si l’on veut, se proposait un apparaître ou un concept, comme dirait Hegel, mais un concept inadéquat ; on peut dire que l’esprit de Hegel est jugé lui-même non adéquat ; il se donne comme abstrait et non pas en un je.

De même on dit soit le moi devient un sujet ou l’ensemble redescend, mais c’est aussi bien l’ensemble que le moi qui doivent devenir ; se réguler ; il est clair que ce monde dominé par le moi et par l’organisation correspondante, est invivable ; ce qui veut dire qu’il ne survivra pas. On ne peut pas désirer sempiternellement dans une réalité finie, de même que l’on ne peut pas régénérer constamment le moi, les désirs du moi par injection de fantasme, qui, progressivement, se détériorent eux-mêmes et tombent de plus en plus bas ; la différenciation opérant du plus honorable vers la bassesse ; le spectateur « effectivement méprisable » de Debord ; le « ne pas céder sur son désir » de Lacan, sous-entendu le désir suffisamment qualitatif et non sa dégradation, pousser le désir dans l’autre sens que celui d’en bas. Qui de toute manière bien qu’il suive le corps, ne respectera pas du tout le corps mais le fantasmera.

Encore une fois, ici également, il ne s’agit nullement de séparation stricte mais d’une dynamique ; on ne peut pas ne pas partir du bas… il faut juste penser à remonter.

Soit donc ce que Freud nommait ou essayait de nommer la sublimation ; dans la perspective relativement humaniste ; laquelle est quasi totalement débordée par la personnalisation qui dérive en psychologique et psychisme très dilué, dilué dans le monde humain de la production des images, des objets et donc des désirs ; le circuit s’est inversé.

Le sujet abstrait ,hégélien tenait de l’État, et tout l’humanisme, mais nous voici ayant abordé le territoire historique du moi et de ses délires généralisés qui occupe tous les champs possibles ; produisant cela étant effectivement un monde (complet, de A à Z) à sa mesure ; mais oubliant du même coup tout le reste. Toute l’historicité, qui se visite vaguement et encore pour quelques intéressés, dans des musées, et dont la propre création fut tellement prolixe (notamment durant les années soixante, soixante-dix) pour déniveler ensuite, en se singeant (en répétant la révolte, répétant la création, répétant le Bd ou la Sf-fantastique, la pop ou les « mouvements de jeunes », la télévision se recyclant elle-même abondamment).

Le sujet abstrait qui se tient de l’État était profondément une vérité, la réalisation universelle elle-même, mais un « sujet » cela ne s’acquiert pas exclusivement de l’extérieure (de son statut de citoyen, étant entendu qu’il faut quand même une «nation » entière qui puisse approuver ce projet, ce programme, qui est civilisationnel, ni plus ni moins, qui est le nouvel Israël, le Royaume lui-même) ; ça ne se décide pas du dehors mais du dedans (et donc il est appelé un « dedans » justement, constitué culturellement durant de longs siècles, de grandes et de petites expériences vécues, éprouvées, individuelles et relationnelles, dont le rapport homme/femme soit dit en passant, toute la poétique, toute la littérature, toute la science et pas tellement l’économie même si le libéralisme lui-même naît théoriquement dans ce pays-là, bien qu’il soit appliqué en Angleterre, sans parler de Marx qui en passe par la France… comme tout le monde, comme le monde entier dans le chas de l’aiguille qui coud l’historicité elle-même).

On comprend bien qu’il peut paraître idiot de préjuger que le simple sujet, l’arc de conscience, qui n’est délimité par Hegel que comme négativité ou moyeu qui fait avancer la roue, seule réelle de la connaissance universelle, que ce sujet rikiki puisse rivaliser avec l’Esprit absolu de la connaissance (du savoir) hégélien (dont par ailleurs on ne sait toujours pas ce qu’il est… qu’est-ce que la « pensée » en soi ? Existe-t-elle « toute seule » sans rien suspendue dans les airs ? ) qui expose toute l’ampleur des développements du notionnel, des idées unifiées en une seule idée, mais laquelle idée se résume au se-savoir du concept ; qui d’enveloppé (dans l’idée, abstraite, d’être par ex) se développe, déroule tout au long de l’historicité et du temps. Ce que Hegel nomme le concret réel, l’effectivité ; que l’on ne reconnaît ici qu’encore tout à fait abstraite (la concrétisation du « concept », cad de la conscience, ou, pour Hegel, de la négativité, qu’il traite comme d’une fonction et non comme une structure, idée négative de la conscience qui durera jusque Sartre, Heidegger la prenant plus ou moins pour la « néantité » ou quelque chose dans le genre ; le vide heideggerien n’étant pas le rien du tout, mais une sorte, dirions-nous, de mouvement, en tant que temps).

Pour nous le concret vraiment concret, suivant en cela l’initiation christique, ce sont des je. Des sujets. Et la voie pour que l’acte de conscience tourne le regard vers la structure est celle du moi, singulièrement individualisé. Remarquons que le christique redistribue le transcendant ; l’immanence est relevée par et dans le transcendant qui élève le corps (et l’enfantement dans la réalité de la nouvelle transcendance qui se perçoit dynamiquement dans et par le monde et l’humain). À partir de là le transcendant entoure le monde et chaque existence.

Mais de tout ceci rien n’est expliqué. On ne sait pas pourquoi, à quelle fin tout existe tel. Ici nous disons que la finalité n’est pas la perfection, cad en l’occurrence l’achèvement du savoir absolu qui se sait, se connaît en soi et pour soi, mais la perfectibilité ; la capacité de, une fois limitativement, relativement, achevé, de re-venir à nouveau et d’agrandir le possible en relançant la possibilité ; de sorte que la possibilité (cad le réel) ne soit plus le même à la fin qu’au début.

On ne sait pas le début du commencement de l’état potentiel acquis, mais on a vu comment cela opère (tout au long d’une historicité).

Le moi, puisque lui ne remplace pas la vie (comme le christique, même si ce dernier est absolument l’initiateur d’un tel je instancié en et par chacun via le un tout-seul et unique christ), mais non plus n’idéalise en l’unifiant dans la seule universalité (du beau, du bien et du vrai) comme d’un Ordre ; le moi est bien plus souple et adaptable et créateur d’une civilisation assurée dans son principe même comme relevant de chacun ; ce qui est un tour de force.

La présence du je dans le moi est la capacité elle-même (il n’y a de moi que dans le champ d’une conscience intentionnelle) ; on a dit que si les mathématiques ou les abstractions ou les idées ou les organisations et méta-organisations (comme une Constitution et le droit) existent c’est en, par et pour le rapport qu’installe l’intention ; l’acte de conscience construit tout cela, et il le construit à ce point adéquatement que quantité de systèmes de rapports (d’idées, de calcul, de mises en forme culturelle, de relationnels, d’échanges) fonctionnent ; dit autrement l’arc de conscience sait organiser les réalités ; il est indéterminé mais sait régler au plus exact les déterminations ; la souplesse de la structure (qui ne tient qu’en un rapport qui n’est « rien » sinon formellement) permet de saisir les choses, les êtres et elle-même dans son propre champ (puisqu’elle doit au final se modifier elle-même en tant que telle ; dans le christique anéantir son être pour en dieu devenir le rapport (fils) qui s’ajoute au Rapport (père), ou l’intention à l’Intention, ou dans la liberté et l’égalité du devenir-ensemble millimétré en et par chacun, ce qui veut dire coordonnés les uns aux autres et en tant qu’un soi-même (et non pas écrasés par l’universel triomphant) et non plus seulement posés-là comme des choses ou des identités ( ou des statuts, des rôles, des castes, en somme on peut s’élever individuellement mais si le mouvement n’est pas généralisé, est-ce efficace ?) ou encore dans la liberté du sujet, il lui faut se-savoir ; amener de plus en plus précisément son être (déterminé) au contact de sa structure (indéterminée), parce qu’il n’existe de déterminations que dans la dynamique de l’intention et cette dynamique n’existe qu’exprimée, à, par et pour elle-même (et non dans l’ignorance ou la négation de son individualité). Ce dont la connaissance ne peut s’effectuer que sous la forme du sujet ; par décision intentionnelle, perception de champ, distinction élaborée qui ne peuvent s’acquérir que dans une civilisation d’intentionnalités, d’individualités, ayant fabriqué les paramètres de sa conscience, de son attention (aux champs expérimentaux de la réalité, réclamant le déploiement des domaines, esthétiques, éthiques, politiques, etc , et du réel, de la liberté et de l’égalité, de sorte à formuler des propositions égales, ce qui veut dire universelles, l’universel est l’accès, puisque la structure du sujet, comme rapport, est universelle de fait ; on désigne donc comme universalité l’activité même du je et non un certain contenu trié et restreint.

Il est une continuité de l’immédiateté qui apparaît au travers des signes (via n’importe quel langage) et l’activité de cohérence qui tente de matérialiser, d’énoncer, d’organiser la réalité en champs distincts. L’arc de conscience ci-inclus dans un vivant est la relève, l’élévation de la réalité dans et par la forme de structure ; à savoir l’atemporalité et aspatialité de l’arc de conscience et l’hors-temporalité et hors-spatialité du présent, autre nom de l’exister (qui contient tout l’être, toute la détermination).

Il est impossible d’imaginer (faculté qui tire ses éléments du monde perçu) la structure a-temporelle et a-spatiale. De même dieu, l’être, le bien, etc, le sujet ou le réel.

Or il faut pourtant fixer ce qui relève de l’absolu, l’infini, l’éternité, le divin, le transcendant et le fixer en désignant ici même et maintenant, dans l’instant dimensionnel, ce qui les représente. Et ce qui représente toute cette dimension est supposé ici en tant qu’arc de conscience dans l’arc du présent.

Le moi vient donc à instancier le transcendant pur dans l’immanence brute, et cette manifestation du transcendant est l’altérité, absolue, du réel (qui remplace, glisse sous le sujet cartésien ou kantien, etc, sous l’être grec et dessous dieu lui-même ; de même que la liberté de Descartes remplace la pensée et tout ce qui précède, de même le réel impose sa transcendance brute) ; soit donc que « ça existe », que « le réel existe » (Sartre et Camus perçoivent parfaitement « le réel » comme Altérité absolue).

Et pour que chacun ait accès au je, il est requis que tout sujet sache sa mesure et sa mesure est l’équivalence des libertés ; tout sujet est égal à tout autre (ce qu’impose le christique, sous la conscience de l’unique, du un tout-seul, tous voient : si vous m’avez vu, vous avez vu le Père). On se rend compte à quel point la structure libre d’égalité vient contrecarrer la seule « volonté », qui peut très bien exister en ne se référant qu’à soi seule (César délirant, qui rêve comme roi) et croit écraser la réalité et autrui dans sa seule domination.

Le vieil homme, l’homme ancien de Saint Paul est celui de la domination, des puissances du monde, des royaumes ou de soi sur soi-même qui s’enorgueillit (la Loi aboutit à la vanité de la volonté, qui se glorifie en respectant scrupuleusement le rituel, le pur et l’impur, ce qu’abolira le christique).

Aussi faut-il le dire, puisque ça n’est pas apparemment compris (à raison puisque l’on ne « peut pas comprendre » sa toute-grandeur-divinement pure, on ne comprend toujours pas ce qu’il dit ; que le transcendant soit au plus près de l’immanence par ex, au plus prés de l’immanence la plus fragile, lui le divin absolu); le christique ne relève pas de la Loi mais de l’Intention ; on ne peut plus juger et à vrai dire que christ de la fin des temps ne jugera pas ; c’est chacun, vous-même, un par un qui se jugera lui-même ; sa structure de son intention lui ouvrira ou non le Royaume. Aucune loi ne peut atteindre l’intention et rien ni personne ; excepté elle-même. Toute transformation du principe de l’intention en ce caractère figé d’une perfection morale est absurde et ramène la société humaine (au sens du relationnel) à la moralité extérieure d’un groupe. Les sujets libres des Usa sont spécialement préoccupés de juguler leur liberté (qui reste constamment débordée et affiche mille apparences de moralité, chacun étant responsable selon sa seule liberté, et devant dieu, transformé en juge, et pas tellement christique au fond), puisqu’ils ont abandonné le principe externe de l’égalité ; les libertés sont égales, en elles-mêmes, ensuite il ne s’agit nullement de redistribuer selon une égalité (qui dépend dès lors de la bonne volonté, de la charité), même si évidemment il fallut quelque peu pallier étatiquement aux désordres humains, inhumains que cela entraînait (et obligeait également à un continuel hyper développement délirant, sous la forme impérative de l’empire ; l’empire remonte dans sa causalité à la redistribution non pas sociale, comme on dit, mais d’hyper développement ; le gâteau doit grandir pour chacun puisse imaginer en profiter, plutôt que de répartir le gâteau acquis entre tous plus ou moins selon les besoins, au minimum).

Dieu, la vérité et l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution, le réel imposent un point du dehors. Lacan qui décortique le moi dans tous ses états invisibles, se heurte au réel (à l’impossibilité qui virtuellement dissout tout l’être, l’être sous-tendu par le désir, par le fantasme, par le désirable, par l’imaginé ; le réel est ce à quoi on se heurte, qui ne ressemble pas plus à la raison, construction sans doute rationnelle mais entourée d’images, d’imaginaires). De même que le moi et son intériorité élaborée dépendent bien sur de la complexité extérieure de tel monde humain et en l’occurrence humanisé. La finalité conséquente (qui porte donc immédiatement à conséquences dans la vie des gens) se tient de l’élévation ; nul ne peut s’élever si tous (ou un maximum) ne s’élèvent pas.

Il n’y a pas de conscience (de quelque époque ou géographie) qui ne soit arcboutée au dehors. Durant un temps le groupe est ce dehors ; on parle aux autres qui sont le-même-groupe dans le-même-monde. Chacune existe en écho du monde-même (il n’y en a qu’un ; on est maya si l’on naît maya, sinon on ne comprend pas, et chaque monde est sa propre carte, puisque les signes sont l’organisation qui doit communiquer et se transmettre, entre générations).

Nous pouvons tellement peu nous en passer que même dans une société, une organisation humaine athée et matérialiste et toute entière extérieure à elle-même, par les images et les canaux de diffusion des images, nous obtenons de nous-même la prescription, la prescription qui nous oriente ou nous désoriente. Elle vient d’ailleurs ; de la religion (de dieu puis du christique, qui sont autre, même si l’altérité s’approche soudainement de l’humain, du corps, du monde, du temps, et du temps à venir), du roman (de chevalerie puis don quichottesque, le roman jusqu’au feuilleton, avançant dans la distraction ou le n’importe quoi mais aussi la précision et la concrétisation bien réelle de l’humanisation et de la personnalisation, dans l’imagination et la représentation, cas spécifiques de la Sf et de la Bd), du cinéma, de la télévision généralisée, mais aussi des idéologies et la « non » idéologie prétendue (moins elle est explicitement idéologie, plus elle s’identifie à l’immédiateté, et cette immédiateté c’est celle produite industriellement, technologiquement, c’est l’idéologie absolument concrète qui fait-monde, et supprime le sujet en l’encadrant dans un moi, par ses objets, produits).

La structure de conscience est la possibilité ; pour nous c’est elle qui crée tout ce qui apparaît, y compris nous-mêmes, et nous apparaissons dans notre champ et par lequel nous avons un corps, une vie que nous ne sommes pas ; nous sommes sortis de l’être pour la structure antérieure à l’être.et c’est ce point de vue, externe (qui tient tous les autres points de vue), que nous ne cessons de rechercher, de cerner. Afin que nous puissions le contrôler ; or si il est effectivement externe on ne peut pas nous-même, le manipuler. Il échappe à notre volonté ; en ceci nommer ce point en tant qu’intentionnalité, soit donc une capacité plus grande que ne le signe la « volonté », est un énorme progrès (que l’on doit à Husserl, qui se tient de Hegel, de Kant, de Descartes et que clôturera Sartre).

La volonté ou le conscient ou l’universel ou la pensée présupposent trop, beaucoup trop ; que la structure serait un super-contenu (qui permettrait de traiter tous les autres, de les sous-traiter, subsumer, et l’ensemble s’incluant comme Ordre en soi du désordre donné là).

Que dieu serait en-soi un tel absolu écrasant qu’il n’éprouverait que l’adoration des ses ouailles, que nous n’aurions rien qu’à nous conformer, nous écraser devant son infinité, suivre ses commandements ; or nous ne sommes plus au temps du judaïsme. Le christique réclame notre participation, notre action, notre activité, et pour le dire le Saint-Esprit qui est la communauté en esprit, cad dieu lui-même, n’existe pas sans nous. On dira mais comment se pourrait-il (dans cette perspective là de la foi) que dieu n’existe pas ? Mais c’est que l’on ne saisit pas la compréhension qui s’y fait jour ; il s’agit du début à la fin d’une dynamique. Il y a un monde en lequel dieu, le christique n’existent pas ; la lumière est venue et les ténèbres ne l’ont pas connue. Les ténèbres se sont enfermées dans la noirceur, la petitesse, l’immédiateté, la bassesse. Elles ont ignoré la lumière et se sont livrées à elles-mêmes, sans extériorité de l’être ; que l’on croit ou non, il faut lire que l’immédiateté (la fixité du désir lorsqu’il cède à sa facilité) peut se refermer sur notre conscience. Et on cite Lacan c’est que le dit enfermement concerne, au final, au plus haut point la complexité du moi (dernière version possible de l’humain) ; Lacan n’apparaît pas par hasard (de même que Freud au début 20éme), mais à point nommé.

Le moi qui se fixe sur ses immédiatetés oublie la liaison dynamique des rapports (pusiqu’il n’est que cela, il n’existe que dans le mouvement dans son ampleur et non pas découpé en segments ; le christique permettait de délimiter en une fois la naissance/mort à partir d’un point, sur lequel et par lequel il devint possible d’élaborer).

En quoi justement on remarquera que l’arc de conscience sait extrêmement bien intervenir là où il faut et comme il le faut, dans la précision et l’intellectualité, le plus concret et le plus formel, tout comme en n’importe quel champ de perception et donc d’expression, acquérant la connaissance d’un donné déjà réel ou créant de nouveaux champs jusqu’alors inexistants (la capacité du signifiant n’est pas dans la seule connaissance, ou donc l’universalisation est bien plus grande que le copié-collé d’un Ordre ; il crée de la possibilité nouvelle, un surplus de loi et de capacités) ; il n’existe rien de plus précis (et de plus créatif, ce qui est encore plus important) que l’arc de conscience ; le sujet est la Capacité même du réel (et ce autant qu’on le sache, sans préjuger de toute la capacité possible au-delà de notre accessibilité ; la finalité n’est pas celle du plus-de-monde mais du plus-de-possible, le réel plus grand que lui-même).

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Configuration du moi-même

20 Mars 2021, 09:33am

Publié par pascal doyelle

Un « moi-même » du 21éme siècle ; cette formulation qui s’est étendue sur toute la planète, soit donc la personnalisation, extrême (mais une personnalisation est forcément extrême ; elle est l’organisation complexe encadrée par une société humaine complexe qui rend possible, physiquement, et autorise d’autre part que chacun s’obtienne soi en tant moi), cette personnalisation en laquelle nous baignons comme si elle était on ne peut plus normale et naturelle et psychologique, cette personnalisation qui fait suite à l’humanisation généralisée qui eut lieu depuis la révolution (qui impose tout à fait généralement que chacun soit son propre jugement, non pas sa raison mais son jugement, sa liberté, conservée par le libéralisme et les désirs et annulée par le communisme et les besoins, simplement génériques et non individualisés ; tandis que le libéralisme commencera de reconnaître les désirs et même de les manipuler, et parfois de produire votre personnalisation, industriellement, et ensuite (avec la micro médiatisation, internet) d’instrumentaliser votre conscience, cad votre attention, de l’accaparer, de la tourner et détourner. Mais toujours dans l’ignorance de l’historicité ; que ce monde, produit, s’impose comme si naturellement donné.

Que le moi n’ait rien à faire que de se vouloir, ou se désirer tel qu’en lui-même ; le déversement des images (qui ne sont plus même des identités, mais juste des signes ou des affects fabriqués, par « la société » mais tout autant sinon plus par chacun, qui ressent le besoin de se matérialiser, de matérialiser son intentionnalité ; rappelons qu’il s’agit de matérialisme au sens de matérialiser l’intentionnalité, et donc fondamentalement idéaliste bien qu’elle se prenne pour réaliste et naturaliste (de même qu’il y eut un racialisme ou des idéologies prétendant incarner l’historicité même ; en un sens le moi, l’individualisme coupe court et quelque part rationalise toute représentation ; on n’imagine plus du tout confier sa vie à une « idéomanie » ; on est bien trop convaincu que la vie humaine individuelle est le sens, la signification ; que l’universel et l’humanisation ont un contenu fondamental ; que chacun se réalise, se réal-ise ;

il n’est pas dans notre idée de réduire l’advenue des mois, des « moi-même » ; il est question de concrétisation de la structure qui se percevait selon dieu et l’Intention (forcément unique et totale et singulière, que pourrait être sinon une « intention absolue » ?), selon le christique et la naissance-mort perçues selon un point-autre, selon la pensée et l’universel, dans la généralité certes mais qui se révèle la généralisation de l’intentionnalité (par des idées, et des systèmes d’idées), selon le sujet et le statut spécifique qui réunit toutes les qualifications ; la liberté est à elle-même d’une part l’égalité de chacun (jusqu’alors uni via le christique) et d’autre part le re-tour sur soi, et donc, d’abord, qu’il y ait, effectivement et réellement, un « soi » justement, que le je ici même vaut en et par lui-même (et non plus par dieu, ni seulement le christique et son égalitarisme pur), et un je qui réclame donc de sa présence actuelle que cette actualité soit « réelle », qu’elle possède en elle-même un plan, une surface effectivement « là », et que ce « là » du monde exige une ontologie (que l’ontologie donc ne soit plus seulement celle métaphysique, que la réflexivité, le retour sur cet être bizarre remplace la connaissance, que la conscience-de se substitue et absorbe la raison).

Cette personnalisation, qui configure chacun selon son moi (au lieu de sa caste, de son statut et de ses rôles spéciaux, dans tel ou tel groupe, comme cela s’ordonnait jadis autour de la méditerranée ou dans toute sorte de groupe ou de communauté, qui devait penser-collectivement, comme un-ensemble), cette personnalisation voudrait, désire récupérer son rapport ; cad la conscience-de qui rend possible que chacun existe pour, vers lui-même et que dans ce rapport tout le reste défile ; faisant office donc de centralisai ton, d’unification ; ça n’est plus le groupe lui-même qui régule mais chacun est amené à s’organiser, mais de ceci à s’inventer (et plus loin à créer) ; l’investissement individuel est donc crucial. La configuration complète consiste en liberté-égalité-fraternité (ce qui ne paraît pas évident, puisque la majorité des peuples se satisfont de la liberté seule, sans régulation de structure, ou plus rarement par l’égalité, autrefois, sans liberté du tout) et qui rend pertinent une méta-organisation (ayant à réattribuer et définir l’idéel, humaniste et individualiste, de cette répartition généralisée, de tout, et non seulement des moyens, de l’économie mais de toute la capacité culturelle mise en jeu, qui permet à chacun de juger, non selon la raison uniquement mais selon le goût, l’ambition, l’éthique, esthétique, le récit de soi, etc, bref tout).

Récupérer ce rapport que l’on est se doit à une certaine mesure et une mesure certaine ; il faut tenir fermement son être (et ne point y « croire », ne pas croire que l’on est ceci ou cela selon le monde, mais cette intention selon la politique ; la France est ce pays, étrange, dont le destination est la politique et son identité n’est rien que cette capacité, et donc atteint chaque sujet, comme tel, comme sujet qui se sachant sait aussi qu’elle est, la liberté, semblable en quiconque).

Le but est d’assimiler le christique et l’égalitarisme (le christ accapare l’égalité pour lui seul, mais comme on sait il la re-donne, tout comme il par-donne et ne juge pas, puisqu’il manifeste que le réel, divin, est celui de l’intention ; qui ne peut pas être jugée selon la Loi (du judaïsme) mais selon la compréhension ; engendrant pour chacun la possibilité de devenir à lui-même sa propre équation, sa pensée personnelle, son individualité ; ce qui fut mis en œuvre, littéralement (l’œuvre remplaçant le Texte sacré, tout comme le Texte s’est substitué à la Parole du groupe ; l’œuvre est en somme le Texte à la portée de chacun, dans un récit, un roman, une poésie, une esthétique, une éthique, une politique ; il Fallait que la pensée, le divin, l’universel ou l’intention absolue deviennent des textes et proliférant et intensément littéraires et créatifs ; dit autrement une acculturation de tous et de chacun démultipliée).

La récupération du rapport que l’on est, est très compliquée. En fait elle est impossible (on a vu déjà que si nous sommes un rapport, nous en « sommes » pas, d’abord, et ensuite il faut s’en référer à plus-grand ; parce que le rapport désigne l’autre terme, dieu, la pensée ou l’universel, le corps du christ ou le sujet tellement réflexif, Descartes, Kant, Husserl ou Sartre, et toutes leurs variations explorées). Mais outre cela, il faut percevoir que l’on ne sait pas par où arrive le rapport ; qui regarde ? Est-on regardé ? La télévision nous regarde, elle nous voit. Que plus d’un devienne parano est typique, que la paranoïa soit comme antérieure au moi (première thèse de Lacan). Le plus fondamental, exception faite de Sartre (qui pose tout au clair), est Lacan ; chaque moi est renvoyé hors de soi « il est vu ». Une chose nous regarde, autrui relève du regard de l’autre et bientôt du regard-autre ; c’est uniquement parce que le moi est coupé par le regard-autre qu’il est le moi qu’il est (lors même qu’il s’oppose, évidemment, au regard et à l’altérité ; c’est un réel dynamique. Et ce qui fait office de regard pour Lacan est le signifiant, qui découpe, qu’on le sache ou pas (et au final on ne sait où, sur, par le corps se situe la coupure), qui découpe notre corps-image-imagination-pensée-conscient et tout ce que l’on est. Cette coupure est le réel ; le moi est le reflux hors de ce réel, ce réel est la jouissance absolue, qui anéantirait ou qui rend insupportable l’existence ; nous voulons faire « un » mais toujours extérieur à cette unité (que l’on désire sous diverses formes, évidemment). C’est la non-coïncidence du pour-soi et de l’en-soi sartrien (ils butent tous deux sur le même réel), dont le pour-soi se rêve.

La transformation du pour-soi/en-soi (cette équation) en sujet est toute la finalité, et on peut se poser la question alors ; que devient la jouissance ? Si on ne peut plus rêver (son être), que devient-on ? L’enjeu est de se dégager de la dé-pression, suscitée automatiquement.

La récupération du regard est attendue ou désirée par le moi (ou l’humain) sous telle ou telle matérialisation, soit donc à rebours, dans une immédiateté, rêvée ou imaginée ou désirée (dans le passé, le présent ou le futur peu importe ; le tomber-amoureux du moi est une version prospective si l’on peut dire). Or il est dit ici que cette récupération ne s’effectue pas du tout selon le donné, le monde et la vie, le vécu, mais exclusivement dans son ordre propre, cad dans sa dimension ; selon dieu, la pensée et l’universel, le christique et le sujet, le sujet et la révolution (qui n’en finit jamais) et qui ne parvient pas à s’incarner et encore moins s’incorporer ; c’est bien pour cela que le christique est parti ; il est hors-de, du monde et hors du corps tout autant.

Soit donc dans l’insatisfaction (ça ne trouvera pas de résolution selon le monde ou le corps ou la réalité vécu ou le relationnel ; nulle part). Et il faut donc trouver le rapport lui-même et l’intégrer comme réel in-fini, in-défini, autre, distancié, divisé, et penser cette division comme originelle ; elle n’est pas ce qui arrive à un « quelque chose » (qui serait déjà là, on ne sait comment) ; elle est ce qui crée tout quelque chose, partout, et donc (ajoutons nous) constamment. La réalité, la réal-isation est en devenir infini. Comment ? On ne sait pas. On entr’aperçoit, depuis 3 000 ou 4 000 ans (autour de la méditerranée on suit non pas l’unité supposée, absolue, comme en Inde par ex, mais la désunité ; il y a une articulation, qui produit de son externe absolu la réalité ; l’intention est une (forcément c’est un rapport) et autre (tout est hors de l’intention, sinon elle ne serait pas telle).

Cette personnalisation donc ne peut pas ne pas remonter son existence ; jusqu’aux années soixante, qui fait office de fondation du possible, qui détache, isole et concrétise la possibilité du siècle ; et cette mémoire opérera plus ou moins d’une manière ou d’une autre, c’est ainsi que l’on ressort une mémoire attentive continuellement sollicitée, de rediffusion, de ré-écoute, et bien généralement les médias faisant office de cette mémoire relancée. Outre qu’il s’agit d’une logique d’empire (la liberté anglo-saxonne à l’assaut du monde, puisque le seul statut de la liberté relève de cet empire, étendu dans l’espace, la géographie, Angleterre ou Usa, tandis que la régulation de la liberté par l’égalité appartient au temps, ce qui veut dire ouvre le temps, et l’historicité même, qui remonte très loin).

Or cependant ça ne sera pas tant la télévision (qui s’ingénierait plutôt à dissimuler et à étouffer l’historicité par une actualité constante ; il faut re-produire du neuf) que les expressions plus personnelles (évidemment puisqu’il s’agit des mois eux-mêmes) ; qui ne connaît pas la musique des années soixante soixante-dix ? La bd, la sf, le cinéma ? Ou les conséquences psychologiques, relationnelles ou culturelles, même 50 ans plus tard.

Tout cela se maintient mais à l’opposé, par une pression mentale constante sur notre attention, la production industrielle d’un monde nous écarte hors de notre intérêt réel historique (qui consiste à comprendre pour quoi l’on existe, plutôt que de s’enfermer dans le miroitement des milliards d’images qui recomposent sempiternellement la réalité humanisée puis personnalisée et au final, parce que ne sachant plus en quoi puiser, une réalité humaine personnelle fantasmée) ; d’un côté le moi s’entoure de ses images et de son intériorité, souvent produite industriellement et de plus en plus (il faut que l’image bloque le temps et l’histoire) mais de l’autre la récupération interne de soi, structurellement, et non plus intérieure (qui est toujours une demi ou une fausse intériorité, un être et non un mouvement), cette récupération interne est justement cela qui permet de se situer sur le plan externe ; en l’occurrence de l’historicité comme surface externe de l’unité du monde, à condition évidemment que l’on comprenne que cet interne et cet externe abandonnent le désir. Qu’il n’y a rien de désirable dans le monde, le vécu, le relationnel ou le corps.

Puisque c’est ainsi que l’historicité et la structure se sont imposés : étant des rapports ils ne se transforment pas en monde (qui les « réaliserait », le christique renvoie au Royaume, et non au messianisme juif). Il s’agit de les tenir comme rapports et donc d’explorer leur pli, de déplier le pli lui-même et non seulement les effets, les déplis, les vagues de la vague exclusive du présent.

On ne nommera pas du tout ‘aliénation’ cette généralisation intégrale qui vous impose mais aussi vous propose, vous ouvre la possibilité de devenir « quelqu’un » ; et tout le monde est de fait quelqu’un, il n’y a pas de conscience, cette structure, sans qu’elle se réfléchisse et il faut toujours, absolument toujours, bien comprendre que le christique, initiateur de cette passe structurelle dans notre historicité, prend bien soin de refuser la sagesse et la loi ; par la sagesse et la loi on s’enorgueillit de ce que l’on fît, de ce que l’on fait, et ce faisant on ne perçoit plus du tout la vraie mesure de toutes choses. Folie pour la sagesse, scandale pour la loi ; le plus petit est le plus égal, et dans le christique, avant l’affirmation de la liberté de sujet cartésienne, l’égalité est le réel même de la structure. Si on ne conçoit pas que la liberté est égale en chacun, on ne conçoit pas la liberté (comme universel, comme l’universel lui-même), mais seulement sa propre volonté comme distincte (au détriment de tout).

Et donc il n’y a pas lieu de refuser la formulation de chacun comme moi, ni comme idéologie, ni comme aliénation ; où que l’on soit, qui que l’on soit, quel que soit le contenu et l’image et la valeur hypothétique de ce contenu de conscience (le roi qui se prend pour le roi n’est pas moins fou que le fou qui se prend pour le roi).

Ça n’est pas ce que l’on reçoit, historiquement ou sociétalement ou en héritage, qui compte, mais ce que l’on en fait. Et on a vu que la possibilité du possible est hors de toute proportion ; ça n’en finira jamais (ou dit autrement si le possible est alors il est absolument cela même qui existe ; il est, fut, sera toujours instamment possible parce qu’il s’ajoutera d’une mystérieuse façon à ce que l’on a déjà ; non pas à ce que l’on est (puisqu’une ce cas on n’est pas, on existe de, par et pour le possible brut et pur) ; nous ne sommes pas et donc l’avoir et non pas l’être, est cela même qui permet de remonter dans la cause (qui est autre et détachée de ses effets, par lesquels on re-vient vers soi, vers soi en tant que rapport qui n’attache pas, comme la poêle, aux contenus, sinon nous serions ce que nous sommes).

Il y a aliénations et idéologies mais, comme Spartacus, quiconque tient en sa possibilité le sujet de structure ; c’est pour cela que Saint Paul ne recommandera pas à l’esclave de se révolter, par les armes, mais qu’alors s’impose bien plus radicalement au « maître » l’attention à sa propre conduite ; autant dire qu’il n’est plus de domination… et que s’ouvre la possibilité de l’égalité universelle, puisqu’en esprit ceci est dés lors manifesté, exposé, au vu et au su. Ce qui impliquera le changement du maître lui-même (et non quelque circonstance extérieure).

Prenons donc cette modification acquise en principe et portant ici sur la politique, là sur les esthétiques (qui n’obéissent plus au rituel), ensuite sur la connaissance (qui cessera de se limiter à la métaphysique), et établissons que la structure de conscience est cela même qui se modifie, et non plus même tel et tel domaine phénoménologique (d’apparition dans le champ de la manifestation de champs d’expressions). Dit à l’envers (qui est le vrai sens) ; il y a esthétiques, éthiques ou politiques afin que chaque moi soit un je et le je un sujet.

Rechercher la positivité, brute, du sujet ; le principe nietzschéen lui-même qui tente de se situer, tenir dans la Cause, tout comme le christ, qui déverse ses effets, qui lui re-viennent, et étendent sa structure.

Et puis avec un peu de curiosité (mais c’est relativement rare) quelques-uns remontent, par-delà les années soixante, à la révolution (symbolisée diversement ; n’oublions pas que la patrie est l’invention des patriotes qui entendaient défendre l’unité de leur nation constituée de volontés libres et égales entre elles dans un accord, un contrat les liant tous unanimement). Et puis ensuite reprendre jusqu’au christique et à la pensée et à dieu.

On a défini comme acculturation cette mise en forme culturelle spécifique qui se produit, se fabrique, se crée à la sortie des mondes humains particuliers, holistiques, cycliques (qui inventèrent le langage, la représentation, les échanges et les rites, l’organisation familiale, etc) et donc l’acculturation crée le reste ; soit donc l’actualité du face à face. Le christique ou dieu ou la pensée affirment tout intégralement la séparation, la division.

Face à face de chacun envers dieu ; de votre intention face à l’intention pure, nue, brute. Face à votre vie, par le christique (qui désigne le point-autre, hors du segment naissance-mort, et hors du corps). Face au monde et ce via l’universel et la pensée ; il n’existe plus un monde selon le groupe humain mais le monde tout court, le monde donné « là », ce qui signifie selon l’être, le fait absolu de l’être donné là.

Autant le monde particulier est englobant, autant l’acculturation est l’actualisation de la séparation, de la scission (ce qui, de fait, ne se peut que de s’actualiser ; on se rend compte que l’on existe séparément ; dieu, le christique, le sujet, la pensée et l’universel séparent).

Cette réalité (qui n’est plus un monde, qui ne fait plus monde, ni groupe et donc invente la politique, ni rituel et donc crée l’esthétique, ni représentation et donc instancie le je et son devenir en propre, qui n’est plus « ensemble ») est celle de la séparation.

Avec elle s’écroulent les mondes humains différents, mais alors se rendent possibles les sujets, un par un, dotés par ailleurs de leur dénouement assemblé ; le saint-esprit (ou la communauté des sortants), le philosophe et sa cité, la révolution et sa réalisation ; etc, parce que dans tous les domaines il se produit une invention généralisée de toutes les séparations, ce qui est une autre version de la distinctivité comme processus réel général (y compris naturel).

Que le philosophe, au début, ne soit pas encore un sujet (même en tirant sur la corde et de définir le sujet comme l’acteur de l’universel, comme Badiou, c’est un jeu de sens), veut dire que « ça vient », ça viendra. Lorsque le sujet apparaîtra et que la philosophie aura à en rendre compte, puisque son job est de repérer, cartographier « ce qui nous arrive ». Chacun s’engageant alors sous quantité de formulations, de champs d’expression à interroger la forme brut d’un « sujet », d’un « point-qui-voit », ou « qui-signifie » (ou alors de désespérer ou de déprimer, le Grand sujet désespère, le sujet normal déprime lorsqu’il est assigné à ce « moi-même », dans ses conditions de séparation totale, par lesquelles enfin le sujet tel quel, structurel, se montre ; Sartre philosophiquement).

Il y a scission, division, séparation (et dans le donné différenciations, déterminations) ; ce qui nous rend douloureuse l’existence, depuis que nous ne sommes plus une tribu, un monde, un tout parlé et ritualisé, parce qu’il y a distinction ; on est ainsi très contents d’être un « moi », immergé serait-il dans sa complexité ; la distinction c’est ce qui déplie la réalité, le réel comme réalités ; et il y a réalité, déterminations et donc réalités (en nombre indéfini ou infini) parce que l’unité est le réel (et non une réalité et un ordre on ne sait où, ou une double réalité, un autre monde) ; la structure des réalités est l’exister comme actualisation, dont on ne sait pas jusqu’où elle existe ; sauf qu’apparemment si la structure est le mouvement alors le mouvement est in-fini, bien que l’on ne sache pas de quelle nature il s’agit (il ne sera de toute façon pas à la manière de la « nature » ; le mouvement relativise tout, sans le mouvement, l’exister, le présent rien n’apparaîtrait, tout est passé, passe, passera par le présent), si le mouvement donc est cela qui existe vraiment, alors la transcendance est le pli et tout le reste les déplis, les effets du plis.

Il n’y a pas des immédiatetés et puis l’articulation (les réalités et puis le présent), mais toutes les immédiatetés et réalités sont prises dans le même-mouvement-présent.

Pour nous, au 20éme, 21éme, cela veut dire que l’on a su depuis le début (dieu, la pensée, le christique, le sujet) de quoi il était question mais que nous, en notre siècle, sommes pris dans les effets de cette structure intégralement dévoilée, propagée, partagée depuis 2000 ou 3000 ans (pour donner une approximation) ; c’est que les effets de la structure (qui est non-finie) s’exposant sont évidemment innombrables. Il s’agit de la vague antérieure (de présent brut) à toutes les vagues qui suivirent.

Et ils sont d’autant plus innombrables que cette structure a précisément pour moyen – et donc, pour nous, se présentant comme fin, comme finalité – de se redéfinir elle-même via les réalités (qui sont, donc, des réalisations, des réal-isations). Rappelons et martelons ceci ; nous sommes dans le mouvement et on ignore ce qu’il est ; à peine devinons-nous, au travers de mille tracas, les possibilités structurelles (que formulent dieu, l’universel, le sujet, le réel, et cent variations intérieures à ces notions, concepts, intentions, possibilités, configurations) ; le plus élevé de ce monde, de cette réalité, de cette existence est le début de ce qu’est la dimension du mouvement.

Aussi est-on porté à supposé sa sur-existence.

Existe-t-il une coupure entre le monde ou le vécu, et cette dimension qui serait « autre » (et donc s’imposerait comme duelle) ? Évidemment non. Ne savez-vous pas que vous voici nés de et par la révolution ? Que seriez-vous si vous n’étiez originellement, cad historiquement, citoyen ? Cette notion ne détermine-t-elle pas absolument tout (tout ce qu’elle rend possible, que vous soyez votre propre jugement par ex, et donc vos décisions, projets, personnalité, etc) ?

Y-eut-il un seul peuple qui ne se soit pas proposé métaphysiquement ou ontologiquement (ou religieusement ou symboliquement) ?

L’énergie fossile par exemple (en quoi on aimerait peut-être découvrir la cause de tout notre monde actuel) existe depuis des millions d’années ; l’a-t-on découverte pour inventer cette civilisation ou cette civilisation n’est-elle pas justement celle qui a découvert l’énergie fossile ? Mais alors pourquoi ? Il est assez absurde de privilégier une cause extérieure, alors que visiblement il s’agit d’une cause interne à un certain type d’être, en l’occurrence un être qui n’est pas un être mais une structure, un rapport (qui implique, potentiellement, tout rapport, ce qui ne veut pas dire qu’il « connaisse » ce rapport, étant hors et en plus de la connaissance au sens strict).

On ne peut pas expliquer via les causes, parce que les causes sont des moyens, les moyens de leurs effets ; initialement il y a, il existe une intention ; et telle qu’elle se perçoit.

L’intention, comme telle c’est son principe, se précède toujours. Elle se voit elle-même. Sinon elle ne se mouvrait pas. Étant constitutionnellement non pas un programme déterminé, mais étant elle-même le programme comme structure de conscience, évidemment ce qui lui vient c’est la libération de son intentionnalité, et ensuite cet arc qui lui désigne, bien sûr, le réel comme horizon.

L’intentionnalité est fondamentalement attachée, attirée, astreinte, étirée vers, par et pour le réel. Il n’y a aucun contenu en elle qui puisse rivaliser ; aussi sera-t-elle effectivement toujours dialectique ; la dialectique est la sup-position d’un horizon qui re-vient sans cesse et re-vient nu et sans rien, sur lequel et sous lequel tout le reste est écrit. De même que le moi se pose sur l’horizon du sujet, lequel n’est nullement une « entité » (quelle qu’elle soit imaginée ou pensée) mais le point-autre d’attirance ; aussi est-elle structurellement vivante, existante, actuelle, actualité brute et pure. Elle n’est pas dialectique en s’entourant dans un concept (comme le concevait Hegel), ni en s’enroulant dans un monde (tout monde humain tend à se refermer, ne serait-ce que par les dominations qui croient l’ordonner à leur botte), mais en rapportant sans cesse vers sa plus grande capacité.

Dont on a dit que la seule effective impossibilité et sur-existante possibilité est celle christique ; parce que c’est celle que l’on ne comprend pas encore. Et de fil en aiguille, on comprend que l’on ne comprend pas Descartes ou Kant ou la révolution ou l’historicité ; et que cette non compréhension est précisément le point de vue qui se cherche, lui-même, au travers de tout ce déploiement du Pli unique. Je ou présent.

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Accélération vers le Bord du monde

13 Mars 2021, 10:04am

Publié par pascal doyelle

On insiste donc sur ce qui habituellement est laissé pour compte, abandonné dans l’indistinct, supposé mais non développé, imaginé mais jamais approché.

Telle la conscience, l’indétermination, l’infini et l’infini des infinis, l’exister.

Et plus généralement le Bord, sans cesse reculé constamment, via les concepts-signifiants tels l’être, le bien, le un, dieu, le sujet, le réel, transcendance, immanence, etc.

Le but est de concrétiser ces abstractions. Et on a dit, de fait, que deux réels occupent tout le terrain ; l’arc du présent et l’arc de conscience.

Tout ce qui relevait de la pensée, de l’idée ou du divin revient à l’arc de conscience. Tout ce qui relève de l’être, du monde donné là, de l’existence ou du réel revient au présent. Et les deux s’entremêlent, à démêler, et se chevauchent ici ou là.

En conséquence cependant il faut comprendre que ni l’arc de conscience ni le présent ne sont évidents. Non seulement ils sont suffisamment compliqués (et requiert une batterie de concepts) mais aussi ils ne sont pas des « là » donnés immédiatement, inarticulés ; les ramener-à (à deux réels effectivement là) n’est pas un réductionnisme puisque nous ne les reconnaissons qu’en tant qu’articulations, engoncés en eux-mêmes ; le présent est un mouvement, l’arc de conscience est un mouvement ; le présent est ouvert sur le présent, l’arc de conscience possède de même en lui-même sa propre capacité ; et on ignore ce à quoi et comment ils sont articulés ; nous saisissons, à peine, un des termes de cette articulation et pas du tout l’autre.

À moins qu’il n’existe aucun complément ; que la structure soit seulement fonctionnelle ; le présent et l’arc de conscience permettent que fonctionne la réalité, par le réel, ou le contenu par la forme du contenu, l’humain par le champ intentionnel, le moi par le je ; remarquons que même alors il faut constituer la structure fonctionnelle de par soi, étant un rapport il doit se vouloir, désigner, signer lui-même ; afin de manifester, à ses propres yeux, aux yeux de son existence (qui n’est plus simplement de vivre), qui doit, de lui-même, ce je, s’articuler intentionnellement, cad se convertir (à dieu, au christique, la pensée, l’universel, l’esthétique, la révolution, ce que l’on voudra en vue de s’élever, selon et par une élévation qui vient vous chercher là où vous existez et vous soulève plus haut) ; cette hyper-fonction de l’élévation, de la conversion (comme processus général du passage à l’acte pour ainsi dire ; que l’on ne peut pas seulement croire ou imaginer être, mais qu’il faut se décider pour (ceci ou cela) et en toute conscience, volontairement, intentionnellement cette hyper fonction, cette accélération de la structure de la conscience de soi (ce qui se nomme « je », je pense par exemple, je est un autre, etc) exprime, cette conversion que le réel est non pas « ce qui est » (au passé) mais ce qui s’actualise ; dans le présent l’arc de conscience se sait ; même si il ne se connaît pas, dans quoi le discours philosophique risquait de s’enfermer ; de ne se connaître que dans la connaissance, alors qu’il se tient, le je, du se-savoir ; dont notre archétype est cartésien et raison pour laquelle « ça n’est pas une preuve » c’est la manifestation-même, la mise en avant de la structure d’un je face à tout autre je, à l’identique forme de structure de conscience, de champ actualisé.

Rappelons que chacun est déjà le je qu’il est, mais comme c’est un rapport, ce je, il doit constamment s’entretenir ou comme disait Nietzsche, la volonté de la volonté (bien que sous un angle en partie imaginé mais tout à fait significatif, Nietzsche n’est évidemment pas un sot, mais absolument inspiré, c’est juste que, coupé de l’universalisation, il penche vers une imagination, qui use des moyens propres, des figurations, pris dans une réflexion, Nietzsche est vraiment un philosophe, mais réflexion imaginaire).

Ce je qui se veut doit donc non seulement se figurer mais se configurer ; établir non pas une tactique seulement (en fait des tactiques, il en mène toujours des tas), mais une stratégie ; la plus unifiée possible parce que seule l’explicite permet de maintenir la conscience, de saisir et d’être saisi d’un rapport ; on ne peut pas ou ne devrait pas doubler, tripler, quadrupler un tel rapport, qui alors se perd et transcrit cette perdition, littéralement comme perdition d’énergie, basiquement premièrement, transcrite donc en immédiatetés ; il tend alors, ce rapport, à se confondre comme partie du monde ; abandonne son unité, son indivisibilité, individualité, se mêle dans le groupe, quel qu’il soit ; il y a une utilisation de dieu par tel groupe humain, qui fonctionne comme ensemble, mais dieu sert fondamentalement à ne pas appartenir, à quoi ou à qui que ce soit ; et c’est pour cela qu’initialement la religion, en quelques représentants, certes, s’en prend aux pouvoirs, aux puissances de ce monde ; ce sont ses interlocuteurs privilégiés, afin qu’elles soient, ces puissances, contraintes par dieu, et qu’il existe au moins un peuple selon la Loi et puis, ensuite, selon la foi, selon non plus le jugement mais selon l’intention ; vous serez jugés selon votre intention, et sa faiblesse, et non selon la loi et sa dureté, par laquelle vous étiez toujours coupables de toute manière, le principe de l’intention change tout et surtout rend possible que cette intention se développe, se comprenne, se déploie, quitte à se tromper ou s’égarer, qu’elle n’y aille pas sans expérimenter la réalité, la vie, autrui, etc ; sinon à quoi ?

Ceci sous condition d’élévation au moins potentielle.

Ce qui démontre ce que par articulation il faut entendre ; à savoir que ce n’est pas ce que l’on est qui compte mais ce que l’on veut, étant entendu que si cette volonté se configure (et non se figure) selon l’intention, l’intentionnalité ce sera une perspective in-finie, non-finie ; nulle part et jamais votre intention d’exister ne pourra se manifester dans le monde, le vécu ou le corps, mais elle se structure dans, par et selon le monde, le vécu ou le corps (le christique est un Corps, individuel). Et peut-être pour la structure ; ce qui est la seconde version, celle non plus fonctionnelle mais dimensionnelle.

De même ça n’est pas ce-qui-est, donné et réalisé comme monde, galaxie, univers ou ce que l’on voudra, mais ce qui est possible, ce qui est possible au-dedans des mondes, galaxies, univers (et non une redite de ces mondes ou de cet univers, quelque réel neuf et autre devait paraître) ; et évidemment il ne s’agit pas vraiment de ce qui est possible « matériellement », ou plus exactement c’est ce qui se réalise matériellement en tant que cette matérialité s’organise et augmente le rapport. La finalité demeurant le rapport lui-même, qui seul devient. Le reste apparaît (et conformément disparaît).

La réalité est une fonction qui rend possible que le rapport (cad la possibilité) s’agrandit ; que le réel soit le possible de la possibilité. Que la possibilité s’enroule dans une réalité qu’elle étend supposément infiniment dans tous les sens (cohérents) est la seule véritable justification qu’une réalité, un monde, un univers (sans doute infini) existent.

Si il n’existe pas un Ordre prédominant à partir duquel découlerait la réalité, alors la réalité est le champ de bataille du possible et ça n’est pas un Ordre déjà existant (on ne sait comment) qui se rend réel, mais c’est le réel lui-même qui crée un « ordre » qui, par conséquent, n’est pas acquis du tout mais se Crée. Et il faut écrire « qui se Crée » avec majuscule, parce qu’alors il y a une réalité qui remonte dans le réel (un contenu, le monde, les êtres, qui remonte dans une forme) et qui modifie le réel ; c’est l’ordre lui-même qui vient se modifier (en raison du principe que seule la perfectibilité est la perfection et non pas l’ordre fixé une fois pour toute, dont on se demande toujours, dès lors, pourquoi une réalité, la vie, le devenir, l’univers réel viendraient à exister).

Dit d’un autre point de vue, dieu crée l’humanité non pas pour qu’elle lui obéisse (quel intérêt ?) mais afin que de la nouveauté (et pas n’importe laquelle) vienne au monde (outre lui-même et les anges, et ce que l’on voudra).

Et non pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de la liberté et donc du désordre potentiel.

La liberté ne consiste pas à choisir l’ordre, mais à le créer. C’est ce que cela signifie. Et que donc cet ordre soit libre. Est-ce contradictoire ? Non puisque cela signifie que ce qui est libre est capable de la plus grande cohérence ; c’est plutôt tout à fait raisonnable. Il n’est pas raisonnable que la liberté puisse consister à s’effacer dans un ordre, mais que cette liberté puisse créer précisément l’ordre en lequel elle est libre, veut dire en lequel la capacité des possibles revient à la possibilité même. Ou la possibilité à la réalité des possibles ; qu’une société humaine soit libre, égale, fraternelle mais aussi qu’il existe dans la capacité de chacun de se lire sous toute différenciation, celles accessibles et celles qui seront créées.

On dira mais de quelle humanisation idéale s’agit-il ?

De celle qui a effectivement eu lieu depuis les années soixante. Ni plus, ni moins. S’il faut nommer ce qui s’est rendu historiquement produit, fabriqué, inventé, créé, du haut en bas, c’est cette société-là. La possibilité pour chacun d’utiliser sa liberté, la possibilité pour la liberté d’utiliser la liberté ; a-t-on effectivement acté cette liberté de la liberté ? Ou fut-elle usée, instrumentalisée, réifiée selon des fins très moyennes, voire très viles ? Et quelque fois sans doute ici et là portée suffisamment haut, mais non pas au point de former système, de telle sorte que l’idéale formule liberté-égalité-fraternité fut détournée, et étouffée dans des finalités immédiates.

Mais a-t-on rendu au moins accessible l’instanciation en notre je de cette articulation monumentale ? De ceci il revient à chacun de se poser à lui-même la question. Il est mille et une pistes déjà ouvertes par quantité de sujets, depuis Descartes les sujets pullulent ; ils sont la forme même (et Descartes ne crée pas ce sujet ; il en rend compte et à partir de sa mise en forme il accélère le sujet ; il s’y introduit, et nous à sa suite, et force encore cette entrée, mais elle est faite pour cela, pour être poussée encore-plus-loin, et on ne sait pas où cela s’arrête ; puisque l’on n’imagine pas une structure, ni dieu, ni l’universel, ni le sujet, ni le réel ; ça s’impose, de l’externe bord).

Pour se figurer, au moins, cette dimensionnalité ce sont les points les plus extrêmes et les plus aigus et précis et distinctifs qui se peuvent acquérir au long d’une existence ; au long d’une intentionnalisation. Sous-entendu ; il ne s’agit pas d’une qualification « technique », d’une capacité intellectuelle par exemple, mais « vous serez jugé comme vous avez jugé ». Le christique placé à l’orée de notre historicité spécifique nous le signifie parfaitement ; ça ne sera ni grec ni juif (folie et scandale), ni intellect ou perfection, ni morale ou loi ; mais intention. Ce qui nous jette dans la plus totale perturbation.

Cette attention que l’on impose à notre intention est bien ce qui va produire, inventer ce moi-même (que personne n’est durant l’antiquité en tant que moi, héros peut-être, de valeurs supérieures mais moi-même, pas du tout). Et ce jusqu’au plus loin ; à savoir jusqu’à ce que la psychanalyse bute sur le retour interne du moi-même, lequel se stipule comme externe ; l’extime (survivant à l’intime) de Lacan (soit donc la surface mi-corps mi-signe, ni l’un ni l’autre, ni esprit et ni corps (il est le rapport de ce corps via un signe) et qui glisse constamment hors de tout champ puisqu’origine du corps, soit donc le regard tout à fait externe qui « produit » une intériorité).

Non seulement le regard d’autrui qui nous produit mais l’imagination que l’on a du regard d’autrui et finalement le champ de l’autre en tant qu’autrui et notre imagination rendent possible cette extériorité du regard-autre ; la finalité étant d’établir un champ donné là qui n’appartient plus à personne ; et possiblement sans le coinçage du moi, son image enfin presque déjouée ; ce dont doutait Lacan ; on ne peut pas « remplacer » le regard-autre, tout est faire-semblant vis-à-vis de ce regard irrémédiablement externe ; sauf dieu ou le christique, le sujet, la révolution, le réel mais non pas au sens où ils le remplacent, mais au sens où ils le continuent jusqu’à en obtenir ou espérer ou désirer ou vouloir un point d’attirance créateur, échappant à la répétition du regard.

Via dieu (etc) on se libère du regard extérieur et on parvient à un regard externe (qui rend possible tout l’interne, cad la vie du moi, ou la réalité créée par dieu, ou la société humaine régulée plus ou moins, ou l’extrémisme du réel tel quel).

Qu’est-ce que la véritable Intention ? On n’en sait rien, on ne le comprend pas, on l’ignore. C’est l’indication d’une orientation du champ intentionnel originel et final. Le christique est à ce point hors de toute proportion que l’on faiblit et s’effondre dans l’exigence (le dieu unique réclamait cela même de son peuple). Pareillement l’idéal de maîtrise de soi (des sages ou des grecs ou des romains) ou encore l’idéal sociétal de la révolution (qui doit dès lors bien choisir ses paramètres ; l’idéal communiste universel est tellement abstrait, mais le désordre libéral des désirs indéfinis s’affaisse et affaiblit chacun).

Qu’est-ce que la poétique absolument expressive ? Rimbaud a-t-il pu la supporter ? Celui-ci impose massivement (en quelques feuillets) l’impact et la puissance de la structure, lorsque, donc, le je crée son propre champ dans toute son ampleur, du plus subjectif au plus élevé, et interrogeant l’acte même d’être soi et toutes les objectivités ; soit donc tout cet ensemble de champs que soutient, seul, l’arc de conscience (l’intentionnalité est originelle, par elle existe un monde, autrui, votre vie, votre corps distinct, etc). L’arc est donc fondamentalement la plus grande cohérence possible (et comme tel il commence à partir de la perception elle-même et non pas seulement dans les grandes abstractions séparées, la raison, l’imaginaire, et ainsi de suite).

La nature même de ce que l’on désigne comme « réel » est hors de proportion et pas du tout en forme d’objet. L’univers lui-même n’est pas un objet ; l’objet est à proportion du sujet, celui raisonnable qui construit des discours, qui délimitent tel ou tel objet. Le reste des discours, des signifiants, des signes bien plus de perspectives ; bien au-delà de la seule raison, puisque repérant toute l’amplitude de l’arc de conscience, ce qui veut dire «tout », puisque tout se donne pour nous au travers et par un champ (de là qu’une esthétique soit « une pensée », en acte, non seulement ouverte sur le champ de perception mais créant ce champ de perception).

De là qu’il ne soit pas réductible à des choses et tout aussi bien n’est pas le très gros objet tel l’être (l’être lui-même était opératoire, formule de formulations, explicites, les systèmes et les idées). Mais il n’est cependant pas selon le sujet subjectif. Sortir de la conception selon l’être ou les petites choses, c’est commencer d’assigner la logique de la structure en forme de sujet ; ce que l’on a toujours choisi ; que tout contenu de conscience et puis tout moi soient étirés par un sujet (dieu, la pensée, le sujet, le réel) selon le Bord externe (le présent, l’exister) lequel naît de et par son actualité et qu’alors le présent est la colonne des réalités.

Admettant de la sorte que l’arc de conscience soit précisément la forme elle-même du « rapport » ; l’aboutissement, l’aboutissant de ce qui existe comme « rapport » (tout existe comme rapport, le rapport est cela seul qui existe), l’aboutissant est, pour nous et en l’état de notre expérience, cet aboutissant est ce qui se nomme « conscience », est « rapport à soi » dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même (et aucune détermination). Rien d’autre ne peut être nommé « conscience » qu’un tel rapport, retour vers soi, qui désigne la formule pure et simple du rapport (cad de la potentialité qui transforme le terme initial au vu du terminal, ça re-vient-sur).

Par l’arc de conscience on entre dans l’antériorité de ce qu’habituellement on nomme « esprit » ; il n’y a aucun contenu qui prendrait conscience de soi, l’arc de conscience ne dépend pas de son contenu, son contenu (Pierre ou Martine, dieu, la pensée, etc) est ce par quoi cet arc se signifie. Et comme il est rapport, ce qui veut dire Autre, il admet toutes les subjectivités, les objectivités, les champs de perceptions (ceux du vivant par ex) ou les champs d’expression ou les champs de création, puisqu’aussi bien n’arrive en conscience que ce qu’il, lui le rapport, aura généré ; sa finalité mais aussi sa structure même implique qu’il crée (ce qui arrive, il « se le fait voir », il ne le trouve pas tel quel dans le naturel).

Rappelons la logique unique ; on ne conçoit le réel, la structure du réel qu’en tant que structure-sujet. Et parce que le dit « sujet » est défini comme suit ; cela seul susceptible de se modifier lui-même. On considère que la perfection consiste exclusivement en sa perfectibilité ; ce qui serait absolument parfait en soi-même est une notion totalement incompréhensible et qui ne signifie rien, au sens où l’on ne perçoit pas même en quoi cela pourrait consister.

Donc en ramenant ces infinis à des réels très exactement désignables (comme l’arc de conscience ou celui du présent), on essaie d’en réorganiser les contours. Ni l’être ni l’esprit ou la pensée, le moi ou l’universel ne sont des « problèmes », ils sont seconds.

 

Il s’agit toujours comme dans toute philosophie, de porter à la transparence ce que l’on constate là au-devant de soi. C’est le mouvement même de la pensée, de ce qui s’est nommé tel dès le début (indépendamment du fait qu’il y eut des pensées diverses ailleurs) ; puisqu’il s’agit de produire des rapports explicites qui seront dénommées idées, et par lesquels la continuité de la conscience, la consécution des intentionnalités est assurée ; l’idéal de transparence est décisif et implique évidemment la totalisation, la systématicité, puisqu’un manque dans la trame de la pensée signifierait l’incomplétude de l’intentionnalité, de l’intention tout court ; de sorte que l’on ne saurait plus ce que l’on veut ou ce que l’on peut, et ce rapport que l’on a su dégagé et nommé « penser » se perdrait lui-même dans une immédiateté impensée.

On comprend que sitôt que s’instaure la pensée elle se doit à elle-même ; sous-entendu il faut que ce rapport de la conscience pour elle-même se constitue et se continue et couvre tout le donné d’une part (la vérité adéquation) et s’étende sur toute la pensabilité (la cohérence) et soit à lui-même son repérage (son unité) afin que le rapport de conscience perdure.

Il s’est trouvé que si cet idéal s’est constitué par les grecs, et leur esprit de systématicité récupère les mathématiques ici et là et en établissent le système ordonné ; ce qui, de plus, permet d’agrandir le cercle de telle activité ; systématiser l’esthétique, outre qu’elle échappe au rituel et n’est plus assujettie, permet de créer encore-plus.

La systématicité augmente le rayon d’activité ; ce qui veut dire que plus il y a de conscience, plus il y a de conscience. Ce qui paraît une évidence mais pas du tout ; lorsqu’il s’agira d’intégrer chaque conscience, une par une (avec le christique), on verra se déployer quantité de discours, de théories, d’activités, d’actions, de décisions, de désirs, etc ; parce que soudainement le noyau de structure, mis en avant et sorti de tout monde humain particulier ou holiste ou cyclique ou limité territorialement (à un groupe tout aussi bien, un clan, une ethnie), e noyau prenant conscience de lui-même comme conscience (en l’occurrence non plus comme constitué par tel contenu, comprend qu’il peut produire ces contenus et donc commence d’en fabriquer des tas ; éthiques, esthétiques, systèmes, théories, etc.

Chacun devient le centre de l’intentionnalisation et s’aperçoit qu’il peut énoncer, signifier vers les autres. De même que le christique a pu parler à et pour chacun ; il s’agit initialement de la performance absolue, formelle, et qui inscrit le corps, littéralement, de chacun dans le segment naissance et mort individualisées, et littéralement également le christique crée chacun en sa conscience de (soi). Ici le (soi) n’est pas encore le soi via soi-même du ‘je’ cartésien, mais le (soi) donné par le Soi christique (cad dieu, le dieu initiateur de tout ce qui est, fut, sera), qui évidemment est bien le seul dieu unique capable de pourvoir non seulement à votre être mais à votre âme : à votre singularité unique.

Remarquons, donc, qu’auparavant les mondes humains pensaient-ensemble ; la pensée de se transmettre à autrui se penser elle-même, puisque l’on entend ce que l’on dit (et donc on le comprend ou plus exactement on ne le comprend que dans la mesure où autrui l’entend et le comprend ; lorsque l’on comprend quelque énoncé c’est que l’on se met à la place de l’autre ; et dans la société humaine de la tribu, inventrice de la culture, du langage, des échanges, des rituels, de la famille, etc, il s’agit de partager la Même Parole et donc le Même Monde (et la rigueur de la transmission et de la répétition étaient de mise, sous peine d’en égarer le trésor, la communication et donc tout).

Ici lorsque l’on (se) parle et qu’ensuite on parle à autrui il peut sembler que l’on se perde ; mais en vérité toute structure de conscience est déjà en elle-même, dans cette structure même, solidement organisée ; elle signifie constamment en adressage, elle simule l’autre oreille (et parfois dit plus que ce qu’elle entend, puisqu’elle est déjà passée dans l’autre oreille et bafouille des lapsus) ; intentionaliser signifie « organiser des rapports » (même un délire est organisé, et une folie souvent adressée à). Il est tout à fait inconsidéré de croire cependant que l’autre, autrui organise la parole ; évidemment il en va souvent ainsi, mais au bout du compte cela re-vient à l’exposition dans son propre champ ; puisque l’arc de conscience n’est ni subjectif si objectif seulement, ni intérieur ni extérieur, mais bien plus organisé que l’un ou l’autre.

C’est ainsi qu’il faut impérativement partir du plus haut. Par exemple du christique ou de la pensée ou de l’esthétique ou de l’éthique ou de l’universel ; pour chacun cela veut dire que l’on a accès à soi d’une certaine manière (au sens d’une manière certaine) à partir de l’auto-définition qui eut lieu comme révolution ; par laquelle chacun est envoyé, directement, à son propre jugement, à sa propre capacité ; non pas à sa raison forcément mais à son auto considération, en laquelle il est très clair qu’elle intègre la considération de toute autre conscience ; le fait même de nier ce rapport à l’autre conscience est déjà une prise de position qui ne sera pas sans conséquences effectives ; c’est pour cette raison que « la révolution n’en finit pas » ; essentiellement la révolution est en soi in-finie, de même que le christique ou la pensée ou le transcendantal kantien sont in-finis puisqu’ils tentent, tous, d’approcher le Bord du monde, du vécu ou du moi.

Il faut évidemment sortir de l’habituelle identification de la conscience et de la subjectivité ; vous êtes, vous existez déjà bien au-delà de vous-même. Le christique dit-il autre chose ? Que d’amener instantanément chacun au cœur de dieu (que signifie son in-carnation, sinon cette profondeur en tant que l’infini existe ici-même, sans qu’il puisse se dégrader, ni en nous, ni en lui, fils parmi les fils). La fonction ou la dimension de l’acte de conscience est son arc ; ce ne sont pas les contenus qui le définissent ; mais sa propension ; on appelle propension sa capacité et cette capacité est accessible via les grandes stratégies, et ces stratégies ne sont pas des abstractions (comme celles que l’on tirerait de l’universalisation de la pensée), mais des positions actées historiquement, dans l’effectivité même.

Et de même il y a de grandes stratégies afin que chacun puisse s’y référer ; dieu, la pensée et donc l’universel (ou l’universalisation intentionnelle, dont la citoyenneté), le sujet ou l’existence (la transformation d’une vie en existence, tout autant via esthétiques et récits), le réel ou le champ de perception-expression. De sorte que le rapport qui se meut puisse se manifester et entrer dans sa propre transformation.

Beaucoup comprirent que Saint Paul entreprenait explicitement et consciemment la métamorphose (qui inaugure notre ère et donc décide de l’historicité même, en élaborant l’actualité, cette actualité qui bouleverse et mène à l’acquisition d’une structure, et qu’il nomme la foi ; hors de l’être, du monde, du donné, de toute vie vécue élevée en Existence), pareillement Descartes transforme et sort de son être en l’exposant au-devant(sur, donc , l’étendue du monde ; qu’il y ait une étendue du monde rend impossible que ce soit « de la pensée »). Que Lacan entreprenne de cartographier le moi, in vivo (et seul un psychanalyste était en capacité).

Ainsi recule encore plus la frontière intérieure jusqu’à ce qu’elle touche le Bord externe et que cette intériorité se connaisse comme l’interne de l’externe, et non plus comme intériorité (qui ne se confiait qu’à des morceaux déterminés de monde, du vécu ou du corps) ; l’arc de conscience venant à toucher l’arc du réel.

Le mouvement est clairement d’installer la perfectibilité disponible de plus en plus précisément ; dieu, pensée, christique, sujet ou révolution, amène l’arc de conscience dans le champ de l’arc de conscience ; il est en tant que rapport qui doit, à tout prix, se projeter lui-même. La révolution est une telle mise en place de ce qui s’existe formellement. Ça n’est pas seulement ce qui entre dans le rapport qui compte mais le rapport lui-même instancié dans son champ.

Ce basculement de l’intériorité vers l’interne de l’externe, ou si l’on veut de l’intériorité projetée sur un autre plan (absolument et historiquement parlant que le moi soit situé dans le plan de la conscience, Sartre ou auparavant dans la Volonté nietzschéenne ou l’Être de H, ou même le sujet sur cet autre plan incompréhensible du nouménal kantien, et ainsi du sujet sur l’étendue cartésienne, qui n’est pas installée pour rien) et projeté sur un autre plan donc en tant que Bord de la réalité s’instanciant comme réel et structure ; réel et structure qui n’a d’autre nom que celui d’exister, et l’exister en tant que temps, ou dimension très étrange du temps, cela même antérieur au temps et caché dessous, caché en tant que présent qui justement montre tout.

Il s’agit donc de glisser vers notre structure interne qui existe bien avant notre intériorité (et encore plus bien avant l’extériorité, y compris la raison et le conscient)

laquelle unité interne est concomitante, mitoyenne d’avec l’externe du réel, la surface du réel,

l’arc de conscience dans l’arc du présent ; de glisser d’une surface vers l’autre.

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Dieu, la vérité, le sujet, le réel

6 Mars 2021, 09:42am

Publié par pascal doyelle

On a donc reconnu que dieu, la pensée, le sujet et le réel formulent, littéralement, les quatre possibilités ontologiques ; que l’on sache. Que l’on sache parce que l’on ne peut pas – imaginer – une position ontologique, on peut seulement la penser, l’intentionnaliser au bout du bout du Bord ; une position ontologique n’appartient pas au monde (ni au vécu, ni à la détermination serait-elle représentée).

Avant dieu, un tout autre unique et créateur de tout, on ignorait qu’il puisse exister une Intention absolue, formelle, pure et initiale.

Avant la pensée grecque beaucoup pensaient, c’est évident, mais non pas développaient une systématique et ce de telle sorte que la qualification de l’intentionnalité ne parvenait pas à l’idée universelle grecque ; reposant sur ceci que toute énonciation est mise en cohérence avec toute autre énonciation énoncée ; autrement dit en formant un ensemble d’idées, d’intentionnalité qui cohérentes, rendaient possible que l’on ne perde jamais le fil, le fil intentionnel de la pensée (qui devient à elle-même son seul et unique horizon ; ici également il est question d’unicité).

Pareillement tout sujet est autre que lui-même, c’est la position même d’un « sujet ». On pouvait référer « sujet » à ceci ou cela (de déterminé, forcément) mais non pas à lui-même (d’indéterminé, sinon qu’il énonce « je ») et comme tel irremplaçable ; aucun je ne dit « je » à la place d’un autre (ça n’aurait, notons-le, rigoureusement aucun sens).

On aboutit de la sorte à chaque fois au bout du Bord ; au-delà duquel il n’y a rien (littéralement « rien du tout ») et on s’aperçoit que ce point acquis (ontologique et inimaginable mais positionnable en structure) est celui-là même qui permettra à chaque fois de réenvisager ou réinventer ou recréer le monde, le donné, l’humain, la vie, le corps, la perception, et bien sûr la pensée parce qu’il modifie, ce point, la conscience ; la conscience de n’importe quel ceci ou cela ; l’activité de conscience, l’intentionnalité étant originelle et rendant seule possible tout le reste ; vous avez un corps ou une vie parce que vous ne l’êtes pas… de où percevez-vous ? Cela répond à cette question. « Conscience » se dit de ce rapport en lequel entrent tous les autres rapports (en tant qu’arc de conscience, formel, vide si l’on veut, nous reprenons tout ce qui nous vient de partout ; des perceptions du vivant, de son corps, de l’adn, des héritages socioculturels, de notre porpe passé, etc ; tout est matière-à, repris dans le champ intentionnel, lequel champ, on le redit, existe « là-devant » et comme lieu neutre et formel, quand bien même l’adn nous pousserait-il à ceci ou cela, le champ intentionnel est lui ou peut devenir conclusif (et non pas qu’il le soit à chaque fois, il le peut, simplement).

Remarque ; nul besoin de connaître, en raison, ce que l’on dépasse à chaque fois, parce que le principe de la structure de notre arc de conscience n’est pas la connaissance, mais la création. On n’est pas libre seulement et exclusivement parce que l’on comprend (ceci ou cela) mais parce que l’on invente (une possibilité inaperçue, et on invente constamment, de même que les mondes holistiques, cycliques ou particuliers répétaient afin de ne pas perdre leur trésor, leur parole, leur langage, leurs échanges ritualisés, etc afin de ne pas perdre leur monde entièrement, de même ensuite l’historicité est justement la capacité de constamment inventé du neuf, puisque ça n’est plus le monde donné particulier et partagé qui fait socle mais la structure, acquise décisivement (dieu, la pensée ou le droit romain, le sujet ou la révolution, le réel et l’individualisation dans l’humanisation, soit donc le concret effectif, et mille autres distinctions). Évidemment on inventera plus pertinemment si l’on expertise, plus ou moins, tel domaine ; mais le cercle interne (qui est donc le cercle externe) ne demande pas de « compétence » ; folie pour les grecs, scandale pour les juifs. Notre être ne se définit pas selon tel domaine mais de par toutes les possibilités ; l’intentionnel antérieur à tous les champs intentionnels.

À titre d’exemple, Sartre s’ingénie à découvrir comment Flaubert a créé « Flaubert ». De même puisque la personnalisation nous est venue depuis les années soixante (sous sa démocratisation planétaire), ainsi sommes-nous assignés certes mais également libres de nous créer en toute conscience (bien au fait de ce qui nous précède ou nous contraint, ou de ce que nous acquérons ou pouvons acquérir ; personne, ou presque, ne peut ignorer et faire semblant que non).

Nous sommes donc passés du plan de l’être, à celui de l’exister. Et on a reconnu que cet exister (en quoi l’on s’engage par Descartes) reprend ce qui était en jeu par dieu et le christique ; le monothéisme et son devenir plus qu’étrange de l’incarnation, de dieu, l’absolu, dans ce monde, ce qui signifie en l’occurrence dans un corps, rendant à) chacun qu’il soit ce corps (et non plus homme ou femme, libre ou esclave, riche ou pauvre, juif ou grec ou romain) et donc modifiant le champ potentiel d’un tel corps. On a reconnu par là que s’initiait de but en blanc que l’accroche du réel dans le monde consistait en ce sujet (et par les grecs ce monde, donné ‘là’ selon l’être justement et non plus tel ou tel monde particulier), et sujet définit comme rapport à (soi), dans lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même et non pas une identité.

Relisez (c’est le rapport que l’on existe, tout au long d’une vie qui se transforme en existence, ce rapport donc qui compte et non pas ce que l’on « est », puisque cet être est pris-dans le champ intentionnel dans son actualité, voire hyper-actualité).

Or pourtant le dit rapport n’est pas du tout une abstraction, tel l’esprit hégélien ou la vérité universelle de Badiou, mais ce qui se désigne comme rapport ne peut être que le rapport qu’il est, et donc qu’il « n’est » pas, mais qu’il Ex-siste ; ce qui existe comme rapport est un mouvement.

À quoi on a accroché, à nouveau, que ce mouvement de conscience en quoi consiste le sujet, est pris dans un mouvement formel absolu et absolument là, puisqu’il s’agit du présent.

Nous obligeant en somme à définir le présent comme le mouvement en lequel et par (via) lequel tout est, tout se déroule ; il n’y a rien qui est, fut, sera, qui ne soit pas passé par le présent.

Comme on a dit que le présent n’est pas le laps de temps entre le passé et le futur mais « cela » en dessous que l’on dénomme Exister, alors tout l’être est pris dans l’exister pur et brut.

Tout l’être dépend de l’actualisation (soit fonctionnelle, soit dimensionnelle ; les croyants par exemple s’engagent dans le dimensionnel, essaient d’adopter le Bord lui-même, comme point de vue ; ce que le christique voulut, à savoir nous adopter, nous, devenant frères du Fils, et agissant comme communauté, Saint-Esprit. Les croyants mais aussi ces positions qui tiennent que la structure de conscience se réalise absolument (par la poésie ou la révolution, ce qui a valeur d’universel ou de dépassement ; tout simplement, si l’on peut dire, le tomber-amoureux revient à un tel dépassement pour le moi).

Présent qui revient à dire que le mouvement est seul réel et que le présent seul est le mouvement, qui inclus l’arc de conscience comme « mouvement encore plus rapide », ou d’une seconde nature de mouvement (en quoi la théorie du mouvement ne s’arrête probablement pas à l’exister et à l’arc de conscience, mais qu’il existe encore un réel encore-plus mouvementé et ce pour une raison plus précise dès lors ; que le réel acte le possible, qu’il y a une réalité parce que le possible est cela qui se réalise et que le réel se fonde sur lui-même, sur son altérité interne et sa profonde altérité interne afin de, se percevant, au travers de champs, d’ avancer encore et toujours plus loin.

Ou encore ; le possible est celui de la possibilité même, qui revenant sur, vers elle-même modifie ses conditions initiales. Modifie ses conditions initiales. Et donc re-devient.

Et ce qui re-vient se présente à nous comme dieu, la vérité, le sujet et le réel ; qui sont les modes d’interjonction par lesquels le réel re-prend la réalité ; et cette intervention est toujours un retour et pour mieux dire un grand re-tour, un nouveau tour à chaque fois qui déplie le pli initial. En reprenant la réalité, le monde humain, le réel la réinstalle à partir de plus originellement, ce qui veut dire non pas une mystérieuse surréalité mais antérieurement dans la structure ; au lieu de se constater selon les contenus de la structure intentionnelle on en vient, presque, à nommer cette structure comme telle ; il existe une intention (absolue et formelle, dieu), une intentionnalisation possible (les idées et les systèmes), une structure effectivement réelle (le sujet), une surface donnée là et tout uniment (le réel).

C’est seulement largement ensuite, au 18éme, que l’on commencera de ne plus être en mesure de penser l’articulation (qu’elle soit dieu, la pensée, le sujet ou le réel) sans la traduire comme un simple donné là, une partie du monde, une composition ; ce qui est très bien dans beaucoup de cas mais non pas exclusivement, et surtout pas de cet écart qui se nomme philosophie, qui est la discipline qui se charge du hiatus qui se produit entre nous et le monde, au sortir des mondes holistes, particuliers, cycliques. De même que le sujet est transposé comme « moi » (la personnalisation succédant à l’humanisation généralisée du 18éme, selon les deux variations du désir libéral et du besoin communiste qui reste coincé alors dans la seule universalisation, alors que le libéralisme va se perdre dans les indéfinies diversités du désir, recherchant sa vérité mais ne la comprenant que selon la détermination du monde, du vécu ou du corps). Il est supposé et admis, ici, que la vérité n’est pas du tout de l’ordre du monde, mais se tient du Bord et ne reçoit de qualification que par et sans doute aussi pour (différence entre structure fonctionnelle et dimensionnelle) le dit Bord. Ou donc ; le moi ne peut rien sans son sujet. Qu’il ignore, méprise, renie, ne conçoit plus de quelque manière que ce soit.

Requérant, furieusement et puis ravagé, la jouissance de son être. Ce qui est absurde. En psychanalyse la jouissance est la perte de toute séparation et donc la mort, la destruction, la décomposition du moi, qui, lui, n’existe que scindé, et non dans la fusion, et c’est cette scission qu’il faut approfondir et non pas « remplir » de tout et n’importe quoi. Le moi est un équilibriste, dû à son bricolage (la synthèse plus ou moins hâtive qu’il a pu élaborer) entre l’identification (fantasmatique et s’approchant de la jouissance qui nie le plaisir et le moi, de sorte que les désirs fonctionnent comme temporisations entre la jouissance et le monde, les autres, autrui, le réel ; la jouissance est ce qui est intensément désiré, mais le plus loin possible, afin que les désirs inter-viennent) entre l’identification donc et la distance effrayante du monde, qui n’est pas humanisé, ni humain.

De sorte que le réel lui paraît insensé, absurde ; alors que l’on avance ici que le réel est infiniment structurel. Et le sens de ce qui est, est dépassé par le sens de l’exister, transformant, pour nous-même, la vie en existence.

Soit donc il ne faut pas s’attendre à ce que l’on parvienne à un résultat qui se tiendrait objectivement là, puisque c’est d’un « là » vertical ou structurel et non d’un être là donné, et qui engage notre attention au plus actuellement et activement ; c’est le je, le sujet qui ne peut pas être perçu mais qui-perçoit, qui doit s’organiser et non pas être organisé tout extérieurement. Son regard interne n’est pas intérieur mais projette notre être et son identité sur le plan absolument formel de la structure du réel. L’identité étant constituée imaginairement, raison pour laquelle Lacan se gaussait de la philosophie, du conscient et du moi ; Lacan traite les objectivités et la raison comme finalement ayant structure d’imaginaire, leur fondation psychologique est composée d’illusions, pour lui ; à quoi on a répondu qu’il se trompe en catégorisant notre être comme raison ou pensée ou conscient ou moi ; parce que nous ne sommes pas, mais que nous existons (c’est parce qu’il a lu Sartre qu’il voulut en prendre le contre-pied radical, soulevant véritablement le lièvre malséant du moi, mais oubliant le sujet, de qui se tient le moi, le sujet qui, pour lui, se retranchait des anciens rêves de notre humanisation ; Lacan est un négateur, un destructeur de l’universel, mais jouet à vrai dire de la ruse ; de la ruse non de la raison, mais celle du sujet, de l’intention qui perçoit toujours tel réel ou telle réalité sous la jointure d’un horizon… lequel ne rentre pas en lui-même, et qui n’apparaît que plus tard et plus loin, historiquement).

Le champ de la réalité est vraiment et est vraiment matériellement ou substantiellement effectivement, mais cette substantialité ou cette matérialité ou cette détermination n’est pas du tout en elle-même consistante (et lorsque l’on croit la saisir, en vérité ça se transforme en sable et dispersion, vibrations et vide plein de mouvements, les plis du Pli structurel, les effets de la cause, les contenus de la forme). Si la matérialité ou la substantialité sont, l’exister lui, existe. Il est le mouvement qui se manifeste comme vibrations, le réel comme manifestation, et ainsi comme réalité (ou réalités, puisque si l’on commence de déterminer on n’en finit plus de déterminer, la différenciation est, présupposément, indéfinie ou infinie ; ce qui ne nous bouleverse pas, puisque l’on a commencé de penser en terme d’infini d’infinités ; c’est ce que signifie que le réel est plus grand que lui-même ; la nature du réel, sa structure autrement dit, ne se circonscrit pas par ce terme « infini » mais par ces réels « présent », « exister », « conscience » ; et dit autrement par des effectivités bien réelles.

Ça n’est pas de l’ordre de « l’esprit », qui serait telle une seconde détermination dans la détermination (entrant en opposition, orientant vers un dualisme ou incompréhensiblement d’une autre nature, scindant l’essence, créant quantité de conflits entre une universalité abstraite et une matérialité obscure),

mais se dégagent deux formes structurelles ; le présent créant le champ de la réalité et l’arc de conscience créant des champs.

Rappelons que la « conscience » est « cela qui a rapport à soi » et donc qui n’est pas (ce qui est, est l’ensemble de détermination que cela est, son programme est son inscription) ; ce qui « a » (ceci ou cela) n’est pas (ceci ou cela). Être ce sont les choses et les êtres, vivants ; avoir est de la conscience, qui n’est rien, mais a rapport à ; la conscience est le rapport qui engendre quantités de rapports et n’est aucun de ces rapports en particulier (lui rendant possible de dérouler tous les rapports perçus, imaginés, désirés, décidés, pensés).

De là que nous sommes, soumis à l’arc de conscience, emplis de quantités de rapports ; c’est ce que signifiait « accélération du rapport » par la conscience. Alors qu’évidemment les rapports qui produisent la réalité, les réalités, l’univers, les mondes, sont déjà en eux-mêmes extrêmement complexes, et il ne s’agit pas somme toute de les mettre en concurrence, mais bien que l’arc de conscience est une seconde forme de complexité (de même que l’on peut et sans doute penser que déjà le vivant, qui est à lui-même son mouvement, et donc dans un milieu, que ce vivant donc est déjà encore une autre formulation du rapport). La forme de base de la réalité c’est ce que l’on a désigné comme étant la chora, le « lieu » de rencontre, neutre, indifférent, effectivement « là », le « là » lui-même, dit autrement qu’il y ait un « fait d’exister » ou un fait d’existence commun à tout. Et qui pris d’un autre biais est dénommé « acte ». L’agissement, ce qui meut et ce qui (se) meut, certes, mais qui précisément est cela même qui doit de son agissement se transformer.

De sorte que l’on peut transférer cette capacité vers dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le réel. La pensée n’est nulle part stable et fixée ; elle se meut, comme tout le reste. Dit autrement elle se réforme ; constamment. Et ceci vaut pour les systèmes, l’esprit systématique mais oh combien encore pour la réflexivité qui à partir de Descartes étend le rayon de sa capacité et veut définir, situer, examiner, analyser, décider de son exister (du moment pur et brut de la suspension du cogito qui précède absolument toute pensée, toute représentation, tout imagination, tout désir, comme le montrera Sartre en instanciant l’arc de conscience hors de l’idéalité husserlienne, ce qui veut dire en imposera l’instanciation dans et par un corps et un regard).

On a vu que le réel est justement défini comme Possible et qu’il serait incomplet si il n’était que la réalisation du possible tel quel (ce serait une sorte de copié collé). Et qu’ainsi il est le possible non pas de tel ou tel ceci ou cela (ce qui serait quelconque) mais le possible de la possibilité ; soit donc la modification de la possibilité même et l’agrandissement continuel et continué de la Possibilité ; où donc la Possibilité est augmenté. Dieu atteint sa perfection fondamentale ; à savoir qu’il sera plus grand que lui-même ; on considère que ce qui ne comporte pas en lui-même la capacité de s’agrandir n’atteint pas la perfection, qui consiste donc en sa perfectibilité.

De même que l’universel est la mise en forme, à partir des réalités, toutes particulières ; mises en forme qui permettent non pas seulement de traduire en universalisations ces réalités particulières, mais qui autorise que l’universalité produit encore plus de réalités ; la réalité est ainsi par notre espèce augmentée d’un nombre de possibilités, à partir des sciences et des techniques, mais aussi une augmentation de la perception même ; lorsqu’une esthétique aboutit à une création alors la réalité telle qu’universalisée est ajoutée ; on ne percevra jamais dans le monde ce que Rembrandt nous rend accessible ; on ne rencontrera nulle part les éléments tels qu’ils furent et sont créés et utilisés ; nulle part n’existe l’acier ou le plastique ; l’universalisation est en soi non pas seulement la duplication de l’information dans une théorie (qui en rend compte) mais un moyen qui crée, produit, fabrique des réalités effectives.

Le problème théorique de l’universalité (les lois par exemple) est que l’on ignore si il s’agit des lois de fond de la réalité, non que celle-ci ou celle-là sera niée par une suivante qui viendra un jour, mais qu’elle sera com-prise dans une plus générale ; de même que les mathématiques traditionnelles sont englobées dans une théorie plus grande ; dont, en plus, on ne pourra pas prouver, apparemment l’axiomatique, qui restera postulée puisqu’il s’agit d’un ensemble de signes qui ont pour origine l’intentionnalité ; le nombre désignant lui-même un rapport, de même que toute opération, et que cette opération nombrée est une variante de cette autre sorte d’opération inimaginable qu’est l’arc de conscience ; soit donc que quelque réel ait un rapport à soi en tant que rapport et non comme identité de ceci ou cela. Il est impossible de chosifier, réifier, solidifier le nombre, mais pas plus les idées (qui aboutissent invariablement à un rapport ; l’être, le bien, la pensée de la pensée, le un, dieu, le sujet, et donc le réel), parce que rien n’est substantiellement, en consistance (qui sont seulement une imagination de l’arc de conscience qui se figure que cela « est ») et évidemment encore moins le moi et ses « objets » ; que l’on comprenne bien que l’être est, l’universel est, l’objet du désir est

et relève d’une intention qui, comme telle, se dépasse dans, vers, par son objet et objet en tant qu’il s’agit d’autrui, et qui relève d’autant plus le moi et son désir de ce qu’il est considéré et appréhendé et imaginé en tant qu’Autre justement, puisqu’alors le moi doit s’efforcer de dépasser son fantasme par le réalité, le fantasme faisant office d’appétence, si l’on peut dire ; le moi, son objet, autrui, la vérité, l’objectivité ou le réel s’étalent le long d’une dynamique et donc toutes les variations du rapport telles qu’elles sont possibles, telles que le moi en avant vers son sujet les intègre.

C’est bien le point sur lequel il faut revenir ; le point se déplace. Dieu, la pensée, le sujet ou le réel sont une seule trame, et manifeste la même structure ; soit donc selon la manière de comprendre l’intentionnalité non plus comme idéelle mais comme structure de rapport ; et de rapport parce que le réel tout entier devient, si le réel tout entier devient c’est la transcendance qui existe (quelle que soit sa désignation) et tout ce qui apparaît sont ses effets ; et à moins d’admettre que les effets iront se perdre dans la néantisation (progressive mais continuée, la dispersion qui n’a pas de fin, refroidissant tout ou déchirant la trame de l’univers) il faut supposer que les effets (la ou les réalités) s’utilisent afin de perfectionner la cause ; les effets immanents sont re-pliés vers la cause réelle ; l’être est fonction de l’exister.

De même la perfectibilité est appliquée à l’humain ; de la perfection idéale de toute communauté holiste ou cyclique à la perfectibilité de et dans une historicité et encore dans cette historicité du repérage qui expose les différentes gradations de perfectionnement interne à l’arc de conscience ; soit donc quelle qualité en cette intention qui vous anime, qui a pu animer les juifs ou les romains, les chrétiens ou les révolutionnaires ou les moi-mêmes du 20éme ?

Ainsi il est particulièrement clair que la mise à niveau de l’espèce humaine depuis le 18éme a connu une accélération fabuleuse ; que par ailleurs nous nous soyons grisés de nos réussites et que nous n’ayons pas su réguler est un autre problème. Parallèlement l’autre mise en forme de notre réalité humaine, soit donc la représentation, la mass et puis micro médiation, avait pour but, pour finalité de nous éduquer et fondamentalement de nous élever ; au spectacle de nous-même, la représentation généralisée, nous devions apprendre et décalquer, somme toute et pour le dire, notre corps par ces images.

Elles tenaient lieu de comportementalité globale, partagé, et s’immiscant au plus loin dans le regard, passant au travers des images, comme auparavant via les récits, les romans, investissant toute la « nature humaine », et bien plutôt inventant, créant une part de plus en plus conséquente de notre être ; Marilyn ré-invente la femme (elle est à la fois universelle et individualisée, c’est cette subjectivité qui traverse), Marlon l’homme (plus tout à fait homme, et pris dans des rôles trop étroits), Dean l’adolescence, le rock la sexualisation généralisée et surtout le corps, la pop envahit toute l’humanisation, etc, et ceci de manière tout à fait intégrée ; sans que cela soit « pensé » mais avant tout ressenti et perçu, de sorte que le risque d’une idolâtrie existe bel et bien, ainsi que du sacrifice du héros transformé en martyr, martyr désacralisé en quelque sorte.

Et ce fut non seulement l’homme ou la femme mais la totalité de la réalité qui fut recyclée, réinterprétée, re-présentée, une représentation totale du monde, du vécu, des corps et des relations qui fut produite, et souvent produite industriellement, et plus encore avec le déploiement sur la planète entière et le passage de la mass à la micro médiatisation ; lorsque l’on dit « totale » elle fut réellement totale.

Il n’est de la dite nature humaine qu’un ensemble de théorisations voire de délires qui morcellent ou écrase toute pensée cohérente qui prendrait sa source dans la structure ; Et c’est au moyen de ces marteaux théoriques destructeurs que l’on martèle les mois et qu’est produite industriellement leur « personnalisation », qui chaque fois manque son coup, de même que se concevant eux-mêmes comme des morceaux, ils recherchent la complétude, leur remplissage, leur autre-regard, ce qui ne se trouve nulle part dans le monde, pas plus dans leur vécu, identité ou corps.

S’opposent désir et objet(s) de désir, puisqu’ils n’y parviennent jamais, tout comme se confrontaient les réalités et la pensée, toutes deux déterminées ; mais « cela qui pense » n’est évidemment pas de l’ordre de la détermination, qui n’ne est que la manifestation ; ce qui se manifeste n’est pas telle pensée ou telle idée mais une intention, une perception, une vue de dieu, de l’universel (cad de la mise en forme intentionnelle qui est toujours universelle, reliant deux signes), du sujet ou du réel ; catégoriser cette structure est ce à quoi on s’emploie, et ce directement, sans en passer par des atermoiements, des moyens termes, des médiations, parce que soit l’on affronte directement la structure,soit on ment, ou raconte des histoires, de belles histoires, bien significatives et qui portent la structure intentionnelle, sans doute aucun, mais il n’est plus temps de patienter.

De même que l’on renverse la logioque existentielle ; plutôt que de s’ébaudir de la monumentalité de cet univers et d’en conclure que décidément nous ne sommes rien et que rien n’a de sens, on prétend ici que précisément plus gigantesque sera cette étendue in-finie, plus infini encore s’y déploie le sens, la signification, l’intention. À quoi servirait des milliards de milliards de milliards (etc) de réalités si c’était pour aboutir à … rien, du néant ?

Et plutôt que d’une réalité pire qu’absurde, idiote et imbécile (en quoi résulte le moi si il s’y abîme, aux deux sens), on préfère suivre la logique que l’on a reconnue à la fois selon la structure intentionnelle et du fait, manifestement surpuissant, que tout se déroule d’un présent, d’une activité, et donc d’une possibilité. Et qui plus est, redoublant, que cette possibilité étend elle-même et vise à étendre son propre champ (ce que l’on a nommé le possible de la possibilité) ; hors de quoi rien n’a effectivement de sens.

(ce qui veut dire que l’on catégorise l’être et que l’être est figé d’une manière ou d’une autre et n’explique en rien qu’il existe une réalité et que cette réalité soit d’un Fait Absolu ; l’exister)

Reste donc ceci ; que si la réalité ne se suffit pas et qu’un réel la redouble, ça n’est pas ou ne sera nullement sous la formulation d’un autre(même) monde (ni d’un donné, d’un corps ou d’une « vie »). ce qui ne servirait à rien du tout. Aussi est-on amené à approcher le mystère de l’indétermination (ce qui n’est pas du monde ou du moi est la forme, non déterminée, du monde ou du moi) ; que donc ce qui se rend réel véritablement c’est la forme et le mouvement. Donc ce qui émerge de la réalité est « de structure ».

Ce qui, dira-t-on, ne s’explicite pas en soi, sauf que c’est justement ce dont on dresse le portrait depuis le début. Selon le centre externe de ce qui est ; la réalité n'a pas de bord, sauf le présent. Qui est justement cela qui expose toute réalité.

Ce faisant une telle production du monde nouvellement humanisé et du vécu et du relationnel s’est coupée entièrement de tout ce qui le précédait ; subissant une réinterprétation massive et hyper pointue dans tous les domaines ; il s’agit du développement d’une civilisation totale reposant sur sa propre base et sa propre logique, incrustée jusqu’au détail de chacune de nos vies comme de nos organisations. Étant entendu que nous ne demandions pas mieux ; puisque tout cela alimente l’ensemble de toutes les vies individuelles, c’en est le contenu même ; nous possédons une vie personnelle au sens individualiste depuis les années soixante, depuis la démocratisation de la personnalisation (qui évidemment existait auparavant mais surtout réservée à quelques-uns, de par leur statut ou leur subjectivité, l’artiste, l’écrivain, l’originalité de quelque manière).

Pour chacun la réintroduction des équations structurelles dieu, la pensée, le sujet et puis le réel, implique un effort énorme et un détachement ou une bizarrerie ou une étrangeté du moi pour lui-même ; c’est celle-ci que l’on va retrouver avec les existentiels, qui découvrent que l’existence existe « ça existe » ; que l’être est ; que le là est « là » justement.

Et ceci puisque le moi est enfin la plus petite différenciation (le moi n’est plus une nation, ou un peuple, qui fait la révolution, ou un royaume, empire ou tribu, bref n’est plus un groupe ou une représentation ; il est tout-seul, de même que le christ crucifié est tout-seul, soit dit en passant). Aussi le moi est projeté nu, sans rien, sans couverture, face au donné, à l’obscurité « là » du réel qui s’impose d’autant plus qu’il est devenu cet univers hors de proportion, peut-être infini. Et de sa proximité à la nudité du donné tel que « là », il le désigne, le nomme est annonce que le réel Existe.

Ceci n’est pas exclusivement une originalité, puisque déjà le monde et l’humanité crucifie le christ, mais aussi Descartes plante le sujet tel quel comme un clou à la surface du monde donné, qu’il nomme « étendue ». c’est la première considération du donné selon le « là », si l’on excepte l’être des grecs ; mais qui adressaient cet être en tant qu’idée (serait-elle l’atome ou l’énergie, etc, il s’agissait d’une universalisation, raison pour laquelle la technique ne s’envisageait pas). Ici l’étendue est à ce point étrange qu’elle réclame sa mathématisation ; l’objectivité, l’objectivisation (comme procédé et processus) tire sa capacité de l’ontologie du «là », de la distinction d’un sujet et d’un objet (qui réclame son propre cadre, mais alors le sujet exige sa logique spécifique pareillement ; ce qui fut établi par Descartes, Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan, etc, qui sont tous profondément attachés et engagés dans la définition du réel tel qu’il se joue, dans l’historicité par exemple, dans les sciences (Kant), dans la personnalité humaine (Lacan)).

Le face à face absolument cruel existentiel (le réel est tout à fait Autre, il n’obéit pas à la signification humaine, il faut envisager soit qu’il n’ait pas de sens, soit que le sens s’impose bien au-delà de notre réalité commune ou personnelle, que le sens soit un sur-sens, un sens in-fini, une surcapacité inimaginable et en elle-même absolument autre ; ce à quoi on s’attèle ici, de définir d’une part que le sur-sens obéit à bien plus qu’imaginairement, et que d’autre part cette altérité est telle parce que formellement elle est Autre, que donc l’altérité en question repose sur une modification formelle de l’arc de conscience tel qu’exigé par la formulation étrange du réel.

Étrangeté dont la plus totale est dénommée « présent » ; qu’il y ait un « présent » est l’étrangeté des étrangetés.

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