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instants philosophie

Dénouer le réel

27 Mai 2023, 09:00am

Publié par pascal doyelle

Il est inutile de rechercher une unité (de tout ce qui est, tels l’être, le un, le dieu théologique, le sujet monolithique, etc) puisque l’unité de tout est un mouvement ;

Suivant en cela le principe ; le réel est plus grand que lui-même ;

si tel n’était pas le cas, à quoi servirait qu’un réel il y eut ?

Si le réel est un mouvement c’est parce qu’il devient.

Et qu’il est entièrement, intégralement ce devenir. Ça n’est pas quelque chose qui « deviendrait » ; c’est le devenir lui-même qui devient.

Ou donc ; il y a un réel, et ce réel est un présent afin que le possible soit toujours encore plus grand.

Ainsi sortons du dieu théologique, qui reste, aussi extraordinaire soit-il, un copié collé de l’être, de l’être grec, celui de la pensée universelle. Ce qui est très bien, mais insuffisant. Le dieu réel ou en tous cas celui qui s’est révélé (que l’on soit croyant ou pas) crée une soudaine nouvelle possibilité ; celle de l’humanité ; et qui ensuite crée, dans cette création précédente, une encore nouvelle possibilité, et cette fois l’individualisée ; celle du christique qui dé-couvre chacun à lui-même. Ensuite se propage la possibilité de la réunion, à neuf, de tous ceux qui furent séparés, un par un, ce qui rendit possible la révolution ; celle, précisément, de la liberté-égalité-fraternité et qui avance comme telle, en s’annonçant, et afin que chacun soit en charge et que chacun puisse d’abord se réaliser et ensuite se coordonner à tous les autres mais également à chacun. Rendant possible un relationnel tel qu’il n’en fut jamais aucun qui soit plus approfondi.

Ou si l’on préfère ; il existait des communautés, fortement soudées, mais qui n’intégraient pas la séparation individuée, et donc contenaient moins de possibles…

la révolution est cela-même qui augmente de partout les capacités et ainsi démultiplie les réalisations, évidemment, et les possibilités elles-mêmes.

C’est le devenir qui devient.

Quittant toute perspective de religion, de révélation, puisqu’il s’agit de la possibilité même, il se devait que chacun accède à ‘soi’, et ce, évidemment, de par soi même, de par soi seul ; puisqu’un rapport, ce qu’est un je, n’existerait pas sans cette auto-accession.

Voici donc chacun ayant à devenir le je qu’il doit ou peut être ; ce qui est particulièrement vrai au 20éme, dans la seconde moitié, puisqu’alors il n’existe plus que des mois… livrés et atomisés. Ou délivrés et égocentrés.

De même donc que dieu, la pensée (universelle), le sujet (christique perçu d’un seul regard ou cartésien ce regard se perçoit) ou le réel (la révolution, le moi) n’existent pas sans que l’on y soit. Leurs finalités consistant à élever continuellement le niveau, le degré, l’intensité, l’augmentation, l’extension et l’approfondissement des rapports. Rapport à soi (ou à ‘soi’), rapports aux autres et rapport au réel, au possible lui-même ; à la logique ou au sens, à la signification qu’il faut reconnaître dans le réel, comme possibilité radicale ou originelle.

Laissé à lui-même le rapport (cad les internationalisations que l’arc de conscience rend possibles en créant des champs intentionnels) désigne des choses ou des êtres (d’un monde ou d’une communauté par ex) et non les rapports entre les choses et entre les êtres et entre les rapports eux-mêmes (telle la raison), de sorte que ceux-ci parviennent à se manifester, à se représenter et ainsi, introduits dans la représentation, puissent se déployer en tant que rapport (lorsque la pensée ou le sujet entrent dans le champ de représentation, il leur est possible de s’exprimer et donc de s’organiser, de se distancier et donc de se décider, de diverger et donc de créer), par quoi le rapport se désigne nominalement comme je.

Pareillement ou parallèlement, si l’on se demande ce que c’est que la conscience, on dira qu’elle est un rapport. Un rapport à (soi) dans lequel rapport n’est pas rapport à quelque chose ou quelqu’un mais un rapport au rapport lui-même ; il se sait ; ce qui peut se prononcer aussi bien personnellement, singulièrement, qu’universellement, puisque le je est plus grand que l’universel (qui est relatif à un contenu universalisé, la mise en forme de perceptions dans des signes, les mots ou les couleurs ou les lois ou ce que l’on voudra). On ne peut pas avancer au-delà de cette notion, « structure de rapport à soi comme rapport » ; la « conscience » est considérée comme aussi instantanément évidente que l’exister, que l’être ou le néant. Au sens où on ne peut pas dériver « conscience », sinon de précisément cette notion de rapport ; en quoi le réel ou la conscience n’existent que de et par ce mouvement. La conscience est le rapport tel qu’il se rapporte à lui-même, ou donc en tant qu’il est son propre possible ; c’est précisément cela même qui-a-rapport-à-soi qui signifie réellement et effectivement le possible pur ; tel à tout le moins qu’il nous est accessible ; ou autrement dit, on ne sait pas ce qu’il comporte, autorise, ouvre en et par lui-même, si tant est qu’il existe en tant que dimension.

Ou si l’on préfère ; lorsque le rapport se signifie (comme dieu, pensée, sujet ou réel) il déplie le rapport lui-même (par ex il saisit qu’il existe comme je, ou comme réseau intentionnel d’idées, et donc ouvre la perception à de nouveaux champs, ou par la révolution à de nouveaux relationnels) ; c’est la distance prise dans le rapport de structure même qui produit le possible. L’être n’est pas une « idée » seulement, c’est une position qui apporte quantité de rapports d’idées (dont ses avatars, le bien, la pensée de la pensée, le un, qui chaque fois progressent dans le réel même, et ensuite dans les réalités perceptibles, puisque signifiées dorénavant ; l’être est le grand rapport universel et le bien ou le un les possibilités, nouvelles, de ce rapport).

Soit le présent et l’articulation du rapport est simplement fonctionnel (mais alors jusqu’où, c’est ce qui réclame l’analyse depuis 25 ou 30 siècles, ne pouvant pas être pensé abstraitement mais qui doit être intentionnalisé réellement)

soit il est dimensionnel et le présent ex-siste verticalement, est ce par quoi nous disposons ou sommes attirés vers le haut ou vers plus que la réal-isation ; vers la plus grande possibilité possible ou, pour être concret, vers les plus distinctes et difficiles possibilités réalisables, ce qui veut dire actualisables et dont nous sommes, parfois, soudainement investis (pourquoi les révolutionnaires voulurent-ils ce qu’ils décidèrent ? Pourquoi Socrate était-il divin?) ;

puisqu’il est bien certain que dieu et la nation des volontés, la pensée et l’universel et la connaissance, le sujet individuel et ensuite la révolution de structure sont de faits et effectivement les réalisations les plus précises, les plus exactes, les plus concrètes qui se puissent.

Il n’y a aucun mensonge quant l’historicité, la création, la longueur du temps long de l’intentionnalisation, qui véritablement crée, non seulement des œuvres (qui sont structurellement singulières, puisque la singularité est l’exister même, et qui impliquent l’individué extrême de chacun),

mais des instancialisations globales, individuelles et partagées et universalisées, puisque leur « matière » est la structure intentionnelle, cad la conscience (de) chacun. Or il n’est pas de plus grande universalité que l’arc de conscience (qui rend possible tous les concepts, toutes les mathématiques, etc, puisque tous les rapports).

L’ensemble du mouvement consiste à augmenter, intensifier, à élever en bref et plus généralement ou en vérité plus universellement à distinguer ce qui est ou, donc, ce qui devient toujours plus réel. Et en l’occurrence à opérer les distinctivités internes à l’arc de conscience, valant pour chacun, pour autrui et pour tous ; ce qui est un effort considérable puisque l’on ne trouve pas dans le monde, le donné, les immédiatetés, les dites, précieuses, distinctions ; et requis un effort d’abstraction, de réflexion. Étant entendu que l’on ne peut pas distinguer dans « ce qui serait déjà là » ; puisque ces opérations ne naissent que dans l’actualité, de la foi, de la conversion à l’universel, de la transmutation en sujet, de l’historicité révolutionnaire, qui tous montrent ce qui n’est nulle part mais qui ex-siste ; la distinction, la distinctivité consiste à créer. Le Possible signifie le Créé.

La matérialité ou le vivant ou la conscience, ce sont des distinctivités, du Créé, qui se sont structurés selon leurs rapports ; dont chacun estimera en propre si le réel, ce qui veut dire le possible, est une structure divine ou une structure sujet ou un présent qui se-voit, mais dont effectivement on suppose que seul ce qui est «rapport-à-soi comme rapport » peut assumer qu’il y ait un possible, autrement dit une réalité.

La question est ; si « le réel » est cette structure tout à fait formelle (le présent, l’exister, le rapport, le possible qui devient possible, l’arc de conscience comme pur rapport (au rapport)) est-ce ou non la dimension seule existante ? Et si oui, comment se déplie-t-elle ? La matérialité ou l’énergie, le vivant ou le conscient sont-ils pris-dans un dépliage qui se perd, dans la dispersion, ou le pli use-t-il de plis et de replis ? Dans l’articulation du présent, que l’on a reconnu, ou est-il une torsion, qui relativise tous les manifestations d’énergie et de matérialité, du vivant et du conscient ?

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Le moi et son corps

20 Mai 2023, 08:10am

Publié par pascal doyelle

Le moi, cette invention tout à fait spectaculaire et profondément nécessaire et absolument justifiée et multi réalisatrice, est catastrophé, bouleversé, renversé par l’arc de conscience, cette structure intentionnelle, qui n’obéit à rien ni à personne et pas même, surtout pas, au moi lui-même.

Bien que celui-ci s’emploie à tourner et détourner l’antériorité de l’arc ; antériorité non seulement dans la temporalité mais structurelle ; l’arc est constamment antérieur à toute intentionnalisation, qu’il rend possible.

L’arc de conscience crée le champ intentionnel (unique, il est formel et il n’y en a qu’un) qui rend possible de disposer tout le monde donné, des choses et des êtres, en rapports, dénommés signifiants. Les signifiants découpent le champ de perception en champ(s) intentionnel(s), il faut en effet que soit manifestés les distinctions opérées dans la perception, et à l’origine afin que le groupe humain puisse communiquer et se transmettre (entre générations) et forme ainsi quantité de systèmes de signes (systématiques qui admettent la mémorisation, sinon on parlerait et penserait n’importe comment). Ces distinctions ne sont accessibles qu’encadrées par les signifiants ; aussi peut-on passer d’une langue à l’autre, voire d’un langage (mathématique par ex) à l’autre, bien qu’évidemment si existe tel langage, ça n’est pas pour rien et qu’il contient en lui-même des distinctions qui, traduites, perdent leur sens relié (ce qui vaut également pour les langues), et cependant tout à fait généralement puisque toute conscience est donnée-là dans le même monde et toujours en et par un corps vivant dans le même champ de perception immédiat, il est possible de traduire et de saisir la signification. C’est le monde et le corps donnés là qui portent les différents langages et langues.

Il est évident qu’organisé suffisamment, le système commun du langage s’est investi en une multitude de sujets, qui amenèrent dans le « commun » les aperceptions, les expériences, les inventions, les créations telles qu’accessibles uniquement par et pour les je. De là les esthétiques, les éthiques qui purent se déployer.

Or cette technologie inventée par la réalité, le vivant, le monde, qui consiste en une série de rapports distingués, les uns des autres ; est précisément le dit rapport dont on ne sait pas par quel bout le prendre. De là qu’éventuellement on a pu croire que l’universel ou dieu nous possédaient et que nous ne consistions en rien du tout, et qu’à l’inverse le rapport, l’universel, l’arc divin valaient tout contenu et tout contenu, suffisamment relevé, nous poussait bien au-delà de nos capacités ; exigeant. Dieu est exigeant, la pensée est exigeante, et … le rapport à soi est exigeant.

Ce dont se protège le moi.

Tant que la puissance de l’arc de conscience n’est pas désigné, nommé comme tel (et analysé) il s’investit n’importe où et n’importe comment… Aussi est-il signifié comme dieu, universel, sujet et réel. Rappelons que la dite « puissance » signifie « potentialité », et ce à l’état brut ; puisque l’arc de conscience est le seul exemple de rapport que l’on connaisse et que ce « rapport » on a dit que lui seul était susceptible d’équivaloir au Possible (que l’on considère comme la logique, le principe de ce qui est ; tout ce qui est possible, existe, et en un sens absolument spécifique ; c’est le possible qui existe, c’est le possible qui devient ; au sens où le réel est plus grand que lui-même et qu’il n’est aucune autre assignation suffisante au « réel » que « le plus grand possible possible » ; exemples manifestes ; le christique rend possible le possible, dans le regard du divin incarné en un corps, justement, mais également la révolution rend possible « encore plus de société humaine, humaniste universelle puis personnelle individuée » ou que Descartes lâche les sujets un par un, etc).

Parce que voilà bien le problème. Le moi n’admet que difficilement le joug d’un arc de conscience ; qui pourtant origine absolument tous ses contenus, tous ses désirs et objets, toutes ses intentions. Puisque tout ce qui nous apparaît n’existe que par et dans le champ de conscience, intentionnel, de A à Z, du haut en bas, qui coupe le corps vivant tout entier sans reste aucun (ce que décrit Lacan, introduisant, autant le dire, Sartre dans la psychanalyse) ; le signifiant ne laisse aucun reste sauf cet ancrage en quoi consiste la signification, le signifiant de « soi » et qui désigne ce-corps-ci, lequel ne peut pas être repris dans un trajet, un circuit de signifiants ; le corps donné « là », arrête la ligne des signifiants, et s’impose comme l’inconscient lui-même, le « là » qui ne peut pas être parlé, ne peut pas être réintentionnalisé, qui glisse de par son poids dans l’inexprimé, l’inexprimable. Et attire tout l reste ; le signifiant qui n’a pas de reste, se trouve confronté à une masse inatteignable.

Et non seulement. Parce que les intentionnalisations soit elles suivent leur destination structurelle ; dieu, l’universel ou le sujet ; soit elles plient sous le poids, sous le poids du corps, non seulement de son inertie, mais surtout de, ce que Freud à nommer, des pulsions ; le corps, qui est vivant, lance pour ainsi dire ses insufflations en déviant les intentionnalités ‘vers le bas’, vers des finalités immédiates, faibles, limitées puisque désignant des choses, des objets, des réalités qui correspondent à ce corps vivant, s’identifient à ses satisfactions ; et ce d’autant plus que l’intentionnalité permet d’imaginer les dites satisfactions, de les halluciner ; aussi est-ce vers le « bas », vers le monde et vers et dans les limitations, que sont enroulés, bernés, roulés, les signifiants ; le corps vivant s’introduit évidemment dans, entre les signifiants.

Les signifiants qui en eux-mêmes, déjà, n’existent que si ils se répondent les uns les autres (de sorte que le discours continue malgré les interruptions des satisfactions) et qui de plus désignent non plus seulement comme signifiants mais signifiants parce que nés de et par et dans le rapport, dans l’arc de conscience (étant entendu que ce ne sont pas les signifiants qui « créent » la conscience, mais un arc de conscience qui se crée, à tout le moins, dans la cervelle, ou de dieu), ces signifiants parce que relevant de l’arc de conscience signifient vers le retour de cet arc ; le retour de cet arc empli de son exigence, Et retour qui détiendrait enfin une satisfaction qui ne serait pas imaginaire (et donc déceptive, et qui a besoin de retenter son hallucination, en quantité d’objets substitutifs, échappant aux diverses déviances à propos de l’objet, du sujet, ou évitant le manque du manque, cad la dépression et l’angoisse, puisqu’alors le circuit (intentionnel) du désir cesse et nous jette dans le néant, plus d’objets, même déviés, mais également ailleurs plus de désir).

Une satisfaction non imaginaire n’existe pas… on ne peut pas prouver dieu, l’universel, le sujet, la liberté, etc. C’est exclusivement la foi, la conversion (à la pensée), la certitude au moins a priori. D’aucuns ne présupposent pas même la certitude a priori, convaincus que n’existent que les choses, les corps, ou les calculs ou les idées ou les idéologies (qui toutes s’emploient à nier la liberté, le libéralisme la remplace par le désir, et le communisme par le besoin, et l’anarchisme par une version de l’amour fraternel ou du corps et de l’ego repeints angéliquement ou par une providence naturelle ou immédiate, qui s’emploient toutes à se substituer de l’extérieur au corps vivant). Mais la certitude du je n’est nullement adossée à quelque contenu (puisque Descartes les repousse tous en bloc), alors qu’est que le je affirme ? Quel est non le contenu mais la trace, le projet, le tracé, la ligne que dessine le je ?

Dès lors on est renvoyé à l’anti-corps, prétendument, puisque Platon ou le christique, Descartes ou Lacan paraissent négliger le vivant (au profit d’une abstraction). Mais en vérité, et en fait ontologique, notre corps est depuis l’origine remplacé par l’autre-surface-du-corps ; celle couverte de signes. Puisque nous avons un corps et que donc nous ne le sommes pas (sur cette masse profonde, ce poids nous avons réécrit la réalité). C’est ainsi une autre version du corps vivant. La poursuite de la vie sous cette autre formulation, sauf qu’elle est passé du vivant à l’existant.

Qu’il se soit développé, à tel ou tel moment de l’historicité (cad du devenir), développé un commencement de maîtrise (et donc de création) de cette autre-surface (puisque l’on ne voit pas comment contrôler les signes sans en créer de nouveaux, toute conscience, libérée, par le christique ou la philosophie ou l’esthétique, etc, ne peut pas faire un pas, de plus, sans créer), ce redéploiement de surfaces (à profusion) s’impose comme l’impératif-même.

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Pensée de l’être, pensée de l’exister

13 Mai 2023, 08:53am

Publié par pascal doyelle

On comprend bien, relativement, que si notre être n’est pas un être mais un mouvement (qui use les réalités, les choses déterminées) alors il est impératif (kantiennement pour ainsi dire) de préserver cette capacité de mouvement. Ce qui s’éclaire si on maintient que le dit mouvement est un rapport et que donc ce qu’il faut préserver est ce rapport ou la capacité de rapports.

Placer originellement dieu, la pensée, le sujet ou le réel c’est laisser intacte cette capacité de rapports, tout en, cependant, affirmant et délimitant le possible ; afin que le possible demeure encore et toujours possible, et qu’il existe encore du réel accessible ou plus exactement que le réel soit encore accessible.

Dieu, l’être, le je, le réel sont les formules, vides ce qui veut dire formelles, qui ouvrent le réel comme tel. Le réel, le possible.

Soit on entend définir un gros objet qui les enchaîne tous, tous les objets, toutes les choses, tous les êtres.

Soit on admet le sujet et donc le créer. Le créer veut dire que nous sommes libres et que la liberté ne consiste pas à choisir entre ceci et cela (le bien et le mal par ex), mais à inventer.

À inventer quoi ? Le réel.

Le réel est cela même qui ouvre au possible, puisque le réel est le possible. Tout ce qui est possible, existe. (l’être existe autant que le néant, qui n’oppose évidemment rien à l’être, et l’être en tant qu’existence est la réalisation du possible ; le possible étant la distinction des distinctivités ; une détermination n’est telle qu’en sa différence d’avec d’autres déterminations. L’ensemble de la réalité est l’ensemble des réalités distinctes.

La pensée de l’être naît il y a 2500 ans, en Grèce, jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par la pensée du sujet ; la structuration de la pensée de l’être reste évidemment admise, penser c’est comprendre et comprendre c’est organiser, en l’occurrence les concepts.

Elle consiste, on l’a dit, en l’invention d’un réseau intentionnel , d’idées donc, lesquelles ne sont intégrées que d’être pensées, en propre, par le philosophe ; ces idées paraissent tenir toutes seules, tout comme les mathématiques, mais on a vu que le nombre est le rapport à soi de quelque chose ou être que ce soit. Ce rapport à soi forme un, et les uns entrent en calcul. Les idées sont tout à fait réelles, comme les nombres, mais jamais hors de l’articulation par une conscience, qui n’est absolument pas « subjective ».

de même l’église, les églises, catholiques ou non, seront possédées de cet égarement qui consiste à croire que l’effacement de l’individu, son abolition en dieu, est cela même qui est exigé ; sans cela pas de paradis (ou équivalent). Rien n’est moins certain… puisque dans le même temps ces églises prétendront que dieu, le christique particulièrement, nous offre une rencontre « en personnes », et que dieu lui-même est une telle personne, hypostase. Il faudrait savoir. Les églises affirment ou croient que la personne qui rencontre dieu est cet individu dépouillé de toute individualité ou de toute volonté, puisqu’il doit « faire la volonté » du dieu exclusivement ; et ce jusqu’à comprendre que la volonté est « impure » puisque barbouillée de naturalités et de données immédiates ; mais alors qui rencontre qui ?

Tout cela ne va pas, tout cela n’est pas pensé du tout. Les églises, humaines qui se décrètent « infaillibles », ont juste appliqué à dieu le concept, la conceptualisation universelle, grecque, prenant dieu pour l’universel même, ce qui est absurde. Le christique même ne se pense pas comme l’universel de la pensée ; elles ont cru qu’il était possible d’interpréter le sujet christique par la pensée universelle, mais c’est singulièrement court.

La pensée du sujet s’impose de par la liberté, la dite liberté ne consiste pas à choisir seulement (entre le bien ou le mal, le vrai et le faux, etc) mais à créer ; à créer le bien et le vrai (ou le faux et le mal) ; on est sorti depuis longtemps en somme de la description d’un ordre (conceptuel ou réel) pour saisir la possibilité d’inventer du neuf. Que l’on ne dise pas non, c’est ce qui eut lieu. Que sont les siècles qui suivirent sinon l’invention du bien et du mal, du vrai et du faux et en conséquence de créer bien plus de vérités et des biens possibles ; c’est cela qui eut lieu. Et non une quelconque orthodoxie, serait-elle celle des églises, ou plus tard des idéologies ou des idéomanies. Toutes ridicules, et pire, quelconques.

Pourvu que soit respectée l’origine, la structure originelle et que les vérités et les biens possibles n’y contreviennent pas bien sûr, mais encore plus y conduisent, et encore plus augmentent ou intensifient l’enjeu du je, de chacun des je.

Dans le christianisme cela revient ou aurait dû revenir à laisser libre court au saint esprit ; par qui « vous comprendrez ce que vous ne saisissez pas maintenant » dit le christ s’en allant et nous déléguant de devenir ; car oui contrairement à ce que l’on raconte dieu se définit comme « je suis celui qui est en cours d’exister », et non pas une sorte de lune morte et pauvre et inerte et figée. Qui a crû tenir en laisse la course de l’esprit, de l’arc de conscience qui n’a de compte à rendre qu’à l’horizon ? Ce qui veut dire au réel, tel qu’il est non pas « tout est possible » mais le possible même, sa propre loi, mais alors véritablement une loi, et non pas n’importe quoi.

Dit autrement puisque l’on retient la pensée de l’être comme cadre général de toute compréhension possible (hors de laquelle on ne saisirait rien du tout), mais que l’on insiste sur le sujet comme réel et libre, alors au sujet un et libre il faut appliquer le cadre général de la compréhension ; ça n’est pas très compliqué à entendre, tout cela.

Ou dit autrement ; si la pensée du sujet est cela même que nous sommes et que donc nous ne « sommes » pas, déterminés, serait-ce par la « raison », mais que nous existons, dans l’actualité d’un réel qui se Crée, alors la logique de ce qui est, c’est la logique (non de ce qui « est » mais) de ce qui ex-siste ; qui sort de soi.

De où tire-t-on la possibilité ? Non pas de ce que l’on sait ou d’un ordre piteux déjà connu.

D’où la définition que l’on donne du réel ; il est le possible. La question étant non pas ; quel est l’ordre qui préside à la réalité ? Mais jusqu’où le réel peut-il exister ?

Notons bien que « jusqu’où le réel peut-il exister » n’empêche nullement de définir quantité d’ordres internes au mouvement général de l’exister, et que d’autre part et en plus le « jusqu’où le réel peut-il exister » relève ou permet lui-même de définir l’ordre, la cohérence, de ce mouvement, de ce pur mouvement du possible ; puisque si le mouvement est le réel, ça ne veut pas dire que « tout est possible », mais que « le possible existe comme tel » et donc est lui-même redevable d’un système, d’un système qui permet de préciser, détailler, suivre, poursuivre le dit mouvement aussi loin que souhaitable ou possible ; étant entendu que puisque le mouvement est la loi (et alors il est vraiment une Loi, cad non pas n’importe quoi), la pensée du mouvement se met à jour, évidemment, constamment.

Si l’on préfère, l’ordre n’est pas un corpus extérieur dans le je ou dans le réel (où cela se placerait-il ?), mais l’ordre est le je lui-même, l’arc de conscience, ce mini programme si absolument souple, puisque vide, ce qui veut dire formel ; il suffit seulement d’atteindre le je que l’on existe, mais on ne sait comment.

Ça n’est pas bien difficile, puisque c’est précisément ce qui arrive depuis 2500 ans ou 3500 ans (si l’on débute du dieu un tout-autre). Plotin permet de comprendre encore plus que Platon, Hegel encore plus que Plotin, Sartre et Lacan encore plus que Descartes, etc. Ça n’est quand même pas une nouveauté… que cette loi interne de la compréhension.

On ne comprend pas que depuis (au moins) Descartes nous sommes passés d’une pensée de l’être à une pensée du sujet. D’une part et que cette pensée du sujet n’est nullement une pensée de la « subjectivité » d’autre part. Ni Descartes, pas plus que Kant ou Hegel ou Husserl ou Sartre ne se réfugient dans un subjectivisme. Mais au contraire imposent que le sujet est vraiment cela même qui doit être pensé. Et qu’en vérité l’ancienne pensée de l’être doit être soumise aux acquisitions nouvelles, aux progressions extraordinaires et aux nouvelles contraintes, parce que justement en passant de l’idéal idéel, de la pensée métaphysique de l’être (ou du dieu théologique) au réel effectivement actif ici et maintenant, on avance dans la véridicité.

Et c’est d’autant moins un subjectivisme que dix, cent, mille inventeurs de possibles nous le dé-montrent effectivement. On en détient objectivement et donc hyper objectivement les preuves manifestes, puisqu’ils nous manifestent les vérités, les biens possibles, les esthétiques, les littératures, les révolutions, les sciences elles-mêmes, tout cela attend toujours et encore de devenir, de même les mathématiques, qui ne sont pas terminées du tout, pourquoi le seraient-elles? Et l’ignore-t-on depuis le 19éme ? Non.

Une pensée qui croirait éliminer le sujet en l’absorbant (ou en simulant un aspect « scientifique » de sa démarche philosophique, ce qui n’a pas grand sens et frise souvent le ridicule ; la philosophie est la philosophie, la science est les sciences, et nulle part il n’existe « la science » mais seulement des sciences adaptées à tel ou tel objet propre),

une pensée qui absorberait le sujet est une métaphysique figée. Une version appauvrie de l’universel grec, qui, lui, inventait, créait.

On aurait beau dire que l’être prendrait l’apparence de « la vie », ou « la volonté » ou « la société »ou « la multiplicité », rien n’y ferait ; ce serait de purs fétiches qui ne permettent pas d’aborder la question même ; qu’il existe un sujet et qu’il faut le saisir à même sa vivacité. Soit donc Husserl, Sartre ou Lacan.

Ou encore Kant et Hegel à la suite de Descartes, ou sur un autre registre plus mitigé Nietzsche ou Heidegger selon leur manière d’absolutisation, d’imaginaire presque ; de même que les élans d’absolu des allemands Fichte ou Schelling, ne parviennent pas comme Rousseau (ou Montesquieu) à influer sur l’historicité même de l’humanité ; rappelons que Robespierre et Napoléon étaient des ‘fans’ de Rousseau, et créèrent l’État moderne, qui se retrouve dorénavant sur toute la planète. Les allemands ne se sont jamais remis que ce soit ces idiots de français, dépourvus de toute métaphysique, qui modifièrent l’histoire. c(est qu’il ne s’agit plus de métaphysique (de la pensée de l’être).

Ou donc l’absolu s’est déplacé, déplacé à la surface du réel pour ainsi dire. Il existe dorénavant dans l’articulation de conscience.

Le plus stupéfiant est que grosso modo, beaucoup en soient encore restés à la pensée de l’être ; comme si la réalité déployait un ordre, antérieur ou supérieur ou surplombant, alors que même l’univers, ce que l’on nomme tel, s’est avéré en tant qu’histoire inventive et devenir… et alors même que l’historie humaine s’est révélée comme créatrice ; il n’est plus depuis longtemps une vision unique du « beau » mais quantité de performances objectivement différentes qui se proposent comme résolutions distinctes de la perception, de l’affect, etc. Depuis qu’il ne s’agit plus de « lhomme » en général, quantité d’individualisations des aperceptions de « soi ».

or la raison, le bien, le beau, le vrai obéissent à l’universalisation restrictive ; tandis que l’on a assisté à une universalisation étendue au-dedans du corps, soit donc le je, depuis Descartes (qui manifeste ce déplacement dit ontologique, mais évidemment ne le crée pas, il le constate et donc le manifeste et le propage de ce manifeste-même ; la méthode, et le doute et le cogito, est un manifeste) ; cette extensivité signifie ceci ; le réel est non seulement ce qui évidemment est donné là, déjà, déjà réalisé, mais également ce qui est créé. Le Créé c’est précisément ce qui distingue dieu de la pensée, le sujet de la raison, la liberté de la moralité ; notons bien ceci ; il existe véritablement une logique de, des libertés ; une logique qui veut qu’elle n’entre pas en contradiction avec elle-même, en ce qu’une attitude ne peut pas renier son originel ; mais hors cela il existe quantité de « morales » diverses et qui n’entrent pas en concurrence et qui vivent parfaitement les unes et les autres ; on nomme la logique générale des libertés tel un cadre, encore plus universel que l’universel abstrait ; la révolution n’impose pas un corpus quelconque mais que chacun soit son jugement, sa décision, son projet, son intention, son possible en un mot. Le cadre universel du jeu des libertés entre elles et chacun vis-à-vis de soi, lequel est incoercible, et livre chacun à ses propres choix d’une part et surtout fondamentalement à sa propre invention d’autre part. Ce qui eut lieu.

Dit autrement le dieu théologique crée une fois et puis c’est tout. Mais le dieu des textes est un continuel créateur et non seulement il engage l’humain à continuer de créer ; non pas de continuer la création, mais de renouveler celle-ci, de continuer le créé, de s’imparer de l’opération de Créer.

On a dit que le Créer est l’opération formelle absolue ; elle crée le réel même, crée non seulement le possible, mais la Possibilité. Ce qui veut dire antérieurement au réel, principe du réel.

Pareillement si on n’avait aucune idée de dieu ou de la pensée grecque avant que ceux-ci paraissent, de même avant que se prononce le je, qui pourtant devint la norme, la règle, la loi. Aucune humanisation qui ne puisse en passer par le je et donc le je de chacun ; le je est inimitable ; rien ne peut se substituer au rapport que chacun existe.

La question qui a remplacé toutes les autres ; pourquoi le réel s’institue-t-il par les je ? Puisque si la liberté est toujours plus grande que la raison, et que l’on admet ici que la liberté est plus grande en cohérence que la seule raison, alors l’inimitabilité de la liberté signifie la création. Ou donc ; la création est plus réelle (plus étendue) que la pensée (de raison ou selon l’être) ; ce qui veut dire que la raison fait, entre autre, partie de la création généralisée.

On a vu la logique spécifique de cette étendue de la liberté, en ceci qu’elle rend possible tous les rapports possibles. Et le possible est la logique de ce qui est réel.

En tout ceci bien moins d’abstractions que durant la pensée de l’être (ou selon l’être, si on préfère) ; puisque ce qui est toujours, toujours, signifié ce sont des rapports de ce rapport qu’est la liberté ou arc de conscience ; lorsque le christique désigne autrui comme logique de l’humanisation, il non seulement entre mais ouvre dans le concret même ; ce qui eut lieu. « ce qui eut lieu » veut dire « c’est cela qui a créé tout ce qui suivra ». Dont l’énorme liberté-égalité-fraternité, qui invalide toutes les utopies (qui seraient fondée sur une « nature humaine » et donc l’adéquation de la pensée que l’on en a à sa réalisation effective) autant que les dictatures. Si ça n’est pas (seulement) une nature humaine (qui par ailleurs est de fait, mais non pas toute notre existence), c’est que le règne des fins, le royaume, la société libre des individus ne peut pas se réaliser sans eux … sans qu’ils aient d’eux-mêmes et par eux-mêmes déployé leurs intentions, un par un et tous ensemble.

Le but de penser est ainsi devenu la mise en place des catégories non plus seulement de l’être (mais également de l’être) mais des catégories exposant un tel « sujet » bien au-delà du subjectif et de l’objectif ; cette logique est nommée celle de l’exister, puisque ces sujets existent de plain pied dans le réel (de leur projet, décision, intention, création, etc). C’est le mouvement qui doit être pensé et en tant qu’il se pense ou se représente ou s’expérimente il Crée le cheminement lui-même, ce qui veut dire qu’il crée le réel.

Aussi est-ce bien de l’exister, en tant qu’il est plus grand que l’être, en ceci que l’exister est le présent ; il existe un présent afin qu’il se crée, en lui et par lui, un plus grand réel.

Sur quoi l’on reviendra.

Rappelons ; la question est de décrire l’arc de conscience arc-bouté à l’arc du présent, en tant que l’un comme l’autre articulent le possible.

Et le moyen pour rechercher et valider cette articulation est le rapport ou le concept de rapport.

Dont personne ne voit le bout. On se situe d’un côté ou de l’autre mais jamais des deux à la fois.

Par exemple dieu est le grand rapport, ou les mathématiques (et le nombre) sont des rapports, ou la pensée ou le langage sont des systèmes de rapports. Si l’on dit dieu ou l’être ou l’esprit ou la liberté sont des grands rapports, c’est qu’ils rendent possibles ou introduisent quantité d’autres rapports.

On ne dit pas seulement « il y a un sujet et ensuite des discours ». On dit « il y a un sujet, parce que le sujet est, évidemment, plus grand que tous les discours ». et ainsi le sujet est la structure même du réel, de fait, par constatation, et d’autre part puisque le dit sujet est un rapport et que le rapport est cela même et cela seul qui puisse admettre, supporter, insister sur le Possible ; le possible est la règle même de « ce qui est ».

admettant donc un discours qui prenne en compte le possible même, ce qui, si l’on y réfléchit, est identique à ce que la philosophie a toujours promu ; la précompréhension, sauf qu’en régime métaphysique c’est autour de notions, d’idées, l’être, le bien, le un, etc, mais que depuis Descartes il existe un réel plus grand que celui des notions ; non pas de telle sorte que l’on puisse dès lors contourner le discours systématique cohérent, mais bien l’inverse ; qu’un discours admissible doit comporter en lui le sujet et qu’il soit suffisamment organisé, ordonné, suffisamment transparent et compréhensible, selon ses propres évidences, à savoir l’arc de conscience en tant que rapport(s).

Ce qui n’a rien d’excessif  (certains paraissent découvrir la lune) mais le sujet est installé depuis Descartes ; puisque c’est précisément la volonté de Kant d’élaborer une méta-philosophie, de même Hegel, une méta-pensée, et puis de continuer cette phénoménologie de la conscience, Husserl, et ensuite de tenter d’inscrire cet être nouveau, le sujet, la conscience, cette volonté dans la « réalité » elle aussi nouvelle (Bergson, Nietzsche, Heidegger ou Schopenhauer, etc, dont chacun donnera à cette « réalité » telle ou telle saveur ontologique, suivant en cela le réel, la réalisation, de l’humanisme puis du personnalisme, des sciences et des technologies, de la révolution et de toutes les intentions collectives et individuelles) et enfin d’attirer le réel spécifique en tant que sujet, tel quel ; Sartre et Lacan. Qui formulent les plus complètes analytiques (ontologiques) du je que l’on connaisse. On pense par-dessus la pensée métaphysique parce que le sujet, le je s’instruit ici même et maintenant et que donc la tension du réel n’est plus dans le ciel idéal idéel, et « ontologie » désigne l’acte, l’activité, le devenir, le possible tel qu’ici même.

Et « ici même » est le sens du possible, de « ce qui arrive dans le réel en tant que présent » ; il y a un présent afin que quelque réel arrive, mais si arrive ce réel alors il est hyper essentiel, il devient encore-plus-grand, sinon quel intérêt ?

Si dans la pensée métaphysique l’être (ou le dieu théologique) demeurent éternellement ce qu’ils sont, leur idée, dans l’ontologie d’existence c’est le réel qui se modifie, en ce que le possible est plus grand à terme qu’initialement. Puisque c’est bel et bien « celui qui est en cours d’exister » ou le sujet qui réalise ici même et maintenant une unité, et une lecture, manifeste, exposée.

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Le déploiement et la chute

6 Mai 2023, 09:04am

Publié par pascal doyelle

Il y a un être, qui n’est pas un être, et qui ne réside pas dans le monde, mais sur le Bord du monde ; à savoir qui naît de son propre effort et de ce fait dans le présent ; dans le présent il s’actualise ; puisqu’il existe en tant que rapport et qu’un rapport est en acte, ou pas. Et donc dépend de l’actualisation de son acte.

Cet être, l’arc de conscience de (soi), n’existe, n’apparaît que de se percevoir ; il dit je ou il dit dieu ou pensée ou réel. Et de manière générale il se signifie ; lors même que sa représentation serait le groupe lui-même.

Les choses et les êtres sont réels, mais ils l’ignorent. Pour le savoir, que l’on est réel, il faut se Voir à partir de l’horizon ; non pas saisir qu’il existe un horizon mais se voir à-partir-de, à partir de cet horizon ; c’est parce que l’on se perçoit à partir de l’horizon que, par ailleurs, l’on sait qu’il y a un horizon, ou que l’on sait que l’on sait ou que l’on a conscience de, plus loin, (soi) ; la connaissance est relative à un arc qui n’est pas seulement connaissance mais manifestation ; d’un signe, un mot ou un trait ou une couleur ou une loi, il manifeste et fait exister, à ses yeux et dans le fait même de cette exhibition, un réel, cad un possible ; parce que signifier ça n’est pas seulement se couler dans un donné là, mais bien que ce signe crée un réel, perçu, qui n’y était pas ; le signe est spécifiquement adapté à cette exhibition du possible, qui fouille ou étend la perception, mais bien plus crée cette perception ; et au final une œuvre ou une règle de droit ou un concept font voir un possible, aussi toute découpe, par des signifiants, ajoute à la réalité. C’est pour cela que dès que l’on nomme on crée une possibilité (qui ne préexistait pas), et que l’on ne cesse pas de produire du neuf. Tout le temps.

C’est bien pour cela que l’on ne tombe jamais d’accord ; depuis que la structure a pris le devant de la scène, les contenus se situent au second plan. Remarquons que, cependant, ça n’a pas empêché du tout, que nous ayons créé un cadre général des libertés, de chacun en tant que libre ; ou donc il existe un organisationnel qui se donne à lui-même un cadre objectif et même hyper objectif puisqu’il permet l’existence et le déploiement de toute subjectivité (pourvu que ce développement ne nuise pas à quelque subjectivité que ce soit, ne contredise pas l’originelle capacité de chacun, la source du possible même). De plus ce cadre absolu, ce qui veut dire formel, que l’on a nommé « démocratie » mais qui ne tient pas limitativement dans un débat démocratique (bien que réel et effectif), mais du libre jeu de tous et de chacun, dans le respect de l’un par l’autre et dans le respect de tous ; de l’intérêt commun, général, de la volonté générale, de l’organisation et ce d’après les principes de liberté Et d’égalité, ce qui cause évidemment de difficiles problématiques, quant à la mise en place d’une coordination de chacun et de tous et quant à la redistribution d’une solidarité, sans laquelle l’ensemble resterait abstrait ; ce cadre formel donc ne consiste pas en une raison ou rationalité, un « ordre » défini on ne sait comment, mais bien en le jugement, la liberté et les capacités de chacun et bien plus encore du créé. Du créé de chacun.

On remarquera de plus que ce cadre général des libertés (bien assuré dans une constitutionnalité et des institutions, qui fonctionnent selon diverses variations dans le monde) ne privilégie aucun sens sinon l’assurance de cette liberté et les moyens de leur déploiement ; aussi le sens (de la vie) est-il ramené, ce qui pose problème, à ce réalisme de toutes les vies vécues, et à ce naturalisme, vitalisme, qui prît la représentation générale, universelle des « désirs ». Supposément il existerait une « nature humaine » qui se dirige essentiellement vers la satisfaction et tenant d’une finalité dans et pour le « bonheur », le progrès, la libération des nécessités et, surprise, le laisser-aller de tous les désirs, soit donc ce que l’on a nommé le règne de toutes les intentionnalités, de tous les projets humains et humanisés et humanisateurs, ce qui signifie projets universel de personnalisation(s).

On considère de manière générale que toute l’expérimentation est acquise au fur et à mesure, sans s’arrêter aux divergences ni même aux contradictions (entre les idées ou les systèmes ou les périodes de l’historicité globale), puisque « le-réel » est admis comme « rapport ». Ainsi dieu, la pensée, le sujet ou le réel situe ledit rapport à chaque fois et il est intérieur, interne à l’idée même de « rapport » qu’il ne soit en aucun contenu de départ ou aucun contenu acquis, puisqu’il est non ceci ou cela, mais le mouvement lui-même ; et ce d’autant plus que malgré toutes les divergences, il existe globalement une « rationalité » ou plus véritablement et plus largement une forme de « conscience de soi » tout à fait admise et même propagée ; durant des siècles par la littérature et même auparavant encore plus avant par le christianisme et au bord de l’antiquité par ces « soucis de soi » qui apparurent, de manière indéniable, et y compris par la pensée qui ne pense qu’individuée. Les esthétiques et les poétiques pourraient, outre leurs finalités spécifiques, être situées comme procédés ou procédures d’embrayages en tous sens possibles de cette individualisation. Que dire alors des mass et micro médiatisations du 19éme et 20éme et 21éme ?

Ce qui implique dans tous les cas un ressenti de soi absolument approfondi et finalement très étrange, totalement implicatif, et littéralement, une épreuve, pour chacun.

Ou donc une « démocratie » (ou ce que l’on entend par là et qui est probablement plus étendu que le seul concept de démocratie politique) repose avant tout sur des individualités ayant reçu en héritage une très forte « individualisation ». Une intensification de ce ‘rapport à soi ‘ en quoi chacun consiste, en quoi nous consistons, et ce dans un rapport à l’autre soi, qui précisément nous sortant de la seule liberté (solipsiste) a dès le début introduit cette individualité par le christique immédiatement lié à autrui.

Il n’est ici aucun doute que depuis le début, cad dieu, d’il y a 3500 ans, on parvient très précisément à situer le réel et son articulation. Parce que cette articulation dépouillée de tel ou tel monde, ancien, cyclique, qui enfermait dans une représentation parce que le langage constituait le Trésor même, ce qu’il ne faut pas perdre et doit être répété très rigoureusement entre les vivants et entre les générations (et les vivants et les morts) – rigueur répétitive qui assure la survie, ni plus ni moins, du groupe, lequel est la vérité, fait office de véridicité -

cette articulation, libérée, déploie son possible en propre ; dieu, la pensée (le monde donné là, l’être), le christique (le corps de chacun/dans ce monde donné là unique qui reprend toute la pensée, esthétiques, etc, grecques), le sujet (cartésien jusque Lacan, l’accès au sujet par le je), le réel (la révolution et l’intentionnalité totale, le « là » de l’existence/exister).

Cette articulation qui vient-sur-le-devant de la scène, qui se représente donc, et qui, se représentant, commence d’influer (le christianisme par ex, ou l’esprit de « révolution » en France ou les années soixante) d’influer puis d’agir, de décider, d’organiser ; et ce bien qu’il sache et ne sache pas à la fois ce qu’il veut, comme les créateurs qui suivront, comme les révolutionnaires qui inventent au fur et à mesure, et parfois avec déchaînement de violence, comme on « veut » soudainement tomber-amoureux (le veut-on ? Qui veut alors? L’autre côté du rapport, que l’on ne voit pas mais qui nous voit).

L’articulation en conscience, en rapport donc, acte de fait y compris les mathématiques ; le « sujet » est la plus grande cohérence possible, et donc les contient toutes.

Cette articulation donc devient son propre chemin et commence de structurer et s’impose en fait comme sortie de tout monde cyclique (ou en équilibre, comme les royautés dépendant de la justesse du roi), mais également et bien plus crée qu’il y ait « historicité » et l’ensemble de l’historicité, de toute subjectivité, et de toutes les objectivités, puisqu’alors chacun devient possiblement et de fait littéralement la capacité des possibles ; qui sont Créés de, par et pour l’individualité même ; de l’individualité ne veut pas dire du solipsisme, mais de l’ensemble des intentionnalités, y compris du relationnel, de l’humanisation qui est de fait originellement et significativement la source de la réalisation, de la réal-isation, lors même que l’égoïsme puis l’égocentrisme (soit donc respectivement le psychologique puis le psychique) se déployèrent très tardivement. Psychologique puis psychique, et psychique puisque le basculement se démocratise, justement, aux années soixante, et qu’il va chercher le pulsionnel dans les corps eux-mêmes.

Évidemment cette réal-isation (c’est pour cela que l’on y insiste) est profondément une blessure (d’abord un enthousiasme puis une blessure) de cette humanisation même, qui nourrira l’esprit révolutionnaire, mais aussi la blessure atteignant chacun dans sa vie vécue elle-même, dont, généralement, on ne se remet pas ; de là que le psychisme vint à déborder le psychologique, le fantasme la volonté, la pulsion l’intentionnel. Le fantasmatique (l’image) ne peut pas combler la coupure du signifiant dans un corps-vivant ; il faut que cette coupure même soit élaborée et non pas une couture, une soudure parce qu’une chose déterminée (objets ou images ni même autrui) ne peut pas remplacer une structure intentionnelle. Ni autrui parce que l’alter ego est en miroir… tel une image encore, et en rivalité de plus (Sartre et Lacan).

Et que la réal-isation de tous les projets humains (dans le temps même de leur réussite, tellement avérée, de fait) est aussi un égarement, puisque tout étant vécu, éprouvé, effectivement ou fantasmatiquement, il ne reste que le « rien », le vide, ou si l’on préfère la forme structurelle de (soi). Et cet étrange désespoir (qui nous revient de la réussite même de toutes les performances subjectives ou objectives ; en ce que « ça n’est pas ça ») peut conduire dans d’obscures dérives, et l’envahissement de la noirceur, de ténèbres, de la terreur, de l’inhumanité de l’humain ou de l’inhumanité de cet univers ; et il y a peu, dans le même temps Descartes prononce le je et Pascal le moi (que le silence des espaces infinis effraie). Les versions et variantes noires et, parfois, délirantes (ou destructrices) en profusion.

Ce qui veut dire que l’ampleur de notre être ne tient pas à une satisfaction ou insatisfaction (qui seraient des parties de monde ou de vie ou de corps, et qui sont fantasmées joliment le plus souvent, heureusement, ou horriblement dans la confrontation), et doit être repris dans le réel d’une structure qui développe cette architecture de l’intentionnalité, cette architecture de la séparation tenue comme vraie, réelle et originelle ; il existe une réalité parce que le réel est un processus de distinction.

On évoquera les névroses, psychoses, perversions diverses et variées, borderlines et dépressions, autant de « moyens », autant de feuilletages de l’unité (ou la désunité) psychologique et psychique du moi, et en somme d’inventions, prolifiques, du moi, de cheminements du moi dans son a-finalité structurelle (seul le je découvre des finalités structurelles, dieu, pensée, sujet, réel et toutes les réal-isations, dans les différents domaines, esthétiques, politiques, etc).

Le moi peut évidemment par ailleurs parvenir à une régulation, une régularité, un équilibre, une humanisation et une personnalisation satisfaisante, et probablement une sagesse tout à fait humaniste. Mais le fantasme, le fantasmatique (personnel ou représentatif généralement) est « de la détermination » (puisqu’il prétend que les finalités sont en direction du monde, de la vie, du corps) et en tant que détermination il s’effiloche, se mélange, se disperse, s’oublie, se mutile, parce qu’il ne peut pas se renouveler vers le encore-plus-haut, mais tombe, systématiquement. Et que dit-on du dieu unique un-tout-autre ; qu’il ne délaisse pas ceux qu’il a choisi, « son bras ne faiblit pas ». Ou si l’on préfère ; comme le je cartésien ne passe pas dans la connaissance (n’étant pas métaphysique mais ontologique, cad réel) ce sujet ne s’épuise pas dans un « connu » et ne subit pas la dégradation du déterminé.

De tout ce qui arrive de déprimant au moi, mass et micro médiatisations ont tôt fait de le mener à partir de son fantasme (de vie vécue, de corps, d’image, de désir ou de projet, très jolis) à leur transmutation en im-monde, ou le langage et la parole en communication, ou l’imaginaire en dérision, ou l’objet en échange et donc en dette.

Le fantasme en lui-même est très bien, puisqu’il rend possible les désirs qui poussent à échapper au fantasme absolu de la jouissance horrible (cad hallucinée qui confond celui qui désire et l’objet de désir, jusqu’à la disparition, cad la fin du rapport entre l’un et l’autre), mais qui dérive bientôt en agitation, agitation jusqu’à l’épuisement des mois (qui n’existent qu’en tant que tension, qui terminent en dépression justement, outre qu’ils, ces mois, épuisent le monde et termine tout ce qui existe, tout ce qui vit).

Que le moi cherche à résoudre l’équation par le moyen même dont il se crée, alors qu’évidemment il devrait outrepasser son être (qui est un empilement ou au mieux un bricolage, qui désirerait un sens unificateur), et que ce dépassement, étant constitutivement libre et créé, ne peut venir que de sa propre intuition de structure ; laquelle ne se fonde pas dans l’être (empilement psychologique ou, version marchande, accumulation d’objets, ou psychique fantasmatique, ou concept de raison ou connaissance objective ou imaginaire subjectif)

mais outrepassement qui se décide dans l’actualité de l’existence, l’exister, l’actualité qui se crée, la conversion ; à ce que l’on veut qui soit élevé, vers le haut ; on découvre la poésie ou dieu, la pensée et l’universel, le sujet et le réel qui ne sont pas « du-monde », parce qu’ils sont le mouvement qui entoure le monde, la vie vécue et le corps. C’est bien pour cela qu’ils y inter-viennent. On ne sait de « où » puisqu’ils ne sont pas dans le monde, et ni dans la vie vécue et pas plus dans le corps mais dans leur perception à partir du dehors, dans la significativité à partir du tout-au-bout, à partir du possible-même.

Il est un effondrement intérieur de la structure intentionnelle parce que effondrement de l’ambition qui entendait réaliser et réussir le monde humain / le bonheur de la vie vécue / la plénitude du corps.

Et c’est un effondrement que l’interprétation selon la réussite, le bonheur et la plénitude on ne peut pas comprendre et auquel effondrement on ne peut pas remédier par ces moyens-là.

Dit autrement ; nous sommes incapables de relever les challenges écologiques parce que nous fonctionnons selon le fantasme et non pas la raison ; nous méconnaissons totalement les enjeux du réel, en l’occurrence de la survie éventuelle tout comme Lacan révèle comme la rationalité n’est qu’un espace limité dans la puissance imaginaire, ou comme le conscient est noyé dans l’inconscient. Le signifiant ordonné est débordé par l’océan de signifiants (la suite désordonné, l’agitation des signifiants, qui nous perdent).

Sauf de remonter à ce qui rend possible les signifiants ; l’intentionnalité, soit l’arc de conscience.

Qui est dans l’antériorité du monde, du vécu et du corps, soit donc dans le présent (le présent étant le Bord du monde).

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