Champ d’élaboration du réel
Attention, intention, intentionnalité. Intentionnel métaphysique et intentionnel ontologique.
Il s’agit donc, tout généralement, de prendre les positions extrêmes, voire extrémistes, et de les considérer telles quelles, et pour argent comptant, étant entendu qu’alors il sera nécessaire de réinterpréter non pas leurs finalités mais leurs moyens ; dieu, la pensée, le sujet et l’altérité ; on ne décidera pas si il faut croire en dieu ou que le sujet obtient une vision de l’altérité (de l’horreur de l’existence par ex), mais on suivra toutes les descriptions, qui sont des expérimentations, admettant que le christ ou les chrétiens, les musulmans ou Mahomet, Descartes ou Kant, les révolutionnaires ou les réactionnaires, Nietzsche ou Lacan ne sont pas plus stupides et aveugles que quiconque et qu’ainsi ils disent, ils expriment ce qu’ils voient.
On a donc dieu et la nation (juive ou musulmane, ce qui est logique si l’on comprend que dieu signifie l’intentionnalité existant avant toute réalité, et donc faisant appel à chacun dans son intention et formant une nation ; ça n’est pas un monde donné là, dont on serait naturellement maya ou égyptien par essence), l’être et la pensée et le monde unique universel (grec), le christique, le corps et le sujet et la révolution (de Descartes à Lacan, il y a révolution parce qu’il y a un sujet et des sujets), l’altérité (les sciences, les théories dites « idéologiques », la densité de la médiation, via la médiatisation énormissime du 20éme, médiatisation qui nous permet d’accéder à notre corps, au corps de notre moi, et constitue donc une médiation, un moyen-de).
Depuis que la révolution a posé le cadre général de toute humanisation, sur la base de l’universalisation, chacun se retrouve avec son corps et son vécu, et le monde tel que donné là. Ce qui nous donne Sartre et Lacan comme descripteurs de cette expérience absolue, cad formelle, de chaque-conscience-posée-sur-le-donné-là (le monde, l’existence, le vécu, le corps, etc). Et un description formelle de l’attention, de l’intention et de l’intentionnalité ; Sartre pense, examine, analyse l’externe de cet arc de conscience (autrui, le monde, les choses, les autres, l’historicité, etc), et Lacan analysant au plus précisément possible l’articulation de l’arc sur et dans et par un corps, qui produit un in-conscient, puisque ni Sartre ni Lacan ne présentent l’arc de conscience comme un contenu (un moi opposé au non-moi par ex), et donc l’in-conscient ne s’oppose pas à l’arc de conscience (la forme sans contenu) mais juste le conscience/l’inconscient ; ce qui est tout différent et ouvre la voie au corps ; de là qu’il y ait une autre-surface du corps (créé par l‘intentionnalité qui revient du monde, des autres, etc, vers ce-corps-çi), surface sur laquelle il s’écrit et il s’écrit par des signes, ce qui veut dire des intentionnalisations (un signe est un rapport et l’arc de conscience, qui n’a pas de contenu attitré, est un rapport, le rapport qui fait-retour entre cervelle/réel).
Chacun est apparemment assigné par son identité ; selon le monde humanisé habituel vous êtes censé être celui que vous êtes ; mais auparavant, dans l’alliance avec dieu ou dans la foi en jésus ou dans la conversion dans la pensée universelle, ou la distance soudaine existentielle et réflexive, votre activité, votre décision, votre intention étaient exigées et ce afin que vous deveniez un autre que vous n’êtes pas (dieu demande au monde de devenir et non pas d’être cycliquement ou éternellement ce qu’il est), mais si vous n’êtes que « celui-ci que vous êtes », il semble logiquement de croire que durant votre vie se déroulera votre identité, que dans le monde, parmi les autres vous réaliserez votre « destinée » ; de là les résurgences magiques ou occultes ou illusoires, de même que les rêveries et les imaginations, qui se tirent finalement du monde, lorsque ça n’est pas des autres.
À l’inverse dieu, la pensée, le sujet ou l’altérité brisent net cet être-là, ce pataugeant être-là, qui tourne, tourne en rond. Si il ne vous arrive rien, ne vous plaignez pas, c’est de votre faute ; vous n’avez pas suivi l’Exigence du réel. Ils lancèrent la brutale verticalité. Mais au moins, soudainement, des révélations en nombre.
Au lieu de cela, les longues plaintes et les désespoirs de ceux qui pleurent de n’être que cela, un corps-langage ou un moi-autrui ou une cervelle-pulsionnelle ou une vie-appauvrie ; plus rien de décidé et de voulu, l’incapacité de se tenir et de s’y tenir ; il ne reste plus que l’empire des signes et des pulsions. Et de plus c’est bien ce que haïssent les contemporains, qu’on leur dise qu’ils doivent se transcender. C’est pour eux une insulte à leur pseudo ontologie, réaliste, prétendument, naturaliste, rationaliste, un donné-là en lequel ils placent la plus grande vérité, dans une essence individuelle personnalisée, dont en vérité ils ne voient pas le bout, puisqu’elle se divise dans le vécu et le monde et le corps, et une transcendance reçut comme une insulte envers ce qu’ils considèrent comme leur identité, leur désir le plus personnel et personnalisant (selon les milliers de pseudo-signes que leur procure l’idéologie de l’économie comme idéologie du corps, du pulsionnel, surgissement vitaliste d’une pseudo-vérité donnée là).
Ils ont raison en ceci que l’on se devait d’obtenir un corps et une vie séparément individuée, et individuelle, reconnue par la société humaine mais cette obtention d’une distinction de chacun et par tous et de tous, afin qu’elle soit outrepassée, qu’elle soit outrepassée par son propre développement. De même le bonheur, mais afin que l’on puisse s’atteler à quelque chose de plus fondamental (au lieu de laisser perdurer l’empire aveugle des nécessités, du nécessitarisme économique, qui prolétarise et esclavagise tout ce qui est ; par l’économie on laisse perdurer la nécessité, alors que technologiquement on s’est émancipé depuis longtemps des raretés). On a laissé se développer et s’imposer et s’installer la pseudo réalité d’un nécessitarisme qui permît que perdure l’empire de l’enchainement des choses, des objets et des êtres au mal, à la pauvre petite intentionnalité vulgaire, prétentieuse, piteuse, les minables tactiques des egos caricaturaux, d’une espèce vivante abominée et lâche.
L’arc de conscience planté dans les mois, les torture, certes ; puisque c’est un arc il sort de la cervelle, tombe dans le monde et revient chargé, en créant une autre-surface du corps, qui portera les signes, mais plutôt que de livrer l’arc de conscience au corps, cad de plier les intentionnalités vers la satisfaction (devenue satisfaction rêvée, imaginée, du fait de l’autre-surface), la satisfaction du corps (aboutissant à d‘invraisemblables réalisation de pulsions toutes plus idiotes les unes que les autres), il ne vient que rarement à l’esprit de ces arcs que la structure de leur conscience devait, aurait du, pouvait, était en mesure de s’arcbouter sur l’architecture du réel et non pas plonger, s’immerger dans la masse et l’épaisseur du monde ; on a désigné comme aiguille de vérité la satisfaction (du corps, de quoi d’autre ?) alors que l’aiguille de structure signifiait l’in-satisfaction ; rien de ce qui est dans le monde, ne peut atteindre la structure (et donc également la satisfaire, c’est autre chose autrement qui la maintient dans l’insatisfaction réelle, qui seule vaut la peine) sauf si elle croit au monde, au monde comme horizon ultime. Or le monde est au-dedans de l’horizon, mais non pas que l’horizon appartienne au monde ; comme l’horizon n’apparait pas (mais recule indéfiniment) on en fait une limite du monde donné alors qu’il est le Bord ouvert sur l’autre dimension.
Et quoi que l’on fasse, pense, imagine, désire ou décide, c’est de ce Bord. Nous sommes astreint à l’exigence, structurellement, dans le champ de perception même (qui est tout ce qui nous arrive, absolument tout, sur, vers, par l’autre-surface du corps, qui rompt l’unité du vivant que nous sommes par ailleurs) et on ne peut pas y échapper ; on ne peut que le représenter ou plus exactement le signifier ; on le signifie, de manière générale, mais on le représente de manière particulière à chaque fois ; on ne peut que prendre une partie de monde (du vécu ou du corps) et porter cette partie comme sens de l’exigence, sauf que dans la représentation il est possible de signifier, de sur-représenter si l’on veut, de représenter puissance deux ; signifier c’est comprendre que ça n’est pas ce qui est représenté comme contenu qui vaut, mais que ce contenu lui-même n’est que signes et qui dit signes dit signes pour quelque’Un ; une esthétique, une narration, une éthique, une politique, un idéel (une conscience) ne valent que pour quelque’Un.
En somme Rimbaud, auquel on ne comprend rien, veut créer des arcs de conscience et c’est pour cela qu’il est difficile, et qu’il éprouve lui-même la quantité d’intentionnalisations que son œuvre exige et qu’il démultiplie la focalisation des mots, des phrases, des significations, et amène ainsi toute l’historicité dont il se souvient ; récupérant en même temps l’histoire humaine en son moment propre, et rassemblant toute sa propre expérimentation, dont on voit bien qu’elle est construite, qu’elle est, par lui (qui ne cesse de se remémorer et de nous imposer sa propre autoréférence, sous la forme « c’est moi qui ») par lui seul voulue, décidée, projetée, cartographiée. Et c’est cette positon impossible qu’il veut injecter dans le lecteur ; il donne la position à partir de laquelle il, quiconque, perçoit, remémore, réorganise, re projette.
Mais il est quantité d’œuvres qui paraissent faciles ou lisibles, qui ne le sont pas en vérité, mais très complexes et suprêmement qui font-retour et exigent de vous que vous torsadiez votre faisceau de conscience, votre perception, votre conscience (attention, intention, intentionnalité), votre corps ;
le christique demande que votre corps soit Autre, il le montre
et de même il est impossible de penser, philosophiquement, sans penser effectivement, sinon on reste au-dehors, et penser ne s’effectue que dans le point de l’être, de l’idée du Bien, de la pensée de la pensée ou du Un, pour la raison qu’étant entendu que la pensée invente l’intentionnalité possible, il faut réunir tous les faisceaux en une visée qui rend possible toutes les intentionnalités secondes (les idées qui font voir le monde en systèmes qui font voir les idées) et ce en un mode ordonné et non pas désordonné ou ayant hors de soi sa propriété, par ex on ne peut pas dire « la matière est ce qui est », parce que « matière » est un donné déterminé dont on n’a aucune idée, sinon dans un discours séparé et extérieur ; les grecs déploient la pensée comme faisceau intentionnalisateur qui autorise de distinguer toutes les intentionnalités possibles à propos du monde, unique et universel, donné là, c’est en cela qu’il faut diviniser la pensée puisque, par elle seule, un individu entre en concurrence avec le langage et la représentation commune et est à même d’élaborer son expérimentation universelle, et elle est universelle non afin qu’il, l’individu, se confonde avec la généralité, mais parce que via l’universel l’individu se permet de construire solidement et toujours en déployant son intentionnalité ; l’expérimentation individuelle, est celle structurelle qui est plus grande que l’universelle ; parce qu’elle la contient et que l’inverse n’est pas vrai ; il n’y a aucun universel qui contienne la possibilité de structure ; l’universel garantit au sujet qu’il est structure, mais l’articulation du sujet est bien plus vaste.
C’est bien en ceci que l’universel ne parvient pas à penser l’esthétique ou l’éthique ou la politique en se tenant exclusivement sous l’universel ; la révolution n’instaure pas la raison, mais la capacité de chacun à utiliser son jugement, ce qui est tout à fait différent et bien plus vaste. Observons que l’éthique n’est pas la morale et que l’esthétique n’est pas le jugement (si ils rentrent tous deux sous la coupe de l’universel, « ne fais pas à autrui » et l’universel perceptif existent, mais ça n’est pas ce qui est en jeu, ce sont des conditions mais non pas épuisent l’éthique et l’esthétique) ; le christique par ex en entamant le retour du moi sur le corps crée le sujet (certes créé par le sujet-christ qui le regarde et duquel il tient son intentionnalité nouvelle, et renouvelée), et il crée le sujet sur toute l’étendue du vécu et du corps, de la naissance à la mort perçus d’un point-autre ; rendant possible tout ce qui suivra ; et qui continuera d’inventer dans la structure de l’intention (et donc de l’intentionnalisation possible). De même qu’il est impossible de penser la matérialité des choses par l’universel ; la pensée grecque est bornée par son principe même ; à savoir que la pensée nait de la pensée ; elle est « ce par quoi » tout apparait mais elle-même ne sort que de sa propre logique. Il faut envisager que l’éthique par ex n’est pas réductible à la morale, mais qu’en aucun cas elle ne saurait renier celle-ci ; une éthique qui assassine tombe dans le monde, et non pas crée une possibilité en plus.
(Or la dite logique est explosée ; on voit bien que la réalité nait de et par sa multiplicité, et on se demande comment penser celle-ci. Mais tant que l’on demeurera dans la temporalité, il faudra assujettir la pensée à la causalité et rien ne peut rompre alors que la multiplicité règne en maitresse absolue. Excepté le présent. Si il ya un présent c’est que la réalité n’est pas complète. Et donc la causalité ne peut pas fonctionner.)
C’est pour cela qu’il existe un sujet. Rappelons qu’il n’est que des mois, des déterminations, sauf le sujet qui, lui, existe et se tient sur, de et par le présent, sur le Bord donc, et c’est ce sujet, cet arc de conscience, qui crée le champ perceptif ; il y a un champ de perception parce qu’il y a une intentionnalité, et cette intentionnalité produit des signes, en groupe d’abord, il y a longtemps (inventant la mise en forme culturelle), et puis individuellement ensuite (créant l’acculturation de tous et de chacun, individué par la pensée et le christique) selon les diverses modalités que l’on a rencontré (dieu, la pensée, le sujet, l’altérité, rappelons qu’il se peut que ce soit des révélations ou alors qu’ils soient des hyper-fonctions du réel attirées dans et par le présent de l’actualisation … ou les deux) ; tout est détermination sauf l’arc de conscience. Et ce qui est bien ennuyant pour tous les rationalismes ou objectivismes, c’est qu’il n’existe des signes que par et pour un champ et un champ que par une intentionnalité, toujours en-plus et non réductible à la causalité mais relatif au seul absolu : le présent. Qui attire et étire la réalité.
Parce que les signes (quand bien même s’organisent-ils en systèmes, puisque sans systèmes pas de perduration, pas de mémorisations, le champ est en-plus des mémorisations, ça n’est ni l’adn ni le langage, et c’est le champ que libèrent les grecs et le christique) les signes n’existant que pour un arc de conscience, cet arc est situé sur l’horizon, l’horizon du monde, cad le réel. Horizon du monde que l’on a nommé de cent manières mais qui revient à ceci ; l’exister.
Dont on ne sait pas ce qu’il est, puisqu’il est en cours, il est le présent. Et si il n’est pas du tout évident c’est justement parce qu’il prélude au monde (et au vécu et au corps, dans le champ perceptif le vécu et le corps re-commencent, ne cessent pas de commencer, de se renouveler), il prélude en ceci qu’il s’agit de la forme, toujours antérieure, à toutes les réalités ; le champ perceptif consiste précisément à prendre accès sur la forme qu’est le présent et à remonter, dans la structure du présent lui-même, cad de l’acte ; cet arc est un acte dans l’acte qu’est le présent. Et prenant conscience de soi comme conscience (d’abord comme intention de dieu, puis comme production activiste d’intentionnalités comme idées et systèmes, puis comme corps et individualité, enfin comme réel antérieur aux réalités), il élabore cette architecture du présent, c’est-à-dire de l’activisme formel ; lequel s’implante dans l’exister pur et brut.
C’est cette implantation dans la structure du réel que décrivent dieu, la pensée, le sujet (du christique jusqu’à Lacan), l’altérité (Nietzsche, Heidegger, Sartre, Lacan, et Freud, Marx, les sciences, les idéologies à la suite de la révolution, etc). Que l’on ne rassemble plus suffisamment de puissance (mentale) pour continuer la trajectoire de structure et que l’on s’enferme et s’enferre dans la clôture « réaliste » (tout est donné tel que là, le donné explique le donné et nos désirs correspondent, avec accommodation, aux choses ou aux objets, aucune travail, aucune réflexivité sur soi-même n’a d’importance ontologique, puisque dans le réalisme l’ontologie n’est pas, et que pour le réaliste le donné seul explique le donné, il n’y a ni sujet ni présent mais seulement le passé et la causalité).
Que l’on traite, depuis déjà deux siècles, les ontologies comme des absurdités, des illusions, des superstructures est en soi idiot ; ce qu’il faut admettre c’est que l’expérimentation ne s’opère jamais au hasard et pour rien ; il n’y a rien qui existe pour rien. Platon ou le christ, Descartes ou Nietzsche ont raison, sont dans le vrai lui-même, cad dans le réel ; leur activisme est hyper précis ; il signifie. Il signifie en tant que le réel oriente l’arc vers la structure architecturale du présent qui est cela même qui attire tout ce qui est, toutes les déterminations. La mise en structure qu’est la forme (qui est le réel de la réalité) c’est le présent dans son activisme.
Or donc si l’universel n’est pas le terme, alors c’est que l’arc de conscience est le terme. Et comme de juste esthétique ou éthique ou politique ou idéel ou philosophie ou poétique (puis humanisation, puis personnalisation et dans cette personnalisation les mass et micro médiations) aboutissent à rendre possible que tout arc prenne le plus extrêmement possible conscience de son activité, de son activité structurelle.
Autrement dit la compréhension (qui était très justement identifiée à l’universel) a pour réel effet terminal que chaque arc devienne cette compréhension ; que chaque arc soit précisément cet universel en acte – mais alors c’est « acte » qui compte et pas seulement « universel », l’acte est plus grand. Et dès lors la question se pose : à quoi aboutit, à son tour, cet arc de conscience ?
Ce qui implique qu’il faille organiser cet arc de conscience afin qu’il parvienne à intégrer non pas tel ou tel savoir, mais l’ensemble du réseau des faisceaux intentionnels. On ne pense pas la vérité, on l’existe et le programme consiste à percevoir les réseaux intentionnels qui définissent la structure du réel, cad la structure telle qu’activable, actualisable dans et par le présent. On l’existe et il n’existe que si on le pense, cad si on l’architecture (et l’architexture sur le corps).
Ce qui s’oppose presque intégralement à la logique monolithique du moi, de la personnalisation (le sujet n’est pas la personne, ni la personne humaine, qui sont des effets) ; ce qui est fonction dans le moi (l’attention et le faisceau intentionnel) devient « le sujet de structure » ou la structure active même ; l’invasion divine ou le basculement dans l’universel ou le regard christique ou la rupture cartésienne du doute-cogito-infini-étendue-corps (ou la suspension phénoménologique ou la volonté-autre de Nietzsche ou l’être-autre de H, ou l’organigramme hyper complexe du « moi » selon Lacan) c’est ce qui signifie cette ré-articulation ; que maniant le faisceau intentionnel parce que cessant d’en croire, d’en être l’effet, cessant de croire qu’il s’agit de la conscience « de » Pierre (où serait-il ?) alors que Pierre est un effet de l’arc - cessant de prendre le contenu pour la forme - la réalité pour le réel - l’idée pour l’intentionnel signifiant : l’idée sert à percevoir, à augmenter la perception, comme le christique sert à se percevoir de la naissance à la mort d’un point-autre.
Toute l’entreprise consiste à serrer au plus prés la structure. Et c’est cette structure dont on a montré qu’elle avançait dans le réel, et qu’effectivement on est amené à discerner ; ce qu’il faut comprendre comme : c’est chaque sujet lui-même qui expérimente qu’il doit se discerner lui-même, qu’il doit discerner ce qui en lui discerne. Non pas d’accélérer seulement les contenus de conscience, mais accélérer l’attention, l’intention et l’intentionnalité ; l’attention se porte sur le donné, l’intention sur le monde et l’intentionnalité sur le corps (et le vécu).
On sait que l’esthétique ou le poétique exigent une attention extrêmement soutenue. On sait que l’intention morale, éthique ou politique doit elle-même se travailler (dont l’exemple absolu, cad formel, insiste comme liberté-égalité-fraternité). On sait que l’intentionnalité creuse tellement profondément dans le vécu (que veut-on vraiment ? et qu’est-ce que « vouloir » ?) qu’elle taraude l’os même des corps ; puisqu’alors il s’agit de savoir si l’on confie notre intentionnalité dans la base vivante de la satisfaction ou si l’on est capable de supporter l’insatisfaction et de référer l’intentionnalité à sa propre rigueur (kantienne, nietzschéenne, sartrienne, et au final lacanienne, mais tout aussi bien l’invraisemblable suspension de l’attention cartésienne ou enfin l’impossible regard christique qui vous renouvelle, vous recrée sans discontinuer).
Il apparait donc que ce qui se joue, à plein, selon dieu, la pensée, le christique et l’altérité c’est justement ce triple dimensionnement de l’arc de conscience.
À quoi doit-on faire attention ?
Comment organiser le jeu intentionnel (avec soi-même, en éthique, et avec soi-même et les autres, en morale et politique) ?
Que veut-on vraiment (ontologiquement) ?
Ce qui est ainsi interrogé et donc travaillé et donc remodelé, ça n’est pas une fonction adjacente ou une technologie secondaire ; c’est la racine de structure de toutes les fonctionnalités (de la perception à la mémorisation, de l’imagination à la représentation, de la pensée à l’information) ; parce que si effectivement il existe déjà des informations qui passent « naturellement » dans la perception, pour nous, pour l’être humain, cette perception naturelle est-déjà prise dans un autre-système qui est un système-Autre, qui n’est qu’en tant que rapport(s) et donc qui ex-siste et non pas « est » ; l’être est dans la forme « exister, et non pas l’inverse ; dans le champ perceptif qui se crée intentionnellement ; c’est pour cela que nous ne sommes pas « ce corps » et que nous avons un corps, qu’il y a un « monde » pour nous (et pas seulement un donné là du vivant qui perçoit la proximité), et que nous avons conscience de la naissance et de la mort que nous présageons.
Pour schématiser ; un vivant perçoit mais ne se perçoit pas. Il ne se perçoit pas parce qu’il ne signe, ne signifie pas l’horizon réel. Se signifier sur l’horizon réel c’est se situer soi dans un plusgrandque-soi ; on se perçoit du point de vue de l’horizon (le monde, le vécu naissance-mort, le corps ou techniquement dieu, l’être, le sujet, l’altérité sur laquelle est posé le sujet). Que nous puissions nous interpréter, nous signifier, nous situer sur le réel, veut dire que l’intentionnalité est vide ; elle ne tient pas à tel ou tel contenu, mais effectue un re-tour (et ce re-tour peut s’emprunter de dieu, du réel, du corps, d’autrui, etc). C’est donc la description et les implications de cette distance d’altérité (dieu, la pensée, le sujet, l’altérité) qui constitue la structure même de ce qui se nomme « pensée ».
Rappelons que la pensée, occidentale, se différencie de la pensée, ailleurs, en ceci que l’occidentale veut analyser ici et maintenant l’articulation, et non pas supposer ou imaginer ou éloigner l’absolu comme absolu, ce qui entraine, pour l’occidentale, une péréquation, une répartition, un renouvellement structurel tout à fait net et distinct entre transcendance et immanence ; tout est transcendance et l’immanence ou les immanences sont internes à la surface du réel un et unique.
Contrairement à ce que l’on préjuge habituellement la métaphysique puis l‘ontologie cartésienne ne consistent pas du tout à réunir dans le Un, mais à saisir le mouvement qui à partir du Un produit les réalités, et les décrochages stricts que sont les arcs de conscience ; c’est bien pour cela que, occidentalement, le sujet ne va pas se fondre dans l’unité, mais créer des uns, des sujets, des uns intentionnels. L’explosion du Un est précisément cela même qui se voit selon dieu, la pensée, le sujet et l’altérité.