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instants philosophie

Histoire philosophique du Réel

1 Mai 2014, 09:16am

Publié par pascal doyelle

L’activisme de conscience (ce en quoi nous sommes attelés, en tant que mois, en tant que personnalisation mais également comme processus collectif qui a nom de démocratie) se situe à la périphérie de notre réalité, et constitue notre être.

C’est en tant que nous intentionnalisons que nous réalisons, par cette fine pointe qui doit s’élaborer un corps perceptif plus grand que le moi, que la réalité se tisse d’un réel.

La pensée come intentionnalisation hors langage

Le début se dénomme lui-même philosophie et commence par la pensée, comme mise sous tensions non pas des idées ou des pensées, habituellement conçues, mais en tant que penser cela revient à élaborer l’intentionnalisation, le tissage réflexif qui tient par de petits bouts par-ci par-là et attire les réalités (extérieures ou intérieures) afin de les désengager du groupe, du langage, du conscient ou de l’inconscient, des mondes particuliers ou des corps immédiats, puis ensuite, par Descartes de passer outre l’acquis lui-même et de subvertir tout ce qui fut conquis par les grecs et le christianisme et affiliés d’autre part.

Les grecs ne produisent pas seulement la pensée plate et objective, mais la réflexion sur le mot, sa mise en jeu dans un système intentionnel vide et formel. Inaugurant le grand système formel de la réflexivité, de la réflexivité sans contenu, qui exporte et expose tout au devant, dans l’être précisément, comme surface neutre. Que l’être soit la pensée (intentionnalisation extrême qui reporte le langage et le groupe et la perception et le corps, etc) veut dire que c’est par la reconnaissance de la réflexivité par elle-même (il faut se formuler des idées qui s’éclairent entre elles et portent au jour notre possibilité intentionnelle qui n’était compris ni dans le groupe humain, ni dans le langage), que celle-ci s’engage à produire sa propre dimension ; qui n’existe que dans l’effort de l’accomplir, (et ainsi de parfaire la réalité dans la compréhension vivante, cela se donne pour telle pour les grecs) et qui se situe au bord, à l’extrémité de la réalité et se nomme le réel, cad l’être. Ça n’existe, n’apparait que de la pensée tendue qui crée les passages, les idées (qui sont rapports hors sol, hors localité).

Le redoublement intentionnel pur de Descartes

Avec Descartes le monde bascule doublement ; il valide tout le précédent, toute la pensée précédente, (ce qui se reverra avec Hegel) mais dans le même mouvement il renouvelle ce qui formait l’essence de la pensée métaphysique (grecque et chrétienne, qui voulait construire le discours parfait de « ce qui se concrétise réellement « là », dans le monde unique universel et pour tous), en recommençant à neuf la réflexivité.

On passe donc de la pensée métaphysique, à la réflexivité sur notre être ; ayant découvert l’intentionnalisation dense de la pensée, il est un retour du réflexif qui fonde notre être (et non plus seulement l’être) tel que « là » (expérience existentielle du cogito, ça en déborde de partout). Le réflexif n’ayant pas encore suffisamment de concrétisation dans la pensée métaphysique, creuse sa propre présence «là », cad réelle. C’est notre-être qui entreprend de se rendre à lui-même sa structure ; comme quoi il n’appartient à rien et n’est que le regard suspendu, mais surtout il se prouve qu’il est un Réel et non pas une sorte d’idée (le cogito n’est pas un « argument », c’est un fait).

La réflexivité (le dépassement du donné et de l’acquis humain par et dans un rendez-vous intentionnel, qui tisse son intentionnalité sur littéralement sur la peau des mondes ou des personnes données tels quels) n’est pas, plus seulement la recherche de la vérité (cad de la cohérence intentionnelle) mais l’exploration de l’être libre, de l’intentionnalité libérée et délibérée, ; en tant que notre être suspendu, autre que tout, est qu’il commande une architecture métaphysique (les grecs qui ne pense pas la « raison » mais organise l’intentionnalité comme pensée) tout comme il perce ontologiquement par Descartes, qui transperce la réalité (d’où la réduction par Descartes du monde à l’étendue et à la mathématisation, la volonté occupant un autre plan, une autre dimension).

Le réel comme correspondance à notre être de conscience

Par Descartes quelque chose de plus grand que la réalité s’élève par delà les mondes humains ; le réel pur et simple. A la fois surfacé comme mathématisation mais aussi en instrumentalisant la volonté par elle-même, en diffractant l’intentionnalité sur l’intentionnalité (après tout c’est la Méthode même, qui présente, rend présente la suspension de notre être).

On suivra donc ensuite les devenirs explorateurs par les sujets d’un tel monde unique universel, universel mais tout parcouru de lignes structurelles individuées valant en et par elles-mêmes ; de Kant à Nietzsche, de Stirner à Lacan, en passant par Husserl et Heidegger ou Sartre, etc. puisque ce qui s’explosait dans la réflexivité de la pensée grecque devient la réflexivité sur elle-même du sujet individué (qui n’est pas subjectif pas plus qu’il n’est idées ou systèmes d’idées équivalent à n’importe quel autre système d’idées, il est le Réel même que nous sommes). Cet os réel ici même.

L’objectivisme et l’objectalité

Dans le même temps l’intentionnalité peut, puisqu’elle est découplée de tout contenu, se miroiter comme objectivités ; il n’est aucune contradiction entre l’objectivité et la réflexivité des sujets ; parce que les sujets manient en virtuoses la cohérence (ils expriment , montrent, décrivent, argumentent leur réflexivité en formulant des systèmes intentionnels performants) et que l’objectivité est constituée du sujet absent, du sujet qui fait semblant de ne pas exister ; c’est donc dans les deux cas la distanciation et l’investissement qui exposent, parcourent, explorent le monde unique. Puisque dans les deux cas, c’est la réflexivité pure, cad l‘intentionnalité sans fond, sans contenu, dotée d’elle seule, armée en sa structure même, qui inventorie le monde et son être, la détermination en général (aussi bien naturelle qu’humaine) et ses devenirs (ses raisons d’être ou ses motivations ou démotivations d’exister).

La dimension structurelle hors sol

Tout ce qui est présenté par la philosophie (et en cela elle balise le devenir général des consciences, cad des réflexivités, selon les éthiques, esthétiques, politiques, humanisations et personnalisations, mais aussi en tant qu’elle est son propre terrain de l’expérimentation métaphysique, de la pensée intentionnelle qui définit ses ob-jets non immédiats, hors langage) et ontologique (qui se produit soi en son être comme réflexivité cartésienne réelle effectivement là) est l’élaboration dans un monde unique universel donné là du dépassement constant opéré par la réflexivité, comme structure architecturale de l’intentionnalisation, qui grimpe au fur et à mesure sur les intentionnalisations précédentes et devient sa dimension.

L’orientation de l’intentionnalisation hors sol

Ce qui se lit existe par-dessus les énoncés, les contenus ; lorsque la pensée se définit des contenus, ils sont interprétables. Les contenus sont les signes d’orientation de l’intentionnalité. La pensée grecque reprise par les scolastiques pourvoit un schéma réflexif précis, le redémarrage cartésien, la libération hégélienne de tout contenu, l’affirmation pure nietzschéenne de la structure, le déplacement heideggérien de notre-être dans le donné « là » monstrueux, etc.

Toutes les élaborations formulent (dans leur texte même, comme équations) les Possibilités de notre être, posé là absurdement dans le monde unique universel. Si la cohérence était seulement objective ou objectale, elle ne remonterait pas dans cette articulation qui n’est accessible que du dedans de sa structure (il est clair que sa structure n’a pas d’intériorité, c’est un dedans « dehors », le jeu non de l’intériorité et l’extériorité, qui se conjoignent, ni de la subjectivité et de l’objectivité qui se rapportent, mais le jeu de l’interne structurel dans l’externe structurel, le « là » gigantesque du monde donné affronté à notre-être strictement un et formel).

L’intentionnalité vide et formelle

L’intentionnalisation n’est pas à se définir comme intentionnalisation-de-contenus ; auquel cas elle signifierait quelque chose, elle formerait un Sens. L’intentionnalisation est une pure machine intentionnelle, vide et formelle, et ne comporte rien ; elle prend par contre en charge le donné, n’importe quel donné, et le pousse à être ; elle est le possible même qui non pas se déroule ou déroulerait un programme, mais qui explore, qui devient en explorant et en tournant et retournant alentour de son être propre et de l’être-qui-est, là devant ; elle ne sait pas même ce qu’elle est, elle n’est pas un conscient, un contenu, elle est une forme qui avance.

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