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instants philosophie

Distinction interne à la philosophie

11 Juillet 2020, 09:15am

Publié par pascal doyelle

Il y a trois siècles que la philosophie n'est plus du tout la philosophie entendue métaphysiquement ; apparemment ça ne se voit pas et de manière générale on fait comme si il s'agissait toujours de caractériser l'être, ou quelque substance qui en tienne lieu, mais en vérité depuis Descartes la pensée est entièrement réassigner.

C'est comme de ne pas prendre au sérieux Kant (ce qui est un comble) lorsqu’il nous avertit que la pensée, la pensée métaphysique, ne peut pas outrepasser les bornes du donné là ; il ne se contente pas de condamner la construction mentale « métaphysique », il pose les bases de la structure ici même du sujet, qu’il nomme transcendantal et par lequel il entend établir un nouveau règne de penser. Autrement dit de réflexivité.

La réflexivité se limitait autrefois au cercle de la pensée ; la réflexivité consistait à assurer la cohérence des énoncés en revenant sur leur déroulement interne, sur l’assemblage des intentionnalisations (qui se nommaient idées, et qui exigeaient la transparence afin que l'intentionnalité puisse naviguer et se repérer dans les pensées et dans le monde) et à leur adéquation à la chose pensée. Il existait ainsi une surveillance généralisée qui coordonnait l'ensemble des propositions et des perceptions.

La « masse » de l'être était supposée tenir d'elle-même son poids propre, dont la consistance s'obtenait par son unité logique, compréhensible, et sa capacité de com/préhension (l'eau, l'être, le bien, le moteur, le un assument, assurent le reste des étants).

 

Or la réflexivité s'est transformée et est devenue tout à fait autrement ; il s'agit depuis Descartes de revenir sur cet être étrange donné là, le sujet, et de l'examiner ; retour-sur le dit sujet qui, par là même, se crée, se constitue autant qu’il se découvre, se dé-couvre lui qui était recouvert par les liasses de pensées diverses et variées et de perceptions orchestrées (dans un groupe ou dans une didactique générale). Et il se crée autant qu'il se découvre puisque si il entre lui-même dans son propre champ, il se modifie. Aussi le sujet, dans son unité, son unité puissante, intègre toutes les possibilités qui jusqu'alors se déléguaient à lapensée (en un mot).

Et bien sûr les possibilités issues du sujet sont extrêmement plus nombreuses et précises que celles de la « simple » universalisation (en quoi consistaient les idées dans des systèmes qui créaient, qui organisaient et qui vérifiaient les adéquations et les cohérences). Cela veut dire que le système de réflexivité précédent (la cohérence et l'adéquation) est repris entièrement mais appliqué à une considérable quantité d'éléments, d'événements ; tels que par ex Hegel en établira les deux phénoménologies (du devenir de la conscience et du savoir absolu, qui est une autre sorte de phénoménologie, des déplacements de l'acte de conscience dans les concepts).

 

On obtient à terme, et passant outre les reprises métaphysiques qui tentent de se reconstruire après Descartes et Kant et Hegel (les allemands entre Kant et Hegel veulent assigner le « sujet » à un « absolu », Spinoza et Leibniz veulent repenser comme métaphysiquement ce qui a été distingué, les empiristes anglais détachent le sujet et le monde, et la perception, Schopenhauer prend une antithèse 'la volonté' comme si il s'agissait d'un anti-concept métaphysique, etc),

il y eut donc par contre de décisives avancées analytiques quant à la structure du dit sujet ; Kant, Hegel, Husserl, Sartre, Lacan. On peut dire qu'alors on entre dans le dur ; dans l’articulation elle-même et qui peut légitimement s'élaborer puisqu’il ne s'agit pas de « concepts » mais d'analyses des flux, des attachements, des possibilités, des mises en forme de l'activité de conscience, laquelle est donné là ici même et ici et maintenant dans le monde, le vécu, le corps, la perception, le relationnel, etc.

Ce qui compte c'est que si il existe un sujet, alors il récupère dans son rayon d'activité tout le reste. La pensée, serait-elle la raison (mais laquelle ? Non pas seulement quel système spécial, mais la rationalité ; de quelle science, à quelle époque, qui a validé puis abandonné telle ou telle thèse, qui s'est remodeler totalement à tel moment, etc ? La science est excessivement meuble et son objet, par définition, toujours limité et ne jugeant pas, jamais, selon le tout, ou selon le réel ou en l’occurrence du possible inaccompli, or notre historicité est emplie d'impossibilités qui furent réalisées)

la pensée donc est relative au sujet, ce qui ne nie pas la pensée ou la connaissance mais les installent dans une cohérence plus grande ; le sujet mène une cohérence plus étendue que la « raison ». La raison est un instrument non pas d’un irrationnel mais d'une structure qui sait organiser, représenter, esthétiser, inventer, créer encore plus de réalités (dans le monde) et de réalisations (dans l'historicité humaine). C'est donc une articulation qui œuvre ; ce qui arrive vient d'en avant. La liberté est plus précise et plus déliée que la « raison », aussi la révolution confie la décision au jugement de chacun, ce par quoi il pourra exister à l'avenir des vies individualisées (et non la complexion générique de « lhomme »).

 

Il faut donc se défaire du principe exclusif de la pensée dite « objective » (et la ramener en son ordre et à sa place) et ne pas à l’inverse glisser vers une irrationalité ou une fantaisie, puisque la liberté du sujet est plus concrète que la raison ou plus exactement les divers discours rationnels (qui ne sont pas unifiés). Rappelons que l'objectivité fut déjà créée et élaborée lorsque toute l'objectivité se tenait dans le discours, dans l'énonciation et énonciation systématique (il y a une réelle densité et concrétisation dans et par l'énonciation)  et ce bien avant que cet idéal de connaissance prenne chemin de la science et de la technique. Dans le discours chaque intentionnalité se distingue et se produit comme idée et les idées restent coordonnées non seulement entre elles (système) mais également relativement à l’expérience, en l’occurrence à la perception ; par ailleurs on ne pense pas par délégation, il faut soi-même comprendre ce que l'on dit, et la pensée est exclusivement actuelle et de plus amène à la perception du monde tel que donné « là », requérant instantanément que l'on identifie ce « là », l'être, le bien qui ordonne, le pensée de la pensée, le un, etc.

Il est impératif de situer ce à partir de quoi l'on part ou ce vers quoi l'on arrive ; on y arrive instantanément, l'être s'avance immédiatement et se dit tel, il ne s'avance pas sans s'annoncer, puisque c'est un processus de conscience actuelle qui se rend réelle en se désignant ; ici et maintenant « cela » (le mouvement) existe, et donc ex-siste. De même dieu, l'être, le christique, le sujet, la révolution et le réel.

Il n'est pas seulement l'être qui densifie la réalité et le discours, mais une existence, une par une, individuelle (qui sera, fut christique du point hors de la vie, au-delà du monde et de l'histoire humaine) et d'autre part l'exister même tel que « là » (l'exister de Saint Thomas, le plus grand scolastique, théologien, penseur organisé) ; ce que l'on nommait le multiple, le perçu, le donné, qui se résumaient par et dans les idées (mais surtout que seules les idées permettaient de percevoir, hors du groupe et hors de l’immédiat). Si le sujet existe, ici même, alors l'ici même est tout différent ; il est métamorphosé par l'unité soudaine du sujet ; et on n'a pas encore pris mesure de l'ampleur du réel pur et brut ici même.

Pas encore parce que si le « réel » n'est plus coincé dans l'être, cette masse ontologique née de et par la pensée, mais s'ouvre dans et par une structure actuellement existante, alors la consistance du « réel » est ici et maintenant ; ce qui devient ce n'est plus lapensée, mais le sujet dans le monde. On choisira ainsi le monde (le donné, naturel, les réalisations humaines, les sciences et techniques, le droit et la révolution, l’histoire et l'avenir) et / ou le sujet (qui sera déplié par Husserl, Sartre et Lacan, imaginé par Nietzsche, Kierkegaard, Heidegger, et créé par les dix mille formes de sujets esthétiques, éthiques, politiques, ou poétique, qui devient en soi la destinée de tel sujet bien réel).

 

Ce qui est arrivé c'est le dépassement ; par Descartes on réassigne tout. Descartes bien que cela ne soit pas explicitement énoncé, nous montre le mouvement ; la pensée naît et vient d'un sujet (Descartes ne désigne jamais « le sujet », on le désignera pour lui plus tard, de même « la pensée » pour Descartes est non pas un discours mais un dispositif réellement existant tel que là, c'est pour cela qu'avec lui débute l'ontologie non plus de l'être, serti dans et par le discours, mais du sujet ; si ça se passe ici et maintenant alors ici et maintenant existe en plein ; la pensée est l’imagination, la sensation, les mots, les idées, et même la troisième substance celle qui unifie l'esprit et le corps, qu'il n'aura pas trop le temps de développer).

Dès lors il faudra continuer sur la même lancée (il n'y en a qu'une ; l’attention au réel pur et brut), et analyser ce que ce « sujet » est ; par quoi on s'aperçoit qu’il est devenu impossible de penser métaphysiquement (comme si l'ontologie était celle de l'être du discours) mais impératif de penser ce sujet existant « là », ici même, et le décrire ; Kant et puis Hegel qui rassemble toutes les phénoménologies de l'activité de conscience ; ainsi l’ensemble de toutes les possibilités d'intentionnalisations globales sont acquises.

Reste que le sujet est « là », posé sur le monde donné tel quel (pour Descartes l'étendue ; l'étendue est aussi ce que Descartes découvre, invente, crée). On reviendra sur le-réel, parce que c'est précisément l'énigme absolue qui se dresse face au (nouveau) sujet.

 

Pensée non substantielle

Et il ne s'agit pas seulement de quitter l'être.

Tout ceci jette l’incompréhension puisque l'on a définitivement quitté la métaphysique ; nommer la réalité comme volonté et représentation (Schopenhauer) ou comme substances étendue/pensée (Spinoza) ou comme volonté de-vers la puissance, ce serait encore prescrire la réalité et la définir, cad réintroduire une métaphysique.

Il est clair pourtant que l'on ne peut rien affirmer du réel tel quel ; sous peine de glisser dans une projection (pourquoi la « volonté » comme essence de la réalité ?) ou de caractériser par une détermination l’ensemble de toutes les déterminations (l'énergie, la matière, l'atome, etc, tout cela est vrai mais limité, partiel, et ce sont des connaissances parce que partielles et limitées à leur objet précis). Il n’existe aucune réalité qui résume, en quelque sens que ce soit, les, l’ensemble de toutes les réalités ; les réalités sont visiblement étendues là au-devant ; ce que l'on nomme « univers » (dont on ne sait si il est infini, unique, etc).

Et rien ne peut être affirmé du réel puisque celui-ci est formel ; il est formel comme est formel l'arc de conscience ; tout ce qui s'analyse, se dessine depuis Descartes avance dans le même sens ; de Descartes à Lacan il s'agit de délimiter, de tracer le bord du sujet ; puisque notre être est formel, alors il faut le cerner dans l'intuition qu'il parvient à obtenir de sa structure ; ce à quoi s'emploie, déjà, Kant (et Descartes par le sceau de dieu en tant que ma volonté est non-finie) ; et puisque ne statuant pas sur un être transcendant mais sur l'activité ici même, actuelle, toujours agissante, alors il est possible de repérer cette structure agissante et de tenter de comprendre la nature de cette structure.

La philosophie intervient de la sorte puisqu'occupant le point d'articulation, celui de l'apparition de l'activité de conscience dans son propre champ (de conscience) et tient cette position ; qui n'est jamais parfaite au sens qu'il pourrait exister, prétendument ou illusoirement, une perfection dans le monde ; rien dans le donné ne peut se caractériser comme perfection mais selon une approximation ou une variation (selon le code retenu) ; l'activité de perfection est celle qui se remet toujours au-delà d'elle-même ; rendant impossible qu’elle soit absolument concrétisée en une ou une série de vérités qui passeraient outre la structure du sujet ; auquel cas les sujets pourraient être jugés par quelque vérité admise supérieure à la conscience ; on sait bien que l'arc de conscience de chacun est instancié antérieur et autre que toute réalité, tout énoncé, tout discours ; et tout système qui approuverait la supériorité d'une vérité sur la conscience se condamnerait de fait (mais si alors ceci est reconnu il faut en tirer les conséquences, que le véritable système est celui des libertés, et de la liberté en tant que cohérence et non comme « arbitraire »).

On tient donc que Descartes, Kant, Hegel (puis dans l'analyse Husserl, Sartre, Lacan) se sont introduit dans la forme même, dans la structure, telle quelle et vide, cad formelle ; n'affirmant en vérité rien sinon le structurel (de même que dieu et l'être formulent du structurel) et donnant à voir à chacun sans possibilité d’identification. De là que la toute présence du sujet cartésien est irrémédiable ; on le lit, on l'existe aussitôt et ce fut manifesté selon cette expérience décrite afin et pour que chacun soit instantanément le dit sujet (qu'il existait déjà et qu'il tient dorénavant au devant de soi, laissant entrer le dit sujet dans le champ même du dit sujet, dans cette répétition même qui évidemment ne répète pas le même champ... qui modifie absolument le champ de perception du dit sujet et donc tous les champs, de même que dieu et l'être).

Permettre que le champ antérieur advienne dans le champ du donné est l'acquisition absolue, formelle, qui rend possible tout le reste, cad tous les possibles ; il n'existe de toute manière de possibles que dégagé de tout monde donné ou humain, lorsque la structure, dans le monde, se tient d'elle-même.

 

Ce qui est arrivé c'est donc le changement de réflexivité ; la réflexivité, celle selon dieu ou celle selon les grecs, consiste à tenter de maîtriser, contrôler l'intention (dieu) ou l'intentionnalisation (grecs, celle des idées qui distinguent quantité de perceptions). Viendra l'intentionnalité même (en tant que sujet, Descartes jusque Lacan) qui est d'un tout autre ressort ; une ampleur bien plus étendue, qui veut saisir l'objectivité, la réalité, le réel de cette articulation qu'est l'arc de conscience, et évidemment via ses effets (son intention, par dieu, ou ses intentionnalisations, les idées, les systèmes d'idées, les coordinations intentionnelles qui n'adviennent plus d'un monde donné selon la communauté mais tels quels, jetées dans le monde « là », le « là » du monde étant signifié par l'être comme idée absolue, ou la pensée de la pensée ou le un, etc).

On aura beau prendre des idées antithétiques, la volonté contre l'être et donc le perspectivisme (relatif aux volontés ou aux sociétés ou à ce que l'on voudra), ça n'en reste pas moins des idées ; or on prétend ici que Descartes, Kant, Hegel ou Husserl ou Sartre ou Lacan ne ciblent pas du tout des idées mais la suréminence qui utilise les idées, cette forme réelle qui articule, et qui articule entre autres les idées ; comme on voit que Kant commence d'étendre la réflexivité à non pas la conformité à une ordre (le cosmos grec, le logos, les idées dans les choses supposément) mais à une expérimentation et expérimentation au sens fort ; qui crée des champs de perceptions (les mondes phénoménaux kantiens) ; de même dieu ou la pensée, grecque, ne sont pas relatifs aux idées, mais aux intentionnalisations et à l'intention qui se produit, se poursuit, se développe et se déploie sur le monde, la société humaine, le vécu, le corps, le regard, au travers de champs de perceptions et que la position qu'ils tiennent est en elle-même purement formelle, plie et replie le formel, l'intentionnalité, sous nos yeux et nous donne, nous confère, nous prête, crée en nous la capacité de conscience ; sans la réduire à des énoncés. On ne retiendra pas Platon tel quel mais qu'il invente et découvre les idées comme moyens de plus-percevoir ; et le christique qu'il crée et rend possible que l'on accède à un « soi », qui plus tard sera en mesure d'encore plus se déployer, se démultiplier en et par évidemment chacun, en tant que chaque un.

Lorsque Descartes ramène la-pensée au sujet (et qu'il dissout la scolastique, cad en fait la pensée métaphysique, ce qu'achèvera Kant) il dresse, par contre, qu'il existe une structure ici même active et forte, et même quasi toute puissante à sa source (qui du reste nous vient de dieu, la volonté est le sceau de dieu en nous) ; même lors qu'il sait très bien que cette volonté nôtre est très faible et non comparable à celle de la toute puissance divine (qui crée même la vérité, on ne peut pas mieux décrire la structure même du réel). Cette structure qui est pour ainsi dire évoquée, cartésiennement, c'est celle-là qui deviendra l'objet de tous les soins par la suite ; jusques et y compris chez celui que l'on attend le moins (Hegel, qui réfléchit, représente, analyse, déplie les deux phénoménologies, le devenir de la conscience et le savoir absolu, qui est, contrairement à ce qu'il dit, une phénoménologie).

La structure qui utilise les idées, c'est aussi celle qui crée des esthétiques, invente des politiques et nourrit du dedans tous les vécus (et le relationnel), et anime les corps (en tant que tout corps doté d'une conscience produit une autre-surface du corps, par laquelle il écrit, pense, se représente, se signifie, rien n'est donné, tout est construit). La structure qui existe antérieurement aux idées, c'est celle que dé-couvre Sartre et Lacan, antérieure même au corps ; au point de bouleverser, de crucifier le corps vivant qui n'y comprend rien, qui ne possède pas les émotions, les affects dit-on, qui correspondent à cet arc de puissance pure et brute, tout à fait brute, cad violente. C'est cet arc également que toute relation à autrui, à l'extériorité, au monde, aux choses, à l'historicité que décrit Sartre ; qui ramène toute l'ontologie (et donc toute la métaphysique) à cette opposition de l'en-soi et du pour-soi (cad de ce qui n'a pas de rapport à soi, les choses, et ce qui a un rapport à soi et donc qui non pas l'Est mais l'Ex-siste, étant rapport).

On a quitté radicalement et totalement l'ancienne relation métaphysique ; puisque ce qui compte c'est la nature de cet être qui n'est pas un être, qui n'est pas constitué par « de la pensée », qui est sujet en tant que sujet et qui se révèle, fondamentalement, cela-même qui crée des pensées (et tout le reste, esthétiques ou politiques, personnalisations ou humanisation, des codes sociétaux, des mondes humains, des mathématiques, des législations). Qui est bien plus objective que les objectivités ; sinon comment croit-on que « la pensée » soudainement nous vienne on ne sait de où ? Qu'est-ce que cette pensée qui préexisterait, qui ordonnerait la réalité avant la réalité ? Nous ne sommes plus dans la « connaissance grecque » pour qui il était essentiel que l'on stabilise la capacité intentionnalisatrice qui permettait de pensait, de percevoir par dessus le groupe humain vers le monde donné là. On a remplacé cela par la considération de l'exister du sujet ; comme structure hyper ou sur-objective ; bien plus puissante et organisatrice que l'organisé, quel qu'il soit et qui est seulement effets ou résultats ou significations acquises.

Ce qui ne nie pas du tout les dits résultats mais ce qui à l'inverse (à l'inverse) étend la compréhension et prétend que la structure de conscience est bien plus réelle et plus cohérente que les pauvres circonvolutions de la raison et de la science et du savoir ; c'est profondément que l'a structure de conscience ordonne les réalités et (et) le réel ; il n'y a rien en nous de naturel et de donné, tout est construit parce que cela même qui est naturel et donné (le corps vivant, qu'il y ait une cervelle et peut-être une prédisposition au langage, au relationnel, etc) cela même qui est donné est repris, toujours, dans le champ intentionnel ; le champ intentionnel est construit à cette fin, pour transporter et transformer n’importe quelle donnée dans une nouvelle redistribution ou rétribution, il doit user de ce qu'il trouve, dans l’immédiate situation, afin d'en dégager une nouvelle situation, un nouveau conditionnement de sorte que l'on ne soit plus piégé par l'atome, l'adn ou quelque système que ce soit ; il fallut des millénaires pour concocter des mises en forme culturelles extrêmement précieuses, jusqu'à ce que l'on décide de faire passer au devant la structure, dieu, la pensée, le christique et le sujet, la révolution des sociétés afin d’augmenter, grec, d'intensifier, dieu et le christique, d'accélérer, Descartes et la révolution et de concrétiser toute modification toujours en accélérant la prise en charge du donné là, de plus en plus précis et de plus en plus organisé et cohérent.

Nous voici donc engagé dans le renouvellement constant, mais au lieu qu'il s’agisse de la renaissance interne de l'acte de conscience, nous tombons dans la démultiplication des activités de conscience, puisque c'est cela, l'activité intentionnalisatrice qui fut libéré (de tout monde communautaire) ; et il revenait à l'acte de se mesurer lui-même et de définir ses priorités, sa hiérarchie d'activité, non pas de bannir le monde, le vécu, le relationnel ou le corps, mais d'assumer et d'assurer l'éthique ontologique de tout je, de tout sujet, et ce en promouvant le monde et le vécu et le corps, mais élevés, amenés dans le giron de la stratégie et non pas se dévoyant dans les facilités, les innombrables facilités du « désir », du n'importe quoi, libérant, certes, mais libérant le fantasmatique, les images publicitaires (au sens large, d'égocentralisme et de pauvreté mentale, puisque si l'on abolit la stratégie (vue d'en haut) on détricote toute l'intentionnalité de haut en bas, n’importe quel « désir » ou image ou la plus misérable possibilité, selon le monde, va attaquer et dissoudre le mental, littéralement).

 

Il n'y eut donc pas d'erreurs dans toute l’historicité ; si on prend effet de dieu, des grecs et de la pensée, du christique et de la conversion (et de la foi), du sujet et de la révolution, de la matérialisation (des intentionnalités) et de la concrétisation du monde (y compris par les sciences et les techniques, autant que par les mass et micro médiatisations), c'est que l'on admet sérieusement la toute validité de « ce qui eut lieu » ; rien ne s'est réalisé, rendu réel au hasard et ce non parce que la « raison » ou le logos ou l'Ordre ou l'idée de dieu se seraient imposés mais parce que tout se tient dans la vue de l'articulation de conscience qui crée, au devant d'elle-même (et de tout, en reprenant tout, toutes les données de perception), crée au devant des champs de perceptions qui sont aussi des champs de réalisations.

Évidemment il ne s'agit pas d'une exactitude au sens de conformité à un ordre, un corpus, un cosmos, et qui irait se nicher dans la moindre détermination, comme par exemple dans un déroulement d'idées ou de concepts tous bien adéquats et relevant de cette cohérence selon la connaissance. Il s'agit d'une cohérence en terme de champs ; l'acquis structurel est plus certain que l'acquisition déterminée, ajoutons qu'il existe un acquis structurel afin que soit modifiées toutes les propositions (mais aussi les organisations sociétales, les humanisations et personnalisations, les énonciations, seraient-elles scientifiques, et au final les perceptions elles-mêmes). Le monde « donné » ne l'est jamais, donné, mais il est meuble et poreux ; l'arc de conscience, cette structure, aboutit, donne dans, cause l'ensemble des effets et remodèle l’ensemble de tous les effets.

Inventer dieu et l'intention, la pensée et l'universel, le christique et le sujet, la révolution et le réel : tout cela crée.

L’ensemble de toutes les vagues suit le mouvement de la vague unique du présent, qui à chaque fois se met à jour, se réemploie, relance l’historicité. La vérité la voici ; les mondes humains, quels qu'ils soient, sans l’acquisition de structure ne valent rien, ne sont rien. De même les vécus et le relationnel ou encore le corps. Tout ce qui se tient pas en haut de la vague s'efface. Cessant de vous tenir au-devant de vous-même vous disparaissez. Sans doute vivez-vous encore dans les courtes vagues de réalités, mais à mesure vous retardez, reculez par rapport à votre mouvement.

Puisque l'être n'est que dans et par l'exister, et que seul le mouvement existe.


 

Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée.
En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles.
Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé.
Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu.
Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. (Paul Cor. 12-13)

Ce qui pourrait se décrire comme élévation.
Si ce que l'on produit n'est pas susceptible d'élévation alors de fait c'est structurellement inexistant. Mais que l'on se rassure … on existe, c'est un fait, et on existe forcément en tant qu'arc de conscience, et donc on ne se « quitte » jamais. C'est bien ceci que le christique nous prévoit ; l'indéfinie extension de la capacité.

Ancrer l'intentionnel (selon le point de dieu, de l'être, du christique, du sujet, de la révolution),
dérouler l'intentionnel (de manière sévère puis rigoureuse, afin qu'il ne se perde pas),
instaurer l'intentionnalité dans le monde ; en créant une acculturation réelle, assurant le statut de chacun, de l'universel et de la stratégie, et en s'incarnant dans les réalisations humaines qui en seront les effets mais posséderont cette réalité tant que tiendront les intentionnalités et les sujets. Délestés de cette intentionnalité les effets retombent dans le monde et disparaissent.

Si le réel est cela seul qui existe, à savoir le mouvement, en même temps tout ce qui est du monde disparaît. Reste le mouvement exclusivement. Trajets dessinant des tracés.

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