Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

Devenir du sujet, retour sur son être

2 Janvier 2014, 15:33pm

Publié par pascal doyelle

La philosophie creuse donc ce qui est en tant que cela doit être amené ici même, maintenant.

Et ce de telle sorte que ce soit en cohérence. Le problème de la cohérence est ce qui pose question ; soit on maintient la vérité seule, soit on dérive la vérité de son origine, de son être originel.

La vérité maintenue est d’élaborer un discours cohérent qui rende compte de tout ce qui est ; le sujet de cette vérité ne se nomme pas, il est absent. Si cette stratégie est valable pour toute science, elle ne l’est pas pour la philosophie ou toute pensée qui croit être en mesure de penser la totalité ; de l’émancipation des sujets il y eut quantité qui voulurent penser idéologiquement la réalité, ce qui n’eut pour résultat que d’assécher les autres consciences de soi. Leur liberté à eux annule les autres libertés qui ne sont plus admises que déterminées.

Lorsque la philosophie veut tout penser autrement que sous le sujet, elle se prend les pieds dans le tapis, qu’elle étend sur tout ce qui est. Tôt ou tard une vérité, n’étant pas capable de se totaliser elle-même, cette pensée aussi rigoureuse soit-elle, se retourne soudainement afin de se fonder.

Il est impossible de justifier de quelque discours que ce soit, de quelque vérité que ce soit (qui ait l’ambition de tout penser, ou de se saisir du Un intellectif ou intellectuel, il n’est pas question de toutes les vérités secondes qui peuvent être découvertes), lorsqu’un tel discours croit se passer de propositionner le sujet. Ce qui signifie les sujets, un par un. Puisque le sujet se démultiplie instantanément en sujets.

Et ceci non seulement parce que le fondement de toute totalisation est un être-sujet-libre, mais aussi pour cette autre raison ; parce que là où existent les sujets, soit donc le monde, le monde donné « là », seuls ils y accèdent originellement.

Aucun discours ne couvre l’intégralité du monde donné là, tout discours est une découpe objective, dans le monde donné ; il est absurde de croire que telle découpe dans le monde soit équivalente de quelque manière à l’original, au monde réellement là.

Cela ne signifie pas que les sujets un par un, aient un accès total à ce monde réel, évidemment. Mais qu’ils sont seuls légitimes à en juger en définitive, d’une part et que d’autre part si aux vérités il doit advenir une modification, ce sera via et par les sujets ou via et par tel ou tel sujet. Parce que la saisie originelle qu’ils opèrent, et elle seule, est susceptible de passer outre n’importe quelle découpe ou découpage (figés de ce point de vue en un discours ou une appréhension, un comportement par ex, déjà lié). Cet accès originel est ce que détient tout sujet ; tant pour lui-même que généralement.

Illustrativement on doit donc affirmer que la démocratie est cet accès maintenu ouvert et que la chose publique est la réalisation même qui doit se tenir. Quelque discours ou idéologie que ce soit ne peut interrompre même si toute idéologie ou pensée doit y intervenir. La démocratie est donc essentiellement la positivité même qui se doit à elle-même, qui doit se savoir telle et se vouloir absolument (seul ce qui promeut le libre ou la pensée libre peut se vouloir absolument, c’est « imposer le caractère formel » de ce qui est, mais comme cette imposition est formelle, elle le doit). Son aspect désordonné et tous les risques que cela comporte, ne doit pas masquer son essence (non encore totalement déployée) absolument positive.

Ce n’est donc pas seulement parce que le fondement de toute pensée (et donc de toute vérité) est à rebours dans le sujet qui la veut, mais aussi parce que toute pensée découpant dans la réalité n’est pas elle-même l’accès au monde donné là et que seuls les sujets s’y dévouent en en ayant seuls la possibilité.

Pareillement mais par ailleurs, la philosophie n’est pas en elle-même le système de vérité au sens où la vérité serait le contenu absolu qui détrônerait les sujets ; même initialement, et certes la vérité est affirmativement placée comme but essentiel, les grecs ou les anciens montrent au travers de toutes leurs démonstrations à quel point la vérité accouche de quantité de vérités ou de systèmes qui permettent à tout être pensant … de penser. Rendant chacun apte à définir en et de par soi « ce qui est » mais de telle sorte que tout système est argumenté et donc ne s’impose ni ne peut s’imposer en aucune manière. Mais de plus lorsque parait le sujet tel quel, cartésien, qui littéralement ne dit « rien », c’est qu’il assure son être purement formel et qui se prouve hors de tout discours ; comme doute cogito. Effectuant la Règle absolue parce que formelle ; que chacun peut ou de toute manière reproduira en et par lui-même.

Ce qu’engage donc la philosophie est le système formel qui prépositionne toute vérité dans un système antérieur à toute vérité (et qui aussi bien recherche les conditions acceptables, légitimes, la rigueur et plus loin encore la cohérence de toute énonciation ; les conditions de vérité font parties du prépositionnement d’un sujet, ou pour les grecs de la pensée elle-même, c'est la Pensée qui est le sujet à ce moment là, et que suivent ensuite toutes les énonciations possibles de vérités). Ce système antérieur est dit formel ; il engage non à se remplir de tel contenu, telle vérité, mais de demeurer dans la certitude de sa forme. Pour cela la philosophie est absolument certaine ; elle n’affirme rien quant à la vérité en soi, mais prédispose à toutes les vérités énonçables (qui remplissent les conditions de vérité, la logique par ex, ou les prépositions de toute vérité (l'être / la pensée, la volonté/ l'entendement cartésien, etc ) et cet ensemble de prépositions et de conditions se nomme ; cohérence).

Pour cela toute la philosophie exprime, représente, met en forme, exhibe, montre à quel degré il faut parvenir pour que tout sujet puisse exister tel qu’en lui-même, selon la cohérence idoine ; en se sachant d’une part accessible à la vérité (il est un monde donné là auquel tout sujet et exclusivement a accès et ce monde n’est accédé qu’universellement), mais aussi et d’autre part en tant que Un, en tant que sujet Un admettant ou subissant même son statut de sujet (qui est dit de la sorte ontologique).

Commenter cet article