Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
instants philosophie

Sartre et Lacan

5 Avril 2014, 08:19am

Publié par pascal doyelle

Lacan et Sartre
Somme toute Lacan part de Sartre. Il reprend le sujet sartrien, ce qui veut dire le pur regard sans rien ; tout est dans le monde. Le moi est donc une construction, un agrégat ou une détermination pour le pour-soi qui n’est rien. Sartre conserve non pas le sujet mais tout cela se joue de comprendre la conscience en elle-même, et Sartre se satisfait de mettre à jour qu’elle n’est pas ; elle est néantisation et donc action et donc histoire qui se fait.
Lacan sent bien qu’il y a une brèche ; c’est le néant qui aspire notre réalité, qui est notre être et il veut le déduire d’une complexité de dispositifs ; dispositifs entourant l'être vide de conscience. Et tous les dispositifs lacaniens existent ; il décrit parfaitement (autant qu’il se peut évidemment) l’ensemble de ce qui précède une conscience, sauf que cette conscience lui parait un trou, un inexplicable, une insondable décision (de telle ou telle bifurcation, en ceci donc la décision d’être tel ou tel est apparemment purement contingente, indécidable, et bien sur ne peut pas être décidé librement).
Mais c’est que Lacan décrit adéquatement la conscience en un Moi. Pour un Moi tous les dispositifs et les substitutions inconscientes existent ; mais une conscience n’est pas un Moi. Ou plus exactement elle est conditionnée en un moi, mais étant conscience extraite et autre, ayant affaire au donné « là » externe (qui lui n’obéit pas au conscient, inconscient, langage, autrui, etc), cette conscience de fait Autre que tout, ouvre toujours déjà son propre règne. Le sujet cartésien n’est pas touché par le moi, parce que ça n’est pas sa fonction, du tout ; le sujet cartésien s’joute à quelque état du moi que ce soit (étant entendu que statistiquement un tel doit au minimum être doté d’un conscient, inconscient, acculturation, etc, qui lui rende possible d’être une conscience à peu près stable).
Parce qu’il est clair que si la conscience une fois atteinte, est apte à l’universel ou au libre, par contre elle vient en plus des dispositifs, qui doivent acquérir une relative stabilisation ; une psychose entame qu’il puisse se produire le rond-point neutre et à peu près réel d’une conscience apte à se consacrer à son être de conscience. Une conscience ne peut pas être traitée, améliorée extérieurement (si elle ne s’y accorde pas, de même qu’elle ne va pas philosopher si elle ne le veut pas), mais il est toujours impératif de repérer, de cartographier, d’observer objectivement les dispositifs qui précédent telle conscience ; en quel état est la cervelle, le conscient, le moi, l’inconscient de cette personne ?
Pour Sartre la conscience est une structure forte, et non pas une structure faiblarde et irrégulière. Mais c’est parce qu’elle est une structure faible et pauvre qu’elle survit ; elle n’a rien à défendre, elle est. Aussi magnifie –t-il soit le courage d’être soit la déchéance ou la culpabilité d’être. Mais ça en se rencontre pas tous les jours … La plupart des gens et du temps, on emploie la conscience à tout autre chose que l’exemplarisme. En réalité l’être de conscience échappe absolument à toute morale ou raison et aucun contenu ne le retient ; pour cela il transforme ce qui lui tombe sous les yeux, la main, et ceci hiératiquement ; il n’a pas un programme installé (il n’a pas de contenu) mais, il est structurellement un programme. Et il n'est pas producteur d'un sens, mais est la possibilité d'un travail, d'une torture de ce qui est.

Commenter cet article