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instants philosophie

Notre-être dans le Réel

26 Novembre 2014, 10:27am

Publié par pascal doyelle

La finalité est ainsi de réinvestir ce qui est, là, tel que cela est, et que cette instance n’est accessible à peu près, que si l’on parvient à y réinterroger l’ensemble des niveaux, des degrés d’être qui s’y creusent et nous font exister.

De sorte que du moi il faut sauter dans le sujet, à pieds joints, et du sujet remonter à la pensée, grecque, et ceci en séparant bien les degrés (sinon ça se mélange et on n’y comprend plus rien et surtout on risque fort de tomber ou retomber dans la pensée du doute, la pensée critique, la pensée contemporaine, celle qui croit si immanquablement en sa « lucidité »).

Si l’on remonte du moi au sujet puis à la pensée, on reprend la densité que l’on est comme incorporation (le moi), en l’intensité radicale du sujet (et des grands sujets fous et incompréhensibles), et par l’extensivité (de la vérité, parfaite, de son gout de la perfection ; l’être est intégralement réalisé comme Un, comme Un sans totalité, puisque le un étant parfaitement se passe de toute totalité et provoque quantité de totalisations, les vérités).

Alors tout est nettement séparé, mais unis en une fois par le seul Un ; la structure réflexive qui s’est débarrassée des mondes particuliers, des langages, des groupes, des déterminations, ayant créé ces élaborations intentionnalisatrices ; son archi-tecture.

Ceci considérant l’apport structurel qui a modifié anthropologiquement la « nature » humaine, en lui imposant une structure externe, dite conscience-de (soi). Conscience-de signifie qu’il n’est de conscience que de quelque « chose » (détermination) du monde donné là ; que la conscience est sur le bord du monde (il n’est qu’une immanence totale sauf qu’il existe un bord qui se rabat vers). Mais de plus il s’agit de conscience-de (soi) ; les parenthèses signifiant que le soi en question est d’abord et essentiellement un rapport. Un rapport à (soi) qui crée justement le soi dont il est le rapport ; c’est un rapport rétroactif ; de sorte qu’il peut prendre une représentation, une détermination (Pierre Dupond ou la France ou tel groupe humain, les aborigènes, ou bouddha, etc) et que prenant telle représentation, il crée un rapport qui est plus grand que cette représentation, qui l’outrepasse (puisqu’il faut encore être en capacité de relier cette détermination à toutes les autres, donc le rapport est toujours plus grand que les liens entre eux) ; le moi qui se dégage de Pierre Dupond est plus grand que Pierre Dupond, cette dénomination ; la conscience de pierre du pond peut s’utiliser en quantité de rapports différents ou divergents ; la possibilité du (soi) est plus étendue que tel ou tel soi.

Qu’il y ait un tel être ayant un tel rapport à (soi) veut dire qu’une puissance aberrante investit notre réalité ; ce corps, cette cervelle, cette humanisation. Il n’est pas dit que nous possédions le corps, la cervelle, l’humanisation adéquate qui puisse supporter la puissance du rapport à (soi). Ce rapport n’est que cela ; un rapport. Il est en lui-même on peut le supposer identique même pour un extraterrestre ou un dieu ; il n’existe pas deux manière d’être rapport à (soi), a priori. Par contre rien ne prédit que ce corps en soit capable ou que l’on ait élaboré une humanisation, en l’occurrence qui puisse supporter la puissance du rapport à soi ; de même que tel moi puisse supporter l’horreur et la bizarrerie d’exister pour « soi-même » ; c’est une aberration, un illogisme, une incompréhensibilité absolue.

Qu’il existe une telle puissance (au sens de potentialité évidemment) et qu’elle tombe dans les corps humain, signifie aussi qu’il est quantité de conditions physiologiques, etc, de cet être ; autrement dit il n’est aucune différence entre telle conscience de (soi) et telle autre ; aucune, elles sont parfaitement identiques (étant formelles). Mais en même temps il est des tas de conditions qui prédisposent telle ou telle conscience ; on sait bien que l’on peut parfaitement être à la fois tout à fait intelligent et tout à fait stupide. Ou donc une cervelle va toujours lancer un rapport absolu au donné là, au réel, et c’est cela la conscience-de ; qui (se) positionne dans le Réel (pour qui il existe un réel, parce qu’il existe aussi un Irréel, une re-présentation dans la cervelle, perdue dans son rêve éternel non réel).

De même donc la conscience-de vient en dernier ; elle requiert les conditions que l’on découvre peu à peu ; un corps, une cervelle, un langage, un groupe humain, uen culture, etc ; elle ne remplace rien de tout cela et ses rapports dépendent de ces conditions, mais son être de conscience est et n’est que le pivot en plus qui va commencer, plus ou moins, et petitement et au fur et à mesure, de redistribuer toutes ces conditions (qu’il ne s’agit en aucun cas de nier), dans et par ce rapport étrange et insupportable que la structure lancée de la cervelle positionne vers le Réel.

Autrement dit c’est un ensemble coordonné architectonique (du corps au groupe humain en passant par cervelle et langage etc) qui produit un être neutre et vide et formel (la conscience-de) qui (se) réorganise incessamment et petit à petit. Quant au langage, il est clair qu’il prédétermine la conscience, mais que le langage est signes et que la conscience-de traverse ceux-ci ; c’est toute la difficulté ; la conscience-de est formelle et lance des rapports vers le donné là, et le là du donné, cad le réel (comme position vide dont on prend conscience-de), et le langage suit cet outrepassement ; le langage est ce dont on se sert et non ce qui seulement et uniquement se sert de nous (il serait absurde d’admettre l’un sans l’autre, mais de ce fait si la régularité est dans le conditionnement qu’impose le langage, l’irrégularité qu’introduit l’activité de conscience-de est ce qui bifurque et intercale de l’imprévisibilité, ce qui au final importe).

L’activisme de conscience-de a donc pris son essor par les grecs, les chrétiens et affiliés, Descartes, les grands sujets, se déployant comme objectivismes et objectalités (étatismes et humanisations jusqu’à la personnalisation et l’incorporation des mois), en ceci que l’acte de réel est devenu le pivot seul effectif (le reste étant déjà mémorisé, pour ainsi dire) ; l’intentionnalisation a élaboré sur sa forme vide, sur le structurel de conscience (qui se dénomme lui-même comme étant le Réel, cad l’être, ou comme sujet, cad cartésien, étant entendu que la philosophie ne crée pas l’activisme de conscience-de mais qu’elle est la discipline qui en rend compte, quitte à l’accélérer ou même créer un en-plus d’activisme de ce fait), le structurel de conscience a élaboré un rapport au Réel qui outrepasse la synthèse immédiate, et outrepassement qui se signifie de ceci ; le réel est parfaitement ce qu’il est, reste à comprendre comment et pour « quoi ».

On comprend que la conscience-de est un mécanisme qui n’est assigné à aucune finalité (puisque ce mécanisme est vide et formel) mais qu’il travaille (étant formel il ne fait que cela ; il œuvre, il s’active) le donné là ; l’humain ou le moi, le langage ou les universalisations, etc. ce mécanisme est une technologie (surgi de la cervelle, nu et sans contenu, ou plus exactement par delà n’importe quel contenu, sinon on ne voit pas bien quelle serait son utilité, coincé qu’il serait en tel ou tel contenu).

L’hypothèse générale est la suivante ; ce mécanisme est articulé au donné là et au « là » du donné, soit donc au réel, et ce réel (soit donc l’être) n’est rien d’autre que le présent pur effectivement toujours exact et impératif.

Remarquons donc que la désignation « notre-être » est en partie ironique … on n’aimerait rien tant que de se calfeutrer dans telle ou telle identité (d’humanisation, de moi, d’irréalité, de rêve de la cervelle éternelle, etc), mais le mécanisme de conscience-de (soi) est de ce point de vue une aberration incompréhensible, insupportable, incohérente et peut-être n’en sommes-nous pas capables ou telle ou telle configuration de telle ou telle humanisation n’est pas en mesure de supporter cette puissance, cette potentialité, et s’affaisse, s’effondre, s’écroule. Le dit rapport-de n’est pas « écrit », il peut tout à fait s’égarer et ne pas s’en relever (si il était écrit, il n’obtiendrait pas les contenus, mais se figerait en quelques uns ; la condition même qu’il parvienne à « des » contenus suppose qu’il soit lui-même indéterminé, cad formel).

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