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instants philosophie

La lame aiguisée du Présent

24 Novembre 2014, 20:04pm

Publié par pascal doyelle

Le sens du présent est donc de re-trouver ce que l’on sait sans le connaitre.

Il n'y a pas d’incommensurabilité, d’éternité, d’absolu, de tout qui serait le un, parce que tout ce qui est, est divisé intensément par le Présent (cad le point actuel ou le ici-même, le ici et maintenant) ; si on se demande où est la porte, il n'en est qu'une ; et à disposition absolue de chacun ; le présent où, en lequel on est déjà. Creuser le "présentement" est l'ambition de toute la philosophie ... agripper et ne jamais lâcher le maintenant, l'épuiser, l'absorber, le dévorer ; ça n'est pas une facilité, mais ça se travaille, depuis 25 siècles. Autrement dit ce que l'on nomme l’Être ou l'éternité ou la volonté de la volonté, etc, est l'actualisation ici et maintenant par "ce qui refuse de se soumettre», à quoi que ce soit. Il n’ya pas d’infini, mais seulement le ici et maintenant accessible, dont on est déjà saisi…

Nous ne sommes donc pas séparé de « ce qui est » puisque ce qui est, c’est le présent et qul’on ne le quitte jamais. On n’existe pas « en-dehors », l’idée même en est absurde.

Le présent non comme si on pouvait s'en saisir, mais en ceci que l'on "est" le présent lui-même (philosophiquement donc). Pour une illustration (qui est en réalité un effet instantané du temps, puisque prendre conscience est un jeu Dans le temps lui-même), lorsque vous prenez conscience de vous-même, ça n'est jamais sans un décalage, (sinon nous serions une pierre ou une table), on pourrait dire : mais alors nous ne sommes jamais "nous-même" ... sauf que c'est ce décalage même qui nous produit ... Pareillement, on n' « est » pas le présent, mais on l’existe instantanément. Non au sens de tomber dans l'illusion qui nous ferait croire "être" ceci (ou cela) parce qu'on le nomme ... mais justement dans le fait que le nommant, c'est pour cela qu'on y est Réellement.

Prendre conscience de ceci ou cela, c'est en être séparé, mais en être séparé c'est précisément en être la conscience. Il faut abandonner le principe fantasmé que d'être conscience de ceci ou cela, ça nous en sépare... d'en être la conscience ça nous le fait être (cette séparation est elle-même la vérité ou le réel). Abandonner donc le désir d'Etre "massivement", substantiellement, compactement ce que l'on nomme ; on n'existe pas massivement le présent ou la conscience que l'on est, mais légèrement, si légèrement que par là seulement ça existe. L'exister, le mouvement même, l'acte, est tout autre chose que l'Etre massif fantasmé (et qui est fantasmé par ceux-là qui critiquent et caricaturent la philosophie, la pensée, le christianisme, Descartes, etc). C'est le présent comme mouvement radical mais infiniment souple et non comme "être massif" (qui effectivement est non seulement insaisissable mais fantasme "objectivé", réification).

C’est donc le pur mouvement, l’acte même qui est. De même c’est le présent qui est l’être. Ce qui ne signifie pas qu’il n’est que le mouvement et le devenir et rien d’autre et que l’être n’est pas ; ça signifie que le mouvement est, que le mouvement Est l’être lui-même. Ça n’est pas se livrer au devenir, mais dire que le devenir, cad le présent, est effectivement l’invariance même.

On peut comprendre le désir de l'Etre, de l'éternité, du tout dans le tout, etc, mais ma perspective est rigoureusement inverse. Le présent que je désigne est celui qui disperse, sépare, divise, creuse, découpe absolument tout : absolument tout, à la racine, à la racine antérieure à tout. Autrement dit pour moi il n'est pas d'éternité, de tout ni de totalisation (ni en notre esprit ni dans la réalité, qui est entièrement splittée), et l'être est pour moi littéralement et n'est que le présent qui dévore ou déroule (comme on veut, ou à la fois) toute la, les réalités. Je veux dire c'est une vision sans réconciliation ni "bonheur" ni unité ; sinon celle-ci que "ce qui est" est le présent qui provoque toutes les choses en les splittant. Ou donc ; lorsque je dis "conscience" ou "présent", ce ne sont pas des essentialités, mais des opérations, des opérativités, des mécanismes, qui hachent menu la réalité ; le présent est si l'on veut une lame de fond, la lame de fond qui travaille absolument, cad radicalement, ce qui est, les réalités, univers, mondes humains divers, personnalisations, etc. Rien ne résiste à cette lame de fond, dont il faut garder l'aspect terrifiant, a-humain, indifférent, et "opérativités" parce que "conscience" et "présent" sont comme des technologies, des mécanismes, inventées par le « donné là », la réalité, pour se suppléer, à moins que ce ne soit le présent qui ait splitté, découpé afin qu’il existât des réalités.

Ce par quoi l’on se recueille et ce par quoi on est en capacité de.

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