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instants philosophie

Notre être nous précède

2 Décembre 2014, 08:41am

Publié par pascal doyelle

Notre être nous précède. L’absurde et l’existentialité. Ce qui est, a déjà lieu. L’appel interne (sans intériorité du tout de quelque sorte que ce soit).

Puisque notre-être est la structure de conscience-de, (ce qui veut dire qu’elle n’existe pas « en soi », qu’elle se tient sur le bord du monde et permet qu’il y ait une transcendance appartenant à cette immanence, que la conscience-de est formelle et emprunté de telle ou telle représentation mais passe toujours outre n’importe laquelle des déterminations, qu’il n’existe donc pas de remplacement, par quelque contenu que ce soit, de la structure de conscience, qui revient sans cesse parfaitement vide et sans rien comme articulation de la cervelle au réel),

il existe une antériorité tout à fait invisible de notre-être, antériorité qui permet à tout moi, toute identité, tout conscient, tout corps de (se) reprendre indifféremment.

Autrement dit nous sommes toujours libres au sens où, qu’on le sache ou non, notre-être (structurel) annule toujours sans cesse notre détermination (quelle qu’elle soit), ou autrement dit dispose d’un recours structurel qui bien qu’existant effectivement dans la structure même de fait n’étant pas représentable est difficilement mis en œuvre, activé, puisque toute dénomination rippe sur l’impossibilité de le nommer.

Ce qui est, a déjà lieu

Ou donc ; lorsque l’on dit « on est libre », on tombe sur « rien du tout ». Sur l’impossibilité de se vouloir libre… mais on ne peut pas se vouloir libre parce qu’on l’est déjà. La difficulté de remonter en notre être spécifique, c’est le sujet, la finalité même du cogito cartésien, mine de rien. La suspension de notre être intentionnalisateur et sa reprise en considération de lui-même, cela même qui inaugure qu’il y ait une philosophie moderne (qui outrepasse la philosophie grecque et la pensée chrétienne, qui elles-mêmes outrepassaient les mondes particuliers, soit par l’universel et l’extensivité et la pensée et l’archi des grecs, soit par l’hyper, la réflexivité de conscience et de toute vie vécue, et le dépassement au-delà de la mort lors même que l’on est vivant).

Cette ressaisie de notre-être par lui-même est strictement impossible ; mais on sait maintenant que c’est impossible parce que c’est déjà le cas.

L’impossible raison et volonté

Par exemple ; on pensait autrefois qu’il faillit vouloir d’une volonté extérieure et objective et rationnelle, afin d’imposer des finalités tout à fait dégagées des nécessités, conditions mondaines, corps, vécu, etc. c’est l’hypothèse et la traduction de la pensée en « raison » (soit donc exemplairement la compréhension par Kant de la pensée, bien que Kant saisisse bien au-delà de cette restriction de la pensée, et se tienne d’un pied dans le moderne, par Descartes, et le contemporain, par l’étrangeté de cette autre sorte de structure qu’est le transcendantalisme).

En réalité, il est impossible d’importer dans notre-être une extériorité qui serait de raison (et qui prend la figure de tel autre, de telle raison ou de telle idéologie ou de telle Vérité, il est des vérités mais aucune Vérité, puisque la vérité fondamentale est formelle, sans contenu, mais effectivement formelle et ayant à dire son encadrement structurel) ; que l’on puisse se saisir de notre-être par la « raison » (ce que l’on entend par là et qui est tout à fait différente de la pensée, telle que grecque donc ou différent évidemment de la position de dieu, par les chrétiens et affiliés), est une absurdité, mais cela ne signifie pas que l’on ne puisse pas (se) saisir… Puisque c’est ce que l’on réalise tous les jours, constamment.

La vérité est que la reprise de notre être n’est pas du tout une extériorité qui nous rendrait « libres » par conformité à la « raison » ; ça ne toucherait qu’à peine la surface des choses réelles. Et c’est pour cela, entre autre, que la liberté n’est pas de choisir entre noir et blanc, mais d’inventer que cela s’invente en relançant antérieurement telle ou telle situation. Jusqu’à remonter les divers principes qui animent notre réalité humaine, personnelle, notre image-corps, notre perception immédiate, etc. Autrement dit c’est par « cela » (ce vide formel antérieur à notre réalité propre et qui demeure sans cesse purement vide, puisqu’il nait indéterminé de la cervelle indépendamment des contenus), c’est par « cela » innommable, que le retour est constamment assuré ; sauf qu’il lui faut pour pénétrer dans la réalité, agripper le réel.

Le réel est trois points absolus ; le réel lui-même en tant qu’il est l’être (la pensée prenait en charge cette formidable effet qu’il y « est » un réel) ; le sujet en tant qu’il se-sait (sans se connaitre du tout, n’étant pas l’objet d’une connaissance mais l’effet cartésien de son acte) ; le réel en tant qu’il est positionné « là » (ce qui revient à dire l’extracorporéité).

L’absurde et l’existentialité

L’extracorporéité est ce qui concerne absolument le moi ; cette décorporation est la racine de la Nausée de Sartre, la toute présente absurde du monde de Camus, mais la bizarrerie de « ce qui est réalités », la dépersonnalisation que provoque la mort, ce regard externe et hors de tout point de vue qui nous cloue, cloue notre corps « là », l’horreur ou l’abomination d’exister, etc. Les expériences du moi lors de la survenue en lui de la structure même (à aucun moment de l’historicité humaine il n’y eut des « mois » qui sont nativement si proches, existent à même la structure de conscience) pousseront celui-ci dans l’incompréhensibilité qu’il soit « là » (plus aucune synthèse humanisante, plus aucun monde particulier parlé et partagé mais uniquement ce corps « là », soudainement déréalisé certes de son point de vue mais de ce fait rendant hyper réel qu’il y ait un « monde aberrant et autre » tout autour de ce-corps).

L’appel interne (sans intériorité du tout de quelque sorte que ce soit)

On peut tenter de placer néanmoins une conception de ce qui existe autour du corps, mais ça achoppera de toute manière jusqu’à se résoudre à la position d’une conscience (qui décide que notre être est un sujet inconscient, une volonté de puissance, un corps composé, ou que ce qui a lieu est « la société », ou le pouvoir en soi, ou tel relativisme, etc). Sauf que cette position de conscience est déjà elle-même admise et pensée et réalisée ; c’est justement d’explorer cette position que la philosophie (si l’on sort de la caricature qu’on lui inflige et prend en considération la vraie pensée grecque, l’efficace de la réflexivité chrétienne, la clarté de la description cartésienne, la durabilité des aventures des grands sujets confondants ou dézingués, de Descartes à Lacan en passant par Sade, Rimbaud, Céline, Nietzsche, etc) que la philosophie se définit ; en sa radicalité.

La position antérieure

C’est un seul et même être qui parcourt tous les devenirs, et la singularité de ces devenirs ne prive en rien de la Cohérence, qui est l’hypothèse tenue ici ; que notre-être, « là » où il est, soit depuis le début de sa découverte (hors des mondes particuliers) le Même, qu’il soit un-seul à chaque fois, et relève son articulation au réel (unique) d’une logique interne à cette structure ; c’est en ceci que l’on ne peut pas philosopher sans y être et comme la philosophie est la discipline qui rend compte de cette modification structurelle (qui crée une autre anthropologie depuis 2500 ans), la philosophie est ce qui introduit à la position de structure de notre-être (quels que soient les mondes et les personnalisations), de cette présentation accélérée du corps, de cette superposition.

La vraie et réelle position n’est donc pas, tout à fait généralement, d’imposer d’on ne sait quel extériorité (que ce soit la raison, le dieu étriqué (qui n’est pas le dieu pensé par la religion effective, de même que la pensée n’est pas la raison réductrice), ou l’autre du moi), mais de re-prendre l’être que l’on est déjà, de commencer ou de recommencer de percevoir son diagramme. Son diagramme dont il dispose déjà, mais noyauté, mal orienté par l’option consciente (toujours mal orienté, c’est au minimum structural et au pire une pression, une pesée, un poids) et par conscience il faut comprendre non pas une hyper supposition d’un hyper conscient (ce qui serait l’idéal ou la logique ou la vérité en tant que ces fantasmes occuperaient tout le terrain, alors que dans le réel rien n’occupe le terrain), mais une infra pro-position, de recul, d’antériorité, la conscience est ce qui se pro-positionne toujours antérieurement, en tant que vide et formelle. Soit donc non seulement le libre même, mais la possibilité du libre même, cad le recours. Le recours formel incessant.

Sans aucun contenu, sans connaissance (puisque non composé) mais disposant du se-savoir de la structure de conscience-de, de la puissance dirait Nietzsche, de la potentialité qui refuse (au vrai elle refuse fondamentalement tout, tout ce qui est) mais qui refuse parce qu’elle invente, pro-crée antérieurement, engendre de la structure même.

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