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instants philosophie

Publié depuis Overblog

22 Août 2017, 13:51pm

Publié par pascal doyelle

Histoire de la philo, en cinq points

Sur-hyper-méta-anti et analytique de l’intentionnalité

Surintentionnalisation ; les grecs, qui passent outre le langage, le groupe et sa mythologie, l’immédiat et le corps, puisqu’est découverte la capacité de non pas recevoir des contenus, des représentations, mais de les produire ; de les produire en augmentant considérablement l’intentionnalisation ; intentionnalisation qui n’apparaissait pas comme telle jusqu’alors (elle était prise-dans un contenu, les images, les mots, les héros, les dieux, les récits, etc), et intentionnalisation qui apparait comme telle au grand jour et se nomme « pensée » ; il y avait de la pensée avant les grecs, et qui se connaissait comme pensée mais se référait à un super contenu (dieu, l’absolu, l’éternité, etc qui ne sont pas « ici » et donc que l’on ne peut pas penser correctement, dont on ne peut pas acter la cohérence, on doit y croire et non pas l’analyser et le comprendre, mais si la pensée est cohérente-ici alors le réel est tout entier ici … il n’y manque rien, c’est juste que l’on ne sait pas déjà tout ce qu’il y a, tout ce qu’il faut comprendre). Ici la pensée se connait face à ; une et par anticipation ou par logique un Un qui est Tout. Face à l’être ; le donné tel que «là » ; et l’intentionnalité se connait comme telle en ceci que la pensée se définit comme tournant à partir d’elle-même et engendrant des idées (que ce soit pour de vrai, comme un logos qui génère ou pour-nous, comme une universalisation) ; de même que le réel est « là », de même la pensée est « ici » ; il n’y a pas d’extériorité à « ce qui est ».

L’hyper intentionnalisation ; le christique (en ceci que le christique ajoute à l’intentionnalité qu’est, que serait dieu, un corps en plus) ; hyper signifie que l’intensité prend entièrement l’individualité ; l’individualité va se retourner intégralement sur elle-même et ce à partir du point-Autre, qu’est le christ, le christ qui manifeste de fait et en une fois que l’Autre-point est le réel ; ce à partir de quoi ou de qui on perçoit que l’on existe ; si on sait que l’on existe (et que l’on va mourir) on le sait à partir d’une perspective ; quelle est-elle ? C’est ce qui s’introduit absolument, cad formellement, par le christique. L christique est l’ensemble des possibilités qui nous tombent dessus lorsque l’on s’aperçoit que l’on est en-plus. On regarde en-plus à partir d’un point absolument Autre et on ne sait pas pour quoi. Et cela prend radicalement, à la racine ; et la racine (outre celle structurelle, sur laquelle on n’introduira pas ici) est le corps ; il est clair que c’est intensément que tout ce que l’on est, durant une vie, entre en scène ; saisi, comme sur la poêle, à vif d’un Point qui est Autre.

Hors du christique il est extrêmement difficile de comprendre l’individuel ; l’individué peut être traduit comme en-deçà non-pensable de l’universel – universel qui seul nous fait-voir le monde, nous offre une perception considérablement augmentée du monde, et si l’individuel n’entre pas dans l’universel, alors on ne sait pas quoi en faire, comment l’organiser ;la seule solution est que l’individuel se transporte dans l’universel et s’oublie comme individuel.

Mais le christique dispose de ceci qu’il incruste absolument la positivité absolue, cad formelle, de l’existence. Il n’est pas vrai que vous n’êtes que ce corps et il n’est pas vrai que vous serez identique à dieu ; vous serez vous-même, tel quel, en même temps non pas identique à dieu, mais en rapport d’égal à égal, par quelque mystérieuse part, ce qui veut dire par quelque étrange rapport formel et tout doit être redistribué, et le sera selon ce rapport nouveau et autre.

Tout le kaléidoscope doit être remodelé ; ça ne modifie pas seulement la substance du réel  mais ça bouleverse la nature même de cette substance qui n’est plus la même (lorsqu’auparavant dieu-seul demeurait le Même) et intensifie la source par quoi cela devient l’articulation conscience/réel (et non plus seulement, si l’on peut dire, l’abnégation conscience/dieu). Il ne s’agit pas d’un état stable du croyant vers dieu tout là-haut ; il s’agit d’une dialectique, d’une autre sorte de logique formelle … qui donc crée le formel lui-même. Par le christique on passe plus encore du contenu et de la détermination au formel de l’acte, à l’indéterminé comme effecteur réel ; les grecs espéraient, attendaient une égalité de la forme et du contenu ; le contenu de l’intentionnalisation c’est la pensée. Mais l’intentionnalité commence soudainement de se découpler même de la pensée.

Descartes : la méta-intentionnalisation est un retour. Mais un re-tour : un nouveau tour. Ce par quoi on s’est saisi soi-même, par le christique, c’est selon le « point-autre » et ce point il lui vient de se retourne sur lui-même et commence, commence seulement, de se percevoir (il n’est plus seulement perçu par jésus, raison pur laquelle la conversion était si absolument et formellement essentielle, maintenant la conversion c’est le doute-cogito-infini-étendue-corps ; c’est cela que ça signifie le cogito) ; si il est un point-autre (par qui, par quoi on se perçoit) alors on peut le nommer, désigner, supposer, signifier. Descartes est ce mouvement de retour vers cet-être tel que « là ». On ne veut plus seulement connaitre le « là » au devant (le monde), ou l’être (tel qu’il est éventuellement possible de le penser en l’entourant de toutes les intentionnalisations disposées en système et en systèmes). Et on se demande : de où regarde-t-on ? De où le christique nous voit-il ? Descartes craignait de ce que l’église pourrait penser de son irruption du sujet (qui est « celui qui se voit » sans le secours du christique, et qui doit réinstaller un autre rapport, à tout ; à dieu, au monde, au corps) ; tout cela n’est pas dit tel quel, c’est montré tel quel ; c’est cela qui se vit, s’ex-siste ; tout cela est perçu par Descartes, au premier chef. Il y a une zone de rupture qui consiste à substituer au regard christique, le regard porté sur cet-être que l’on est (et qui nous structurait comme individuel, et tous les individus parviennent là à une égalité absolue, cad formelle ; ni homme, ni femme, ni riche, ni pauvre, ni esclave ni homme libre ; ce qui est une abolition totale non seulement de tous les mondes très durs et cloisonnés de l’antiquité, mais aussi de tout monde humain clos et cyclique et magique, et de toute immédiateté du corps-que-l’on-est) ; antérieurement à tout le manifesté, toute la détermination ; le retour sur cet-être est réellement un nouveau tour, qui dévoile un océan de possibilités, de possibilités structurelles.

Le méta est donc retour-sur ; il nous dépose « là » et en ce cas, puisque cette fois on est ici même sur le sol réel,  le « là » est le monde en tant que le monde est l’étendue.

Ce qui brise tout.

De là l’anti-intentionnalité.

Ça n’est pas seulement que plutôt que de désirer (ceci ou cela, dieu ou le paradis, la pensée ou l’absolu) cette fois on se prend comme « objet », ce qui inverse totalement toute qualification d’objet-et-de-sujet et oblige à une restructuration de toute la pensée (qui au lieu d’être réflexivité sur et dans et par le discours qui doit s’auto-organiser pour être compréhensible, et revenir réflexivement sur lui-même comme discours, cette fois ce qui est réclamé c’est une réflexivité sur un être, une structure réelle ; réflexivité prend donc un nouveau sens), c’est que, de plus, le réel, l’être est dit comme « étendue » ; le monde, l’être c’est ce qui est là au-devant et l’arc de conscience est strictement limité à cet-être-çi, cloué sur le sol (mais qui mène par ailleurs sa verticalité en cette limitation ; autrement dit la pensée, le penser n’a plus directement accès au donné tel que « là », sinon comme mathématisation ; l’arc a accès à l’in-fini, de sa volonté, ou à sa propre constitution mais plus à la réalité). Et c’est de cette étendue, de l’altérité manifeste (du silence des espaces infinis qui effraient) que partent les suivants ; de Kant (qui incarcère bizarrement le monde dans des « limites », le nouménal) à Nietzsche, Heidegger, Sartre et Lacan.

De cette étendue du monde d’une part mais aussi de la possibilité visiblement qu’obtient notre être de se signifier lui-même ; on se prend pour « objet » mais on se prend aussi pour un objet … On va chercher à appliquer à notre être, cette structure, des qualifications péchées ici dans la science, là selon la poésie, ailleurs selon l’inconscient, etc ; mais toutes ces qualifications, qui rendent pourtant quelque précision sur tel ou tel ensemble dans la réalité, ces qualifications manquent l’acte même qui les pose ou qu’elles supposent ; c’est parce que l’on est intentionnalité que l’on se dit, de soi-même, « je suis selon l’inconscient et le langage » ; que cela soit vrai est seulement partiel, c’est « que l’on dise », « que l’on signifie » qui compte, philosophiquement. C’est pour redistribuer la perception, après que Descartes a originé la pensée en un être spécifique, qu’il faut renommer et désigner notre activité non plus de « pensée » mais en tant qu’intentionnalité (de même que Hegel doit supposer antérieurement à tous les mouvements dialectiques une activité négatrice constante) ; et que Husserl est contraint, si l’on peut dire, par la nature même de l’attention qui s’est déplacée de ses objets (idéels) vers cet-être que l’on est et que les idées ou concepts ou pensées ne peuvent plus y suffire.

Analytique de l’intentionnalité

Mais plutôt qu’intentionnalités (qui ciblent quand même malgré tout un contenu) il vaudrait mieux parler de signifiances ; c’est le passage entre Husserl et Sartre qui débarrasse la phénoménologie de ses/ces idéalités ; Sartre ne nous entretient pas des idéels mathématiques ou logiques ; il voit bien que l’on signifie par et avec le corps, non pas seulement le corps donné là mais le corps comme surface-autre, comme autre corps, et aussi donc comme corps de l’autre conscience, et que constamment Sartre perçoit dans le quotidien comme dans l’exceptionnel, l’engagement et l’historicité ; il étend singulièrement la capacité de signifiance. On y reviendra.

L’anti-intentionnalisation perçoit tellement que le réel ne nous attend pas du tout puisque le réel est parfaitement indifférent. On est plongé, immergé, débordé, absorbé, détruit, annihilé, parce qu’ignoré par le réel. Le réel est Autre. Tout le réel est Autre. Nous sommes dépouillés et morcelés par tous les bouts et également tous les bouts de corps, splittés par le réel Autre. Et donc l’intentionnalité (qui gouvernait par sa logique intentionnelle aussi bien son égalité pensée-réalité que son intention/vécu, aidé de jésus ou de Hegel et de la dialectisation intentionnelle généralisée) toute la réalité et notre réel, en supposant que cette intention était attendue, toute l’intention et l’intentionnalité donc s’effondrent.

Chez Nietzsche, Heidegger, (Freud, Marx), Lacan et il n’y a plus que Sartre qui résiste ; normal (arrogance des français, qui ont toujours raison : c’est comme ça). On va utiliser toutes les déterminations dans le monde donné-là (de la science à la poésie, de l’antichristianisme à l’économico-idéologique, du corps à l’inconscient, du langage à l’anthropologie, dieu lui-même devient l’Autre absolu et inquiétant, etc) et tout utiliser afin de nier l’intentionnalité, engloutir la forme dans ces nouveaux contenus ; ce faisant on utilise comme jamais cette intentionnalité, et elle se déploie dix mille fois plus qu’auparavant ; les nouveaux contenus qui étouffent la forme, la structure, sont produits à partir de la forme gagnée comme sujet. Et c’est le dit sujet qui retourne contre lui-même (puisqu’il est convaincu que l’être, l’idéel, l’idéal, le christique ne sont pas).

Et ils ont raison ; il n’y a pas d’Etre. Parce qu’il y a autre chose bien autrement que l’être. Ce que découvre toute l’exploration d’occidentalisation (dont on a dit qu’elle n’est pas « l’occident »), c’est le passage du contenu sur-intentionnalisé (les grecs) et hyper intentionnalisé (le christique) qui dépassent déjà le contenu obnubilant, qui manifestent déjà leur intention de ne plus dépendre des contenus (soit d’égalité du penser et de l’être, soit de saisie du point de regard autre sur tout le vécu) et de tendre vers la forme, antérieure, qui produit les contenus,

c’est, donc, le passage du contenu vers la forme même et la forme seule, qui précède les contenus ; Descartes, Kant, Hegel, Husserl, jusque Lacan, reculent au fur et à mesure dans l’antériorité ; dans ce qui existe avant le monde, le donné, la pensée, le christique, et même avant le sujet ; vers l’antériorité de structure qui pré-dispose à tout cela. Dont Sartre et Lacan présentent la première approche. Et cette forme qui est approchée, ne relève déjà plus du penser grec ou du regard christique mais de la dimension de l’acte-même précédant toute détermination, réalité, être. 

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