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instants philosophie

De la liberté ontologique

16 Septembre 2017, 09:54am

Publié par pascal doyelle

Ce qui s’impose via l’historicité

Jusqu’à la révolution (française, qui réunit en une fois la liberté et l’égalité, au lieu que les anglo-saxons tiennent plus la liberté, l’égalité des libertés sans doute aucun, mais non assujettissent la liberté et l’égalité, ce qui imprime à la liberté une contrainte, ce qui doit être entendu comme une Exigence), jusqu’à la révolution donc l’universel est l’horizon en vue de quoi toute l’humanisation se cherche ; la révolution impose que chacun soit sa propre raison, non pas tant sa propre raison comme corpus ou idée définie, mais en tant que chacun soit pour lui-même réfléchi et que chacun puisse prendre décision et idée de soi-même de telle sorte que chacun ait sa propre vie ; que le bonheur soit une idée neuve en Europe, en bref.

Par cela même on s’aperçoit que l’universel de la révolution n’impose pas un contenu universel  mais la forme « liberté » (telle qu’inclue dans et par l’égalité, française), et que donc si l’universel, l’humanisme, l’humanisation fut bien ce qui était jusqu’alors recherché, ce mouvement débouche sur tout autre chose et il faudra attendre Sartre pour la liberté soit analysée telle quelle, sans présupposé, sans que soit présupposé la pensée de l’être comme unité universelle, et de fait Sartre suppose l’acte de conscience comme néantisation de l’être tel que « là » ; et l’être est entièrement basculé dans le « là », hors de l’universalité. Kant analyse la liberté (et Descartes la dé-couvre comme origine de la pensée elle-même, en tant que volonté dont la structure est divine, à l’image de celle de dieu, de l’infini, de l’in-fini, de « ce qui n’est pas du monde » ni composé de parties et qui est autre que la pensée et autre que le monde) et Kant pense la liberté sous l’égide de l’entendement ou plutôt de la raison ; c’est toujours la même problématique impossible pour la pensée « classique » (celle qui tient l’universel comme unique horizon) ; la liberté ne s’utiliserait qu’à choisir entre le bien et le mal, le vrai et le faux. Descartes sent bien par ailleurs que quand même la liberté, la volonté c'est tout autrement et tout autre chose, il se tient en réserve de l'infini (il ne comprend évidemment pas comme Sartre par ex comprendra).

Or par Sartre c’est tout autrement ; la liberté c’est de créer. Ce qui implique que le bien et le mal, le vrai et le faux ne sont pas des bornes à l’invention, que le réel consiste précisément à inventer et non pas répéter une formule fut-elle exacte du vrai ou du bien. Ce qui ne veut pas dire que la décision soit hors du bien et du mal, mais que s’ouvre un champ bien plus vaste que la définition toute apprise du bien et du mal ; il ne s’agit pas de se plier au bien et au mal connus, ni de vouloir n’importe quoi hors du bien et du mal habituel et lassant, mais justement de définir ce qui sera et le bien et le mal ; c’est ne pas exclure du tout le bien et le mal mais d’avancer dans la précision de sa potentialité. C’est en ceci que Nietzsche tente, adéquatement, de saisir le brutalement possible ; que tout soit création ; mais tout n’est pas non plus seulement création ; le Créé doit contenir en lui-même l’universel (puisque de toute manière un Créé sans universalité n’intéresserait personne, demeurerait seulement subjectif, déterminé, irréel et donc n’étant pas attaché à la réalité ni au réel, ne tiendrait absolument dans le monde, dans l’intentionnalisation, qui n’est qu’à cette seule fin ; que ce qui peut être réel, soit).  

La liberté classique ne peut pas penser que l’invention est la règle, (et Descartes nous montre comment inventer soit dit en passant, par la suspension et la redistribution de l'intentionnalité au plus loin, profond) puisque pour le classique la vérité est définie ou définissable abstraitement ; si l’on bascule dans le monde ou l’historicité qui admet l’invention et non la répétition, alors le réel n’est plus du tout le même, plus le Même du tout ; puisque le Même dans la réalité c’est le réel, la forme qui entoure les réalités en tant que Présent. Et si la trame universelle constituait l’horizon (qui permit d‘instaurer l’Etat et le citoyen de raison, qui est responsable individuellement de lui-même et des autres, c’est en cela que l’égalité est fondamentale comme contrainte universelle de la liberté finalement abstraite et facile), cette fois dans le réel de l’invention il est requis une autre sorte de tissage que cette trame universelle.

En vérité lorsque l’on positionne l’être (grec) ou dieu ou le sujet et qu’ils sont substantiellement nantis, on ne les pense pas ; on les imagine et on les imagine avec et par l’intentionnalisation. Et si on pense effectivement, on s’aperçoit que l’être ou le bien ou le un, ou dieu ou le christique servent à ouvrir la réalité et le réel ; ce sont les Opérateurs qui rendent possible la démultiplication du monde, du vécu, du corps. La raison, la naturalité ou le moi s’utilisent très efficacement mais en fait dans le même temps morcellent le réel et l’arc du sujet.

Ce mouvement d’individualité de structure (et non pas d’individualité subjective, ce à quoi voudrait bien réduire l’idéologie réaliste et naturaliste, celle qui voit en Kant la limitation métaphysique mais ne voit pas qu’il fonde réellement et effectivement un sujet transcendantal en plus de la réalité et de la nature, reprenant Descartes, qui plante sur l’étendue du monde le sujet in-fini) est déjà donc depuis belle lurette introduit et commencé d’être pensé par la philosophie et évidement cela ira en s’approfondissant par la suite ; jusque Lacan.

Sartre et Lacan décrivent la structure de conscience ; celle là même qui pour Sartre tient le « moi » dans le champ phénoménologique comme n’importe quel objet ou « chose » et par quoi il n’est pas d’intériorité, d’individualité au sens d’identité, de « moi », mais pas plus de « soi » qui serait comme une identité universelle ; il n’est d’identité que structurelle (non pas ce que l’on est mais ce que l’on fait de ce que l’on est, de ce que les autres et la vie ont fait de nous ; notre être n’existe qu’entre la naissance et la mort sartriennement, il se décide et s’invente entre ces bornes, et de toute manière il s’inventera, en plus à chaque fois, sauf que d’y adhérer, de le vouloir et décidément cela accélère et donne accès à la structure même, à la structure telle que ciselée durant cette historicité, on ne peut pas faire l'impasse du savoir).

La structure de conscience ; celle là même qui rend possible que la conscience soit autre et plus grande que le conscient. Celle qui ne passe pas dans le conscient et qui s’arcboute dans, sur, par le réel et lance ses stratégies, quand bien même ces stratégies échapperaient au conscient ; on perçoit plus que l’on ne parle, même si on ne perçoit en plus qu’autour et via les mots transformés en signes pour, par l’arc de conscience ; les mots transformés en signes sont des tremplins rebondissant ; en plus de la cervelle et de son rêve irréel ; c’est bien qu’il existe un tel arc sortant de chaque cervelle et se produisant du vivant, au vif de chaque activité d’intentionnalisation qui nous inscrit sur la surface du monde, sur le réel des réalités. Produisant ceci ; qu’il y ait une surface-autre du corps sur laquelle s’inscrivent les signes, cad les rapports, que tissent l’arc de conscience.

Ce que Kant nommait les fins, limité qu’il était par sa compréhension universaliste, et ce que le christianisme nommait le royaume (qui outrepasse la loi comme on sait ; le christ avance plus loin en l’humain en ceci qu’il est en plus de la loi juive). Et ce que Nietzsche ou tous les autres espèrent atteindre en annulant l’universel – ce qui est absurde – mais ce par quoi ils avancent si déraisonnablement, justement, par-dessus l’universel ; qu’ils ne peuvent cependant pas annuler ; la Volonté ou l’Etre relèvent bien de la toute-stratégie de l’arc et l’arc est effectivement le réel (l’Etre heideggérien) et la Volonté (la puissance, la potentialité) ; leur pensée est de fait structurée comme et par l’universalité, sinon elle ne serait pas pensée du  tout ; dès que l’on pense on pense universel, et de tout manière comme le langage est en soi déjà série de signes, cad de rapports, il est déjà en lui-même universalisation ; et ce parce que l’arc de conscience est en soi, si l’on peut dire, une structure formelle, vide et formelle, ce qui veut dire est un rapport. Mais dès que l’on pense, serait-ce via l’universel, on lance l’arc de potentialité au travers des réalités vers le réel même.

Ce qui se tisse entre et par les signes (qui sont des relations). De sorte que l’on comprend fort bien qu’au début on ait été à ce point sidérés (les grecs) par la capacité de penser ; de produire des contenus, des idées, des intentionnalisations nouvelles (hors du groupe et de la représentation mythologique et du langage seulement commun) qui permettent de percevoir beaucoup plus du monde, de l’humain et de soi. Le christique est lui-même la soudaine et infinie extension de la stratégie de conscience qui intentionnalise toute sa vie, naissance et mort, à partir d‘un point-autre (lequel se dit lui-même comme le chemin, la vérité et la vie, puisqu’il sur-existe en plus du monde et du vécu abandonné aux intérêts faibles du monde).

Mais on a beaucoup progressé depuis ; on s’est incrusté dans le hiatus entre nous et le donné là, l’immense donné là (devenu cet univers ou peut-être quantité d’univers dans tous les sens) ; et on a décrit, exploré, cartographié l’articulation. Laquelle articulation en un certain sens et un sens certain se-sait et se-sait instantanément depuis le début ; et depuis toujours en ceci que la forme « arc de conscience » est évidemment cela même, la structure originellement préalable à toute humanisation, monde représenté, serait-il de la plus éloignée civilisation ou culture humaine ; antérieurement à tout, langage ou groupe humain, il est cet arc comme sortie hors de la cervelle et antérieurement existant, ex-sistant à toute personnalisation, tout moi. C’est bien en ceci que l’occidentalisation n’est pas l’occident mais le processus de saisie de et par cette structure de l’articulation qu’elle est ; et si cette structure suscite tant et tant de représentations, de re-présentations, c’est qu’elle est LA structure antérieure, qui n’a ni ne peut obtenir de manifestation dans le monde étant elle-même formelle ; ce sur quoi réfléchit la philosophie (qui est la discipline affectée à rendre compte de « ce qui arrive à l’humain » autour de la méditerranée, à savoir que la forme (de conscience) prend le pas sur les contenus (les mises en forme culturelles que sont les peuples et les langages, et qui donc devient l’acculturation, l’a-culturation universelle hors territoire et hors particularité, hors monde déterminé localisé, et commençant, alors, de produire quantités de contenus nouveaux, puisque cette fois et depuis lors on se tient de la structure et non de tel ou tel monde humain déterminé).

L’articulation se-sait et se propose des versions d’elle-même ; dieu, pensée (grecque), christique, sujet (Descartes jusqu’à Husserl) altérité (Nietzsche Heidegger) et analytique (Sartre et Lacan) ; jusqu’à ce que tout cela retombe par le réalisme et le naturalisme du 18éme ; le donné expliquerait seul le donné ; alors même qu’un tel donné est tel parce qu’intentionnalisé par une conscience, laquelle est donc, déjà, autre que le donné, et ce qui est autre doit être signifié comme Autre, et un tel fait absolument majeur n’est pas accessoire, accidentel, artificiel ou illusoire ; c’est juste que le réalisme et le naturalisme ne supposant que des objets ou des choses, passant sous silence le regard, l’intentionnalité, de l’arc de conscience ils n’offrent aucune énonciation possible de ce fait absolu, et rendent impossible toute stratégie, se contentant de petites tactiques qui tournent en rond et qui rend tout incompréhensible pour tout le monde et chacun, individuellement et collectivement (bloquant, gelant l’historicité à la révolution universaliste d’il y a deux siècles, dont on aura compris que la forme « universelle » est absolument valide mais uniquement le prélude, le préalable à ce qui aurait du se passer, et dont on n’est pas sûr que l’on ait encore le temps de le dérouler). Mais on a vu que le réalisme du 18éme est une adaptation (dieu-naturalité, pensée-raison, sujet-humanisme) de la structure découverte et impérativement nécessaire afin d'assurer le bonheur humain afin que l'on puisse alors passer à quelque chose de plus intéressant.

L’articulation se-sait et c’est la raison pour laquelle dés le début cela nous arrive si radicalement, nous éjectant de tous les mondes clos, cycliques (et éjectant chaque moi hors de l'enfance, par une crise existentielle, ce qui veut dire l'im/possiblité, les deux, d'une stratégie) ; la pensée et le christique envahissent totalement le monde antique et le christique reprendra intégralement la pensée grecque puisque c’est la même articulation absolue, cad formelle, qui se joue de et au travers de tous les contenus (le christique imposant que chacun accède à sa propre vie, et cela via l’autre-corps, le Corps-même, ce qui est fondamental, et la pensée qu’il y ait un seul-monde ; annulant dans les deux cas les groupes particuliers).

Sans doute l’occident supposait une essence ou un contenu ; mais les dits super contenus (dieu, la pensée, le sujet, l’altérité ensuite) ne sont pas des contenus … mais des formes. En réalité ce ne furent jamais des contenus ; c’est uniquement l‘interprétation rationaliste, réaliste, naturaliste à partir du 18éme qui les a transformés et caricaturés : ce furent toujours des articulations. C’est que le réalisme se tenait du sujet, absenté, et percevait à partir de ce sujet transformant tout en objet, mais prenant bien soin par contre de ne pas se penser, se situer, se signifier comme sujet ; faisant comme si le sujet n’était qu’un regard étroit et non existant, laissant tout le champ (de conscience) occupé par la détermination.  La mécompréhension est complète quant à notre propre historicité ; nous empêchant de poursuivre et de reprendre plus avant la réalisation.

Il est clair que l’arc de conscience, cad le rapport à (soi) en lequel rapport le « soi » est le rapport lui-même (et non telle ou telle identité quelconque, tout est quelconque en considération de l’arc de puissance même, de puissance comme potentialité pure et brute), cet arc, ce rapport se tient en-avant de lui-même, enchâssé dans le présent, destiné à remodeler le donné et à créer ce qui n’est pas ; l’essentiel est ainsi de fait non encore réalisé.  

Puisqu’il est un présent et qu’en ce présent se produit la liberté, ce qui est essentiel c’est ce qui n’est pas là. ça n’est pas très compliqué, mais la question est puisque l’arc structurel de conscience et le présent sont inclus l’un selon l’autre, et qu’ils dessinent la forme des réalités, qu’est-ce qui est contenu dans la forme qui entoure les réalités et qu’est-ce que cette « information formelle » qui constitue le Bord du monde ?

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