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instants philosophie

Le réel entourant les réalités

16 Juin 2018, 08:39am

Publié par pascal doyelle

Liberté et mémorisation

Ce que l’on nommait l’être, autrefois, existe peut-être : on n’en sait rien. On se contente de ce que l’on observe, de ce que l’on constate ; il s’agit de dresser la carte du réel tel que « là ». Mais ce faisant on ne fera en aucune manière abstraction de l’historicité ; on part du principe que toujours on a su de quoi il était question. Et bien que cela dont il était question ne parvenait jamais à se traduire effectivement dans les notations, textes, les signes successifs qui se déroulèrent depuis le début (insituable).

Autrement dit il est hors de question de maltraiter les représentations, religions, mystiques, esthétiques, poétiques, politiques et autres éthiques sous l’annonce d’une vérité quelconque qui prétendrait tout réinterpréter à nouveau frais. Il s(agit donc de faire le bilan, tout à fait structurel, de l’ensemble des possibilités qui furent poursuivies par toutes les pensées, représentations, images, signes. Le principe antérieure à ce principe (que toutes les positions éclairent le point de réel) est que depuis le début il ne s’agit nullement de contenus divers et variés qui se heurteraient ou s’ignoreraient mais des effets d’une seule cause ; à savoir qu’il n’est qu’une seule « humanité » parce qu’il n’est qu’une seule manière « d’être conscience ». « Conscience » cela se dit d’une seule sorte de forme.

Pour préciser rapidement, « conscience » se dit de l’arc, de la tension qui sort de la cervelle vers le réel donné « là » et qui positionne ce réel comme autre (les consciences qui ne sont pas en mesure de se positionner dans le réel doivent être tenues comme consciences potentielles, celle d’un enfant par ex ou d’un handicap quelconque ; le problème est important dans la mesure où définir plus strictement cet arc comme tension vers un réel (ce qui suppose donc que cette conscience reconnaisse le réel comme externe à son être propre, est, littéralement, ce que la psychologie ou psychanalyse caractérise par l’accès à la réalité ; un fou est celui dont l’accès à la réalité est obturé par une illusion ; cela veut dire qu’il ne peut pas quitter de vue ce qui le regarde dans la réalité …

On veut dire par là qu’en vérité cela arrive à n’importe quelle conscience ; il existe un point, au moins, pour toute conscience, point qui la regarde à partir du réel, pourtant externe. On n’entrera pas dans la structure du dit point tout à fait autre, mais on remarquera ceci que, pour la santé mentale, outre la problématique relative au réel, ce point tout à fait autre signifie également que l’on y est assujetti à la vérité (ou au réel de la vérité, que donc la vérité est autre et s’impose à la subjectivité) ; si la vérité n’était pas selon l’altérité elle dépendrait de l’arbitraire et ne serait donc pas vraie ou potentiellement vraie.

Le point-autre déplace donc dieu, la pensée, le sujet et l’altérité comme des étirements de la réalité à partir d’un point littéralement autre et au-devant ; les signes de dieu, la pensée, du sujet et de l’altérité ne sont pas en eux-mêmes mais renvoient à la capacité que chacun, chaqu’un peut mobiliser ; ils s’utilisent afin d’augmenter (grec) d’intensifier (christique) de réfléchir (méta qui débute avec Descartes) et d’analyser (soit imaginairement, Nietzsche et Heidegger, soit effectivement analyser la structure avec Sartre et Lacan). D’activer la plus grande possibilité de structure de conscience possible en chaque ici et maintenant.

De plus haut cela veut dire qu’une « conscience » est non immédiate ; elle est dans sa structure même médiation ; on peut hiérarchiser si l’on veut cette médiation ; dieu est une des infinies médiations, l’être et la pensée, le christique et puis le sujet, l’altérité (et le monde objectif ou l’univers, etc) et le réel tel que « là » – ou encore, pour tout un chacun l’autre, autrui est « autre » ; ne pas saisir (de par sa propre unité) que autrui est autre est évidemment l’enjeu moral fondamental qui confine à l’éthique même ; par ex pour nous il faut affirmer absolument que chacun est un de par sa structure de sujet et non par quelque appartenance que ce soit ; ou donc aucune appartenance ne supplante la structure en forme de sujet (ni homme ni femme, ni riche ni pauvre, ni esclave ni homme libre, etc). Que l’on place avant tout le sujet veut dire que tout le reste sera rendu possible uniquement par la forme de sujet ; la forme de sujet est ce qui hausse, élève, surdétermine a priori toute volition, désir, imagination perception postérieure.

Evidemment on continuera d’être tout ce que l’on est, mais la forme (qui touche non pas l’être mais l’exister) est ce qui influera suffisamment pour que tout le possible de structure, d’être humain libre et universel et singulier et individuel soit activement réalisable  (on a vu par ailleurs que cette structure réalisable historiquement se désigne comme double exigence ; liberté et égalité, égalité qui accorde tout la tension efficace à la liberté de chacun).

Ceci pour revenir à notre propos ; que dans tout l’être donné tel que là, il y eut une intuition structurelle formidable autour de la méditerranée, que l’on ne résidait pas du tout dans le monde ou le donné mais que l’on existait autour ou en plus ou ailleurs ; dieu, la pensée, le christique, le monde, le corps, l’universel, l’individualité ; tout cela permet de sortir de tout monde clos et défini autour et par tel ou tel groupe ou communauté déterminée. En bref pour le dire suivant notre perception, que nous existons par et peut-être en un décalage, et que si décalage il y a  ce décalage est tout, au sens de l’essentiel, au sens de plus essentiel que n’importe quoi d’autre.

Or on a vu aussi que si décalage il y a, il ne contredit rien en quoi que ce soit ; ça n’est pas une doublure de la réalité en plus de la réalité, auquel cas il faudrait justifier de la réalité de cette réalité ; et précisément si ce décalage est constitué comme un arc de conscience (qui dit arc dit structure, forme incomplète, tension vers et ouverte sur le donné, avec lequel elle ne se confond pourtant pas, remarquons le) alors cet arc de conscience absorbe tous les chocs et il serait tout à fait efficient que ce soit  justement la finalité « naturelle », la fonction de cette conscience ; d’intervenir dans les mémorisations de telle sorte que l’on puisse les court-circuiter de manière à intégrer en urgence n’importe quelle situation ; d’urgence et de danger ou pas, puisque cette activité en plus va développer sa propre infrastructure et superstructure pour ainsi dire et créer des mondes humains en représentation en des corps (les corps sont l’infrastructure et les signes les superstructures et comme on sait les signes sont par, via, selon un corps) ;

et donc d’abord et avant tout de penser, percevoir, ordonner le monde dans toutes ses directions en et par un groupe, qui échange selon des signes, puis selon les individualités en tel ou tel groupe, mais alors le groupe éclate … n’est plus naturel et doit être voulu en secondement ; l’esprit saint, du christique, des chrétiens, est cet être établi secondement. Ou bien, autre version, la révolution ; la révolution est ce qui se nomme, de par soi, une nation, d’individus libres ET égaux (c’est fondamental comme on a vu ailleurs) qui se décide en tant que nation (laquelle ne se comprend que comme assemblée de citoyens, et qui n’existe que parce qu’elle se sait telle, et non pas selon une identité naturelle ou surnaturelle).

Dire que la cervelle crée la possibilité de « conscience » est évident ; de où cela pourrait-il venir sinon ? Mais cela n’importe pas, parce que cette activité repose sur sa propre trajectoire ; elle crée sa propre dimension et visiblement elle est instanciée à cette fin ; de considérer le monde donné là comme un champ de perception qui s’ajoute à l’atome et à l’adn ; ce qui veut dire que l’on peut agir dans et sur le monde sans nécessairement connaitre l’atome ou l’adn, mais aussi que l’on n’a aucune connaissance a priori et qu’il fallut apprendre l’atome et l’adn ; le champ perceptif plante un point autre qui est également autre que l’atome et l’adn, qui les contient ; sauf ceci que lors même que tout le donné est ignoré, par contre la forme de conscience est connue comme telle, sous les configurations qui signifient réellement son activité, son type d’activité ; dieu, la pensée, le sujet, l’altérité.

Et sous des figurations telles la raison remplaçant la pensée, la naturalité remplaçant dieu, et le moi se substituant au sujet. Et auparavant encore qui activait la même antériorité mais sous le couvert très sensé d’un contenu ; le soleil était effectivement un dieu et le fleuve un immense serpent divin sur la terre ; on se confiait à la perception en cela même qu’elle montrait.

Si on annonce seulement que dieu, la pensée et le sujet signent « la conscience » on approche un peu, mais si l’on dit que l’arc de conscience se signifie comme dieu, pensée ou sujet (et altérité) on commence de comprendre que la « structure en forme de conscience » est plus grande ou à tout le moins plus précise et réelle que dieu, la pensée ou sujet (tels que ceux-ci se donnent à nous ; on peut supposer dieu, mais ici même il nous est possible de délimiter et définir l’arc de conscience qui existe ici même et pas ailleurs ; la délimitation de l’arc est plus exacte et précise que l’idée que l’on se fait de dieu, de la pensée, du sujet ; nous n’avons aucune expérience directe de dieu, ni de la pensée en soi ou du sujet en lui-même, par contre nous pouvons observer le réel de cette articulation que nous existons ; c’est bien la précision de la description du réel en acte qui est le sens de l’occidentalisation et non pas la figuration de cet acte en contenu, figuration ou configuration) ; on s’est avancé dans l’articulation telle qu’elle se produit dans l’instant, ce qui veut dire dans l’architecture du présent (comme origine de tout) ; on a décrit le mécanisme fondamental ; qui peut-être autorise les croyants à avancer dans la compréhension de dieu, les idéalistes dans la pensée, et les surdivins dans la liberté pure et brute, ou subtile ; c’est du reste … ce qui eut lieu … partout, constamment et dans tous les sens possibles ; on ne fait rien d’autre ici que montrer ce qui eut effectivement lieu et la raison des dépliements, des explorations, des chemins rendus réels ; on ignore si il y en a d’autres ; les contenus ou les réalités sont prescrits, les structures non ; on ignore dans quel sens et en quelle perspective les articulations ontologiques avancent.  

Qu’elle ne mène nulle part et soit seulement une structure qui permet une plus grande activité ou précision (puisqu’elle court-circuite les mémorisations et qu’il n’est pas besoin de modifier l’adn ou la mémoire acquise pour agir, plus rapide, plus resserrée, plus précise et finalement en un mot plus actuelle et actualisable à volonté) est une possibilité interprétative.

Ou qu’elle puisse déployer cette actualisation continue et qu’elle signifie alors plus, bien plus, que cette articulation, est une autre possibilité interprétative ; parce que le curieux c’est justement qu’il existe un être d’abord qui n’est pas un être (pour s’agiter en tous sens une «conscience » n’est pas déterminée en elle-même mais use de toute détermination disponible) mais que de plus cet être convoque toujours constamment la position que « là » au-devant existe un réel tout à fait autre et que donc cet être lui-même est une unité mais une unité vide et donc formelle.

Comme on a dit on ne peut pas travailler sans poser l’hypothèse qu’il est impératif de ramener toutes les positions découvertes et de les récupérer (en quelque discipline que ce soit de quelque civilisation et de quelque temps) dans la réflexion ; tenant ceci que les autres n’étaient pas plus idiots que nous et qu’ils savaient tout à fait bien « cela » qu’ils énonçaient et pas pour rien (sous condition d’admettre un certain niveau de cohérence, intérieure et  extérieurement en considération du monde, du donné).

Et cette récupération non pas en vue d’une unification abstraite, mais pour et par la dispersion de toutes les possibilités ; puisque ce qu’il s’agit d’approcher c’est l’explosion ontologique initiale qu’est le réel ; le réel est un infini qui crée des infinis ou de l’infini ; rien de tout ne s’arrête mais tout se disproportionne ; le réel est exponentiel, plus grand que lui-même, est un extrémisme radical.

Et ce travail suppose à son tour que l’on puisse constater la pertinence de n’importe quelle position à partir de sa position propre : autrement dit on éprouve, on fait l’épreuve de telle hypothèse, par ex cartésienne, en marquant au fer rouge son propre corps réel et on voit ce que cela donne.

Ça n’est pas que ce soit une disposition subjective mais bien que l’on n’a aucune autre vérification – aucune – et qu’il ne s’agit nullement de subjectivisme mais de cohérence intentionnelle implantée là dans le réel et en l’occurrence l’étendue cartésienne du monde ; de même que Heidegger oui Nietzsche définiront le plan de réel sur lequel déployé leur interprétation de structure et que Sartre et Lacan créeront à leur fin de description l’ensoi de la chose et l’inconscient.  

Et si on n’a aucune autre possibilité de vérification, c’est que l’on est sur le Bord et qui dit Bord dit rapport de la réalité (dont il est le Bord) à, vers elle-même ; la réalité est réelle, veut dire qu’elle se re-tourne vers soi non pas au bout du compte (à la fin des temps) ou éternellement (on ne sait où) mais qu’elle se retourne ici même et maintenant, constamment ; le présent est le retour de la réalité sur, vers elle-même et c’est ce retour qui crée la réalité. On juge de Descartes via le re-tour que l’on subit soi-même ; et de fait on ne le juge pas… on ne peut pas. De même qu’il est absurde de juger le christique ou dieu ou la pensée ou la révolution ; tout cela eut lieu et ex-siste le réel même qui génère toutes les réalisations. C’est ce en quoi, la structure, nous sommes pris ; mais la structure est le Bord et ne peut en aucune manière être contredite, sous peine de retomber dans le monde immédiat et même dans un pseudo monde faussement immédiat (cad un fantasme ; les mondes humains autour du groupe et de la communauté n’étaient pas de pseudo-mondes, mais des réalisations en leur mode).

La forme de « conscience » est autonome ; mais en tant que forme et non comme contenu ; elle n’est pas autonome en tant qu’unité substantielle ou esprit individuel ou objectif ; elle est autonome comme structure intentionnelle qui n’a affaire qu’au seul réel, au réel tel que « là », en tant que position qu’un réel Autre il y a et que cette position-autre nous assigne à la vérité-réalité-réel et jamais au subjectivisme qui n’est qu’une vaguelette seconde dans le pli qu’est l’arc de conscience articulé dans le re-pli qu’est le réel, le présent est ce re-pli ;

c’est en ce sens que même une disposition tout à fait subjective, une folie, une obsession, un fantasme ne se comprennent pas en dehors de l’ordre sociétal du moment historique ; la subjectivité est mais c’est l’arc qui existe et il existe dans l’architecture générale de conscience (ce qui est réalisé après la révolution n’est pas ce qui est réalisé après la révolution, etc) ;dans la séparation généralisée de tout, le moi a du créé ses obsessions, ses folies, ses dépressions, ses désespoirs. De même qu'autrefois Ulysse a pu se produire comme Ulysse aux mille ruses ou que les chrétiens se créèrent comme christiques. 

et donc c’est en tant que forme qu’elle a créé et élaboré et architecturé son propre réseau de mémorisation ultra rapide et déposée, cet entrelacs, dans des signes qui sont repris et éprouvés par chaque autre-conscience ; dieu, la pensée, le sujet et l’altérité ou les esthétiques ou la révolution ou les éthiques, etc, qui s’adressent au statut de sujet supposé, hors cela on tombe et on s’écrase dans le monde et l’immédiateté, ce par quoi les pouvoirs et les puissances s’imposent.

De là que Descartes malgré les siècles, fasse encore impression : parce qu’il imprime la formulation dans le regard même ; de là que si on oublie que les principes sont égalité et liberté on se contentera d’être dévoré par la liberté-seule anglo-saxonne qui n’offre aucun dynamisme universel mais autorise seulement de « profiter » du monde et du vécu.  

Tout cela, en un mot, ne tient que d’être voulu, d’être intentionnalisé, et repose non plus dans le giron d’un groupe humain, comme jadis, mais dans une construction tout à fait externe ; les constitutions des sociétés décidées volontairement, qui se créent par la volonté de se créer et non parce que naturellement ou surnaturellement elles nous incluent dans une communauté, par ex, ou les acculturations, la formulation du héros depuis Quichotte, le héros brisé, étranger et désespéré ou, version conquérante, désirant dans le monde. C’est par là que « occidentalisation » peut être repris de Guénon ; soit la rupture d’avec toutes les formes traditionnelles de civilisation, et donc la civilisation de la division poussée à son maximum, l’a-civilisation qui ne tient à aucun territoire mais uniquement en l’individualité, ce qui ne se divise plus (et que tout objectivisme, scientiste ou idéologique, libéral ou communiste, prétend découper, comme au bistouri ou pire par le regard mortifère qui vous regarde ; le moi de Sartre ou le sujet inconscient de Lacan) ;  

a-civilisation de la division parce que ce qui divise c’est une structure et que cette structure n’est rien, est une forme, et qu’il s’agit de penser la situation dans le réel de cette forme (qui prit nom de dieu, de la pensée, du christique, du sujet, puis de l’altérité) et dans le réel la situation de cette division c’est le présent ; autrement dit l’exister, soit donc la plus petite division, incommensurable. Cette division, cette divisibilité, cette capacité de séparer est bien plus encore la capacité de distinguer ; c’est par excès et intention de distinction qu’elle ex-siste.

Et c'est dans l'architecture de distinction qu'il ne faut pas s'égarer (et dans l'architexture du corps).

C’est pour cela que l’être est second par rapport à l’exister qui est premier et que dieu, la pensée et le sujet et l’altérité sont des exigences qui distinguent, par-dessus n’importe quel monde, et que le je est autre que son corps … et donc cette structure formelle crée des distinctions, des idées et des perceptions et des intentionnalisations. Chacun d’entre nous n’est plus en et selon un groupe, une communauté, mais est séparément – en un cadre spécifique, en l’occurrence celui de citoyen et bien que le monde immédiat tente constamment de recouvrir ce statut par une identité fantasmée, de « désirs » donc et d’images, ou d’échanges, ou de déterminations, afin que les puissances, les pouvoirs puissent manipuler le dit statut, et pour tout dire l’écraser.

La technique maximale qui emporte tout est de penser cette division en tant que rapport ; le rapport est à la fois ce qui scinde toute réalité et ce qui relie tout ce qui est divisé. Sauf que le réel est le rapport comme tel qui crée l’un et l’autre côté. Le réel se perçoit inversement ; il faut se tenir du point de vue du rapport mais on ne peut pas justement s’y assurer puisque c’est un mouvement ; on adopte donc toujours un côté et tant qu’à faire le côté qui autorise la plus grande approche du rapport ; mais on ne peut pas approcher du rapport, on est dans le rapport ou pas ; on ne le saisit pas, on en est saisi. Et c’est bien par ce détour que l’on est perçu par dieu (dont le regard crée votre âme), que l’on est pensé (selon la vérité comme autre) et que l’on suppose un sujet sans l’être jamais, en quelque sens que ce soit ; dieu, la pensée, le sujet se tiennent du point-autre. Or cependant on a pu néanmoins parvenir jusqu’à l’analyse de ce rapport, au moins tel qu’il peut s’expérimenter ici pour nous, via Sartre et Lacan en dernière instance. Cette altérité manifeste que c’est à partir de la racine, antérieure à tout, que l’on est lancé dans l’exister et introduit en et par  l’étrange architecture du réel.

Et c’est cette étrangeté dont se rendent et nous rendent compte Nietzsche et Heidegger ; quitte à succomber à son inhumanité. Mais l’altérité n’est pas inhumaine, elle est juste non humaine et c’est de là, puisque l’on n’admet pas a priori le divin (le réservant à la croyance de chacun) qu’il faut avancer le surdivin, dont on a vu que le christique est absolument (cad formellement) la première claire et quasi parfaite sur-intégration par infusion du regard qui crée votre regard ; autrement dit qui crée l’intentionnalité qui vous créera (quoi que vous en pensiez, puisque c’est une structure historiciste). Imaginaire inhumain, qui fait front contre la raison (substitut de la pensée), l’humain et le moi (contre le sujet), la naturalité raisonnée (contre dieu et l’ambition ontologique et métaphysique) et faisant front selon deux versants ; la face interne de la Volonté (qui est autre en nous) et la face externe (qui est a-universelle et autre que l’être classique, et qui est gouffre structurel et non pas donné-là déterminé).

Or le sujet est réellement ontologiquement une « volonté-autre » et le réel est effectivement un gouffre structurel et l’être l’altérité fondamentale ; sinon Nietzsche et Heidegger ne seraient apparus qu’en pure perte et ne signifieraient rien du tout (sinon des délires imaginaires) ; sauf donc que ces deux interprétations de l’intentionnalisation et du réel bien que manifestant le caractère absolument autre, prennent les constantes interprétatives de dieu, de la pensée et du sujet

selon la naturalité (comme nature ou comme le dieu horloger, et non le dieu investissant l’humanité ou l’individualité), la raison (remplaçant la pensée), le moi et l’humain (se substituant au sujet)

et Nietzsche et Heidegger ne parviennent plus alors en aucune manière à dépasser les structures mais ré/introduisent de la violence et de la barbarie (ils ne réintroduisent pas une barbarie qui aurait existé précédemment, parce qu’ils introduisent la barbarie nouvelle du 20éme, la violence décuplée et l'isolement de l'auto-affirmation nietzschéenne) ; contredisant l’humanisme et la subjectivité, ils ne sont plus en mesure de poursuivre l’ancienne architecture ; l’ancienne architecture que l’on ne peut pas contredire, que l’on peut exclusivement poursuivre et rendre encore plus réelle. En cherchant à déterminer la puissance, selon le monde et le donné, ils introduisent dans la réalité la puissance comme force et violence alors que puissance signifie et ne signifie que « potentialité ».  Ce que le christique nommait comme « amour » cad élévation des uns des autres.

Le charme ou l’appel étourdissant par lequel Nietzsche et Heidegger nous en imposent n’est pas du tout imaginaire ou illusoire ; ce qui traverse c’est l’étrangeté fondamentale de ce qui est réellement et c’est précisément par cela qu’il ne faut pas descendre le degré d’intentionnalité ; c’est sur la durée que l’intentionnalité suit la suréminence de l’altérité et non dans un feu consumant. Il faut tenir le Un en tant qu’altérité et non se livrer à la dispersion indéfinie du un en forme de uns et évidemment la dispersion est excessivement séduisante, mais ce qui ne dure pas s’effondre dans le néant, le véritable néant, l’effacement. 

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