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instants philosophie

La mondialisation et la violence

10 Janvier 2019, 11:02am

Publié par pascal doyelle

Evidemment il ne s’agira pas de la violence guerrière, quoi que (disons que le nombre de morts est en décru depuis la seconde guerre mondiale, qui était, effectivement, un monde de nationalismes, mais entendons alors non pas de nationalismes politiques, mais de nationalismes économiques ; l’économie poussait les Etats à la guerre, frontale ou coloniale). Il s’agira donc de la violence économique qui parait et est effectivement moins gravissime que celle du début du 20éme, de toutes celles connues, et on a pu parler d’une fin de l’histoire, mais qui n’en reste pas moins une violence.

En ce sens que
En ce sens que l’épopée de la mondialisation touche à son terme ; elle ne parviendra pas à imposer un seul régime économique généralisé sur toute la planète qui devait, théoriquement, réaliser l’unité de l’espèce humaine sous la bienveillance du commerce mondial, ses cohortes de bons salariés correctement payés afin que se déroule la machinerie économique dans toute son ampleur, embarquant les technologies, les communications, les échanges, la montée globale de tous les pays et de toutes les classes pauvres vers une énorme classe moyenne. 
Ce qui s’est passé a montré, tout vertement, que le système libéral chargé d’assurer ce brillant avenir, s’est révélé tout simplement tel qu’en sa nature ; à savoir qu’il ne se réalise pas en élevant le niveau de tous, mais en accaparant la richesse et en prolétarisant tous les peuples.

Les 200% d’élévation généralisée à tous qui étaient promis, se dévoilent comme les 400% pour quelques-uns et 15% pour les autres ; le compte n’y est absolument pas ; et cette prolétarisation n’a pas seulement démoli les autres pays (qui devaient idéalement convertir leur économie de subsistance en économie moderne technique et capitalistique, cad ayant capacité à investir dans leur territoire) mais a commencé depuis 30 ans à prolétariser tous les peuples, toutes les classes sociales et plutôt que de se stabiliser sur une classe moyenne gigantesque, globalisée, on a abouti à une classe supérieure (non pas les 1% qui possède 80%, mais les 15 ou 20% du haut), une classe supérieure mondialisée qui ignore (et méprise) tous les autres, qui a organisé par les mille flux d’échanges, et qui vit dans son monde et qui croit que son monde est celui réel. 
Et méprise parce qu’il ne suffit pas d’ignorer seulement ; l’ignorance de cette sorte est l’aveuglement volontaire, et lorsque l’on est obligé de regarder ce que l’on a jusqu’alors ignoré, on va commencer de le mépriser, et on va préférer des idéaux inaccessibles, éloignés, de pays à l’autre bout du monde, plutôt que d’agir autour de soi. On se gargarise encore d’enrichir les pays pauvres, ce qui est vrai en partie, mais lorsque ces derniers produisent 50, on leur en laisse 3 ou 5, et on récupère 45 ou 47 ; et on se gorge d’une pseudo bonne conscience qui affaiblit, puis détruit les économies nationales et locales (certes déjà considérablement colonisées de mille manières et en elles-mêmes pauvres et privées des sciènes et des techniques et des sécurités sociales, à l’époque). 
La question n’est pas ; oui regardez on les a aidés et élevés, parce que c’est vrai, mais c’est vrai petitement, on leur a accordé 15 % du bénéfice (dont 13% au bon souhait des « élites » des pays pauvres, laissant 2% aux salariés) et en empochant 75% 
soit en retour sur investissement (impliquant la mondialisation de l’investissement, cad la financiarisation), soit tout simplement en achetant comme consommateurs moins chers et ce qui est absolument trompeur puisque nous avons cru que notre niveau de vie augmentait, alors qu’il ne s’agissait que de la surexploitation des pays pauvres et de la prolétarisation de toute la planète.

Et non seulement les investisseurs gagnaient sur le dos des pays éloignés mais de plus ils gagnaient en ne nous augmentant plus, puisque la baisse de tous les coûts de production s’appesantissait sur toute la planète et que de plus la productivité, technologique, était multipliée par 20 (dont on n’a pas réellement vu l’impact, sinon que, oui, nous avons consommé plus mais la consommation alimente le système généralisé, au prix de détériorer la véritable qualité de vie, et au prix d’une hyper croissance délirante et qui va détruire toute la planète).Stagnation des pouvoirs d'achat. 
Il se trouve donc que dorénavant la totalité de l’architecture du monde est organisée autour et par la financiarisation absurde de tout. C’est cela qui constitue et maintient la mondialisation et tout dépend de cette mondialisation. On ne produit plus sur place ce que l’on doit consommer. Tous les pays sont des systèmes ouverts qui dépendent de l’ensemble du système (qui devait ordonner le monde humain au bénéfice de tous, présupposant on ne sait pourquoi qu’un développement infini pouvait être supporté par la planète).

Il était envisageable qu’au tout début ce ne soit pas une mondialisation économique qui pouvait stabiliser les pays mais une organisation politique de cette mondialisation ; auquel cas développement économique, oui, mais dans les rennes et les limites des Etats entre eux et permettant bien sûr une moindre croissance (et non une hyper croissance que l’on considère comme allant de soi, ce qui est absurde), mais une croissance maitrisable. Ce qui revient à dire que de même qu'autrefois on ne contrôlait pas les rois et les empereurs, et qu’il fallut les rendre à la raison (la nôtre, celle des peuples et des individus), de même nous aurions du prendre les rennes de l’économie et ne pas la laisse gambader à perdre haleine et déraisonnablement. 
Rien de tout ce développement que l’on doit nommer hyper croissance n’a été contrôlé, et nos désirs ont été transformés en pulsions, infantilisées, et donc notre personnalité même en fut atteinte. 
Le système-méga écrase tout aussi bien les pays, les Etats, les peuples que les individualités. Alimentant ces méga-machines d’autopromotion (publicitaire mais aussi dans tous domaines), de visualisation, de rêves de ce que nous croyons être (et que nous en sommes pas, de sorte que les psychologies tournent folles). Transformant l'économie en anti-économie destructrice.
Annuler la mondialisation, annuler la financiarisation, c’est abolir toute l’organisation du monde humain et rien ne se fera sans drame, voire tragédie, désorganiser l'organisé, fut-il injuste et fou, est un danger absolu, d'autant que nous n'y adhérerons pas volontairement et par stratégie mais que nous subirons, dans la panique ; c’est retirer les piliers qui soutiennent l’ensemble de toutes les industries techniques, de communication, de services, de rêve. Tout est accroché à la seule promesse que les investissements,demain, rapporteront plus mais aussi créeront un monde encore plus fluide et empli d’échanges. Mais si les ressources manquent, si les ressources qui sont le pilier central qui supporte tous les autres s’effritent, que se passera-t-il ? On ne pourra pas remplacer l’eau ou le pétrole ou suppléé à la canicule par des climatiseurs. On ne pourra pas relancer les anciennes économies totalement détruites par les apports techniques ou financiers et destinées à l’exportation et non au local, ni même au national.Et comme la financiarisation (corollaire obligé de la mondialisation des productions) s'est énormisée, elle est sur le point de s'effondrer ; elle ne peut pas remplir les promesses sonnantes de ses investissements (passons sur la spéculation qui gonfle arbitrairement les échanges de capitaux).

Non qu’il faille refuser la technique ou l’économie mais mesurer et contrôler tout ce bazar qui a cru, un temps, que sa puissance était en mesure de se substituer à toute la réalité humaine, individuelle et naturelle. C’est faux, c’est absurde, c’est un fantasme de monde, un fantasme de l’histoire elle-même. La mise en forme qui eut lieu n’a pas consisté à nous « faciliter la vie » seulement et simplement, mais à nourrir un ventre béant, abyssal, de pure vie rêvée dont les images nous furent insufflées durant des décennies et que nous avons adorées, au point de ne plus tenir réellement qu’à ces fantasmes, et ces fantasmes qui nous absorbent, nous sommes incapables de nous en priver, même lors que notre existence est en danger, en danger de mort, de disparition, d’effacement. 
On sacrifierait tout plutôt que d’anéantir le fantasme de vie rêvée, le fantasme pulsionnel qui a pris la place de notre regard même.
La mondialisation ne valide pas une économie plus ou moins saine et durable (au sens économique et encore moins au sens écologique) mais une hyper-croissance qui est sortie de la réalité, et ne vit et ne véhicule que sur le mensonge, celui d’un avenir possible (il n’y en a pas pour une telle engeance délirante) et celui d’un mirage de vie illusoire débridée, notre psychologie même est surexploitée (les maladies mentales se démultiplient, OMS). Et ceci sans refuser du tout qu’un développement profitable eut été possible, mais en constatant que c’est seulement l’imaginaire le plus bas de plafond qui prît le dessus. 
Si mondialisation il devait avoir lieu, elle se devait d’être politique, et c’est la politique sous la forme de la nation qui va revenir. Et ça ne se passera pas forcément bien. Mais si l’Etat et la nation font leur retour c’est que l’Etat et la nation vous seront le dernier recours face à ce qui vient.
(diagramme du rapport Meadows Club de Rome, en pointillé les prévisions, en gras les faits réels, tout est vérifié au fur et à mesure des années)

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