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instants philosophie

Le vivant et le corps

4 Mai 2019, 15:17pm

Publié par pascal doyelle

Que nous ne soyons pas un corps vivant mais un Existant.

Il existe pour nous un monde, un vécu et un corps, parce que précisément nous ne sommes rien de tout cela, mais alors la question se pose ; de où percevons-nous et que sommes-nous ?

On a situé cette position sur le Bord du monde mais aussi du vécu et du corps ; il y a un Bord du monde et, ne cherchez pas, il s’agit très simplement du présent. Le présent est le Bord de tout ce qui est ; ce qui est, est pris dans cette forme étrange qu’un présent il y a, et que le présent déroule la totalité des réalités et parmi ces réalités des choses bien sur et mais aussi des vivants et parmi ces vivants qui se définissent par une séparation (la peau, quelle qu’elle soit) et une indépendance (ils se meuvent indépendamment du milieu), sont apparus des êtres  pour lesquels le milieu se transforme en monde ; il y a un horizon, de toutes les choses et de tous les êtres, sur lequel horizon on place et déplace mentalement au moins les signes des choses et des êtres (ce qui permet ensuite de déconstruire et reconstruire des choses, des objets). Ces êtres qui se tiennent d’un horizon sont des vivants mais existant.

Pour un vivant il n’est pas d’horizon, du monde, mais seulement son milieu, lequel est lu par l’atome et l’adn, et de plus par son champ de perception de vivant en tant que tel (des échanges chimiques à la perception proprement dite ; si il se déplace il faut bien qu’il perçoit son alentour). Qu’il y ait un « monde » et donc un horizon général veut dire  que cette vision est un concept et qu’il n’existe pas (Kant on ne sait pas ce que c’est que « le monde ») ; c’est seulement l’horizon, vide, formel, par lequel on peut poser des signes qui redésignent les choses sous cet horizon ; il est toujours nommé mais comme signe lui-même ; on comprend telle idée selon l’idée plus grande de l’être ou de catégories, ou la décision sous l’horizon de « liberté », ou le chien sous mammifère. Cet horizon, de même que l’idée de l’être ou dieu ou le sujet ou l’altérité sont formels, cad vides ; ils marquent la position ; on positionne « qu’un réel il y a ». Ce qui veut dire aussi qu’il est Autre ; l’arc de conscience est formel et navigue toujours parfaitement dans le plan purement Autre, qui distingue et différencie.

Il est formel en ceci qu’il sort en tant qu’arc de la cervelle vers le donné-là et revient et c’est par ce mouvement qu’il crée un autre-corps, une autre surface du corps sur laquelle sont écrits les signes (le corps est embarqué come vivant dans une structure existante, celle donc de l’Existant supplantant le Vivant et même travaillant, torturant le corps vivant ; un corps vivant n’est pas a priori fait pour supporter l’articulation des signes, de l’arc intentionnel de conscience, qui parait pour ce corps quasi littéralement une désarticulation du vivant, un écartèlement). Cette forme se définit selon l’arc tendu vers le réel tel que donné « là », avec des guillemets, indiquant qu’il existe-autre, à distance, en un horizon précisément qui n’est plus le milieu du vivant.

Par quoi on s’aperçoit, de ce monde, de cette logique, que tout est Autre, que l’altérité règne et  il existe une réalité, une réalité composée de quantités de réalités ; la seule unité des réalités étendues tout alentour et partout, ça n’est pas une super-réalité (où existerait-elle ?) mais est, cette unité, strictement formelle ; on dit ici qu’il s’agit du présent, seul invariant de tout ce qui est et qui épuise tout ce qui est ; qui déroule toutes les réalités, et surface sur laquelle s’accrochent les arcs de conscience, qui on besoin de se positionner (étant non seulement vivant dans un milieu, mais existant dans un champ). Le champ du présent est l’origine de cet horizon du monde. On ne peut pas faire l’économie d’une description ontologique formelle ; c’est cela même qui est pensé, vécu, perçu et décidé, intentionnalisé. C’est en ceci que l’on se signifie toujours par le haut, par l’altérité, par le réel (par la vérité, l’universel, dieu, le sujet (citoyen par ex).

Dans un champ. Un champ de perception, repris du vivant, mais dérivé et rendu autre par le champ intentionnel qui crée un horizon sur lequel il situe par effort et signes des choses transformées en objets ; le champ de perception est interrompu par un champ intentionnel, qui ne supprime pas du tout le champ de perception ni le vivant (même si il le chamboule), et se produit donc un champ d’intrication (de perception et d’intentionnel).

C’est pour cela que même si on repère beaucoup de réalités, de datas par le champ intentionnel, il est également plus ou moins noyé dans le champ de perception ; un signe, « fleur », peut être retenu, mais sa couleur (de fleur) quasi oubliée, mais néanmoins enregistrée dans la mémorisation ; et à fleur on a associé telle couleur, même si celle-ci n’est pas prise dans un intentionnel explicite ; l’intentionnel lui-même n’est pas le « conscient » mais beaucoup plus large et souple, il suffit d’un signe dans un signe et non une argumentation cohérente de signes ; le conscient équivaut plus ou moins à « la raison » ou le commun, connu, trop connu, la représentation échangée etc.

L’intentionnel est précisément afin que le vivant acquiert une souplesse qui lui permet (c’est à cette fin qu’il existe) de répondre à l’inattendu ; par l’arc de conscience le vivant dispose d’une aptitude à admettre l’actualité, incompressible et dans cette actualité il monte et démonte la situation, la chose, les réalités ; son utilité est d’acter cette actualité (qui permet d’avancer dans le monde et non plus d’interagir dans un milieu, déjà un chat ou un chien ne sont pas strictement limités à l’adn, ce serait absurde, ils sont ouverts sur le champ de perception là, qui n’est pas cependant le champ de perception « là », il n’y a pas d’horizon mais un donné éprouvé, perçu et non un signe ouvert sur le champ en lui-même comme tel).

Remarquons que l’on suppose par cela qu’il y ait un corps … cad effectivement un vivant ; un corps qui soit une séparation d’avec le milieu ; il faut qu’il y ait un milieu et un corps séparé pour qu’il y ait ensuite un monde et une articulation, ou donc une médiation. La médiation pour le vivant c’est le rapport de soi-son corps et du monde (et la lecture est celle de l’adn, sans doute aucun, mais aussi du champ de perception du dit vivant, un chat ne répond pas exclusivement selon son adn, il perçoit ; il agit et réagit alentour de son être, c’est bien à quoi sert la perception (et seul un vivant perçoit). Et comme l’arc de conscience, qui vient en plus de la perception, ouvre son propre champ, il le code et le dé-code (au sens propre) par le champ des signes associés à la perception ; mais ce qui fait-signe n’existe que de se signifier ; le vivant est-déjà lui-même, mais l’arc de conscience est d’abord vide.

Le champ de perception est pour nous marqué par le champ d’intentionnalité, mais c’est une structure, pas une chose molle ; ça n’est pas une chose mais une forme extrêmement précise ; cela même qui permet une exactitude actuelle, capable de porter le donné, la perception et de démultiplier toute possibilité, autrement dit de décupler l’intentionnalisation (de même que la philosophie ou une science requiert l’invention d’un vocabulaire en plus du langage du groupe commun, pour signifier des objets et perceptions nouvelles, qui autrement ne seraient pas visibles et répertoriées, les idées de Platon sont des sur-intentionnalisations en plus qui montrent le monde) ;

et cette structure doit se positionner elle-même en même temps que positionner l’horizon ; et donc déporter le corps dans cet horizon. On ne sait pas, jamais, de « où » l’on regarde ; on pourrait dire que « la conscience intentionnalise », point, sans qu’il soit question de subjectivité, laquelle est immergé dans l’activisme de prendre-conscience, qui est toujours astreinte à une vérité, cad une réalité ; c’est bien pour cela que même si on croit au moi que l’on est, la psychanalyse nous montre que l’on « sait » la vérité, sur le mode de l’exister, cette vérité, et qu’elle, qui plus est, se renforce avec « le-corps », la jouissance du corps qui traverse le conscient parce que l’arc de conscience est plus grand et plus réel que l’énoncé clair et distinct. On ne sait pas si c’est autrui, l’autre en général, dieu, le sujet, une partie intentionnelle (qui permet de définir un mini champ dans le champ général) ; mais en ceci on voit bien que l’arc de conscience n’est pas « subjectif » mais hyper objectif ; il supporte toutes les réalités, champs, perceptions, etc, et en cela aidé, intégrant et utilisant et rebondissant par le champ de perception du vivant qu’il est.

Et on peut même comprendre que si au champ de perception du vivant s’ajoute le champ intentionnel, alors il se crée un autre-corps. Et qu’est-ce qui est réel alors ? Le simple corps donné là, ou le corps doté de cette autre-surface qui revient se superposer au corps donné et contient toutes les possibilités intentionnelles, réelles ou virtuelles ou structurelles, et fondamentalement l’intention globale et unifiée par laquelle et en laquelle on mène sa vie, et qui devient non plus seulement ce vécu mais cette-existence ? Qui devient cette existence au sens où le je est « ce qu’il fait de ce que les autres, le monde, la vie ont fait de lui » ; autant de causalités ou de systèmes de déterminations, mais au bout du compte et puisque cet arc re-commence à chaque champ d’intrication, de champ d’intentionnalité ou de champ de perception, cet arc re-commence de dresser un Présent décisif.

Intention, conviction et décision cela se décline d’une étonnante manière. Il est clair qu’au début on intentionnalise et décide au hasard ou selon des tangentes homogènes ou hétérogènes, mais peu à peu (ou soudainement) surgit à la conscience que l’on a de soi que, oui, on peut décider structurellement une certaine tenue quant à sa propre existence ; que cette aperception soit claire ou confuse, il n’existe aucune conscience qui ne sache pas comme vague unité invisible ; que ici et là se décide, fulgure une orientation dont on perçoit plus ou moins la hiérarchisation interne ; ce que l’on admettra, ce que l’on refusera, ce que l’on a entrevu dans l’interstice des tactiques de consciences prises et détaillées et vécues et éprouvées et éprouvées selon un corps (sinon par quoi ??)  et un aperçu, une aperception pour ainsi dire qui s’imposera comme stratégie, comme corps stratégique. Autant dire que toute la projection d’un autre-corps est instanciée par une stratégie et n’existe pas sans celle-ci. Aussi confuse soit-elle ou aussi rigide soit-elle (en ce cas, sa rigidité lui sera un obstacle, aussi faut-il naviguer, la navigation est fondamentale).

Ce qu’il faut imaginer c’est que par l’expérimentation existentielle que chacun réalise, il vient une « image », une orientation de miroir (de toutes les images réelles, virtuelles, possibles) qui est plus ou moins la stratégie que l’on essaie de tenir tout au long d’une existence, une image-idée-logique-perception du corps en cet autre-corps créé, de visu pour ainsi dire. Et que ce qui juge de cette stratégie ce ne sont pas seulement tel ou tel résultat, effectivité, acquis ou perte, mais une logique de l’épreuve et du vécu et du possible tel qu’au travers des aventures ou des explorations (de sa propre existence) une telle logique donc qu’un je puisse assumer ou  intégrer ou acté en tel pli ou repli qu’il fait sien et adopte, filialement, comme Réel de son existence. Et dont il est seul témoin et qu’il réaligne constamment. Il y a un miroir, qui nous regarde et dont on réaligne sans cesse la mire. Par expérimentation. Ce en quoi consiste une Existence. Et par quoi nous ne sommes pas seulement un Vivant mais un Existant.

Et cette stratégie existentielle n’est pas copiable, ni représentable, ni pensable ; elle est l’équation réelle et vivante et existante et n’a de Réel que son ex-sister, son mouvement (dans le mouvement qu’est le présent réel). Chacun est le sceau de son possible brut. C’est cette dimension totalement inconnue qui est, par la philosophie (et cent autres domaines du possible, esthétiques, poétiques, psychanalyse, etc) exploré au sens de « qui est porté au regard de chacun » afin que chacun devienne sa propre clef,  sans doute, et sa propre serrure, tout autant.

Dieu et l’intention, la pensée et l’être et l’universel, le christique et le sujet, l’altérité et l’exister  sont les marqueurs de la découverte et de l’augmentation et de l’intensification et de l’accélération de l’activisme intentionnel. Dont on ne voit pas la fin puisque sa structure est formelle (selon l’indétermination comme seul Réel) et non pas du monde, du vécu et ni du corps. Et de ceci que chacun est plongé dans l’incompréhension, la non-préhension, comme si notre être s’évanouissait alors même que croyant le saisir, et qui exige donc non pas le doute et la désespérance (l’angoisse ou l’obsessionnel, la dégradation ou la désarticulation, toute opération qui menace le moi), mais l’attention et l’exploration de cette dimension de structure : dont on n’attend alors plus du tout qu’elle soit « résolue », cela n’a plus aucun sens situé dans et par la structure de Bord. Et c’est cette préhension à même la structure de notre mouvement (de notre être qui est mouvement s’il se tient du champ d’intrication de perception et d’intentionnalité) qui est exposée par Sartre et Lacan, au plus près. Et absorbé par Rimbaud ou quiconque, c’est l’orientation de l’arc de conscience qui est au fur et à mesure éprouvé et réglé. Au sens de paramétrages de notre existence.

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